BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb14449347w
Parrocel, Charles (1688 – 1752)
« Peintre et graveur français, 1688-1752. Second fils de Joseph Parrocel, le peintre de batailles, il fut élève de Charles de Lafosse, son parrain. Il s’engagea dans la cavalerie en 1705 et y servit deux ans. Sa mère l’ayant dégagé du service, il se remit au travail, passa en 1712 en Italie, fut nommé pensionnaire du Roi à Rome et, à son retour à Paris, en 1721, fut admis à l’Académie royale. Il y devint professeur adjoint en 1744 et professeur l’année suivante. Louis XV l’emmena quand il partit pour la campagne de 1744-1745, et Parrocel assista à la bataille de Fontenoy qu’il représenta sur un tableau achevé peu avant sa mort.
On voit que Charles Parrocel fut, comme son père, un peintre de batailles, mais il fut surtout attiré par la représentation du cheval. Parmi les œuvres de ce genre qui ont été popularisées par la gravure, on trouve quelques pièces isolées1 et plusieurs suites de planches: les Différentes Attitudes... le Recueil des différentes Attitudes...le Recueil de 19 planches... et les fig. de l’École de Cavalerie de La Guérinière.[...]L’œuvre hippique importante de Parrocel est l’illustration de l’École de Cavalerie de La Guérinière. Cette suite, pour les éditions in-f° de 1733 et 1751, se compose de 15 planches grand in-f° et de 3 compositions importantes en tête de chacune des 3 parties de l’ouvrage, gravées par Cars, Lebas, Audran, Tardieu, Dupuis, Beauvais et Desplaces. Les fig. des airs de manège représentent de jeunes seigneurs dont, sauf pour une planches, le nom nous est donné par le titre de la planche. L’un d’eux, le Comte de Saint-Aignan, était un élève de l’Académie de La Guérinière et il est probable qu’il en est de même des autres. Les planches de brides, demors, de fers, de selles, les plans de terre du manège et des fig. de manège, ne sont pas de Parrocel. Elles sont dessinées par Coquart et sauf une, gravées par lui; l’écriture par Borde.
Dans les nombreuses éditions in-8° de cet ouvrage, les planches de Parrocel sont reproduites, mais très réduites, de telle sorte que la tête des personnages est à une trop petite échelle pour que la ressemblance ait pu être conservée. Aussi leur nom a-t-il disparu et a-t-il été remplacé par l’indication du mouvement exécuté. Pour ces éditions, Parrocel a exécuté un nouveau frontispice. Les fig. de Parrocel disparaissent à partir de l’édition de 1802. Pour le détail de ces éditions, voyez La Cuérinière.
Un des nombreux biographes de Parrocel, auxquels j’ai emprunté quelques-uns des détails qui précèdent dit : « Il s’attacha surtout à rendre les mouvements du cheval... Aussi, rien de ce qui tient à l’allure du cheval n’échappe à son crayon et c’est par l’exactitude, le naturel et la grâce qu’il sait donner à tous les mouvements de ce bel animal qu’il a su s’élever au-dessus de son père... ».
En réalité, il faut un peu rabattre de cet éloge. Les chevaux de Parrocel sont en général assez élégants : ceux du recueil Différentes Attitudes sont un peu lourds et rappellent trop les gros chevaux des peintres du XVIIe siècle, mais ceux de l’École de Cavalerie sont beaucoup plus affinés et quelques-uns atteignent une véritable distinction. Il est vrai que les premiers sont des chevaux de troupe et les seconds des chevaux de riches gentilshommes. Quant aux mouvements, ils reproduisent les attitudes conventionnelles qui ne disparurent que bien récemment et progressivement après les consciencieuses études de Géricault et de Meissonier et après « le coup de foudre » de la photographie instantanée. Quoique Parrocel ait dessiné le squelette de l’École de Cavalerie, il l’oublie trop facilement dans ses dessins. Certains chevaux des Différentes Attitudes ont la tête trop petite et mal attachée, les avant-bras trop courts et les canons trop longs. Ces défauts ont presque disparu dans ceux de l’École de Cavalerie, mais partout l’articulation du jarret est très mal rendue : tantôt Parrocel y place un méplat comme à celle du genou, tantôt il l’agrémente d’une belle jarde. Ces réserves faites, il faut reconnaître que si Parrocel, comme tous les peintres qui l’ont précédé et quelques-uns de ceux qui l’ont suivi (voyez Duhousset), a rendu sans grande exactitude l’anatomie du cheval et ses mouvements, ses compositions sont gracieuses, animées et agréables à regarder. De plus, si ses chevaux prêtent à quelques critiques de détail, ses cavaliers sont du dessin le plus correct; leur attitude est aisée et naturelle, leurs mouvements bien rendus et enfin ils sont remarquablement campés à cheval.En somme, les jolies suites de Parrocel sont fort recherchées et méritent de l’être. Il est rare — sauf pour celle de l’École de Cavalerie — de les trouver au complet. » Mennessier de La Lance (1915-1921)