Giovanni Battista Tomassini et le cheval, une « obsession »

Giovanni Battista Tomassini

« Il y a une trentaine d’années, lors d’un voyage en Angleterre, j’ai acheté dans une librairie de Charing Cross Road un livre qui, à bien des égards, a changé ma vie : Dressage de Sylvia Loch. » L’homme qui s’exprime ainsi, italien on l’aura deviné, est entre autres activités, rédacteur en chef de la rédaction culture et spectacles du Tg3, le journal national de la troisième chaîne de la Rai.

Mais surtout Giovanni Battista Tomassini « obsédé » par le cheval, comme il le confesse, depuis sa plus tendre enfance, s’est donc passionné pour son histoire commune avec l’homme depuis la Renaissance. De ses recherches est sorti  en 2013, Le opere della cavalleria. La tradizione italiana dell’arte equestre durante il Rinascimento e nei secoli successivi (Cavour Libri, 2013), un livre qui retrace l’histoire de l’équitation italienne, à travers l’étude de livres consacrés à l’art équestre. L’étude se concentre principalement sur les traités de la période de la Renaissance, mais embrasse l’ensemble de la production des auteurs italiens, jusqu’à Caprilli, c’est-à-dire jusqu’au début du XXe siècle. Le livre a également été traduit en anglais et publié en Amérique par Xenophon Press, sous le titre The Italian Tradition of Equestrian Art (2014), avec les préfaces d’Arthur Kottas-Heldenberg (ex-Obereiter de l’École espagnole de Vienne) et Joāo Pedro Rodrigues (actuel directeur de l’Escola portuguesa de arte equestre).
Un travail qui se poursuivi par l’animation d’un blog en italien et en anglais, consacré à l’histoire, la culture et les traditions de l’équitation classique.
De ces travaux à une première contribution à Caen, en décembre dernier, au colloque de La Bibliothèque Mondiale du Cheval animé par Frédéric Magnin auteur de Le traité inédit du Sieur de Lugny (1597)  Une école d’équitation à la fin de la Renaissance, il n’y avait que quelques foulées  que Giovanni Battista  développa  au travers d’une contribution remarquée sur « L’allégresse du cheval » de Giovanni de Gamboa, contemporain de Lugny et élève de Pignatelli, imprimé à Palerme en 1606. Un exposé qui attestait de la continuité et les interactions entre les traditions équestres françaises et italiennes.

C’est dire que notre passionné de chevaux ibériques et d’équitation espagnole s’annonçait déjà alors comme un animateur incontournable du colloque que La Bibliothèque Mondiale du Cheval organisera le 19 septembre à Rome, en duplex avec Paris, avec l’aide du CONI (Comité Olympique National Italien) et la FISE (Fédération italienne des sports équestres).
Il s’agira d’un « galop » retraçant l’évolution de l’équitation depuis la Renaissance, dans une suite logique et chronologique du colloque tenu sur Xénophon en 2019 à Paris, un voyage avec les écuyers-écrivains italiens du XVIe siècle (Grisone, Ferraro, Pignatelli, Fiaschi…).
Un survol permettant de  « poser » les fondations du colloque, de permettre aussi aux internautes qui ne sont pas des spécialistes de comprendre le rôle, et  l’importance de l’influence italienne à l’époque et pour les siècles qui suivent; un exposé à la fois, historique, géographique, social…
Pourquoi cet essor ? Comment ? Son influence sur la suite du développement de l’équitation académique, en Europe.

X.L. : Vous êtes journaliste à la Rai, Pouvez-vous nous préciser quel fut votre parcours, et aujourd’hui, vos fonctions ?
G.B.T. : Je suis rédacteur en chef de la rédaction culture et spectacles du Tg3, le journal national de la troisième chaîne de la Rai, radio et télévision publique italienne. Je coordonne le travail de huit journalistes et de trois assistants qui s’occupent de l’information culturelle, pour ce télé-journal et pour deux rubriques hebdomadaires : Tg3 – Fuorilinea, sur culture et spectacles, et Tg3 – Chi è di scena, dédiée au théâtre et aux arts performatifs.
J’ai été embauché par la Rai, après avoir passé une sélection publique, en 1997. J’ai travaillé pendant 21 ans comme journaliste parlementaire pour Rai Parlamento, la rédaction chargée de l’information parlementaire et institutionnelle. C’est un groupe spécialisé de journalistes qui traitent de sujets importants car, dans notre système constitutionnel, toute la vie publique du pays passe par le contrôle du Parlement. Étant un petit groupe, j’ai eu la chance de faire un peu de tout, à commencer par éditer les services de collègues qui travaillaient au Parlement (à l’époque on n’avait pas encore de salles d’édition dans les bureaux institutionnels, comme c’est désormais le cas), jusqu’au travail rédactionnel. Presque immédiatement (je n’étais même pas encore devenu journaliste professionnel), ma directrice de l’époque, Angela Buttiglione, a voulu que je présente le journal télévisé parlementaire. J’ai également acquis de l’expérience en tant que correspondant et en tant que commentateur de sessions parlementaires diffusées à la télévision. Comme Rai Parlamento s’occupe aussi des débats télévisés lorsqu’il y a des élections, j’en ai également dirigé beaucoup. Enfin, pendant plusieurs années, j’ai été responsable de la rédaction de Rai Parlamento près du Sénat de la République. Pendant toutes les années où j’ai été journaliste parlementaire, j’ai continué à m’occuper de culture et de recherche et j’ai publié quelques livres et divers articles dans des revues spécialisées.
J’ai commencé ma carrière en faisant de la recherche à l’Université de Rome II, Torvergata. J’ai un diplôme en littérature italienne, avec une thèse sur la narratologie. J’ai ensuite travaillé, pendant une courte période, comme traducteur de textes techniques, principalement à partir de l’anglais. Ensuite, j’ai travaillé quelques années dans une maison d’édition, la Leonardo International, qui produisait des périodiques d’entreprise et des livres précieux.

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