Les arts de la piste selon Thérèse Renz
Trois photos du Studio Delton ont suffi à immortaliser le talent de Thérèse Renz, née Stark, (1859-1938), dernière grande écuyère de la belle époque du cirque équestre : on la voit à quarante-cinq ans, en pleine maitrise de son art, en amazone, sur son Lipizzan immaculé, sauter à la corde, exécuter un piaffer ou une une danse des voiles à la manière de l’américaine Loïe Fuller. « Thérèse Renz , poudrée à frimas, vêtue de blanc, monte un étalon russe, d’un blanc aussi éclatant que celui de son costume. Des projections lumineuses, imitées de la Loïe Fuller, font passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel cet ensemble neigeux et ravissent les spectateurs qui ne voient point dans le numéro autre chose qu’une variante des danses serpentines. » décrira le Sport Universel Illustré de 1903. L’écuyère aura les honneurs de la couverture du journal plusieurs fois.
Ruinée par l’inflation d’après-guerre, la grande écuyère, se produisait encore à cheval, à soixante-dix ans passés, pour recueillir des vivats enthousiastes chez Medrano. Enfant de la balle, cette fille d’une écuyère et d’un directeur de cirque n’en avait visiblement pas fini avec la vie de saltimbanque. À cette occasion, elle avait confié quelques souvenirs à un journaliste du Paris-Soir, qui l’interrogeait en 1932 sur ses débuts : « J’avais quinze ans. Je suis entrée dans la piste debout sur deux chevaux. Je sautais par-dessus des rubans et à travers des cercles de feu. » Voltigeuse remarquable et écuyère à panneau sensationnelle, le Baron de Vaux dira d’elle :« Elle était d’une hardiesse extraordinaire, et elle exécutait les exercices les plus périlleux avec une grâce exquise. Familiarisée avec le panneau, elle voulut s’initier à l’équitation savante, et elle devint bien vite une écuyère remarquable.»
Elle se produira à Paris pour la première fois en 1898 en Dame blanche : « Paris était couvert d’affiches pour annoncer mon numéro. Je présentais, vêtue de blanc, six chevaux sauteurs entièrement blancs. » Elle goûta avec délice au succès du public parisien : « Je recevais beaucoup de fleurs d’inconnus. Et le soir, il y avait près de ma loge des dizaines d’hommes en habit qui venaient me féliciter et me fêter .» Elle revint plus de vingt fois se faire applaudir à Paris même si la guerre a stoppé ses ambitions : « Le 30 juillet 1914. j’avais des engagements pour Paris et pour Saint-Pétersbourg. Je n’ai pas pu les tenir. J’ai dû attendre dix-huit ans pour revenir à Paris. Quelle folie que la guerre ! »
En savoir plus :
- La Une du Sport Universel Illustré
- Le Paris-Soir
- Écuyers et Écuyères, histoire des Cirques d’Europe du Baron de Vaux
- La merveilleuse histoire du cirque d’Henry Thétard
Thérèze Renz présente "le saut à la corde", au Nouveau cirque en 1904 - Studio Delton
Thérèze Renz présente "la Loïe Fuller à cheval", au Nouveau cirque en 1904 - Studio Delton
Thérèze Renz présente "le cheval de marbre", au Nouveau cirque en 1904 - Studio Delton