« L’image du cheval monté inspire la glose. Sculptée en haut ou bas-relief, gravée
en frise, érigée en statue royale, peinte en tableau de sacre, en scène de bataille
ou portrait d’apparat, esquissée, croquée, brossée, rehaussée d’aquarelle, encre,
sanguine ou gouache, la représentation équestre véhicule éternellement son commentaire.
De fait, la fréquentation du cheval, comme l’enseignement des meilleurs maîtres d’équitation,
ne vont pas sans mettre en jeu les ressources conjuguées de l’image et du langage.
Il s’agit moins de la technique à employer que de former peu à peu dans l’esprit du
cavalier une image harmonique de son rapport à l’animal. Image symbolique toute en
exécution, qui joue sur les correspondances de l’un à l’autre, faisant de l’un comme
le prolongement de l’autre et, dans la réussite, l’accomplissement des deux. Ce sont
autant de figures omniprésentes dans le langage équestre, comme il apparaît d’un mot
comme "main" et du verbe manier dont on ne sait finalement plus qui est le vrai sujet
cheval ou cavalier. Cette symbolique hantait déjà la mythologie, comme l’illustre
la splendide Guerre de Troie aux murs du château d’Oiron. Elle hantera aussi le plus
haut degré du politique à travers le Manège royal du grand écuyer Pluvinel enseignant
Louis XIII. Tout se résume dans la figure de Chiron. » Présentation de l’éditeur (2021)