La liqueur de Mr Villate
Les chevaux n’aiment pas beaucoup le fumier ou la boue qui macèrent sous leurs pieds. Pour soigner l’infection des fourchettes qui en résulte parfois, beaucoup ont encore recours aux compresses imbibées d’un liquide bleuâtre connu sous l’appellation « liqueur de Villate ».
On retrouve la formule dans le traité de Pierre-François Mariage (1802?– 1873?), vétérinaire à Bouchain dans le Nord , publiée en 1847 , dans son Guérison infaillible, dans tous les cas, du javart cartilagineux . Pour traiter le javart, il conseillait : « quand la tuméfaction et la sensibilité de la partie malade l’auront exigé, on emploiera en injection dans la fistule la mixture astringente et escarotique de M. Villatte, dont voici la formule : Prenez sous-acétate de plomb liquide, 128 gr, sulfate de zinc cristallisé 64 gr, sulfate de cuivre cristallisé 64 gr, vinaigre blanc, un demi-litre. Après avoir dissous les sels dans le vinaigre, on ajoute peu à peu le sous-acétate de plomb, et on agite le mélange. Il faut avoir soin, avant de s’en servir, d’agiter la bouteille, car ce médicament se précipite facilement. […] »
Il recommandait « les objets nécessaires pour faire le pansement sont les suivans : 1° une petite seringue, dite à oreille, d’une valeur de quarante centimes environ, dont le corps de pompe a soixante millimètres de longueur, sur seize de diamètre, la canule la plus déliée possible ; 2° une petite tasse vernissée, pour déposer le médicament qui doit servir au pansement ; 3° une assiette, aussi vernissée, pour recueillir le médicament qui tombe, lors des injections, et, lorsqu’on remarque qu’il sort comme il est entré, on ne devra jamais employer des vases de métal, car ils seraient attaqués par les acides ; 4° une poignée d’étoupes, arrangée en plumasseau ; 5° une bande de toile, ayant un mètre de longueur sur vingt à vingt-cinq centimètres de largeur ; 6° et enfin un bout de ficelle pour lier la bande. »
Jacques-François Villate, né vers la fin du XVIIIe siècle et mort en 1867, « avait été vétérinaire des écuries du Roi sous la Restauration et le gouvernement de Juillet, puis de celles de l’Empereur. Il était professeur d’Hippiatrique des pages de Charles X . Son nom a été popularisé par la Liqueur de Villate, bien connue de tous ceux qui ont eu un cheval entre les mains. » rappelle Mennessier de La Lance. Sa liqueur « escharotique » est restée à son nom jusqu’à aujourd’hui.
En savoir plus :
- Les livres de Jean-François Villatte
- Le livre de Pierre-François Mariage