Alain Francqueville : « Il faut être vu, lu, entendu, pour renforcer l’image de l’équitation »
« La culture équestre est en réalité très présente dans les musées, à travers les spectacles, à travers la littérature, à travers les films, à travers des travaux de recherche et des conférences, néanmoins elle doit être développée, renforcée. La culture du cheval et du monde de l’équitation doit encore être mieux perçue et plus cohérente. C’est le travail que nous devons faire avec les différents acteurs de La Mission pour la culture équestre, y compris les institutions. » Ainsi s’exprime Alain Francqueville, son nouveau Président, dans l’interview qui suit.
Une fonction qui lui va comme un gant serait-on tenté d’écrire. Le gant de l’écuyer qu’il a été au Cadre noir de 1978 à 1998 comme en attestent les plaques figurant sur les murs du grand manège.
Mais Francqueville ne s’en est pas tenu qu’à la pratique de son bel art. Fort de belles fondations (du lycée Charlemagne à Maths Sup et Maths Spé), ouvert d’esprit pour ne pas dire « progressiste » en de nombreux domaines, entreprenant s’il en est, il a exercé différentes responsabilités annexes : formateur, théoricien, puis DTN et entraîneur de l’équipe de France de dressage. Il s’est également distingué dans le domaine artistique et culturel en tant que rénovateur des Spectacles du Cadre noir, responsable de collection avec l’éditeur Jean-Michel Place, rédacteur en chef du bulletin des Amis du Cadre noir, auteur de nombreux articles et animateur de séminaires et conférences.
Ce que l’on sait moins et que Francqueville nous a confié —entre autre— dans les lignes qui suivent c’est qu’il a baigné toute son enfance dans un milieu qui le prédestinait à la charge qu’il a acceptée en accord avec le ministère de la Culture: celle d’exprimer par tous ses pores la dimension équestre, celle qu’à reconnue en particulier l’Unesco au titre du patrimoine culturel immatériel, l’Équitation de tradition française.
X. L. : Vous avez été élu Président de la Mission française pour la culture équestre (ministère de la Culture). Pouvez-vous nous parlez du rôle de cette mission ? De ses domaines d’intervention ?
A. F. : La Mission a pour but d’agir en faveur de la convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, signée en 2006, et d’agir pour la promotion et le développement de la culture équestre française. Elle concourt ainsi au suivi de l’inscription par l’Unesco de l’équitation de tradition française, comme patrimoine équestre figurant de facto comme patrimoine immatériel de l’humanité ce qui n’est pas rien et comporte des exigences.
Mais au-delà elle favorise la nécessaire reconnaissance de la culture équestre cet élément important du patrimoine et de la culture de l’humanité, notamment comme facteur de créativité culturelle mais aussi de la transmission de savoir-faire et de connaissances issues du passé.
C’est à ces différents titres qu’elle doit encourager, promouvoir la recherche dans ces domaines (comme cette année le colloque de Deauville en juin) et agir en faveur de la transmission de la culture équestre, notamment par des publications et articles.
Elle a pour objectif de mener des actions de conservation mais aussi de transmission du patrimoine équestre français. Notamment par des restaurations, l’organisation de rencontres, d’expositions, de films et de colloques, et le développement d’un site centré sur culture équestre et patrimoine d’accès gratuit (en cours d’aménagement). Saumur a régulièrement accueilli des colloques, mais récemment ils se sont tenus à Fontainebleau et bientôt Deauville, …
Pour ces différentes raisons la mission concourt au suivi de l’inscription à l’Unesco. Mais nous ne sommes que dans ses premières années d’exercice. La pandémie a limité ses actions, qui redémarrent maintenant en 2022 notamment avec la chaine YouTube mais aussi des colloques, des conférences, … et l’aboutissement d’un livre blanc dédié à l’équitation de tradition française destiné à une large diffusion.
X. L. : Comment fonctionne-t-elle ? Avec qui ?
A. F. : Comme toute association elle possède des statuts et s’appuie sur un conseil d’administration, un Bureau et des commissions. Nous sommes dans une phase de développement et surtout de redémarrage après la pandémie et le fait que je suis nouvellement élu à la tête de cette structure. Les actions sont évidemment conduites en lien avec le ministère de la Culture, l’Institut du cheval et de l’équitation (IFCE), et la Fédération française d’équitation (FFE). J’agis également en lien avec l’organe référent en matière de patrimoine culturel immatériel : France PCI (l’association française des éléments du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco) qui comporte à ce jour vingt-trois membres et qui vient de mettre en ligne deux actions relatives au secteur équestre concernant le Cadre noir.
Je travaille avec les membres du conseil d’administration que je préside : Guillaume Henry vice Président, Jean-Christophe Dupuy, Olivier Legouis (IFCE), Thibaud Valette (IFCE /Cadre noir), Pascal Marry (FFE), Françoise Guérin (FFE), Sylvine Pickel-Chevalier (IUP d’Angers, comité scientifique) ; ainsi que Pascal Liévaux (ministère de la Culture), le Colonel Gabriel Cortès (Garde républicaine) et le Lieutenant-colonel Maurice Payement (Chef de la filière Sports équestres militaires).
X. L. : Quelle ambition nourrissez-vous pour cette noble institution ?
A. F. : Tout d’abord fixer des objectifs qui répondent à l’objet de la Mission et permettent de renforcer la culture équestre en France tant dans le milieu de l’équitation et ses acteurs mais aussi plus largement avec le monde du cheval, celui de la culture et de l’édition, afin de mener des actions qui visent ce développement de la culture équestre.
Réussir à impliquer différents acteurs au-delà de leur seul domaine de spécialité ou de connaissances pour toucher un plus large public avec cette dimension culturelle, c’est la raison pour laquelle nous dépendons du ministère de la Culture. Le rôle de la communication à travers divers médias, des expositions, séminaires ou autres, sera déterminant pour renforcer cette culture équestre et contribuer à mieux faire connaitre cette dimension exceptionnelle de notre patrimoine équestre.
X. L. : Qu’est-ce qui vous a conduit à en prendre la Présidence ?
A. F. : En fait c’est assez simple, il y avait une vacance à la tête de la Mission. On s’est tourné vers moi, notamment Guillaume Henry l’ancien Président, ainsi que l’IFCE, la FFE, et l’ensemble du bureau. J’ai donc fait acte de candidature et été élu après un intérim assuré par François Lucas.
Propos recueillis par Xavier Libbrecht