« Au XVI
e
siècle, la chasse n’est pas seulement un "passe-temps" de la noblesse associant diverses
techniques de prédation à des rites répertoriés ou non dans des traités. Elle tient
une place considérable dans les institutions, le droit, la gestion de la forêt et
de ses percements, la transformation des paysages, la création de réserves et de parcs,
la construction des "casini di caccia, hunting lodges, Jagdschlösser" et autres pavillons
de chasse. Elle est aussi présente dans l’ornement des demeures et inspire peintres
et poètes. Car la chasse, profondément intégrée à la société de cour, touche directement
à "l’image" du prince de la Renaissance - une image de bravoure, de puissance et de
magnificence. Aussi devient-elle un instrument de la mise en scène monarchique. Tous
l’ont compris, de Henri VIII d’Angleterre à Frédéric de Gonzague de Mantoue en passant
par François I
er
et Charles Quint. Pourtant, les usages cynégétiques restent essentiellement liés
à des traditions portées pa la diversité des climats, de la faune, de la couverture
forestière, de la propriété foncière. Dans le domaine de la chasse, on ne peut parler
d’une "Europe des cours". Les efforts de François Ier pour imposer la vénerie du cerf
comme un art chevaleresque et savant ne rencontrent guère d’écho hors du royaume :
c’est plutôt l’exemple de Nemrod et de ses monstrueux massacres qui règle l’attitude
dominatrice des princes sur le monde animal. Une attitude dénuée de toute forme de
compassion, qui n’a pourtant rien d’incompatible, quoi qu’on pense, avec une profonde
attirance pour la nature sauvage, comme tendent à le prouver les toits en terrasse
de Chambord, Mariemont ou Hardwick Hall, les premières allées en étoile percées dans
la basse forêt de Coucy, les ménagements paysagers des "barchi" transalpins ou la
faune peinte sur les murs du château bavarois de Grünau. » Présentation de l’éditeur
(2007)