Chapitre II
Divisions du cheval

A. — Divisions principales.

Dans le but de simplifier la description du cheval, tant au point de vue de la structure et des fonctions qu’au point de vue de la conformation extérieure, on l’a divisé en un nombre de régions qui varie suivant les auteurs et surtout suivant le but que ceux-ci se proposent en les décrivant.

Les anatomistes reconnaissent deux divisions principales : le tronc p. 5et les membres. Bourgelat, l’illustre fondateur des Écoles Vétérinaires, et avec lui la plupart des hippologues qui se sont occupés de l’extérieur du cheval, ont divisé le corps en avant-main et arrière-main. La première division convient surtout aux descriptions anatomiques ; la seconde, à l’étude des régions extérieures du cheval de selle.

Il s’en suit que, si l’on envisage le cheval à un point de vue spécial, chacune de ces divisions a sa raison d’être et doit être préférée à toute autre. Mais, dans une étude générale du cheval, il est au moins logique d’adopter une division mixte, qui convienne à la fois aux descriptions anatomiques et à l’étude des régions extérieures, que l’on considère le cheval attelé ou monté.

C’est dans le but de satisfaire à toutes ces exigences que nous avons divisé le corps du cheval en tête, corps et membres.

1° Tête. — Située à la partie antérieure du tronc, la tête ne doit pas être seulement envisagée au point de vue de sa structure anatomique, de ses nombreuses et très importantes fonctions physiologiques, mais encore au point de vue de son rôle comme puissance agissant à l’extrémité du bras de levier représenté par l’encolure. Il ne faut pas oublier, d’un autre côté, que la tête comprend des régions excessivement importantes en extérieur et qu’elle est incontestablement la partie du corps qui reflète le mieux l’énergie, l’intelligence et les sensations du cheval.

2° Corps. Le corps, ou tronc, comprend tout ce qui n’appartient pas aux membres et à la tête. C’est le siège des organes de la digestion, de la respiration, de la circulation, de la reproduction, etc. Aussi, peut-on le considérer comme la région du cheval la plus importante à étudier. Tête et corps sont limités en avant, en arrière, en haut, en bas et sur les côtés, par des plans constituant des faces supérieure, inférieure, latérales et deux extrémités : une antérieure, une postérieure.

Les faces latérales, dans le langage ordinaire, sont quelquefois désignées d’une manière particulière. C’est ainsi que les écuyers nomment souvent montoir le côté gauche, et hors montoir le côté droit.

Les charretiers emploient également des dénominations spéciales qu’il est bon de connaître. Pour eux, le côté gauche est le côté de l’homme, et le côté droit, le côté hors l’homme. Ces expressions ont leur p. 6raison d’être dans la plupart des localités ; mais, dans certaines contrées, en Bretagne, par exemple, elles sont inapplicables, les charretiers y conduisant généralement les chevaux à droite.

Relativement au plan médian, plan fictif, vertical, passant par le milieu du corps qu’il divise, d’avant en arrière, en deux parties égales, les organes compris dans chaque division sont dits impairs ou symétriques quand le plan médian les partage en deux moitiés latérales exactement semblables ; pairs ou asymétrique ?, quand ils sont disposés d’une manière régulière et en double sur les côtés de la ligne médiane, et que leur forme ou leur situation ne permettent pas de les séparer, dans aucun sens, en deux moitiés semblables. Il y a lieu de faire remarquer que la symétrie des organes s’altère à mesure qu’on pénètre à l’intérieur du corps. C’est ainsi que les organes thoraciques et abdominaux sont à la fois asymétriques par leur forme et leur position.

3° Membres. — Les membres, au nombre de quatre, deux antérieurs et deux postérieurs, sont les supports, les colonnes de soutien et les véritables moteurs du corps. Chacun d’eux représente une colonne brisée en plusieurs rayons s’articulant les uns avec les autres, en formant ordinairement des angles plus ou moins ouverts.

Par rapport au plan médian, ces appendices sont symétriquement placés deux à deux de chaque côté de ce plan.

Les membres antérieurs sont attachés à la partie antérieure des faces latérales de la poitrine et parfaitement séparés du tronc.

Les membres postérieurs, au contraire, se confondent insensiblement avec le corps et concourent même à compléter, en arrière, la grande cavité abdominale. Ce n’est qu’à l’aide du scalpel, en sectionnant les parties molles de la racine du membre, qu’on peut se rendre compte de leur indépendance anatomique vis-à-vis du corps.

L’attitude ordinaire du cheval étant la station horizontale, la station quadrupédale, il s’en suit que ses deux paires de membres concourent au soutien et à la progression. S’il peut, presque aussi facilement que l’homme, regarder en face et porter la tête haute, ce n’est donc plus grâce à la verticalité de l’axe de son corps, mais bien par suite de l’attache particulière de sa tête, de la longueur et de la flexibilité de son encolure.

Comme chez l’homme, la privation d’un et même des quatre membres est compatible avec la vie ; mais, pour des raisons économiques p. 7qu’aucune autre considération ne peut, en somme, contrebalancer, on ne conserve guère que dans les laboratoires les animaux ainsi mutilés.

B. — Divisions secondaires. — Régions.

Nous n’avons indiqué, jusqu’ici, que les grandes divisions du cheval. Chacune d’elles est encore subdivisée en régions secondaires dont la connaissance importe autant pour l’étude de la structure et des fonctions que pour celle de la conformation extérieure. Ces régions sont plus ou moins distinctes, difficiles parfois à séparer ; mais elles trouvent toujours leur raison d’être, soit dans la disposition, dans le groupement particulier des organes, soit dans le rôle spécial, l’importance différente que nous leur reconnaissons en extérieur. Chez le cheval, où la conformation extérieure joue un très grand rôle, il est facile de prévoir que ces divisions secondaires seront différentes suivant qu’on l’examinera sous le rapport de la structure ou sous celui de l’extérieur. C’est ainsi que, dans le premier cas, on comprendra dans le tronc, le thorax et l’abdomen, quoique cette séparation des deux régions ne soit légitimée que par un cloisonnement intérieur isolant les viscères thoraciques des viscères abdominaux, et que, dans cette même division principale, les traités d’extérieur distingueront les côtes, le dos, le garrot, le ventre, le poitrail, etc., etc., régions dont la conformation bonne ou mauvaise indique, chez le cheval, telle ou telle qualité, tel ou tel défaut.

Quoi qu’il en soit, nous rappellerons que la configuration même de la partie principale du corps nous permet d’envisager le cheval sous six faces différentes : 1° la face antérieure, qui se présente à l’homme placé vis-à-vis du cheval ; 2° la face postérieure, située dans le sens opposé ; 3° les faces latérales, intermédiaires aux précédentes ; 4° les faces supérieure et inférieure, placées en haut et en bas des faces latérales, qu’elles réunissent l’une à l’autre.

Si même, n’appréciant pas exclusivement la forme, nous voulons nous orienter par rapport à la direction des parties et des organes, nous distinguons l’avant, l’arrière, la droite, la gauche, le haut ou dessus, et le bas ou dessous.

De cette façon, nous pourrons reconnaître chaque région, non seulement par sa situation dans telle ou telle division principale du p. 8corps, mais encore par sa situation à l’une ou à l’autre des faces ci-dessus énumérées.

Nous apprécierons d’autant plus facilement, d’ailleurs, la situation des régions, que nous pourrons nous aider de la symétrie que présentent les deux moitiés du corps.