Constantin Balassa - Traité de la ferrure sans contrainte — 1828

La méthode douce de ferrage de Balassa

Nous avons oublié l’importance de cet officier de cavalerie, né dans l’actuelle Macédoine à la fin du XVIIIe siècle. Pourtant, ce hussard de la campagne de 1813-1815 eu une grande renommée en son temps, non pas pour ses exploits militaires, mais bel et bien pour sa manière de manipuler et ferrer les chevaux en douceur. L’homme voulait proposer une alternative aux mauvais traitements infligés qu’il avait relevés. D’après ses longues observations, il était persuadé que, généralement, « on cède à la bonté, on résiste à la rigueur, on obéit à la raison. » Balassa explique comment moduler sa voix en fonction de ce que l’on attend, pourquoi changer d’attitude, récompenser avec des caresses. On oublie le fouet et le tord-nez. Pour lui, «il n’existe pas de chevaux naturellement vicieux». Il regrette que «l’on confie des chevaux de remonte et autres à des hommes qui auraient besoin d’être dressé eux-mêmes, et auxquels il manque l’adresse et les connaissances nécessaires pour bien traiter les chevaux et s’en faire comprendre.»

Sa méthode (Der Hufbeschlag ohne Zwang) fut publiée en 1828 à Vienne. Elle lui valut une grande renommée,  à tel point que son livre fut très rapidement traduit en français, italien, anglais, hongrois, suédois, danois, russe, polonais… Ses compétences furent remarquées par l’empereur François Ier d’Autriche qui le récompensa. Un livre fut offert au tsar de Russie qui retourna à son auteur une belle bague en cadeau d’une valeur de 1000 forints.

La première édition française date de l’année de l’édition originale.  Le sous-titre est éloquent: moyen de ferrer les chevaux les plus vicieux en moins d’une heure et de les corriger pour toujours de leurs défauts; système puisé dans les principes de physiologie du cheval.
Le général de brigade Fortuné de Brack ne s’y trompa pas et proposa une seconde traduction en français du texte de Balassa (d’après une version italienne) à l’usage de la cavalerie française. Pouvoir manipuler et ferrer des chevaux en sécurité relevait du bon sens, autant pour les hommes que pour l’animal. Le français insiste même dans son préambule sur les propos révolutionnaires de Balassa : « L’adoption de cette méthode modeste et que certains esprits supérieurs trouveront peut-être même trop simple, doit selon moi faire une véritable révolution dans notre cavalerie, en forçant à une étude plus approfondie, plus philosophique du cheval; et à une harmonie neuve entre la chambrée et l’écurie. Comprendre le cheval est sa base; une fois cette base établie, toutes les améliorations s’asseoiront facilement sur elle, et les miracles des Newcastte, des Fiaschi, des Pluvinel, des Grison; des Laguerinière, des d’Aure, des Coupé, des Rousselet, des Franconi, des Avrillon, etc, s’expliqueront naturellement. »

Les propos de Balassa restent d’une grande actualité et résonnent en écho aux écrits récents des éthologues.

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