BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12105567g

Bourgelat, Claude (1712 – 1779)

« Écuyer, médecin, hippiâtre et vétérinaire français, fondateur des Écoles vétérinaires, 1712-1779. Issu d’une honorable famille lyonnaise, il reçut une éducation distinguée, étudia le droit et fut reçu avocat à Toulouse. Inscrit au barreau du Parlement de Grenoble, il gagna une cause injuste, rougit de son triomphe et quitta le métier d’avocat[1]. Il entra ensuite aux mousquetaires[2], suivit les leçons d’équitation des meilleurs maîtres de Paris, satisfaisant ainsi le goût très vif qu’il avait, dès sa jeunesse, témoigné pour le cheval et mérita, par ses connaissances étendues en équitation et en hippologie, d’être nommé en 1740, écuyer tenant l’Académie d’Équitation de Lyon. Il y resta 25 ans et, sous sa direction, cette école où la jeune noblesse affluait de toutes parts, acquit une réputation méritée. Mais, tout en enseignant l’équitation, il s’était lié avec les chirurgiens Poutaud et Charmeton. Secondé par ces deux savants, il se livra pendant plusieurs années à la dissection des animaux domestiques et particulièrement du cheval et fit une étude approfondie de tous les ouvrages anciens et modernes sur la maréchalerie et la médecine des animaux. En 1760, il obtint la place d’Inspecteur de la Librairie de Lyon[3]. Il s’était lié avec Bertin, Intendant de la Généralité de Lyon, qui devint Contrôleur général des finances. C’est à son appui que Bourgelat dut de voir réaliser le vœu qu’il avait formé depuis longtemps et souvent exprimé : la création d’Écoles vétérinaires. Il en fut donc le fondateur et la première s’ouvrit à Lyon, sous sa direction, le 1er Janvier 1762, sous le titre d’École pour les maladies des Bestiaux. En 1764, elle reçut celui d’École Royale vétérinaire et l’année suivante, Bourgelat, qui avait été nommé par Bertin Inspecteur général de toutes les Écoles vétérinaires établies ou à établir dans le royaume, et Commissaire général des Haras, partit pour Paris afin d’établir à Alfort la deuxième École dont Bertin avait obtenu la fondation. Il laissait à l’abbé Rozier la direction de celle de Lyon. Bourgelat eut à lutter contre de nombreuses difficultés financières et autres et fut violemment attaqué par Lafosse fils qui publia contre lui plusieurs écrits auxquels, dit son biographe Grognier, Bourgelat ne répondit « qu’avec décence et modérations ». Bourgelat, cependant, avait un caractère cassant et autoritaire : sa sévérité dans la répression des infractions à la discipline[4], sa conduite violente et inexcusable envers l’abbé Rozier, son successeur à l’École de Lyon, permettent de croire que ses répliques ne furent pas beaucoup plus modérées que les attaques de son fougueux adversaire.
Mais ces travers doivent être oubliés et la postérité ne doit se rappeler que le grand service qu’il a rendu à son pays et à l’agriculture par la fondation des Écoles vétérinaires uniquement dues à ses efforts persévérants et dont il soutint les débuts difficiles de ses ressources personnelles. Très désintéressé, il ne laissa aucune fortune, et Bertin fit adonner une pension du Roi à la veuve et à la fille de son ami.[…]
Les traductions de Bourgelat en langues étrangères sont nombreuses :
Le Nouveau Newcastle a été traduit en anglais par Richard Bérenger, Londres, Vaillant, 1754, grand in-4° et en espagnol par Don Francisco de Layglesia, avec l’addition d’un dictionnaire d’Équitation, de notes et de fig. Madrid, Sancha, 1801, in-12.
Les Élémens d’Hippiatrique ont été traduits en anglais par Richard Bérenger, Londres, 1754, 1 vol. in-4°; ibid., 1771, 2 vol. in-4° qui comprennent aussi l’Équitation de Xénophon et d’autres ouvrages.
La Matière médicale a été traduite en italien par Odoardi (qui a traduit toutes les œuvres de Bourgelat), Belluno, 1776-1779, 8 vol. in-8.°; en espagnol par Malats, Madrid, 1793-1794, in-8°; en allemand, Dantzig, 1782, in-8°.
La Zootomie a été traduite en allemand, Dantzig, Florke, 1772, in-8°; en italien par Odoardi (voyez ci-dessus); en espagnol par Malats, Madrid, 1793 et 94.
La Conformation extérieure
a été traduite par Odoardi (voyez ci-dessus) en italien; par Hipolite Estevez en espagnol, Madrid. 1793, 2 vol. in-4°; en allemand par Knoblock, Prague et Leipzig,Diesbach, 1789-90, 2 vol. in-8°.
L’Essai sur les Appareils
a été traduit en allemand, Leipzig, 1801; et Berlin, Lagarde, même année, in-8°; en italien, par Odoardi (voyez ci-dessus).
L’Essai sur la ferrure
, en italien par Odoardi (voyez ci-dessus).
En outre de ces ouvrages, Bourgelat fourni de nombreux articles à L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert sur l’Art vétérinaire, le Manège, la Maréchalerie, plusieurs articles de l’Almanach vétérinaire et des Instructions et Observations qui y font suite sont extraits des papiers qu’il a laissés.
On connaît de lui un Traité sur les Haras, resté manuscrit et signalé par le catalogue Huzard. C’est fort probablement de ce travail qu’Huzard a extrait la 3e partie, Haras, ajoutée par lui à la 4e édition de la Conformation extérieure[5].
Bourgelat est aussi l’auteur de divers opuscules sur les épidémies du bétail, qui ne concernent pas le cheval, ainsi que de trois ouvrages étrangers à ses travaux habituels : Lettres pour servir de suite à l’Ami des Hommes; Lettres d’un Ingénieur de province a un Inspecteur des Ponts et Chaussées pour servir de suite à l’Ami des Hommes; Réflexions sur la Milice et sur les moyens de rendre l’administration de cette partie uniforme et moins onéreuse; ces 3 ouvrages ont été publiés en 1760.« Les écrits de Bourgelat, dit M. Neumann,... ont formé les nouvelles assises de la science vétérinaire et montré aux chercheurs qui sont venus après lui les premiers et les plus pressants problèmes à résoudre »[6]. Son traité de la Conformation extérieure du Cheval est celui de ses ouvrages qui a été le plus répandu et qui est resté le plus connu dans le monde hippique. Il a été cité et discuté par tous les auteurs qui ont traité le même sujet. Ses principes, sans doute trop absolus, n’ont pas été acceptés sans réserves ni même sans modifications importantes; mais on a pu dire que « c’est à Bourgelat que nous devons, sinon l’idée mère, du moins l’établissement rationnel des proportions »[7] et que « c’est à l’illustre écuyer hippologue Bourgelat...que revient, sans aucun doute, le mérite d’avoir le premier posé les bases sérieuses de la proportionnalité des parties constituantes du cheval » [8]. Les ouvrages de Bourgelat se lisent aisément : ils sont écrits avec méthode et clarté; le style en est toujours élégant et souvent brillant. » Mennessier de La Lance (1915-1921)


1. Cet épisode est relaté dans toutes les anciennes biographies de Bourgelat, mais des recherches récentes permettent d’en contester l’authenticité. M. Neumann (Biographies vétérinaires) pense même que Bourgelat ne fut ni étudiant en droit à Toulouse, ni avocat à Grenoble.
2. Le passage de Bourgelat aux Mousquetaires est aussi signalé dans toutes ses biographies, mais aucune ne fait connaître en quelle qualité il y serait entré. Pour plusieurs raisons, trop longues à énumérer, je crois que cet incident est très douteux.
3. Voir, à ce sujet, dans la Revue de Paris du 15 Janvier 1901, un curieux article de MM. Lemoine et Lichtenberger, dans lequel est relaté le rôle joué par Bourgelat dans l’affaire de la publication clandestine des poésies de Frédéric II.
4. Il obtint en quatre ans, dit M. Bailliet, quinze lettres de cachet contre les élèves de l’École vétérinaire
5. Je possède aussi un important manuscrit qui n’est pas de la main de Bourgelat, mais qui est son œuvre, intitulé Physique des Haras et un autre intitulé Notes concernant les Haras.
6. Neumann, Biographies.
8.Jacoulet et Chomel, Traité d’Hippologie. Voyez aussi Lesbre, Études Hippométriques et Précis d’Extérieur. Il y détend les proportions de Bourgelat contre les critiques de Richard (du Cantal).