BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb121339562

Van Der Meulen, Adam Frans (1632 – 1690)

« Peintre belge, élève de Peter Snayers, né à Bruxelles et mort à Paris 1634-1690. Malgré son origine, il est classé parmi les peintres de l’École française par les critiques et les historiens d’art. Il était connu et apprécié de Lebrun qui l’attira à Paris où il vint se fixer vers 1666. Colbert lui accorda une pension et un logement aux Gobelins et il conquit rapidement la faveur de Louis XIV qu’il suivit dans la campagne de Flandre en 1667. Il en retraça les principaux événements dans des tableaux popularisés par la gravure. Les dispositions de la scène, le choix des paysages, celui des épisodes, étaient toujours arrêtés de concert avec le Roi.En dehors de la suite consacrée à la campagne de Flandre, ses principales œuvres sont des vues de châteaux, des chasses et des scènes militaires, particulièrement des combats de cavalerie. La plupart des gravures qui les reproduisent sont de grandes dimensions. Van der Meulen fut, par excellence, un peintre de chevaux. Toutes ses compositions sont animées par de très nombreux cavaliers. Ses chevaux, a dit un critique d’art célèbre, sont « ces amples et fiers chevaux danois qui firent la guerre de 30 ans et qui portèrent tous les héros du siècle depuis Gustave-Adolphe jusqu’à Turenne ». Ce serait vrai pour Wouvermans, mais c’est moins exact pour Van der Meulen. Ses chevaux n’ont ni l’encolure, ni la tête des danois, et ils ressemblent simplement aux chevaux français de l’époque. L’inexactitude commune à tous les peintres d’alors dans le dessin du jarret qu’ils représentaient avec un méplat, comme le genou, au lieu d’accuser la pointe du calcaneum, se rencontre quelquefoisdans les œuvres de Van der Meulen — pas toujours, cependant. Sauf ce détail, il a respecté l’anatomie et l’extérieur du cheval. Quant aux allures, il a représenté le galop par l’appui sur le sol des deux pieds postérieurs, les deux antérieurs levés, les jarrets à leur maximum d’ouverture; le pas comme le trot, par l’appui successif des deux bipèdes diagonaux, sans tenir compte des quatre battues, et le trot — dont il donne de rares exemples — assez régulièrement. C’est exactement de même que, 130 ans plus tard, procédait Carle Vernet. Mais il y a une remarque amusante à faire, c’est que l’attitude des chevaux des grands seigneurs, et surtout de ceux du Roi. n’est pas la même que pour ceux des moindres personnages : les chevaux des premiers sont presque invariablement très assis sur leurs jarrets, les membres antérieurs relevés et repliés, en un mot dans l’attitude classique de la courbette, telle que la représente Parrocel dans ses illustrations de l’École de Cavalerie de La Guérinière. Les autres sont campés n’importe comment. Les chevaux eux-mêmes ne pouvaient alors s’affranchir des lois de l’étiquette et du cérémonial ! Quoi qu’il en soit, sa réputation de peintre de chevaux était dès lors si bien établie qu’il parait prouvé que Lebrun, quand il composa les batailles d’Alexandre, en fit peindre les chevaux par Van der Meulen1.D’après Charles Blanc, l’œuvre gravé de Van der Meulen se compose de 113 estampes gravées par Bauduins, Romain de Hooge, Lepautre, Sylvestre, Huchienbourg, Simonneau Taîné, Nicolas Bonnard, Cochin, Surugue et Eriinger. Il y a, dans son œuvre, une suite de 11 planches d’études, gravées par Huchtenbourg, représentant des chevaux morts ou blessés. Les dessins ont certainement été pris d’après nature, pendant ou plutôt après les combats auxquels il a assisté. Là, il n’y a plus de posture conventionnelle : c’est la nature prise sur le fait. L’observation a été suffisamment prolongée, et, au point de vue de l’exactitude des attitudes, de la disposition des membres et des corps, de la correction de l’anatomie, de la hardiesse des raccourcis, cette suite est absolument remarquable. » Mennessier de La Lance (1915-1921)


1.Charles Blanc, Histoire des Peintres.