BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12045260w

Ridinger, Johann-Elias (1698 – 1769)

« Peintre et graveur allemand, 1695 (ou 1698)-1767. Élève de Christophe Kesch, il étudia la peinture à Ulm. sa ville natale, puis s’établit à Augsbourg où il est mort. Dès sa première jeunesse, il avait montré le goût le plus vif pour la représentation des animaux, et sa réputation s’établit de bonne heure; aussi, fut-il appelé à peindre ou à dessiner les animaux tués ou pris par les seigneurs du pays dans leurs grandes chasses qu’il suivait souvent lui-même. Il devint ainsi l’historiographe et le peintre officiel de ces nobles veneurs et de leurs exploits cynégétiques qu’il représenta avec vérité et naturel au milieu de beaux paysages d’une exécution souvent remarquable. II fut donc surtout le peintre des animaux et des épisodes de chasse, mais son œuvre hippique est aussi très importante; c’est la seule qui sera décrite et examinée ici. Ridinger devint en 1742 Directeur de l’Académie d’Augsbourg[1] et conserva ces fonctions jusqu’à sa mort. Ses deux fils, Jean-Jacques et Martin-Hélie, tous deux habiles graveurs, furent souvent ses collaborateurs. Les tableaux de Ridinger sont assez rares, ses dessins le sont moins et ses gravures sont très nombreuses et très répandues. Cependant les suites de planches sur le manège et ses ouvrages sur les chevaux sont rares et recherchés. La plupart de ses gravures et de ses ouvrages imprimés ont un titre en français et en allemand, et quelquefois aussi en latin; le texte de ces derniers est toujours sur deux colonnes, allemand-français. Mais Ridinger connaissait imparfaitement notre langue, et le texte français est semé d’expressions et de tournures de phrases si incorrectes, qu’il faut quelquefois recourir au texte allemand pour en bien saisir le sens.(…)Parmi les très nombreuses scènes de chasse représentées par Ridinger, beaucoup contiennent des cavaliers, des chevaux et des voitures; dans la suite des Bêtes sauvages se trouve un Cheval sauvage. Enfin, Ch. Le Blanc signale une suite de Chevaux de trait — 6 planches petit in-f°, que je ne connais pas. Je possède aussi 2 planches grand in-f° en largeur qui représentent chacune 18 cavaliers exécutant différentes fig. de manège, avec l’indication du mouvement au-dessous de chaque cavalier, en allemand et en français.Ces cavaliers se meuvent dans un très joli paysage. Je crois que ces deux belles planches, qui sont gravées par son fils Martin Élie, sont isolées et n’appartiennent à aucune suite; car, avec leurs 30 airs de manège differents, elles sont complètes par elles-mêmes, mais je n’ose rien affirmer. Comment Ridinger comprenait-il et dessinait-il le cheval ? On ne saurait faire à cette question une réponse générale, car si, au point de vue de l’anatomie et de la représentation correcte de cet animal, certaines de ses gravures sont presque irréprochables, d’autres atteignent à la plus haute fantaisie. Un éminent critique d’art a dit de lui : « Il dessinait incorrectement les chevaux et c’est peut-être le seul animal dont le caractère lui ait échappé. Ordinairement, il prête à ses chevaux des têtes à la fois pensives et niaises, des formes boudinées, des corps lourds sur des jambes grêles et il manque, dans ses emmanchements, de justesse et de souplesse ». Ces reproches sont trop généralisés, et une bonne partie de l’œuvre de Ridinger ne les mérite pas. Ses chevaux sont, au contraire, beaucoup plus légers que ceux de ses prédécesseurs, Crispin de Pas, Van der Meulen, Lebrun et même que ceux de Parrocel. Ceux de la Représentation et description de toutes les leçons des Chevaux de Manège... de 1760 sont, pour la plupart, de véritables chevaux de selle, montés sur de bons membres, dont les articulations et les proportions sont rendues avec vérité, surtout celles du genou et du paturon. S’il orne encore trop souvent leurs jarrets d’une jolie farde, du moins, il dessine bien la pointe du calcanéum et n’y place pas un méplat comme à celle du genou, ainsi que l’ont fait presque tous les peintres des XVIIe et XVIIIe siècles, y compris Parrocel. On ne peut pas en dire autant des chevaux de son recueil colorié Description du Cheval selon ses poils principaux...qui est cependant postérieur au précédent. Il a choisi, pour la plupart d’entre eux, des attitudes singulières qu’il n’est pas arrivé à rendre, et quelques-uns sont au-dessous du médiocre, notamment l’alezan brûlé, le souris, l’isabelle doré. D’autres, du même recueil, sont au contraire d’un bon dessin. Mais, en général, les têtes sont trop petites pour le corps, l’attache de l’encolure à l’épaule mal rendue et celle de la cuisse à la jambe incorrecte. Dans son grand ouvrage Le Nouveau Manège, de 1734, comme dans celui la Représentation et description de toutes les leçons des Chevaux de Manège... de 1760, le mouvement ou l’air de manège exécuté par le cavalier est rendu si exactement et si clairement que l’explication donnée au bas du dessin est presque inutile. Je crois que son ouvrage le plus faible est sa suite de planches qui donne la description des Chevaux de divers pays : d’abord, ils se ressemblent tous et il n’a pu saisir les nuances qui distinguent les différentes races, nuances cependant bien plus accusées alors qu’aujourd’hui. Il a voulu surtout les différencier par le profil de la tête : beaucoup sont trop petites, toutes sont laides, et quelques chanfreins sont tellement busqués qu’on dirait que le cheval a la figure cassée en deux. En résumé, on ne saurait porter un jugement d’ensemble sur l’œuvre hippique de Ridinger en ce qui concerne l’exacte et correcte représentation du cheval, le respect de son anatomie et l’aisance de ses mouvements : beaucoup de ses planches ne méritent que des éloges, d’autres ont de visibles défauts et quelques-unes sont vraiment trop médiocres. Ses ouvrages, rares à trouver complets et en bon état, sont très recherchés. » Mennessier de La Lance (1915-1921)


1.Il y remplaça Rugendas, également peintre de chevaux.