Le cirque Molier et ses drôles d’amateurs

Ernest Molier (1844-1933) aurait dû devenir notaire au Mans comme son père. Mais, plus intéressé par les lumières des cirques parisiens que par ses études, le jeune homme se converti vite à l’équitation savante auprès de bons écuyers, comme James Fillis, Victor Franconi ou Alfred Bradbury. On dit qu’à vingt-cinq ans, il était devenu un cavalier de dressage accompli.

Sa fortune personnelle lui permet d’installer une piste de 13,50 m dans une petite remise de son hôtel particulier parisien. Pour sa propre distraction et celle de ses relations, il organise une soirée ouverte à ses riches amis où chacun serait libre de présenter son petit numéro. La soirée se terminera autour d’un festin sur la piste et où l’on dansera jusqu’à l’aube. Le cirque d’amateurs de Molier était lancé et durera près de cinquante ans, jusqu’à la mort de son propriétaire, qui se qualifiait lui-même de « circoman enragé ».

On y vit défiler l’élite de la magistrature, de la finance ou de la noblesse ; le Tout-Paris s’arrachait le peu de places en gradin : il fallait voir et être vu. Les jeunes filles de bonne famille venaient y prendre des cours d’équitation. L’une d’elles se révéla fort douée sur la piste : écuyère, voltigeuse, gymnaste, dresseuse, Blanche Allarty, arrivée rue de Benouville encore enfant, devint vite l’égérie de Molier et finira par l’épouser.
Si les performances équestres étaient au coeur des spectacles, Molier fut un des premiers à montrer des numéros de charmes : la célèbre Mata Hari, sous le nom de scène Lady Mac Leod, y improvisera une danse javanaise tout en s’effeuillant lascivement, pour le plus grand plaisir des têtes fortunées.

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