BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb10512101b

Saunier, Gaspard de (1663 – 1748)

« Écuyer et hippiâtre français, 1663-1748. Fils de Jean de Saunier. Il étudia à l’Académie du Roi tout ce qui concernait l’équitation et la connaissance des chevaux, sous MM. de Bournonville et du Plessis, devint écuyer du duc de Bourbon qu’il suivit pendant deux campagnes dans le Palatinat, puis fut nommé Inspecteur du Haras royal de Saint-Léger, prés de Montfort l’Amaury. Après quelques années passées dans ce poste, il devint écuyer du Comte de Montchevreuil qui fut tué en 1693 à la bataille de Nerwinde et dont il arracha bravement le corps à l’ennemi. Il passa ensuite au service du Comte de Guiscar, gouverneur de Namur, soit pour acheter des chevaux, soit dans les vivres, jusqu’à la paix de Ryswick en 1697. À ce moment, il devint écuyer du Marquis de Courtanvaux, fils aîné de Louvois, et établit, pour ce seigneur, un Haras à Montmirel en Brie (Montmirail), puis revint se placer à la Grande Écurie, sous les ordres de son père, jusqu’en 1702.Il partit alors pour l’Italie où il fit trois campagnes comme écuyer du Comte de Médavi, lieutenant général, puis se remit dans les vivres où il eut sous ses ordres près de 2.500 chevaux « qui essuyèrent toutes sortes de maladies », et sur lesquels il exerça et perfectionna ses connaissances vétérinaires.Ce fut alors qu’ayant tué en duel un de ses adversaires, il dut sortir de France et se réfugier à Cologne. Sa famille obtint bientôt sa grâce; il revint dans sa patrie, mais une autre aventure ne lui permit pas d’y rester longtemps. Il avait, à l’armée du Rhin, où il avait servi depuis la perte de l’Italie, en 1706, prêté de l’argent à un officier, parent de Mme de Maintenon. N’ayant pu se faire rembourser, il se plaignit à l’illustre favorite qui le reçut mal. Il provoqua alors son débiteur, le tua et se sauva encore à Cologne. Il ne devait plus revoir la France.Dans un voyage qu’il fit à La Haye en 1710, il trouva les commencements d’une Académie formée par un certain Gabert, qui avait été son domestique en Italie et qui lui en offrit la direction. Mais cette association ne dura pas longtemps. Gabert, « homme sans principes », accusa Saunier d’avoir voulu l’assassiner, et celui-ci fut emprisonné; le procès dura longtemps et se termina par la proclamation de l’innocence de Saunier[1]. Après « cette rude tempête », Saunier s’établit à Leyde et y dressa un manège dans lequel vinrent s’instruire « un grand nombre de disciples, parmi lesquels il s’est trouvé des Seigneurs de premier rang, tant d’Allemagne que d’Angleterre et des Provinces-Unies ». L’Académie de Leyde lui fit une pension que le Conseil d’État augmenta de pareille somme. Sentant l’âge venir, mais n’étant cependant pas encore infirme, il fit recevoir Godefroy Boyer, un de ses élèves, comme Écuyer adjoint, en 1737, puis lui remit l’entière direction de son Académie, ne se réservant que le logement et sa pension. Il s’éteignit à 85 ans, « dans des sentiments de piété exemplaire », après un séjour de plus de trente ans à Leyde. Ces détails biographiques se trouvent dans les préfaces de la Parfaite connoissance des Chevaux et de l’Art de la Cavalerie, ainsi que dans un Mémoire sur la Vie de l’Auteur, signé B. L. M. au commencement des Vrais Principes de la Cavalerie. Ils ont été en partie reproduits par le Baron de Curnieu, dans le T. IV de la Vie à la Campagne,1863, p. 339. Son portrait, par de Coster, figure en tête de sa Parfaite connoissance des Chevaux, et un autre, par Martini, qui le représente à un âge plus avancé, sert de frontispice à ses Vrais principes de la Cavalerie. Dans les deux, il est représenté avec une physionomie hautaine et revêche, bien d’accord avec son caractère de bretteur déterminé. » Mennessier de La Lance (1915-1921)


1.L’histoire de ses démêlés avec Gabert « qui retomba dans la misère et le mépris » se trouve contenue dans un petit ouvrage de Gueudeville auquel Saunier en avait fourni les éléments et intitulé Histoire abrégée très mémorable du Chevalier de la Plume Noire, Écuyer, Sire du Hazard, de la Fortune, de l’Avanture, etc, 1744.