BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12535041q

Séguin, Armand (1765 – 1835)

« Économiste, chimiste et financier français, correspondant de l’Académie des sciences, né vers 1765, mort en 1835. Il étudia d’abord la chimie et les sciences naturelles et se lia avec Fourcroy et Berthollet. En 1793 et 94, les procédés ordinaires de tannage ne pouvant suffire à assurer la consommation de souliers qui se faisait aux armées, Séguin fut désigné par Berthollet au Comité de Salut public comme s’occupant d’une méthode rapide de tannage. Sur le rapport de Fourcroy, la Convention lui céda deux grandes propriétés, lui fit des avances et lui assura la fourniture des souliers aux armées. Séguin fit ainsi une fortune considérable, mais il dut rendre gorge à plusieurs reprises sous l’Empire; las enfin de payer, il se laissa mettre en prison et y vécut tranquillement jusqu’à la Restauration. À ce moment, « il se servit de sa fortune pour donner carrière à ses goûts pour des dépenses bizarres et originales »[1] . Lié d’amitié avec le fameux financier Ouvrard, celui-ci devint son débiteur pour une somme que Séguin ne pouvait recouvrer. Il invita Ouvrard à dîner, le fit servir par des gardes du commerce déguisés en domestiques qui l’empoignèrent au dessert et le menèrent en prison. Il se remit ensuite à la chimie, publia de nombreuses brochures financières et politiques, puis vers 1818, prit le goût des chevaux et des courses auxquelles il voulait donner une certitude mathématique, et il publia des ouvrages.
Le Comte d’Aure, dans sa brochure : Utilité d’une École normale d’Équitation, publiée en 1845, raconte de lui ce trait amusant : « M. Séguin faisait venir, il y a 25 ans, d’Angleterre, des poulinières magnifiques, pleines d’étalons de pur sang les mieux tracés. Il aurait pu alors doter la France d’une foule de produits qui auraient rendu de grands services, si ces produits avaient été élevés dans des conditions convenables; mais, malheureusement lorsque les poulains étaient sevrés, il les plaçait dans le jardin de son hôtel situé rue de Varenne; ce jardin, couvert de magnifiques futaies et de la contenance de 5 à 6 arpents, était destiné, pendant l’hiver, à fournir la subsistance d’une vingtaine de poulains. Ces malheureux animaux, après avoir gratté la terre, mangé les écorces d’arbres, crevaient pour la plupart. M. Séguin, au lieu de s’affliger de semblables pertes et de songer à y porter remède, se contentait de répondre à l’homme qui venait lui annoncer la mort d’un poulain : tant pis pour lui, c’est une preuve qu’il avait un mauvais tempérament. Il est vrai que les 2 ou 3 qui échappaient annuellement à ce désastre avaient fait preuve d’un tempérament surnaturel, mais cela ne prouvait pas toutefois que les autres n’eussent été très bons, si on leur eût donné les moyens de vivre ». Comme on le voit, Séguin était un complet original. Il est regrettable que ni Champfleury ni Lorédan Larchey ne l’aient connu, car il eût sans doute figuré dans les Excentriques du premier et les Gens singuliers du second.[2] » Mennessier de la Lance, Gabriel-René


1.Dictionnaire de l’Économie politique.
2. Dans les Souvenirs et Indiscrétions d’un Disparu du Baron de Plancy, Paris, Ollendorf, 1892, on trouvera, p. 5, le récit d’une curieuse excentricité de Séguin, à ajouter à tant d’autres.