« C’est ce soir-là, après avoir copieusement arrosé l’arrivée du nouveau venu, que
nous avons décidé dans l’euphorie et à l’unanimité de le baptiser Zingaro. Il endosserait
le nom de notre théâtre équestre et musical, premier nommé il donnerait à la troupe
sa descendance. Plus tard, tandis que la fête se répandait dans la nuit et que s’épanchaient
les cœurs imbibés, je me suis surpris, comme souvent, à ne plus trouver ma place.
J’éprouve dans ces moments le besoin de me retirer; de m’évaporer sans au revoir ni
salut. Je suis allé le rejoindre dans son box, je n’ai pas allumé, je me suis glissé
dans son antre comme on se glisse sous les draps de l’amante endormie. Il était couché
sur le flanc gauche, je me suis assis près de lui, il a tourné la tête vers moi sans
se relever, un peu étonné de me voir, comme sorti d’un songe. Cette nuit-là, nous
avons fait un pacte : j’allais contaminer son animalité et il allait me permettre
d’exister parmi les hommes. Aux humains de mon espèce, nous allions nous révéler.
Pour la vie. » Présentation de l’éditeur (2020)