BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb153181103

Duhousset, Émile (1823 – 1911)

« Officier d’infanterie français, hippologue, ethnologiste, dessinateur et sculpteur. Il était membre associé de la Société d’Anthropologie, membre titulaire de la Société d’Ethnographie orientale et américaine, membre correspondant de l’Académie de Dijon, 1853-1911. Sous-lieutenant en 1844; chef de bataillon en 1859; lieutenant-colonel au 1er Régiment d’infanterie de marche en 1870, et au 1er régiment d’infanterie de ligne en 1871; remis chef de bataillon la même année; lieutenant-colonel en 1872 et retraité en 1873. Campagnes : de Rome en 1849-1850. Il fut autorisé à y rester après le départ de son régiment pour fournir des renseignements à Horace Vernet, « chargé de représenter en peinture le siège de Rome »; Perse, 1838-1861; en Afrique, 1863-1866; contre l’Allemagne, 1870-71. Prisonnier de guerre à Wœrth. Il était resté 3 ans en Perse comme membre d’une mission envoyée par le gouvernement français et dont le chef était le commandant d’artillerie Brongniart[1]. Duhousset, outre ses fonctions militaires, était particulièrement chargé de la partie ethnographique, mais il y adjoignit l’étude du cheval et du chameau, et même celle de la céramique persane, sur la demande que lui en avait faite M. Regnault, alors directeur de la manufacture de Sèvres et membre de l’Institut. Ses rapports et les dessins qui les accompagnaient reçurent les plus grands éloges du ministère de la guerre et des corps savants, et notamment de M. de Quatrefages à la séance du 16 mars 1863 de l’Académie des Sciences, ainsi que de MM. Boudin, président de la Société d’Anthropologie, Brugsh, conservateur du Musée Égyptien à Berlin, Anitchkow, ministre plénipotentiaire de Russie en Perse, etc. En 1861, il avait présenté ses dessins à l’Empereur et à l’Impératrice, « et ils avaient vivement intéressé leurs Majestés ». En 1862, il avait été maintenu au dépôt de la guerre « pour y surveiller la publication de ses études anthropologiques sur la Perse ». Ses dessins et mensurations anthropologiques sont conservés au Muséum d’Histoire naturelle. J’ignore ce que sont devenus ses dessins sur les animaux. Ses ouvrages traitent de l’ethnologie, de l’anthropologie et enfin de la représentation artistique du cheval. Ces derniers seront seuls cités ici.
[…] Outre ces ouvrages, le Lieutenant-Colonel Duhousset a publié de nombreux articles sur la représentation du cheval, la plupart accompagnés de dessins. Je citerai les suivants :
- Étude sur les proportions du Cheval. Illustration des 18 et 23 août et 1er sept. 1883.
- Le Cheval dans l’Art. Gazette des Beaux-Arts, nov. 1883, janvier, mars et mai 1884.
- Le Réalisme des Allures dans l’Art. Magasin Pittoresque des 15 Juillet, 15 et 31 Août 1891.
- Le Cheval dans l’Art. Magasin Pittoresque des 15 avril, 15 juillet, 13 août, 31 oct., 30 nov. et 31 déc. 1892.
- Menus propos sur Ninive et certains Jeux assyriens. Magasin Pittoresque du 15 mars 1893.
- Phidias réaliste. Magasin Pittoresque du 1er mai 1893.
- Les Cires de Meissonier. Magasin Pittoresque du 15 juin 1893.
- Le Cheval de Napoléon Ier à Iéna. Magasin Pittoresque du 15 sept. 1894. C’est une étude sur le célèbre tableau de Meissonier.
Le Lieutenant-Colonel Duhousset avait été chargé pendant plusieurs années, par un journal spécial, du compte rendu des tableaux qui, dans les Expositions, représentaient des chevaux. Artiste lui-même, bon cavalier, ayant soigneusement étudié le cheval en Orient et en France et connaissant parfaitement son anatomie, il avait été frappé de l’inexactitude de la représentation artistique de cet animal, tant au point de vue des proportions qu’à celui des mouvements. D’où ses patientes études. Ses ouvrages, indispensables à connaître pour tous ceux qui s’occupent de la représentation du cheval, sont cités et commentés par Goubaux et Barrier, par Jacoulet et Chomel, et, tout particulièrement par Salomon Reinach.
À l’époque où parut la 1re édition de Le Cheval, on n’avait pas encore fait, sur le mécanisme et la représentation des allures, les découvertes dues à la photographie instantanée. On sait que c’est l’Américain Muybridge qui obtint, vers 1878, les séries d’épreuves photographiques représentant les diverses attitudes du cheval au galop. Elles furent d’abord accueillies en France par une complète incrédulité, et Muybridge fut traité de farceur. C’est Duhousset qui, le premier, au moyen d’un petit instrument appelé Zootrope[2], montra que les séries de Muybridge étaient une reproduction fidèle des attitudes successives du Cheval au galop allongé.Ce fut une révolution considérable dans l’art de représenter le cheval en mouvement, car la photographie instantanée a montré que la représentation du cheval, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, avait été quelquefois fidèle pour le trot et le saut des obstacles, rarement pour le pas et jamais pour le galop. Pour cette dernière allure, dit M. Salomon Reinach dans son ouvrage La Représentation du galop dans l’art ancien et moderne, « l’art venait d’être convaincu d’une impuissance plus de trente fois séculaire à fixer, dans le marbre et sur la toile, un mouvement familier à tous, mais dont les détails échappent, par leur rapidité, à la vision ».Mais l’art doit-il, sous prétexte d’exactitude, reproduire ce que l’œil humain ne perçoit jamais ? La discussion dépasserait les limites de cette notice, et je dirai seulement que le Dr Le Bon, dans son ouvrage L’Équitation actuelle et ses Principes, le conteste énergiquement : « Muybridge, dit-il,... rendit un grand service à la science, mais il exerça la plus désastreuse influence sur la peinture équestre ». L’historique de ces ardentes discussions est fait clairement et exactement dans l’Avant-propos du dernier livre de Duhousset et la solution, qui n’est pas facile, en est donnée aussi complètement que possible dans le corps de cet intéressant ouvrage. Voyez, pour cette discussion, Le Bon, Salomon Reinach, Duhousset, Bousson, Raabe, ainsi que mes notices sur Meissonier, Carle Vernet, le Comte du Passage[3], Gautier.
D’anciens travaux traitent aussi de la représentation du cheval. Voyez Vincent et Goiffon, Bourgelat, de Garsault, etc. » Mennessier de La Lance (1915-1921)


1. Victor-François Brongniart, officier d’artillerie, puis de l’État-Major des Places, 1809-18...
2.Feuille de carton circulaire sur le contour de laquelle Duhousset dessina en silhouette, dans leur ordre successif, les photographies de Muybridge. Au moyen d’un petit essieu central, appuyé sur deux coussinets, on imprimait à la feuille de carton un mouvement de rotation rapide et, à l’étonnement de l’expérimentateur, le galop de course se trouva exactement reproduit, tel que l’œil le perçoit.
3. « La photographie instantanée, c’est un mot dans une phrase », a dit très heureusement le Comte du Passage (papiers inédits).