BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12977217d

Savary de Lancosme-Brèves, Louis-Stanislas (1809 – 1873)

« Écuyer et écrivain hippique français. 1809-1873. Page de Charles X de 1825 à 1829, il servit ensuite un an comme officier au 1er Carabiniers. Démissionnaire en 1830, il s’adonna d’une manière spéciale à l’équitation et à l’étude approfondie des questions hippiques. Il avait été l’élève du vicomte O’Hegerty, écuyer au manège des Pages et instructeur du duc de Bordeaux, ainsi que du Comte d’Aure et fut aussi un disciple de Baucher dont il se sépara plus tard avec quelque éclat.
Conseiller général de l’Indre, il y eut un établissement d’élevage. Vers 1843, il fut membre du Comice hippique et, à la même époque, il fonda le Cercle hippique de Mezières-en-Brenne lequel, à son tour, organisa en 1845, dans cette localité, des courses qui furent emportées par la tourmente de 1848, puis rétablies en 1850[1]. Il fit aussi partie de la grande commission de 40 membres réunie en 1848 par M. Bethmont, alors ministre de l’Agriculture et du Commerce, pour étudier toutes les questions se rattachant à l’industrie chevaline[2]. En 1849, selon Duplessis; en 1852, d’après d’autres, il prit la direction du manège Duphot et la conserva jusqu’en 1864. M. Dupont lui succéda.
[...] Lancosme-Brèves a été un cavalier de premier ordre, sage, patient, savant au manège, autant que vigoureux, hardi à l’extérieur et à la queue des chiens. Nul obstacle et nul pari ne l’effrayaient et il aimait les tours de force. Entre autres prouesses, tout le monde connaît le fameux pari qu’il fit de parcourir au trot en arrière la distance qui sépare le rond-point des Champs-Elysées de l’Obélisque — et qu’il gagna en cinq minutes 25 secondes, le 28 juin 1856. Il dressa et fit même dresser par ses élèves des chevaux qui étaient montés sans bride. Il s’engageait ainsi « à toutes les allures, de jour et de nuit, sur les parcours les plus difficiles, tels que les Champs-Elysées, le Bois de Boulogne, Vincennes... ». Mais son enseignement n’est pas toujours clair; basé sur l’anatomie, il nécessite, pour être compris, des études scientifiques que tout le monde n’a pas faites, quoi qu’il prétende en avoir tiré la quintessence et l’avoir rendu intelligible aux 20 carabiniers qui lui furent confiés en 1860. C’était un polémiste redoutable : il savait trouver le point faible de ses adversaires, contre lesquels son érudition étendue sur toutes les matières hippiques lui donnait une force particulière. Baucher, le Colonel d’Azémar et bien d’autres en éprouvèrent les effets; pour Baucher toutefois, ses appréciations sont fort inégales; car à côté de critiques mordantes, on trouve des passages où l’éloge est complet. Malgré ses brillantes qualités personnelles, et malgré la grande notoriété qu’il avait méritée de son vivant, on ne peut dire que l’enseignement du Comte de Lancosme-Brèves ait laissé des traces bien durables. » Mennessier de La Lance (1915-1921)


1. Voyez sur ces courses, Eugène Gayot, La France chevaline, lre partie, T. III, p. 203 et T. IV, p. 182. George Sand leur a consacré un long article dans le Constitutionnel du 6 Juillet 1846; Elle a aussi publié, dans la Presse du 7 Avril 1845, un article sur l’Utilité d’une École normale d’Équitation.
2. Pour la composition et les travaux de cette commission,, Eugène Gayot, La France chevaline, lre partie, T. I, p. 332 et suiv.