Deux cent ans qui valent bien deux cent pages

Le Cadre noir de Saumur a fêté cette année son bicentenaire par quelques représentations de gala à guichets fermés, témoignant d’une belle vitalité au service d’une réputation qui n’a d’égale que la haute équitation de tradition française pratiquée par ses écuyers.

De son côté, La Bibliothèque Mondiale du Cheval ne pouvait ignorer la somme publiée à l’occasion de ce bicentenaire, par l’Association des Amis du Cadre noir, qui, pour sa part, fêtait ses cinquante ans (1975) !

Sous la rédaction en chef de Patrice Franchet d’Esperey, avec le solide soutien d’Alain Francqueville, « les amis » se sont lâchés ! Plus de deux cent pages soit une soixantaine d’articles qui de l’histoire à l’avenir en passant par la doctrine, le sport, les écuyers et les chevaux parfois tout aussi célèbres que les airs de manège et les carrousels qu’ils animèrent de « mains de maîtres »… Sans oublier toute cette littérature et l’expression artistique que le Cadre suscita, généra. Nous aurions pu, par exemple, ici nous appesantir et « passer en revue » ce dernier chapitre où l’on retrouve les signatures de Guy de la Bretoigne, Stéphane Micquet, Diane de Camproger ou Honorine Tellier.

Mais une fois n’est pas coutume, ce sont parties extraites des textes signés par les personnalités sollicitées pour « ouvrir » ce numéro exceptionnel qui auront retenu notre attention. Primo parce que les personnalités choisies pour y exprimer leur point de vue, leur avis, de par le rôle qu’ils jouent aujourd’hui dans la filière, sont pour le moins autorisées… Et puis parce que leurs propos (ici, au sommaire, qualifiés « d’avant-propos ») tout autant que leurs signatures nous sont apparus comme des avis, des jalons, des repères qui attestent aujourd’hui et le feront probablement encore davantage demain, de l’autorité du Cadre noir, de son rôle, de sa réputation en 2025. Comme autant d’examinateurs de « passage » !    

[…] Beaucoup a changé depuis le temps des équipages, mais l’essentiel demeure. Et je veux remercier chaleureusement tous ceux qui, inlassablement, préservent cette culture séculaire, en manège ou en ville, en selle ou à leur bureau, par des évènements ou bien des écrits de la qualité de cette revue.
Emmanuel Macron, Président de la République

[…] L’élan commémoratif général témoigne d’une nécessité plus large : s’inscrire dans une histoire et participer à la construction d’une mémoire collective, jamais achevée. Comme les écuyers, nous sommes des passeurs.
Maître Ludovic de Villèle, Président de l’association des Amis du Cadre Noir

[…] Comme Gustav Mahler le disait, « la tradition ne consiste pas à vénérer les cendres, mais à entretenir le feu ». C’est la raison d’être de l’IFCE, poursuivons l’histoire du Cadre noir de Saumur, au bénéfice de toute la culture du cheval.
Jean-Roch Gaillet Directeur général Ifce-Cadre noir

[…] Au lendemain des guerres napoléoniennes pour reformer les troupes à cheval, une école de cavalerie ouvre de nouveau à Saumur après la fermeture de la première école en 1788. Y est constitué en son sein un corps composé d’écuyers qui deviendra, au fil des ans, une institution. Ces écuyers de statut civil sont issus des Manèges de Versailles, de Saint-Germain, ... En 1825, ce Manège académique prend une place déterminante lors de cette réouverture de l’École de Cavalerie. 
Général B. Aumonnier, Directeur de l'École de Cavalérie de Saumur

[…] Ainsi, deux siècles plus tard, la filière cheval représente plus de 2000 emplois sur notre territoire et plus de 200 rien que pour l’IFCE. Deux siècles plus tard, ce sont près d’1,4 million de touristes par an qui font de l’Agglomération Saumur Val de Loire la première destination touristique du Maine-et-Loire et l’activité équestre y contribue activement. Deux siècles plus tard, ce sont 6,5 millions d’euros qui seront investis par l’Agglomération Saumur Val de Loire pour soutenir cette dynamique équestre en modernisant les infrastructures du site de Verrie.
En bref, deux siècles plus tard, l’histoire que le territoire saumurois partage avec le Cadre noir a participé à faire du cheval un vecteur important en termes d’emplois, de tourisme, de développement économique, d’événements culturels, d’éducation, etc.
Jackie Goulet Claisse Maire de la Ville de Saumur, Président de la Communauté d’Agglomération Saumur Val de Loire

[…] Le Cadre noir contribue à maintenir et à valoriser vers le grand public l’équitation à la française et ses savoir-faire académiques. Aujourd’hui, porteur de valeurs contemporaines comme l’humilité et l’écoute, il promeut une équitation respectueuse du bien-être animal, reconnue par l’UNESCO en 2011.
Colonel Thibaut Vallette, Écuyer en chef du Cadre noir

[…] Depuis toujours, nombre d’entre eux ont représenté la France lors des grands championnats, tout particulièrement en concours complet et en dressage. 29 écuyers ont participé à 20 éditions des Jeux olympiques entre 1900 et 2024, en saut d’obstacles, concours complet et dressage. Ils ont rapporté à la France et aux sports équestres 9 médailles dont 7 en or, la dernière en date ayant été obtenue par le Colonel Thibaut Vallette, avec Qing du Briot*IFCE, en concours complet par équipes, à Rio de Janeiro (2016), aujourd’hui Écuyer en chef du Cadre noir.
Frédéric Bouix Président de la Fédération française d’équitation

[…]  Cependant, depuis les débuts civils du Cadre noir au sein de l’École nationale, le bulletin puis la revue jalonnent les destinées des écuyers, mêlant études historiques et réflexions sur leur passé comme sur leur présent et leur avenir, se penchant sur leurs missions comme sur l’équitation française plus généralement et sur l’ensemble de la culture matérielle et immatérielle qui y est attaché. Cette revue est un des éléments essentiels de leur rayonnement.
Chaque parution contient un dossier consacré à un thème particulier et une seconde partie très diversifiée liée au patrimoine : « Le cheval en image », « L’équitation et la science », « Réflexion sur l’avenir du Cadre noir », « La guerre à cheval et le Cadre noir », « L’enseignement, mission principale du Cadre noir », « Le Cadre noir en représentation », « Le Cadre noir et la compétition », « Les sauts d’école », « Les courses hippiques, l’armée et le Cadre noir ».
Cette année, pour le bicentenaire du Cadre noir, nous proposons un numéro spécial beaucoup plus dense, entièrement consacré à cette institution. Si certains lecteurs voulaient approfondir certains aspects, ils pourraient aussi se reporter aux précédentes parutions.
Ce numéro spécial comporte une structure différente des précédents et de ceux à venir. Il est entièrement consacré aux différents aspects du Cadre noir et tente d’évoquer la tradition qu’il représente tant d’un point de vue général et institutionnel que sur des points particuliers, des chevaux et des hommes.
Avant de souhaiter à nos lecteurs un beau voyage dans le temps mais aussi dans le présent, je rends un vibrant hommage à Alain Francqueville dont la collaboration a été essentielle dans la réalisation de ce numéro, lui apportant toutes ses connaissances et toute son érudition sur le Cadre noir.
Patrice Franchet d’Espèrey Ancien écuyer du Cadre noir et Rédacteur en chef

PS : Oserions nous ajouter quelque chose à ces commentaires, ces « avant propos » tels qu’ils sont annoncés, tous aussi circonstanciés, les uns que les autres ? Que, comme vous l’aurez compris, nous n’avons pas eu le loisir de lire de A à Z ce copieux numéro du bicentenaire. Quelques articles, toutefois et avec un immense plaisir celui consacré à l’indomptable sauteur alezan du capitaine Jacques Rémiat, Monsieur Urtu ! Le texte était paru dans Sélection du Reader Digest en avril 1982. Une belle histoire toute en simplicité, en retenue, « en amour » comme il dit, d’un véritable homme de cheval au delà des apparences de l’écuyer. Sa raison d’être. Son fondement.

Xavier Libbrecht