BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11943744z

Meissonier, Ernest (1815 – 1891)

« Ernest Meissonier. Peintre français, 1815-1891. Entré de bonne heure dans l’atelier de Coignet. il n’y resta que quelques mois et exposa pour la première fois en 1834. Jusqu’en 1839, il ne fit que des tableaux de genre. Mais, à ce moment, il accompagna l’Empereur pendant la campagne d’Italie et fut dès lors attiré par les sujets militaires. Jusqu’à sa mort, ses principales œuvres sont des tableaux représentant des scènes, combats ou batailles du Ier Empire, et surtout les épisodes où les cavaliers et la cavalerie jouent le principal rôle. Ce goût particulier l’amena à étudier spécialement le cheval, et il apporta dans cette étude, qui devint, vers le milieu de sa vie, son travail de prédilection, la recherche opiniâtre et consciencieuse de l’exactitude qui marque son caractère et son talent. « Meissonier est le premier, dit M. Gréard, qui ait réussi à faire concourir au sentiment pittoresque l’intelligence scientifique de l’anatomie ». Il acquit donc rapidement une connaissance complète de l’anatomie du cheval, et il en reproduisit les formes avec une irréprochable exactitude.Mais restait le mouvement. On sait que tous les peintres hippiques ont reproduit le cheval au pas en faisant mouvoir successivement chaque bipède diagonal, en un mot, en le représentant comme s’il était au trot. Pas un n’avait remarqué que, puisqu’il y avait quatre battues, les quatre membres avaient un posé successif. Géricault, cependant, l’avait entrevu. Mais Meissonier serra la question de plus près, et il est le premier qui ait exactement représenté le cheval au pas. La représentation du trot n’a jamais offert de difficultés, mais celle du galop, invariablement basée, depuis des siècles, sur deux attitudes conventionnelles absolument fausses, offrait à ses recherches un champ vaste et nouveau[1].Il les entreprit avec la ténacité consciencieuse qu’il apportait en toutes choses. M. Salomon Reinach rapporte qu’il faisait galoper devant lui le général, alors capitaine, Faverot de Kerbrech « Au bout d’une demi-heure, il le rappelait en lui disant : cela ne va pas, je n’ai rien vu. » Et M. Gréard[2] raconte que, pour saisir ces mouvements du galop dont le détail échappe à notre vue. il avait organisé, dans son parc de Poissy, un petit chemin de fer longeant une piste. Assis sur un traîneau dont il précipitait ou modérait la marche à son gré. il suivait la course parallèle du cheval qu’un domestique montait. »De si persévérants efforts le conduisirent bien près de la vérité, mais il appartenait à la photographie instantanée de la découvrir tout entière. « Ce diable de galop, Meissonier avait beau l’observer avec toute l’attention dont il était capable, il n’arrivait pas à être satisfait; il y avait même fourbu un cheval sans succès. Or voilà qu’un Américain [3] avait trouvé le secret[4]. »Il tint un large compte de cette découverte dans ses tableaux subséquents : 1807, Iéna, etc. Sans reproduire servilement des attitudes que l’œil humain ne perçoit jamais, il atteignit « le compromis nécessaire entre l’art et la vérité ».Quels que soient ceux qui viendront après lui, Meissonier restera toujours au premier rang parmi les artistes qui ont représenté le cheval. » Mennessier de La Lance (1915-1921)


2.Meissonier, ses souvenirs, ses entretiens. Paris, 1897. Ce livre fourmille d’anecdotes intéressantes sur Meissonier.
3.Muybridge, dont les photographies instantanées, exécutées en 1878, parurent dans le journal La Nature, en 1879. Elles ont révolutionné la peinture hippique.
4.Gréard, loc. cit.