BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11928023v

Vernet, Carle (1758 – 1836)

« Peintre français, 1758-1836. Fils du célèbre peintre de marine Joseph Vernet, il dessinait déjà tout enfant à côté de son père qui lui donna ensuite comme professeur le peintre Lépicié dans l’atelier duquel il travailla pendant quelques années. «: Sa véritable vocation se manifesta dès son enfance[...] à quinze ans, il était déjà passionné pour l’équitation[...] lorsqu’il y avait des courses, il était toujours au premier rang des curieux et n’avait qu’un désir, celui de; jouer sur le turf un rôle plus actif[1][...] Les exercices du corps prenaient une grande part de son existence; lorsqu’il se sentait fatigué de peindre, l’équitation ou l’escrime étaient ses meilleurs délassements[...] »« Sa préoccupation dominante, en fait d’art, était l’étude du cheval. Il examinait les compositions des Le Brun et des Van der Meulen; leur interprétation peu fidèle de la nature ne le satisfaisait pas; il cherchait et entrevoyait déjà un nouveau genre à créer »[2] .Il fut donc surtout un peintre de chevaux : « jamais peintre n’aima le cheval avec plus de passion et ne le peignit avec plus d’amour. » Attiré par les courses alors naissantes, voulant réagir contre l’épais et lourd cheval des peintres des XVIIe et XVIIIe siècles, il ne destina que le cheval fin, français ou étranger, arabe ou anglais, mais surtout ce dernier qu’il représenta avec une vérité d’attitude et une exactitude anatomique inconnues jusqu’à lui. Beaucoup de ses chevaux arrêtés sont irréprochables.Mais on sait que la représentation exacte du cheval en mouvement est toute récente. (Voyez Duhousset, Salomon Reinach, etc.). Carle Vernet représente inexactement l’allure du pas, et, pour ses chevaux au galop, il a adopté deux attitudes de convention dont il ne se départ pas : l’une en fixant au sol les pieds postérieurs, (ce que M. Salomon Reinach appelle le cabré allongé); l’autre, qu’il adopta plus tard et qui représente le cheval complètement suspendu en l’air, la sole des pieds postérieurs presque en dessus (ce que M. Salomon Reinach appelle le galop volant). On sait que cette dernière attitude fut à peu près la seule adoptée par Géricault. Ces réserves au point de vue de la représentation des allures peuvent d’ailleurs s’appliquer à toutes les œuvres hippiques antérieures et postérieures à Carle Vernet, jusqu’à la récente apparition de la photographie instantanée.Mais, dans toutes les scènes où il représente des chevaux arrêtés ou seulement entamant l’allure, la vérité des attitudes, l’exactitude du dessin, l’étude consciencieuse de l’anatomie donnent un charme unique à ses compositions. On peut cependant lui reprocher d’avoir quelquefois exagéré la réaction contre les mastodontes réprésentés par les peintres hippiques français et surtout hollandais des XVIIe et XVIIIe siècles, principalement en ce qui concerne les membres : ses chevaux sont trop souvent montés sur des fils de fer.
Peu d’artistes furent plus féconds. Toutefois, il a laissé peu de tableaux et il fut surtout un dessinateur. En dehors de ses caricatures, sujets militaires, batailles, études de mœurs, son œuvre hippique, seul examiné ici, est très considérable : ses suites de chevaux, ses études séparées, ses sujets de chasse, de course, d’intérieurs d’écurie, ses cavaliers militaires, etc., gravés ou lithographiés, ses dessins et ses aquarelles enfin sont innombrables. » Mennessier de La Lance (1915-1921)


1.Il y réussit d’ailleurs. Voyez Dubost A., pour une course à laquelle il prit part et dans laquelle il remporta un prix eu l’an VII.
2.Amédée Durande. Joseph, Carle et Horace Vernet. Paris, Hetzel, S. D. (vers 1864).