Appendice
A. — Vaisseaux artériels et vaineux.
a. — Artères.
Le sang est amené au membre postérieur par les artères iliaques internes et iliaques externes (fig. 154 du texte) résultant de la double bifurcation de l’aorte postérieure, en avant de la cavité pelvienne.
1° Artères iliaques internes. — Étendues depuis l’entrée du bassin jusqu’à l’angle cotyloïdien de l’ilium, les artères iliaques internes sont destinées aux organes génito-urinaires et aux régions supérieures du membre abdominal.
Elles fournissent sur leur trajet les branches suivantes :
1° L’artère ombilicale, qui porte le sang du jeune sujet au placenta et se trouve en partie oblitérée chez l’adulte, où elle gagne le fond de la vessie ;
2° L’artère honteuse interne, qui fournit des divisions à la vessie, à la prostate, aux glandes de Cowper, et se jette enfin dans le bulbe de l’urèthre après avoir contourné l’arcade ischiale ;
3° L’artère sous-sacrée, qui, après avoir rampé sous le sacrum, en regard des trous sacrés, se termine à l’extrémité postérieure de ce dernier os par trois branches : l’artère ischiatique, traversant le ligament de même nom pour aller se jeter dans les muscles ischio-tibiaux, les artères coccygienne latérale et coccygienne médiane destinées aux muscles de la queue ;
4° L’artère iliaco-musculaire, qui se porte en dehors, fournit des rameaux aux muscles de la région sous-lombaire, gagne l’angle de la hanche et se plonge dans le fessier principal et le muscle du fascia lata.
5° L’artère fessière, qui sort du bassin par la grande échancrure sciatique et s’épuise dans l’épaisseur des muscles fessiers moyen et profond.
Après avoir fourni ces branches collatérales, l’iliaque interne se divise en deux branches terminales, à cheval sur le tendon du muscle petit psoas, l’une en dedans, l’autre en dehors : la première, ou artère obturatrice, sort du bassin en traversant l’ouverture ovalaire, s’insinue p. 554entre l’obturateur externe et la face inférieure de l’ischium, et se termine par plusieurs divisions dans les muscles cruraux internes et ischio-tibiaux ; la seconde branche terminale de l’iliaque interne, ou artère iliaco-fémorale, passe en dehors du tendon du petit psoas, descend au côté externe du droit antérieur de la cuisse et va se plonger dans la masse des muscles rotuliens.
2° Artères iliaques externes. — Les artères iliaques externes se dirigent d’avant en arrière et de dedans en dehors, gagnent le bord antérieur du pubis, s’engagent dans l’interstice qui sépare du pectiné le long adducteur de la jambe, et chacune d’elles se prolonge sur la cuisse en prenant le nom d’artère fémorale, puis celui d’artère poplitée, à partir du pli de l’articulation fémoro-tibiale.
Avant de changer de nom, l’iliaque externe laisse échapper deux branches collatérales principales : la petite testiculaire ou l’utérine, qui gagne le cordon testiculaire ou la matrice, et la circonflexe iliaque, dont les rameaux se distribuent dans les muscles transverse, petit oblique de l’abdomen et du fascia lata.
L’artère fémorale naît en regard du bord antérieur du pubis et descend, accompagnée de sa veine satellite et du nerf saphène interne, le long du pectiné et du vaste interne, accolée au bord postérieur du long adducteur de la jambe. Puis elle passe entre les deux branches du grand adducteur de la cuisse, arrive ainsi au niveau de l’extrémité supérieure des jumeaux de la jambe et se continue entre ces deux muscles sous la dénomination d’artère poplitée.
Pendant ce parcours, l’artère fémorale distribue aux parties avoisinantes un certain nombre de branches collatérales, qui sont : les artères prépubienne1 , musculaire profonde (muscles cruraux internes et postérieurs), musculaire superficielle (muscles psoas et du triceps crural), petites musculaires (fémur et différents muscles l’environnant) et saphène (peau de la face interne de la cuisse et de la jambe).
L’artère poplitée, qui continue la fémorale, descend derrière l’articulation fémoro-tibiale, entre les deux jumeaux et vient se bifurquer au niveau de l’arcade péronière pour former les artères tibiales postérieure et antérieure.p. 555
Fig. 154. — Distribution des artères iliaques interne et externe (chez la femelle).
p. 556Dans son trajet, l’artère poplitée ne fournit guère qu’une branche collatérale digne d’être signalée : l’artère fémoro-poplitée destinée aux muscles jumeaux et ischio-tibiaux.
L’artère tibiale postérieure, d’abord située profondément derrière le tibia, devient peu à peu superficielle, traverse l’arcade tarsienne et se partage, au niveau de l’astragale, en deux branches terminales : les artères plantaires qui se placent l’une en dedans, l’autre en dehors du tendon perforant, jusqu’au niveau de l’extrémité supérieure du ligament suspenseur du boulet, où elles forment, avec la pédieuse perforante, une espèce d’arcade profonde de laquelle s’échappent quatre longs rameaux descendants qui rampent derrière le métatarse.
Quant à l’artère tibiale antérieure, elle traverse l’arcade tibiale, se place sur la face antérieure du tibia et arrive au-devant de l’articulation tibio-tarsienne, où elle prend le nom d’artère pédieuse.
Au bas du tarse, cette dernière se partage en deux branches dites pédieuse perforante et pédieuse métatarsienne, celle-ci continuée, à partir de l’extrémité supérieure de l’articulation du boulet, par les artères digitales, qui descendent l’une à droite, l’autre à gauche du paturon, jusqu’à l’apophyse basilaire, où elles se bifurquent pour former les artères unguéales plantaires et pré-plantaires (voy. IIe partie, ch. II, Pied, et fig. 66 du texte).
b. — Veines.
Comme dans le membre antérieur, la distribution des veines différant, en général, assez peu de celle des divisions artérielles correspondantes, nous nous dispenserons d’en faire une description spéciale.
B. — Nerfs.
Le plexus lombo-sacré (fig. 153 du texte), d’où émanent les divisions nerveuses du membre abdominal, résulte de la fusion des deux dernières paires nerveuses lombaires et des trois premières sacrées. Il répond de tous points au plexus du membre thoracique et se divise en deux portions, l’une antérieure, l’autre postérieure, ayant chacune un gros tronc pour centre.
La portion antérieure fournit quelques rameaux aux psoas, puis se termine par deux grosses branches : les nerfs fémoral antérieur et obturateur.p. 557 Le premier descend entre le petit et le grand psoas et va s’épuiser dans la masse des muscles rotuliens, après avoir laissé échapper deux branches, les nerfs accessoires du saphène interne et saphène p. 558interne, dont les divisions entourent l’artère et la veine de même nom.
Fig. 155. — Plexus lombo-sacré et nerfs internes du membre postérieur.
Le nerf obturateur suit l’artère obturatrice et présente une distribution à peu près identique.
La portion postérieure du plexus lombo-sacré se continue par deux troncs très importants : les nerfs grand sciatique et sciatique poplité externe. Elle laisse échapper à la base de ceux-ci le petit sciatique, qui sort du bassin par la grande échancrure sciatique et comprend les nerfs fessiers antérieurs et fessiers postérieurs.
Quant au nerf grand sciatique, il sort de la grande ouverture sciatique sous forme d’une large bandelette s’appliquant à la face externe du ligament ischiatique. Il se dirige ensuite en arrière, passe sur l’insertion fixe du petit fessier, s’infléchit pour descendre derrière la cuisse, où il se trouve logé dans une gaine musculaire que lui forment le long vaste, le demi-tendineux, le demi-membraneux et le grand adducteur de la cuisse, s’engage enfin entre les deux jumeaux et arrive ainsi dans le creux du jarret où il se termine par deux branches : les nerfs plantaires interne et externe. Ceux-ci traversent la gaîne tarsienne en arrière du tendon perforant, se placent en dedans et en dehors de ce tendon, arrivent ainsi sur le boulet et se comportent, à partir de là, comme les nerfs analogues du membre antérieur.
La seconde division de la portion postérieure, ou nerf sciatique poplité externe, se sépare du grand sciatique, dont elle n’est, en réalité, qu’une branche, au niveau des jumeaux du bassin, se place en dehors du bi-fémoro-calcanéen, arrive au côté externe de l’articulation fémoro-tibiale et se termine là par deux branches : le nerf musculo-cutané et le nerf tibial antérieur, qui portent la sensibilité à la peau de la face antérieure du pied.
Les autres branches collatérales du grand sciatique comprennent : 1° une branche pour les muscles de la région pelvi-crurale profonde ; 2° une autre pour les muscles cruraux postérieurs ; 3° un faisceau pour les muscles de la région jambière postérieure ; 4° le nerf saphène externe, qui commence environ 10 centimètres au-dessus du point où le grand sciatique se plonge entre les jumeaux de la jambe, descend ensuite sur le jumeau externe et va s’épuiser en dehors du métatarse.
Mécanisme des mouvements des membres.
Les membres étant à la fois les supports et les véritables moteurs du corps, l’étude du mécanisme de leurs mouvements doit naturellement suivre celle de leur structure anatomique.
Or, les mouvements qui se rapportent à la locomotion, les seuls dont nous ayons à nous occuper ici, résultant de la contraction musculaire opérée sous l’influence du système nerveux, nous devons logiquement faire précéder leur analyse de quelques considérations générales sur l’action du tissu musculaire.
1. — Action musculaire.
La texture et les propriétés du tissu musculaire ayant été suffisamment examinées à propos de nos généralités (voy. 1er partie, Appareil de la locomotion, Muscles), nous croyons inutile d’y revenir ici et nous demandons au lecteur la permission d’aborder d’emblée les effets de l’action musculaire.
Effets de l’action musculaire. — En se contractant, le muscle, avons-nous dit, se tend, durcit, se gonfle et se raccourcit plus ou moins. Aussi, l’effet immédiat de la contraction musculaire est-il un mouvement plus ou moins marqué, tantôt borné au muscle lui-même, tantôt transmis aux parties sur lesquelles il s’attache. L’intensité et l’étendue de ce mouvement dépendent de son volume, de sa longueur, de sa direction, du genre de levier qu’il met en jeu, etc.
D’une manière générale, la direction des muscles par rapport aux leviers qu’ils doivent mouvoir est désavantageuse, puisqu’elle se trouve presque toujours parallèle à celle des leviers osseux. Mais la nature a diminué ce parallélisme par le renflement des extrémités articulaires, par le développement d’éminences plus ou moins saillantes, telles que l’olécrâne, le trochanler ; par la présence, enfin, de poulies de renvoi, comme les sésamoïdes, la rotule, l’os sus-carpien, etc.
Les leviers sur lesquels agissent les muscles appartiennent aux trois genres que l’on distingue en physique (voy. IIe partie, chap. Ier, Leviers).
p. 560Aperçu général de la disposition des leviers dans les membres. — Nous allons dire un mot de chacune des variétés de leviers qu’on observe dans les membres :
Le levier du premier genre, qui est généralement celui des extenseurs, est représenté, dans le membre antérieur (pl. XI et XII), par le sus-épineux et les cinq muscles olécrâniens ; dans le membre postérieur (pl. XIII et XIV), par le grand fessier, le muscle du fascia lata, le droit antérieur de la cuisse, le triceps crural, le bi-fémoro-calcanéen2 , le plantaire grêle, le vaste externe, le demi-tendineux (dans le cabrer).
Dans ce levier, le bras de la puissance se trouve figuré, pour les extenseurs de l’avant-bras, par la distance qui existe entre le sommet de l’olécrâne et le milieu de l’articulation huméro-radiale ; pour le bifémoro-calcanéen et le plantaire grêle, il est mesuré par la distance qui se trouve entre le sommet du calcanéum et le centre de l’articulation tibio-astragalienne ; pour les ischio-tibiaux, par celle qui sépare le milieu de la cavité cotyloïde de la partie la plus postérieure de l’ischium.
Le bras de la résistance est constamment de beaucoup plus long que le premier : il est, pour les muscles olécrâniens, représenté par toute la longueur du radius ; pour les muscles rotuliens, par celle du tibia, etc.
Le levier du deuxième genre est le plus rare. Le seul à peu près que l’on cite est le bi-fémoro-calcanéen agissant sur le calcanéum et le pied tout entier lors de l’appui sur le sol.
Dans ce cas, le levier est formé par le tarse, le métatarse et la région digitée ; le point d’appui est au sol ; la résistance à vaincre est le poids du corps s’exerçant sur l’articulation tibio-astragalienne, et la puissance, constituée par l’extenseur du métatarse, agit sur le sommet du calcanéum.
Le levier du troisième genre est celui des muscles fléchisseurs. On en trouve de nombreux exemples : les abducteurs, l’adducteur du bras, le coraco-radial, l’huméro-radial, le fléchisseur interne du métacarpe, agissent évidemment sur cette espèce de levier. Il en est de même du moyen fessier, du long vaste, du tibio-pré-métatarsien. Ce levier a le p. 561grand avantage de permettre des mouvements fort étendus par suite d’un raccourcissement très peu considérable du muscle. Il suffit, par exemple, que le fléchisseur du métacarpe se contracte faiblement pour que le pied s’élève à une grande hauteur au-dessus du sol. C’est le véritable levier de la vitesse.
Nous allons maintenant dire un mot des différents actes de l’appareil locomoteur résultant de la contraction musculaire, c’est-à-dire des attitudes, des mouvements sur place et des mouvements progressifs en général.
2. — Attitudes.
On donne le nom d’attitudes aux diverses positions dans lesquelles les animaux se trouvent à peu près immobiles, soit debout, soit couchés sur le sol. Cette qualification s’applique à la station et au décubitus ou coucher.
1° Station. — Nous n’avons pas à nous occuper ici des différentes distinctions établies dans la station chez le cheval (voy. IIe partie, chap. IV, De la locomotion). Le seul point que nous ayons à examiner est le mécanisme suivant lequel elle s’exécute.
Nous choisirons comme type de notre démonstration la station forcée ou quadrupédale, le cheval étant dans la position du placer (voy. fig. 83 du texte).
« Pour peu qu’on réfléchisse sur l’état de l’appareil locomoteur dans la station, il est facile de voir que cette attitude nécessite des efforts musculaires plus ou moins considérables, et que, par conséquent, elle ne peut être indéfiniment prolongée si des dispositions mécaniques ne viennent au secours des puissances musculaires3 . »
Les rayons osseux étant fléchis les uns sur les autres, le poids du corps tend, en effet, à augmenter cette flexion qui, pour être maintenue dans les limites voulues, doit être arrêtée par la contraction des muscles extenseurs. Or, cette contraction ne pouvant être continue (voy. lre partie, ch. III, Muscles), il faut de toute nécessité, sous peine de rendre la station prolongée impossible, que certaines dispositions habilement combinées viennent en aide à l’action musculaire.
C’est ainsi que, dans les membres antérieurs, le pectoral superficiel,p. 562 le sus-épineux et le coraco-radial ou long fléchisseur de l’avant bras, — ce dernier agissant à la fois comme un muscle et comme un ligament excessivement solide, grâce à la présence de fortes lames tendineuses à sa surface et dans son intérieur — s’opposent à l’extrême flexion de l’angle scapulo-huméral ; que le ligament suspenseur du boulet limite l’obliquité de la région digitée, dont la tendance à s’exagérer pendant la station n’eut pu être prévenue par les puissances musculaires seules, etc. C’est encore ainsi que, dans les membres postérieurs, les muscles rotuliens empêchent la flexion incessante de l’angle fémoro-tibial, les jumeaux de la jambe et le perforé, celle de l’angle tibio-tarsien, le ligament suspenseur du boulet, enfin, celle des phalanges.
Examinés dans leur ensemble, les membres antérieurs et les membres postérieurs présentent une conformation identique, tandis que, dans leurs détails, ils offrent des différences marquées, en rapport avec le rôle spécial dévolu a chacun d’eux. Ces différences ayant été mises en évidence à propos de nos généralités (voy. 1er partie, Divisions principales et squelette), nous n’y reviendrons pas ici.
2° Décubitus. — Nous avons vu (IIe partie, chap. IV, Coucher ou décubitus) que le décubitus, chez le cheval, peut se distinguer en décubitus sterno-costal et en décubitus latéral.
Le décubitus sterno-costal exige, comme la station, des efforts musculaires pour soutenir la tête, élever l’encolure et la maintenir tendue, et d’autres efforts pour empêcher que le corps déjà penché ne tombe entièrement sur un côté. Mais les membres sont à peu près au repos.
Dans le décubitus latéral, toutes les parties sont abandonnées à leur propre pesanteur et reposent sur le sol sans effort.
3. — Mouvements sur place.
Les mouvements sur place comprennent le cabrer et la ruade. Ces mouvements ayant été précédemment étudiés par M. Cuyer, nous renvoyons le lecteur aux paragraphes spéciaux qu’il leur a consacrés (voy. IIe partie, chap. VIII). Nous dirons, toutefois, un mot du mécanisme de l’action musculaire dans ces deux actes.
1° Cabrer. — Dans le cabrer, la projection du corps en haut et p. 563en arrière, qui constitue l’élément initial de l’acte, a lieu par la contraction des fléchisseurs des phalanges, qui tendent à redresser l’angle du boulet, alors que le pied est encore à l’appui. La force qu’ils développent se décompose en deux parties : l’une qui pousse le pied contre le sol et qui reste sans résultat utile ; l’autre qui élève les parties supérieures du membre et, avec elles, les régions antérieures du corps.
Le fléchisseur superficiel a, en outre, pour action, de contribuer à étendre l’humérus sur le radius.
Quant aux autres muscles du membre antérieur, ils agissent peu au pas.
Le second temps du cabrer résulte de la participation des muscles ilio-spinal, fessiers et ischio-tibiaux.
L’ilio-spinal contracte, tend le rachis, l’unit solidement à la croupe et transforme la colonne représentée par les vertèbres et le coxal en une tige inflexible que le grand fessier et les ischio-tibiaux font basculer sur la tête du fémur.
Il est facile de se rendre compte que les ischio-tibiaux (long vaste, demi-membraneux, demi-tendineux) agissent ainsi sur un levier du premier genre, dont la puissance est à la tubérosité ischiatique, le point d’appui à l’articulation coxo-fémorale et la résistance dans toutes les parties antérieures du corps ; tandis que le grand fessier exerce son action sur un levier du troisième genre dont le point d’appui et la résistance sont les mêmes que précédemment, mais dont la puissance s’étend du trochanter à l’appendice pyramidal du muscle4 .
2° Ruade.— Le premier mouvement de la ruade consiste en une détente énergique et rapide des membres postérieurs effectuée par la contraction des extenseurs des divers rayons et celle des fléchisseurs de la région digitée. Puis les ischio-tibiaux, le grand fessier et l’iliospinal viennent à leur tour concourir à l’accomplissement de l’acte que nous étudions : les premiers en fléchissant la jambe sur la cuisse ; le grand fessier en attirant le trochanter en avant ; l’ilio-spinal, enfin, en élevant la croupe. Il est à remarquer que l’action de ce dernier muscle est aidée par la fixité que donne à ses attaches antérieures l’abaissement de la tête.
4. — Mouvements progressifs en général.
Les mouvements progressifs sont les actes par lesquels les animaux se transportent d’un point à un autre.
Ces mouvements ayant été étudiés en particulier par M. Cuyer (voy. IIe partie, chap. VII et VIII, Allures du cheval), nous n’examinerons ici que ce qu’ils ont de commun entre eux.
Jeu des membres décomposés en leurs divers rayons. — Dans les mouvements de progression, le jeu des membres comprend deux actions : « l’une par laquelle ils quittent le sol, se portent en avant et arrivent à leur maximum d’élévation ; l’autre par laquelle ils s’étendent et arrivent à l’appui5 . »
1° Le membre antérieur quitte le sol. — En quittant le sol, le membre se porte en avant et s’élève. Par suite, son extrémité inférieure décrit un arc de cercle dont le centre est à la partie supérieure de l’épaule, en même temps que le membre dans son entier se courbe.
L’épaule, dans ce mouvement, se déplace très peu ; toutefois, l’angle scapulo-huméral est porté d’arrière en avant par le mastoïdo-huméral. Pendant que l’épaule éprouve ce déplacement, le bras s’étend légèrement sur elle par l’action du sus-épineux et du biceps.
Mais c’est à partir de l’avant-bras que les grands mouvements du membre ont lieu. Le rayon anti-brachial se porte en avant par le fait de la contraction de ses muscles fléchisseurs (le coraco-radial et l’huméro-radial) ; le genou se fléchit et le métacarpe tend à se rapprocher de la verticale par l’action des fléchisseurs externe, interne et oblique ; la région digitée, enfin, opère sa flexion sur le rayon métacarpien, et la face plantaire du pied se dirige plus ou moins en arrière par suite de la contraction des muscles perforé et perforant.
2° Le membre antérieur retombe sur le sol. — En quittant le sol, le membre s’est à la fois élevé et porté en avant ; le pied, d’autre part, a décrit un arc de cercle à concavité inférieure, « dont la corde, dit M. Colin, peut donner la mesure exacte de l’espace parcouru dans un pas complet, de l’amble, du trot, etc.6 . »
Lorsque ce même membre revient sur le sol et s’y maintient un p. 565instant, l’épaule est ramenée dans sa position par le trapèze cervical, le rhomboïde et l’angulaire. L’angle scapulo-huméral et le bras reviennent en arrière par l’action des pectoraux et du grand dorsal. L’avant-bras reprend sa direction par la contraction des cinq muscles olécrâniens, en même temps que l’extenseur du métacarpe produit le redressement de ce dernier rayon sur l’avant-bras. Enfin, la région digitée revient à la position oblique qu’elle présente pendant l’appui par la contraction des muscles extenseurs des phalanges.
3° Le membre postérieur quitte le sol. — Lorsque le membre postérieur quitte le sol, il s’élève et se porte en avant. La cuisse se fléchit sur le bassin par l’action des psoas et du moyen fessier ; l’angle fémoro-tibial est projeté en haut et en avant ; la jambe opère sa flexion sur la cuisse par la contraction des ischio-tibiaux, le métatarse est fléchi sur la jambe par le tibio-pré-métatarsien ; la région digitée, enfin, se fléchit sur le métatarse par le même mécanisme que dans le membre antérieur, mais elle est toujours moins importée en arrière que chez celui-ci.
4° Le membre postérieur renient à l’appui. — Dans le retour du membre abdominal à l’appui, la cuisse est étendue sur le bassin par le grand fessier ; la jambe l’est sur la cuisse par les muscles rotuliens ; enfin, le métatarse est redressé par le bi-fémoro-calcanéen, et la région digitée reprend son angle de flexion par la contraction des extenseurs des phalanges.
Le pied, en retombant sur le sol, éprouve un choc qui se fait successivement sentir dans les diverses sections de l’appareil locomoteur, mais s’affaiblit insensiblement de l’extrémité inférieure à l’extrémité supérieure des membres, grâce à leur mode d’union avec le tronc, à la flexion des rayons et à l’élasticité du pied. Ces causes d’amortissement du choc ont été précédemment examinées (voy. Ire partie, Divisions principales et squelette, et IIe partie, Pied).
Il sera facile au lecteur, à l’aide des pl. XI, XII, XIII et XIV, de se rendre compte des mouvements que nous venons d’analyser ; il pourra même très aisément les reproduire avec la planche VI.
Nous devrions passer en revue l’action de chaque extrémité dans son ensemble, l’impulsion, les réactions et les déplacements du centre de gravité ; mais ces questions ayant été traitées à propos des allures, p. 566nous renverrons au chapitre VII de la IIe partie (Oscillations des membres du cheval).
Notre but, d’ailleurs, n’était pas de traiter des divers mouvements en particulier, mais d’analyser le mécanisme de l’action musculaire, soit dans la station, soit dans le coucher, soit dans les mouvements sur place, soit enfin dans les mouvements progressifs en général.
1 | Cette branche se subdivise à son tour en artères abdominale postérieure (paroi abdominale inférieure) et honteuse externe, laquelle se partage elle-même en artère sous-cutanée abdominale et dorsale antérieure de la verge ou mammaire. |
2 | Il est à noter que ce muscle n’agit par un levier du premier genre que quand le membre est soulevé de terre. Nous verrons, en effet, dans un instant, qu’il joue le rôle de levier du second genre ou interpuissant lorsque le sabot repose sur le sol. |
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