Le livre à système de Cuyer et Alix, une numérisation particulière

Dans le cadre de la valorisation de la Bibliothèque historique du ministère de l’Agriculture , conservée au Centre de documentation de la MRSH (Caen), une étude commentée a été lancée sur un des livres du fonds sur le thème du cheval.

Le choix s’est porté sur les deux volumes du livre vétérinaire à système Le Cheval, extérieur, structure et fonctions, races , d’Édouard Cuyer, peintre français et d’Eugène Alix, vétérinaire militaire et lauréat du ministère de la Guerre (Paris, J.-B. Baillière et fils, 1886). L’ensemble développe un dialogue original entre le texte et les images dessinées d’après nature ; la plupart des seize planches comportent des illustrations à volets superposés, dont le principe consiste à soulever leurs différents plans, pour découvrir comment s’articulent les couches musculaires avec les organes et le squelette. Cette méthode d’illustration était courante dans l’édition médicale d’avant-guerre, avant de tomber en désuétude, puis de revenir au goût du jour dans l’édition jeunesse.

Du fait de la complexité des planches, l’ouvrage n’avait, jusqu’à présent, fait l’objet que d’une numérisation simple. Afin de rendre visible sa particularité formelle, le pôle Document numérique a collaboré avec la société Arkhênum pour réaliser une numérisation minutieuse de chaque plan, pour toutes les planches de l’atlas. Il s’est ensuite attaché, en collaboration avec le Greyc , à créer des outils et méthodes pour extraire les images. Le texte, issu de l’OCR, a été structuré en XML-TEI (Text Encoding Initiative), standard technique utilisé dans le domaine des sciences humaines et sociales, pour sa mise en ligne.

Subha-Sree Pasupathy, ingénieure en analyses des sources au pôle Document numér ique (Docteur en Lettres, Caen 2012), a assuré la prise en charge des difficultés techniques. La numérisation du texte se devait de rendre compte des renvois d’Alix à la partie illustrée de l’anatomie du cheval de Cuyer, en fonction du jeu entre des différents volets des dessins de l’atlas. La consultation de la publication numérique économise la manipulation des planches, dont le système reste fragile. L’ensemble s’accompagne d’un sommaire, d’une recherche plein texte, d’un index et des appels de notes réactifs. De même, chaque renvoi vers un ouvrage tiers ou une citation extraite d’un livre, est indexé vers la page numérisée de l’ouvrage originel lorsque cela a été possible de la retrouver.

Il a semblé nécessaire d’ajouter un point de vue contemporain pour comprendre le contexte de la publication de ces volumes, en tenant compte des connaissances vétérinaires de l’époque : la notice de François Vallat (Docteur en médecine vétérinaire — Lyon I, 1973, et Docteur en histoire —Caen, 2008), spécialiste en histoire des sciences vétérinaires, permet de restituer leur importance créative et esthétique, tout en pointant leurs défauts.

Dernière particularité, l’atlas comporte dans une poche cartonnée dans laquelle est logée une figurine articulée d’un cheval montrant ses différentes allures, à la façon de la chronophotographie, mise en lumière par Étienne-Jules Marey et d’ Eadweard Muybridge . Une animation de la mise en mouvement a été préparée par les étudiants de l’EnsiCAen. C’est ainsi que l’on s’est aperçu que la démonstration des allures était fautive au niveau des postérieurs. L’œil du vétérinaire a permis de comprendre comment et pourquoi, afin d’y apporter des corrections.

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