BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb107179075

Marey-Monge, Guillaume-Stanislas (1796 – 1863)

« Général de division français (cavalerie), 1796- 1863. Sorti de l’École polytechnique et sous-lieutenant d’artillerie en 1817, capitaine en 1826, il passa dans la cavalerie en 1830 comme chef d’escadrons provisoire au corps des Chasseurs algériens, puis à titre définitif au 1er régiment de Chasseurs d’Afrique. Lieutenant-colonel des spahis d’Alger en 1834, colonel du même corps en 1837, il prit ensuite le commandement du 1er cuirassiers et retourna en Afrique pour commander le 2e Chasseurs d’Afrique en 1841. Maréchal de camp en 1843, général de division en 1848, il fut Inspecteur général de cavalerie, commanda diverses divisions militaires et, en dernier lieu, celle de Metz, où il termina sa carrière militaire, étant passé dans le cadre de réserve en 1861.Nommé sénateur en mai 1863, il mourut le mois suivant. Il avait fait campagne en 1815 (défense de Paris avec l’École polytechnique) et, de 1830 à 1848, en Algérie où il avait obtenu 6 citations.Il descendait du savant Monge et avait été autorisé par l’Empereur Napoléon III à ajouter à son nom celui de Monge, Comte de Péluse.Le général Marey-Monge était un original et il a mérité, à ce titre, de figurer dans la galerie d’excentriques dont Lorédan-Larchey a présenté les silhouettes dans son livre Gens Singuliers, mais ce n’était pas, comme Castellane, un original expansif : toujours solennel, d’un abord glacial, il conservait, dans les moindres circonstances de la vie, une dignité qui ne l’abandonnait jamais; La tenue bourgeoise lui inspirait une véritable horreur, et, quand on forma à Metz quelques régiments de la Garde impériale, dans lesquels les officiers pouvaient se mettre en bourgeois, il eut des démêlés retentissants avec le commandant de la Garde et le ministre. Personne ne l’a jamais vu dans cette tenue abhorrée et, quand il partait pour Paris, de même que quand il quitta Metz après sa dernière revue, il s’enfermait dans sa voiture, rideaux baissés comme s’il était en bonne fortune, pour se faire conduire à la gare.Il était d’ailleurs homme de bonne compagnie, et, reçu dans la société messine, il allait souvent dîner dans les châteaux environnants. Il y arrivait toujours à cheval, quel que fût le temps, et suivi de son escorte d’un maréchal des logis et quatre artilleurs. Loger cette petite armée n’était pas un des moindres soucis des maîtresses de maison.Propriétaire d’un des grands crus de Bourgogne, possesseur d’une belle fortune, il recevait largement et, une année où des passages de troupe trop fréquents menaçaient d’écorner la bourse des officiers de la garnison de Metz, il invita à sa table, pendant plusieurs mois, tous les officiers des régiments de passage. Célibataire, il ne recevait que des hommes. Une fois cependant, son aide de camp Dupin[1] lui persuada de donner un grand bal. Malgré le succès de cette belle fête, il ne consentit jamais à la renouveler et se borna à ses réceptions masculines. Sa bourse, d’ailleurs, était largement ouverte aux malheureux et aux œuvres de bienfaisance. Pendant la foire annuelle du mois de mai, tous les enfants de troupe de la garnison de Metz étaient, à ses frais, conduits aux spectacles forains et abondamment pourvus de friandises.Ses traits d’originalité rempliraient un volume, mais celui qui était le plus connu était sa passion pour le sabre de cavalerie. C’était, comme le dit Lorédan Larchey dans ses Gens Singuliers, le goût dominant de sa vie. Dès le début de sa carrière, étant en garnison à Strasbourg, il faisait construire à Klingenthal, à ses frais, des sabres de modèles divers inventés par lui et les essayait sur des mannequins ou sur des chevaux livrés à l’équarrissage, dont il tranchait parfois la tête d’un seul coup; on racontait à Metz —je ne sais si c’est vrai —qu’il conservait dans une boite la tête embaumée d’un chef arabe qu’il avait décapité de sa main dans un combat. Il avait réuni une magnifique collection de sabres de toutes les époques et de tous les modèles, qui remplissait les salons de l’hôtel de la division, et y avait naturellement placé ses inventions, y compris la dernière, un sabre avec lequel il prétendait résoudre le problème de frapper d’estoc et de taille, à droite et à gauche, en avant et en arrière : sa pointe avait la forme d’un Z. Inutile d’ajouter qu’il se livrait avec passion à l’escrime qu’il pratiqua jusqu’à la fin de sa vie. » Mennessier de La Lance (1915-1921)


1. Le fameux Dupin de la contre-guérilla. Il était difficile de trouver deux caractères plus différents.