Le cheval pilier de la futuriste Médiathèque de Deauville

Le 11 octobre 2019, Philippe Augier, maire de Deauville et «promoteur» de la médiathèque dite des «Franciscaines» signait, avec Éric Hoyeau, Président d’Arqana, l’une des toute première agence mondiale de vente aux enchères de chevaux de courses,  dont les attaches deauvillaises sont aussi évidentes qu’historiques, un contrat par lequel l’opérateur s’engageait à soutenir financièrement le département «cheval» de ce qui s’annonce comme un ambitieux centre culturel.
L’occasion de découvrir tant par une visite guidée du chantier que cette interview, cet espace avant-gardiste.
Qui eût cru qu’en moins d’une demi-douzaine d’années  le site historique de l’orphelinat tenu pendant plus d’un siècle, par la congrégation des sœurs de l’ordre franciscain deviendrait cette cathédrale 2.0 du partage des connaissances et des passions de la station ?

X. L. : Parlez nous de ce projet de Médiathèque dont l’ouverture, aura lieu en juin 2020 ?
Ph. A. : La ville de Deauville ouvrira en juin 2020 beaucoup plus qu’une médiathèque, un véritable lieu de vie culturelle permanente.
Il s’agit d’un projet global, très ambitieux qui vise à mettre en relation dans un même équipement culturel une médiathèque, un musée et une salle de spectacles. Cette mise en commun des fonctions culturelles, sera physique, numérique et surtout incarnée par une programmation foisonnante et complètement transversale.
Les collections du musée et de la médiathèque y seront rassemblées dans des espaces de découverte et de partage émancipés des codes traditionnels, et un parcours libre et interactif sera proposé au visiteur dans un esprit culturel inventif. La promesse de ce lieu est d’inviter les différentes formes artistiques à se rencontrer et à se nourrir mutuellement.
Musique et littérature, peinture et poésie, création numérique et photographie, chanson et cinéma… sont quelques-unes des combinaisons que Les Franciscaines proposent d’explorer.
Cet établissement de près de 6 500 m² prendra vie au sein de l’ancien couvent des Franciscaines dont il conserve le nom.

X. L. : Comment l’idée est elle venue ? Quel délai entre l’idée et l’inauguration ? Le budget ?
Ph. A. : La «culture» est depuis près de 20 ans le levier d’attractivité que la ville a choisi pour incarner son identité, et promouvoir son territoire. Cette stratégie se traduit par près 6 festivals (littéraire, cinéma, musique, photographie…). Et c’est dans cette optique que la ville portait en elle la volonté de créer un équipement dédié à la vie culturelle. Un premier projet de médiathèque-salle de spectacles avait été suspendu en 2008 en raison de la crise économique mondiale, et c’est en 2012/2013 que la municipalité à ré-engagé ce grand chantier que nous sommes fiers de voir aboutir d’ici quelques mois.

– Étude de programmation en 2013
– Concours d’architectes en 2014
– Désignation du lauréat en 2015 (Cabinet Moatti et Rivière)
– Démarrage du chantier en février 2018
– Inauguration prévue le 13 juin 2020

X. L. : Le financement ? Les parties prenantes ?
Ph. A. : L’investissement :

  • 4 millions de frais d’acquisition
  • 16 millions de travaux
  • 3 millions de frais d’études

Subventions publiques :

  • Conseil Régional de Normandie : 4 millions
  • Conseil Départemental du Calvados :2 millions
  • Etat : 2 millions

Mécénat privé : 1 million (Arqana, Crédit Agricole Normandie, Fondation du Patrimoine, Engie, EDF, Veolia et d’autres à venir).

X. L. : Quel est le but poursuivi ?
Ph. A.: Les mécènes et partenaires ont à cœur de soutenir un tel projet qui malheureusement est rare dans notre typologie de territoire. Il faut être ambitieux et très volontariste pour porter un projet de cette envergure à l’échelle du village qu’est Deauville.
C’est un projet culturel et surtout un projet structurant pour notre territoire bien au-delà des frontières Deauvillaises. Les enjeux sont nombreux : économique, touristique, culturel et social.

X.L. : Qui le porte, en sera en charge ? L’animera ? Avec quelle équipe ?
Ph.A. : À l’image de la pluridisciplinarité de l’établissement, l’équipe de direction culturelle est pluridisciplinaire : Directrice de médiathèque, Directrice de musée et Directeur Culturel rassemblés sous une Direction générale.
Travailleront auprès de cette équipe des collaborateurs spécialisés (dans la régie des œuvres, l’administration des collections etc..) et des collaborateurs transverses pour tout ce qui concerne les fonctions d’accueil et de médiation notamment.

X.L. : A qui s’adressera la médiathèque ?
Ph. A. : Les Franciscaines ont pour ambition d’attirer, au-delà des habitants permanents bien sûr, un public de destination intéressé par la culture, les expositions, les spectacles, les conférences, les rencontres mais aussi de fédérer un public d’abonnés que nous nommons les Friendsciscaines qui «vivront» l’établissement plusieurs fois par semaine et par mois. Le public scolaire et le jeune public seront également privilégiés avec une offre adaptée.
Eu égard aux fonds patrimoniaux «cheval» et «Deauville» des chercheurs pourront également être accueillis.

X. L. : De quel « outil » parle-t-on (espace d’exposition, de stockage, dispositif technique, numérique, etc.) ?
Ph. A. : Lieux d’expositions semi-permanente, lieu d’exposition temporaire, salles de créativité, Fab Lab, Salle de spectacles, espaces de consultation, boutique, espace réceptif sont les lieux auxquels le public aura accès.
Les magasins de livres, les réserves, les espaces de traitement permettront de travailler les collections et de les préparer à la consultation.
Une bibliothèque numérique développée avec la Bnf permettra de donner un accès permanent aux ressources. Il y a très peu de bibliothèques en France qui profitent de ce développement partenarial et c’est une fierté.
Cela a été rendu possible grâce à la reconnaissance de notre fonds cheval, fonds d’intérêt national.

X. L. : Quelle sera la place du cheval dans l’ensemble constitué ? En volume ? En «richesse» ?
Ph. A. : Si j’ai bien compris nous allons parler essentiellement de ce qui est consacré au cheval aux Franciscaines qui comportent de nombreux autres pôles d’intérêt, dont un musée numérique, une magnifique collection Hambourg et de nombreuses collections muséales composées de peintures, d’arts graphiques et objets d’art des XIXe et XXe siècles, rassemblant des œuvres d’artistes de renommée internationale (Monet, Courbet, Boudin, Dufé, Signac…) régulièrement enrichies par les acquisitions de la Ville de Deauville et le dépôt de la Collection «Peindre en Normandie».
Un UNIVERS sera dédié au Cheval. Il s’agit d’un espace de 150 m² qui présentera les collections du musée et de la médiathèque rassemblées au sein de ce que l’on appelle «le ruban de la connaissance». Il s’agit d’un dispositif d’étagères revisitées qui permet une présentation de tous types de collections :  fonds documentaires, albums, photographies, vitrines pour documents précieux etc… Des assises confortables, des tablettes, des postes de consultation permettront aux visiteurs de vivre l’espace et découvrir les collections de multiples façons selon ses envies, et sa disponibilité.
En volume, ce fonds est constitué de 100 000 documents, constitué de typologies de documents variés : livres, annuaires, répertoires, films, catalogues, périodiques spécialisés, dossier documentaires, presse hippique, cartes postales, photographies, gravures, sculptures, et tableaux.
L’ensemble documentaire rassemblé porte sur l’hippologie, l’amélioration génétique, l’équitation, le dressage, les sports équestres (les courses : plat, trot, turf), le polo, les ventes, le monde des courses (jockey, propriétaire, entraîneur, sociétés de courses), le cheval dans l’art (affiches, dessins, estampes etc.).

X. L. : Qu’y trouvera-t-on ? Quels sujets y aborde-t-on ? De quelle façon (objets, peintures, documents, photos, vidéos…livres ?
Ph. A. : Un important travail de numérisation permettra d’accéder à l’ensemble des collections du musée et des fonds patrimoniaux de la médiathèque. Seront mises à l’honneur les collections issues de généreuses donations et les plus belles acquisitions.
Un exemple : la donation de Louis Romanet, consacrée au cheval dont la typologie des collections est constituée de photographies, de cartes postales anciennes, de programmes, de stud book, des plans d’hippodromes, de certificats d’origine mais aussi de peintures et de bronzes.
On peut citer par exemple des photographies de chevaux ayant remporté de grands prix à Deauville, des cartes postales de leurs jockeys et des dossiers d’une grande rareté autour de célèbres propriétaires que furent Ralph B. Strassburger, Suzy Volterra, Marcel Boussac, Simone del Duca, l’Aga Khan, et tant d’autres… Figurent autant de personnalités prestigieuses qui évoquent aussi des anecdotes et des histoires savoureuses autour du cheval tout cela croqué par les caricaturistes célèbres à l’époque au plein des années folles. Ce travail a débuté il y a 15 ans ne cesse de s’enrichir.

X. L. : Qui recherchera (d’ailleurs recherchera-t-on ?), décidera des «entrants» ?
Ph. A. : Pour le fond cheval, la politique d’acquisition s’articule autour de 4 grands thèmes : courses, ventes, polo, sports hippiques.
Mais tout se regarde. On demeure très ouvert.

X. L. : Qui abondera les collections ? Y aura-t-il une politique et des budgets alloués à l’enrichissement des fonds ?
Ph. A. : Un budget d’acquisition et de numérisation est chaque année accordé. Toutefois, il faut convenir que la plus grande source d’enrichissement des collections vient de donations ou d’accueil de collection en dépôt. Des magnifiques prêts seront aussi mis en œuvre.

X. L. : Comment seront archivés, classés, organisés, les volumes de la bibliothèque d’une façon générale ? Sur le cheval en particulier ?
Ph. A. : Pour le cheval, la classification retenue est celle des Haras nationaux par thématique. Pour les collections générales on s’appuie sur la Dewey.

X. L. : Comment les ouvrages seront-ils consultables ? Physiquement ? Sur internet ? ou les deux ?
Ph. A.: Les deux : une disponibilité physique des documents dans le bâtiment et une bibliothèque numérique sous marque blanche Gallica (évoqué ci-avant avec la BnF).

X. L. : À quel coût ?
Ph. A. :  L’accès aux ressources est gratuit. Mais s’agissant d’un établissement plus global nous proposerons une offre d’abonnement qui permettra d’accéder à de multiples services et offres proposées au sein des Franciscaines .
On parle de quelques euros par mois pour un Deauvillais pour vous donner une idée d’échelle.

X. L. : Reparlez nous précisément de la Bibliothèque. D’ou proviennent essentiellement les fonds ?
Ph. A. : La constitution des collections a débuté en 2005 tant pour le fonds général que pour les fonds patrimoniaux. Ces fonds derniers rassemblent aujourd’hui 150 000 documents :

  • Acquisitions
  • Accueil en dépôt :
    • La Fondation de Viana en mars 2015 (archives sur Alphonse XII à Deauville et polo)
    • Dépôt hippique de France Galop en mars 2017 – fonds d’archives sur les propriétaires des écuries de courses, les entraineurs, les jockeys, plans des hippodromes français, fonds photographique des courses françaises, les certificats d’origine des chevaux, documents sur les courses dans le monde entier.
    • L’Association du Polo de Deauville (archives : la coupe d’or) et la Fondation de Viana
  • Donations :
    • Avril 2013, Guy Thibault, historien des courses, collectionneur, expert et journaliste hippique : un fonds scientifique et technique composé de catalogues de ventes annotés, répertoires, annuaires, titres de presse hippique, thèses, dossier documentaires, photographies…)
    • Décembre 2014, Isabel et Louis Romanet, Président de la Fédération Internationale des Autorités Hippiques a consacré sa vie aux courses hippiques entrant à la société d’encouragement (ancêtre de France Galop en 1968, comme directeur général) : une collection de cartes postales, de livres, de périodiques, de guides, de documentation étrangère sur les courses, ouvrages illustrés sur les courses.
    • Janvier 2018, Marcel Boussac : industriel du textile et éleveur de chevaux de courses (600 photos noir & blanc des chevaux de son haras dont Pharis)
    • Juin 2018, Jean-Louis Gouraud : bibliothèque équestre, près de 2 000 ouvrages.

Depuis mai 2016, ce fonds est reconnu par la Région Normandie (pôle de compétitivité cheval) avec laquelle a été signée une Charte de conservation référençant Deauville comme fonds régional pour le cheval témoignant de sa qualité, en perpétuelle évolution.
Au sein des Franciscaines un univers sera consacré à la mise en valeur de ce fonds le « Moteur Collections » du Ministère de la Culture (délibération du 22 mai 2017), plus de 7 millions de documents et d’images donnant un accès direct à 73 bases de données, 700 expositions virtuelles et 180 sites internet provenant tant du ministère que de sites partenaires.
La Bibliothèque nationale de France a également identifié le fonds cheval de la ville pour son intérêt scientifique et sa valeur patrimoniale lui conférant ainsi une reconnaissance d’intérêt national. Le fonds cheval est désormais accessible via les catalogues collectifs de France et Gallica .
Enfin, grâce à ce fonds, la ville de Deauville a participé à l’élaboration de la bibliographie mondiale du cheval en coopération avec la Maison de la Recherche en Sciences Humaines à l’Université de Caen ; ceci pour intégrer le catalogue numérique unique du cheval valorisé pour la première fois au Salon du Cheval le 27 novembre 2018 à Villepinte.
Notre prochaine étape en 2020 sera l’intégration du fonds par le site patrimonial européen: Europeana; plateforme numérique européenne lancée en 2008 par la commission européenne donnant accès à des ressources numériques des institutions culturelles de l’union européenne regroupant 53 millions d’objets numériques.

X. L. : Quelles en sont les raretés ?
Ph. A. : Les caricatures, les certificats d’origine des chevaux, les plans d’hippodromes, des photographies uniques de personnalités du début de siècle du monde du cheval de photographes d’agences notamment à Newmarket, à Epsom en 1948 avec la princesse Elisabeth, des photographies de Suzy Volterra, de l’Aga Khan, Boussac et ses chevaux gagnant tous les prix en France et en Europe, des dossiers d’entraîneurs, des permis de monte, etc…

X. L. : Si vous avez pu accéder aux archives, la pièce ou le document que vous préférez personnellement ou qui vous étonne ?
Ph. A. Cette lettre d’Himmler qui confisque à un grand propriétaire d’écurie de course le cheval Pizzicato en juillet 1942 et qui l’envoie en déportation. Des documents uniques, rares, qui témoignent que les chevaux ne sont épargnés de rien en temps de guerre.
Il y a aussi le tout turf illustré de Caza, daté de 1942, C’est un document de grande valeur car il est dédicacé par Caza « À René Romanet-Riondet, tous les propriétaires et éleveurs se retrouvent à Deauville sur l’hippodrome pour encourager et célébrer le vainqueur du Grand Prix.
Il y a aussi Roger Chastel pour cet Essai de couleurs complémentaires, habillé par la maison P ., planche tirée de Le trust des perles 1921, un pochoir rehaussé, Donation Isabel et Louis Romanet. Tout à la fois peintre de l’école de Paris et caricaturiste, Roger Chastel crée aussi entre les deux guerres des décors et costumes de théâtre ou des cartons pour les Gobelins. Comme peintre, il expose tant en France qu’à l’étranger. En 1921, il réalise deux albums satiriques sur les habitués du Casino de Deauville, ce Trust des Perles , et, en collaboration avec Pierre Mourgue, Eh bien, dansez maintenant ! . Cette planche représente le célèbre couturier Paul Poiret, grand rival de Coco Chanel. Roger Chastel reprendra cette caricature de P. Poiret en 1924 dans la revue Femina, dans un article consacré à la mode.
Il est toujours difficile d’affirmer des préférences mais nous aurons bien évidemment des pépites : des caricatures de Sem, Peb, Don, Siss, des cartes postales d’un célèbre donateur du monde du cheval, des photographies de courses du monde entier, des plans d’hippodromes, des monographies etc.

Archives Deauville
Archives Deauville
Archives Deauville - La reine Elisabeth II
Archives Deauville – La reine Elisabeth II

 

X. L. : Et le livre ?
Ph. A. : La casaque illustrée qui est le Livre d’or des propriétaires d’écuries de courses, par F.-A. Bianconi, daté de 1907. C’est 847 pages des casaques de propriétaires d’écuries de courses ;

X. L. : Avez-vous personnellement un goût pour les livres anciens ? Sur le cheval ? Etes vous collectionneur ?
Ph. A. : Je suis moi-même collectionneur…

X. L. : Avez-vous monté à cheval ?
Ph. A. : Oui, style gaucho ! Pas très académique… J’ai préféré vendre mes chevaux, et faire la connaissance d’une multitude de passionnés.

X. L. : Pouvez vous évoquer cette longue «liaison» avec le cheval et son petit monde; ses étapes, ses évolutions ?
Ph. A. : Pour illustrer ces liens, j’aime rappeler qu’à Deauville, l’hippodrome a été construit avant l’église, en 1864. Aujourd’hui Deauville vit toute l’année au rythme du cheval et de ses grands rendez-vous : courses hippiques, ventes de chevaux, équitation, polo, grandes compétitions de sports équestres.
Un second hippodrome a été construit en 1928 : Clairefontaine.
Ces hippodromes attirent les meilleurs chevaux et jockeys du monde qui courent sur plus d’une soixantaine de journées, ayant fait de l’aéroport de Deauville le premier aéroport français pour le transport de chevaux. À ces deux champs de courses, il faut ajouter la salle des ventes Élie de Brignac qui accueille les fameuses ventes de yearlings depuis 1887, puis en 1984 : Ouverture du centre d’entraînement municipal; construction d’une piste en sable fibré huilé, dite «tous temps» en 2003; Labellisation de la filière équine bas-normande a été labellisée « Pôle de compétitivité » en 2005; ccréation d’un terrain de polo d’hiver en 2008. En 2010, le Pôle International du Cheval est venu compléter le parc d’infrastructures équestres de Deauville.
C’est donc tout naturellement que la médiathèque développe un fonds cheval, et qu’il est reconnu par tous les «institutionnels» et les acteurs des disciplines équestres.

X. L. : Ce parcours personnel dans le monde du cheval aurait-il favorisé la naissance d’un un projet comme la Médiathèque de Deauville ?
Ph. A. : Oui et non car tout cela a commencé bien avant moi !
Mais effectivement, mon intérêt pour l’univers du cheval est indéniablement un atout pour s’entourer des meilleurs spécialistes, et a permis de mesurer combien le cheval est une passion universelle, et donc un facteur de forte attractivité pour une ville touristique.
C’est ainsi que tout récemment nous avons constitué un comité d’expert : qui rassemble Louis Romanet, Jean-Louis Gouraud, Marie-Laure Peretti, vous-même et Franck Le Mestre, Axelle Maître, Antoine Sinniger, Jérôme Garcin, Tony Clout, Claire Neveu, Freddy Powell, Christiane Head, Jean-Pierre Digard.

X. L. : En attendant son inauguration prévue pour l’été prochain, le département cheval des Franciscaines a une politique de partenariats dynamiques, pouvez-vous en quelques phrases évoquer ceux contractualisés avec :
– La BnF
Ph. A. : Depuis le 18 juillet 2018, la BnF et la ville de Deauville ont signé une convention de coopération numérique pour le fonds cheval des Franciscaines . La Bnf en fait un fonds de référence.

C’est quoi ?
Ph. A. : Ce contrat entre les deux institutions reconnaît le fonds cheval des Franciscaines comme un fonds d’intérêt national.

Pourquoi ?
Ph. A. : Parce qu’il s’agit de fonds cheval : des fonds aussi divers que variés abordant aussi bien le cheval d’un point de vue technique, d’élevage, la santé, le sport…
Par les différents dons et dépôt de collectionneurs ou donateurs, le fonds est riche de livres, de revues, plans d’hippodromes, annuaires et bulletins de courses, des photographies anciennes et de documents d’archives importants relatant toute l’histoire équestre en France depuis les origines. À quoi s’ajoute la donation J.-L. Gouraud, composée de centaines d’ouvrages consacrés au cheval dans le monde entier.

Le but ?
Ph. A. : Les Franciscaines valoriseront très bientôt ce patrimoine documentaire sans précédent, unique et rare en France. Ce sera pour 2020 à l’ouverture, mais en attendant, le fonds cheval numérisé rejoint le catalogue collectif de France Gallica. Un catalogue numérique va montrer, proposer le fonds cheval unique et précieux avec à la fois le document et son descriptif.
La BnF et Deauville comme partenaires ont pour objectif commun de mettre en valeur le patrimoine documentaire par le biais de projets conjointement définis, à savoir partager les ressources grâce à la numérisation par la BnF de documents intéressants, au partage sur son catalogue numérique et à l’enrichissement réciproque en contribuant ensemble au grand catalogue numérique européen Europeana .

X. L. : La Bibliothèque Mondiale du Cheval ?
La Ville de Deauville a effectivement et tout naturellement participé à l’élaboration de la bibliographie mondiale du cheval en coopération avec la Maison de la Recherche en Sciences Humaines à l’Université de Caen ; ceci pour intégrer le catalogue numérique unique du cheval valorisé pour la première fois au Salon du Cheval le 27 novembre 2018 à Villepinte.

X. L. : Et, depuis le 11 octobre, celui signé avec Arqana ?
Ph. A. : Arqana devient mécène des Franciscaines et tout particulièrement de l’univers Cheval . Du fait de son positionnement privilégié, Arqana s’est naturellement trouvé en parfaite adéquation avec notre projet qui présente de nombreux atouts au regard de sa clientèle et de ses collaborateurs.

X. L. : Comment ces partenariats s’imbriquent-ils ? Leur utilité pour chacun des signataires et les Franciscaines en particulier?
Ph. A. : Il s’agit de dispositifs gagnant-gagnant qui cautionnent à la fois l’expertise du travail mené et la qualité scientifique des ressources, et concourent à une valorisation renforcée pour chacun.

X. L. : Et comment, plus largement, le département des Franciscaines s’inscrit-il dans la politique du Cheval de la ville ?
Ph. A. : Peut-être que la constitution du comité consultatif cheval évoqué ci-avant en est la parfaite illustration : fédérer les acteurs, garder la mémoire, valoriser son histoire, conserver les ressources et en assurer l’exploitation, c’est tout cela à la fois le rôle de ce département.

X. L. : Pensez vous, pour conclure –et vous voudrez bien excuser mon optimisme !- que le cheval, sa pratique, son existence, pour les générations à venir, aura encore un sens dans nos sociétés de plus en plus urbaines, numériques et virtuelles au delà des bibliothèques … Et d’une médiathèque aussi pointue que celle des Franciscaines ?
Ph. A. : Depuis que les communautés humaines existent le cheval est dans toutes les cultures. Il était indispensable pour l’agriculture, le transport, la guerre. Il a perdu cette utilité pour devenir un animal de loisir aussi bien pour l’équitation, les courses, les promenades, etc…
Le cheval symbolise donc beaucoup de choses pour une société et dis beaucoup sur son niveau de développement. On le constate partout dans le monde et mon ami Jean-Louis Gouraud vous développerait de façon plus savante cette réalité.
À Deauville, le cheval est un ciment social, et économique essentiel. Avec Les Franciscaines il deviendra aussi un ciment «culturel».

 

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