Les contes de Gaulard

La morale cruelle des ouvrages illustrés de G. Gaulard est d’un autre temps. Sur le modèle des fables de La Fontaine, l’auteur dépeint quelques travers moraux de chevaux applicables aux enfants pas sages de l’époque. Paresseux, têtu ou n’aimant pas se laver, les quadrupèdes récalcitrants y sont durement corrigés, parfois envoyés chez les militaires où leur fin est souvent funeste.

Ainsi Guilleri, cheval gai et trop turbulent pour rester chez son maître, est vendu à un régiment de cavalerie où ses incartades sont punies. Il deviendra un brave cheval qui finira par tomber au champ d’honneur après avoir sauvé l’armée. Pelé « le sale », probablement atteint de dermite, n’aimait tellement pas qu’on le brosse qu’il en devint rétif. Il finit attelé dans une caserne : « Mais un jour que, selon son habitude, il avait mangé gloutonnement sans regarder ce qu’il avalait, il fut pris de coliques épouvantables. Il mourut empoisonné, malgré tous les soins qu’on lui prodigua, sur le fumier même où il avait vécu, et personne ne regretta un être inutile et malpropre . » Coco, le mulet têtu, les ânes Cadichon ne finissent pas mieux…

Le Père et la mère Cadichon, G. Gaulard (1888)
Le Père et la mère Cadichon, G. Gaulard (1888)

Sur Gaulard, on ne sait presque rien, si ce n’est qu’il ou elle était capable de croquer scénettes et chevaux avec un trait vif et juste. Peut-être est-ce la femme ou la veuve d’un militaire ? Si ces contes sont le reflet de la vie de l’auteur, on se poser la question à la lecture où seule l’ânesse Cadichon s’en sort : elle est la seule à travailler honnêtement, alors que son mari, très savant, est trop orgueilleux pour assurer le quotidien et en meurt.

Cette série de beaux livres dont les illustrations sont en couleurs était parfaite à offrir en prix scolaire de fin d’année. Le cartonnage de couverture rouge avec dorure lui assure aujourd’hui son petit succès auprès des collectionneurs d’enfantina.

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