BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12535119t

Huzard, Jean-Baptiste (1755 – 1838)

: Huzard père

« Vétérinaire français, 1755-1838. Issu d’une famille qui exerçait à Paris la maréchalerie depuis plus d’un siècle, Huzard fit la plus grande partie de ses études chez les Augustins réformés appelés Petits-Pères, d’après les conseils desquels il entra, à 13 ans, à l’École d’Alfort qui venait d’être fondée. Il y fut nommé professeur en 1775, et, en 1775, il quitta l’École pour s’attacher à l’établissement de son père.
En 1783, il fut chargé, par le tribunal des Juges et Consuls des Marchands de Paris et, plus tard, par les tribunaux, des expertises relatives aux vices rédhibitoires et des expertises judiciaires. Il a rempli ces fonctions pendant 40 ans[1].
Aussi avait-il acquis une autorité indiscutée dans les questions d’expertises légales et de jurisprudence vétérinaire; c’est à ses efforts constants qu’on doit la loi du 20 mai 1838 sur les vices rédhibitoires, laquelle remplaça le chaos de coutumes provinciales et d’usages locaux, souvent contradictoires, au milieu desquels se débattaient jusque-là acheteurs et vendeurs d’animaux domestiques. Quelques mois avant sa mort, il eut la satisfaction de la voir promulguer.
En 1792, membre du Conseil vétérinaire et des remontes de l’administration de la guerre, et chargé, avec le général Brune, de recevoir les réquisitions de chevaux, il flétrit les déprédateurs et les concussionnaires, et sa tête fut compromise par leurs tentatives de vengeance.
En 1794, le gouvernement fut organisé en 12 commissions exécutives et Huzard entra à celle de l’agriculture et des arts (qui forma plus tard le Ministère de l’Intérieur), sous les titres successifs d’agent, de commissaire du Gouvernement et enfin d’Inspecteur général des Écoles vétérinaires.En cette qualité, il traita les épizooties à la suite de nos armées, en France, en Italie, en Hollande, en Allemagne, visita les Écoles vétérinaires de Lyon et d’Alfort, ainsi que celles de Milan et de Turin.
Vers la fin de l’Empire, il fut chargé d’établir deux nouvelles écoles vétérinaires, l’une à Aix-la-Chapelle, l’autre à Zutphen. Les événements arrêtèrent l’exécution de ce plan; toutefois, peu après, le roi de Hollande l’adopta en ce qui concernait Zutphen dont l’École subsiste encore, mais a été transportée à Utrecht.En 1829, il installa la nouvelle École vétérinaire de Toulouse.
Il avait eu, avec Tessier, Gilbert et surtout Daubenton, une grande part à l’introduction des mérinos en France.Comme Inspecteur des Écoles vétérinaires, il contribua beaucoup à leur bon fonctionnement et ne ménagea ni sa bienveillance ni sa protection aux élèves qui en sortaient; d’un caractère généreux, il soulagea plus d’une infortune.
Sa femme, fille de Vallat-la-Chapelle, avait obtenu, en souvenir des services rendus par son père à la librairie française, un brevet d’imprimeur-libraire; ce fut l’origine de la librairie Bouchard-Huzard où furent édités tant d’ouvrages se rapportant aux sciences agricoles, industrielles, vétérinaires, naturelles,etc. Bibliophile éclairé et érudit, Huzard tenait cette librairie à la piste des bons ouvrages et des meilleures éditions qui ont concouru à former sa célèbre bibliothèque. Il l’a constamment augmentée pendant soixante-six ans; elle comprenait plus de 40.000 volumes presque exclusivement consacrés aux sciences naturelles, médicales, vétérinaires, à l’agriculture, l’équitation, la chasse, etc. Le catalogue en a été dressé et publié en 1842 par l’imprimeur-libraire Leblanc, en 3 vol. in-8°. C’est, malgré quelques erreurs, une précieuse source de renseignements, car à de rares exceptions près, Huzard possédait tout ce qui a été publié sur ces sujets jusqu’en 1837.
Huzard était membre de l’Académie des sciences, de l’Académie de Médecine, de la Société royale et centrale d’agriculture, de la Société philanthropique, de celle d’Encouragement pour l’Industrie nationale et de plusieurs Sociétés savantes de l’étranger.
Au Conseil de salubrité, dont il était l’un des fondateurs, il avait traité et heureusement résolu de nombreuses questions concernant l’hygiène publique à laquelle son expérience a fait faire d’importants progrès. Il contribua aussi à la diffusion de la vaccine. Travailleur infatigable, assidu à toutes les séances des Sociétés dont il faisait partie, il rédigeait encore un rapport à l’Académie des sciences quelques jours avant sa mort.Il était chevalier de la Légion d’honneur et Louis XVIII l’avait décoré de l’ordre de Saint-Michel, rétabli par lui exclusivement pour les savants, et dont le nombre des membres ne pouvait excéder cent[2]. La première publication à laquelle Huzard ait attaché son nom semble être l’Almanach vétérinaire, publié en 1782, et pour lequel Chabert et Flandrin ont été ses collaborateurs. Cet ouvrage, devenu à peu près annuel sous le titre d’Instructions et Observations sur les maladies des Animaux domestiques, est décrit en détail à l’article Almanachs. Huzard en a été, jusqu’à la fin, un des principaux rédacteurs. En l’an V (1797), Huzard donna une édition du Traité de la Conformation extérieure du Cheval, de Bourgelat, et y ajouta des notes et des commentaires qui ont été reproduits dans les éditions postérieures de cet ouvrage (voyez Bourgelat).
Huzard a aussi publié plusieurs opuscules sur les races bovine et ovine. Mais l’énumération ci-dessus de ceux de ses ouvrages qui ont été tirés à part ne donne qu’une faible idée de ses travaux, presque tous disséminés dans diverses publications périodiques ou autres. C’est ainsi qu’il a contribué à la rédaction des notes savantes qui ont été ajoutées à l’édition de 1806 du Théâtre d’agriculture d’Olivier de Serres, qu’il a collaboré au Dictionnaire d’Agriculture, à celui d’Histoire naturelle publié par Déterville, au Cours et surtout aux Annales d’agriculture. Plus de 300 articles du Dictionnaire de médecine de l’Encyclopédie Méthodique lui sont dus, et pendant vingt ans il rédigea les rapports sur les Concours de Mémoires de Médecine vétérinaire. Il a aussi publié d’intéressants articles de Bibliographie et avait réuni douze volumes in-f° de rapports et de procès-verbaux, imprimés et manuscrits, sur des questions d’arbitrage, de garantie et de jurisprudence vétérinaire. » Mennessier de La Lance (1915-1921)


1. Comme expert des tribunaux c’est lui qui fut chargé d’établir le signalement de la jument attelée à la fameuse Machine infernale de la rue Saint-Nicaise, le 3 Nivôse an IX. La jument avait été tuée et réduite en débris par l’explosion, ainsi d’ailleurs que la petite fille à laquelle Saint-Réjant avait donné 12 sous pour la tenir, vouant ainsi cette enfant à la mort. Le signalement de la jument fut fait si exactement par Huzard que le vendeur la reconnut à la description qu’on en donna et mit ainsi la police sur la trace des auteurs de l’attentat qui furent arrêtés.
2.Notice biographique sur J.-B. Huzard par L. Bouchard, son gendre. — Éloge d’Huzard prononcé à l’Académie royale de Médecine par M. Pariset (ces deux documents sont en tête du catalogue de sa bibliothèque) — Notices biographiques sur J.-B. Huzard, par le Baron de Silvestre, le Dr Mérat et M. Renault, réunies en une Brochure in-8° de 19 p. Paris, veuve Huzard, 1839.