BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb153237086

Gayot, Eugène (1808 – 1891)

« Vétérinaire, puis inspecteur général et directeur général des Haras. 1808-1891. Un des maîtres de la Zootechnie contemporaine. Fils de Claude-Nicolas Gayot et d’une mère italienne, il était né à Capoue. Eugène Gayot fit ses études professionnelles à Alfort, exerça quelques temps la médecine vétérinaire dans le département de la Marne, puis, en 1834, entra dans l’Administration des haras. D’abord détaché à Strasbourg, il devint successivement directeur du Haras du Pin (1840-1843), directeur de celui de Pompadour (1843-1846), sous-directeur de l’Agriculture et des Haras en 1846, inspecteur général des Haras et enfin directeur des Haras au Ministère de l’Agriculture et du Commerce en 1847. Il conserva ces fonctions jusqu’en 1852, époque où il fut admis à la retraite.Il fut membre du Conseil de perfectionnement des Écoles vétérinaires, du Conseil supérieur des Haras, de la Société nationale d’Agriculture, Conseiller honoraire de la Société des Agriculteurs de France, dont le président, M. le Marquis de Dampierre, prononça une allocution émue à ses obsèques ; il était aussi membre d’un grand nombre de Sociétés savantes.Le labeur qu’il a fourni est énorme. Rentré dans la vie privée en 1852, son activité d’écrivain en fut accrue. Il devint le collaborateur assidu du Journal d’Agriculture pratique auquel il demeura attaché jusqu’à sa mort. Bien qu’il eût consacré toute la première partie de sa carrière à l’hippologie et qu’il dût sa réputation à cette branche de la Zootechnie, il en fouilla les autres parties avec l’ardeur qui le caractérisait[1], M le Marquis de Dampierre, dans le discours cité plus haut, dit qu’il a été « un des écrivains les plus utiles de notre temps et qu’il laisse des livres qui perpétueront sa juste renommée ».Son caractère était tenace et résolu et la trace de ses luttes énergiques avec l’administration de la guerre et avec ses contradicteurs se retrouve dans la plupart de ses nombreux écrits; ceux-ci sont malheureusement trop prolixes et certains d’entre eux auraient gagné à être plus condensés. M. Cornevin, et après lui M. Neumann, disent qu’il fut le véritable créateur du cheval anglo-normand. Présentée sous cette forme, l’assertion est trop absolue. Les premiers essais sérieux et méthodiques de l’amélioration de la race normande par le pur sang anglais lui sont antérieurs et datent de 1830. Ils avaient même été tentés, irrégulièrement, il est vrai, et sans aucune méthode suivie, sous l’ancien régime. Mais il régularisa, codifia, pour ainsi dire, l’introduction du pur sang anglais dans les races inférieures. Il le considérait comme le seul véritable régénérateur, mais il savait en régler la dose, en espacer avec ménagement les infusions, les répartir scientifiquement sur plusieurs générations par ses croisements alternatifs, en attendre patiemment les résultats sans se laisser décourager par d’inévitables mécomptes et, finalement, arriver par une route de laquelle les surprises ne seront sans doute jamais bannies, mais cependantaussi sûre que possible, au résultat cherché.Presque toujours il trouva la véritable cause des retentissants insuccès qui furent trop souvent la suite de l’introduction trop brusque du pur sang dans des races qui n’étaient pas prêtes encore à le recevoir, insuccès qui produisirent tant de chevaux décousus et manqués, qui nuisirent pendant de longues années à la cause défendue par Gayot, qui lui suscitèrent de nombreux adversaires et qui soulevèrent des plaintes bruyantes dont l’écho n’est pas encore éteint.L’historique de l’état de la race normande vers 1830, celui des premiers essais, auxquels n’ont pas manqué les déboires, de l’introduction du pur sang, celui enfin de la réussite et de la formation de la race anglo-normande actuelle sont exposés en détail dans La France Chevaline, T. I de la 1re partie, p. 215, T. II de la 2e partie, p. 56, T. III de la 2e partie, p. 206 et T. IV de la même p. 132 et suiv.Mais c’est surtout à Pompadour et dans la création des premiers Anglo-Arabes de pur-sang d’abord, puis de demi-sang, que son action personnelle se fit sentir. Dans les races de l’Orient et du Midi, les premiers essais de croisement avec l’Anglais, mal dirigés, trop brusques, et desquels on attendait des résultats immédiats, impossibles à obtenir, furent repris par Gayot avec méthode et persévérance. Il a donné l’histoire complète de cette création au T. III de la 2e partie de sa France Chevaline, p. 103 et suiv. Momentanément ralentie par une vive opposition qu’il ne pardonna jamais à ses adversaires (voyez La Connaissance générale du Cheval, p. 479 et suiv.) et par quelques mesures regrettables, la création de l’Anglo-Arabe de pur sang et de demi sang a survécu à Gayot, s’est perfectionnée, a suivi des méthodes tracées aussi bien par la science que par la pratique et, finalement, a doté la cavalerie légère française d’un cheval merveilleux qui n’existait pas il y a à peine trente ans, qui n’est pas encore parfait, surtout dans son dessus, mais qui le deviendra bientôt si on sait lui conserver le tempérament robuste sans lequel il n’y a pas de cheval de troupe et ne pas laisser encore s’accroître, dans sa constitution, l’élément nerveux et irritable.Il est juste que le nom d’Eugène Gayot reste attaché aux débuts de cette création. Il faut aussi lui savoir gré des services qu’il rendit aux courses et de la persévérance avec laquelle il a soutenu la nécessité, maintenant admise partout, d’épreuves préalables sérieuses pour les étalons reproducteurs, quelle qu’en soit la race. » Mennessier de La Lance (1915-1921)


1. Article nécrologique de M. Ch. Cornevin, rédacteur du Journal de Médecine vétérinaire et de Zootechnie dans ce recueil. Année 1891, p. 330.