Âne en majesté ?

L'âne incarne-t-il une face cachée de la littérature équestre? 
La comtesse de Ségur lui a donné la parole en publiant son autobiographie en 1860 : son Cadichon, un âne savant, se sort de bien de mésaventures et autres tracas. L'ânesse de bât qui accompagne Stevenson subit également les travers impatients de son maître sans qu'il n'éprouve compassion ou remords lors de sa célèbre traversée des Cévennes: son carnet de route est à l'image de la sensibilité de l'époque. Plus récemment, Kessel en a fait une nouvelle plus acide sur la cruauté des hommes, en forgeant une quête vers la liberté.

D'autres livres, qualifiés d'éloges, ne manquent pas, mais le sont-ils vraiment ? Le poète Adriano Banchieri a signé, sous le nom de plume d'Attabalippa dal Perùun des premiers recensés en 1592 : La Nobiltà dell’ asino. Il sera réimprimé plusieurs fois, traduit en anglais, en allemand et en français; Mennessier de La Lance en fera un commentaire complet : « Après un avant-propos, l’auteur examine les qualités et défauts du chien, du cheval, du lion, du singe, de l’éléphant et enfin de l’âne dont il vante les qualités en termes hyperboliques. Il cite à son sujet une foule d’anecdotes mythologiques, historiques, facétieuses et même scatologiques, décrit les remèdes qu’on en tire, les festins où on le mange, nomme les lieux ou accidents géographiques auxquels il donne leur nom. Les proverbes et dictons auxquels il a donné naissance, etc. II y a eu plusieurs éditions italiennes. »

Ce petit compagnon aux grandes oreilles, travailleur de l'ombre, mériterait encore beaucoup d'autres œuvres.

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