La cavalerie française (1845), une mine en livre de poche

C’est probablement l’un des plus petits livres du XIXe siècle consacré à la cavalerie, connu.
Son format? De poche… voire de petite poche! 10,5 x 7 x 1 centimètres. Et pourtant son contenu pèse lourd, puisqu’il s’agit, sous un titre des plus austères, Théorie sur l’administration et la comptabilité de la cavalerie de fournir toute l’information utile, d’une part à l’administration militaire et d’autre part aux officiers (chef de corps), sur la gestion de la cavalerie française en 1845, soit sous le règne de Louis Philippe (1830-1845).
Imprimé intra-muros par la Librairie Militaire de Léautey sise 21 rue Saint-Guillaume, ou par la Librairie de l’Armée de Leneveu, 18 rue des Grands Augustins, il fournit, en 264 pages pour l’édition originale de Léautey, des tonnes de renseignements sur le fonctionnement de la cavalerie. On passe de données «macro-économiques» à des détails insoupçonnables.

Ainsi par exemple, la constitution de la cavalerie et des corps qui utilisent des chevaux :
La Cavalerie «pèse» 1/5 ème de l’ensemble de l’armée, l’artillerie 1/8 ème, le génie 1/40 ème et les équipages pour 1/30 ème.
Au chapitre «composition et organisation de la cavalerie», on note  que la cavalerie de réserve est composée de 2 régiments de carabiniers et de 10 de cuirassiers; la cavalerie de ligne de 12 régiments de dragons et de 8 de lanciers et enfin la cavalerie légère, la plus nombreuse de 13 régiments de chasseurs, 9 de hussards, 4 de chasseurs d’Afrique et 3 de spahis.

Partant du principe qu’un régiment est composé de 6 escadrons d’environ 210 hommes et 141 chevaux  chacun, on se dit que tous les cavaliers ne sont pas remontés. Ce qui est exact, car l’escadron n’est pas composé que de cavaliers. S’entendent également les secrétaires, trésoriers, fourriers, infirmiers, prévôts, ouvriers armuriers, selliers, tailleurs, bottiers, maréchaux-ferrants, maîtres d’armes et d’escrime, sans oublier les cantinières…

N’entre pas qui veut dans la cavalerie, ni où il veut et tout n’est pas qu’une question d’instruction! La taille mon vieux! Carabiniers pas moins d’1,761 m. Pour les petits, on oublie les rêves : cuirassiers (1,733 m), dragons (1,706 m),  lanciers… restent les hussards ou les chasseurs (1,679 m)! Celle des chevaux évidemment de 1,475 m pour les plus petits affectés à la cavalerie légère à 1,60 m (1,597 m) pour les plus grands réservés à la cavalerie de réserve : les grands carabiniers et les lourds cuirassés.
Marriez-vous, marriez-vous! Mais, pour les officiers et sous-officiers, pas sans avoir annoncé l’événement et obtenu l’autorisation du chef de corps!
Et soyez de bons soldats : les sanctions sont détaillées par le menu et les tribunaux militaires ne badinent pas. Peine de mort pour la désertion, la trahison, la voie de fait sur un supérieur, tandis que l’inverse ne vaut au gradé qu’un an de prison militaire. La rébellion (organisation d’un attroupement contestataire) et le viol, suivi de mort, vous amènent directement à la guillotine. Simple, le viol vaut 8 ans de fers (bagne ou galères) mais si la victime est âgée de moins de 14 ans on pousse quand même la note à 12 ans.

Contresigné par le Maréchal Duc de Dalmatie, on vous assure: une mine!

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