
Huzard père, l'homme aux 40 000 livres
40 000. C’est le chiffre impressionnant du nombre de volumes présents dans la bibliothèque de Jean-Baptiste Huzard (1755–1838), dit Huzard père, au moment de son dernier catalogage.
Afin de conserver ce fonds spectaculaire dans son intégralité et trouver un acquéreur, sa veuve, Marie-Rosalie Huzard (1767-1842), a publié une Notice sur la bibliothèque de J.-B. Huzard, un an après son décès, où elle expose les grands principes de cette immense collection amassée pendant plus de soixante ans.
La fille du libraire Pierre Vallat-la-Chapelle y défend l’histoire et l’intérêt de la savante bibliothèque de son mari : « Huzard a commencé à acheter des livres à seize ans, et il a continué pendant toute sa vie, jusqu'à quatre-vingt-quatre ans. […]
On y trouve : Un manuscrit du XVIe siècle, sur parchemin vélin, concernant la médecine vétérinaire, et enrichi d'une foule de vignettes en or et en couleur : De la nature et vertu des cheuaux, […]
Un autre manuscrit, sur le même sujet, est en vieux dialecte napolitain : il est également sur parchemin vélin ; il contient deux ouvrages distincts : le premier a peu de dessins ; mais le second en est rempli. Ces dessins, en général, sont peu soignés; néanmoins on reconnaît que les attitudes de chevaux malades y sont souvent peintes d'après nature. Les figures qui représentent les personnes chargées d'administrer les médicaments sont la plupart cabalistiques et très curieuses. Une note à la fin du volume, et bien postérieure, indique ainsi son titre : Tesoro de' cavali dove si trova tutte le infermità che pol vener a cavali con il modo di ben curar. La seconde partie est intitulée : Cest la mareschancie des cheuaulx […] »
Elle résume « Comme on le voit, [la bibliothèque] a un caractère particulier, on n'y trouve presque point ou, pour mieux dire, point d'ouvrages de littérature; mais elle offre la collection la plus complète des ouvrages d'art et de médecine vétérinaires, d'équitation, de manége, de cavalerie, de haras, de chasses, de pêches, d'éducation des animaux domestiques, y compris les vers à soie et les abeilles : on y trouve une des plus belles collections de livres d'agriculture, une des plus riches collections d'ouvrages d'histoire naturelle des animaux; enfin une collection intéressante de voyages, d'ouvrages d'anatomie et de médecine comparées. »
L'héritage de Marie-Rosalie
Sa mère, Marie-Catherine, avait repris les rênes de la librairie au décès de son père, en 1772 et continua à publier des ouvrages comme ceux de Bourgelat, Lafont-Pouloti et … Huzard père. Il était alors inspecteur général des écoles vétérinaires. Marie-Rosalie l’épousera en 1792. Après la naissance de leur premier fils, Jean-Baptiste, elle tiendra et developpera la librairie vétérinaire dans la lignée de sa famille, et obtiendra son brevet d’imprimeur-libraire. On peut consulter le fonds qu'elle défendait alors à partir des Notices des livres de fonds publiées entre 1798 et 1802 et conservées à la BnF.
Malheureusement, personne ne se portera acquéreur. La famille Huzard dû se résoudre à en dresser un catalogue complet pour lancer une vente publique dont on ne sait ce qu’elle a rapporté. La tâche fut confiée à Pierre Leblanc, ancien imprimeur-libraire qui le publia en 1842 en trois volumes. Mennessier de La Lance les commenta favorablement : « C’est, malgré quelques erreurs, une précieuse source de renseignements, car à de rares exceptions près, Huzard possédait tout ce qui a été publié sur ces sujets jusqu’en 1837. »
La vente eu finalement lieu le lundi 6 mars 1843, après le décès de Marie-Rosalie.
En savoir plus :
- Jean-Baptiste Huzard père (1755–1838)
- Catalogue des livres, dessins et estampes de la bibliothèque de feu M. J.-B. Huzard (Paris, Mme Ve Bouchard-Huzard, 1842)
- Notice sur la bibliothèque de J.-B. Huzard (Paris, Imprimerie de L. Bouchard-Huzard, 1839, 16 p.)
- Marie-Rosalie Huzard (1767-1842), née Vallat-la-Chapelle
- Marie-Catherine Vallat-la-Chapelle, Veuve de Pierre (17..-179.?), née Bardé