BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb106362402
Thiroux, Charles-Alexandre (1741 – 1803)
« Écuyer français, fin du XVIII
e
siècle. On ignore les dates de sa naissance et de sa mort. Il était élève de l’écuyer
Arnofe
, et le prince de
Lambesc
, Grand-Écuyer, l’autorisa, en 1778, à établir un manège à Paris pour la jeunesse bourgeoise qui ne pouvait alors suivre les cours des Académies royales d’Équitation. Il dut s’engager à placer au-dessus de la porte de son établissement l’inscription :
Manège bourgeois
, à n’enseigner qu’aux fils de bourgeois et à se reconnaître débiteur envers
Villemotte
, au profit de l’Académie des Tuileries, d’une somme de 10.000 livres. Mais l’exécution de ces clauses sévères souleva des difficultés de toutes sortes et, au bout de six ans, Thiroux, ruiné, dut fermer son manège. Il fut ensuite placé, en 1785, à l’École vétérinaire d’Alfort, avec le titre d’Écuyer, pour professer l’Équitation aux élèves militaires destinés à former les maréchaux experts des régiments de cavalerie. Il ne semble pas y être resté longtemps, et, après en être sorti, il ne dirigea plus de manège et paraît même avoir renoncé au professorat, car le titre de son
Écuyer consultant
, paru en 1790, l’indique comme ancien professeur d’Équitation. Qu’est-il devenu depuis ? Je l’ignore. Toutefois, le
Chevalier d’H***
nous apprend (Avant-Propos de l’
Aurigie
, p. VII) qu’en 1810 il était premier commis à la comptabilité du
Haras de Pompadour
. Thiroux est l’auteur de plusieurs passages de l’article
Manège
de l’
Encyclopédie
.Les déboires et les tracasseries qu’il avait subis quand il dirigeait son
Manège bourgeois
du
Pont-aux-Choux
, en avaient fait un mécontent; aussi embrassa-t-il avec ardeur, mais aussi avec une admirable candeur, les principes révolutionnaires, et rien n’est plus amusant que les digressions politico-philosophiques dont il a émaillé les 2 vol. de ses
Œuvres Complètes
1
Histoire de l’École d’Alfort
.
[...] Écuyer, hippologue et directeur de Haras français, 1741-1803. Quand j’ai rédigé la notice de Thiroux (T. II, p. 563), Je n’avais découvert sur lui d’autres documents biographiques que les quelques lignes que lui consacrent l’
Histoire de l’École d’Alfort
qui fait deux personnages différents du même Thiroux, et l’
Aurigie du Chevalier d’H***
qui confond les fils avec le père. Je croyais alors sa famille éteinte, mais il n’en est rien et son arrière petit-fils, M. le Dr Thiroux du Plessis, habite Brive. Il a bien voulu, par l’obligeante entremise de
M. de Nussac
, me communiquer des documents qui m’ont permis d’établir une biographie de l’écuyer Thiroux. Elle m’a paru assez intéressante pour la publier presque intégralement, afin de remplacer celle, aussi inexacte qu’incomplète, que j’ai donnée de lui en tête de sa notice dans ma
Bibliographie
. L’histoire de Thiroux touche d’ailleurs aussi à un épisode peu connu de celle des Haras. Il se nommait Thiroux du Plessis, mais il n’a pas fait figurer ce deuxième nom sur les titres de ses ouvrages. Son père était avocat au Parlement et Conseiller Procureur général du duc de Bouillon,
vicomte de Turenne
1
. Comme son père, il avait aussi porté le titre d’avocat au Parlement, mais il fut bientôt entraîné par son goût pour l’équitation et devint éleve de l’Écuyer Arnofe. En 1778, le Prince de Lambesc, Grand Écuyer
1
l’autorisa à établir à Paris, rue du Pont-aux-Choux, un Manège exclusivement destiné aux élèves bourgeois qui ne pouvaient alors suivre les cours des Académies royales d’Équitation. Son établissement devait porter l’enseigne :
Manège Bourgeois
et il devait se reconnaître débiteur envers
Villemotte
2
, au profit de l’Académie des Tuileries, d’une somme de 10.000 livres. Ces clauses sévères l’obligèrent à fermer son manège en 1784. L’année suivante, il fut nommé Écuyer à l’École d’Alfort pour y enseigner l’équitation aux élèves militaires destinés à former les Maréchaux Experts des régiments de cavalerie; mais cet emploi fut supprimé en 1787 et, peu d’années plus tard, Thiroux fut nommé régisseur de l’établissement rural de Sceaux, créé en l’An II, transféré à Versailles vers l’An VI et supprimé en l’An VIII. Il obtint alors une place de Surveillant à Alfort. Ces fonctions ne lui convenaient nullement et il écrivit à toutes les autorités, depuis les ministres jusqu’au Premier Consul
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, pour se plaindre amèrement d’avoir à surveiller des jeunes gens turbulents au lieu « des chevaux qui sont ses amis depuis Quarante ans ». On lui donna satisfaction en le nommant, le 17 Frimaire An X (9 Déc. 1801) Directeur du Haras de Pompadour. Supprimé avec tous les autres par la loi du 19 nov. 1790, ce Haras avait servi de dépôt de remonte en 1792, puis avait été pillé et en partie brûlé par une bande de révolutionnaires. La Commission d’Agriculture du Ministère de l’Intérieur y fit ensuite placer quelques étalons et juments, épaves dispersées de l’ancien Haras qui fut enfin rétabli en 1801, cinq ans avant que le Décret impérial du 4 Juillet 1806 ne les ait tous réorganisés. Thiroux y amena les deux fils qui lui restaient (l’ainé était mort à la guerre), l’un,
Louis-Alexandre
, comme régisseur; l’autre,
Jacques-Alexandre
, comme surveillant de la Jumenterie de la Rivière. Ils y restèrent après la mort de leur père, survenue le 13 Avril 1803. Sa direction, malgré sa courte durée, ne laissa que de bons souvenirs. Les déboires et les tracasseries dont il avait été abreuvé quand il dirigeait son Manège bourgeois du Pont-aux-Choux en avaient fait, et non sans quelque raison, un mécontent. Aussi, à la Révolution, embrassa-t-il avec ardeur mais aussi avec une admirable candeur, les idées nouvelles et rien n’est plus amusant que les digressions politico-philosophiques dont il a émaillé les deux volumes de ses
Œuvres Complètes
.»
Mennessier de La Lance (1915-1921)