Chapitre II
Corps ou tronc
Le corps ou tronc est la plus importante des trois grandes divisions du cheval ; c’est lui qui, en dehors de la tête et des membres, forme toute la masse de l’animal.
Afin de faciliter la description des différents organes qu’il renferme, nous le subdiviserons en deux régions secondaires : 1° le cou ou encolure ; 2° le tronc proprement dit, comprenant lui-même le thorax, l’abdomen et le bassin.
§ I — Cou ou encolure
(PI. VIII)
Le cou supporte antérieurement la tête et se trouve situé entre celle-ci et le tronc, dans une direction qui varie suivant les animaux, mais que nous supposerons toujours oblique à 45 degrés.
Nous avons vu quelle était son importance en extérieur (Voy. IIe partie, Encolure) ; les quelques lignes que nous allons consacrer ici à sa structure et au rôle physiologique des organes qu’il renferme feront mieux ressortir les avantages et les inconvénients de telle ou telle conformation de cette région.
Eu égard à la forme générale de l’encolure, on peut la comparer à une pyramide aplatie d’un côté à l’autre, dont la base répondrait à son extrémité postéro-inférieure, et le sommet à son extrémité antéro-supérieure. On lui reconnaît, en outre, une face gauche et une face droite, un bord supérieur et un bord inférieur. Enfin, les anatomistes distinguent encore, dans le cou, une région supérieure ou spinale et une région inférieure ou trachélienne.
I. — Premier plan
Muscle peaucier du cou
Immédiatement sous la peau, qu’elle sépare des différents organes p. 378du cou, de l’auge et de la face, se trouve l’expansion membraniforme connue sous le nom de peaucier du cou.
Cette expansion comprend une partie charnue (1) et une partie aponévrotique (2). La première forme, au bord inférieur de la région, une mince bandelette qui part du prolongement trachélien du sternum, s’unit sur la ligne médiane à celle du côté opposé, et gagne, en s’amincissant graduellement, le fond de l’auge et les joues. L’aponévrose, qui continue en dehors et en haut la portion charnue, est très mince et se répand sur les faces latérales de l’encolure, la région parotidienne, les joues et la crête zygomatique, où elle s’attache.
Près de la commissure des lèvres, le peaucier cervical s’unit à l’alvéolo-labial par un faisceau charnu appelé, chez l’homme, risorius de Santorini (Voy. Pl. VII ; fig. 2, III, 13).
Par suite de la présence et des caractères particuliers de cette expansion musculo-aponévrotique, les reliefs musculaires ne sont guère apparents, sous la peau de la région cervicale, qu’au-dessus de la saillie arrondie qui, répondant aux vertèbres cervicales, parcourt toute la longueur des faces latérales de l’encolure. Dans ce point, en effet, chez les chevaux fins et énergiques, existe un espace régulièrement triangulaire où se voient les digitations et la direction des muscles splénius et angulaire de l’omoplate.
C’est là une particularité sur laquelle les peintres feront bien de s’arrêter un instant.
Le peaucier affermit la contraction des muscles sous-jacents ; mais il ne peut guère avoir d’action sur la peau, à laquelle il n’adhère que faiblement.
II. — Deuxième plan
Muscle parotido-auriculaire et glande parotide
À la face interne du peaucier cervical, vers la limite de la tête et de l’encolure, on trouve le muscle parotido-auriculaire (2) recouvrant la glande parotide et son canal excréteur (1).
Ces organes ayant été décrits à propos de la tête (Voy. pl. VII ; fig. 2, I, 1, 12), nous n’y reviendrons pas ici.
III. — Troisième plan
Muscles mastoïdo-huméral et sterno-maxillaire. Veine jugulaire
Situé au-dessous de la glande parotide et des muscles de l’oreille à son extrémité supérieure, directement en rapport avec la face interne du peaucier dans le reste de son étendue, le muscle mastoïdo-huméral (1, 2, 3, 4) occupe presque à lui seul le troisième plan. Étendu du sommet de la tête au bras, ce muscle s’applique sur l’angle scapulonuméral (Voy. Pl. VIII, IV, D) et le côté de l’encolure, en suivant une direction oblique de bas en haut et d’arrière en avant.
On lui reconnaît deux portions accolées longitudinalement l’une à l’autre, et distinguées en antérieure et en postérieure.
La portion antérieure ou superficielle (1) s’étend de l’humérus (empreinte deltoïdienne) à la tête (apophyse mastoïde du temporal). Son bord antéro-inférieur, parallèle au sterno-maxillaire, s’en trouve séparé par un interstice qui loge la veine jugulaire (6), dont nous dirons un mot dans un instant.
La portion postérieure ou profonde (3), plus courte que la première, s’attache, en haut, sur les apophyses transverses des quatre premières vertèbres cervicales par autant de languettes charnues que recouvre la portion superficielle ; inférieurement, elle s’élargit sur l’angle scapulo-huméral, s’unit intimement à cette dernière portion et se termine avec elle sur l’humérus.
Ce muscle recouvre en partie les 4e, 5e, 6e, 7e et 8e plans.
Il joue un rôle différent suivant que son point fixe est supérieur ou inférieur : si celui-ci est inférieur, le mastoïdo-huméral incline de côté la tête et le cou ; si, au contraire, ce point fixe est supérieur, il porte le membre antérieur tout entier en avant, quand l’animal le soulève pour entamer le terrain.
Il s’ensuit que l’action de ce muscle est d’autant plus facile et énergique qu’il a une meilleure direction par rapport au bras de levier sur lequel il agit, une plus grande longueur, et un volume plus considérable. Or, ces diverses conditions se trouvant réunies avec une encolure modérément oblique, longue et bien musclée, on comprend maintenant pourquoi nous avons avancé, en extérieur (Voy. IIe partie, Épaule), que l’épaule est d’autant plus belle et ses mouvements plus faciles que l’encolure est elle-même mieux conformée.
p. 380Le muscle sterno-maxillaire (5) concourt, de concert avec le précédent, à former le troisième plan. Situé en avant du cou, sous le peaucier, ce muscle étroit, allongé, parallèle au bord antérieur du mastoïdo-huméral, dont il se trouve séparé par la dépression longitudinale dite gouttière de la jugulaire, qui loge la veine du même nom, s’étend du prolongement trachélien du sternum (insertion fixe) au bord refoulé du maxillaire inférieur (insertion mobile). Par son bord interne, il s’unit, inférieurement, avec celui du côté opposé.
Il fléchit la tête directement ou de côté, suivant qu’il agit de concert avec son congénère ou suivant qu’il entre seul en action.
Quant à la veine jugulaire (6), dont l’importance mérite une description spéciale, elle commence en arrière du maxillaire inférieur par deux grosses racines ; elle se dirige ensuite en bas, traverse la parotide, s’engage dans la gouttière de la jugulaire, et gagne enfin l’entrée de la poitrine (Voy. fig. 5 du texte, Vue générale de l’appareil de la circulation), où elle se réunit à celle du côté opposé, formant le confluent des jugulaires, auquel aboutit encore, latéralement, la veine axillaire, confluent de toutes les veines du membre antérieur.
Englobée par la parotide à son extrémité supérieure et recouverte par le peaucier du cou dans le reste de son étendue, la jugulaire suit le trajet de l’artère carotide primitive et répond, en dedans et en haut, au muscle scapulo-hyoïdien, qui la sépare de l’artère précédente, du nerf laryngé inférieur et du cordon nerveux résultant de la réunion du pneumogastrique avec la chaîne sympathique (Voy. IIIe partie, chap. II, appendice, III, Nerf grand sympathique) ; tandis que, par son tiers inférieur, elle est en rapport direct avec le vaisseau artériel, placé au-dessus d’elle.
On sait que la jugulaire est la veine où se pratique ordinairement la saignée chez le cheval. Or, maintenant que nous connaissons ses rapports avec l’artère carotide, il est facile de se rendre compte qu’une saignée pratiquée maladroitement peut, non seulement intéresser la jugulaire, mais encore traverser la mince bandelette charnue qui la sépare de l’artère carotide dans le tiers supérieur du cou — où se fait d’ordinaire l’opération — et ouvrir cette artère. D’où hémorrhagie toujours difficile à arrêter, souvent même mortelle, et, conséquemment, indication absolue de ne pas pratiquer la saignée sans raison majeure et à la légère.
IV. — Quatrième plan
Muscles trapèze et angulaire de l'omoplate
Recouvert en avant par le peaucier cervical et le mastoïdo-huméral, en arrière, par le panicule charnu (Voy. Pl. VIII, I, 1), le quatrième plan comprend les muscles superficiels de la base de l’encolure : le trapèze et l’angulaire de l’omoplate, ainsi que le premier rayon du membre antérieur, qui leur sert d’attache postéro-inférieure.
Le muscle trapèze (Pl. VIII, IV, i, 2) se divise en deux parties : la portion dorsale (1) et la portion cervicale (2) ; la première s’attache sur le sommet des apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales ; la seconde, sur la corde du ligament cervical (Voy. Pl. VIII, X, J), et toutes deux viennent se terminer sur la tubérosité de l’épine acromienne de l’omoplate (3).
Ce muscle, dont la portion cervicale appartient seule à la région de l’encolure, élève l’épaule et la porte en avant ou en arrière, suivant que l’une ou l’autre de ses portions entre en action.
L’angulaire de l’omoplate (4), situé en avant de l’épaule et de la portion cervicale du trapèze, prend son origine sur les apophyses transverses des cinq dernières vertèbres cervicales par autant de languettes distinctes, parfaitement visibles sur la planche VIII. Ces languettes se confondent bientôt en arrière, s’engagent sous le trapèze cervical, et vont s’insérer à la face interne de l’omoplate.
L’angulaire tire en avant l’extrémité supérieure de l’épaule, pendant que l’angle scapulo-huméral se porte en arrière. Toutefois, si son point fixe est à l’épaule, il peut incliner l’encolure de côté.
Ce que nous avons dit de l’influence de la conformation de l’encolure sur les mouvements de l’épaule, à propos du mastoïdo-huméral, peut également s’appliquer au trapèze et à l’angulaire de l’omoplate. Car il est évident que ces muscles auront d’autant plus d’action sur le rayon scapulaire qu’ils seront plus longs et plus volumineux, conséquemment que l’encolure sera elle-même plus longue et mieux musclée.
Quant à l’omoplate (A. B) et à l’humérus (C), ils seront étudiés en même temps que le membre antérieur (Voy. IIIe partie, chapitre III, Membres).
V. — Cinquième plan
Muscle rhomboïde
Le muscle rhomboïde (V) forme à lui seul le cinquième plan.
Situé à la face interne de la portion cervicale du trapèze et du cartilage de prolongement de l’omoplate, ce muscle s’attache supérieurement sur la corde du ligament cervical et sur le sommet des apophyses épineuses des quatre ou cinq vertèbres dorsales qui suivent la première (Voy. IIIe partie, chap. II, Face latérale du tronc) ; inférieurement, il se fixe à la face interne du cartilage de prolongement du scapulum.
Il tire l’épaule en haut et en avant.
VI. — Sixième plan
Muscle spénius
Le sixième plan est représenté par un muscle triangulaire considérable, le splénius (VI), formé de gros faisceaux charnus se dirigeant tous en avant et en haut pour gagner la tête et les premières vertèbres cervicales.
Fixé par son bord postérieur à la corde du ligament cervical et aux apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales, ce muscle s’insère, par son bord antérieur, découpé en quatre ou cinq languettes : 1° sur la crête mastoïdienne de l’os temporal, en commun avec le petit complexus (première languette, 1) ; 2° sur l’apophyse transverse de la première vertèbre cervicale, à l’aide d’un tendon commun au splénius, au petit complexus et au mastoïdo-huméral (deuxième languette, 2) ; 3° sur les apophyses transverses des troisième, quatrième et cinquième vertèbres du cou (deux ou trois dernières languettes).
Le splénius étend la tête et le cou de côté ou directement, suivant qu’il agit seul ou de concert avec son congénère.
VII. — Septième plan
Muscles grand et petit complexus. Artère cervicale supérieure
Entièrement recouvert par le splénius, le septième plan comprend les muscles grand et petit complexus.
p. 383Le grand complexus (1, 2) est un muscle puissant, triangulaire, aplati d’un côté à l’autre, appliqué immédiatement contre les faces latérales du ligament cervical, et divisé longitudinalement en deux portions : l’une postérieure (1), l’autre antérieure (2).
La portion postérieure, la plus volumineuse, entrecoupée d’intersections tendineuses qui croisent obliquement sa direction, comme le représente très bien la planche VIII, prend naissance sur le sommet des apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales et sur les apophyses transverses de ces mêmes vertèbres, à l’exception de la première et de la seconde.
La portion antérieure se fixe sur les apophyses transverses des deux premières vertèbres dorsales et sur les côtés des vertèbres cervicales.
Toutes les fibres des deux portions du grand complexus se réunissent supérieurement sur un tendon qui s’insère à la face postérieure de la protubérance occipitale.
L’interstice compris entre ces deux portions livre passage à l’artère cervicale supérieure (fig. 142 du texte, 6), dont les branches se distribuent dans les muscles et les téguments de la région du cou.
Le grand complexus est un puissant extenseur de la tête.
C’est lui surtout qui la rapproche de l’horizontale chez les chevaux portant au vent (Voy. IIe partie, Tête et Encolure) et chez ceux lancés aux grandes allures.
Le petit complexus (3, 4, 5) longe le bord antérieur du muscle précédent et semble continuer jusqu’à la tête les faisceaux inférieurs de l’ilio-spinal, comme il est facile de s’en rendre compte par l’examen de la planche VIII (6).
Divisé en deux portions fusiformes parallèles, ce muscle prend son attache fixe ou postérieure en commun avec la portion antérieure du grand complexus. Le tendon terminal de la portion postérieure (4) se rend à l’apophyse mastoïde du temporal ; celui de la portion antérieure (5) va à l’apophyse transverse de l’atlas.
Le petit complexus étend également la tête ; mais il l’incline surtout de côté, en même temps que l’extrémité supérieure de l’encolure.
VIII. — Huitième plan
Muscles sterno-hyoïdien, sterno-thyroïdien et omoplat-hyoïdien
Situé au bord inférieur de l’encolure, dans la région cervicale inférieure ou trachélienne, le huitième plan comprend les muscles sternohyoïdien, sterno-thyroidien, et omoplat-hyoïdien.
Le sterno-hyoïdien et le sterno-thyroidien (1) représentent deux petits muscles rubanés placés en avant de la trachée, réunis à ceux du côté opposé sur la ligne médiane, confondus inférieurement en un faisceau unique qui s’attache sur l’appendice antérieur du sternum, et enfin isolés au-dessus de ce faisceau pour aller se terminer, le premier sur la face inférieure du corps de l’hyoïde, le second sur la face inférieure du larynx.
L’omoplat-hyoïdien (2) forme une large bandelette appliquée sur les côtés de la trachée ; il prend son insertion fixe à la face interne du sous-scapulaire (Voy. IIIe partie, chap. III, § 1, Membre antérieur, face interne), et se termine sur la face inférieure du corps de l’hyoïde.
C’est le muscle, avons-nous dit, qui sépare, en haut, la veine jugulaire de l’artère carotide primitive.
Les muscles du huitième plan ont pour usage d’abaisser les appareils hyoïdien et laryngien.
IX. — Neuvième plan
Muscles grand oblique et petit oblique ; grand droit postérieur et petit droit postérieur ; grand droit antérieur et petit droit antérieur et petit droit latéral de la tête, scalène, transversaire épineux, intertranversaires et long du cou
Le neuvième plan nous fait voir un grand nombre de muscles directement appliqués sur les vertèbres cervicales ; ce sont les muscles grand oblique et petit oblique, grand droit postérieur et petit droit postérieur, grand droit antérieur, petit droit antérieur et petit droit latéral de la tête, transversaire épineux, intertransversaires, scalène et long du cou. Nous allons successivement dire un mot de chacun d’eux.
Le grand oblique de la tête (1) dont nous parlerons tout d’abord, se trouve appliqué obliquement d’avant en arrière sur la face supérieure de l’articulation des deux premières vertèbres du cou. Ses fibres partentp. 385 de la face externe de l’apophyse transverse de l’atlas.
Il fait pivoter l’atlas sur l’apophyse odontoide de l’axis (voy. Xe plan, Vertèbres cervicales) et agit, par cela même, comme rotateur de la tête.
Le petit oblique (2), épais et court, s’étend de l’apophyse transverse de l’atlas sur les parties latérales de l’occipital et la crête mastoïdienne du temporal.
Il incline et étend légèrement la tête.
Le grand droit postérieur de la tête (3), situé au-dessus de la corde du ligament cervical, entre les muscles obliques, se dirige de l’apophyse épineuse de l’axis sur l’occipital.
Extenseur de la tête, ce muscle vient en aide à la puissante action du grand complexus.
Entre le muscle précédent, qui le cache sur la planche VIII, et la capsule fibreuse de l’articulation atloïdo-occipitale, se trouve le petit droit postérieur, dont l’action est la même que celle du grand droit postérieur.
Le grand droit antérieur (4) s’attache, en arrière, sur les apophyses transverses des troisième, quatrième et cinquième vertèbres cervicales par autant de languettes qui se réunissent antérieurement pour se terminer sur l’apophyse basilaire de l’occipital (voy. IIIe partie, appendice, Tête).
C’est un fléchisseur de la tête.
Sous le muscle précédent, et invisibles pour cette raison sur la planche VIII, se trouvent encore le petit droit antérieur et le petit droit latéral de la tête, congénères du grand droit antérieur.
Le transversaire épineux du cou (5.5), qui continue dans la région cervicale le transversaire épineux du dos et des lombes, dont la planche VIII fait voir la dernière division (IX, 6), est constitué par cinq faisceaux fortement aponévrotiques se dirigeant des cinq derniers tubercules articulaires des vertèbres du cou sur les sixième, cinquième, quatrième, troisième et deuxième apophyses épineuses des mêmes vertèbres.
Il étend et incline la région cervicale du rachis.
Les intertransversaires du cou (7.7), recouverts par la plupart des muscles de l’encolure, occupent l’espace compris entre les apophyses transverses et les apophyses articulaires des vertèbres cervicales et se portent d’une vertèbre à l’autre, excepté de la première à la deuxième.
p. 386Ils inclinent de côté la tige cervicale.
Le scalène (8, 9.9) comprend deux portions placées l’une au-dessus de l’autre, à la partie inférieure du cou, sous le mastoïdo-huméral et l’omoplat-hyoïdien.
La portion supérieure (9.9), qui correspond au scalène postérieur de l’homme, la plus petite, se compose de trois ou quatre faisceaux fixés sur les apophyses transverses des dernières vertèbres cervicales. Le dernier aboutit à la première côte.
Sa portion inférieure (8), qui correspond au scalène antérieur de l’homme, la plus considérable, se dirige des apophyses transverses des quatre dernières vertèbres cervicales, sur le bord antérieur et la face externe de la première côte.
Ce muscle fléchit l’encolure de côté quand son point fixe est à la première côte. Mais, en raison de la mobilité presque nulle de celle-ci, il n’agit pas, comme chez l’homme, dans l’inspiration (voy. IIIe partie, chap. II, § 2, I , Face latérale du tronc et thorax).
X. — Dixième plan
Situé sur la section longitudinale et médiane de l’encolure, le dixième plan comprend des parties très importantes et très intéressantes à étudier, telles que les vertèbres cervicales, le ligament de même nom, la trachée, l’œsophage, l’artère carotide primitive, la veine jugulaire et le muscle long du cou.
A. — Vertèbres cervicales
Les vertèbres cervicales (X), qui forment à elles seules le squelette de la région du cou, sont au nombre de sept et présentent, outre les caractères communs à toutes les vertèbres, dont nous avons dit un mot dans nos généralités (Voy. Ire partie, Squelette), des caractères généraux les distinguant des autres pièces de la colonne vertébrale, et enfin des caractères spécifiques permettant de ne pas les confondre l’une avec l’autre.
Comme caractères généraux des vertèbres cervicales, nous signalerons les suivants : la tête est très bien détachée du reste de l’os ; la cavité postérieure est large et profonde ; l’arête inférieure du corps (D) p. 387est fortement prononcée ; l’apophyse épineuse (E’) forme une crête supérieure peu saillante ; les apophyses transverses (E) sont très développées et traversées d’avant en arrière, tout à fait à leur base, d’un trou dit trou trachélien (G) ; les apophyses articulaires, au nombre de quatre, deux au bord antérieur (H), deux au bord postérieur (I) de la partie annulaire, sont larges et saillantes ; les échancrures, enfin, sont profondes (situées en dessous de chacune des apophyses articulaires, elles forment, par leur réunion avec de semblables échancrures des vertèbres précédentes, le trou de conjugaison (M), par où passent les vaisseaux et les nerfs de la mœlle). Quant aux caractères spécifiques des vertèbres cervicales, ils sont assez tranchés pour que les anatomistes se soient vus dans l’obligation de décrire chacune de ces vertèbres à part, sous les noms de première, deuxième, etc. Eu égard à leur importance, aux nombreux caractères particuliers qu’elles présentent, les deux premières vertèbres du cou ont même reçu des noms spéciaux. La première s’appelle atlas, la seconde axis.
L’atlas (A) se reconnaît tout d’abord à son grand diamètre transversal, aux dimensions considérables du trou vertébral et au peu d’épaisseur de son corps, dont la face intra-rachidienne forme, en arrière, une surface articulaire dans laquelle est reçue l’apophyse odontoïde de l’axis. La tête manque dans l’atlas et se trouve remplacée par deux facettes concaves qui répondent aux condyles de l’occipital.
L’axis (B) est surtout remarquable par sa longueur. Cette vertèbre porte, au lieu de tête, une apophyse antérieure conique, dite odontoïde, espèce de demi-gond articulaire autour duquel glisse la surface articulaire qui existe à la face supérieure du corps de l’atlas, dans la partie antérieure du trou vertébral. L’apophyse épineuse est très puissante ; au contraire, les apophyses transverses sont peu développées.
À partir de l’axis, les vertèbres cervicales diminuent de longueur et augmentent d’épaisseur. Les autres caractères différenciels sont assez peu importants dans les troisième, quatrième, cinquième et sixième.
La septième (C) est encore dite proéminente, parce que son apophyse épineuse est plus prononcée que dans les vertèbres précédentes, l’axis exceptée.
a. Articulations des vertèbres entre elles
Les articulations intervertébrales différant peu l’une de l’autre dans chacune des régions de la colonne vertébrale, nous ferons ici une description générale de ces articulations, afin de ne pas être obligé de nous répéter inutilement quand nous décrirons la région dorsale du tronc.
Toutefois, nous nous réservons de noter en passant les quelques particularités que présentent les vertèbres de l’encolure, et de décrire à part les articulations atloïdo-occipitale et axoïdo-atloïdienne, qui s’éloignent absolument, par leur conformation et leurs usages tout spéciaux, des autres articulations intervertébrales.
Les vertèbres se correspondent par leur corps et par leur partie annulaire (Voy. Ire partie, Squelette).
1° Union des vertèbres par leur corps. — Les corps vertébraux se mettent en rapport à l’aide des surfaces articulaires qu’ils présentent en avant et en arrière. La tête de chacun d’eux est reçue dans la cavité cotyloïde de celui qui précède, non directement, mais par l’intermédiaire de disques circulaires fibro-cartilagineux, dits fibro-cartilages intervertébraux (fig. 141 du texte, 1.1), si solidement fixés sur les plans articulaires qu’ils séparent, qu’on les rupturerait plutôt que de les détacher de ces plans.
Fig. 141. — Articulations intervertébrales.
Outre ce moyen d’union, les corps vertébraux sont encore reliés entre eux par deux ligaments : le premier, ou ligament vertébral p. 389commun supérieur, étendu de l’axis au sacrum et logé dans le canal rachidien, se fixe sur la face supérieure du corps de chaque vertèbre ; le second, ou ligament vertébral commun inférieur, situé sous le rachis, n’existe pas dans la région cervicale. Il ne commence que vers la sixième ou huitième vertèbre dorsale.
2° Union des vertèbres par leur partie annulaire. — Les vertèbres se mettent en rapport, par leur partie annulaire, à l’aide des facettes sculptées sur les apophyses articulaires antérieures et postérieures, et l’articulation qui en résulte se trouve maintenue en place par une suite de ligaments dont nous allons dire un mot :
Le plus important, ou ligament commun surépineux, se divise en deux portions : l’une postérieure, appelée ligament sur épineux dorsotombaire ; l’autre antérieure, connue sous la dénomination de ligament surépineux cervical, ou simplement de ligament cervical.
Le ligament surépineux dorso-lombaire (fig. 141 du texte, 2) représente un cordon de tissu fibreux blanc reliant entre eux les sommets des apophyses épineuses de toutes les vertèbres lombaires et des dix ou douze dernières dorsales.
Le ligament cervical (J, K), entièrement constitué par du tissu fibreux jaune élastique, comprend lui-même une portion funiculaire et une portion lamellaire.
La première, plus connue sous le nom de corde du ligament cervical (J), continue en avant le ligament dorso-lombaire et s’étend des premières apophyses épineuses dorsales au sommet de la tête (tubérosité cervicale de l’occipital). Elle est recouverte, en haut, par une masse de tissu fibro-graisseux d’autant plus développée que les chevaux sont de race plus commune.
La portion lamellaire (K) comprise entre la corde et les vertèbres cervicales sépare les muscles cervicaux supérieurs du côté droit de ceux du côté gauche et répond, en dehors, à la branche supérieure de l’ilio-spinal (3), au transversaire épineux du cou et au grand complexus ; elle résulte de l’adossement de deux lames de tissu fibreux élastique dont les fibres partent, soit de la corde, soit des apophyses épineuses des deuxième et troisième vertèbres dorsales, et se dirigent, en avant ou en bas, sur les apophyses épineuses des six dernières vertèbres cervicales.
On remarquera que le ligament cervical joue plutôt le rôle d’une p. 390puissance permanente chargée de faire équilibre au poids de la tête et des vertèbres cervicales, que celui d’un lien articulaire.
Viennent ensuite les ligaments interépineux (fig. 141, du texte, 3), qui remplissent les espaces situés entre les apophyses épineuses ; puis les ligaments interlamellaires ou interannulaires, situés entre les lames vertébrales.
Constitués par du tissu fibreux blanc dans la région dorso-lombaire, ces ligaments sont jaunes et élastiques dans la région du cou ; d’où nouvelle cause de la mobilité plus grande des vertèbres cervicales (Voy. Ier partie, Squelette).
Enfin, ces moyens d’union sont complétés par les capsules propres aux apophyses articulaires. Attachées sur le pourtour des facettes diarthrodiales, ces capsules sont doublées intérieurement par une membrane synoviale, et présentent elles-mêmes cette particularité que, constituées par du tissu fibreux blanc dans les régions du dos et des lombes, elles sont formées de tissu fibreux jaune élastique dans la région cervicale.
b. — Articulation atloïdo-occipitale
L’articulation atloïdo-occipitale, ou articulation de la première vertèbre cervicale avec la tête, résulte de la réception des deux condyles de l’occipital (Voy. IIIe partie, chap. Ier, appendice, I, Os de la tête), dans les facettes concaves de l’atlas, qui remplacent la tête des autres vertèbres.
Un seul ligament capsulaire entoure l’articulation et la maintient en place ; il est tapissé à sa face interne par deux membranes synoviales (une pour chaque condyle et chaque cavité atloïdienne correspondante).
Les mouvements possibles dans cette articulation sont : la flexion, l’extension et l’inclinaison latérale.
c. — Articulation axoïdo-atlodïenne
Pour former l’articulation axoïdo-atloïdienne ou articulation de la première vertèbre avec la seconde, l’axis présente son pivot odontoïdien antérieur, et l’atlas la surface creusée sur la face supérieure du corps.
p. 391Trois ligaments concourent à consolider cette articulation : un ligament odontoïdo-atloïdien, continu au ligament vertébral commun supérieur ; un ligament axoido-atloidien inférieur, figurant, dans les deux premières vertèbres cervicales, le ligament vertébral commun intérieur que l’on rencontre dans la région dorso-lombaire ; un ligament axoïdo-atloïdien supérieur, représentant les ligaments interépineux des autres articulations cervicales ; enfin, un ligament capsulaire recouvrant la synoviale articulaire.
Le seul mouvement possible dans l’articulation axoïdo-atloïdienne est la rotation, qui s’effectue de la manière suivante : « Taxis reste immobile, et la première vertèbre, tirée de côté, principalement par le muscle grand oblique, roule autour du pivot odontoïdien, en entraînant la tête avec elle1 . »
(Région cervicale)
La colonne vertébrale ne décrit pas une ligne droite de la tête à l’extrémité postérieure du corps. Tout à fait en arrière, elle forme une inflexion à concavité inférieure répondant au plafond du bassin. Dans la région lombaire et la moitié postérieure de la région dorsale, elle est à peu près rectiligne et horizontale. Elle s’abaisse ensuite jusqu’à la région cervicale, où elle se relève en décrivant une courbure en S, dont le but est d’en faciliter l’étendue et les mouvements.
Examinée isolément, chaque articulation intervertébrale est le siège de mouvements assez obscurs ; mais, ajoutés à ceux des autres articulations, ces mouvements peuvent produire la flexion, l’extension, l’inclinaison latérale, et enfin, grâce à l’élasticité des fibro-cartilages intervertébraux, la rotation ou plutôt la torsion de la colonne vertébrale.
La mobilité de cette tige flexueuse varie, d’ailleurs, suivant les points que l’on examine.
Dans la région cervicale, l’absence presque complète d’apophyses épineuses, le grand développement des apophyses articulaires, de la tête et de la cavité postérieure des corps vertébraux, les caractères p. 392spéciaux du ligament cervical et des différents liens articulaires qui, au lieu d’être constitués par du tissu fibreux blanc, comme dans les autres points du rachis, sont entièrement formés de tissu fibreux jaune élastique, permettent à la tige vertébrale des mouvements très étendus et très variés, que facilite encore la direction en S de cette tige.
La région cervicale constitue, en somme, le levier mobile du rachis. Elle forme, de concert avec la tête, une sorte de balancier qui déplace facilement le centre de gravité, soit en avant, soit en arrière, soit sur les côtés, et donne, par suite des directions diverses qu’il prend, un point d’appui solide aux muscles qui s’y attachent.
Grâce à cette disposition et à l’organisation spéciale des articulations atloïdo-occipitale et axoïdo-atloïdienne, la tête peut se porter dans tous les sens, prendre toutes les directions, et modifier ainsi, au gré de l’animal, l’équilibre du corps.
Les quelques considérations dans lesquelles nous venons d’entrer permettront au lecteur de mieux se rendre compte pourquoi telle conformation de l’encolure est plutôt à rechercher que telle autre pour un service donné (voy. IIe partie, Encolure).
B. — Trachée
Sur le même plan médian que la tige cervicale, au bord inférieur de l’encolure, se trouve un tube flexible et élastique, la trachée (X, 1), succédant au larynx et se terminant au-dessus de la base du cœur par deux divisions qui constituent les bronches (voy. IIIe partie, chap. II, § 2, I, Face latérale du tronc et cavité thoracique).
La trachée représente un cylindroïde déprimé de dessus en dessous, et plus spacieux à ses deux extrémités qu’à son centre. Elle est formée de cinquante à cinquante-deux anneaux cartilagineux incomplets, placés les uns au-dessous des autres, unis par un ligament intermédiaire, et recouverts en dedans par une membrane musculeuse à fibres transversales, qui, en se contractant, jouit de la propriété de les resserrer. Cette membrane charnue est elle-même tapissée par une membrane muqueuse, continue avec celle du larynx, mais incomparablement moins sensible.
Chacun des cerceaux trachéaux figure un cercle interrompu du p. 393côté de la face supérieure de la trachée, où il se termine par deux extrémités aplaties, qui se rejoignent ou se superposent, et peuvent, en glissant l’une sur l’autre, élargir ou resserrer le conduit trachéal.
Du larynx, la trachée descend, en suivant le bord inférieur de l’encolure, jusqu’à l’entrée de la poitrine ; arrivée là, elle passe entre les deux premières côtes (X, L) et pénètre dans la cavité thoracique, où nous la retrouverons quand nous examinerons cette région.
Dans tout son trajet, elle est placée au-dessous du muscle long du cou (X, 6), qui la sépare des vertèbres cervicales2 .
En avant et latéralement, elle se trouve enveloppée comme dans une gouttière, par la plupart des muscles de la région trachôlienne : les sterno-hyoïdiens et thyroïdiens, les sterno-maxillaires, les omoplat-hyoïdiens, les scalènes et l’expansion superficielle qui constitue le peaucier du cou.
Cette enveloppe présentant son minimum d’épaisseur en avant de la moitié supérieure de la région du cou, c’est cet endroit que l’on choisit comme lieu d’élection de la trachéotomie, opération qui a pour but d’ouvrir la trachée et d’introduire dans l’ouverture un tube spécial, permettant l’entrée de l’air extérieur dans le poumon, sans passer par les cavités nasales et le larynx, quand ceux-ci sont obstrués par une cause quelconque (tumeurs, abcès, inflammation du larynx ou du pharynx, etc.), et que l’animal est menacé d’asphyxie. C’est pour cette raison aussi que l’on comprime la base du larynx ou les premiers cerceaux de la trachée quand on veut faire tousser le cheval.
La trachée reçoit un grand nombre de nerfs et de petites artérioles.
Rôle de la trachée dans la respiration.
La trachée n’a pas d’autre rôle à remplir dans la respiration que de servir de tube conducteur à l’air inspiré ou expiré. La résistance et les propriétés de ses cerceaux ne lui permettent pas de se déprimer p. 394ou de s’affaisser sur elle-même par la pression atmosphérique, au moment où la tension des fluides intérieurs est diminuée.
C. — Œsophage
Situé derrière la trachée jusque vers le milieu du cou, puis au côté gauche du tube aérien à partir de là, l’œsophage (X, 2) pénètre ainsi dans la cavité thoracique, en passant au côté interne de la première côte gauche, se replace bientôt au-dessus de la trachée, franchit la base du cœur et gagne l’ouverture du pilier droit du diaphragme, comme nous le verrons plus loin (Voy. IIIe partie, chap. II, § 2, I, Face latérale du tronc et cavité thoracique).
C’est un long canal membraneux, contractile, dilatable, s’étendant, du pharynx à l’estomac, auquel il conduit les aliments.
Deux tuniques entrent dans la constitution de l’œsophage : une charnue, externe, et une muqueuse, interne, disposées en forme de tubes superposés.
La membrane charnue est composée de fibres longitudinales superficielles et de fibres spiroïdes ou circulaires plus profondes. Elle présente la couleur rouge des muscles de la vie animale dans toute sa portion cervicale, la seule que nous ayons à examiner pour le moment.
La membrane muqueuse, continue avec celle du pharynx et de l’estomac, présente de nombreux plis longitudinaux qui permettent la dilatation du canal. Elle n’adhère que faiblement à la tunique musculeuse et jouit de peu de sensibilité.
Ces deux membranes sont toujours affaissées sur elles-mêmes, hormis le temps du passage des aliments.
Dans son trajet cervical, le tube œsophagien est longé, de chaque côté et en haut, par l’artère carotide accompagnée de ses nerfs satellites : le cordon commun au grand sympathique et au pneumogastrique, et le laryngé inférieur ; en bas, l’œsophage n’est plus en rapport qu’avec les vaisseaux et les nerfs ci-dessus du côté gauche, y compris la veine jugulaire (Voy. IIIe partie, chap. II, appendice, Grand sympathique).
Rôle de l’œsophage dans la digestion.
L’œsophage est chargé du transport des aliments de l’arrière bouche dans l’estomac. Ce transport, qui constitue le troisième temps p. 395de la déglutition, s’opère à l’aide de contractions des fibres spiroïdes de la membrane charnue.
D. — Vaisseaux et nerfs
Le sang est amené dans le cou par les artères dorsale, cervicale supérieure, vertébrale, cervicale inférieure, branches collatérales des deux troncs brachiaux ou artères axillaires qui terminent l’aorte antérieure (fig. 142 du texte).
Indépendamment de toutes ces branches, on trouve encore, de chaque côté du cou, une artère extrêmement importante, la carotide primitive (X, 4, et fig. 141 du texte, 14), dont il a déjà été plusieurs fois question dans ce paragraphe.
Ce vaisseau naît de l’artère axillaire droite (fig. 141 du texte, 3) par un tronc commun, le tronc céphalique, qui se dirige en avant, sous la face inférieure de la trachée, pour se terminer, vers l’entrée de la poitrine, par une bifurcation qui commence les deux carotides primitives. Chacune de celles-ci monte ensuite le long du tube trachéal, d’abord au-dessous de ce tube, puis sur le côté, et enfin en arrière ; arrivée près du larynx, la carotide se divise, ainsi que nous l’avons vu, en trois branches : les artères occipitale, carotide interne et carotide externe (Voy. IIIe partie, chap. Ier, Tête, appendice, II, Vaisseaux artériels) [•] .
Outre ses connexions avec la trachée et la jugulaire, sur lesquelles nous nous sommes suffisamment étendu à propos des plans précédents, l’artère carotide primitive est accompagnée par le nerf récurrent et le cordon qui résulte de la réunion du pneumogastrique avec le grand sympathique (Voy. IIIe partie, chap. II, appendice, Grand sympathique).
Quant aux nerfs qui se distribuent dans les différentes parties de la région qui nous occupe, ils émanent de la mœlle par deux ordres de racines, les unes motrices, les autres sensitives, et sortent, comme tous les nerfs rachidiens, par les trous de conjugaison (Voy. IIIe partie, Mœlle épinière). On les distingue sous la dénomination générale de nerfs cervicaux (8 paires).p. 396
Fig. 142. — Artères du cou.
§ 2. - Tronc proprement dit
Le tronc, d’après la division que nous avons adoptée, comprend tout le corps du cheval en dehors de la tête, de l’encolure et des membres. Il est partagé intérieurement en deux grandes cavités : la cavité thoracique et la cavité abdominale, par le diaphragme, vaste cloison musculo-aponévrotique dirigée obliquement de haut en bas et d’arrière en avant.
Ou lui reconnaît deux faces latérales, une face supérieure, une face inférieure, une extrémité antérieure et une extrémité postérieure.
I. Face latérale du tronc et thorax
(Pl. IX).
La région latérale du tronc s’étend à peu près, d’avant en arrière, de la première côte à la face antérieure du membre abdominal ; de haut en bas, de la ligne dorso-lombaire à celle qui, suivant les bords latéraux du sternum, se terminerait à l’articulation fémoro-rotulienne.
Elle répond, en somme, aux régions étudiées à l’extérieur sous les noms de côtes et de flanc, et se trouve en grande partie constituée par la face latérale correspondante du thorax, espèce de cage osseuse logeant le poumon, le cœur, les gros vaisseaux qui partent de cet organe ou qui s’y rendent, etc.
Suspendue sous la partie moyenne du rachis, la cage thoracique a pour base les côtes, le sternum, le corps des vertèbres dorsales, et se trouve transformée en cavité close par le diaphragme et les muscles intercostaux recouverts eux-mêmes par plusieurs plans musculaires que nous passerons successivement en revue.
Sa forme est celle d’un cône creux couché horizontalement, déprimé d’un côté à l’autre, surtout en avant, entre les deux épaules, et dont la base, constituée par le diaphragme, se trouve coupée très obliquement, en raison même de la direction de ce muscle.
Grâce à son aplatissement antérieur, on peut reconnaître six faces à cette région : deux latérales, une inférieure, une supérieure, une antérieure ou sommet, et une postérieure ou base.
p. 398C’est par l’une de ses faces latérales que nous pénétrerons à l’intérieur de la cavité thoracique.
I. — Premier plan
Pannicule charnu et veine de l'éperon
Si on enlève la peau recouvrant la région latérale du tronc, on aperçoit tout d’abord une large expansion musculaire formant à elle seule le premier plan de la planche IX.
Cet immense muscle, désigné sous le nom de pannicule charnu (1), fait trémousser, en se contractant, la peau qui recouvre le tronc, et empêche ainsi les insectes de venir se poser sur le corps.
À sa surface rampe la veine de l’éperon ou sous-cutanée thoracique (2), importante à connaître en ce sens qu’on y pratique quelquefois la saignée, et qu’elle peut être blessée par l’éperon du cavalier.
II. — Deuxième plan
Muscle trapèze
Immédiatement au-dessous du pannicule charnu, en avant, on trouve le muscle trapèze, avec ses portions cervicale (2) et dorsale (1).
Ce muscle ayant été précédemment décrit (Voy. IIIe partie, chap. Ier, § 1, Cou), nous nous contenterons de le signaler ici. D’ailleurs, une seule de ses divisions, la portion dorsale, appartient au tronc.
III. — Troisième plan
Muscle grand dorsal
Également sous le pannicule charnu, un peu en arrière du muscle précédent, et sur un plan légèrement plus profond, on rencontre le muscle grand dorsal (III), qui s’attache supérieurement aux vertèbres lombaires et dorsales, intérieurement, à latubérosité deltoïdienne de l’humérus.
Il porte le bras et l’épaule en arrière et en haut.
IV. — Quatrième plan
Os de l'épaule, muscles rhomboïde, angulaire ed l'omoplate et grand dentelé
Les muscles grand dorsal et trapèze recouvrent en partie le quatrième plan. Celui-ci comprend l’os de l’épaule, encore appelé ou omoplate (IV), les muscles rhomboïde (2), angulaire de l’omoplate (3) et grand dentelé (1).
Le scapulum devant être décrit à propos des membres antérieurs, et les muscles rhomboïde et angulaire ayant été examinés en même temps que l’encolure, nous n’en parlerons pas ici.
Quant au grand dentelé, attaché à la face externe des huit côtes sternales et sur la face interne de l’omoplate, son rôle est assez complexe : il constitue, avec celui du côté opposé, une large soupente sur laquelle s’appuie le thorax. De plus, quand il se contracte, son point fixe étant au thorax, il tire l’extrémité supérieure de l’épaule en bas et en arrière, tandis que l’angle scapulo-huméral se porte en haut et en avant. S’il prend son point fixe au scapulum, il soulève le thorax et facilite les mouvements d’inspiration en ramenant en avant et élevant les côtes.
Verso. — Si nous relevons l’épaule, nous voyons sa face interne recouverte par les attaches scapulaires des muscles compris dans le quatrième plan ; nous voyons, en outre, le sommet ou bec de l’apophyse coracoïde (A) se détacher du reste de l’os et se recourber en dedans.
V. — Cinquième plan
Muscle grand oblique de l'abdomen
À peu près sur le même plan que le grand dorsal, mais plus bas et plus en arrière, se trouvent la portion charnue du muscle grand oblique ou oblique externe de l’abdomen (1), et une partie de son aponévrose (2). Celle-ci n’est figurée, dans la planche IX, que jusqu’à la partie inférieure de la face latérale du tronc. La portion visible est, d’ailleurs, limitée à ce point par la coupe de la tunique abdominale (3).
Recouverte par le pannicule charnu, la partie musculaire s’attache sur l’aponévrose du grand dorsal et à la face externe des treize ou p. 400quatorze dernières côtes, où elle s’entre-croise avec les dentelures du grand dentelé.
Nous reviendrons sur ce muscle quand nous étudierons la face inférieure du tronc.
VI. — Sixième plan
Muscle petit dentelé antérieur
À la face interne du plan précédent, en haut et en avant de la région latérale du thorax, nous trouvons une expansion musculaire mince, le petit dentelé antérieur (VI) constituant le sixième plan. Dirigé d’avant en arrière et de haut en bas, ce muscle s’attache supérieurement, par sa portion aponévrotique, sur les apophyses épineuses des douze côtes qui suivent la première ; inférieurement, par sa portion charnue découpée en neuf festons irréguliers, sur le bord des neuf côtes qui suivent la quatrième.
Il agit dans l’inspiration en ramenant les côtes en avant et en haut.
VII. — Septième plan
Muscle petit dentelé postérieur
Presque sur le même plan que l’expansion musculaire précédente, mais plus en arrière, on en trouve une autre absolument semblable ; c’est le muscle petit dentelé postérieur (VII). Il diffère du petit dentelé antérieur en ce que ses fibres sont dirigées de haut en bas et d’arrière en avant. Grâce à cette particularité, il agit dans l’expiration en ramenant les côtes en arrière et en haut.
VIII. — Huitième plan
Côtes. Muscles intercostaux internes et externes, ilio-spinal, transversaire épineux du dos et des lombes, intertransversaires des lombes et intercostal commun.
Le huitième plan nous montre à nu la face externe des côtes (A) ; au nombre de dix-huit chez le cheval, pour chacune des moitiés latérales du thorax, celles-ci sont des os allongés, asymétriques, obliques de haut en bas et d’avant en arrière, aplatis d’un côté à l’autre, courbés en arc, et divisés en une partie moyenne et deux extrémités.
La partie moyenne offre deux faces et deux bords.
p. 401La face externe, convexe, est creusée en large gouttière ; la face interne, concave, est lisse et tapissée par la plèvre.
L’extrémité supérieure porte deux éminences : une tête et une tubérosité, qui servent à l’appui de la côte sur le rachis, en s’articulant avec deux vertèbres dorsales.
L’extrémité inférieure répond à un cartilage qui termine la côte en bas, le cartilage costal.
C’est justement grâce à la disposition variable de ce cartilage que les côtes se divisent en deux catégories : 1° les côtes sternales ou vraies côtes, au nombre de huit, dont le cartilage de prolongement s’articule directement sur le sternum ; 2° les côtes asternales, ou fausses côtes, au nombre de dix, qui s’appuient les unes sur les autres par l’extrémité inférieure de leur cartilage, dont le premier seul s’unit, d’une manière étroite, au dernier cartilage sternal, lequel donne ainsi à toutes les côtes asternales un appui indirect sur le sternum.
Considérées en masse, les côtes se distinguent les unes des autres par les principaux caractères suivants : 1° leur longueur augmente de la première à la neuvième, et diminue ensuite progressivement jusqu’à la dernière ; 2° la courbe décrite par chacune d’elles est d’autant plus brève et plus prononcée que la côte est plus postérieure.
Les côtes sont réunies entre elles par deux plans de muscles : les intercostaux externes (1. 1. 1) et les intercostaux internes (2. 2), qui transforment la cage thoracique en cavité close. On n’est pas encore bien fixé sur le rôle des intercostaux dans les actes respiratoires ; toutefois, la plupart des physiologistes considèrent les intercostaux externes comme des inspirateurs ; mais, pour les intercostaux internes, les opinions sont absolument partagées.
En haut des côtes, et sur le même plan, le long de l’épine dorsolombaire, depuis l’angle externe de l’ilium (X. E) jusqu’aux dernières vertèbres cervicales (Voy. IIIe partie, chap. Ier, § 1, Encolure) [•] , s’étend le muscle ilio-spinal (3, 4), le plus puissant et le plus complexe de l’économie.
Aplati de dessus en dessous dans sa moitié postérieure, il présente là ce qu’on appelle la masse commune chez l’homme.
Il étend la colonne vertébrale et la rend ainsi suffisamment rigide pour la transformer en une tige inflexible susceptible de pivoter sur la tête du fémurp. 402 par l’intermédiaire des coxaux, dans certaines actions, le cabrer par exemple. Il peut également jouer le rôle d’expirateur.
Entre l’ilio-spinal et les vertèbres dorso-lombaires existent encore deux autres muscles : le transversaire épineux du dos et des lombes et l’intertransversaire des lombes, invisibles sur la planche IX, cachés qu’ils sont par le muscle précédent.
Le transversaire épineux dorso-lombaire est un très long muscle appliqué contre l’épine sus sacrée et dorso-lombaire, et continué en avant par le transversaire épineux du cou, dont il ne diffère que par sa situation.
C’est un extenseur du rachis.
Quant aux intertransversaires des lombes, ce sont de très petits muscles remplissant les intervalles compris entre les apophyses transverses des vertèbres lombaires.
En se contractant, ils inclinent de côté la région des lombes.
Plus bas, accolé au bord externe de l’ilio-spinal et recouvrant l’articulation vertébrale des côtés, se trouve l’intercostal commun (5), muscle formé de faisceaux tendineux dirigés obliquement en avant, en dehors et en bas, naissant et se terminant sur la face externe des côtes.
Son rôle est identique à celui de l’ilio-spinal.
Le verso du huitième plan, immédiatement en contact avec les organes de la cavité thoracique, fait voir la face interne des côtes (A. A) et les muscles intercostaux internes (1. 1. 1).
Cavité Thoracique.
Nous voici dans l’intérieur de la cavité thoracique, mise complètement à découvert avec les organes qu’elle renferme : les poumons, le cœur, les gros vaisseaux, etc.
La surface intérieure de cette cavité conique peut se diviser, comme la cage thoracique elle-même, en six régions : une supérieure, une inférieure, deux latérales, une postérieure ou base, une antérieure ou sommet.
Le plan supérieur présente, sur la ligne médiane, une forte saillie résultant de la réunion des corps vertébraux.
Le plan inférieur, plus court et plus étroit que le précédent, a pour base la face supérieure du sternum.
p. 403Les plans latéraux se trouvent constitués par la face interne des côtes et les muscles intercostaux internes.
La paroi postérieure répond à la face convexe du diaphragme.
Le sommet (entrée du thorax) représente une ouverture ovalaire comprise entre les deux premières côtes.
Plèvres. — La cavité thoracique est pourvue d’un revêtement séreux constitué par deux membranes distinctes désignées sous le nom de plèvres. Adossées l’une à l’autre sur le plan médian pour former une cloison dite médiastin, divisant la cavité thoracique en deux compartiments latéraux, les plèvres représentent deux sacs absolument séparés. Après avoir tapissé une des parois costales de la cavité du thorax et la moitié correspondante du diaphragme, chaque plèvre se replie sur la ligne médiane pour concourir, avec celle du côté opposé, à la formation du médiastin (feuillet pariétal) ; de là elle se porte sur le poumon, qu’elle enveloppe complètement (feuillet viscéral).
À l’état sain, la cavité pleurale est vide et les plèvres sont tout simplement lubrifiées par un fluide séreux qui facilite le glissement du poumon sur les parois de la cavité thoracique dans les mouvements respiratoires. Mais, par suite d’une irritation quelconque (coups, refroidissement, etc.), la séreuse peut s’enflammer, sécréter une quantité anormale de liquide, et la cavité qu’elle tapisse se trouver plus ou moins remplie par ce liquide, auquel on voit souvent mélangés des globules de pus. Cet état inflammatoire des plèvres est connu sous le nom de pleurésie.
Chose digne de remarque, la pleurésie, chez le cheval, atteint généralement les deux sacs pleuraux en même temps, grâce à la disposition particulière de la cloison médiastine, qui est découpée à jour dans sa partie postérieure.
Chez l’homme, et la plupart des autres animaux domestiques, le médiastin étant fermé, la pleurésie est, au contraire, ordinairement simple.
Autre particularité non moins remarquable : la pleurésie, relativement bénigne chez l’homme, est presque toujours mortelle chez le cheval, les séreuses de cet animal étant toutes d’une extrême sensibilité.
Si, par suite de l’ouverture d’un abcès pulmonaire à l’extérieur, une communication s’établit entre un conduit bronchique quelconque p. 404et la cavité pleurale, il se produit ce qu’on est convenu d’appeler le pneumo-thorax ou l’hydro-pneumo-thorax. Ces affections peuvent également être la suite d’une blessure pénétrante de la paroi thoracique.
On soutire quelquefois le liquide de la pleurésie au moyen de l’opération de la thoracentèse ou empyème.
IX. — Neuvième plan
Poumons
Les côtes et les intercostaux relevés, nous apercevons tout d’abord le poumon gauche (face externe) constituant à lui seul le premier plan des viscères thoraciques.
Le poumon, organe essentiel de la respiration, est un viscère spongieux divisé en deux moitiés latérales indépendantes, occupant chacune un des sacs pleuraux. Par suite de cette disposition, on distingue à volonté deux poumons ou deux lobes pulmonaires : l’un droit, l’autre gauche. Les poumons, dans leur ensemble, affectent la forme de la cavité thoracique ; chacun d’eux offre à étudier : une face externe, une face interne, une base, un sommet, un bord supérieur, un bord inférieur, un bord postérieur.
La face externe (IX) est convexe et se moule sur la paroi interne des côtes ; c’est la seule visible au recto du neuvième plan.
La face interne, que nous examinerons tout à l’heure au verso de ce plan, est verticale et séparée du poumon opposé par le médiastin.
Ces faces sont réunies par le bord supérieur et le bord inférieur. Celui-ci offre cette particularité, dans le lobe gauche, qu’il est plus échancré au niveau du cœur que dans le lobe droit.
Le sommet de chaque poumon, situé derrière la première côte, représente une espèce d’appendice détaché constituant le lobule antérieur (1).
La base répond au diaphragme et se trouve circonscrite par le bord postérieur.
Le tissu pulmonaire a une belle couleur rosée chez l’adulte. Il est très élastique et très léger ; plongé dans l’eau, il surnage. Cette propriété est due à la présence de l’air dans les vésicules pulmonaires, ainsi que le prouve le poumon du fœtus qui n’a pas encore respiré, dans lequel on insuffle de l’air : plus lourd que l’eau avant cette opération,p. 405 il devient alors plus léger et surnage sur l’eau comme le poumon de l’adulte.
Le tissu pulmonaire est partagé en un nombre considérable de petits lobules polyédriques, dont l’organisation explique jusqu’à un certain point les propriétés physiques du poumon. Il est à remarquer que, grâce au peu d’épaisseur des cloisons interlobulaires, cette segmentation en lobules est beaucoup moins évidente extérieurement que chez l’homme.
Chaque lobule reçoit un tuyau bronchique qui se prolonge dans son intérieur par plusieurs branches formant des culs-de-sac sur lesquels s’ouvrent les vésicules élémentaires dites vésicules pulmonaires.
Les poumons sont en communication avec les premières voies respiratoires, les cavités nasales et le larynx, par la trachée (X, 13), tube flexible formé d’une suite d’anneaux incomplets (Voy. IIIe partie, chap. II, § 1, Cou), se terminant au-dessus de la base du cœur par deux divisions qui constituent les bronches (verso, 4). Branches terminales du tube trachéal, chacune de celles-ci se plonge dans l’épaisseur du poumon pour s’y diviser en une multitude de rameaux dont les plus ténus s’abouchent dans les vésicules pulmonaires ; d’où la dénomination d’arbres bronchiques donnée à ces deux troncs.
Parallèlement aux bronches rampent dans le tissu propre du poumou : l’artère et les veines pulmonaires (X, 19, 20), les artères et les veines bronchiques, des vaisseaux lymphatiques et des divisions des nerfs pneumogastrique et grand sympathique. Ces vaisseaux et ces nerfs se résolvent en fins ramuscules sur les cloisons de séparation des lobules et des vésicules pulmonaires.
En jetant un coup d’œil sur le verso du plan IX, on voit non seulement l’endroit exact où pénètrent la bronche (4), l’artère et les veines pulmonaires gauches (5, 6), dont la réunion au point de pénétration constitue les racines pulmonaires ; mais encore différentes dépressions de la face interne du lobe pulmonaire du même côté, qu’il nous reste à examiner : la plus antérieure de ces dépressions (1) sert à loger le cœur ; les deux autres (2, 3), dirigées d’avant en arrière, reçoivent : l’inférieure, l’œsophage (gouttière œsophagienne) ; la supérieure, l’aorte postérieure (gouttière aortique).
Dans l’inflammation du poumon, ou pneumonie, le tissu propre prend une teinte plus foncée, devient plus dense, moins élastique, etc. p. 406Il présente alors l’aspect du tissu hépatique ; d’où le nom d’hépatisation que l’on a donné à la partie du poumon enflammée. Dans ce cas, si l’on en jette un morceau dans un vase rempli d’eau, il tombe au fond du vase.
Le peu de détails dans lesquels nous sommes entré relativement aux caractères physiques et anatomiques du poumon vont nous permettre d’aborder l’étude des fonctions physiologiques de cet organe.
Respiration.
La respiration est la fonction physiologique par laquelle l’air, d’abord appelé dans le poumon pour servir à l’hématose, ou transformation du sang veineux en sang artériel, en sort ensuite privé d’une partie de son oxygène et chargé d’un excès d’acide carbonique.
Il résulte de cette définition que nous devons étudier dans la respiration : d’abord les phénomènes mécaniques, qui donnent lieu au renouvellement et à la sortie de l’air du poumon ; ensuite, les phénomènes chimiques, qui résultent du contact de l’air avec le sang.
Les actes qui donnent lieu au renouvellement de l’air dans le poumon, qui l’appellent dans cet organe et l’en expulsent, constituent le mécanisme respiratoire, lequel comprend deux actions opposées : l’inspiration et l’expiration.
Les agents des mouvements respiratoires appartiennent à trois espèces distinctes : 1° les os du thorax, dont l’action est toute passive ; 2° les muscles moteurs de cet appareil, qui sont actifs ; 3° les nerfs, qui agissent comme régulateurs des mouvements d’inspiration et d’expiration.
1° Inspiration. — L’inspiration consiste dans la dilatation simultanée des naseaux, du larynx, de la trachée, des bronches et du thorax, dont le diamètre transversal et le diamètre longitudinal s’agrandissent : le premier, par le mouvement des côtes, qui sont portées en avant et en dehors ; le second, par le mouvement rétrograde ou mieux par la contraction du diaphragme.
C’est à la contraction des muscles sus-costaux, intercostaux, inter-costalp. 407 commun, et petit dentelé antérieur, que les côtes doivent d’être mises en mouvement.
Dans les inspirations profondes, nécessitées, soit par un effort violent, soit par une affection quelconque de l’appareil respiratoire, telles que la pousse outrée, l’asphyxie, etc., où il y a gène respiratoire, dyspnée ou orthopnée, les muscles inspirateurs ordinaires sont aidés dans leur action par le grand dentelé (les pectoraux, le grand dorsal, etc., n’agissent pas, comme chez l’homme), à condition, toutefois, que le cheval soit dans la station verticale, les membres solidement appuyés sur le sol donnant de la fixité aux attaches scapulaires du muscle.
L’inspiration énergique qui précède l’effort est généralement suivie d’un temps d’arrêt plus ou moins prolongé pendant lequel l’ouverture du larynx se ferme complètement ; de sorte que le thorax, comprimant l’air qui ne peut s’échapper, forme un solide point d’appui aux muscles qui doivent entrer en action.
L’effet des muscles précédents est continué par la contraction ou l’effacement du diaphragme, qui agrandit ainsi, non seulement le diamètre longitudinal du thorax, mais aussi son diamètre transversal par suite de la réaction des viscères abdominaux qui, refoulés en arrière et en dehors, tendent à écarter les hypochondres et la partie inférieure des dernières côtes.
Chez le cheval, il n’y a pas d’agrandissement sensible du diamètre vertébro-sternal, comme cela a lieu d’une façon si prononcée chez l’homme.
En même temps que la cage thoracique s’agrandit d’un côté à l’autre et d’avant en arrière, le poumon se dilate par suite du vide qui existe, à l’état normal, entre sa face externe et les parois internes du thorax. Or, de l’ampliation de la cavité du poumon résultent une raréfaction de l’air intérieur, une différence de pression entre celui-ci et l’air extérieur, qui en profite alors pour faire irruption dans le réservoir pulmonaire.
Quand la respiration est calme, il n’entre qu’un litre ou un litre et demi d’air à chaque inspiration ; mais, comme le poumon en conserve, après l’inspiration achevée, environ huit litres, il s’ensuit que l’air de la cavité pulmonaire ne se renouvelle totalement qu’après use série d’inspirations.
Le rôle des naseaux, du larynx et de la trachée ayant été précédemmentp. 408 examiné (Voy. IIIe partie, Tête et Cou), nous n’y reviendrons pas ici.
2° Expiration. — Après s’être dilaté pour faire affluer dans le poumon une nouvelle quantité d’air, le thorax revient sur lui-même pour en chasser une quantité à peu près égale qui a servi à l’hématose. Cet acte, diamétralement opposé au précédent, constitue l’expiration. Son exécution se traduit par une réduction des deux grands diamètres du thorax.
Dans le resserrement selon le sens transversal, les côtes, qui s’étaient portées en dehors et en avant, reviennent en arrière et en dedans. Ce mouvement de retrait s’accomplit presque sans le secours des muscles, par la seule élasticité des parties dilatées. Les puissances musculaires préposées à l’abaissement des côtes n’interviennent guère qu’à titre d’agents complémentaires et régulateurs. Ces puissances sont représentées par les muscles petit dentelé postérieur, intercostal commun, transversal des côtes, triangulaire du sternum, abdominaux et intercostaux internes (si toutefois ces muscles agissent réellement dans l’expiration).
Le resserrement du thorax dans le sens longitudinal est dû au retour du diaphragme à sa forme primitive, à la réaction des viscères abdominaux, qui reprennent leur situation et leur volume primitifs. Les muscles abdominaux n’interviennent que faiblement, pour aider à la réaction passive des intestins.
En même temps que le thorax reprend son volume primitif, le poumon revient sur lui-même par le triple effet de sa propre élasticité, de la contraction du tissu musculaire, des ramifications bronchiques, et enfin du jeu des parois thoraciques.
Toutefois, dans l’emphysème pulmonaire, par suite de la dilatation outrée des vésicules, celles-ci ont perdu leur élasticité, et le poumon, dans les points emphysémateux, revient difficilement sur lui-même ; il en résulte une gêne de la respiration se traduisant à l’extérieur par certains symptômes que nous examinerons en parlant du rhythme des mouvements respiratoires.
Le retrait de la cavité thoracique et du poumon est suivi d’un léger resserrement de la trachée et de l’ouverture du larynx.
Par suite d’une irritation quelconque des bronches, de la trachée, du larynx, ou même de la muqueuse nasale, il se produit souvent unep. 409expiration violente, dont l’effet est d’entraîner au dehors les mucosités ou tout autre corps étranger qui auraient pu s’introduire dans les premières voies respiratoires. Cette expiration violente constitue, ou la toux, ou l’ébrouement.
Chez le cheval, l’air ne revenant jamais des poumons dans la bouche, c’est par les naseaux seuls qu’il sort, ainsi que les matières de l’expectoration. Dans la toux, il vient vibrer contre la glotte et le voile du palais. Dans l’ébrouement, il vibre surtout contre les parois supérieures des cavité nasales.
3° Rhythme de l’inspiration et de l’expiration. — Pour bien saisir le rhythme normal des mouvements respiratoires, il faut soumettre le cheval à un léger exercice. On reconnaît facilement alors : 1° que l’inspiration est plus courte que l’expiration3 ; 2° qu’il y a une pause très courte entre l’inspiration et l’expiration ; 3° qu’entre 5, 6 et 7 respirations de même étendue, il s’en opère une beaucoup plus profonde ; 4° que certaines affections modifient profondément le rhythme des mouvements respiratoires ; c’est ainsi que dans l’emphysème pulmonaire, cause ordinaire de cet ensemble de symptômes qu’on désigne sous le nom de pousse, l’expiration se fait en deux temps, entre lesquels il y a un arrêt ou un soubresaut particulier : l’hypochondre et le flanc, après avoir effectué la moitié de leur abaissement, s’arrêtent, rebondissent légèrement, pour descendre de nouveau jusqu’à leur limite ordinaire.
D’autres conditions peuvent influer sur le nombre des respirations ; tels l’âge, la température, l’état de repos ou d’activité musculaire, les impressions morales, la veille, le sommeil, le travail digestif, une foule d’états pathologiques, etc. C’est ainsi que l’on compte 10 à 12 mouvements respiratoires chez les jeunes chevaux, tandis qu’on n’en trouve plus que 9 ou 10 à l’âge adulte.
L’exercice, au contraire, augmente le nombre des mouvements dans une proportion considérable. Un cheval au repos, qui respire 10 fois par minute, respirera 30, 40, 70, 90 fois, et même plus, si on lui fait exécuter un certain temps de trot ou de galop. Il est à remarquer que, pendant l’exercice, la respiration n’est pas très accélérée ; ce n’est, qu’après, quand le cheval est au repos, qu’on voit p. 410s’élever rapidement le nombre des mouvements respiratoires.
4° Murmure respiratoire. — À l’état normal, l’air, en entrant dans le poumon et en sortant de cet organe, détermine un bruit particulier, une espèce de souffle léger appelé murmure respiratoire. Dans les affections de l’appareil respiratoire, les caractères de ce bruit s’altèrent (souffle tubaire, bruit de souffle). C’est sur les variations des bruits qu’on peut percevoir en appliquant l’oreille sur les parois latérales du thorax que le célèbre médecin français Laënnec a basé sa méthode de l’auscultation.
Les phénomènes qu’il faut examiner maintenant résultent du contact médiat de l’air atmosphérique, introduit pendant l’inspiration dans les vésicules pulmonaires, et du fluide sanguin qui traverse les fines parois de ces vésicules.
L’air qui pénètre dans le poumon contient près de 21 parties d’oxygène, 79 d’azote, 4 à 5 millièmes d’acide carbonique et une proportion variable de vapeur d’eau. En arrivant dans les vésicules pulmonaires, il fait subir au sang divers changements physiques et chimiques.
L’oxygène atmosphérique, séparé du sang seulement par les parois extrêmement déliées des vaisseaux qui se ramifient à la surface de la muqueuse des vésicules pulmonaires, traverse ces membranes minces et humides en vertu des lois qui régissent les phénomènes d’osmose, se mélange au sang noir ou veineux qui arrive au poumon par l’artère pulmonaire, et le transforme en sang rouge, vermeil ou artériel.
Le sang qui traverse les capillaires du poumon, en même temps qu’il emprunte de l’oxygène à l’air (6 p. 100), lui rend, en échange, une certaine proportion d’acide carbonique résultant de la combustion qui s’opère au sein des tissus vivants (4 1/3 p. 100). On crut pendant longtemps que les phénomènes d’oxydation et de combustion avaient le poumon pour foyer exclusif. Depuis, on s’est rendu compte que ces phénomènes commencent dans le poumon pour se continuer dans toute l’étendue du système vasculaire, notamment dans les capillaires, et, en dehors des vaisseaux, dans la substance propre des divers tissus. Dans tous les cas, l’oxygène se combine avec le carbone que contient le sang ou que lui abandonnent les tissus vivants, et l’acidep. 411 carbonique engendré par cette combinaison est transporté par le sang veineux aux poumons, et ainsi de suite.
Par suite d’une des plus merveilleuses harmonies de la nature, le gaz que les animaux expirent et qui est impropre à l’entretien de leur vie, est justement le gaz nécessaire à l’entretien de la vie des plantes. Celles-ci l’absorbent par leurs feuilles, le décomposent, retiennent le charbon qui entre dans sa composition, et rejettent l’oxygène dans l’atmosphère.
La quantité d’acide carbonique versée dans l’air par le poumon étant à peu près de 200 litres par heure, on tire parti de cette donnée pour la ventilation des écuries.
L’air expiré a aussi acquis un léger excédent d’azote et de vapeur d’eau, en même temps qu’il a perdu 1/100 de son volume. La vapeur d’eau provient, en grande partie, de la volatilisation des fluides qui imprègnent la muqueuse des vésicules pulmonaires, des bronches, de la trachée, etc. ; c’est elle qui, dans les temps froids, produit ces deux colonnes de vapeur qu’on voit sortir des naseaux du cheval.
Enfin, on rencontre quelquefois encore, dans l’air qui sort des poumons, des substances volatiles accidentellement contenues dans le sang (éther, essence de térébenthine, etc.).
Asphyxie. — Quand le travail chimique de la respiration cesse ou se fait mal, il y a asphyxie. Celle-ci peut tenir, soit à l’insuffisance de l’oxygène dans le milieu où se trouvent les animaux, soit à la privation totale d’air, soit enfin à la présence d’une grande quantité d’acide carbonique. L’asphyxie produite par des gaz délétères est un véritable empoisonnement.
La première espèce d’asphyxie est celle qui se produit dans une atmosphère confinée, où l’oxygène s’épuise rapidement et se trouve emplacé par une quantité à peu près équivalente d’acide carbonique. Elle tend à se manifester dans tout local resserré et fermé ; c’est pourquoi il importe, à défaut d’espace, de faciliter le renouvellement de l’air que respirent les animaux par la ventilation.
Les phénomènes asphyxiques qu’on observe sur les hautes montagnes, par suite de la diminution de la pression atmosphérique, peuvent également être rangés dans la première espèce d’asphyxie.
Enfin, l’asphyxie par insuffisance d’air se produit encore dans les cas d’obstruction des canaux aériens, d’épanchement pleurétique abondant—p. 412 qui réduit le poumon à un très petit volume — de tuberculisation étendue.
La seconde espèce d’asphyxie se produit, soit dans le vide, soit par strangulation, soit par submersion.
L’asphyxie de la troisième espèce, due à la présence dans l’air d’un excès d’acide carbonique, tend à se produire, dans les conditions expérimentales, dès que le sang renferme 2 à 3 p. 100 d’acide carbonique.
Quel que soit le mode d’asphyxie, les symptômes sont les mêmes : malaise général ; naseaux dilatés ; mouvements respiratoires très accélérés ; yeux fixes, proéminents ; muqueuses apparentes rouge foncé ou violacées ; battements du cœur forts et tumultueux ; pouls petit et vite ; face grippée et pleine d’angoisse.
Puis, au dernier moment, les animaux s’agitent, se couchent, se relèvent et retombent enfin épuisés ; alors, les mouvements des côtes et des flancs s’affaissent, les mouvements du cœur deviennent très faibles, les sensations s’émoussent, la sensibilité disparaît, et les animaux s’éteignent au milieu d’un calme qui contraste avec l’agitation du début.
1° Centre nerveux respiratoire. — Les phénomènes mécaniques de la respiration sont des actes réflexes dont le centre nerveux se trouve dans le bulbe rachidien, près de l’origine des nerfs pneumogastrique et spinal.
Aussi, la destruction de ce centre, ou nœud vital, suspend-elle immédiatement le jeu de toutes les parties de l’appareil respiratoire.
2° Nerfs centripètes. — Les nerfs centripètes de la respiration sont tout d’abord les pneumogastriques, qui aboutissent au bulbe rachidien au niveau du nœud vital.
Ces nerfs transmettent à ce point les impressions vagues de la surface pulmonaire qui constituent le besoin de respirer.
Par ce fait même, leur section, comme celle du laryngé inférieur (Voy. IIIe partie, chap. 1er, tête, larynx), détermine la paralysie du larynx ; mais cette section des pneumogastriques a d’autres résultats que la paralysie de la glotte, puisque l’ouverture faite à la trachée n’empêche, dans aucun cas, l’animal de mourir au bout de 80 à 95 jours.
p. 413Toutefois, les pneumogastriques ne sont pas les seuls nerfs centripètes de la respiration, puisque leur section n’entraîne pas l’arrêt complet, au moins immédiatement, des phénomènes respiratoires. « Il y a d’autres voies sensitives qui viennent mettre en jeu le centre respiratoire, et d’autres surfaces que la surface pulmonaire servant de départ à ces nerfs centripètes. C’est la peau et ses nerfs qui jouent ce rôle... Si l’on couvre la peau d’un enduit imperméable, d’un vernis, on voit aussitôt la respiration s’affaiblir, se ralentir, s’arrêter même parfois, et en tout cas devenir insuffisante4 ... »
3° Nerfs centrifuges. — Quant aux nerfs centrifuges de la respiration, ils se distribuent dans les différents muscles inspirateurs et expirateurs.
X. — Dixième plan
Diaphragme. Poumon droit. Cœur. Aorte primitive et des principales divisions. Artère et veines pulmonaires. Veines caves antérieure et postérieure. Sternum. Vertèbres dorsales. Muscles long du cou, scalène, grand droit de l'abdomen et petit oblique de l'abdomen.
En relevant le lobe gauche du poumon, on met immédiatement à découvert : 1° le cœur et les gros vaisseaux qui procèdent de cet organe ou qui s’y abouchent ; 2° la face interne du poumon droit ; 3° le diaphragme ; 4° l’œsophage, la trachée, le sternum, le corps des vertèbres dorsales, et différents muscles.
Laissant un instant le cœur de côté pour l’examiner plus loin avec tous les détails que comporte son rôle dans la machine animale, nous allons tout d’abord passer successivement en revue chacune des autres parties qui entrent dans la composition du plan X.
Commençons par le diaphragme (7, 8, 9, 10), cette vaste cloison musculo-aponévrotique qui sépare la cavité thoracique de la cavité abdominale : c’est un muscle elliptique, dirigé de haut en bas et d’arrière en avant, concave sur sa face postérieure, convexe sur l’antérieure. Il comprend : 1° une partie centrale, aponévrotique, le centre phrénique (7, 8) ; 2° une portion charnue périphérique (9).
Le centre phrénique est partagé incomplètement en deux folio les par les piliers (10) du diaphragme, colonnes charnues descendant de la région sous-lombaire. Inférieurement, le pilier droit offre un trou qui p. 414laisse pénétrer l’œsophage (14) dans la cavité abdominale. De même, le pilier gauche présente, en haut, vers la ligne de séparation des deux piliers, un orifice destiné au passage de l’aorte postérieure (28) et du canal thoracique.
La portion charnue se continue par son bord concentrique avec l’aponévrose centrale. Son bord excentrique est divisé en dentelures s’attachant sur la face supérieure de l’appendice xiphoïde du sternum et sur la face interne des douze dernières côtes.
En se contractant, ce muscle tend à devenir plan et à agrandir le diamètre antéro-postérieur de la poitrine. C’est donc un inspirateur.
En avant du diaphragme, on voit la face interne du poumon droit, en partie cachée par le cœur et les gros vaisseaux artériels ou veineux.
Le lobe pulmonaire droit présente cette seule particularité qu’il est pourvu d’un lobule spécial (12) manquant du côté gauche.
Avant de pénétrer dans le cœur ou à la sortie de cet organe, les gros vaisseaux artériels et veineux parcourent une certaine partie de la cavité thoracique. C’est ainsi qu’en quittant le ventricule gauche, l’artère aorte, ou aorte primitive, se divise en deux branches principales : l’une se dirigeant en haut et en arrière, l’autre en avant. La première, ou aorte postérieure (28), gagne le côté gauche de la face interne du rachis, traverse l’anneau circonscrit par les deux piliers du diaphragme, et pénètre dans la cavité abdominale. Elle fournit, dans la cavité thoracique, treize artères intercostales (29, 29), s’échappant à angle droit de la branche principale et se divisant, à l’extrémité supérieure des espaces intercostaux, en deux branches : l’une inférieure, ou intercostale proprement dite, l’autre supérieure, ou dorsospinale.
La seconde branche aortique, l’aorte antérieure, se divise, à 5 ou 6 centimètres de son origine, en deux branches : les artères axillaires gauche et droite (22, 23), destinées aux membres antérieurs.
Dans son trajet thoracique, chacun de ces troncs artériels fournit quatre branches collatérales : trois supérieures, les artères dorsale (24), cervicale supérieure (25) et vertébrale (26) ; une inférieure, la thoracique interne, rampant à la face interne de la première côte et invisible, par ce fait même, sur le Xe plan.
À la sortie des artères axillaires de la cavité du thorax, au niveau de la première côte, deux branches se détachent encore de chacune p. 415d’elles : l’une en avant, la cervicale inférieure, cachée sur le Xe plan ; l’autre par en bas, la thoracique externe (27), que nous voyons contourner le bord antérieur de la première côte (A), pour se diriger ensuite en arrière et s’épuiser dans les muscles pectoraux.
De l’aorte primitive s’échappent encore les artères cardiaques droite et gauche, que nous examinerons en parlant du cœur.
Les veines caves antérieure (30) et postérieure, dont la première seule est figurée sur le plan X, doivent être considérées comme les veines correspondantes de l’aorte antérieure et de l’aorte postérieure. Elles suivent à peu près le même trajet dans la cavité thoracique.
Toujours sur le plan médian, entre les artères axillaires, dans une même direction que l’aorte et la veine cave antérieures, au-dessus des oreillettes (17, 18), se trouve la trachée (13), long tube flexible et élastique chargé d’apporter l’air extérieur aux poumons. (Voy. IIIe partie, chap. II, § 1, Cou.)
Plus haut que la trachée, le plan X figure encore un long canal membraneux, cylindrique, destiné à la conduite des aliments de l’arrière-bouche dans l’estomac : c’est l’œsophage, qui s’engage dans la cavité abdominale par l’ouverture du pilier diaphragmatique droit.
Quant à l’artère (19) et aux veines pulmonaires (20), nous connaissons suffisamment leur trajet dans le poumon pour qu’il soit inutile d’y revenir.
Enfin, le plan X nous montre aussi d’autres parties entrant directement ou indirectement dans la composition des parois thoraciques internes : en haut, ce sont les corps des douze dernières vertèbres dorsales (F. F), entre lesquels rampent les artères intercostales (29. 29).
Bien qu’aucun des plans de la Pl. IX ne nous fasse voir complètement les vertèbres dorsales, nous devons cependant, eu égard à leur rôle très complexe, en dire un mot ici. Il sera, d’ailleurs, facile au lecteur de nous suivre dans notre description en s’aidant de la pl. 1 (IIe plan) et de la fig. 1 du texte.
Outre les caractères communs à toutes les vertèbres (Voy. lre partie, Squelette), celles de la région dorsale, au nombre de 18, présentent certaines particularités que nous allons résumer :
Le corps, très court, est pourvu, en avant, d’une tête large, peu saillante, et, en arrière, d’une cavité peu profonde. Latéralement, à la base des apophyses transverses, on trouve quatre facettes articulaires, p. 416dont deux antérieures et deux postérieures qui, par leur réunion avec celles de la vertèbre voisine, forment une petite cavité pour loger la tête de la côte correspondante.
L’apophyse épineuse est très haute, aplatie d’un côté à l’autre, couchée en arrière et terminée par un sommet renflé. Les apophyses transverses, assez développées, sont dirigées obliquement en dehors et en haut. Les apophyses articulaires sont représentées par de simples facettes taillées sur la base même de l’apophyse épineuse.
Quant aux caractères qui peuvent servir à distinguer une vertèbre dorsale d’une autre, ils résident surtout dans la longueur différente des apophyses épineuses, dont les plus longues appartiennent aux troisième, quatrième et cinquième vertèbres ; tandis que celles qui suivent s’abaissent graduellement jusqu’à la dix-huitième.
Les articulations des vertèbres entre elles ayant été examinées dans le paragraphe précédent, nous n’y reviendrons pas ici.
Nous ne nous occuperons pas plus de la partie de l’axe central du système nerveux logée dans le canal rachidien, les détails que nous lui avons déjà consacrés nous paraissant très suffisants (Voy. IIIe partie, chap. Ier, Tête, Mœlle épinière). Nous dirons, toutefois, que les nerfsrachidiens, vertébraux ou spinaux, c’est-à-dire ceux qui émanent de la mœlle épinière et sortent du canal vertébral par les trous de conjugaison pour se porter aux organes, sont au nombre de 42 ou 43 paires ainsi réparties dans les cinq régions du rachis : 8 paires cervicales, 17 paires dorsales, 6 paires lombaires, 5 paires sacrées, et 6 ou 7 paires coccygiennes.
La face inférieure du corps des six premières vertèbres dorsales est recouverte par le muscle long du cou (6), qui y prend ses attaches postérieures. (Voy. IIIe partie, chap. II, § 1, Cou.)
En avant de la première côte (A), le long du cou est lui-même en partie recouvert par le muscle scalène (5), qui a été également étudié dans le paragraphe précédent.
Jusque-là, nous n’avons guère fait que nommer le sternum (D) ; il nous reste maintenant à entrer dans quelques détails à son sujet : c’est une pièce ostéo-cartilagineuse, allongée d’avant en arrière, comprimée d’un côté à l’autre, excepté en arrière, où elle est aplatie de dessus en dessous. On y reconnaît une face supérieure, deux faces latérales, trois bords et deux extrémités. La face p. 417supérieure sert de plancher à la cavité thoracique, tandis que chaque face latérale reçoit l’extrémité inférieure des huit cartilages des vraies côtes. Les deux bords latéraux séparent la face supérieure des faces latérales ; le bord inférieur, opposé à la face supérieure et très proéminent antérieurement, simule assez bien la carène d’un navire. L’extrémité antérieure constitue le prolongement trachélien du sternum ; l’extrémité postérieure, large palette cartilagineuse, a reçu la dénomination d’appendice iphoïde.
Le sternum ne donne appui, en définitive, qu’aux vraies côtes ; mais, comme les fausses côtes s’unissent par leurs cartilages costaux (C) au dernier cartilage sternal, il s’ensuit que le sternum sert d’appui indirect à l’extrémité inférieure de toutes les côtes.
Sur la face inférieure du sternum et les cartilages des quatre dernières côtes sternales et des premières asternales s’attache une large et puissante bande musculaire qui s’étend de là jusqu’au pubis ; cette bande représente le muscle grand droit de l’abdomen (3), dont nous parlerons plus longuement à propos de la planche X.
Plus en arrière et en dehors, au-dessous du grand oblique, recouvrant en partie le muscle précédent, s’étend le petit oblique ou oblique interne de l’abdomen (1), qui complète en arrière les parois latérales du tronc. Composé d’une portion charnue et d’une aponévrose antéro-inférieure, ce muscle occupe la région du flanc. Les fibres qui entrent dans la composition de sa portion charnue, étalées comme les rayons d’un éventail, partent de l’angle externe de l’ilium (E) et de l’arcade crurale pour rayonner vers le bord antéro-inférieur. Le bord supérieur de cette même portion charnue est uni par une épaisse production jaune élastique à un petit muscle particulier, le rétracteur de la dernière côte (2) (Retractor costae des Allemands), que certains auteurs considèrent comme une dépendance du petit oblique. Quant à l’aponévrose de ce dernier muscle, nous la décrirons en même temps que la face inférieure du tronc.
Cœur
Organe central de la circulation, le cœur (15) est un muscle creux formé de fibres striées complètement indépendantes de la volonté. Il est renfermé dans un sac fibro-séreux qu’on désigne sous le nom de p. 418péricarde, et situé entre les deux lames du médiastin antérieur, en regard des 3e, 4e, 5e et 6e côtes, en avant du diaphragme, au-dessus du sternum, qui semble le supporter, au-dessous de la colonne vertébrale (F. F), à laquelle il est suspendu au moyen des gros vaisseaux. Cet organe présente la forme d’un conoïde renversé, légèrement déprimé d’un côté à l’autre, dirigé de haut en bas et d’avant en arrière. On lui reconnaît deux faces, deux bords, une base et un sommet ou pointe du cœur ; celle-ci, dirigée en arrière et en bas, est un peu contournée ou déviée à gauche.
Le conoïde figuré par le cœur est divisé par une cloison verticale en deux poches parfaitement indépendantes, qu’on désigne souvent sous les noms de cœur gauche et de cœur droit. Ces poches sont subdivisées chacune en deux compartiments superposés, l’oreillette et le ventricule, par un étranglement circulaire au niveau duquel existe l’ouverture appelée orifice auriculo-ventriculaire. Très largement béant et à peu près circulaire, cet orifice met en communication l’oreillette et le ventricule du même côté ; il est pourvu d’un repli valvuleux jouant le rôle de soupape et chargé de boucher exactement l’orifice quand le ventricule se contracte pour chasser le sang dans les arbres artériels (artères pulmonaire et aorte). La valvule auriculo-ventriculaire droite est désignée sous le nom de valvule tricuspide ; celle de gauche, sous la dénomination de valvule bicuspide ou mitrale, en raison de la disposition particulière de ses festons, qui simulent, dans leur ensemble, les deux valves d’une mitre d’évêque. Les valvules tricuspides et mitrales s’ouvrent de haut en bas.
C’est la masse ventriculaire qui détermine la forme conoïde du cœur, dont elle constitue la plus grande partie. La masse auriculaire représente une sorte de couvercle fortement concave qui surmonte l’orifice auriculo-ventriculaire.
Il est à remarquer que, si le septum médian de la masse auriculo-ventriculaire empêche toute communication entre le cœur gauche et le cœur droit, la disposition des fi bres musculaires établit, par contre, une telle solidarité entre la masse ventriculaire d’une part et la masse auriculaire d’autre part, que les deux ventricules, de même que les deux oreillettes, ne peuvent se contracter l’un sans l’autre, tandis qu’une oreillette et un ventricule peuvent agir séparément.
En incisant l’une des poches auriculo-ventriculaires, de manière p. 419à ouvrir du même coup l’oreillette et le ventricule droits ou gauches, on voit les parois internes du cœur hérissées de colonnes charnues qui, en s’entre-croisant, forment des aréoles plus ou moins irrégulières. Un certain nombre de ces colonnes s’attachent par une de leurs extrémités au bord libre des valvules auriculo-ventriculaires.
Dans le ventricule droit (15), en avant et à gauche de l’ouverture auriculo-ventriculaire, ou aperçoit encore l’embouchure de l’artère pulmonaire (19), ou orifice pulmonaire, garnie de trois valvules dites sigmoïdes, suspendues à l’entrée de l’artère pulmonaire comme trois nids de pigeons réunis en triangle. Au contraire des valvules auriculo-ventriculaires, elles s’ouvrent de bas en haut.
Dans le ventricule gauche (16), l’origine de l’aorte primitive, ou orifice aortique, occupe une situation analogue à celle de l’artère pulmonaire dans le ventricule droit et est, comme elle, pourvue de trois valvules sigmoïdes. À sa naissance, l’aorte primitive fournit deux branches collatérales (artères cardiaques ou coronaires) : l’une droite, l’autre gauche, exclusivement destinées au tissu du cœur (31, 32).
L’oreillette droite est percée, en haut et en dehors, de quatre ouvertures ; ce sont les embouchures de la veine cave postérieure, de la veine cave antérieure, de la veine azygos et de la grande veine coronaire (cette dernière suit, autour du cœur, le trajet de l’artère de même nom). Les veines coronaire et azygos sont pourvues de petites valvules.
Quant à l’oreillette gauche, sa partie supérieure est également percée de plusieurs orifices ; ceux-ci, au nombre de quatre à huit, sont les embouchures des veines pulmonaires et ne présentent point de valvules.
Les cavités du cœur sont tapissées par une membrane séreuse appelée endocarde, dont l’inflammation a reçu le nom d’endocardite.
Le péricarde peut également s’enflammer ; il y a alors pêricardite, affection qui s’accompagne généralement d’une hydropisie de la séreuse.
La circulation est la fonction physiologique par laquelle le sang est distribué dans toutes les parties du corps, afin de fournir aux organes les matériaux nécessaires à leur nutrition ; c’est Harvey, médecinp. 420 du roi d’Angleterre Charles Ier (1619), qui expliqua et démontra la circulation.
L’appareil qui sert à cette fonction se compose essentiellement de deux espèces d’organes : 1° d’un organe central, le cœur, chargé de recevoir le sang de toutes les parties du corps et de le pousser dans ces mêmes parties ; 2° d’un système de canaux ou de tubes membraneux s’irradiant dans tous les sens et opérant la locomotion du sang.
Le mouvement du sang tient essentiellement à l’impulsion puissante que le cœur communique à ce fluide. Le cœur est placé à la fois sur le trajet du sang veineux et du sang artériel ; mais sa division en deux poches ou plutôt en deux cœurs n’ayant entre eux aucune communication ne permet pas le mélange du sang rouge et du sang noir.
Pour analyser l’action du cœur et se faire une idée exacte de chacun des éléments dont elle se compose, il convient de prendre l’organe au moment d’une pause ou lorsqu’une révolution vient de finir. La révolution qui va commencer s’opère dans l’ordre suivant : 1° contraction ou systole des oreillettes, coïncidant avec le relâchement ou la diastole des ventricules ; 2° contraction ou systole des ventricules, coïncidant avec le relâchement ou la diastole des oreillettes. Puis, après une pause pendant laquelle toutes les cavités tombent dans l’inertie, le jeu de l’organe recommence dans le même ordre.
1° Systole des oreillettes et des ventricules. — En se contractant, les oreillettes projettent chacune une partie de leur contenu dans le ventricule correspondant, dont l’orifice supérieur est alors béant, par suite de l’abaissement des valvules auriculo-ventriculaires résultant à la fois de la contraction des oreillettes et du poids du sang.
À la contraction brève, faible et aphone des oreillettes succède la contraction plus longue et plus énergique des ventricules. Celle-ci déplace le cœur en masse, le projette à gauche sur les parois costales, donne lieu à un choc plus ou moins violent, à un bruit plus ou moins perceptible, et lance le sang dans le système artériel. Chez le cheval, c’est à la fois sur les cartilages de la 5e et de la 6e côtes, près de leur articulation avec la partie osseuse, et très exactement sur le cinquième espace intercostal, que se trouve le centre du choc p. 421systolique. La pointe du cœur demeure presque étrangère à ce phénomène, d’autant plus que, par une bizarre singularité, elle est incurvée à droite au lieu de demeurer courbée à gauche, comme dans la généralité des animaux.
Il est à remarquer que, pendant la systole des ventricules, les valvules auriculo-ventriculaires se relèvent et obstruent à peu près complètement les ouvertures qui font communiquer les oreillettes avec les ventricules, tandis que les valvules sigmoïdes des orifices pulmonaire et aortique s’ouvrent et donnent libre passage au sang que la contraction des ventricules chasse dans le courant circulatoire.
2° Diastole auriculo-ventriculaire. — À peine les oreillettes se sont-elles resserrées qu’elles reviennent brusquement sur elles-mêmes pour rendre libre l’afflux du sang veineux dans leurs cavités.
Fig. 143. — Schéma du cours du sang.
Dans la diastole ventriculaire, la cavité des ventricules se dilate, le cœur se gonfle dans tous les sens, sa pointe revient en arrière et se rapproche de la ligne médiane ; enfin, les valvules mitrales et tricuspides s’abaissent et laissent affluer dans les ventricules le sang des oreillettes, pendant que les valvules sigmoïdes se ferment et empêchent le liquide des ventricules de s’échapper par les orifices aortique et pulmonaire.
3° Cours du sang dans les cavités du cœur. — Le sang p. 422veineux, qui arrive de toutes les parties du corps, pénètre dans l’oreillette droite du cœur par les veines caves antérieure et postérieure, les veines coronaires et la veine azygos ; puis, par suite de la systole auriculaire, il passe de la cavité des oreillettes dans le ventricule situé au-dessous, pour se rendre enfin dans le poumon par l’artère pulmonaire. Là, il est hématose et ramené par les veines pulmonaires dans l’oreillette gauche.
Ces phénomènes constituent ce qu’on appelle la petite circulation ou circulation pulmonaire.
Arrivé dans l’oreillette gauche, le fluide sanguin est refoulé par la systole auriculaire dans le ventricule correspondant qui, en se contractant à son tour, le chasse par l’artère aorte dans toutes les parties du corps. De là, il est ramené par les veines caves, les veines coronaires et la veine azygos dans le cœur droit, et la même série de phénomènes recommence.
Cette circulation périphérique constitue la grande circulation (fig. 143 du texte).
4° Bruits du cœur. — Les mouvements du cœur s’accompagnent de deux bruits : le premier est prolongé et fort ; le deuxième est clair, éclatant et bref.
Le premier bruit, qui est systolique, coïncide avec le choc du cœur sur les parois du thorax. Il est isochrone avec la contraction des ventricules et la pulsation artérielle.
Le second bruit coïncide avec le moment où les valvules sigmoïdes des orifices aortique et pulmonaire se ferment sous le poids de la colonne sanguine, qui tend à revenir par le cœur.
Entre ces deux bruits, il y a un temps de silence qui répond au relâchement de toutes les parties du cœur et à la fin d’une révolution.
Le nombre des contractions que le cœur effectue en un temps donné varie suivant l’âge et une foule de conditions physiologiques et pathologiques. Normalement, on compte 36 à 40 battements du cœur par minute chez le cheval.
La fréquence de ceux-ci est en raison inverse de l’âge.
Le sommeil, les efforts, le froid, l’immersion dans l’eau froide, certains médicaments, tels que la digitale et la vératrine, l’injection dans les veines de substances étrangères, diminuent également les contractions cardiaques. Au contraire, l’exercice, l’agitation, les cris, p. 423la chaleur, la diminution de pression extérieure, la décapitation ou la section de la mœlle allongée, l’asphyxie, les hémorrhagies mortelles, augmentent le nombre des battements du cœur.
Les bruits du cœur sont quelquefois modifiés, non seulement dans leur fréquence, mais encore dans leur timbre et leur intensité, par suite de maladies de cet organe ; c’est ainsi qu’on distingue le bruit de souffle, le bruit de râpe, le bruit métallique (charbon), etc. Ces bruits anormaux s’entendent, soit à côté des bruits ordinaires, soit en leurs lieu et place.
Au moment de la systole ventriculaire, l’ondée sanguine, projetée avec une grande force, soulève les valvules sigmoïdes, les écarte, les applique à la face interne des parois vasculaires et passe librement de la cavité ventriculaire dans le système artériel.
La poussée du sang dans les artères est donc déterminée par la contraction des ventricules ; toutefois, cette force d’impulsion n’agit pas seule et se trouve aidée dans son action par d’autres forces auxiliaires provenant de la contractilité et de l’élasticité des artères. L’élasticité des parois artérielles agit en même temps que la force systolique et tend à transformer un mouvement intermittent en un mouvement continu ; leur contractilité peut à la fois servir d’auxiliaire à l’action impulsive du cœur et régler la quantité de sang distribuée aux organes.
Dans leur trajet, il arrive souvent que deux artères très éloignées de leur point de départ se rejoignent et s’abouchent, de manière que le sang de l’une peut passer dans l’autre, et réciproquement ; c’est ce qu’on appelle une anastomose.
Pouls. — Lorsque le doigt vient à comprimer légèrement une artère reposant sur une partie suffisamment résistante, il perçoit la sensation d’un choc plus ou moins fort, qui se répète, avec un léger retard, à chaque battement du cœur. C’est ce phénomène qu’on désigne sous le nom de pouls.
Les pulsations artérielles étant isochrones avec les battements du cœur, il s’ensuit que le pouls bat normalement 36 ou 40 fois à la minute et que les conditions physiologiques ou pathologiques ayant une influence quelconque sur le nombre des battements cardiaques p. 424agissent dans le même sens relativement à la fréquence du pouls. Aussi, les caractères fournis par le pouls sont-ils d’une grande utilité pour le diagnostic de la plupart des maladies.
Le sang, pour passer des artères dans le poumon, doit traverser des vaisseaux extrêmement déliés, formant ce que l’on appelle des capillaires. La direction des courants capillaires a lieu des artères vers les veines. Leur vitesse est subordonnée à la fois à celle de la circulation générale et peut-être aussi à l’action des parois capillaires ; elle paraît plus grande du côté des artérioles que vers les radicules des veines.
Dans tous les cas, les globules placés au même point n’ont, pas la même vitesse : ceux de la périphérie progressent lentement ; ceux en dedans des premiers marchent plus vite ; enfin, ceux du reste du courant ont la vitesse maxima. Cette particularité est très avantageuse pour les échanges moléculaires qui doivent avoir lieu au niveau des capillaires.
L’air froid, l’eau froide, la glace, agissent immédiatement sur les vaisseaux capillaires ; ils les rétrécissent, font, pâlir les parties, y diminuent l’apport du sang et y rendent son mouvement plus lent et plus difficile. La chaleur produit l’effet inverse.
Le sang que le cœur a lancé dans les artères et les capillaires doit être ramené à son point de départ en suivant un trajet inverse à celui qu’il a déjà parcouru ; c’est par les veines que ce retour s’effectue et que se complète l’itinéraire de la circulation.
La vitesse avec laquelle le sang se meut dans les veines est beaucoup moins grande que celle des mouvements de ce fluide dans le système artériel. Sa progression est régulière, continue, sans intermittence sensible. Les veines, enfin, ne donnent au doigt aucune pulsation.
Le sang se meut dans le système veineux en vertu des impulsions initiales et successives qu’il a reçues dans les sections précédentes de l’appareil circulatoire. Il est, en outre, soumis à l’impulsion des parois veineuses elles-mêmes, aidée par l’action éventuelle de diverses causes :
p. 425La dilatation du thorax, par exemple, lors de l’inspiration, exerce sur les oreillettes du cœur, sur les grosses veines qui y aboutissent, etc., une action aspiratrice accroissant l’impulsion du sang ; l’expiration, au contraire, diminue la vitesse du sang dans les veines.
Toute cause mécanique s’opposant, pendant un certain temps, à la libre circulation du sang dans le système veineux, ralentit également le cours de ce liquide, augmente sa pression et, par suite, provoque la transsudation de sa partie fluide en dehors des veines.
C’est ainsi que se produisent les œdèmes sous le ventre à la suite de compression trop forte du surfaix maintenant, la couverture. C’est également par le même mécanisme que les membres du cheval au repos s’engorgent au bout d’un certain temps : par le fait de l’inaction forcée dans laquelle se trouvent les extrémités, la circulation du sang languit dans les veines, sa tension augmente, et sa partie liquide ne tarde pas à transsuder en dehors des vaisseaux veineux.
La circulation dans les veines est favorisée par la présence de valvules placées dans leur intérieur, de distance en distance, et soutenant la colonne sanguine qu’elles divisent. Ces valvules ont encore pour usage, dans les veines des membres, d’atténuer l’influence que la pesanteur exerce sur le cours du sang.
Cœur. — Le cœur, si prompt à s’affecter de toutes les sensations de l’économie, n’est cependant pas doué d’une sensibilité exquise. On l’a pincé, lacéré en plusieurs points, piqué dans tous les sens, sans provoquer une douleur manifeste.
C’est même pourquoi l’on a cru longtemps, avec Haller, que le cœur était indépendant du système nerveux.
Pourtant, comme beaucoup d’autres, cet organe a une sensibilité spéciale, qui est mise en jeu par certains excitants et se trouve réglée, quant à son exercice, par des filets nerveux du pneumogastrique et du grand sympathique.
Le pneumogastrique agit comme nerf modérateur ou paralysant du cœur. Par suite, sa section accélère les mouvements de cet organe, tandis que son excitation les ralentit5 .
p. 426Le grand sympathique, au contraire, joue le rôle de nerf accélérateur.
« De plus, le cœur contient, dans l’épaisseur même de ses parois, de petits ganglions dont les uns agissent comme centres modérateurs, les autres comme centres accélérateurs. C’est pour cela que le cœur arraché de la poitrine, peut continuer encore à battre plus ou moins longtemps, selon les espèces animales 6 . » ,
Vaisseaux. — Les vaisseaux, qui, nous le savons, peuvent se contracter par suite d’excitations directes (froid, chaleur, choc, etc.), sont aussi soumis à l’influence du système nerveux.
Les nerfs qui agissent ici appartiennent, pour la plupart, au grand sympathique (Voy. IIIe partie, chap. II, § 2, Tronc, appendice), d’après les expériences de Claude Bernard.
Connus sous la dénomination générale de vaso-moteurs, ces nerfs produisent dans les parois musculaires des vaisseaux, qu’ils innervent, tantôt des contractions, tantôt des paralysies. Les uns, en somme, sont vaso-constricteurs, les autres vaso-dilatateurs. L’action de ces derniers s’explique par une action suspensive ou d’arrêt analogue à celle que le pneumogastrique exerce sur le cœur.
La fièvre résulte d’une action exagérée des nerfs vaso-dilatateurs, qui sont en même temps calorifiques.
Sang
Le sang du cheval est un liquide assez consistant, possédant une odeur faible, mais particulière à l’espèce. Sa réaction est alcaline ; son poids spécifique, de 1,060, varie d’une manière notable dans les différents états pathologiques et même à l’état normal, suivant les individus ; sa couleur rouge est dans les artères, plus foncée dans les veines. D’où la division qu’on a établie en sang artériel et en sangveineux. M. le professeur Colin, d’Alfort, a observé que la proportion de liquide sanguin, comparée au poids du corps, varie dans des limites assez grandes suivant les animaux ; toutefois, il a pu constater que le cheval donne, en moyenne, une quantité de sang équivalente à 1/18 de son poids ; soit 26 à 30 kilogrammes de liquide sanguin pour un cheval pesant 500 kilogrammes.
p. 427Le sang se compose de deux parties : une liquide, transparente, incolore, le plasma, au milieu de laquelle nage la partie solide constituée par les globules rouges et les globules blancs.
De beaucoup les plus nombreux, les globules rouges donnent au sang sa coloration. Ils se présentent sous la forme de disques légèrement biconcaves, dont le diamètre est de 0mm,0057 chez le cheval. Leur nombre, dans une goutte de sang, est considérable ; on admet qu’il en existe cinq millions dans un millimètre cube, soit cinq milliards environ dans un litre. Les femelles ont moins de globules rouges que les mâles. D’un autre côté, les individus bien musclés, énergiques, sanguins, en ont plus que les individus mous, lymphatiques. Une foule d’états pathologiques font aussi varier le chiffre des globules ; la plupart le descendent : telle l’anémie.
Il y a altération des globules dans plusieurs maladies : dans les maladies charbonneuses, par exemple, ils changent de forme, deviennent ratatinés, déchiquetés.
Le rôle des globules rouges est très important, en ce sens surtout qu’ils absorbent presque à eux seuls l’oxygène destiné à l’hématose.
Les globules blancs figurent de véritables cellules en voie de formation. Ils sont absolument identiques aux globules de la lymphe.
Le corps des globules rouges est formé par de l’eau et par deux substances : l’une, albuminoïde, la globuline, incolore, insoluble dans le sérum ordinaire ; l’autre, colorante, l’hémoglobine, qui donne naissance spontanément, ou soumise aux agents chimiques, à l’hématine, matière colorante également, qu’on ne trouve pas dans le sang normal.
Dans certains cas, la matière colorante donne naissance à des cristaux. La métamorphose cristalline la plus connue de l’hémoglobine est l’hématoïdine.
Quant au fer des globules, il est à un état encore indéterminé.
Le plasma est le véhicule qui tient en suspension les globules ; c’est lui qui renferme tous les éléments destinés à l’accroissement et à la nutrition du corps ; il charrie, en outre, tous les produits de décomposition si nombreux dans l’organisme.
Sa composition est très complexe : il contient 9/10 d’eau, de la fibrine, de l’albumine, des matières grasses, du glucose, des produits du travail de la nutrition et des sels minéraux.
p. 428La fibrine jouit de la propriété de se coaguler, c’est-à-dire de se prendre en masse solide quand la circulation languit ou que le sang coule hors des vaisseaux.
C’est à la coagulation de la fibrine qu’est due la formation du caillot. Chez les Solipèdes, celui-ci présente des caractères exceptionnels ; il se divise en deux parties distinctes : l’une supérieure, jaunâtre ; l’autre inférieure, d’un rouge plus ou moins foncé, représente ordinairement les 3/5 de la masse totale.
En se solidifiant, la fibrine emprisonne dans ses mailles la partie consistante du sang et en exprime la partie liquide, ou sérum ; or, comme chez le cheval le sang est très riche en fibrine et se coagule lentement, les globules ont tout le temps voulu pour se déposer en grande partie vers le fond du vase où l’on a recueilli le sang et former la couche inférieure du caillot. Il est à remarquer que la quantité de fibrine augmente dans les maladies inflammatoires, tandis qu’elle diminue généralement dans les maladies infectieuses.
Une fois que le sang est complètement coagulé, le caillot se rétracte dans sa partie blanche. Ce retrait est peu marqué dans certaines maladies, telles que la fièvre typhoïde, l’infection putride, la morve, etc.
L’albumine ne se coagule que sous l’influence de la chaleur ou de certains réactifs.
Outre les substances que nous venons d’énumérer, le sang contient encore 45/100 environ de gaz (oxygène et acide carbonique). Il peut même, dans certains cas, renfermer des entozoaires agames, des bactéries ou bactéridies (infection putride, charbon), des globules de pus (infection purulente), etc.
Transfusion
On appelle transfusion l’opération par laquelle on fait passer dans les vaisseaux d’un animal du sang emprunté à un autre animal et préalablement défibriné par le battage.
« Aujourd’hui, dit M. Mathias Duval, on compte par centaines les cas d’hémorrhagies où le malade exsangue a été rappelé à la vie par la transfusion du sang, surtout dans les cas de métrorrhagies. Les globules sanguins doivent être empruntés à un animal de même espèce, sans quoi l’effet cherché n’est point obtenu ; car des globules sanguins d’un animal quelconque ne sont pas plus aptes à entretenir la vie des tissus d’un animal d’espèce différente, que les spermatozoïdesp. 429 du premier ne seraient propres à féconder l’ovaire du second7 . »
II. - FACE INFÉRIEURE DU TRONC ET ABDOMEN
(Pl. X)
La face inférieure du tronc s’étend, d’avant en arrière, du prolongement trachélien du sternum au bord antérieur du pubis, et se trouve limitée, de chaque côté, par les hypochondres et les flancs. Elle correspond à la région inférieure de l’abdomen, excepté en avant, où elle comprend encore une autre région, que nous appellerons sternale, axillaire ou sous-thoracique, en raison de sa situation sous le thorax. La face inférieure du tronc embrasse, en somme, les parties étudiées en extérieur sous les noms d’ars, d’inter-ars, de passage des sangles et de ventre. C’est par elle que la planche X nous fait pénétrer dans la Cavité abdominale, vaste réservoir dont nous nous occuperons tout spécialement, après avoir dit un mot des plans musculaires qu’il nous faut traverser pour y arriver (Parois abdominales).
I. — Premier plan
Muscles pectoraux.
En enlevant la peau qui recouvre la face inférieure du tronc, on met immédiatement à découvert, en avant, dans la région sous-thoracique ou axillaire, les deux muscles pectoraux divisés en pectoral superficiel et pectoral profond.
Le pectoral superficiel comprend lui-même deux parties décrites séparément : l’une, sous le nom de muscle sterno-huméral (1) ; l’autre, sous le nom de muscle sterno-aponévrotique (2).
Placés sous le sternum, dans le pli de l’ars, ces deux muscles se terminent au membre antérieur et constituent la base du poitrail ; l’un d’eux, le sterno-huméral, fait même ordinairement saillie en avant de cette région chez les chevaux bien musclés.
Ils ont pour mission de rapprocher le membre antérieur du corps.
Le pectoral profond se subdivise également en deux muscles distincts :p. 430 le sterno-trochinien (3) et le sterno-préscapulaire (verso, 1), dont la situation, à la face interne du pectoral superficiel, est à peu près identique à celle des muscles précédents. Toutefois, le sterno-trochinien présente cette particularité qu’il s’étend postérieurement jusque sur la tunique abdominale.
Les deux divisions du pectoral profond tirent l’angle de l’épaule et, conséquemment, tout le membre antérieur en arrière.
II. — Deuxième plan tunique absominale. Muscle grand oblique de l'abdomen. Ligne blanche. Arcade crurale. Ombilic. Trajet du canal inguinal.
En arrière du premier plan, et presque aussi superficiellement que lui, on trouve le muscle grand oblique ou oblique externe de l’abdomen, constituant à lui seul le deuxième plan. Une vaste expansion de tissu fibreux jaune élastique, la tunique abdominale, non figurée sur la planche X, le sépare de la peau. Cette expansion vient en aide aux muscles abdominaux pour soutenir la masse intestinale et se montre, par ce fait même, d’autant plus épaisse, chez les différentes espèces animales, que les organes digestifs sont plus développés. Elle n’existe pas chez l’homme.
Formé d’une portion charnue (1) et d’une portion aponévrotique (2), l’oblique externe occupe à peu près toute la face inférieure du tronc. La portion charnue ayant été décrite en même temps que la face latérale de cette même région, nous ne nous occuperons ici que de la portion aponévrotique. Celle-ci continue en bas et en dedans la portion musculaire et s’attache, par son bord interne, sur la ligne blanche (II, 3 et IV, 2) et le tendon pré-pubien (IV, 3). Son bord postérieur s’étend du pubis à l’angle externe de l’ilium et établit ainsi la séparation entre le tronc et le membre abdominal.
En se contractant, l’oblique externe comprime les viscères abdominaux, fléchit la colonne vertébrale et agit aussi comme expirateur.
Du bord postérieur de l’aponévrose du grand oblique se détache un feuillet représentant un ruban assez large fixé par ses extrémités sur l’angle externe de l’ilium et le bord antérieur du pubis. La paroi postérieure de ce ligament embrasse la partie supérieure et antéro-interne du membre postérieur à la manière d’une arcade ; d’où le nom d’arcade crurale (X, 25) donné à ce feuillet.
p. 431Entre les bords internes des muscles grands obliques apparaît un cordon fibreux qui s’étend de l’appendice xiphoïde au pubis ; c’est la ligne blanche, que nous verrons mieux marquée sur le IVe plan. Vers ses deux tiers antérieurs, ce cordon s’élargit pour circonscrire l’espace losangique au centre duquel on trouve la trace de l’ombilic (4) ou du cordon ombilical qui, dans la matrice, établit une communication entre la mère et le fœtus.
Tout à fait en arrière, de chaque côté du tendon pré-pubien, l’oblique externe est percé d’un trou ovalaire dit anneau inguinal (5) ; c’est l’orifice inférieur du canal inguinal, conduit infundibuliforme situé entre la face antérieure de l’arcade crurale et la portion charnue du muscle petit oblique de l’abdomen. À la suite de violents efforts ou d’un relâchement de son orifice supérieur, ce trajet, par lequel sort normalement de la cavité abdominale le cordon testiculaire chez le mâle, peut livrer passage à une anse intestinale ; il y a alors ce qu’on appelle une hernie inguinale, affection spéciale au cheval entier.
D’autres hernies peuvent se produire sur différents points de la face inférieure de l’abdomen : la hernie ombilicale, par exemple, tumeur plus ou moins volumineuse déterminée par le passage d’une portion de l’intestin à travers l’anneau ombilical, dont l’ouverture a persisté ; les hernies ventrales, suite d’efforts ou de coups ayant amené une déchirure des muscles abdominaux sur un point quelconque du ventre ou des flancs.
Les hernies peuvent souvent se réduire quand elles sont récentes ; mais, si elles existent depuis un certain temps, il y a toujours à craindre un étranglement de l’anse intestinale herniée par suite d’un rétrécissement de l’ouverture ou même de l’enveloppe péritonéale (Voy. plus loin la description de la cavité abdominale) que l’intestin a refoulée au dehors, et dans laquelle il se trouve enveloppé comme dans un sac. Aussitôt qu’un accident semblable s’est produit, il faut se hâter de débrider l’orifice herniaire ou la base du sac péritonéal, pour faciliter la rentrée de l’anse intestinale dans la cavité de l’abdomen et rétablir le cours des matières alimentaires.
III. — Troisième plan muscle petit oblique de l'abdomen.
En relevant les dentelures inférieures de la portion charnue et la moitié externe de la portion aponévrotique du grand oblique, on aperçoit le bord antéro-inférieur de la portion charnue du petit oblique de l’abdomen et la partie externe de son aponévrose. Comme le précédent, ce dernier muscle est, en effet, formé d’une portion charnue et d’une portion aponévrotique. La portion charnue ayant déjà été étudiée (Voy. IIIe partie, chap. II, § 2, 1, Face latérale du tronc), nous n’y reviendrons pas ici. La portion aponévrotique n’est visible, sur le recto du troisième plan, que dans sa moitié externe, l’entre-croisement de ses fibres avec celles de l’oblique externe ne permettant pas de séparer les deux muscles sur la ligne médiane. On voit, d’ailleurs, très nettement cette disposition sur la planche X.
Le petit oblique comprime les viscères abdominaux, abaisse les dernières côtes et opère la flexion directe ou latérale de la colonne vertébrale.
IV. — Quatrième plan
Muscle grand droit de l'abdomen. Ligne blanche. Tendon pré-pubien.
Le deuxième et le troisième plans relevés mettent à découvert une puissante bande musculaire rétrécie à ses extrémités et entrecoupée de nombreuses intersections tendineuses transversales et en zigzag (1.1) ; c’est le grand droit de l’abdomen. Ce muscle, qui s’attache antérieurement sur les premières côtes et la face inférieure du sternum, se fixe postérieurement au bord antérieur du pubis par le tendon pré-pubien (3), commun aux muscles abdominaux. Il comprime les viscères abdominaux et fléchit le rachis.
Les deux muscles grands droits sont séparés l’un de l’autre par la ligne blanche (2).
V. — Cinquième plan
Muscle transverse de l'abdomen.
En rabattant un des muscles droits sur celui du côté opposé, on met immédiatement à découvert le cinquième plan constitué par le muscle transverse de l’abdomen.
p. 433Formé d’une portion charnue externe et d’une portion aponévrotique interne, ce muscle s’attache : par ses fibres musculaires, en dedans des côtes asternales et sur l’extrémité des apophyses transverses de la région lombaire ; par son aponévrose, sur l’appendice xiphoïde et la ligne blanche.
Il comprime les viscères abdominaux.
Cavité abdominale.
Une fois le cinquième plan relevé, nous nous trouvons dans la cavité abdominale, vaste réservoir logeant les organes essentiels de la digestion et de la dépuration urinaire. Cette cavité a la forme d’un ovoïde allongé dans le sens antéro-postérieur, ayant pour paroi supérieure les vertèbres lombaires et les muscles de la région sous-lombaire, fermé en bas et sur les côtés par les plans musculaires que nous avons examinés, borné en avant par le diaphragme, et prolongé en arrière entre les os et les ligaments membraneux du bassin.
Régions. — Afin de faciliter l’étude topographique des viscères renfermés dans la cavité abdominale, on l’a artificiellement divisée en six régions principales :
1° La région supérieure ou sous-lombaire, qui répond aux vertèbres lombaires et aux muscles psoas (X, 5, 6, 7).
2° La région inférieure, que nous venons de passer en revue et qui répond à la ligne blanche et aux deux muscles droits. Sa grande étendue l’a fait subdiviser en cinq régions secondaires : la région sus-sternale (épigastre chez l’homme) ; la région, ombilicale ; la région pré-pubienne (sous-pubienne chez l’homme) ; les deux régions inguinales.
La situation de ces régions se déduit parfaitement de leurs noms.
3° Les régions latérales, comprenant deux sous-régions : l’hypochondre, qui correspond au cercle cartilagineux des fausses côtes, et le flanc, qu’on trouve en regard de la portion charnue du muscle petit oblique.
4° La région antérieure ou diaphragmatique.
5° La région postérieure ou pelvienne (cavité du bassin), espèce de diverticulum de la cavité abdominale borné en haut par le sacrum ; en bas par la face supérieure du pubis et des ischions ; sur les côtés, par p. 434la portion rétrécie des iliums. Elle est traversée par le rectum et les organes génito-urinaires.
Péritoine. — Comme la cavité thoracique, la cavité abdominale est tapissée à l’intérieur par une membrane séreuse qui prend ici le nom de péritoine. Celui-ci se compose de deux feuillets, l’un pariétal, l’autre viscéral, formant dans leur ensemble un sac complet disposé de telle façon que les organes contenus dans l’abdomen sont en dehors de ce sac. Le péritoine représente, en somme, un sac sans ouverture, dont la paroi s’invagine dans différents endroits pour embrasser les viscères abdominaux. En s’invaginant, le sac péritonéal donne naissance à des replis séreux suspendant les organes, qui flottent librement dans l’abdomen, et unissant le feuillet pariétal au feuillet viscéral. Ces replis sont désignés sous les noms de ligaments, mésentères, épiploons ; nous les décrirons brièvement en parlant des viscères qu’ils suspendent.
Quelques organes, les reins, par exemple, compris entre la paroi de l’abdomen et le feuillet pariétal du péritoine, n’ont ni feuillet viscéral, ni replis ; d’autres ne sont revêtus par le péritoine qu’en avant seulement ; tels les organes génitaux internes de la femelle et la vessie.
On profite, en chirurgie vétérinaire, de ce que certaines portions de l’intestin ne sont pas complètement flottantes dans la cavité abdominale, et se trouvent en contact avec les parois de cette cavité, pour les ouvrir (entérotomie) et livrer passage aux matières alimentaires et surtout aux gaz qui s’accumulent quelquefois dans leur intérieur ; telle cœcum, qui touche les parois du flanc droit, et que l’on ponctionne quelquefois à l’aide d’un trocart, soit pour empêcher la trop forte dilatation des viscères lors de coliques venteuses et éviter ainsi des conséquences souvent funestes ; soit, dans le cas de hernie inguinale étranglée, pour débarrasser l’anse intestinale des gaz qui la distendent.
Comme toutes les séreuses, le péritoine est riche en vaisseaux sanguins et en nerfs ; son feuillet viscéral possède, en plus, de nombreux vaisseaux lymphatiques. Par ce fait même, les refroidissements, les blessures pénétrantes de l’abdomen et toutes les affections des viscères que le péritoine recouvre, amènent facilement l’inflammation de cette séreuse, ou la péritonite.
Caractérisée surtout par une très grande sensibilité du ventre, cette affection est presque toujours mortelle chez le cheval, grâce à l’excessivep. 435 impressionnabililé de toutes les séreuses chez cet animal.
Une autre affection, l’ascite ou hydropisie du péritoine, existe quelquefois aussi chez le cheval. Elle se produit directement quand le cours du sang est gêné dans la veine porte et que sa partie liquide s’extravase en dehors ; quand le fluide sanguin est très pauvre en globules rouges, comme dans l’anémie ; quand les fonctions de la peau et des reins ont été supprimées par suite de refroidissement, d’humidité, de pluie froide, de séjour dans des localités marécageuses, etc., etc.
Enfin, elle peut également être symptomatique de l’inflammation du péritoine ou de tout autre organe de l’abdomen. Cette affection est surtout caractérisée par une augmentation de volume du ventre et par l’engorgement des membres et des organes génitaux.
Renfermés dans la cavité abdominale, les organes essentiels de la digestion comprennent l’estomac, l’intestin et les organes annexes ; c’est-à-dire le foie, le pancréas et la rate.
À sa sortie de la cavité thoracique, après avoir traversé le pilier droit du diaphragme, le long tube destiné au transport des aliments de l’arrière-bouche dans les organes digestifs abdominaux, l’œsophage, est continué par un sac membraneux appelé estomac, auquel fait suite le tube intestinal, dont nous allons tout d’abord nous occuper. C’est un long canal replié un grand nombre de fois sur lui-même, se terminant à l’ouverture postérieure de l’appareil digestif. Étroit et d’un diamètre uniforme dans sa partie antérieure, qui prend le nom d’intestin grêle, il se renfle irrégulièrement, se bosselle à sa surface dans sa partie postérieure, qui s’appelle le gros intestin.
Les parois du tube intestinal sont constituées par trois tuniques : une séreuse externe, une charnue moyenne et une muqueuse interne. Comme la peau, dont elle est la continuation, cette dernière membrane comprend dans sa structure un derme muqueux et un épiderme ou revêtement épithélial.
p. 436Le derme muqueux offre à sa surface libre des saillies appelées villosités, et des dépressions répondant à des glandes. Les villosités sont des appendices coniques très riches en vaisseaux sanguins, lymphatiques et nerveux, jouant un grand rôle dans l’absorption. Les orifices percés sur la muqueuse intestinale appartiennent à des glandes disséminées dans toute l’étendue de l’intestin (glandes de Brünner et de Liberkühn). D’autres glandes non ouvertes à l’extérieur existent encore dans certaines parties de l’intestin, isolées ou rassemblées en plaques. Les unes et les autres agissent dans la digestion et se tuméfient dans certaines maladies, telles que l’entérite et les affections typhoïdes.
VI. — Sixième plan
Intestin grêle et Cæcum.
Immédiatement à la face interne du muscle transverse de l’abdomen, nous rencontrons les circonvolutions de l’intestin grêle (1) et le cæcum (3), occupant en partie la région ombilicale et les hypochondres.
a. — Intestin grêle
Long de 22 mètres en moyenne, l’intestin grêle part du cul-de-sac droit de l’estomac (X, 14), dont il n’est séparé que par le rétrécissement pylorique (X, 15). Près de son origine, il présente un renflement donnant naissance à une portion plus étroite qui, se dirigeant d’abord en avant, revient brusquement en arrière, contourne la base du cæcum (2) du côté droit, et se porte ensuite, en croisant transversalement la région lombaire (verso, 1), dans le flanc gauche, où il forme mille replis flottant librement dans la cavité abdominale, mêlés aux circonvolutions du petit côlon. Son extrémité terminale se dégage enfin d’entre ces replis, et débouche dans la concavité de la crosse du cæcum (verso, 2).
On distingue dans l’intestin grêle une portion antérieure fixe ou duodénale, et une portion postérieure flottante.
Le principal moyen de fixité de l’intestin grêle est le vaste repli péritonéal connu sous le nom de grand mésentère. D’autant plus large qu’on le considère plus près de l’extrémité cœcale, celui-ci part de la p. 437région sous-lombaire (pourtour de l’artère mésentérique), comme d’un centre, pour se développer dans toutes les directions et s’insérer sur l’intestin. Sa disposition ne peut se déduire que par la pensée ; car, vu la grande longueur de sa base ou de son insertion inférieure, il est impossible de l’étendre complètement ; le mieux qu’on puisse faire pour avoir une idée assez exacte de sa forme, c’est de le disposer en spirale autour de son point de départ. Le grand mésentère est formé de deux lames entre lesquelles courent les vaisseaux sanguins et lymphatiques, ainsi que les nerfs de l’intestin grêle.
Les maladies de l’intestin sont nombreuses et se rapportent : à l’inflammation des membranes (entérite) ; à l’arrêt de la digestion intestinale (congestion) ; aux névroses ; à la présence d’helminthes et de calculs ; à des surcharges alimentaires ; à un développement anormal de gaz (météorisation) ; à des changements de position de l’intestin (hernie, invagination, étranglement, volvulus) ; enfin, à des déchirures ou à des ruptures.
Toutes ces maladies ne sont pas également fréquentes ; celles qu’on observe le plus ordinairement dans l’intestin grêle sont les hernies, les étranglements, les volvulus et les helminthes ; la surcharge alimentaire, la météorisation et les calculs n’existent guère que dans le gros intestin ou l’estomac. Quant à l’inflammation et à la congestion, elles affectent souvent tout le tube intestinal. Dans tous les cas, ces affections se caractérisent à l’extérieur par des coliques plus ou moins violentes et un ensemble d’autres symptômes variant suivant la cause qui les produit.
b. — Gros intestin
Le gros intestin fait immédiatement suite à l’intestin grêle ; il commence par le cæcum et se continue par le côlon et le rectum. Nous allons examiner successivement chacune de ces parties.
1° Cæcum. — Situé sur le même plan que l’intestin grêle, le cæcum (3) représente un sac allongé de haut en bas et d’arrière en avant, occupant l’hypochondre droit depuis la région sous-lombaire jusqu’au sternum, et offrant à sa surface extérieure une foule de plis transversaux maintenus en place par des bandes musculaires longitudinales.
p. 438L’extrémité supérieure, la base ou la crosse du cæcum (verso, 3), répond : en haut, au rein droit et au pancréas ; en dehors, au flanc droit et au duodénum, qui la contourne ; en dedans, à la terminaison du gros côlon et aux circonvolutions de l’intestin grêle. L’extrémité inférieure, ou la pointe (4), peut flotter librement dans la cavité de l’abdomen ; toutefois, elle s’appuie ordinairement sur le prolongement abdominal du sternum.
Le repli péritonéal qui revêt le cæcum, en sautant de cet organe sur l’origine du côlon, forme un ligament très court connu sous le nom de méso-cæcum.
Deux orifices situés l’un au-dessus de l’autre s’ouvrent à la surface interne de la concavité de la crosse du cæcum : le plus inférieur représente l’ouverture terminale de l’intestin grêle percée au centre d’une saillie valvule iléo-cæcale (verso, 2) ; le deuxième orifice, placé plus bas, fait communiquer le cæcum avec le côlon.
Le cæcum sert surtout de réservoir pour les liquides.
VII. — Septième plan
Petit côlon, Rectum et Anus.
2° Petit côlon. — La partie du gros intestin qu’on rencontre au-dessous du caecum et des circonvolutions de l’intestin grêle est représentée par le petit côlon ou côlon flottant, et le rectum.
Le petit côlon (1) succède au côlon replié et se termine par le rectum ; c’est un tube bosselé, du double plus gros que l’intestin grêle, et pourvu, comme le caecum, de deux bandes charnues longitudinales maintenant les replis transversaux. Sa surface interne offre également une foule de plis entre lesquels les matières alimentaires se moulent en crottins. De l’extrémité terminale du gros côlon, à gauche du caecum, le petit côlon se dirige dans le flanc gauche où il forme des circonvolutions qui se mêlent à celles de l’intestin grêle ; il remonte ensuite dans le bassin pour se continuer par le rectum.
Le revêtement péritonéal du petit côlon se détache de la région sous-lombaire ; c’est le mésentère colique, absolument semblable au mésentère proprement dit.
3° Rectum. — Le rectum (2) fait suite au petit côlon et s’étend jusqu’à l’ouverture postérieure du tube digestif ou anus. Il se distingue p. 439du côlon flottant en ce qu’il n’est pas bosselé et que ses parois sont plus épaisses et plus dilatables.
Anus. — Percé à l’extrémité postérieure du rectum, sous la base de la queue, l’anus offre chez le cheval une saillie arrondie, d’autant moins proéminente que les animaux sont plus âgés. Il est entouré d’un muscle sphincter qui le maintient toujours fermé et ne cède qu’aux efforts produits lors de l’expulsion des matières fécales. Ce muscle est lui-même recouvert par une peau fine, dépourvue de poils, qui continue à l’extérieur la muqueuse intestinale.
VIII. — Huitième plan
Gros côlon.
4° Gros côlon (2e et 3e portions). — Le huitième plan nous fait voir la deuxième et la troisième portions du gros côlon, volumineux canal bosselé présentant des bandes charnues longitudinales comme le caecum.
En partie recouverte par les circonvolutions du côlon flottant, la deuxième portion du côlon replié succède, sur l’appendice xiphoïde du sternum, à la première portion, qui s’est repliée pour former la courbure sus-sternale (4). En rapport antérieurement avec la paroi inférieure de l’abdomen, elle remonte ensuite en arrière et à gauche vers la cavité du bassin, où elle s’infléchit pour constituer la courbure pelvienne (2).
Celle-ci se continue par la troisième portion du côlon replié (3), qui se porte en avant, au-dessus et à gauche de la précédente. Arrivée sur le diaphragme, elle se replie à droite et en haut, formant la courbure diaphragmatique (5), à laquelle succède la quatrième et dernière portion du gros côlon. Il est à remarquer que c’est surtout vers la courbure diaphragmatique que se forment les calculs intestinaux chez les solipèdes.
IX. — Neuvième plan
Gros côlon.
5° Gros côlon (1re et 4e portions). — En relevant les deuxième et troisième portions du gros côlon, on met à découvert la première p. 440portion (1), que nous voyons partir de la crosse du cæcum (verso, 1), se diriger en avant jusqu’à la face supérieure du sternum, et se replier en bas et à gauche en formant la courbure sus-sternale (VIII, 4), à laquelle succède la seconde portion.
Accolée à la première portion comme la deuxième l’est à la troisième (méso-côlon), la quatrième portion (2), que nous montre également le neuvième plan, continue la courbure diaphragmatique (VIII, 5), immédiatement au-dessus de la courbure sternale, et remonte jusqu’au niveau de la base du cæcum, où elle se rétrécit pour former le petit côlon.
Itinéraire des aliments dans le tube intestinal.
Les plans que nous venons d’examiner nous montrent l’ordre dans lequel les différentes parties de la masse intestinale se trouvent superposées quand on pénètre dans la cavité de l’abdomen par sa face inférieure. Bien que cet ordre suivi ne nous indique pas le véritable trajet des matières alimentaires dans le tube intestinal, nous devons admettre qu’il eût été difficile d’imaginer un moyen plus ingénieux de figurer la situation exacte des nombreuses circonvolutions de l’intestin dans la cavité abdominale. La planche X présente, en effet, ce double avantage de ne pas faire errer le lecteur au hasard parmi les différents plans que nous venons de passer en revue et de lui permettre, une fois la superposition de ceux-ci bien comprise, de rétablir avec facilité l’ordre dans lequel les matières alimentaires circulent dans le conduit intestinal. Il n’est besoin, pour cela, que de se reporter aux quelques descriptions que nous avons consacrées aux plans VI, VII, VIII et IX, et de prendre l’intestin à sa naissance ; nous voyons alors que son véritable trajet est celui-ci :
1° Intestin grêle et caecum (VIe plan, 1, 3).
2° Gros côlon ou côlon replié (1re portion) (IXe plan, 1).
3° Gros côlon (2e portion) (VIIIe plan, 1).
4° Gros côlon (3e portion) (VIIIe plan, 3).
5° Gros côlon (4e portion) (IXe plan, 2).
6° Petit côlon ou côlon flottant (VIIe plan, 1).
7° Rectum (VIIe plan, 2).
Nous parlerons des transformations que les aliments subissent dans p. 441le tube intestinal (Digestion) quand nous aurons passé en revue tous les organes essentiels et annexes de l’appareil digestif.
X. — Dixième plan
Carène sternale. Cartilages costaux. Muscles intercostaux internes et externes, grand dentelé et psoas. Diaphragme. Foie. Estomac. Pancréas. Rate.
Le dixième plan nous montre le reste des organes renfermés dans la cavité abdominale, ainsi que la partie de la région sous-thoracique mise à nu par le relèvement des cinq premiers plans :
En avant, on voit très nettement se détacher : 1° la carène sternale (A) et son appendice xiphoïde (B) ; 2° les cartilages costaux (F, F) ; 3° l’extrémité inférieure des côtes sternales (G, D) et des côtes asternales (E) ; 4° les muscles intercostaux internes et externes (1. 1. 1 ; 2. 2. 2) ; 5° l’extrémité inférieure du muscle grand dentelé (3, 3). Toutes ces parties ayant été précédemment décrites (Voy. IIIe partie, chap. II, § 2, I, Face latérale du tronc), nous nous contenterons de les signaler ici.
Plus en arrière, attaché par son contour extérieur à la face interne des douze dernières côtes, s’étale le diaphragme (4), vaste cloison musculo-aponévrotique précédemment étudiée (Voy. pl. IX, X, 7, 8, 9, 10), qui sépare la cavité thoracique de la cavité abdominale. Sa face postérieure, que nous voyons ici, est concave.
Dans la région sous-lombaire, à la face inférieure des vertèbres lombaires et de l’ilium, on trouve les muscles psoas, que l’on distingue, chez le cheval, en psoas iliaque (6), grand psoas (5) et petit psoas (7). Recouverts par le péritoine et en rapport avec la plupart des organes abdominaux, ces muscles partent de la région sous-lombaire ou de la surface iliaque, se dirigent en arrière, et prennent leurs attaches postérieures sur l’ilium (petit psoas), ou à l’extrémité supérieure et interne du fémur (psoas iliaque et grand psoas).
Ils fléchissent la cuisse — excepté le petit psoas, qui fléchit le bassin — ou la région lombaire, suivant que leurs points fixes sont aux lombes ou au membre postérieur.
Ce sont les psoas qu’on désigne, en terme de boucherie, sous le nom de filets.
B. — Foie
Situé à droite de la région diaphragmatique, dans une direction oblique de haut en bas et de droite à gauche, le foie (8, 9, 10) est aplati d’avant en arrière, épais dans son centre et aminci sur ses bords. On lui reconnaît deux faces et un pourtour. La face antérieure, appliquée contre le diaphragme, est creusée, d’arrière en avant, d’une scissure large pour le passage de la veine cave postérieure (24). La face postérieure, en rapport avec l’estomac, le duodénum et la courbure diaphragmatique du côlon, est aussi creusée d’un sillon par lequel pénètrent dans le foie : la veine porte, l’artère et les nerfs hépatiques, et par où s’échappent les canaux biliaires.
À son pourtour, le foie présente, inférieurement, trois lobes : un droit, un gauche et un intermédiaire.
Le lobe droit (8), le moyen en volume, porte en haut un appendice triangulaire, le lobule de Spigel. Le lobe gauche (10) est le plus gros. Le lobe moyen (9), le plus petit des trois, est découpé lui-même en plusieurs languettes ou lobules.
Le foie est fixé à la face postérieure du diaphragme par quatre liens spéciaux. L’un de ces liens se porte de la face antérieure du foie sur le centre phrénique du diaphragme ; les trois autres sont affectés à chaque lobe en particulier.
Le foie est constitué par une membrane séreuse, une capsule fibreuse, et un tissu propre fondamental.
La capsule fibreuse ou de Glisson enveloppe le foie, se replie autour des vaisseaux qui pénètrent dans cet organe, et envoie une foule de fines cloisons entre les granulations hépatiques, formant ainsi une véritable charpente au foie.
Le tissu propre, lourd, compacte, très friable, de couleur brun bleuâtre ou violacée, se compose de lobules polyédriques dits lobules hépatiques, comprenant chacun : 1° des cellules hépatiques polygonales ou arrondies ; 2° des canalicules biliaires, chargés de transporter au dehors la bile sécrétée à l’intérieur du lobule hépatique, et formant autour de lui une ceinture qui accompagne les divisions de la veine porte et envoie, en dehors et en dedans, de petits prolongements qui la font communiquer avec les canalicules des lobules voisins ou se p. 443plongent dans la substance des lobules ; 3° des ramifications ultimes de la veine porte dites vaisseaux afférents, veines interlobulaires ou sous-hépatiques ; 4° un vaisseau efférent, veine intralobulaire ou sus-hépatique, parlant du centre de chaque lobule et se réunissant aux veines semblables des lobules voisins pour se jeter enfin, par un tronc commun, dans la veine cave postérieure,
La veine porte se divise dans le foie exactement comme une artère. Formé des veines spléniques, mésentériques, et gastro-épiploïques, ce tronc veineux traverse le pancréas, se loge dans la scissure postérieure du foie, et se ramifie dans le tissu propre de l’organe en formant les veines sous-hépatiques, dont les divisions capillaires donnent elles-mêmes naissance aux vaisseaux sus-hépatiques. Cette disposition, unique dans l’économie, permet au sang de la veine porte de passer par un nouveau réseau capillaire avant de retourner ; au cœur par la veine cave postérieure.
Le foie, dont le poids moyen varie entre 3 et 5 kilogrammes, sécrète la bile aux dépens du sang de la veine porte, qui revient des tuniques intestinales chargé des substances assimilables absorbées par les veines des villosités.
Le foie est aussi une glande glycogène ; cette propriété a été mise en évidence par Cl. Bernard. Le sucre formé dans le foie est versé dans le sang et sort de l’organe par les veines sus-hépatiques. La glycosurie, phénomène capital du diabète, caractérise généralement une production trop grande de sucre qui, ne pouvant-être détruit vite, s’élimine par les urines.
On peut produire expérimentalement cette dernière affection en piquant le plancher du quatrième ventricule de l’encéphale ; c’est ainsi que le diabète est quelquefois le résultat de coups sur la tête.
Il y a toujours un rapport inverse entre le développement du foie et celui des poumons ; le foie devient d’autant plus considérable que ceux-ci fonctionnent plus mal.
Les maladies du foie sont très nombreuses et peuvent être le résultat d’une congestion, d’une inflammation (hépatite), d’un vice de nutrition (dégénérescence graisseuse, cirrhose), d’un déplacement de l’organe ou ectropie, de plaies, de parasites, de calculs, etc.
Il est une autre affection du foie, l’ictère ou jaunisse, que nous n’avons pas nommée parce que nous la considérons plutôt comme un p. 444symptôme que comme une maladie propre. Caractérisé par la coloration jaune des divers tissus, l’ictère accompagne, en effet, la plupart des maladies du foie ; il est dû à la présence des éléments de la bile dans le sang.
Appareil excréteur. — Cet appareil se compose d’un simple conduit, nommé canal cholédoque, formé par la réunion des canalicules biliaires qui enveloppent et pénètrent les lobules. À sa sortie du foie, ce canal gagne la paroi du duodénum, et la traverse en s’abouchant avec le principal canal pancréatique. Quand un calcul volumineux du foie s’engage dans le conduit excréteur, il détermine de violentes coliques dites hépatiques.
Le cheval n’a pas de vésicule biliaire.
Bile. — La bile est une solution de deux sels résultant de la combinaison des acides cholique et cholédoque avec la soude, sels qu’on appelle généralement glycocholate et taurocholate de soude, associés à quelques autres substances, des matières grasses, des matières colorantes, etc., dont le rôle paraît très secondaire.
C. — Estomac
Situé, comme le foie, dans la région diaphragmatique, l’estomac (11) représente un réservoir membraneux, d’une capacité moyenne de 15 litres, faisant suite à l’œsophage et dans lequel commencent les phénomènes essentiels de la digestion.
Légèrement déprimé d’avant en arrière et incurvé sur lui-même, cet organe affecte une direction transversale au plan médian du corps et présente : 1° deux faces : l’une, antérieure, en rapport avec le diaphragme et le foie ; l’autre, postérieure, immédiatement en avant de la courbure diaphragmatique du côlon ; 2° une grande courbure (12) formant le bord inférieur ou convexe de l’organe ; 3° une petite courbure, constituant le bord supérieur ou concave et présentant l’insertion du canal œsophagien (fig. 144 du texte, A) ; 4° une extrémité gauche, grosse tubérosité ou cul-de-sac gauche (13) ; 5° une extrémité droite, petite tubérosité ou cul-de-sac droit (14), se continuant par le duodénum.
L’estomac du cheval présente cette particularité qu’à l’intérieur la muqueuse du cul-de-sac gauche est blanchâtre, sèche, résistante ; p. 445tandis que celle du cul-de-sac droit devient brusquement épaisse, ridée, très vasculaire, rouge-brunâtre. Cette disposition spéciale permet de considérer le sac gauche comme une sorte de dilatation de l’œsophage et le sac droit comme le véritable estomac des solipèdes. L’ouverture de l’œsophage, ou cardia, percée sur la petite courbure, est excessivement étroite ; celle du duodénum, ou pylore (15), au contraire, est très large ; d’où l’impossibilité du vomissement chez les solipèdes (fig. 144 du texte).
Fig. 144. — Estomac du cheval.
Les parois de l’estomac, comme celles de l’intestin, sont constituées par trois membranes : une séreuse, une musculaire et une muqueuse. L’enveloppe séreuse présente trois replis qui abandonnent l’organe pour se porter sur les parties voisines : le plus important de ces replis, le grand épiploon, se détache de toute l’étendue de la grande courbure et de la tubérosité gauche de l’estomac, qu’il fixe à la région sous-lombaire ; tandis qu’à droite il dépasse le pylore pour se continuer sur la courbure concave du duodénum jusqu’à la hauteur du p. 446cæcum. Par son bord postérieur, enfin, il se développe autour de la terminaison du gros côlon et de l’origine du côlon flottant, où il se confond avec le péritoine viscéral de ces organes.
Les deux feuillets du grand épiploon sont excessivement minces et comprennent entre eux des vaisseaux, sanguins qu’on voit très bien par transparence chez les chevaux maigres, où l’épiploon a l’aspect d’une véritable dentelle. Chez les animaux gras, au contraire, les vaisseaux sont cachés par le tissu adipeux.
C’est le grand épiploon qui constitue ce qu’on appelle la toilette en terme de boucherie.
Fig. 145. — Vue intérieure de l’estomac
Quant à la membrane muqueuse, elle renferme, mais dans le sac droit à peu près exclusivement, une grande quantité de glandes en tubes dites glandes à mucus et glandes à pepsine. Ces dernières sécrètent le suc gastrique, dont le principal rôle, dans la digestion, est de dissoudre et de rendre absorbables les principes albuminoïdes des aliments.
Vu l’importance secondaire de la digestion gastrique chez le cheval, l’inflammation de l’estomac, ou gastrite, est rare ; par contre, les surcharges alimentaires sont assez fréquentes dans ce réservoir. Or comme le vomissement est matériellement impossible chez les solipèdes, il arrive souvent que les aliments, ne pouvant être rejetés au dehors, surmontent la force de résistance des parois stomacales et les rupturent.
D. — Pancréas
Le pancréas (17) a la plus grande analogie avec les glandes salivaires. Il est situé à la région sous-lombaire, en arrière de l’estomac et du foie et en avant des reins. Aplati de dessus en dessous, il présente une forme très irrégulière et se trouve traversé, de sa face inférieure à sa face supérieure, par la veine porte.
En haut, il est en rapport avec l’aorte postérieure (23), la veine cave postérieure (24), l’artère ou tronc cœliaque, qui fournit les artères spléniquep. 447 et hépatique ; le plexus solaire, émergeant du nerf grand sympathique et envoyant des rameaux nerveux à l’estomac, au foie, aux reins, etc.
En bas, le pancréas répond à la base du cœcum et à la quatrième portion du côlon. Le poids moyen de cet organe est de 475 grammes.
Appareil excréteur — Le pancréas est muni de deux canaux excréteurs : un principal, le canal de Wirsung, et un accessoire. Le premier s’ouvre, comme on sait, avec le canal cholédoque, au milieu d’une valvule circulaire qui constitue l’ampoule de Vater. Le canal accessoire aboutit dans l’intestin grêle directement en regard du canal de Wirsung.
Le liquide sécrété par le pancréas, ou liquide pancréatique, jouit de la propriété d’émulsionner les graisses et de les rendre absorbables.
E. — Rate
Située tout près de l’hypochondre gauche et accolée à la grande courbure de l’estomac, la rate (18) représente une espèce de glande vasculaire dont les fonctions ne sont pas encore bien connues. Elle est aplatie de dehors en dedans et présente, par cela même, une face externe en rapport avec le diaphragme et une face interne qui répond au gros côlon. La rate est suspendue à la région sous-lombaire et à la grande courbure de l’estomac à l’aide d’un ligament suspenseur et du grand épiploon.
Le tissu de la rate, de couleur bleue ou rouge violacé, est constitué par une charpente fibreuse envoyant dans l’intérieur de l’organe une multitude de prolongements dits trabécules, entre lesquels se trouve renfermée une matière pultacée rougeâtre désignée sous le nom de boue splénique.
Quoique les fonctions de cet organe soient fort obscures, il y a lieu de supposer qu’elles sont très secondaires, puisque les animaux auxquels on extirpe la rate, et qui guérissent des suites de l’opération, continuent à vivre avec toutes les apparences de la santé.
La digestion est la fonction qui a pour but d’introduire dans l’organisme, de préparer et de transformer en substance vivante les alimentsp. 448 et les boissons dont les animaux ont besoin pour la reconstitution de leurs tissus, leur accroissement, et aussi pour fournir la somme de travail qu’on exige d’eux. Cette fonction s’accomplit en vertu de deux ordres de phénomènes : les uns mécaniques ; les autres chimiques.
Les premiers font parcourir aux aliments le tube digestif et comprennent : la préhension des aliments et des boissons, la mastication, la déglutition, l’accumulation des aliments dans l’estomac, le mouvement des aliments dans l’intestin et la défécation.
Les seconds font subir aux matières alimentaires des transformations qui les rendent propres à être absorbées ; telles sont l’insalivation, la digestion stomacale et la digestion intestinale.
Dans tous les cas, voici l’ordre dans lequel s’opèrent les phénomènes digestifs : 1° préhension des aliments ou des boissons ; 2° mastication et insalivation ; 3° déglutition ; 4° digestion gastrique ; 5° digestion intestinale et défécation.
Quoique nous ayons l’intention de nous occuper spécialement ici de la digestion gastro-intestinale, nous dirons cependant un mot des diverses transformations qu’ont déjà subies les aliments en arrivant à l’estomac.
Et d’abord, on appelle aliments tous les corps qui, introduits dans les voies digestives, sont modifiés de manière à devenir aptes à la reconstitution du sang, à la nutrition des organes, à la production de la force, etc. On distingue les aliments proprement dits, les boissons et les condiments. Les boissons procurent à l’économie l’humidité nécessaire ; les aliments fournissent les éléments indispensables à l’assimilation ; les condiments, enfin, sont destinés à rendre les aliments plus agréables et surtout plus digestibles.
Les aliments les plus ordinairement employés pour le Cheval sont les foins, les pailles, les grains et les graines des graminées et des légumineuses. Pour être complets, ils doivent contenir des substances albuminoides ou azotées (gluten, albumine, légumine, etc.), des matières amylacées (fécule, sucre, etc.), des substances grasses et des sels.
L’expérimentation physiologique démontre, en effet, que l’aliment incomplet, l’aliment réduit à une seule de ces substances ou, pour mieux dire, à un seul principe immédiat, quel que soit le groupe auquel il appartienne, ne peut entretenir la vie. L’aliment doit, en p. 449outre, être digestible et présenter une bonne relation nutritive (rapport existant entre les matières azotées et les matières non azotées).
Les animaux ne prennent les matières alimentaires que lorsqu’ils y sont sollicités par la faim, sensation d’autant plus vive et plus fréquente que le sujet est mieux portant et plus jeune, à cause de l’activité de la nutrition et de l’accroissement dans les premiers âges de la vie.
De même, l’impulsion qui porte le Cheval à la préhension des liquides est le résultat d’une sensation interne, la soif, qui se développe surtout après le repas et lorsque le sang a éprouvé une déperdition considérable d’éléments aqueux.
Chaque espèce animale a un régime, c’est-à-dire un mode d’alimentation propre, réglé par son organisation et ses instincts. C’est ainsi que le Cheval, animal herbivore, ne prendra jamais de plantes vénéneuses, à moins que celles-ci se trouvent mélangées à d’autres plantes ou qu’il soit pressé par la faim.
Privé d’aliments, ou sous le coup de l’abstinence, le Cheval résiste d’autant mieux qu’il est plus gras et se rapproche plus de l’âge adulte. Dans tous les cas, il se nourrit plus ou moins longtemps aux dépens de sa propre substance (autophagie), puis s’émacie petit à petit, et finit enfin par mourir quand l’absorption ne recueille plus la somme des matériaux nécessaires à l’entretien de la vie.
Le Cheval se sert de ses lèvres et de ses dents incisives pour prendre les aliments. Une fois introduits dans la bouche, ceux-ci y sont divisés, écrasés, réduits en pâte pour être plus facilement attaqués par les liquides du tube digestif. En même temps, les matières alimentaires se trouvent en contact avec la salive, liquide filant produit par les glandes salivaires, dont le rôle est de ramollir les aliments, de dissoudre leurs matières sucrées, mucilagineuses, la plupart de leurs sels, et enfin de transformer en sucre les principes amylacés que ces aliments renferment. Agglomérés ainsi sous forme de bol, les aliments passent de la bouche dans le pharynx et l’œsophage ; puis, de là, dans l’estomac (Déglutition) (Voy. IIIe partie, chap. I et II, tête et cou, Cavité buccale, Glandes salivaires, Pharynx et Œsophage).
Les aliments, une fois arrivés dans p. 450l’estomac, s’y accumulent, le distendent, y séjournent pendant un certain temps, et se transforment en une masse pulpeuse appelée chyme sous l’action du suc gastrique sécrété par le cul-de-sac droit.
La chymification se trouve aidée par les contractions du viscère, qui favorisent la désagrégation des aliments, leur passage dans l’intestin et la sécrétion des glandes pepsiques.
Le suc gastrique, grâce à son principe excitant particulier, la pepsine, qui lui donne ses principales propriétés, dissout et rend assimilables la fibrine, l’albumine coagulée (qu’il transforme en peptones), ainsi que toutes les substances azotées. Par contre, il n’a pas d’action sur les matières grasses, qui ne peuvent être modifiées que dans l’intestin.
La digestion gastrique est plus ou moins puissante suivant les espèces animales ; elle est à son maximum chez les carnivores et chez certains oiseaux de proie, qui digèrent assez facilement des os, des pierres, et même des pièces métalliques, grâce au long séjour des aliments dans l’estomac, à la structure et aux contractions énergiques du viscère.
Si l’importance de la digestion gastrique se trouve diminuée chez le Cheval, cela tient à ce que la muqueuse sécrétante de l’estomac de cet animal est réduite de moitié, et surtout à ce que les aliments ne font que passer dans sa cavité.
D’ailleurs, chez les animaux d’une même espèce, l’action de l’estomac varie suivant la composition et la quantité des aliments ingérés, suivant leur degré de consistance et les préparations diverses qu’on leur a fait subir :
Ainsi, la digestion gastrique est d’autant plus active que les aliments sont plus riches en matières azotées ; c’est pourquoi l’orge et l’avoine, qui renferment environ 12 p. 100 de matières azotées, éprouvent dans l’estomac du Cheval des changements importants et y séjournent plus longtemps que le foin et la paille.
D’autre part, les contractions des parois stomacales deviennent à peu près insensibles, la sécrétion du suc gastrique se ralentit, toutes les fois que l’estomac est trop ou trop peu distendu. Pour que l’action de ce réservoir s’exerce convenablement, il faut que les aliments s’y accumulent en quantité modérée, peu à peu, et non brusquement.
Enfin, il est évident que le degré de consistance des aliments et les préparations diverses qu’ils ont subies doivent exercer aussi une influencep. 451 notable sur la durée de la digestion stomacale. Les aliments de consistance molle, ceux qui ont été bien mastiqués, ceux que l’on a soumis à certaines préparations, comme la cuisson, la division, la fermentation, etc., subissent dans l’estomac une digestion plus complète que les autres.
Il s’ensuit que les aliments passent d’autant plus vite dans l’intestin qu’ils sont plus divisés et plus liquides. L’eau, par exemple, ne séjourne pas dans le réservoir gastrique.
Notons, d’ailleurs, que les aliments les plus durs ne paraissent pas séjourner plus d’une heure ou d’une heure et demie dans l’estomac du cheval.
Le vomissement consiste dans la réjection convulsive et en masse des aliments contenus dans l’estomac. C’est, dans la majorité des cas, un acte moins physiologique que pathologique.
Le vomissement ne se produit pas, à beaucoup près, chez tous les animaux. Il en est qui vomissent facilement : les carnassiers, un certain nombre d’omnivores, et, parmi ces derniers, l’homme, par exemple. D’autres vomissent rarement, comme les ruminants. Enfin, les solipèdes vomissent encore plus rarement, et, presque toujours, chez ces animaux, le vomissement indique une lésion grave, sinon mortelle.
Il s’effectue par suite d’une impulsion nerveuse appelée nausée, et par l’action simultanée et combinée de l’estomac, du diaphragme, des muscles abdominaux et de l’œsophage.
Diverses causes sympathiques relatives à l’imagination, chez l’homme, provoquent la nausée ; mais elles ne paraissent pas avoir d’action sensible chez les animaux. Le point de départ et la nature de cette sensation restent indéterminés.
Quoi qu’il en soit, l’impossibilité du vomissement, chez le cheval, est due à la présence, autour du cardia, d’un sphincter énergique qui tient constamment fermée l’ouverture de l’œsophage dans l’estomac ; tandis que l’orifice pylorique reste largement béant. De nombreuses expériences ont mis ce fait hors de doute.
La pâte molle et grisâtre (chyme) résultant de la transformation des aliments féculents en glycose par la salive, et des matières azotées en substance également soluble et assimilablep. 452 par le suc gastrique, est poussée insensiblement, et par ondées, dans le tube intestinal, où elle se met en contact avec la bile, le suc pancréatique, et les fluides intestinaux.
Le suc pancréatique, dont nous avons déjà dit un mot en parlant de la glande qui le sécrète, agit sur les corps gras, les matières féculentes et les principes azotés. Il émulsionne les graisses et les rend ainsi absorbables. Il convertit la fécule en dextrine et en glycose, et continue dans l’intestin grêle les transformations commencées dans la bouche par la salive. Il jouit, enfin, de la propriété de digérer les matières azotées qui n’ont pas été attaquées dans l’estomac par le suc gastrique.
La bile, dont nous avons également parlé à propos du foie, paraît avoir, comme le suc pancréatique, la propriété d’émulsionner les corps gras, mais à un degré plus faible. Elle semble, d’un autre côté, sans action sur les aliments féculents, les sels et les principes azotés.
Ce ne sont là, toutefois, que des hypothèses ; car le rôle de la bile est loin encore d’être bien déterminé, et même, pour certains physiologistes, M. Mathias Duval entre autres, la bile « paraît plutôt destinée à favoriser l’absorption intestinale, en rendant plus actif l’acte de renouvellement, la desquamation et la végétation de l’épithélium8 » .
Quant au suc intestinal, il a pour but de continuer les effets de la salive et du suc gastrique et d’émulsionner les matières grasses.
Ces métamorphoses des aliments ont surtout leur siège dans l’intestin grêle ; mais elles continuent aussi dans le caecum et le côlon.
Elles sont de la plus haute importance, et la digestion intestinale, chez le cheval, joue un rôle beaucoup plus grand que la chymification.
Toutefois, les matières alimentaires, pour parcourir toutes les sections du tube digestif, ne paraissent guère mettre plus de 30 heures en moyenne.
Leur expulsion de l’économie a lieu à des intervalles variables et est connue sous le nom de défécation.
1° Estomac. — L’estomac reçoit ses nerfs de deux sources : des pneumogastriques d’une part, du grand sympathique d’autre part.
p. 453La section des pneumogastriques détermine une paralysie à peu près complète des parois stomacales ; mais le suc gastrique continue à se former, quoique en moindre abondance, et la digestion s’exécute encore. Ces nerfs ne sont donc pas indispensables à l’accomplissement de l’acte digestif.
C’est en général le grand sympathique qu’on regarde comme dirigeant la digestion stomacale.
2° Intestin. — La production des liquides intestinaux est sous la dépendance des nerfs de l’intestin, et particulièrement des vaso-moteurs, dont la section ou la lésion, dans un point quelconque, détermine la paralysie du tube intestinal en ce point et la sécrétion d’une grande quantité de liquide. C’est ainsi que se produisent les diarrhées séreuses, parfois si considérables.
L’absorption n’a pas, comme toutes les autres fonctions, un appareil spécial, isolé ; ses agents immédiats ne peuvent être parfaitement précisés.
C’est un phénomène général dont le but est de faire pénétrer dans le courant circulatoire, d’une part, les matières assimilables qu’elle fournit à la nutrition, et, d’autre part, les molécules non assimilables ou désassimilées dont elle prépare l’élimination. De là résultent deux espèces d’absorptions : l’absorption externe et l’absorption interne.
L’absorption se produit à travers les tissus fermés, par suite des phénomènes physiques connus sous les noms d’endosmose et d’exosmose.
Les matières que l’absorption saisit sont gazeuses, liquides ou solides. (Ces dernières doivent être en solution, solubles dans les sucs dont les tissus sont imprégnés, ou susceptibles de se décomposer au contact des éléments organiques.)
L’activité de l’absorption est modifiée par certains états de l’organisme et par diverses causes dont l’influence est facile à apprécier.
La chaleur, la pression, l’électricité, le mouvement, favorisent cette fonction.
Le degré de plénitude du système vasculaire exerce également sur l’absorption une action très remarquable : Magendie ayant injecté p. 454environ un litre d’eau dans les veines d’un chien, mit dans la plèvre une faible dose d’une substance vénéneuse : Les effets du poison ne se manifestèrent que plusieurs minutes après l’époque à laquelle ils se montrent ordinairement.
Dans une seconde expérience, deux litres d’eau tiède à peu près furent injectés dans les veines : Le poison resta sans action. Une large saignée ayant alors été pratiquée, les effets de l’agent toxique se manifestèrent à mesure que le sang coulait.
Pour prouver que la difficulté d’absorption n’était pas due à une modification dans la qualité du sang, Magendie fit une saignée à l’animal et lui rendit par les veines une quantité d’eau tiède égale au sang retiré des vaisseaux. L’intoxication se produisit comme dans les circonstances ordinaires.
L’absorption est encore influencée par diverses substances : les astringents, par exemple, la rendent plus difficile ; les émollients, au contraire, l’aident plus ou moins.
De même, l’état de la circulation a une action très marquée sur l’absorption : Lorsque le cours du sang se ralentit dans une partie, par suite de l’oblitération incomplète de quelques artères, et surtout par un obstacle au cours du sang veineux, l’absorption s’y affaiblit en même temps que tous les tissus s’œdématient. Lorsqu’elle est gênée par une compression momentanée, l’absorption peut même se suspendre à peu près complètement, comme on le voit dans le cas d’application de liens circulaires plus ou moins serrés sur les membres, après la morsure des animaux enragés ou des reptiles venineux.
Au contraire, lorsque la circulation est excitée localement, elle augmente l’activité de l’absorption. C’est ainsi que les frictions sèches, excitantes ou vésicantes, agissent sur cette fonction.
D’ailleurs, dans toute maladie où il y a fièvre, conséquemment augmentation de la température et suractivité de la circulation, l’absorption se trouve favorisée.
Enfin, bien que la rapidité avec laquelle s’opère l’absorption soit généralement très grande, puisque certaines substances toxiques peuvent déterminer la mort en moins d’une minute, cette rapidité dépend : 1° De la perméabilité des surfaces qui absorbent ; 2° du degré de miscibilité de la substance à absorber avec les fluides qui imprègnent les tissus ou qui remplissent les vaisseaux ; 3° de l’activité de la circulation.
p. 455L’influence du système nerveux sur l’absorption est encore mal connue ; mais, quelque incomplètes que soient les tentatives faites pour l’apprécier, elles prouvent cependant que les nerfs cérébrospinaux ne sont pas nécessaires à l’accomplissement de cette fonction. Quant à la part d’action qui peut revenir aux nerfs ganglionnaires, elle reste tout à faire problématique.
Voies de l’absorption. — Nous avons vu que l’absorption n’a pas d’appareil spécial et bien isolé. « Mais, comme il est deux ordres de vaisseaux chargés du transport des produits qu’elle a recueillis, il est probable que ce sont les radicules de ces vaisseaux, c’est-à-dire celles des veines et des lymphatiques, qui saisissent les produits tels qu’ils sont, ou après leur avoir fait subir quelques modifications. Les veines et les lymphatiques seuls peuvent avoir cet office, en raison de la direction centripète du courant des fluides qu’ils charrient [•] 9 . »
1° Absorption par les lymphatiques. — Les vaisseaux lymphatiques, qui forment un immense réseau dans presque toutes les parties de l’économie, paraissent exclusivement créés pour absorber.
Grâce à leur rôle spécial, et bien qu’au point de vue anatomique ils ne se différencient pas de ceux du reste de l’organisme, les lymphatiques de l’intestion ont reçu la dénomination de chylifères. D’où la division du système lymphatique en deux ordres de vaisseaux : les lymphatiques proprement dits et les chylifères.
Nous allons tout d’abord nous occuper des premiers :
Les vaisseaux lymphatiques paraissent manquer dans quelques organes, tels que l’œil, le cerveau ; ils sont, au contraire, abondants dans d’autres : par exemple, autour des articulations.
Ces vaisseaux naissent par des réseaux à mailles étroites ou par des cellules communiquant entre elles, mais dépourvues d’orifices visibles. Dès qu’ils ont acquis un certain volume, ils se présentent sous l’aspect de canaux flexueux, étranglés et renflés par intervalles, à parois minces et munies à leur face interne de valvules destinées à s’opposer au cours rétrograde du fluide qu’ils charrient.
Les lymphatiques, après avoir parcouru un certain trajet, à la surface ou dans l’épaisseur des parties, se portent vers les ganglions, qu’ils traversent en s’y divisant.
p. 456Chez les mammifères, les lymphatiques de presque toutes les parties du corps s’ouvrent au sommet de la veine cave antérieure, en haut du golfe des jugulaires, par un canal thoracique simple ou double (Voy. plus loin, Absorption par les chylifères).
Seuls, les lymphatiques du membre antérieur droit, des régions axillaire et costale superficielles droites, de la moitié droite de la tête, du cou et du diaphragme, aboutissent à un deuxième gros tronc de réception des vaisseaux blancs, la grande veine lymphatique, qui part des ganglions pré-pectoraux du côté droit et s’ouvre à la jonction des jugulaires, à côté du canal.
Le fluide que charrient les lymphatiques, ou la lymphe, est un liquide transparent, d’une légère teinte citrine, à odeur qui rappelle parfois celle de l’animal dont il provient, à saveur légèrement salée et à réaction alcaline. On peut le considérer comme le plasma du sang ; celui-ci, en effet, sort à travers les parois vasculaires, baigne les organes qu’il sert à nourrir, leur prend certains éléments, leur en donne d’autres, et rentre par absorption dans les vaisseaux lymphatiques.
Toutefois, le plasma sanguin ne sort pas des vaisseaux avec les proportions de ses divers éléments : la partie qui s’échappe est moins chargée d’albumine que celle qui reste et, conséquemment, moins coagulable. De plus, comme nous l’avons vu, à ce plasma s’ajoutent des matériaux pris dans les tissus, dans les produits de sécrétion, etc. ; des globules, enfin, se forment dans l’intérieur des vaisseaux lymphatiques, qui donnent à la lymphe des propriétés particulières la différenciant sensiblement du plasma sanguin.
Les ganglions, que la lymphe doit traverser au moins une fois, avant d’arriver au canal thoracique, la filtrent, ralentissent son cours, et lui permettent, par de nouveaux échanges entre ses éléments et ceux du sang, de se modifier à la fois dans sa constitution chimique et ses propriétés physiques.
Les variations dans la quantité de lymphe absorbée sont énormes suivant les espèces, le tempérament des individus et les conditions physiologiques ou pathologiques : L’herbivore paraît en absorber plus que le carnassier, le jeune sujet plus que l’adulte ; l’animal dit lymphatique en a les vaisseaux pleins, les ganglions gonflés.
L’absorption par les lymphatiques a plus d’une analogie avec celle par les chylifères ; elle doit, comme cette dernière, recueillir des matériaux p. 457propres à la reconstitution du fluide nutritif. Mais, au lieu de les prendre dans les matières étrangères, elle les recueille dans la propre substance de l’être ; l’une prend les produits des mutations de l’aliment ; l’autre, ceux des mutations des tissus de l’organisme.
Tout en se chargeant d’absorber les matières organiques destinées, à la formation de la lymphe, les vaisseaux lymphatiques puisent encore des substances qui se trouvent accidentellement déposées, soit à la surface des membranes, soit dans l’épaisseur des tissus.
De nombreuses expériences ont mis ce fait hors de doute.
Citons, entre autres, la suivante de M. Colin : sur un cheval affecté d’une plaie de la région inférieure d’un des membres, l’éminent physiologiste d’Alfort établit une fistule à un lymphatique satellite de la saphène, vers le milieu du plat de la cuisse ; puis il plonge le pied du membre malade dans un baquet contenant une solution étendue de cyanure de potassium : Ce sel apparaît dans la lymphe à 1a vingtième minute.
Dans les conditions pathologiques, l’action des lymphatiques s’exerce aussi évidemment : ils transportent les matières virulentes ou septiques et les disséminent partout. Ils prennent souvent aussi la partie séreuse du pus, et même ses globules. Leur action paraît, enfin, s’exercer également sur la matière tuberculeuse insérée dans les plaies ou le tissu cellulaire sous-cutané.
Il y a alors irritation des vaisseaux et tuméfaction des ganglions.
Ainsi donc, les lymphatiques prennent une part évidente à l’absorption ; mais il faut dire que cette absorption est moins rapide que celle des veines. La pénétration de la matière dans les éléments des tissus se fait à peu près avec la même vitesse ; la différence apparente tient à l’inégale vélocité du transport des produits absorbés.
2° Absorption par les chylifères. — Les vaisseaux chylifères naissent de tous les points de l’intestin grêle, se placent entre les lames du mésentère, soit autour des vaisseaux, soit dans les espaces que ceux-ci laissent entre eux. Ils acquièrent un diamètre de plus en plus considérable à mesure qu’ils s’éloignent de l’intestin, s’anastomosent entre eux, puis se rendent aux ganglions mésentériques qu’ils traversent. À leur sortie de ces ganglions, ils se déversent dans une espèce d’ampoule connue sous la dénomination de réservoir de Pecquet, située à la région sous-lombaire, et terminée elle-même, en avant, par le canal p. 458thoracique, long conduit s’étendant sous la colonne vertébrale, depuis la première vertèbre lombaire jusqu’en dehors de l’entrée du thorax, où il débouche dans la veine cave antérieure.
Les chylifères proviennent des petits prolongements de la muqueuse intestinale connus sous le nom de villosités. Ces prolongements sont constitués, de dehors en dedans : 1° par une couche épithéliale qui leur forme une enveloppe complète ; 2° par une substance homogène translucide ; 3° par un réseau de vaisseaux sanguins immédiatement étalés au-dessous de la couche épithéliale ; 4° enfin, par des vaisseaux lymphatiques qui occupent le centre de la substance homogène, et deviennent le point de départ des chylifères.
D’après cette disposition des parties constituantes des villosités, il paraît évident que le courant sanguin, placé très superficiellement, se trouve le mieux disposé pour absorber ce que lui livre l’épithélium. Aussi, admet-on généralement que c’est par les vaissaux sanguins que sont entraînées la plupart des matières absorbées. « Mais en même temps que la graisse disparaît de la villosité, on voit que le chylifère central devient tout blanc et on y constate un grand nombre de molécules graisseuses finement émulsionnées10 . »
Il y a donc lieu d’admettre que le chylifère est spécialement préposé à l’absorption des graisses.
Toutefois, celles-ci ne passent pas exclusivement par la voie lymphatique : il y en a dans le sang de la veine porte ; mais en très petite quantité.
C’est après leur division en une infinité de particules par l’action des sucs biliaire et pancréatique11 , et non comme matières dissoutes et diffusibles, que les graisses pénètrent dans la villosité.
Quand l’animal est en pleine digestion, les villosités sont énormes, comme turgescentes ; les ganglions sont également très gonflés.
Ce que nous venons de dire du mécanisme de l’absorption par les chylifères ne nous permet pas, en bonne logique, de supposer que les matières albuminoïdes, le sucre, l’eau, les sels, qui entrent avec les graisses dans les cellules épithéliales des villosités, s’en séparent, p. 459comme l’admettent certains auteurs, juste à la surface des parois vasculaires, pour entrer, les unes dans les chylifères, les autres dans les veinules mésaraïques. Doués de la propriété de prendre la graisse, le principe le plus difficile à saisir, les chylifères absorbent également l’eau, les sels, le sucre, etc.
Ils puisent, en somme, tous les principes du chyle dans les aliments ; ils les y prennent à la fois déjà métamorphosés et ils les métamorphosent encore en les associant à une certaine quantité de matériaux plasmiques que ces vaisseaux, à titre de lymphatiques, prennent dans les tissus des parois intestinales.
« Le chyle, dans toute sa pureté, est un fluide dont les caractères physiques et les propriétés varient un peu suivant les espèces, la nature des aliments et l’état de la digestion. Il est d’un beau blanc laiteux chez les carnivores et même chez les herbivores tant qu’ils sont à la mamelle ; il est plus clair et très légèrement lacté chez les herbivores dans les circonstances ordinaires12 » .
Il doit à la présence des globules graisseux dans sa composition les propriétés qui le distinguent de la lymphe.
3° Absorption par les veines. — Les vaisseaux veineux absorbent très rapidement, au point qu’on a cru longtemps qu’ils étaient les seules voies de l’absorption.
Ce sont surtout les radicules des veines qui sont absorbantes, leurs parois étant très fines. Cependant, il est certain que les grands vaisseaux absorbent aussi.
La participation des veines à l’absorption est démontrée par de nombreuses expériences. Citons-en une au hasard :
Magendie et Delile ayant séparé du tronc le membre postérieur d’un chien au niveau de la cuisse, en laissant intactes la veine et l’artère crurales, dont la tunique celluleuse seule fut enlevée, afin de détruire les lymphatiques qui pouvaient ramper autour de ces vaisseaux, deux grains d’un poison très violent, l’upas tieuté, furent enfoncés dans la patte : l’empoisonnement fut aussi prompt que si la cuisse n’avait pas été séparée du tronc.
Les matières colorantes, qui paraissent ne point passer dans les lymphatiques, sont probablement absorbées par les veines, puisqu’on p. 460les retrouve dans les produits des sécrétions ou dans les tissus.
Les matières odorantes passent également très vite dans les veines, sans qu’on puisse, le plus souvent, les reconnaître dans le chyle ; c’est ainsi que le sang prend l’odeur de ces matières, alors qu’elles ont été ingérées dans l’estomac et l’intestin. On s’en assure en injectant, dans une anse intestinale fermée, de l’acide cyanhydrique, après avoir adapté à une veine de cette anse un long tube en caoutchouc qui sort de l’abdomen et conduit le sang à l’extérieur : celui-ci répand longtemps une odeur forte d’amandes amères.
La muqueuse des voies digestives constitue l’une des principales surfaces absorbantes de l’organisme ; elle donne accès aux liquides et aux matières dissoutes.
1° Absorption dans les parties de l’appareil digestif situées en avant de l’estomac. — Considérons d’abord l’absorption dans les parties de l’appareil digestif qui précèdent l’estomac.
Cette absorption est incontestable, quoi qu’elle soit peu marquée : Le fait de l’impression gustative démontre celle qui est effectuée par la muqueuse linguale. Les phénomènes d’intoxication observés lors de la projection sur la langue, ou sur toute autre partie de la muqueuse buccale, de quelques gouttes d’un poison violent, de nicotine par exemple, donnent la même démonstration.
Toutefois, la faculté absorbante de la muqueuse buccale semble être assez faible et ne s’étend pas à toutes sortes de substances.
Dans l’œsophage, l’absorption est encore plus faible.
2° Absorption stomacale. — Les diverses transformations que subissent les matières alimentaires dans le tube digestif ont, nous l’avons vu, pour résultat final de les rendre susceptibles d’être absorbées et entraînées dans le torrent circulatoire.
La faculté absorbante de l’estomac du cheval est presque nulle. Si, après avoir fait la ligature du pylore ou la section des nerfs pneumogastriques, qui amène la paralysie du viscère, on introduit du poison (extrait alcoolique de noix vomique, par exemple) dans l’estomac d’un cheval à jeun, les effets ne se manifestent pas. Cependant, la noix vomique a conservé ses propriétés, puisqu’elle tue si, au bout d’un certainp. 461 temps, on enlève la ligature pour lui permettre dépasser dans l’intestin. De nombreuses expériences ont été faites à ce sujet par MM. H. Bouley et G. Colin13 .
Contrairement à celui des solipèdes, l’estomac des carnivores jouit de propriétés absorbantes très actives.
3° Absorption intestinale. — Si l’estomac n’absorbe point ou n’absorbe que d’une manière peu sensible, chez le cheval, l’intestin possède à un haut degré, dans toutes ses parties, et chez tous les animaux, la faculté d’absorber, comme le prouve l’expérience ci-dessus.
L’intestin grêle est incontestablement, de toutes les parties du tube digestif, celle où l’absorption s’opère avec le plus d’activité, grâce à l’organisation délicate de sa muqueuse et à la présence des villosités.
Le cæcum absorbe aussi, mais avec moins de rapidité. C’est lui qui absorbe, chez les solipèdes, une grande partie des liquides qui ne séjournent pas dans l’estomac et traversent rapidement l’intestin grêle.
Le côlon et le rectum jouissent également, à un degré très prononcé, de la faculté absorbante ; d’où l’indication des lavements.
L’absorption s’opère également sur la peau, les muqueuses de l’appareil respiratoire, sur les canaux excréteurs des glandes et les réservoirs qui leur sont annexés, sur les membranes séreuses, les surfaces accidentelles, et enfin dans la trame des tissus.
En ce qui concerne l’absorption cutanée, les détails que nous avons consacrés aux membranes tégumentaires, dans la première partie de notre livre, nous dispensent d’y revenir ici (Voy. Ire partie, Membranes tégumentaires).
Nous ne nous étendrons guère plus sur l’absorption dans les voies aériennes, dont il a été longuement question à propos de la respiration. Nous nous contenterons de faire remarquer qu’en dehors de l’oxygène nécessaire à l’hématose, la muqueuse des voies respiratoires absorbe les gaz délétères, les substances volatiles, les liquides et les matières en dissolution. Elle s’en empare même peut-être encore avec plus de facilité que la muqueuse de l’intestin grêle, si admirablement bien organisée pour l’absorption.
Les canaux excréteurs des glandes et les réservoirs qui leur sont annexés p. 462jouissent également d’une faculté absorbante souvent très active. Les voies biliaires, lactées, urinaires et génitales nous donnent tous les jours des preuves incontestables de cette absorption.
Le pouvoir absorbant des membranes séreuses est non moins actif. C’est ainsi que MM. H. Bouley et G. Colin, par une injection d’extrait alcoolique de noix vomique étendu d’eau dans le péritoine, déterminèrent le tétanos et la mort beaucoup plus vite que lorsque cette substance est introduite dans les voies digestives.
Quant à l’absorption par les surfaces accidentelles et dans la trame des tissus, nous en avons donné la preuve en parlant des voies de l’absorption.
Chargé d’éliminer l’urine du sang et de la contenir depuis le moment de sa formation jusqu’à celui de son expulsion au dehors, l’appareil de la dépuration urinaire se compose de deux glandes : les reins, d’où partent les conduits excréteurs, ou uretères, qui s’ouvrent dans un réservoir spécial, la vessie. À celle-ci fait suite le canal de l’urèthre, qui débouche à l’extérieur.
Nous allons dire un mot de tous ces organes, à l’exception de l’urèthre, qui sera décrit avec les organes génitaux.
Les reins (19, 20), au nombre de deux, sont les organes essentiels de la dépuration urinaire.
Placés à droite et à gauche de la région sous-lombaire, en arrière du foie, de la rate et du pancréas, au-dessus du péritoine, chacun de ces organes glanduleux n’a pas tout à fait la même situation : le gauche (20) est plus postérieur que le droit (19). Ils sont l’un et l’autre aplatis de dessus en dessous et offrent à étudier deux faces et une circonférence ; celle-ci, du côté de la ligne médiane, est échancrée pour former la scissure ou le hile du rein, qui loge les vaisseaux, les nerfs, et l’origine du canal excréteur de l’organe.
Les reins répondent, par leur face supérieure, aux muscles grands psoas et au diaphragme ; par leur face inférieure, ils sont plus ou moins p. 463directement en contact avec la masse intestinale et la capsule surrénale.
Le bord interne de la circonférence du rein droit est en rapport avec la veine cave postérieure (24) ; celui du rein gauche est longé par l’aorte postérieure (23).
Recouvert par une tunique d’enveloppe, le tissu propre des reins est lourd, friable, de couleur rouge brun, et se compose de deux couches superposées se pénétrant réciproquement à leur point de jonction : « une extérieure, très foncée, dite couche corticale ; une intérieure, blanchâtre, appelée couche médullaire. Ces deux couches se distinguent par un autre caractère que celui de la coloration : la substance corticale, en effet, présente un aspect grenu et se montre parsemée de petites sphères rougeâtres facilement visibles à l’œil nu, dites corpuscules de Malpighi, emprisonnant un peloton de capillaires artériels ; tandis que la substance médullaire paraît composée de fibres rayonnant jusqu’à la périphérie de l’organe. Or, l’examen microscopique démontre que ces fibres sont creuses intérieurement et qu’elles forment de véritables canaux appelés tubes urinifères, qui, sinueux dans la partie corticale et droits dans la partie rayonnée du rein, s’abouchent sur les corpuscules de Malpighi à leur extrémité périphérique et s’ouvrent à leur extrémité centrale dans une cavité dite bassinet rénal, placée au centre du rein, près du hile, et servant d’origine à l’uretère.
On s’accorde pour regarder aujourd’hui la sécrétion urinaire comme une simple filtration des éléments de l’urine renfermés dans le sang à travers les parois des vaisseaux et des tubes urinifères.
Les maladies des reins sont nombreuses et reconnaissent généralement, pour causes un vice de nutrition (diabète, albuminurie, calculs rénaux, etc.) ou une inflammation (néphrite). Caractérisée par une douleur extrême de la région lombaire, des coliques, etc., celle-ci est le plus souvent due à un refroidissement, à des coups, à la présence de calculs, à l’administration d’aliments âcres, etc.
Urine. — Les propriétés et la composition du produit de la sécrétion urinaire varient beaucoup suivant les espèces d’animaux, leur mode d’alimentation, et une foule de circonstances diverses qui se rapportent à l’état de santé ou aux maladies. L’urine des herbivores est un liquide jaunâtre, alcalin, trouble, visqueux et ordinairement p. 464peu putrescible ; la partie essentielle de ce liquide est l’urée, matière azotée et cristallisable qui représente le produit de la combustion des éléments albuminoïdes. À côté de cette dernière substance, on trouve une petite quantité d’acide urique, d’acide hippurique, de matières animales extractives (créatine, créatinine, etc.), du mucus et divers sels (carbonate de chaux et de soude, hippurate de soude, chlorure de potassium, etc.). L’urine des herbivores ne contient pas ou ne renferme que des traces d’acide urique ; celui-ci est remplacé par de l’acide hippurique. Mais il suffit de donner à un herbivore l’alimentation du carnassier pour que les urines du premier deviennent semblables à celles du second, c’est-à-dire acides, et réciproquement.
L’urine éprouve des modifications notables et très variées sous l’influence des maladies ; ces modifications portent à la fois sur ses propriétés physiques et sur sa composition chimique : L’urine est pâle dans le diabète, l’anémie ; jaune dans les maladies inflammatoires et surtout dans l’ictère ; rouge dans l’hématurie, etc. Elle devient acide, chez les herbivores, dans les fièvres graves, dans les inflammations aiguës, et contient plus ou moins d’albumine dans la plupart des états pathologiques, et notamment dans les affections charbonneuses et typhoïdes, dans les hydropisies, la néphrite, etc. Enfin, l’urine laisse souvent déposer des matières solides non dissoutes qui, lorsqu’elles se forment déjà dans les voies urinaires (reins, uretères, vessie), constituent, suivant leur volume, des calculs ou la gravelle. Elles déterminent, par leur déplacement, des coliques excessivement violentes et douloureuses, dites néphrétiques, quand les sédiments urinaires séjournent dans les reins, les bassinets ou les uretères. La sécrétion de l’urine peut être exagérée (diurèse), et son excrétion douloureuse (strangurie), impossible (ischurie), ou involontaire (énurésie).
Les capsules surrénales, au nombre de deux, sont des petits corps glandulaires placés sur la face inférieure et près du bord interne des reins. Elles ont des usages encore inconnus.
Canal membraneux du diamètre d’une grosse plume, l’uretère (21.21) fait suite au bassinet rénal et sort du rein par la scissure interne. Il s’infléchit ensuite en arrière et se dirige vers la cavité du bassin, longeant l’aorte ou la veine cave postérieure, selon le côté auquel il appartient ; croise les branches terminales de l’aorte à l’entrée du bassin, et gagne enfin la partie supérieure et postérieure de la vessie.
La vessie (22) est un réservoir musculo-membraneux logé dans la cavité du bassin, où il occupe un espace qui varie avec la quantité d’urine qu’il renferme ; il peut même déborder le pubis en avant et s’avancer dans la cavité abdominale.
Dans un état moyen de plénitude, cet organe figure un ovoïde dont l’extrémité postérieure se termine par un rétrécissement très prononcé connu sous le nom de col de la vessie, d’où part le canal de l’urèthre.
Chez le mâle, la vessie répond : en haut, aux vésicules séminales, aux renflements pelviens des canaux déférents et au rectum ; en bas et par côté, aux parois inférieure et latérales de la cavité du bassin.
Chez la femelle, le vagin sépare complètement la face supérieure de la vessie du rectum (voy. IIIe partie, chap. II, § 2, III, Bassin, Organes génitaux).
Comme nous l’avons vu déjà, le péritoine n’enveloppe pas complètement la vessie ; après avoir tapissé les parois du bassin, il se réfléchit sur l’extrémité antérieure ou cul-de-sac de la vessie, et forme là un simple repli orbiculaire.
Examinée à l’intérieur, la vessie offre : en arrière, l’ouverture du col ; un peu plus haut et latéralement, l’embouchure des uretères.
Deux membranes seulement entrent dans la structure du réservoir vésical : une interne, muqueuse ; une externe, musculaire. Doublée en dehors et en avant par la calotte séreuse dont nous avons dit un mot plus haut, la couche charnue a pour but, par ses contractions, de faire passer l’urine dans le canal uréthral.
p. 466Complètement vide, la vessie pèse, en moyenne, 450 grammes.
Il y a lieu de faire remarquer que le réservoir urinaire est plus étroit et plus allongé dans le fœtus que chez l’adulte. « Il occupe alors la cavité abdominale et s’avance sur la paroi inférieure de cette cavité jusqu’à l’ouverture ombilicale, flanqué par les deux artères de même nom14 . » C’est seulement vers l’époque de la naissance que, se retirant peu à peu au fond de la cavité pelvienne, la vessie finit par prendre la position qu’on observe à l’âge adulte.
Les reins sont seuls chargés de la sécrétion de l’urine. Les autres organes de l’appareil urinaire ont tout simplement pour fonction de transporter ce dernier liquide d’un point à un autre ou de le conserver jusqu’au moment de son expulsion au dehors.
L’une des plus importantes de l’économie, la sécrétion urinaire a pour objet l’élimination des matériaux superflus que l’absorption a fait entrer dans le sang (eau excédente des boissons et des aliments, matières étrangères) et celle des produits azotés et salins qui résultent des mutations des tissus.
Cette sécrétion est continue ; l’excrétion de son produit seule est intermittente. Elle s’opère, d’un autre côté, suivant un mode à peu près uniforme chez la plupart des mammifères : le liquide qui suinte par les petits orifices des tubes urinifères (voy. Reins) s’accumule dans le bassinet rénal en petite quantité et coule lentement dans l’uretère, qui le pousse goutte à goutte vers la vessie, d’où il ne peut refluer dans le canal précédent, à cause de l’obliquité même de son insertion.
À mesure que de nouvelles quantités d’urine arrivent dans la vessie, celle-ci se distend, et, quand la distension approche de son terme, elle a reçu 3, 4, 5 litres de liquide et plus. C’est alors que naît le besoin d’uriner, sensation interne déterminant, à l’aide des nerfs spinaux que reçoit la vessie, une action réflexe des centres nerveux, en partie soumise à la volonté, qui « fait cesser la contraction du sphincter du col vésical, et met en jeu le diaphragme et les muscles abdominaux ; de même p. 467que pour l’expulsion des matières fécales, il se produit un effort qui est, pour beaucoup d’animaux, incompatible avec la marche, la course, et la plupart des exercices musculaires un peu pénibles... Les solipèdes mâles ou femelles se campent, c’est-à-dire écartent les membres postérieurs des antérieurs, redressent les jarrets et les articulations métatarso-phalangiennes. Le mâle entier sort en partie le pénis du fourreau et lance l’urine avec force par un jet continu. Les dernières portions seules sont rejetées par saccades, coïncidant chacune avec une forte contraction des muscles abdominaux et du muscle accélérateur...Chez les femelles, on voit, dans les derniers moments, de vives contractions des lèvres de la vulve, qui s’écartent et se rapprochent alternativement, et un mouvement particulier du clitoris encore mouillé d’urine15 .»
La sécrétion urinaire est très active ; elle fournit en moyenne, chez le cheval, de 15 à 25 litres d’urine en 24 heures. Toutefois, il est bon de faire remarquer qu’elle varie suivant une foule de circonstances. D’une manière générale, elle est d’autant moins abondante que la température est plus élevée, que les mouvements sont plus fréquents, que les aliments sont moins aqueux. Néanmoins, elle ne se suspend jamais tout à fait ; elle dure même tout le temps que les animaux sont privés d’aliments et de boissons.
Tout le monde sait, d’autre part, que l’activité de la sécrétion urinaire est toujours en raison inverse de celle de la transpiration cutanée. Les substances étrangères introduites dans l’économie sous forme de médicaments ou avec les aliments et les boissons agissent sur la sécrétion urinaire ; celle-ci est alors surexcitée pour opérer plus vite l’élimination de ces matières et ramener ainsi le sang à sa constitution normale.
Cette élimination des matières étrangères par les voies urinaires, en général très rapide, ne l’est pas au même degré pour toutes les substances. Les unes, le cyanure de fer et de potassium, par exemple, se montrent déjà dans l’urine de la quatrième à la dixième minute ; tandis que d’autres n’apparaissent dans ce fluide qu’après un quart d’heure, une demi-heure et même une heure.
Chose non moins digne de remarque, l’élimination de ces substancesp. 468 continue plus ou moins longtemps, suivant leur quantité, leur nature, etc. Certaines sont complètement éliminées au bout de quelques minutes ; d’autres demandent plusieurs heures ; pour quelques-unes, enfin, l’élimination se prolonge pendant des mois entiers.
Appendice
1. — Nutrition.
On entend par nutrition l’ensemble des échanges qui s’établissent entre le sang et les tissus.
Cette fonction entretient des rapports tellement intimes avec les phénomènes que nous venons d’analyser (digestion, absorption, respiration, circulation), qu’on a pu considérer ces phénomènes comme les actes préparatoires de la nutrition.
La digestion, l’absorption, la respiration et la circulation préparent et distribuent à toutes les parties de l’organisme le fluide nécessaire à leur entretien, à leur rénovation et à leur accroissement.
La nutrition comprend la série des phénomènes dont le résultat final est la formation, le renouvellement de ce fluide, et la conversion de ses éléments en substance organisée.
1. — Rôle du sang dans la nutrition. Son mode de répartition aux parties solides.
« Le sang est le milieu intérieur dans lequel vivent les éléments anatomiques ; il leur apporte les matériaux à assimiler, il entraîne loin d’eux les substances résultant de la désassimilation16 . »
La partie fluide seule, c’est-à-dire le plasma, peut sortir des vaisseaux à travers les porosités invisibles de leurs parois, s’infiltrer dans l’épaisseur des tissus et baigner chacun de leurs éléments.
Aussi, pour que la nutrition de ces éléments anatomiques s’effectue normalement, la composition du liquide sanguin ne doit-elle pas subir des oscillations trop considérables. Si le sang est trop concentré, soit par perte d’eau, soit par excès de substances salines ou autres en dissolution dans le plasma, les éléments des tissus subissent des modifications fonctionnelles qui se traduisent souvent par des altérations matérielles faciles à constater.
C’est ainsi que, chez les individus atteints du diabète, se produit la cataracte diabétique : par suite de la concentration du sang, le cristallin cède une partie de son eau au sérum sanguin.
Les globules du sang, toutefois, ne restent pas étrangers au travail de la nutrition : Après avoir pris dans les poumons une teinte vermeille, sous l’influence de l’oxygène atmosphérique, ils deviennent noirs à leur passage dans les capillaires généraux, où ils paraissent céder aux tissus une certaine quantité p. 469d’oxygène qui joue là un rôle capital en déterminant les métamorphoses de diverses substances et en brûlant peu à peu l’hydrogène et le carbone des composés organiques.
2. — Phénomènes successifs de la nutrition.
Si, malgré l’intermittence des ingestions, la composition du milieu sanguin intérieur reste relativement constante, « c’est que la masse sanguine établit des rapports complexes entre les différents départements de l’organisme : en tel lieu, certaines substances sont emmagasinées, mises comme en réserve et ne reparaissent dans le sang qu’au fur et à mesure des besoins des autres tissus... D’un autre côté, quand les tissus ont rejeté dans le sang leurs produits de désassimilation, ce milieu intérieur peut servir semblablement à établir des rapports divers entre ces tissus et des organes où s’achèvent les métamorphoses chimiques des produits de désassimilation»
Il s’ensuit qu’il y a lieu d’étudier dans la nutrition :
1° Les fonctions par lesquelles des substances introduites dans le sang sont mises en réserve dans des organes plus ou moins nettement déterminés.
2° Les actes de nutrition proprement dite, c’est-à-dire d’assimilation et de désassimilation au niveau des éléments anatomiques en général.
3° Les actes complémentaires ou d’achèvement de la désassimilation.
1° Matériaux de réserve. — Le sang apporte à la fois aux tissus les substances que ceux-ci doivent s’assimiler et le gaz oxygène, dont la combinaison avec ces substances sera la source de toutes les activités nutritives et fonctionnelles. « Or, dit M. Mathias Duval, le fait d’emmagasinement, d’état de réserve, s’observe aussi bien pour les matériaux combustibles que pour le gaz comburant (oxygène). »
Cl. Bernard a jeté les premières lumières sur les phases préliminaires de la nutrition. Il a démontré, par exemple, que les matières sucrées pénètrent dans le sang de la veine porte à l’état de glycose ; qu’une faible partie de cette glycose traverse directement le foie pour aller immédiatement servir aux combustions organiques, tandis que la plus grande partie s’arrête au niveau du foie, s’y entrepose à l’état de matière glycogène, pour être ensuite distribuée, après une nouvelle transformation en glycose, au fur et à mesure des besoins de l’organisme. Le foie, dit-il, est donc une sorte de grenier d’abondance où vient s’accumuler l’excès de la matière sucrée fournie par l’alimentation. C’est pourquoi, lorsque, pour une cause quelconque, cette action du foie est supprimée, il y a glycosurie, c’est-à-dire présence du sucre dans les urines.
Pendant la vie embryonnaire, il se forme aussi des amas de réserve de certains sels calcaires, en attendant le moment de leur utilisation.
De même pour la graisse, qui s’accumule dans les cellules adipeuses et y reste comme une réserve pour fournir aux besoins de la combustion respiratoire, etc., etc.
2° Assimilation et désassimilation. — La propriété que possèdent les éléments organiques d’attirer les matériaux du sang qui les imprègnent, de se p. 470les incorporer pour un certain temps, puis de les rejeter après leur avoir fait subir certaines modifications, constitue les phénomènes d’assimilation et de désassimilation.
1° Assimilation. — Les simples lois de la physique sont impuissantes à expliquer comment la cellule vivante, l’élément anatomique, attire à lui telle substance du milieu ambiant. Ici, pas plus qu’en ce qui concerne la pénétration de l’oxygène du sang dans les éléments anatomiques pour y donner lieu à la combustion des substances tertiaires et quaternaires, les lois de l’endosmose ne sauraient être invoquées ; car, le plus souvent, les choses se passent à l’inverse de ce que pourrait faire supposer à priori la réalisation d’un simple phénomène d’endosmose.
Chaque élément anatomique choisit, pour ainsi dire, dans le milieu intérieur, les substances qu’il s’incorpore. Le sang, homogène, partout identique, se convertit ici en muscle, là en cartilage, plus loin en os, en membrane séreuse muqueuse, en production cornée. Il y a, en somme, une véritable sélection exercée par les éléments des tissus sur ceux du sang.
D’ailleurs, au moment de l’assimilation des substances du milieu ambiant des actes se produisent qui les modifient en combinant des éléments empruntés aux unes et aux autres :
« Dans les mutations nutritives qui s’opèrent au contact des cellules organiques, dit M. Sanson, la plus forte part des matières extractives non azotées fournies au sang par la digestion est transformée en matières grasses par des réactions dont la chimie ne nous peut encore donner qu’une idée imparfaite17 . »
« L’observation la plus vulgaire, écrit d’autre part M. Mathias Duval, montre que les féculents sont, de toutes les substances alimentaires, les plus aptes à l’engraissement, ce qui indique que les hydrates de carbone sont très propres à fournir les matériaux avec lesquels l’organisme peut former de la graisse ; mais l’ingestion directe de ces hydrates de carbone n’est pas indispensable à la formation des graisses des cellules adipeuses ; il suffit, pour cela, que des hydrates de carbone soient formés dans l’organisme18 . » Or, il est prouvé qu’ils peuvent prendre naissance aux dépens des éléments albuminoïdes, que l’économie, en somme, peut remplacer une substance par une autre, faire servir une même matière à bien des usages divers.
2° Désassimilation. — La désassimilation peut être considérée comme un phénomène chimique d’oxydation, par lequel les substances faisant partie de l’élément anatomique sont transformées en produits cristalloïdes (acide urique. urée), qui doivent être rejetés.
Le but de ces oxydations est la production, par la chaleur développée, de différentes forces qui sont le résultat du fonctionnement des éléments anatomiques (chaleur, travail mécanique du muscle, phénomène de conduction nerveuse, etc.).
Mais il faut distinguer, dans les substances assimilées et désassimilées, celles qui peuvent être considérées comme servant spécialement à la réparation des p. 471tissus, et celles qui sont employées par ces tissus pour produire les combustions fonctionnelles auxquelles nous venons de faire allusion.
En somme, la machine animale étant identifiée au fourneau d’une machine à vapeur qui produit de la chaleur et, par suite, le travail de la vapeur, en brûlant du charbon, nous devons tenir compte de ce fait que l’organisme, comme les machines industrielles, s’use en même temps qu’il brûle du combustible. Les éléments anatomiques, sièges des combustions, perdent de leur propre substance et ont, conséquemment, besoin à la fois de substances réparatrices et de matériaux nécessaires à de nouvelles combustions.
Quels sont donc les matériaux les plus propres à produire de la substance ? Quels sont, au contraire, ceux qui paraissent les plus favorables à la production de la force ?
Les opinions sont encore partagées à cet égard. M. Sanson est d’avis que les aliments de force par excellence sont les plus fortement azotés. Au contraire, la plupart des physiologistes et des agronomes pensent que ce sont les aliments non azotés. C’est, d’ailleurs, ce qui semble résulter des récentes expériences entreprises par M. Wolff et ses collaborateurs à Hohenheim. D’après ces expériences, en effet, les matériaux non azotés (graisse, amidon, etc.) sont d’abord transformés pour la production de la force, et c’est seulement lorsqu’ils sont détruits ou insuffisants que la transformation de l’albumine a lieu. D’où il suivrait que ce serait surtout la quantité de matières non azotées qu’on devrait accroître dans la ration des animaux auxquels on demande un fort travail.
Nous n’avons pas à aller plus au fond de la question. La seule conclusion que nous puissions tirer des lignes précédentes, c’est que, ni les matières azotées, ni les matières non azotées, ne peuvent, administrées isolément et exclusivement, constituer une ration à la fois capable de réparer les pertes de substance et de fournir les matériaux nécessaires à de nouvelles combustions.
3° Phénomènes complémentaires de la désassimilation. — Ces phénomènes n’ont été étudiés récemment que pour les produits de désintégration des substances albuminoïdes, dont la transformation définitive en urée semble s’accomplir dans le parenchyme hépatique. Dans les muscles, comme dans la plupart des tissus, en effet, on ne trouve pas d’urée, les albuminoïdes ne subissant là que les premières phases de leur oxydation.
3. — Circonstances qui favorisent ou qui entravent la nutrition.
1° Influence de l’âge. — L’activité du mouvement nutritif n’est pas la même aux différentes époques de la vie et dans tous les organes.
Pendant la vie embryonnaire, le travail de nutrition jouit d’une extrême activité : il y a assimilation prompte, sans décomposition corrélative bien manifeste pour le plus grand nombre des organes.
Dans l’âge adulte, il y a à peu près équilibre entre le mouvement de composition et celui de décomposition.
Enfin, dans la vieillesse, les phénomènes de décomposition tendent à prédominer sur ceux de l’assimilation.
L’activité de la nutrition, dans le jeune âge, explique très bien le mode d’accroissement des poulains, qui a lieu de la manière suivante : « Dans la première p. 472année, le poulain grandit en moyenne de 0m,45 ; dans la seconde, de 0m10 ; dans la troisième, de 0m,06 ; dans la quatrième, de 0m,03 ; dans la cinquième, de 0m,0219 . »
Divers organes cessent de grandir à la naissance (thymus) ; d’autres arrivent au terme de leur accroissement à l’âge adulte (os, muscles, etc.) ; d’autres, enfin, croissent toujours (poils, corne, etc.).
2° Influence de certaines époques déterminées de la vie sur quelques organes. — Généralement, les organes s’accroissent lentement et progressivement. Quelques-uns, cependant, sont, à certaines époques déterminées de la vie, le siège d’un développement nutritif très intense. Ainsi, au moment de la puberté, l’utérus, les testicules, les ovaires, le pénis, se développent avec rapidité ; de même, les parties antérieures du corps du cheval entier prennent un accroissement remarquable qui se trouve arrêté toutes les fois que, par la castration, le jeune sujet a été privé de ses organes génitaux.
3° Influence du climat. — Le climat exerce une action puissante portant à la fois sur la taille, les formes, le développement proportionnel des parties : Sous les plus froides latitudes, comme dans les régions équatoriales, les animaux domestiques conservent une petite taille. Les pays humides, au contraire, produisent des animaux massifs, lymphatiques.
Dans les pays froids, les animaux ont une fourrure épaisse ; tandis que dans les pays chauds le pelage est clair, etc., etc.
4° Influence de la nourriture. — Le régime, suivant qu’il est pauvre ou abondant, réduit ou développe la taille, ralentit ou accélère l’accroissement.
D’ailleurs, il n’est pas suffisant que les aliments soient donnés en quantité convenable, il faut encore qu’ils soient bien composés, que tous les principes organiques soient représentés, et qu’à ceux-ci se trouve associée une certaine proportion d’eau et de sels.
Nous avons vu, en effet, que chaque tissu s’incorpore les éléments constitutifs du fluide nutritif qui lui conviennent ; que ces éléments, en se combinant les uns aux autres, s’aident réciproquement pour faciliter leur assimilation ; que les uns, enfin, sont plus spécialement préposés à la réparation des pertes subies par les tissus ; que les autres, au contraire, ont pour résultat final de fournir les matériaux nécessaires à de nouvelles combustions.
Nous savons, d’autre part, qu’en outre des matières organiques, il entre dans la composition des tissus et des liquides de l’économie un grand nombre de sels qui ont besoin d’être renouvelés sans cesse par la nutrition. Le sel marin, en particulier, est indispensable à la bonne exécution de la nutrition, surtout chez les jeunes animaux et les juments en état de gestation.
L’insuffisance des matières salines dans l’alimentation rend, d’ailleurs, les animaux rachitiques.
Quant à l’eau, outre qu’elle dissout toutes les substances qui doivent être mises en présence, nous savons qu’elle donne au sang la fluidité sans laquelle la nutrition des éléments anatomiques ne s’exécute plus normalement, ceux-ci subissant, au contraire, des modifications fonctionnelles se traduisant par des altérations matérielles plus ou moins profondes.
p. 4735° Influence de l’hérédité. — L’hérédité, ou la transmissibilité, par la voie de la génération, des modifications imprimées à l’économie, influence profondément le travail nutritif.
Par son secours, on augmente considérablement la taille des races domestiques, on change les proportions du squelette, etc., etc.
6° Influence de l’exercice. — L’exercice développe le système musculaire et restreint la production de la graisse. Le cheval élevé en liberté a les os et les muscles plus volumineux et plus puissants que celui qui l’est à l’écurie. Le travail d’une partie développe les organes de la locomotion de cette partie : Les chevaux dont les membres fonctionnent activement ont les muscles des épaules, des avant-bras, des jambes, très puissants. Les sauteurs ont les reins et l’arrière-main fortement musclés.
« Ainsi, dit M. Colin, s’opère le travail de la nutrition considéré dans son ensemble, sorte de lutte perpétuelle entre l’assimilation et la destruction, la composition et la décomposition, comme si la vie devait résulter d’un antagonisme incessant et réglé entre les forces qui édifient et celles qui détruisent20 . »
2. — Chaleur animale.
La faculté de produire de la chaleur paraît appartenir à tous les animaux ; mais quelques-uns développent si peu de calorique qu’il ne peut être apprécié par nos thermomètres ordinaires ; tandis que, chez d’autres, la production de chaleur est si grande, qu’on n’a pas même besoin d’instruments de physique pour en constater l’existence.
On appelle animaux à sang froid ou à température variable, ceux qui ne produisent pas assez de chaleur pour avoir une température propre et indépendante des variations atmosphériques, et l’on réserve le nom d’animaux à sang chaud ou à température constante pour ceux qui conservent une température à peu près constante au milieu des variations ordinaires de chaleur et de froid auxquelles ils sont exposés.
Le cheval appartient au groupe des animaux à sang chaud, qui comprend, d’ailleurs, tous les mammifères et les oiseaux.
Il est bien démontré aujourd’hui que les sources de la chaleur animale sont les combustions qui se produisent dans l’organisme, et que la température perçue représente la partie libre du calorique produit en excès.
L’animal peut produire des quantités considérables de chaleur en vingt-quatre heures, et, dit M. Mathias Duval, « ces quantités seront d’autant plus élevées que la nutrition sera plus active, les aliments plus abondants et plus riches en carbone et en hydrogène ; aussi, ajoute-t-il, la nourriture des habitants des pays froids doit-elle être bien plus riche que celle des habitants des régions tropicales, et surtout beaucoup plus riche en hydro-carbures peu oxygénés, comme les graisses, que les Lapons absorbent en si grande abondance21 . »
Chez le cheval, la chaleur ainsi produite maintient le corps à une température moyenne de 38 degrés. Ce chiffre, toutefois, n’a pas une exactitude mathématique,p. 474 la température, chez l’animal absolument sain, pouvant n’être que de 37°,5 et pouvant monter à 38°,75.
Quant aux lieux où se font les combustions desquelles naît la chaleur, nous savons que c’est au niveau des capillaires, dans l’intimité des tissus.
Une fois produit, le calorique est réparti dans le corps par la circulation du sang : aussi, plus une partie est vasculaire, plus la circulation y est active et plus la température de cette partie se rapproche du maximum qu’elle puisse atteindre.
Des déperditions de chaleur se font par la surface du corps quand le milieu ambiant est d’une température inférieure à celle de l’animal ; mais l’économie, par suite de sa faculté de produire de la chaleur, grâce aussi à l’organisation spéciale de la surface cutanée22 , à la richesse en vaisseaux sanguins des parties les plus exposées au refroidissement (oreille externe, naseaux, membres, etc.), parvient assez facilement à diminuer les fâcheux résultats de ce rayonnement.
La température du corps varie, d’ailleurs, suivant l’âge, le volume des animaux, l’état de veille ou de sommeil, le genre de nourriture, l’état de la digestion, l’heure de la journée, le sexe, la race, le climat, la saison et surtout l’état de santé.
Chez le poulain qui vient de naître, la chaleur animale est moins élevée que plus tard23 . Elle augmente donc depuis la naissance jusqu’à l’époque où la croissance est achevée. Mais, à partir de cette époque, elle diminue un peu ; aussi, chez les vieux chevaux, où les phénomènes de nutrition et de combustion diminuent, la chaleur animale est-elle plus faible que chez l’adulte.
D’autre part, plus le corps est volumineux, moins les causes de déperdition par rayonnement sont prononcées. C’est pourquoi les chevaux de petite taille produisent, relativement à leur poids, à leur volume, plus de chaleur que les grands animaux ; car ils en perdent plus par rayonnement et par contact, vu leur plus grande surface, toujours relativement à leur volume.
La température du corps diminue un peu pendant le sommeil ; elle augmente, au contraire, sous l’influence de l’exercice.
Une nourriture abondante et riche en aliments respiratoires élève la chaleur animale, tandis qu’une nourriture aqueuse en produit l’abaissement. La digestion, d’ailleurs, augmente toujours un peu la température.
Le matin, la chaleur du corps est toujours un peu plus basse que le soir, et cette différence peut varier depuis un dixième jusqu’à un degré.
Il en est de même du mâle par rapport à la femelle : la température du cheval entier se trouve toujours de 0°,5 au-dessous de celle de la jument.
p. 475La race, le climat, la saison n’exercent qu’une action insensible sur la température du corps. C’est surtout pendant le cours des maladies que la chaleur animale est le plus variable. Certaines affections l’augmentent ; d’autres, au contraire, l’abaissent. Aussi, l’exploration de la température donne-t-elle des renseignements précieux pour juger de la marche d’une maladie et en établir le diagnostic. La chaleur morbide peut monter de deux ou trois degrés, rarement plus ; on admet, en général, qu’une augmentation ou un abaissement de quatre ou cinq degrés sont des signes de mort24 .
Résistance du cheval à la chaleur et au froid. — Pour les raisons que nous avons données, le cheval, à l’état de santé, conserve toujours sa température propre, quelle que soit celle des milieux dans lesquels il vit. En Asie et en Afrique, il supporte sans grande difficulté des températures ambiantes de 50° centigrades et plus ; tandis qu’en Russie, il vit très bien dans des milieux de -20° à -25° centigrades, et même quelquefois de -46°, comme en Sibérie.
L’abondance et la richesse des aliments augmentant la chaleur animale, il s’ensuit que l’alimentation des animaux vivant sous les climats chauds doit être moins substantielle que celle des animaux habitant les pays froids, qui ont besoin d’une plus grande quantité de combustibles intérieurs pour subvenir aux pertes plus considérables que fait l’économie.
3. — Vaisseaux et nerfs abdominaux.
1° Artères.—Les vaisseaux artériels qui se distribuent aux organes compris dans la partie du tronc que nous venons d’examiner (II, face inférieure du tronc et abdomen) émanent à peu près exclusivement de l’aorte abdominale, branche postérieure de la double bifurcation du tronc aortique (voy. IIIe partie, chap. II, § 2,1, Face latérale du tronc et thorax).
D’un calibre beaucoup plus considérable que la bifurcation antérieure, l’aorte postérieure (Pl. IX, X, 28 et Pl. X, X, 23) parcourt aussi un trajet plus grand et fournit des divisions plus nombreuses. Après sa naissance, elle se porte en arrière, traverse la cavité thoracique et envoie des rameaux à tous les organes qui y sont contenus. Elle pénètre ensuite dans l’abdomen, en passant au travers des piliers du diaphragme.
Une fois arrivée dans la cavité abdominale, l’aorte postérieure longe la face inférieure du corps des vertèbres jusqu’à la dernière articulation intervertébrale, et se termine là par la double bifurcation d’où résultent les artères iliaques externes et iliaques internes, destinées surtout au membre abdominal.
Les principales divisions qui émanent de l’aorte postérieure, dans sa portion abdominale, sont : le tronc cœliaque, qui fournit des branches à l’estomac (artère gastrique), à la rate (artère splénique) et au foie (artère hépatique) ; les artères grande mésentérique et petite mésentérique, dont les divisions se distribuent aux différentes portions du tube intestinal ; les artères rénales, spermatiques et petites testiculaires, ou utérines, qui envoient des rameaux aux reins et aux organes génitaux (voy. fig. 5 du texte).
p. 4762° Veines. — Les vaisseaux veineux se rendent tous ou presque tous dans la veine cave postérieure (Pl. X, X, 24).
D’un volume supérieur à celui de tous les vaisseaux de l’économie, ce tronc veineux commence à l’entrée du bassin par deux grosses racines : les troncs pelvicruraux. De là il se dirige en avant et à droite de l’aorte, sous ce corps des vertèbres lombaires, atteint la scissure antérieure du foie, et traverse enfin le diaphragme.
Dans ce trajet, la veine cave postérieure reçoit des divisions nombreuses et considérables ; ce sont, d’arrière en avant ; les veines lombaires, spermatiques, rénales, porte (voy. IIIe partie, chap. II, §2, II, Face inférieure du tronc et abdomen, Xe plan), et diaphragmatiques.
3° Nerfs. — Les nerfs de la région dont nous nous occupons émanent, ou des paires rachidiennes dorsales et lombaires, ou du pneumogastrique, ou du grand sympathique.
En ce qui concerne les paires dorsales et lombaires, dont nous connaissons les modes d’origine et de distribution, nous nous contenterons de dire ici qu’elles envoient des divisions aux muscles et à la peau des lombes, des flancs et du ventre.
À propos du nerf pneumogastrique, que nous n’avons pas encore eu l’occasion d’étudier dans son ensemble, nous rappellerons qu’il s’étend de l’isthme de l’encéphale (bulbe rachidien) jusqu’au delà de l’estomac, où il envoie, ainsi que dans l’œsophage, le pharynx, le poumon, les bronches, la trachée, le larynx (voy. IIIe partie, chap. Ier, Tête, Larynx), une multitude de filets, qui tiennent sous leur dépendance les mouvements, les sécrétions et les phénomènes de pure sensibilité dont ces organes sont le siège.
Quant au grand sympathique, sa position, son importance, sa destination spéciale nous obligent à en faire une description à part.
4. — Nerf grand sympathique.
Le grand sympathique est l’appareil nerveux des organes de la vie végétative. Il se compose de deux longs cordons étendus de la tête à la queue, sous la colonne vertébrale, à droite et à gauche de la ligne médiane (voy. fig. 6 du texte).
Chaque cordon présente sur son trajet une série de ganglions qui lui donnent l’aspect d’une vraie chaîne. Ces ganglions sont en nombre égal à celui des vertèbres, excepté dans la région cervicale, où on ne trouve que deux ganglions : l’un en haut, l’autre en bas.
De forme elliptique, semi-lunaire ou arrondie, les ganglions du grand sympathique reçoivent du bulbe rachidien et des branches spinales inférieures un grand nombre de rameaux afférents qui constituent la chaîne par leur réunion. Ils envoient à leur tour des rameaux efférents aux différents viscères ; ces p. 477rameaux enlacent les artères pour gagner leur destination et forment à la surface de celles-ci ce que l’on appelle des plexus.
À une certaine distance de la chaîne du grand sympathique, sur le trajet des rameaux efférents, allant soit à la mœlle, soit aux viscères, se trouvent de nouvelles masses ganglionnaires : ce sont de nombreux amas globulaires échelonnés sur les nerfs du grand sympathique. Le plus remarquable de ces amas est le ganglion semi-lunaire ou solaire, que Bichat appelait le cerveau abdominal ; enfin, encore plus loin, sur le trajet des nerfs viscéraux, au moment où ils se distribuent dans les viscères, on trouve une nouvelle série de ganglions disséminés dans l’épaisseur des parois des organes, et d’ordinaire de dimensions microscopiques : tels sont ceux que l’on trouve dans l’épaisseur des parois intestinales, dans la charpente musculaire du cœur, sur les bronches, etc., etc. (ganglions viscéraux ou parenchymateux).
Rôle du grand sympathique. — Les fonctions du grand sympathique sont encore assez obscures. Toutefois, on sait maintenant qu’il ne constitue pas un système à part, mais qu’il partage les propriétés et les fonctions du système médullaire et s’associe à lui.
Ses filets nerveux sont excitables par les mêmes agents que les nerfs rachidiens ; mais la volonté n’a pas d’action sur eux. Aussi, les mouvements qui se produisent dans le domaine du grand sympathique sont-ils tous involontaires. Ces mouvements présentent, d’autre part, cette propriété d’être lents à se produire et à disparaître.
Les rameaux du grand sympathique sont également sensibles, mais à un faible degré ; toutefois, cette propriété s’accentue dans les états pathologiques.
Enfin, ils peuvent prendre part à des réflexes.
Il est reconnu aujourd’hui que la plupart des phénomènes nerveux des fonctions viscérales ont pour centre la mœlle épinière, et que le grand sympathique conduit tout simplement aux organes les excitations motrices inconscientes qui prennent naissance dans celle-ci.
Par les filets qu’il fournit aux vaisseaux (nerfs vaso-moteurs), il tient sous sa dépendance les phénomènes circulatoires, surtout dans les capillaires ; il peut faire contracter les canaux (nerfs vaso-constructeurs), ou bien produire leur dilatation (nerfs vaso-dilatateurs), par conséquent ralentir ou accélérer la vitesse du cours du sang.
« L’action des vaso-moteurs s’explique par une action suspensive ou d’arrêt analogue à celle que le pneumogastrique exerce sur le cœur.
« La fièvre résulte d’une action exagérée des nerfs vaso-dilatateurs, qui sont en même temps calorifiques25 . »
(Pl. XIII et XIV).
Le bassin ou pelvis est une sorte de cavité conique, de canal à parois en partie osseuses et en partie ligamenteuses, qui prolonge en p. 478arrière la cavité abdominale, avec laquelle il communique largement en avant.
Il occupe donc la partie postérieure du tronc et loge, outre les organes de la génération, le rectum et la vessie, que nous avons examinés précédemment (voy. IIIe partie, chap. II, § 2, II, Face inférieure du tronc et abdomen).
1° Os. — Trois os principaux concourent à former le bassin : les deux coxaux et le sacrum, auxquels il faut ajouter les trois ou quatre premiers coccygiens.
Fig. 146. — Ensemble dos os du bassin (cheval).
1° Le coxal (pl. XIII, fig. 1, IX, C ; Pl. XIV, fig. 1, IV, D, et fig. 146 du texte) est un os pair appartenant au membre postérieur dont il forme le premier rayon, ainsi que nous l’avons vu dans nos généralités (voy. lre partie, chap. 1er, Squelette).
Sa forme générale est celle d’un os plat étranglé vers le milieu et p. 479fortement élargi à ses deux extrémités. « Il est en outre incurvé dans deux sens différents, comme s’il avait été coudé vers son milieu et tordu sur lui-même ; de telle sorte que, quand sa moitié postérieure repose sur un plan horizontal, sa moitié antérieure fait avec la première un angle obtus, à sinus ouvert en haut et en arrière...26 . » ,
Vers sa partie moyenne et en dehors, le coxal présente une cavité articulaire, dite cotyloïde, qui sert à l’articulation du fémur.
Inférieurement et en dedans de la cavité cotyloïde, on trouve une grande ouverture, ronde ou ovale, dite trou ovalaire ou ouverture sous-pubienne (pl. XIV, fig. 1, IV, E), fermée sur l’animal vivant par les muscles obturateurs.
Les deux coxaux s’infléchissent en dedans et en bas pour s’unir l’un à l’autre, sur la ligne médiane, à l’aide d’une espèce de suture très solide dite symphyse ischio-pubienne (pl. XIV, fig. 1, IV, G).
Par leur partie élargie supérieure, ils s’articulent avec le sacrum.
Chaque coxal est formé, dans le fœtus, de trois parties distinctes réunies au centre de la cavité cotyloïde, que toutes trois concourent à former. Bien que ces parties se soudent de très bonne heure, on est dans l’habitude de les décrire comme trois os distincts, sous les noms d’ilium, de pubis et d’ischium. Nous nous réservons de les examiner en même temps que le membre postérieur.
2° Le sacrum (pl. XIV, fig. 1, IV, B. B, et fig. 146 du texte), os impair, de forme pyramidale, clôt supérieurement la cavité du bassin.
Il s’articule par son extrémité antérieure, ou base, avec la dernière vertèbre lombaire ; par les côtés, avec les deux coxaux ; par son extrémité postérieure, avec le premier coccygien.
La face inférieure, lisse et incurvée d’avant en arrière, constitue le plafond de la cavité du bassin. Elle présente quatre trous, dits sous-sacrés, par lesquels s’échappent les nerfs de même nom.
La face supérieure est occupée par l’épine sus-sacrée, résultant de la soudure des apophyses épineuses des cinq vertèbres sacrées, et les trous sus-sacrés, analogues à ceux de la face inférieure.
3° Les trois premiers os coccygiens seuls concourent à la formation du bassin. Irrégulièrement cylindriques ou prismatiques, les os coccygiens offrent tous les caractères des vertèbres dégénérées.
p. 4802° Articulations. — Les os précédents sont unis entre eux par des articulations dont il est bon de rappeler la disposition générale :
1° L’articulation du sacrum avec la dernière vertèbre lombaire, ou sacro-lombaire, ayant beaucoup d’analogie avec les articulations intervertébrales, que nous avons précédemment examinées, il est inutile de la décrire ici.
2° L’articulation du sacrum avec les coxaux ou sacro-iliaque est affermie au moyen de quatre ligaments puissants qui ne lui permettent que des mouvements excessivement bornés. Trois de ces ligaments enveloppent l’articulation de toutes parts et ne nécessitent pas une description spéciale. Le quatrième seul, en raison de son volume et de son rôle, doit être examiné en particulier. C’est une vaste expansion membraneuse formée de fibres blanches entre-croisées, située sur le côté du bassin, entre le sacrum et le coxal, et servant plutôt d’appareil de clôture pour la cavité pelvienne que de moyen d’assujettissement.
Connue sous le nom de ligament sacro-sciatique (pl. XIII, fig. 1, IX d, et pl. XIV, fig. i, IV, M), cette expansion a une forme irrégulièrement quadrilatère, comme l’espace compris entre la crête rugueuse latérale du sacrum et la crête sus-cotyloïdienne (voy. IIIe partie, chap. III, § 2, Membres postérieurs) qu’elle remplit.
Sa face externe est recouverte par les muscles long vaste et demi tendineux.
Sa face interne, tapissée antérieurement par le péritoine, se trouve en rapport, postérieurement, avec les muscles ischio-coccygien et ischio-anal.
3° La symphyse ischio-pubienne réunit les deux coxaux sur la ligne médiane à l’aide d’un cartilage interosseux et de fibres périphériques qui s’ossifient dès l’âge adulte.
Examiné à l’intérieur, le bassin représente une simple cavité conoïde dans laquelle on peut distinguer quatre faces ou régions et deux orifices appelés détroits.
La région inférieure ou plancher du bassin, concave d’un côté à l’autre et rectiligne d’avant en arrière, présente : sur la ligne médiane, p. 481la symphyse ischio-pubienne ; sur les côtés, les deux ouvertures sous-pubiennes bouchées par les muscles obturateurs, et par lesquelles s’échappent les vaisseaux et les nerfs de même nom. C’est sur cette surface lisse et arrondie que glisse le fœtus lors de l’accouchement.
La région supérieure, ou plafond du bassin, est formée par la face inférieure du sacrum.
Quant aux régions latérales, elles sont constituées par une petite portion de la face interne des iliums et en très grande partie par les ligaments sacro-sciatiques.
Le détroit antérieur, à peu près circulaire, est situé au-dessus du pubis ; c’est par lui que le fœtus s’engage dans la cavité du bassin.
Le détroit postérieur, plus étroit, représente l’orifice de sortie du canal pelvien et livre passage au rectum et aux organes génito-urinaires.
Le péritoine tapisse la surface intérieure du bassin, mais non totalement. Vers l’arrière-fond de la cavité pelvienne, il se réfléchit en avant, autour du rectum et des organes génito-urinaires ; de sorte que la partie terminale de ces organes se trouve placée en dehors de la séreuse péritonéale.
Le bassin de la jument, comparé à celui du cheval, l’emporte sur ce dernier par toutes ses dimensions : le détroit antérieur forme une circonférence plus vaste ; le bord interne de l’ilium décrit une courbe beaucoup plus concave ; le plancher du bassin et l’arcade ischiale sont plus larges ; les trous sous-pubiens sont également plus larges et plus arrondis.
Les organes génitaux sont ceux à l’aide desquels, chez les mammifères, deux individus, l’un mâle et l’autre femelle, peuvent, en s’accouplant dans certaines circonstances déterminées, se reproduire et propager l’espèce à laquelle ils appartiennent.
La femelle fournit un germe, l’ovule, et le mâle, une liqueur fécondante, le sperme, qui anime le germe et le rend apte à se développer.
p. 482Nous allons successivement examiner ces organes dans l’un et dans l’autre sexe.
Les organes génitaux du mâle comportent les organes sécréteurs du sperme, ou les testicules, et l’appareil d’excrétion, comprenant lui-même : l’épididyme, le canal déférent, les vésicules séminales, les canaux éjaculateurs, la prostate, les glandes de Cowper ; enfin, un canal impair, l’urèthre, commun aux organes de la génération et de la dépuration urinaire, et supporté par une tige érectile, le corps caverneux, avec lequel il forme un organe allongé, le pénis ou la verge qui, lors du rapprochement des sexes, est introduit dans le vagin, au fond duquel il va porter le fluide spermatique.
Les testicules sont deux glandes ovoïdes suspendues dans le pli de l’aine, l’une à droite, l’autre à gauche, où elles occupent une poche séreuse particulière dite gaine vaginale (fig. 147 du texte, E.E).
Chacune des glandes testiculaires est formée d’un tissu propre, faune grisâtre, marbré, renfermé dans une coque fibreuse connue sous la dénomination de tunique albuginée. Cette substance propre du testicule est divisée par les prolongements de la membrane d’enveloppe en petits lobules distincts résultant du pelotonnement de deux ou trois tubes filiformes, les canalicules séminifères qui, après être devenus droits (canalicules droits), se dirigent vers le bord supérieur du testicule et se continuent dans l’épididyme par les canaux efférents, que nous examinerons dans un instant.
1° Gaine vaginale. — La gaine vaginale, chez le cheval, n’est qu’un diverticulum de la cavité abdominale, dont la membrane péritonéale a fait hernie dans le trajet inguinal (voy. IIIe partie, chap. II, § 2, Face inférieure du tronc et abdomen) et s’est prolongée petit à petit jusqu’au-dessous de l’anneau inguinal inférieur, de manière à constituer un sac séreux recouvert de parois membraneuses connues sous le nom de bourses.
Le sac vaginal est allongé verticalement, rétréci dans sa partie moyenne, qui contient le cordon testiculaire, ouvert à son extrémitép. 483p. 484supérieure pour livrer passage au canal déférent et aux vaisseaux spermatiques, et enfin renflé à son extrémité inférieure, qui forme le fond ou le cul-de-sac de la cavité et loge le testicule et l’épididyme.
Fig. 147. — Vue générale et supérieure de l’appareil génito-urinaire du mâle.
La membrane péritonéale qui constitue la gaine vaginale comprend, comme les séreuses de la cavité abdominale, deux feuillets : l’un pariétal, l’autre viscéral.
2° Membranes enveloppantes ou bourses. — Les parois extérieures de la gaine vaginale, au nombre de quatre, sont, en procédant de dedans en dehors : 1° la tunique fibreuse qui revêt immédiatement le feuillet externe ; 2° le muscle crémaster, plus généralement connu sous le nom de tunique érythroïde, dont la contraction détermine les mouvements d’ascension brusque du testicule ; 3° le dartos, membrane très contractile formée de tissu fibreux élastique déterminant le mouvement vermiculaire dont les bourses sont le siège ; 4° le scrotum, constitué tout simplement par la portion de la peau qui recouvre la région testiculaire.
Première partie du canal excréteur du sperme, l’épididyme (fig. 147 du texte, e, e’) est un corps allongé d’avant en arrière, appliqué contre le bord supérieur du testicule et constitué par la réunion de douze à vingt petits tubes, les canaux efférents, formant un long conduit replié un très grand nombre de fois sur lui-même. De ses deux extrémités, l’une, antérieure, renflée, porte le nom de tête de l’épididyme ; l’autre, postérieure, moins volumineuse, est connue sous la dénomination de queue de l’épididyme. Réduite à un seul conduit, celle-ci se recourbe en haut pour constituer le canal déférent (fig. 147 du texte, F).
De la grosseur d’une plume à écrire ordinaire, ce canal s’unit au cordon testiculaire jusqu’à l’ouverture de la gaine vaginale ; puis il pénètre dans la cavité abdominale, gagne l’entrée du bassin, s’infléchit en arrière, se place au-dessus de la vessie en se renflant subitement, et se termine au col de ce dernier réservoir par un rétrécissement brusque, à l’origine duquel aboutit, en dehors, la vésicule séminale. Il se continue ensuite par les canaux éjaculateurs.
Placées au-dessus de la vessie et du canal déférent, les vésicules séminales, au nombre de deux, l’une droite, l’autre gauche, paraissent servir tout à la fois de réservoirs et d’organes sécréteurs. « Leur produit liquide se joindrait au sperme, comme le produit de la prostate et des glandes de Cowper27 . »
Elles s’effilent postérieurement en un col étroit qui s’insinue sous la prostate et se termine avec le conduit déférent pour constituer le canal éjaculateur (fig. 147 du texte, H).
Les canaux éjaculateurs sont deux conduits formés par la réunion du canal déférent et du goulot de la vésicule séminale. Ils rampent entre la prostate et l’urèthre et vont s’ouvrir dans la partie pelvienne de l’urèthre.
Leur usage est de lancer le sperme dans le canal uréthral pendant la copulation.
L’urèthre (fig. 147 du texte, K, L) est un conduit à parois membraneuses et érectiles, s’étendant du col de la vessie à l’extrémité libre de la verge.
D’abord horizontal, le canal uréthral décrit, à sa sortie du bassin, en arrière de l’arcade ischiale, une courbure qui le rend oblique de haut en bas et d’arrière en avant. Il s’ensuit qu’on peut le décomposer en deux portions bien distinctes : l’une, intra-pelvienne ; l’autre, extra-pelvienne, la plus étendue, supportée par le corps caverneux.
En arrivant vers la tête du pénis, l’urèthre se termine par un petit prolongement connu sous le nom de tube uréthral, succédant immédiatement à une petite dilatation ovoïde, dite fosse naviculaire.
Le canal de l’urèthre présente dans sa structure : 1° une membrane muqueuse ; 2° une enveloppe érectile ; 3° des muscles ; 4° des vaisseaux et des nerfs.
p. 4861° Membrane muqueuse. — La muqueuse uréthrale, assez sensible, continue en arrière celle de la vessie.
2° Enveloppe érectile. — Immédiatement en dehors de la muqueuse se trouve l’enveloppe érectile de l’urèthre dont la structure est identique à celle du corps caverneux, que nous examinerons dans un instant (voy. Pénis). Cette enveloppe commence un peu au-dessus du contour ischial par un renflement auquel on donne le nom de bulbe de l’urèthre, et se termine par un autre renflement constituant la tête de la verge.
3° Muscles. — Dans sa portion intra-pelvienne, en arrière de la prostate, la membrane muqueuse de l’urèthre est doublée, extérieurement, d’une couche charnue circulaire formant le muscle de Wilson.
Une autre enveloppe musculeuse, le bulbo-caverneux ou l’accélérateur, recouvre le tissu érectile du canal uréthral, depuis l’arcade ischiale jusqu’à l’extrémité libre du pénis.
À ces deux muscles principaux s’ajoutent encore deux paires de faisceaux secondaires : 1° le muscle ischio-uréthral, se dirigeant de l’arcade ischiale sur la face inférieure de la glande de Cowper ; 2° le muscle transverse du périnée, très mince bandelette qui s’étend transversalement de la tubérosité ischiale à la ligne médiane du périnée.
Le muscle de Wilson s’oppose à la sortie de l’urine et à la rentrée du sperme dans la vessie.
Le bulbo-caverneux est l’organe essentiel de la projection du sperme hors du canal.
L’ischio-uréthral tire en arrière la portion membraneuse de l’urèthre, ainsi que les glandes de Cowper, qu’il comprime.
Quant au transverse du périnée, il dilate la portion bulbeuse du canal.
4° Vaisseaux et nerfs. — Le sang est amené au canal de l’urèthre par les artères bulbeuses et dorsales du pénis. Les filets nerveux émanent du honteux interne et du grand sympathique.
1° Prostate. — Cette glande impaire est située à l’origine du canal de l’urèthre, en travers du col de la vessie. Elle sécrète et verse à l’intérieur du tube uréthral un liquide destiné à faciliter le passage du sperme dans ce tube.
p. 4872° Glandes de Cowper. — Placées de chaque côté de l’urèthre, au-dessus de l’arcade des ischions, ces petites glandes sécrètent un fluide qui jouit des mêmes propriétés physiques que celui de la prostate.
Le pénis ou la verge (fig. 147 du texte, M, N) est un corps cylindroïde résultant de l’accolement du corps caverneux et de la portion spongieuse du canal de l’urèthre. Nous avons dit un mot de cette dernière partie ; il nous reste à décrire le corps caverneux, avant de parler du pénis dans son ensemble.
1° Corps caverneux. — Situé entre les deux cuisses, prolongé sous le ventre, attaché en arrière sur l’arcade ischiale, et terminé en avant par une extrémité libre englobée dans le renflement de la tête de la verge, le corps caverneux est une tige érectile déprimée d’un côté à l’autre, et creusée inférieurement d’une gouttière dans laquelle est logé le canal de l’urèthre.
L’organe érectile représenté par le corps caverneux forme la base principale du pénis, auquel il donne la propriété de se gonfler, c’est-à-dire d’entrer en érection lorsque le sang y arrive en abondance.
2° Verge dans son ensemble. — La partie du pénis comprise entre l’arcade ischiale et les bourses prend le nom de portion fixe ; le reste de l’organe s’appelle, au contraire, partie libre de la verge. Celle-ci, enveloppée par le fourreau dans les conditions ordinaires, sort de ce repli quand la verge s’allonge et se gonfle au moment de l’érection. Son extrémité, tête de la verge ou gland, constitue un renflement circulaire limité en arrière par un rebord saillant (couronne du gland) et présentant, sur son plan antérieur, le tube uréthral, entouré d’une fosse circulaire.
Deux bandelettes aplaties, dites cordons suspenseurs et rétracteurs, partant de la face inférieure du sacrum, enveloppant l’extrémité terminale du rectum, puis se prolongeant, accolés l’un à l’autre sur le muscle bulbo-caverneux, concourent à ramener la verge à sa position de repos quand cesse le phénomène de l’érection.
Enfin, ainsi que nous l’avons vu déjà, la partie libre du pénis est enveloppée par un repli tégumentaire, le fourreau, dont nous allons dire un mot.
p. 4883° Fourreau. — Le fourreau est une cavité formée par un repli de la peau qui, une fois arrivée à la partie libre du pénis, forme un cul-de-sac circulaire en se réfléchissant sur cet organe, qu’elle enveloppe.
Il existe une parfaite analogie entre ces organes et ceux du mâle. Ainsi, l’appareil génital de la femelle comprend : 1° les ovaires, chargés de préparer le germe ; 2° la trompe utérine, dans laquelle s’engage l’ovule en sortant de l’ovaire ; 3° l’utérus, réservoir impair formé de deux moitiés latérales rappelant les vésicules séminales ; 4° le vagin, canal analogue à l’urèthre ; 5° la vulve, ouverture extérieure du vagin, présentant à sa partie inférieure un corps érectile, le clitoris, véritable rudiment du corps caverneux du mâle ; 6° les mamelles, organes préposés à la sécrétion du lait, et dont on trouve le vestige chez le mâle.
Les ovaires (fig. 148 du texte, 3) sont deux glandes ovoïdes, plus petites que les testicules, situées dans la cavité abdominale, un peu en arrière des reins, et suspendues à la région sous-lombaire au moyen des ligaments larges ou suspenseurs de l’utérus.
Chacune de ces glandes comprend un tissu propre, de teinte grisâtre plus ou moins marbrée, renfermé dans une coque fibreuse exactement semblable à la tunique albuginée du testicule, et recouverte elle-même par une tunique séreuse continue avec les ligaments larges.
Le tissu propre de l’ovaire, depuis la naissance, mais principalement quand la jument est apte à concevoir, renferme dans son épaisseur des espèces de petits sacs membraneux dits vésicules de Graaf, à divers états de développement, qui contiennent les ovules ou les œufs des mammifères (fig. 150 du texte).
Rupture des vésicules de Graaf. — C’est à l’époque de la puberté seulement que ces vésicules sont le siège de phénomènes bien marqués. Elles se vascularisent, se distendent, forment une saillie plus ou moins considérable à la surface de l’ovaire, et finissent par se déchirer pour donner passage à l’ovule qui tombe dans l’oviducte.
p. 489La cicatrice résultant de la rupture d’une vésicule de Graaf est connue sous le nom de corps jaune.
L’oviducte est un petit conduit flexueux qui commence par un évasement frangé, libre, formant le pavillon de la trompe (fig. 148 du texte, 3), et se termine sur la corne utérine en s’abouchant avec elle.
Dans les conditions ordinaires, l’oviducte flotte librement à l’intérieur de la cavité abdominale ; mais, au moment où les ovules se détachent, son pavillon s’applique étroitement sur l’ovaire, saisit le germe et l’amène à l’orifice abdominal de la trompe, d’où il est transporté dans la matrice.
Fig. 148. — Vue d’ensemble des organes génitaux de la jument.
C’est aussi l’oviducte qui porte la liqueur fécondante du mâle à la rencontre de l’œuf.
p. 490Il arrive quelquefois que le pavillon de la trompe utérine fonctionnant mal, l’œuf tombe dans la cavité abdominale et s’y développe s’il a été fécondé, fait qui constitue la variété la plus remarquable des gestations extra-utérines.
L’utérus est un sac musculo-membraneux dans lequel l’ovule arrive et se développe.
Il est situé en avant du vagin, partie dans la cavité abdominale, partie dans le bassin.
« Dans sa moitié postérieure, la matrice représente un réservoir simple, cylindrique, légèrement déprimé de dessus en dessous, et nommé le corps de l’utérus. Dans sa moitié antérieure, il est bifide et divisé en deux cornes recourbées par en haut28 . »
Le corps (fig. 148 du texte, 1) répond, par sa face supérieure, au rectum ; par ses faces latérales et inférieure, aux circonvolutions intestinales. Postérieurement, il est séparé du vagin par un rétrécissement qui prend le nom de col de l’utérus (fig. 148 du texte, 6).
Les cornes (fig. 148 du texte, 2.2) se trouvent mêlées aux diverses portions de l’intestin.
L’utérus est attaché à la région sous-lombaire par des liens lamelleux connus sous la dénomination de ligaments larges ou suspenceurs de l’utérus (fig. 148 du texte, 4).
La surface intérieure de cet organe se divise en trois compartiments : la cavité du corps et les cavités des cornes.
La cavité du corps se termine postérieurement par un étroit canal traversant le col de l’utérus et se prolongeant au fond du vagin à la manière d’un robinet dans un tonneau. C’est cette saillie qui a reçu le nom de fleur épanouie (museau de tanche chez la femme), par suite des plis transversaux, disposés circulairement, que présente la muqueuse utéro-vaginale au pourtour de l’orifice postérieur du canal dont nous parlons.
Les parois de l’utérus comprennent trois membranes : une externe, séreuse ; une moyenne, charnue ; une interne, muqueuse.
Le vagin (fig. 148 du texte, 7) est un canal membraneux, à parois minces et extensibles, servant à l’accouplement et au passage du fœtus. Il fait suite à l’utérus et se termine en arrière par la vulve.
Situé dans la cavité du bassin, qu’il traverse d’avant en arrière, cet organe répond : en haut, au rectum ; en bas, à la vessie. Il est formé de deux membranes : une interne, muqueuse ; une externe, musculaire.
Orifice externe des organes génitaux de la femelle, la vulve est située dans la région périnéale, au-dessous de l’anus. C’est une fente allongée verticalement, présentant deux lèvres latérales et deux commissures : l’une supérieure, l’autre inférieure.
Sa surface intérieure offre à étudier : 1° la membrane hymen, qui, lorsqu’elle existe, la sépare du vagin ; 2° le méat urinaire, orifice postérieur du court canal uréthral de la jument, percé sur le plan inférieur de la cavité de la vulve et couvert d’une large valvule muqueuse qui semble destinée à diriger les urines vers l’extérieur ; 3° le clitoris, organe érectile faisant saillie vers la commissure inférieure et correspondant au corps caverneux du mâle, dont l’attouchement par la verge, pendant la copulation, détermine surtout l’excitation vénérienne.
La vulve présente dans sa structure : 1° une membrane muqueuse ; 2° un corps érectile, le bulbe vaginal (fig. 148 du texte, 16), appliqué sur cette membrane ; 3° deux muscles constricteurs (fig. 148 du texte, 8, 9), compris dans l’épaisseur des lèvres ; 4° la peau extérieure, fine, noirâtre, onctueuse, lisse et dépourvue de poils.
Les mamelles, au nombre de deux, sont des organes glanduleux situés dans la région inguinale et destinés à sécréter le lait.
Chacune d’elles représente une masse hémisphérique renfermant dans son intérieur un grand nombre de canaux excréteurs qui se réunissent de proche en proche pour aboutir au centre d’un prolongementp. 492 dit trayon, mamelon ou tétine, prolongement percé à son extrémité libre de plusieurs orifices d’où s’échappe le lait, et par lequel le petit sujet opère la succion.
La peau qui recouvre les mamelles est mince, noirâtre, couverte d’un léger duvet, qui disparaît même vers le mamelon.
Les mamelles croissent jusqu’à l’âge adulte. À partir de cet âge, elles restent stationnaires, excepté vers la fin de chaque grossesse, époque à laquelle elles augmentent considérablement de volume.
Les fonctions que nous avons examinées jusqu’ici avaient pour but la conservation de l’individu. Celle qu’il nous reste à étudier donne à cet individu la faculté de produire des êtres semblables à lui pour renouveler et perpétuer son espèce.
Chez le cheval, comme chez tous les animaux d’un rang élevé dans la série animale, la génération exige le concours de deux ordres d’organes : les uns, mâles, destinés à la formation du fluide fécondant ; les autres, femelles, préposés à la production et à l’expulsion des œufs.
Ces organes ayant été précédemment décrits, nous nous occuperons exclusivement ici du mécanisme de la génération.
L’aptitude à la reproduction se montre généralement avant que les animaux aient atteint l’âge adulte. C’est ainsi que la jument peut concevoir de la deuxième à la troisième année.
À cette époque, d’ailleurs, des changements assez saillants se manifestent dans la constitution générale des animaux : chez le mâle ; l’encolure devient plus forte et plus épaisse, la crinière plus fournie, les naseaux plus larges, les testicules plus volumineux. Le sperme, enfin, est sécrété en abondance, et les animalcules y apparaissent. Chez la femelle, les mamelles prennent du développement, les ovaires se gonflent et des vésicules de Graaf s’y développent, etc., etc.
D’autre part, les animaux, une fois parvenus à l’âge de la fécondité, p. 493éprouvent périodiquement une excitation particulière qui les porte à perpétuer leur espèce.
1° Chaleurs. — Cet état dont nous venons de parler constitue ce qu’on appelle le rut chez les animaux sauvages et les chaleurs chez les espèces domestiques.
Il est caractérisé par une excitation générale coïncidant, chez les femelles, avec le travail de l’ovulation.
Les chaleurs ne se manifestent qu’au printemps chez les individus qui vivent à l’état sauvage. C’est aussi au printemps qu’elles apparaissent chez les animaux domestiques ; mais, en ce qui concerne ces derniers, il est facile de les provoquer à toutes les époques de l’année par une nourriture abondante et les approches de l’étalon.
« En France, dit Vallon, l’époque des chaleurs varie, du nord au midi, d’un mois environ ; c’est du 1er avril au 1er juin qu’elles sont le plus intenses. En Algérie, elles commencent en février et finissent en mai29 . »
Les phénomènes et les signes qui annoncent le rut varient suivant les sexes :
L’étalon hennit souvent, s’agite sans cesse, trépigne, porte les oreilles dans toutes les directions ; il entre fréquemment en érection, éprouve quelques pertes séminales, boit beaucoup et mange peu. Quelques sujets nerveux, les chevaux anglais surtout, deviennent d’un caractère méchant et dangereux pour ceux qui les approchent.
« La jument en chaleur est inquiète, triste, moins impressionnable à l’action des agents extérieurs. Plus fréquemment, elle est dans un état de surexcitation prononcée qui la porte à s’agiter, à se tourmenter, à trépigner, à gratter, à regarder autour d’elle ; sous la pression des sangles et la piqûre de l’éperon, elle se campe, urine, rue ; le contact des effets de pansage produit sur sa peau une action désagréable qui la porte à s’y soustraire.
« Dans tous les cas, elle hennit en voyant passer un cheval et se campe souvent pour uriner ; ses organes génitaux sont le siège d’un éréthisme qui les rend rouges, chauds, tuméfiés, provoque de fréquentes contractions, ce qui donne lieu à l’écoulement, par la vulve, d’un liquide visqueux et gluant.
p. 494« La durée des chaleurs, dans chaque jument, est variable. Elle est de vingt-quatre, trente-six, quarante-huit heures chez l’une, de huit à quinze jours chez une autre ; puis elles disparaissent pendant vingt ou vingt-cinq jours pour revenir ensuite.
« Il en est de même de leur intensité. Chez quelques juments, le paroxysme amoureux échappe à l’observateur le plus exercé ; tandis que, chez d’autres, il est porté au plus haut degré d’action30 . »
Le rut, chez le cheval, peut se renouveler à peu près pendant toute la durée de la vie. Aristote cite un étalon qui pouvait encore effectuer la monte à l’âge de quarante ans.
Il y a quelques mois, nous avons pu admirer nous-même, dans une de nos meilleures écuries de course, dix-huit magnifiques yearlings dont le père était âgé de vingt-cinq ans.
Les chaleurs cessent, en général, après la fécondation ; toutefois, il n’est pas rare de voir des juments pleines redemander et recevoir le mâle.
2° Sécrétion spermatique et ovulation. — Maintenant que nous connaissons l’impulsion instinctive, irrésistible, qui porte les animaux à se reproduire, il nous reste, avant de passer en revue les actes intimes de la fécondation, à dire un mot de la sécrétion de deux éléments, le fluide séminal et l’œuf, dont l’union est la condition préliminaire indispensable à la reproduction.
1° Sécrétion spermatique. — Le fluide destiné à aviver les ovules, ou le sperme, est sécrété par les testicules. C’est un liquide blanchâtre, assez épais, d’une odeur particulière, sui generis, d’une réaction faiblement alcaline, tenant en suspension une multitude de filaments microscopiques, cylindriques ou fusiformes, qui se meuvent dans tous les sens avec une grande rapidité. Ces filaments, connus sous le nom de spermatozoïdes, (l’animalcules spermatiques, sont considérés comme les éléments essentiels, fécondants du sperme. Ils sont formés d’une partie renflée et ovoïde appelée tête, d’un corps ovale et aplati, et d’un appendice long et effilé nommé queue (fig. 149 du texte).
Fig. 149 — spermatozoïdes
Les spermatozoïdes n’existent dans le sperme qu’au moment où le p. 495cheval acquiert la faculté de se reproduire, et ils disparaissent totalement lorsque les mâles perdent cette faculté par les progrès de l’âge, par le fait de la maladie ou d’autres causes analogues.
D’après les observations de MM. Goubaux et Follin31 , le sperme des testicules arrêtés dans leur développement et retenus dans l’abdomen (chevaux cryptorchides) reste dépourvu de spermatozoïdes et, par conséquent, impropre à féconder l’ovule. Nous ne doutons pas que ce soit là le cas ordinaire ; mais certaines observations, que nous espérons compléter par la suite, nous permettent de supposer qu’il n’en est pas toujours ainsi et que les chevaux cryptorchides peuvent être exceptionnellement féconds , 32 . »
Le sperme des mulets et des bardots, d’après de nombreux observateurs, est également dépourvu de spermatozoïdes.
Les mouvements des animalcules spermatiques, qui semblent produits par les ondulations ou les inflexions de la queue, peuvent persister plusieurs heures après que le sperme a été recueilli33 , mais cessent sous l’influence de l’électricité, du froid, de la chaleur, de l’opium, de la strychnine, de l’alcool, des acides. Au contraire, les solutions légèrement alcalines leur sont favorables et augmentent la vivacité de leurs mouvements.
2° Ovulation. — L’ovulation est le travail par lequel les ovaires donnent naissance à un œuf dont le développement pourra avoir lieu sous l’influence vivifiante du fluide séminal. Cet œuf, ou l’ovule, que p. 496nous savons renfermé dans les vésicules de Graaf, est une cellule de 1/10 de millimètre de diamètre comprenant dans sa composition trois parties essentielles : 1° la membrane vitelline, amorphe, épaisse, sans texture déterminée ; 2° le vitellus ou jaune, substance granuleuse renfermée dans l’enveloppe précédente ; 3° la vésicule germinative, ou noyau de l’ovule, incluse dans celle-ci et présentant à son centre une tache blanchâtre dite tache germinative (fig. 150 du texte).
L’ovule, de même que les vésicules de Graaf, apparaît dans l’ovaire dès le tout jeune âge ; mais il y est alors à l’état microscopique.
C’est seulement à l’époque de la puberté qu’il s’accroît et déchire la vésicule qui le contient.
La chute de l’ovule coïncide avec la période des chaleurs et se produit même quand la copulation n’a pas lieu.
Fig. 150. — Vésicule de Graaf renfermant l’ovule.
Aussitôt détaché de la vésicule, l’œuf est recueilli par le pavillon de la trompe plus ou moins bien appliqué à la surface de l’ovaire ; puis il descend dans la trompe, parvient dans l’utérus où il se développe s’il a été soumis à l’action vivifiante du fluide séminal.
3° Accouplement. — L’union des sexes, indispensable pour que le sperme puisse exercer son action fécondante sur l’ovule, constitue ce qu’on appelle l’accouplement ou la copulation, et s’effectue par la pénétrationp. 497 du pénis dans les voies génitales de la femelle, où doit être lancée la liqueur séminale.
Cet acte, qui n’exige de la femelle qu’une participation à peu près passive, nécessite, de la part du mâle, d’abord l’érection du pénis, puis l’émission du fluide spermatique.
Premier terme, en somme, de l’acte dont l’émission du liquide fécondant est le dernier terme, l’érection consiste essentiellement en une accumulation de sang dans la trame du corps caverneux et spongieux de l’organe érectile, par suite de laquelle le pénis se gonfle, sort de son enveloppe protectrice, et devient apte à pénétrer dans les voies génitales de la femelle pour y aller déposer la liqueur séminale en vertu des contractions des muscles de Wilson et bulbo-caverneux.
Aussitôt l’éjaculation terminée, les oreilles du cheval tombent, sa tête s’abaisse, un affaissement subit très prononcé semble succéder, enfin, à l’excitation de tout à l’heure.
Souvent, au contraire, après l’accouplement, les femelles éprouvent des spasmes et rejettent une grande partie, sinon la totalité, du fluide qu’elles ont reçu. C’est pourquoi on a généralement l’habitude de soumettre à une course les juments qui viennent d’être couvertes et de leur jeter de l’eau froide sur les reins et la croupe. « Par là, dit M. Colin, on apaise l’orgasme vénérien et l’on prévient les efforts que l’animal peut faire pour l’expulsion des urines, efforts qui entraînent en même temps la liqueur spermatique mêlée aux mucosités vaginales, sécrétées abondamment sous l’influence du rut et à la suite de l’excitation causée par le contact des organes du mâle34 . »
L’accouplement ne fait pas cesser immédiatement le rut des femelles ; aussi, peut-il être répété plusieurs fois à des intervalles fort rapprochés.
Les chevaux, d’après M. Colin, surtout quand ils sont fougueux, peuvent faire plus de vingt saillies dans une matinée.
On observe rarement, chez les animaux, des sympathies ou des antipathies particulières entre les mâles et les femelles de la même espèce. Le cheval couvre indistinctement toutes les femelles en chaleurs, et celles-ci reçoivent, sans préférence marquée, les caresses de tous les mâles qui les approchent. La parenté même n’est aucunement un p. 498motif d’exclusion pour eux : le frère s’allie à la sœur, le père avec la fille, le fils avec la mère, dès que les instincts génésiques s’éveillent, et cela au grand avantage de la conservation et du perfectionnement de nos races, à la condition, toutefois, que le choix des reproducteurs, quant à la conformation et aux aptitudes, soit judicieusement fait35 .
Enfin, pressés par des besoins qu’ils ne peuvent librement satisfaire, certains chevaux oisifs et bien nourris se livrent volontiers à la masturbation en imprimant à leur pénis en érection un mouvement de va-et-vient sur la face inférieure du ventre.
Nous avons dû nous débarrasser d’un cheval arabe qui présentait ce vice à un tel degré qu’il était devenu absolument étique.
La fécondation est le phénomène à la suite duquel l’ovule, mis en contact avec les spermatozoïdes, acquiert la propriété de pouvoir donner naissance à un individu nouveau.
Par quel mécanisme se produit cet acte ?
Nous avons vu que, chez le mâle, les sensations sexuelles voluptueuses qui accompagnent la copulation sont indispensables pour amener le réflexe de l’éjaculation. Chez la femelle, au contraire, ces sensations ne paraissent pas devoir accompagner nécessairement l’accouplement pour amener la fécondation ; il suffit que l’ovule soit introduit et puisse être retenu dans la matrice.
Quoi qu’il en soit, le phénomène même de la fécondation résulte de la pénétration des spermatozoïdes dans l’épaisseur de l’ovule, où ils fondent et disparaissent. Aussi, pour que l’ovule soit fécondé, faut-il que l’accouplement coïncide avec son émission ou, tout au moins, la précède ou la suive de très près.
Reste à savoir maintenant en quel lieu s’opère la rencontre des spermatozoïdes et des ovules. Pour les uns, c’est exclusivement sur l’ovaire, au niveau du pavillon de la trompe utérine. Pour les autres, au contraire, la fécondation peut se produire dans l’utérus, dans les trompes, dans l’ovaire même, partout, en somme, où le sperme est mis en contact avec l’ovule.
p. 499D’ailleurs, la fécondation n’a pas lieu instantanément et aussitôt après la copulation ; cela peut dépendre de la vitesse avec laquelle se meuvent les spermatozoïdes et de l’endroit où ils rencontrent les ovules.
« La fécondation, dit Vallon, est possible dans toutes les saisons de l’année, mais jamais elle n’est plus sûre qu’au moment du rut, c’est-à-dire au printemps36 . »
En général, un seul ovule se trouve fécondé. Les exemples où il y a fécondation de deux ovules et, comme conséquence, parturition double, sont très rares.
1° Fécondation entre animaux de même espèce ou d’espèces différentes. — La fécondation n’a lieu habituellement qu’entre des individus d’une même espèce. Dans certains cas, cependant, on la voit s’opérer entre des sujets appartenant à des espèces différentes, mais voisines l’une de l’autre ; il résulte alors de cette alliance des hybrides généralement stériles ou d’une fécondité bornée à quelques générations : tels le mulet et le bardot, produits de l’âne avec la jument et du cheval avec l’ânesse.
Nous avons souligné le mot généralement à dessein, car il paraît bien démontré aujourd’hui que certains hybrides, même bigénères, sont indéfiniment féconds, comme ceux de la vigogne et du lama, du bouc et de la brebis (Chabins), de l’yak et du zèbre (Dzo), etc., etc.
La fécondité, par ce fait même, ne peut être considérée comme le critérium absolu de l’espèce et il y a lieu d’admettre que la parenté des êtres s’étend, au moins exceptionnellement, au delà des variétés spécifiques.
L’aptitude des animaux à la reproduction est, d’ailleurs, proportionnée à la brièveté de la vie et à la multiplicité des causes de destruction auxquelles ils sont exposés.
Notons, d’autre part, que les exemples de stérilité sont beaucoup plus rares parmi les animaux que chez l’homme.
2° Hérédité. — Dans tous les cas, que la fécondation s’opère entre des animaux de même espèce et de même race, ou entre des animaux d’espèces et de races différentes, il y a toujours transmission, aux êtres procréés, de l’organisation, des formes, de l’instinct, de l’intelligence,p. 500 des aptitudes diverses des êtres procréateurs, que ceux-ci tiennent les caractères qui les distinguent de leurs ascendants37 , ou qu’ils les aient acquis spontanément, naturellement, sous l’action directe ou indirecte des conditions de la vie (sélection, croisement, nourriture, climat, etc.) et de l’usage ou du défaut d’exercice des organes38 .
Par cette transmission, connue sous le nom d’hérédité, le descendant répète et reproduit l’ascendant ; d’où cet axiome fondamental de la loi d’hérédité : « Le semblable produit le semblable. »
L’hérédité des caractères est si bien regardée comme la règle, que leur intransmission passe pour une anomalie.
La faculté de transmettre ses caractères à ses descendants est d’autant plus marquée chez un animal, qu’il appartient à une race mieux constituée et plus ancienne. « L’empreinte que portent l’organisation et les facultés de chaque être vivant, pour être stable, pour avoir de la durée, doit être fixée déjà depuis une série de générations. Sans cela, elle ne représente pas un type permanent ; elle est fugace, éphémère ; elle se transmet difficilement et s’efface par l’action des moindres causes39 . »
La part d’influence que chacun des reproducteurs exerce sur le produit de la conception40 est complexe et multiple : la vigueur, l’énergie, la solidité de la constitution, la rusticité, tiennent des deux ascendants, mais principalement du père, si toutefois il se trouve dans de bonnes conditions hygiéniques.
Tout le monde sait, en effet, que les mâles trop jeunes ou épuisés par les fatigues de la monte donnent des produits souvent mous, débiles, plus disposés à l’engraissement que propres au travail.
Le naturel, le caractère, l’intelligence, les instincts, les aptitudes diverses, dérivent encore de l’un ou de l’autre des ascendants, et principalement du père. Le mulet et le bardot, par exemple, tiennent leur caractère entêté, le premier, de son père, le second de sa mère.
D’autre part, quand on accouple deux individus présentant des caractères différents, un grand cheval avec une petite jument, par p. 501exemple, il ne faut pas espérer obtenir un produit mixte, un produit enfin chez qui les défauts de l’un des procréateurs seront compensés par les qualités de l’autre : c’est en quelque sorte par lambeaux que les ancêtres passent leurs caractères aux héritiers.
L’hérédité présente encore cette particularité que souvent les enfants ressemblent plus à leur aïeul ou à leur aïeule qu’à leur père ou à leur mère ; que, sur les produits de nos animaux domestiques, des tares, des défectuosités apparaissent, qui avaient épargné une et même deux générations.
Enfin, il n’est pas rare de rencontrer des femelles dont les produits, quels que soient leurs pères, présentent toujours un certain nombre de caractères du mâle qui a fécondé ces femelles une première fois. On cite à ce propos une jument arabe qui, ayant produit un mulet, après avoir été saillie par un couagga, fit dans la suite plusieurs poulains dont la robe était marquée de bandes noires comme celle du solipède sauvage. C’est ce phénomène que les uns expliquent par l’infection de la mère ; les autres à l’aide de l’hérédité par influence.
Peut-être y a-t-il là une simple habitude organique, une simple aptitude de la matrice à reproduire ce qu’elle a déjà fait un grand nombre de fois.
1° Développement de l’embryon. — Le premier résultat de la fécondation de l’ovule est la segmentation du vitellus, qui cesse de former une masse homogène et se divise en deux sphères, puis en quatre, en huit, en seize, etc., de plus en plus petites.
Aussitôt la segmentation du vitellus achevée, une membrane nouvelle, le blastoderme, se développe à la périphérie de celui-ci et à la face interne de l’enveloppe vitelline, qui s’épaissit. Cette production membraneuse se dédouble bientôt en feuillet externe et en feuillet interne, entre lesquels apparaît même plus tard un feuillet moyen.
Puis, dans la lame externe se dessine une sorte d’épaississement arrondi et blanchâtre, dû à une multiplication de cellules, que l’on nomme l’aire germinative et qui constitue la première trace de l’embryon. D’abord petite et circulaire, cette tache s’agrandit et s’allonge, en même temps qu’à sa partie centrale se creuse un sillon, dit ligne primitive, circonscrit par deux bords légèrement dentelés, qui se p. 502réunissent en arcade à l’extrémité où se montrera plus tard la tête, et à angle aigu, au contraire, à l’extrémité caudale.
« À ce moment, l’embryon se présente sous la forme d’un écusson épais, proéminent à la surface de la vésicule blastodermique, et convexe du côté de la circonférence de l’œuf ; les deux extrémités de cet écusson, la caudale et la céphalique, s’incurvent l’une vers l’autre de manière à lui donner quelque ressemblance avec un croissant...41 . »
Maintenant, sans entrer dans tous les détails des formations primordiales, notons que chacun des feuillets du blastoderme devient le point de départ d’une série déterminée d’organes et de systèmes organiques : La plupart des organes de la vie animale, le système nerveux central, l’épiderme, etc., dérivent du feuillet externe ; l’estomac, l’intestin, le poumon, les glandes, les organes génitaux émanent du feuillet interne ; enfin, le cœur, les gros vaisseaux et les organes de l’appareil locomoteur ont leur point de départ dans le feuillet moyen.
Ajoutons aussi que le développement de ces différentes parties n’est pas également rapide pour toutes. Il en est dont l’accroissement est beaucoup plus prompt que celui des autres : les centres nerveux, le cœur, le foie et les organes qui doivent entrer en fonction de bonne heure, acquièrent très vite des proportions considérables.
Ce qui frappe le plus, d’ailleurs, dans l’étude générale de l’évolution embryonnaire, c’est la lenteur du travail aux premiers moments qui suivent la fécondation et la rapidité qu’il acquiert peu de temps après.
Jusqu’à six mois, le fœtus42 n’a qu’un tout petit volume, tandis qu’à partir de cette époque il augmente d’une manière remarquable jusqu’à la mise-bas.
D’un autre côté, ce n’est guère qu’à dater du septième mois que le fœtus jouit de mouvements propres bien prononcés. Aussi, à cette époque, peut-on les rendre apparents à l’extérieur, soit en comprimant les parois abdominales, soit en donnant à la jument des boissons froides. À huit mois, ces mouvements sont en général assez forts et assez fréquents pour qu’on les aperçoive à l’extérieur sans avoir besoin de recourir aux moyens ci-dessus.
p. 503On appelle gestation, grossesse, plénitude, le temps pendant lequel le germe fécondé reste dans l’utérus.
2° Annexes ou enveloppes du fœtus. — En même temps que les feuillets du blastoderme sont le point de départ des différents organes du fœtus, ils donnent naissance aux annexes de celui-ci. Il s’ensuit que chaque feuillet blastodermique fournit, en se développant, des parties intra-fœtales et des parties extra-fœtales.
Fig. 151. — Fœtus de jument et ses enveloppes.
Ce sont ces dernières qui nous occuperont exclusivement ici.
Mais, comme le cadre restreint de notre travail ne nous permet pas p. 504d’entrer dans tous les détails relatifs à leur formation, nous supposerons le fœtus arrivé au terme de sa vie intra-utérine.
On comprend sous la dénomination d’annexés du fœtus, « non seulement les enveloppes proprement dites, chorion et amnios, mais encore les divers organes chargés, soit de nourrir le fœtus pendant sa période embryonnaire, vésicule ombilicale, soit d’établir entre lui et la mère les rapports nécessaires, allantoïde, placenta, cordon ombilical43 . » Ce sont ces parties dont l’ensemble constitue en obstétrique l’arrière-faix ou le délivre.
1° Chorion. — Enveloppe la plus extérieure du fœtus, le chorion représente un sac membraneux exactement conformé comme la matrice. Sa face externe est parsemée de petits tubercules rougeâtres formés par les houppes placentaires qui s’enfoncent dans les follicules de la muqueuse utérine.
2° Amnios. — De forme ovoïde, l’amnios est le second sac enveloppant du fœtus. Il flotte librement à l’intérieur du sac chorial, avec lequel il n’est uni que par l’intermédiaire du cordon ombilical, et contient le petit sujet, qui se trouve fixé à sa face interne également au moyen des vaisseaux du cordon.
Outre le fœtus, le sac amniotique renferme un liquide d’autant plus abondant que le fœtus est plus avancé. D’abord lactescente dans l’œuf récent, la couleur de ce liquide devient plus tard citrine et un peu roussâtre. Il a pour but de protéger le fœtus des secousses, des pressions et des chocs extérieurs.
3° Allantoïde. — « L’allantoïde est une membrane qui tapisse la face interne du chorion et qui se replie autour du point d’insertion du cordon ombilical pour aller s’étendre sur toute la face extérieure de l’amnios. Elle transforme ainsi le sac chorial en une sorte de cavité séreuse, dans laquelle le sac amniotique se trouve enfermé à la manière d’un viscère44 . »
La cavité allantoïdienne est mise en communication avec l’intérieur de la vessie au moyen de l’ouraque, canal étroit contenu dans la portion amniotique du cordon ombilical et s’évasant vers l’origine de la portion allantoïdienne. Cette cavité représente une sorte de réservoir urinaire p. 505dépendant de la vessie et renferme un liquide analogue aux eaux de l’amnios.
Parfois on rencontre, flottant dans ce liquide, de petits corps brunâtres, de consistance glutineuse, de forme aplatie et irrégulièrement ovalaire, connus sous le nom hippomanes, dont le mode de formation et l’usage sont inconnus.
4° Vésicule ombilicale. — C’est une petite poche piriforme logée dans l’infundibulum placé à l’extrémité du cordon ombilical. Son fond adhère au chorion, et son extrémité opposée, sur le fœtus très jeune, pénètre dans la cavité abdominale par un canal étroit qui communique avec la portion terminale de l’intestin grêle. La vésicule ombilicale est remplie d’un liquide granuleux qui sert à la nutrition du fœtus ; mais, dans les derniers mois de la vie fœtale, elle se montre presque toujours plus ou moins atrophiée.
5° Placenta. — Le placenta des solipèdes est constitué par des houppes de villosités cellulo vasculaires répandues à la surface extérieure du chorion, qu’elles recouvrent à peu près complètement.
« Ces villosités pénètrent dans la muqueuse utérine de la mère, de sorte que les deux systèmes capillaires de la mère et du fœtus ne sont plus séparés que par les très minces parois des vaisseaux et par l’épithélium des villosités. Jamais on n’a constaté la fusion de ces deux systèmes ; aussi, tous les échanges entre la femelle et son produit s’opèrent-ils à travers les capillaires, en vertu de la force osmotique45 . »
L’adhérence du placenta avec l’utérus est tellement faible que, dans les efforts de la mise-bas, il se détache très vite.
6° Cordon ombilical. — Ce cordon est constitué par les vaisseaux qui, du fœtus, portent le sang aux enveloppes et principalement au placenta. Il se divise en deux parties : l’une amniotique, la plus longue, toujours tordue sur elle-même et recouverte par la membrane amniotique, qui se continue avec la peau au pourtour de l’ombilic ; l’autre, allantoïdienne, beaucoup plus courte, moins tordue, enveloppée par la gaine qui établit la continuité entre les deux feuillets de l’allantoïde, et s’insérant sur la paroi supérieure du sac chorial.
Le cordon ombilical comprend, chez la jument : 1° deux veines, qui se réunissent en une seule à leur entrée dans l’abdomen pour se jeter p. 506dans le foie ; 2° deux artères provenant des iliaques internes ; 3° le pédicule creux de l’ouraque ; 4° le pédicule de la vésicule ombilicale et les vaisseaux omphalo-mésentériques, le tout enveloppé d’une couche de tissu conjonctif embryonnaire (gélatine de Wharton), qui fait paraître le cordon beaucoup plus volumineux qu’il ne l’est réellement.
L’accouchement est l’acte par lequel le fœtus, ayant acquis assez de développement pour vivre hors du sein de sa mère, s’en sépare.
On donne encore à cet acte les noms de part, de parturition et de mise-bas.
Il est dit naturel quand il s’accomplit par les seules forces de la nature et d’une manière heureuse pour la mère et le produit ; il a lieu à terme si le fœtus vient au monde au bout de 11 mois environ de gestation ; il est anormal, pathologique, laborieux ou contre nature, lorsqu’il exige l’intervention de l’art ; prématuré, quand il s’est fait avant 340 jours ; retardé, quand c’est après 340 jours.
Les signes qui annoncent que la mise-bas est proche sont les suivants : Quelques jours avant, tout l’appareil génital externe de la jument est le siège d’une excitation très grande ; la vulve laisse échapper une humeur glaireuse ; un liquide laiteux sort des mamelles ; le ventre est plus descendu, plus tombant ; les flancs sont plus creux, les muscles fessiers plus affaissés, et la croupe semble plus amaigrie ; la marche, enfin, est difficile.
Un jour ou deux, et quelquefois une heure seulement avant le part, la jument devient inquiète, se couche et se relève souvent, trépigne, remue la litière et a des coliques passagères.
Lorsque surviennent ces symptômes, le col de la matrice se dilate et finit par s’effacer complètement. Puis, par suite des efforts expulsifs que fait la jument, les membranes fœtales commencent à se détacher et ne tardent pas à venir faire, entre les lèvres de la vulve, une saillie qui grandit rapidement à chaque contraction nouvelle : c’est la poche des eaux.
Les membres antérieurs et la tête du fœtus pénètrent à leur tour dans le col entr’ouvert et achèvent de le dilater. Enfin, les membranes se tendent, se rompent, et les eaux s’écoulent en partie.
p. 507La jument accouche assez souvent debout, mais le plus généralement couchée (fig. 152 du texte). Sa position est alors celle qu’elle affecte dans le décubitus normal : le corps appuyé sur le sternum et incliné à droite ou à gauche, les membres antérieurs fléchis sous la poitrine, les postérieurs allongés sous l’abdomen. De plus, dans ce cas, la tête vient d’ordinaire prendre un point d’appui sur le sol.
Lorsque le part est naturel, le fœtus, revêtu de ses enveloppes intactes, se présente à l’orifice des organes génitaux dans une des quatre positions suivantes :
1° La tête sort la première, appuyée sur les membres antérieurs étendus en avant l’un à côté de l’autre, et l’encolure est allongée de manière à former un cône à base postérieure. C’est la plus fréquente et la plus naturelle des positions (fig. 153 du texte).
Fig. 152. — Jument en parturition (Baumeister).
2° Les membres antérieurs et la tête apparaissent encore les premiers, mais le fœtus est couché sur le dos. Cette position est presque aussi avantageuse que la précédente.
3° Le jeune sujet, couché sur le ventre, se présente par les extrémités postérieures. Cette position n’est pas aussi avantageuse que les deux premières.
4° Le fœtus se présente par les pieds postérieurs et est couché sur le dos. Cette position est plus pénible que les autres.
Chez les juments qui accouchent debout, le cordon se rompt au moment où le fœtus tombe à terre. Pour celles qui mettent bas couchées,p. 508 c’est au moment où elles se relèvent que s’effectue cette rupture. Mais, dans aucun cas, il n’y a à craindre d’hémorrhagie, ni par le bout fœtal, ni par l’extrémité placentaire.
Parfois, les enveloppes fœtales (délivre) suivent immédiatement le fœtus ; d’autres fois, elles restent encore quelque temps dans les organes de la mère, puis elles sont expulsées et le travail du part est définitivement achevé ; il est même certains cas où l’expulsion du délivre exige l’intervention de l’art.
Fig. 153. — Parturition (présentation antérieure avec position la plus fréquente et ,1a plus naturelle).
Enfin, après le part, le produit et la mère réclament des soins particuliers dont nous n’avons pas à nous occuper ici.
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2 | Formé de deux portions latérales, ce muscle comprend une succession de faisceaux tendineux. Le plus postérieur de ces faisceaux s’étend du corps des six premières vertèbres dorsales sur la sixième apophyse trachélienne ; tandis que les autres se portent des apophyses transverses des six dernières vertèbres cervicales à la crête inférieure du corps des six premières. |
3 | D’après certains auteurs, les deux mouvements mettraient, au contraire, un temps égal à s’effectuer. |
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5 | MM. Arloing et Tripier ont remarqué que l’excitation du pneumogastrique droit a plus d’action sur le cœur que celle du gauche. Celui-ci agit plus spécialement sur le poumon. |
6 | Cours de physiologie, 5e édition, 1883, p. 238. , |
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9 | loc. cit., t. II. , Traité de physiologie comparéé des animaux domestiques, 2e édition, Paris, 1873t. II. , |
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11 | Il a été démontré que l’action du suc pancréatique n’est pas indispensable à l’absorption des graisses : M. Colin a effectivement enlevé le pancréas tout entier à un porc, sans que celui-ci en souffre et que son embonpoint diminue. |
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13 | Bulletin de l’Académie de médecine, t. XVII, pp. 647 et suivantes, mai 1852. |
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22 | Celle-ci présente, en effet, un revêtement épidermique, des poils et une couche spéciale de graisse (panicule adipeux), dans l’épaisseur du derme, qui la rendent très mauvaise conductrice du calorique. |
23 | De là l’indication de placer les jeunes animaux dans des écuries chaudes. |
24 | Pour déterminer la température du cheval, on se sert d’un thermomètre spécial, qu’on introduit dans le rectum. |
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26 | Traité d’obstétrique vétérinaire, Paris, 1875, p. 6. , |
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31 | Mémoire sur la cryptorchidie, in Recueil de médecine vétérinaire, année 1836, p. 820. , |
32 | Dans le même escadron d’un régiment de cavalerie monté en chevaux français et, par conséquent, castrés, nous avons vu trois juments devenir successivement pleines sans qu’il ait été possible, tout d’abord, de déterminer, même approximativement, dans quelle circonstance s’était faite la fécondation. Ce n’est que plus tard, quand nous avons acquis la certitude, non seulement qu’il existait un cheval cryptorchide dans l’escadron, mais que des gardes d’écurie s’étaient souvent amusés à lui faire saillir les juments de la travée où il se trouvait, qu’il nous a été permis de rattacher l’état de plénitude des juments en question à la présence d’un cheval cryptorchide au milieu d’elles. D’ailleurs, ce dernier ayant été réformé par la suite, nous n’avons pas vu, depuis, se produire des cas de gestation parmi les juments du régiment autres que celles arrivant des dépôts de remonte. |
33 | D’après Marion Sims (Notes cliniques sur la chirurgie utérine, traduction française, Paris, 1872), les spermatozoïdes peuvent même vivre dans le col de l’utérus jusqu’à huit jours après le dernier coït. |
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35 | La consanguinité, en effet, ne peut qu’accentuer les bons comme les mauvais caractères. |
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37 | Hérédité ancestrale, de race, ou atavisme. |
38 | Hérédité individuelle. |
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40 | Hérédité sexuelle. |
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42 | L’embryon prend le nom de fœtus quand les différentes parties qui le composent ont acquis assez de développement pour être aisément distinguées à l’œil nu. |
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