Les romans Jeunesse au cinéma
La littérature jeunesse a constitué un excellent réservoir où puiser un scénario à succès, dès les débuts du cinéma : la fascinante relation que l’on peut tisser avec un cheval reste un thème indémodable même si les belles histoires de chevaux vues sur grand écran vont parfois jusqu’à éclipser l’œuvre originale : la fin peut être complétement différente pour devenir un film plus familial, ou le petit héros peut devenir une jeune héroïne pour répondre au goût du jour. Voilà quelques exemples à voir ou revoir et surtout à lire :
*L’unique roman de l’anglaise Anna Sewell, Black Beauty (1871), remporte la palme du nombre d’adaptations! Avec cinq films, sortis entre 1921 et 2020, il s’est aussi transformé en 52 épisodes pour la télé anglaise dans les années 1970. Avant de devenir un classique jeunesse, ce livre était un pamphlet destiné à dénoncer les mauvais traitements infligés aux chevaux. Son impact a abouti à quelques améliorations de leurs conditions.
*Western par excellence, Smoky the cow horse (1926), est un roman écrit par Will James, qui fut cow-boy et cascadeur pour Hollywood. Adapté 3 fois entre 1933 et 1966, on suit les aventures de Clint, un cow-boy solitaire qui entretient une relation particulière avec Smoky, sur fond de galopades dans l’Ouest américain.
* Mary O’Hara a publié sa trilogie Flicka avant la Seconde guerre mondiale. Le premier volet est sorti en librairie en 1941 et en 1943 au ciné. Le synopsis de My Friend Flicka met également en scène la relation de confiance patiemment construite entre Ken, un garçonnet de 10 ans et Flicka, une pouliche sauvage des plaines du Wyoming.
* John Steinbeck a écrit le Poney rouge en 1937, bien avant d’avoir son Nobel de littérature. L’auteur américain s’est impliqué dans le scénario de la première adaptation sortie en salle en 1949 avec Robert Mitchum. Une autre version pour la télévision a été tournée avec Henry Fonda en 1973. L’histoire suit le parcours de Jody et son poney rouge. Petit à petit, confronté aux épreuves de la vie, le jeune garçon quitte l’enfance et son insouciance.
* Ursula Bruns cadre sa série Dick und Dalli und die Ponies (1952) dans un élevage de poneys, le domaine d’ Immenhof et met en avant trois sœurs, Angela, Barbara, Brigitte, et leur grand-mère. Ses livres donnent vite une trilogie à succès dans les salles allemandes ( Die Mädels vom Immenhof (1955), Hochzeit auf Immenhof (1956), Ferien auf Immenhof (1957). Le synopsis au goût germanique prononcé, est un cocktail à base de poneys , domaine familial à sauver, jeunes filles et romance.
* Crin Blanc , l’histoire écrite par Denys Colomb de Daunant et immortalisée par la caméra d’Albert Lamorisse en 1953, a forgé l’identité de cette partie du delta du Rhône dans l’imaginaire collectif : au milieu d’immenses roubines, le petit gitan Folco se lie d’amitié avec un étalon Camargue sauvage que recherchent ardemment des manadiers. Le film en noir et blanc de 41 mn a glané de nombreuses récompenses à sa sortie: Palme d’or du court métrage à Cannes, Prix Jean-Vigo, nommé BAFTAS, etc. Le petit livre est toujours vendu.
* L’adaptation de Black Stallion, L’étalon noir en français, a été produite par Francis Ford Coppola et est sortie en salle en 1979. La série populaire de Walter Farley, dont le premier titre est paru en 1941, a été traduite dans 14 langues. Le film reprend l’amitié indéfectible tissée entre le jeune Alec Ramsey et son étalon arabe, Black. La scène du garçonnet galopant, pour la première fois à cru, sur une belle plage, a été réglée aux petits oignons par Corky Randall (1929-2009), fameux dresseur de chevaux à Hollywood et qui a longtemps gardé un souvenir vivace du cheval noir. Les livres de Farley ont également donné une série télé dans les années 1990.
* En faisant des recherches sur le phénomène des « chuchoteurs », l’auteur et scénariste anglais Nicholas Evans a assisté à une scène chez Tom Dorrance qui entrainera l’écriture de son best-seller : un propriétaire avait parcouru plusieurs centaines de km avec un cheval ingérable que l’homme de cheval, alors octogénaire, a réussi à calmer et monter en moins de deux heures. Le livre The Horse Whisperer /L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, est sorti en 1995 et il s’en est vendu plus de 20 millions d’exemplaires à travers le monde avec pas moins de 36 traductions. Robert Redford s’est emparé des droits pour en proposer une adaptation plus grand public en 1998, avec Buck Brannaman pour le doubler dans les scènes équestres. Nicholas Evans travaillait sur une version en comédie musicale avant son décès en 2022.
* Michael Morpurgo s’est inspiré des récits des anciens vétérans de son village pour écrire son War Horse / Cheval de Guerre, paru en 1982. Au fil des pages, on traverse les affres et les horreurs de la Première guerre mondiale avec le regard de Joey, le cheval de ferme devenu cheval de remonte pour la cavalerie britannique. Cette originalité n’est pas reprise dans le film sorti en 2011, où le réalisateur, Steven Spielberg, a préféré dérouler l’histoire en restant du côté du jeune Albert qui part sur le front en France, bien déterminé à retrouver son cheval dans cette folie meurtrière. Le roman a également été transposée au théâtre en 2007 en s’appuyant sur de spectaculaires marionnettes de chevaux.
Le dernier exemple est le film français Tempête, sorti en salle à Noël 2022. Il se base sur le livre de Christophe Donner Tempête au Haras (2012). Jean-Philippe, le petit garçon qui rêvait de devenir jockey dans le roman, est devenue Zoé sur grand écran. Demeure Tempête, la pouliche que le jeune héros voit naître et devenir son alter ego jusqu’au climax de l’histoire et le challenge que tous devront affronter.
En savoir plus:
- Horses in the movies d’Harold F. Hintz