Troisième partie
Considérations générales
En dehors du vif intérêt qu’elle présente et de son importance en médecine, l’étude de la structure anatomique et des fonctions physiologiques est indispensable pour quiconque veut se faire de la machine du cheval une idée réellement exacte.
S’il est vrai, en effet, que les généralités de la première partie de notre livre permettent, à la rigueur, de saisir toutes les questions qui ont trait à l’extérieur, il n’est pas moins certain, d’un autre côté, que les détails anatomiques et physiologiques dans lesquels nous allons entrer seront d’un utile secours pour l’étude approfondie de plusieurs chapitres de la deuxième partie.
En ce qui concerne les tares des membres, par exemple, il est évident qu’on se rendra d’autant plus facilement compte de leur situation, de leur gravité, etc., qu’on connaîtra mieux la structure, le rôle physiologique de la région qui en est le siège.
Il est non moins manifeste qu’on se fera une idée beaucoup plus vraie des beautés, des défectuosités de l’œil, des côtes, etc., etc. quand on connaîtra les appareils et les fonctions de la vision, de la respiration, etc., etc.
L’intérêt et l’utilité de cette partie de la connaissance du cheval sont, en somme, hors de doute et n’ont pas besoin d’être mis plus longuement en évidence.
Nous tenons, toutefois, à insister un instant sur la marche que nous nous proposons de suivre :
p. 280Nous éloignant sensiblement de l’ordre jusque-là adopté par les auteurs, nous ne décrirons pas successivement et à part les différents appareils de l’organisme ; mais, prenant une à une les grandes divisions du cheval (tête, corps, membres), nous les disséquerons et nous étudierons l’un après l’autre chacun des organes entrant dans la composition des différents plans que nous rencontrerons, en procédant de la périphérie vers le centre1 .
Si cette méthode a généralement l’inconvénient de ne pas montrer chaque appareil dans son ensemble — inconvénient en grande partie conjuré, d’ailleurs, par la vue d’ensemble des appareils organiques que nous avons fait entrer à dessein dans nos généralités, — elle présente, par contre, ce triple avantage de bien faire voir la structure de chaque région, le rapport des organes entre eux, et jusqu’au jeu de ces organes dans les fonctions qu’ils ont à remplir.
Ceci posé, il suffira au lecteur de consulter les planches et les figures auxquelles nous le renverrons chaque fois que cela sera nécessaire, pour nous suivre facilement dans la description des différents plans, des différents organes que comporte chacune de ces planches et de ces figures.
Chapitre premier
Tête
La tête représente une grosse pyramide quadrangulaire suspendue par sa base à l’extrémité antérieure ou supérieure du cou, dans une direction qui varie suivant les individus, suivant leurs attitudes, etc., mais que nous supposerons à peu près verticale, pour la commodité de nos descriptions.
Nous connaissons son importance, son rôle, les régions qu’elle comprend en extérieur ; il nous reste maintenant à en étudier la structure anatomique et les fonctions physiologiques.
p. 281Pour faciliter cette étude, on l’a divisée en deux parties : le crâne et la face.
Le crâne, ou partie supérieure de la tête, est creusé d’une cavité centrale, la boîte crânienne, logeant le cerveau, le cervelet, le bulbe, et communiquant, en arrière, avec le canal rachidien, dont elle n’est, du reste, qu’un renflement.
Beaucoup plus étendue que le crâne, chez le cheval et la plupart de nos animaux domestiques, la face occupe l’extrémité antéro-inférieure de la tête, et se compose des mâchoires inférieure et supérieure.
Par suite de sa configuration générale, on reconnaît encore à la tête quatre faces : une antérieure, une postérieure et deux latérales ; une base ou extrémité supérieure, et un sommet ou extrémité inférieure.
Ces divisions nous seront d’un utile secours pour la description des différents organes que nous rencontrerons dans la tête.
Cependant, comme il serait, malgré tout, absolument impossible de saisir certains détails de ce chapitre sans avoir sous les yeux une description détaillée des os de la tête ; comme, d’un autre côté, ces os ne pourraient être décrits dans une étude d’ensemble avec tous les développements que comporte leur importance, nous avons cru utile de terminer ce chapitre par un appendice relatif à l’ostéologie de la tête. Le lecteur devra s’y reporter de temps en temps s’il veut se faire une idée vraie de la situation, de la configuration, du fonctionnement des organes renfermés à l’intérieur ou groupés à la surface des os du crâne et de la face.
I. — Premier plan
1. — Appareil salivaire.
Glande parotide
Immédiatement au-dessous de la peau et du peaucier cervical, entre le bord postérieur du maxillaire inférieur et l’apophyse transverse de l’atlas, on trouve la glande parotide (I, 1), que sépare encore de la peau et du peaucier, dans sa partie moyenne, le muscle parotidoauriculaire (voy. même plan, Muscles de l’oreille).
C’est la plus importante des glandes salivaires, organes sécréteurs p. 282annexés à la cavité buccale, dont l’usage, comme nous le savons déjà, est de sécréter la salive.
Fig. 115. — Glandes maxillaire et sublinguale, avec les principaux vaisseaux et nerfs profonds de la tête.
Seule visible sur le premier plan, la glande parotide sera étudiée ici à l’exclusion des autres, dont nous nous réservons, d’ailleurs, de dire p. 283un mot au fur et à mesure que nous les rencontrerons dans les différents plans de la tête.
Allongée de haut en bas et aplatie d’un côté à l’autre, cette glande recouvre la poche gutturale, l’insertion mastoïdienne des muscles petit oblique et mastoïdo-huméral (Voy. IIIe partie, chap, II, § 1, Cou, et Pl. VIII), le muscle occipito-styloïdien (XI, 6), la tubérosité du bord postérieur de l’os styloïde (XI, 4), le digastrique (VIII, 2, 3), le tendon du sterno-maxillaire, comme le fait parfaitement voir le premier plan de la planche VII, au moyen d’une fenêtre pratiquée à la peau, la glande maxillaire (fig. 115 du texte, R), l’artère carotide externe (fig. 115 du texte, F, A) et le nerf facial ou de la cinquième paire encéphalique, p. 284que nous voyons se terminer, à sa sortie de dessous la parotide, par plusieurs branches qui, en s’anastomosant avec d’autres divisions nerveuses, forment le plexus sous-zygomatique (fig. 116 du texte, 1).
Fig. 116. — Glande parotide avec les principaux vaisseaux et nerfs superficiels de la tête.
L’extrémité supérieure de la parotide embrasse la base de la conque, tandis que l’extrémité inférieure se trouve comprise dans l’angle formé par la réunion des veines jugulaire et glosso-faciale (fig. 116 du texte, A, B).
Cette glande est parcourue par un grand nombre de vaisseaux sanguins et de nerfs.
Elle possède, en outre, un canal excréteur dit canal de Sténon qui, se détachant de l’extrémité inférieure de la parotide, entre dans l’auge, rampe sur le muscle masséter interne, au-dessous de la veine glosso-faciale, s’engage dans la scissure maxillaire avec la veine précitée et l’artère correspondante, en restant toujours en arrière de ces deux vaisseaux, et remonte jusqu’au niveau de la troisième dent molaire supérieure, où il traverse la joue (II, 3, et fig. 116 du texte, K, K).
Le canal de Sténon a pour but de transporter le liquide sécrété par la glande parotide dans la bouche.
Rôle de la parotide et des glandes salivaires en général.
(Insalivation)
Afin de ne pas nous répéter inutilement, et bien que les parotides ne composent pas à elles seules l’appareil salivaire du cheval, nous passerons succinctement en revue, dans ce paragraphe, les fonctions du système salivaire en général, tout en tenant compte, dans la mesure du possible, et de l’action particulière de chacun des organes de ce système, et des propriétés différentes que présentent les fluides salivaires suivant la glande qui les a fournis.
L’appareil salivaire comprend, chez le cheval : deux parotides que nous venons d’examiner ; deux maxillaires et deux sublinguales, qui sont parfaitement circonscrites (Voy. XIe plan) ; puis les glandes molaires, distinguées en inférieures et en supérieures, et enfin les glandules des lèvres, de la langue et du voile du palais (Voy. XIIe plan).
Ces différentes glandes ont pour but de préparer la salive et de la verser dans la cavité buccale où, mise en contact avec les substances alimentaires déjà divisées et broyées par les dents molaires, elle ramollitp. 285 ces substances, facilite leur action sur l’organe du goût, les prépare à être dégluties, et enfin leur fait éprouver quelques modifications préliminaires à celles qu’elles éprouveront plus tard dans le tube intestinal.
1° De la salivation en général. — Le système salivaire fonctionne pendant le repas, l’abstinence, et quand des substances excitantes sont mises en contact avec la muqueuse buccale, mais suivant des lois qui ne sont pas les mêmes pour ces différentes circonstances.
1° Pendant le repas, toutes les glandes fonctionnent activement. Toutefois, la salivation n’atteint son maximum d’activité que quand le repas dure depuis un quart d’heure ; puis elle se ralentit sur la fin du repas et toutes les fois que la mastication devient languissante. D’autre part, les glandes du côté où se fait la mastication sécrètent plus que celles du côté opposé. Enfin, la nature des aliments a aussi une très grande influence sur la quantité de salive sécrétée : « Les glandes d’un cheval qui mange du foin fournissent 5 à 6 kilog. de salive par heure ; elles produisent un tiers en sus lorsque l’animal mange de l’avoine, une moitié pendant qu’il mange de l’herbe verte, et le tiers seulement de cette somme si son repas est composé de racines, telles que la betterave ou les navets2 . »
2° Lors de l’abstinence, les parotides restent inactives et les maxillaires ne donnent que peu de liquide. Ce sont les glandes sublinguales et molaires, ainsi que les petites glandules sous-muqueuses qui fonctionnent à peu près exclusivement.
3° Lorsque des substances excitantes sont mises en contact avec la muqueuse buccale, les parotides ne sont pas sensiblement influencées ; mais les maxillaires, les sublinguales, les glandules à salive visqueuse, fonctionnent avec plus ou moins d’activité suivant l’excitant.
Maintenant, quelle est la quantité totale de salive fournie par le système salivaire dans une période de vingt-quatre heures ?
Si l’on tient compte, d’une part, que le foin absorbe, pour être dégluti, à peu près quatre fois son poids de salive, et, d’autre part, que le cheval avale, pendant l’abstinence, 100 à 150 grammes de fluide salivaire par heure, cette question est facile à résoudre : « Un cheval qui p. 286consomme 5,000 grammes de foin et 5,000 grammes de paille par jour, dit M. Colin, a besoin, pour transformer ces aliments en bols propres à être déglutis, de 40,000 grammes de salive, qu’il faut joindre à environ au moins 2,000 grammes du même fluide produit pendant les dix-sept à dix-huit heures d’abstinence, en tout 42,000 grammes3 . »
Quant à la proportion de salive sécrétée par chaque glande, s’il est difficile de la déterminer d’une façon exacte, on peut au moins s’assurer assez facilement que les parotides fournissent les trois quarts du liquide produit par tout le système dans un temps donné.
2° Propriétés et composition de la salive. — La salive présente des caractères particuliers suivant qu’on l’examine dans telle ou telle glande.
Celle des parotides est claire, presque aussi limpide que l’eau, et présente une réaction constamment alcaline.
La salive des maxillaires est épaisse, visqueuse, et moins alcaline que la précédente.
Enfin, celle des sublinguales, peu épaisse, peu visqueuse, est encore moins alcaline que la salive des maxillaires.
Quant à la salive mixte, résultant du mélange des divers fluides salivaires, elle est très épaisse, très visqueuse, et moins alcaline que la salive parotidienne.
En somme, le liquide salivaire est une dissolution de deux ordres d’éléments : les uns organiques, les autres minéraux.
Les matières organiques sont représentées par la ptyaline, matière analogue à l’albumine, et que certains auteurs ont appelée la diastase salivaire, par suite de son analogie avec la diastase qui se développe dans le grain d’orge, sous l’influence de la germination.
3° Rôle de la salive. — La salive agit sur les aliments par ses propriétés physiques et chimiques. Elle rend la gustation aussi parfaite que possible, favorise la mastication, et sert à la formation du bol alimentaire, ainsi qu’à son passage dans le pharynx et l’œsophage.
Outre ce rôle déjà si varié, les fluides salivaires ont encore celui de ramollir les aliments, de dissoudre leurs matières sucrées, mucilagineuses, et la plupart de leurs sels. Ils jouissent, enfin, de la propriété p. 287de transformer en sucre les principes amylacés que ces aliments renferment. Mis en contact avec la fécule, ils la transforment en dextrine, puis en glycose. Or, il est évident que c’est là une transformation extrêmement importante, puisque la fécule est insoluble et conséquemment impropre à la digestion ; tandis que la dextrine et le glycose sont solubles et jouissent de propriétés nutritives très grandes.
Ces changements sont dus à la ptyaline plus ou moins modifiée qui agit comme ferment.
Quoi qu’il en soit, le rôle de la salive est d’une importance tellement grande qu’elle est indispensable dans les phénomènes digestifs. Si, en effet, par une cause quelconque, elle s’écoule hors de la bouche, la digestion s’effectue mal et les animaux deviennent promptement faibles et maigres.
2. — Appareil de l’audition.
Sur le même plan que la parotide, à son extrémité supérieure, on trouve l’orifice externe de l’appareil auditif, auquel nous allons consacrer une description spéciale.
Cet appareil a pour agents essentiels les nerfs auditifs, qui se ramifient dans les parois membraneuses d’une suite de cavités formant l’oreille externe, l’oreille moyenne, et l’oreille interne.
A. — Oreille externe
L’oreille externe, la seule à peu près visible en entier sur la pl. VII, est représentée par un évasement cartilagineux, en forme de cornet, connu sous le nom de conque ou de pavillon, et par le conduit auditif externe .
a. — Conque ou pavillon
Cet appendice est formé de trois pièces cartilagineuses qui sont : 1° le cartilage conchinien ; 2° le cartilage annulaire ; 3° le cartilage scutiforme.
1° Cartilage conchinien (3, 4). — Pièce principale du pavillon, ce cartilage présente la forme d’un cornet rigide, dressé et largement ouvert sur les côtés. Il est renflé en cul-de-sac à son fond, et se p. 288termine par un prolongement pointu qui le fixe à la surface de la poche gutturale (7), comme on le voit très exactement sur le 1er plan, en rabattant la partie supérieure de la glande parotide et du muscle parotido-auriculaire.
La peau qui recouvre le cartilage conchinien est pourvue, en dedans, de poils longs et abondants pour s’opposer à l’introduction des corps étrangers dans le canal auditif et tamiser le son ; en dehors, au contraire, elle est très fine et laisse voir un riche réseau vasculaire sous-jacent.
2° Cartilage annulaire (5). — Petite lame roulée en anneau, située sous la partie supérieure de la parotide, et servant d’intermédiaire entre le cartilage conchinien et le conduit auditif.
3° Cartilage scutiforme (6). — La moyenne des trois pièces de la conque, le cartilage scutiforme, est situé en avant de celle-ci, et se trouve relié à elle par quelques faisceaux charnus.
b. — Conduit auditif externe
Ce canal fait communiquer l’oreille externe avec l’oreille moyenne, comme il est facile de s’en rendre compte en soulevant le 1er plan en entier ; car, alors, on ne découvre pas seulement le 10e plan et l’orifice F du conduit auditif externe, mais encore on met en évidence la communication de ce conduit avec le cartilage annulaire, dont l’orifice inférieur est parfaitement visible sur le verso du 1er plan.
Le canal auditif externe, enfoncé dans la portion tubéreuse du temporal (Voy. Appendice, I, Os de la tête), est tapissé par une membrane tégumentaire renfermant un grand nombre de glandes chargées de sécréter le liquide onctueux désigné sous le nom de cérumen.
c. — Muscles de la région auriculaire
Ces muscles sont au nombre de dix, savoir :
1° Le zygomato-auriculaire (8), qui se dirige de l’apophyse zygomatique du temporal sur la base de la conque ; 2° le temporo-auriculaire externe (9), qui s’étend de la crête pariétale aux cartilages conchinien et scutiforme ; 3° le scuto-auriculaire externe (10), qui relie le cartilage scutiforme au cartilage conchinien ; 4° les trois cervico-auriculaires (11), p. 289étendus de la corde du ligament cervical au cartilage conchinien, et divisés en superficiel, moyen et profond ; 5° le parotido-auriculaire (12), mince bandelette rubanée prenant son origine sur le tissu parotidien et se dirigeant en avant et en haut sur la base de la conque, où elle se termine ; 6° le temporo-auriculaire interne, situé sous son homonyme superficiel, et invisible sur la pl. VII ; 7° le scuto-auriculaire interne, caché par le scuto-auriculaire externe, et également invisible, pour cette raison, sur la pl. VII ; 8° le tympano-auriculaire, reliant l’orifice du conduit auditif externe à la base de la conque, et invisible, comme les deux précédents, sur la pl. VII.
Tous ces muscles ont pour mission de faire mouvoir l’oreille externe et de diriger son ouverture en avant, en dehors, en arrière, etc.
L’inclinaison de l’oreille en dehors étant surtout produite par le parotido-auriculaire, on a quelquefois conseillé de sectionner ce muscle chez les chevaux à oreilles pendantes ; mais, outre que les résultats de cette opération ne sont pas certains, elle présente assez de danger, eu égard au voisinage de la glande parotide, pour qu’on la proscrive absolument.
B. — Oreille moyenne ou caisse du tympan
Bien que l’oreille moyenne et l’oreille interne ne fassent pas logiquement partie du premier plan, nous les décrirons ici, tant parce que la pl. VII ne les montre bien dans aucun de ses plans, que pour ne pas scinder en plusieurs parties la description de l’appareil auditif, ce qui, d’ailleurs, ne présenterait que des inconvénients.
L’oreille moyenne (fig. 117 du texte) est constituée par une cavité irrégulière déprimée d’un côté à l’autre, creusée dans la portion tubéreuse du temporal.
Sa paroi externe est en grande partie constituée par la membrane du tympan, fixée dans une direction oblique et sous un angle de 45° environ à un cercle osseux incomplet, du pourtour duquel s’échappent, en rayonnant, les cloisons des cellules mastoïdiennes.
Sa paroi interne, formée par le rocher, présente deux ouvertures : la fenêtre ovale et la fenêtre ronde, situées l’une au-devant de l’autre, et séparées par une petite éminence, le promontoire, éloignée de 4 à 5 millimètres de la membrane tympanique. En dessous se trouve le relief du limaçon.
p. 290Entre la membrane du tympan et la fenêtre ovale, à l’intérieur de l’oreille moyenne, s’étend une chaîne de petits osselets articulés : le marteau, l’enclume, le lenticulaire et l’étrier (fig. 117, 118 et 119 du texte), tirant leurs noms de leurs formes générales.
Courbé sur lui-même, le marteau est fixé par son manche à la membrane du tympan, et s’articule avec l’enclume par son extrémité renflée.
Fig. 117. — Caisse du tympan du côté droit, chez le cheval (coupe verticale et transverse, plan antérieur).
L’enclume se met en rapport avec le lenticulaire, petit disque reposant sur le sommet de l’étrier, dont la base, figurée par une plaque de même forme que la fenêtre ovale, s’engage dans cette ouverture.p. 291
Fig. 118. — Osselets de l’oreille moyenne du cheval, d’après une figure inédite de M. Lavocat.
Fig. 119. — Schéma de l’ensemble de l’appareil auditif de l’homme.
On voit, de droite à gauche, l’oreille externe, le conduit auditif, la caisse du tympan avec la chaîne des osselets et la trompe d’Eustache, le labyrinthe (Dalton, Physiologie et hygiène ).
p. 292Ces pièces sont mobiles les unes sur les autres, unies par des ligaments et mues par des muscles, sur le nombre et l’existence desquels on n’est pas encore absolument fixé.
La caisse du tympan est, en outre, tapissée à son intérieur par une fine membrane muqueuse, en communication avec le pharynx à l’aide d’un tube cartilagineux, dit trompe d’Eustache, long d’environ 1 décimètre, amenant l’air extérieur dans l’oreille moyenne. C’est ce conduit qui, fendu inférieurement, laisse sa muqueuse faire hernie pour constituer le grand sac particulier aux monodactyles, connu sous le nom de poche gutturale (XII, 14).
C. — Oreille interne ou labyrinthe
Sur un plan plus interne que la caisse du tympan, toujours dans la partie pétrée du temporal, on trouve plusieurs cavités en communication les unes avec les autres et constituant, par leur ensemble, le labyrinthe osseux, qui renferme lui-même des parties molles désignées sous le nom de labyrinthe membraneux, et des liquides.
a. — Labyrinthe osseux
Le labyrinthe osseux se compose de trois parties : le limaçon, le vestibule et les canaux semi-circulaires.
1° Limaçon ou trochlée (fig. 120 du texte, a). — Cavité spiroïde, conique, enroulée autour d’un axe central oblique, le limaçon a sa base située en haut, au niveau de la fenêtre ronde, et se trouve partagé, par la lame spirale, en deux sections ou rampes distinctes, l’une supérieure, l’autre inférieure, communiquant ensemble près de la pointe du limaçon.
2° Vestibule (fig. 117 du texte, I). — Placé en regard de la fenêtre ovale, le vestibule constitue une petite cavité en coquille, presque ovalaire, où toutes les autres parties du labyrinthe viennent aboutir.
3° Canaux demi-circulaires (fig. 117 du texte, J, K, L). — Au nombre de trois, ces canaux sont situés au-dessus du vestibule, « à la manière de trois arcades à plein cintre réunies en triangle par leur base »4 .
b. — Labyrinthe membraneux
Le labyrinthe membraneux comprend trois parties correspondant aux trois cavités du labyrinthe osseux, dans lesquelles elles sont contenues sans les remplir complètement.
L’espace laissé entre les parties molles et les parois internes du labyrinthe osseux, de même que les ampoules et les tubes qui constituent le vestibule et les canaux demi-circulaires membraneux, sont occupés par un fluide séreux, limpide.
Fig. 120. — Limaçon ouvert pour montrer la disposition des deux rampes et la distribution du nerf auditif.
L’oreille interne reçoit le nerf auditif, qui présente deux branches, l’une se distribuant dans le limaçon, l’autre dans le vestibule (fig. 120 du texte, b).
« L’appareil auditif est impressionné par les mouvements vibratoires produits dans les corps, puis propagés dans l’air et transmis aux parties profondes, où s’épanouissent les dernières divisions du nerf acoustique »5 .
Tous les corps, qu’ils soient solides, liquides ou gazeux, sont susceptibles de vibrer, mais à des degrés différents.
Les vibrations donnent naissance à la sensation particulière connue sous la dénomination de son. Elles résultent d’un déplacement oscillatoire des molécules d’un corps et ne deviennent sonores, c’est-à-dire perceptibles, qu’autant que leur nombre s’élève au moins à 35 et ne dépasse pas 77,000 par seconde.
Dès que les mouvements vibratoires se sont produits, ils forment des ondulations appelées ondes sonores, qui se propagent dans l’air avec une vitesse de 340 mètres par seconde.
L’oreille externe, ou le pavillon, grâce à sa forme, à sa situation, aux mouvements divers et rapides dont elle jouit, reçoit les ondes, les rassemble, et les transmet au conduit auditif. Aussi, dès que l’animal entend du bruit, porte-t-il l’ouverture des oreilles dans le sens d’où le bruit paraît lui arriver, afin d’en mieux reconnaître le point de départ et la direction.
Une fois rassemblés par le pavillon de l’oreille et parvenus au fond du conduit auditif, les sons frappent la membrane du tympan et la font vibrer.
Les vibrations produites dans la membrane de tympan se transmettent à la fois à la chaîne des osselets et à l’air qui remplit la cavité tympanique.
La trompe d’Eustache, qui concourt également aux phénomènes de l’audition, a pour fonction essentielle de maintenir l’air de la caisse en équilibre de pression avec l’air extérieur. Sans elle, lorsque la pression atmosphérique augmenterait, la membrane du tympan serait refoulée du côté de la caisse, puis poussée en sens inverse lorsque l’air du tympan viendrait à se raréfier.
p. 295« Dans les deux cas, l’audition serait difficile, ainsi qu’on peut s’en assurer soi-même, en faisant une inspiration ou une expiration profonde, après s’être fermé le nez et la bouche »6 .
Parvenues au liquide remplissant le labyrinthe, les vibrations le mettent en mouvement et provoquent ainsi l’ébranlement des divisions ultimes du nerf auditif, qui porte alors au cerveau les impressions qu’il a reçues.
« Bien qu’il ne nous soit pas possible d’analyser cette sensation chez les animaux, nous pouvons, jusqu’à un certain point, lui reconnaître la plupart des caractères qu’elle présente dans notre espèce.
« En effet, ils distinguent la direction du bruit, comme le prouvent les mouvements de leurs oreilles et le sens de leur fuite ; ils apprécient peut-être aussi la distance des lieux d’où les sons proviennent, puisque cette appréciation leur est utile pour calculer l’étendue du danger qui les menace et régler la rapidité de leur course ; ils ont le sentiment du timbre ; on les voit distinguer sûrement la voix de l’homme de tout autre bruit, et la voix des animaux de leur espèce de celle des espèces différentes »7 .
La finesse et l’intégrité de la sensation auditive sont, d’ailleurs, à prendre en très sérieuse considération, puisque cette sensation doit venir en aide à la vue, et même la remplacer lorsque celle-ci est mauvaise ou abolie. La mobilité des oreilles, l’attention soutenue du cheval aveugle montrent bien, en effet, qu’il cherche à suppléer au sens de la vue, qu’il n’a plus, par celui de l’ouïe.
II. — Deuxième plan
Muscles masséter et zygomato-labial. Plexus sous-zygomatique. Artère et veine glosso-faciales. Canal de sténon
Également situé sous le peaucier du cou, le deuxième plan est occupé par les muscles masséter et zygomato-labial, l’artère et la veine glosso-faciales, le plexus sous-zygomatique et le canal de Sténon.
Le muscle masséter (II, 1), de beaucoup le plus volumineux des deux, est aplati d’un côté à l’autre et appliqué contre la face externe de la branche du maxillaire inférieur. Il prend son insertion fixe sur la p. 296crête zygomatique et son insertion mobile sur la moitié supérieure de la branche du maxillaire inférieur. Son bord inférieur est longé par le canal de Sténon (3), l’artère et la veine glosso-faciales (Voy. fig. 115 et 116 du texte). À sa surface externe rampe le plexus zygomatique (Voy. fig. 115 du texte). Son plan profond répond, en avant, à l’articulation temporo-maxillaire et se confond avec le crotaphite.
Élévateur par excellence de la mâchoire inférieure, ce muscle joue un rôle très important dans la mastication. Il constitue, en extérieur, la base du plat de la joue.
Le muscle zygomato-labial (4), de forme rubanée, prend naissance à la surface du masséter et se termine sur l’alvéolo-labial.
Il tire en haut la commissure des lèvres.
III. — Troisième plan
Muscles des paupières et du chanfrein
Le troisième plan comprend un assez grand nombre de muscles.
Les trois premiers appartiennent à la région palpébrale ; ce sont :
L’orbiculaire des paupières (1), dont la contraction détermine l’occlusion de l’ouverture palpébrale ;
Le fronto-palpébral (2), muscle court et aplati qui part du frontal, se confond inférieurement avec le précédent, et se borne à froncer la peau du sourcil ;
Le releveur de la paupière supérieure, ou orbito-palpébral, mince bandelette charnue située à la face interne des paupières et invisible, pour cette raison, sur la planche VII.
Les autres muscles font partie de la région faciale ou du chanfrein et sont au nombre de treize, parfaitement visibles sur le troisième plan, à l’exception, toutefois, des mitoyens antérieur et postérieur plongés dans l’épaisseur du tissu des lèvres.
Ces muscles ont reçu les noms suivants : Lacrymo-labial ou lacrymal (2’), sus-naso-labial (3), sus-maxillo-labial (4), grand susmaxillo- nasal (5), petit sus-maxillo-nasal (7), naso-transversal ou transversal du nez (6), orbiculaire des lèvres (8), alvéolo-labial (9, 10), maxillo-labial (11), mento-labial ou muscle de la houppe du menton (12), zygomato-labial (précédemment décrit à propos du deuxième plan), mitoyens antérieur et postérieur.
p. 297Ils entrent dans la charpente des lèvres, des joues et des naseaux, et ont pour mission, soit de dilater l’ouverture externe des cavités nasales, soit d’écarter ou de rapprocher les lèvres l’une de l’autre, soit enfin de tirer en arrière la commissure de celles-ci.
Leur rôle est, par ce fait même, important dans la respiration et la digestion, puisqu’ils facilitent à la fois l’entrée de l’air dans les premières voies respiratoires et la préhension des aliments.
L’alvéolo-labial, toutefois, a une action un peu différente, en ce sens qu’il agit surtout dans la mastication en repoussant sous les dents molaires les parcelles alimentaires qui tendent à tomber en dehors des arcades dentaires. C’est ce muscle qui, formant la base de la poche de la joue, se trouve dilaté par les aliments, lorsque le cheval fait magasin (Voy. IIe partie, joues).
Quant à la situation des muscles de la région faciale, outre qu’il est très facile de s’en rendre compte par l’examen de la planche VII, elle se déduit parfaitement de leurs noms.
Notons, enfin, que la plupart de ces muscles, de même que les branches terminales et collatérales de l’artère maxillaire externe ou glossofaciale (voy. fig. 116 du texte) et les racines de la veine correspondante, sont apparentes sous la peau fine des chevaux de race distinguée, surtout pendant l’action, alors que le sang afflue dans le réseau sanguin sous-cutané, et que les naseaux sont largement ouverts par suite de la contraction de leurs muscles dilatateurs. C’est là une particularité que les peintres et les sculpteurs feront bien de noter s’ils veulent joindre le vrai au beau.
IV. — Quatrième plan
Arcades zygomatique et orbitaire
Le quatrième plan nous fait voir les arcades zygomatique et orbitaire, dont la section met à nu les muscles crotaphite et de l’œil, formant les cinquième et neuvième plans.
Nous renvoyons, pour plus de détails, à l’appendice qui termine ce chapitre (I, os de la tête : temporal, zygomatique et frontal).
V. — Cinquième plan
Muscle crotaphite ou temporal
Le muscle crotaphite ou temporal (V), mis à nu par la section des arcades zygomatique et orbitaire, constitue à lui seul le cinquième plan.
Situé dans la fosse temporale, ce muscle prend son origine dans cette fosse et se termine sur l’apophyse coronoïde et le bord antérieur de la branche du maxillaire inférieur.
Il rapproche la mâchoire inférieure de la supérieure.
VI. — Sixième plan
Os de la mâchoire inférieure ou maxillaire inférieur
Le sixième plan est occupé par le maxillaire inférieur (VI), qui constitue tout le squelette de la mâchoire inférieure.
Cet os comprend deux branches (B) aplaties d’un côté à l’autre, plus larges en haut qu’en bas, recourbées en avant dans leur partie postérieure pour s’articuler avec les temporaux, écartées supérieurement de façon à limiter l’espace intra-maxillaire (auge en extérieur), et réunies inférieurement pour former le corps (A). Le bord antérieur de chaque branche est creusé de six alvéoles pour recevoir les dents molaires inférieures (F). Le bord postérieur ou inférieur constitue la base de la ganache.
Le corps de l’os, enfin, reçoit les incisives et les crochets inférieurs (D, E).
Toutes ces particularités sont, d’ailleurs, parfaitement visibles sur le recto et le verso de la planche VII et signalées dans l’appendice du chapitre 1er (I, os de la tête), auquel nous renvoyons le lecteur pour plus de détails.
VII. — Septième plan
Muscles ptérygoïdiens interne et externe
En rabattant le sixième plan, on trouve immédiatement à sa face interne et en arrière, dans l’espace intra-maxillaire, deux muscles : le ptérygoïdien interne et le ptérygoïdien externe.
Le ptérygoïdien interne, encore appelé masséter interne (VII, 1), par p. 299suite de sa situation à l’opposé du masséter externe, s’étend de la base du crâne (crête palatine et apophyse sous-sphénoïdale) en dedans du maxillaire inférieur et répond, par sa face interne, aux muscles des VIIIe et XIe plans, ainsi qu’à l’artère, à la veine glosso-faciales, et au canal de Sténon qui, nous l’avons vu déjà, rampent en dedans de ce muscle avant de s’engager dans la scissure maxillaire (Voy. appendice, I, os de la tête) pour longer le bord antérieur du masséter externe.
Le ptérygoïdien externe (2), plus petit que le précédent, descend de la base du crâne sur l’extrémité supérieure de la branche du maxillaire inférieur.
Ces deux muscles élèvent la mâchoire inférieure et lui impriment un mouvement de latéralité très prononcé.
VIII. — Huitième plan
Muscles mylo-hyoïdien et digastrique
Le huitième plan comprend également deux muscles situés à la face interne du maxillaire inférieur, mais plus en avant que ceux du plan précédent.
Le premier, ou mylo-hyoïdien (VIII, 1) se dirige de la ligne myléenne (située en dedans du maxillaire, près du bord alvéolaire) sur le corps de l’hyoïde, sur son appendice antérieur, et sur un raphé fibreux qui s’étend depuis cet appendice jusqu’au sommet de l’angle rentrant formé par l’écartement des deux branches du maxillaire.
Il sert à la fois de support et d’élévateur à la langue.
Le second, ou digastrique (2, 3) a une forme bizarre : il comprend deux faisceaux musculaires, ou corps, réunis bout à bout par un tendon médian, et se dirige de l’apophyse styloïde de l’occipital sur le bord postérieur8 et la face interne du maxillaire inférieur.
le maxillaire en arrière et élève l’hyoïde.
IX. — Neuvième plan
Appareil de la vision
Le neuvième plan nous fait voir les parties principales de l’appareil de la vision.
p. 300Cet appareil, en partie visible seulement sur la planche VII, sert à l’homme et aux animaux pour distinguer les objets extérieurs, juger de leur couleur, de leur forme, de leur étendue et de leur distance.
Il se compose : 1° d’organes accessoires comprenant des organes de protection (orbite, gaine fibreuse, paupières, corps clignotant), des organes de lubrification (glande lacrymale, caroncule de même nom), enfin, des organes de locomotion (muscles) ; 2° d’un organe essentiel, le globe oculaire.
A. — Organes accessoires
a. — Organes de protection
1° Cavité orbitaire. — Située sur le côté de la tête, cette cavité est constituée, à son entrée, par un contour osseux à la formation duquel participent l’apophyse orbitaire, le frontal, le lacrymal, le zygomatique et une petite partie de l’apophyse de même nom du temporal (Voy. appendice, I, os de la tête).
Chez le cheval, un cornet fibreux, la gaine oculaire, complète la cavité orbitaire en arrière et en fait un compartiment spécial absolument distinct de la fosse temporale9 .
2° Paupières. — Les paupières représentent deux voiles membraneux et mobiles destinés à protéger le globe de l’œil en avant. Constituées par la peau en dehors, la muqueuse conjonctive en dedans, et des muscles entre ces deux membranes tégumentaires, les paupières sont divisées en supérieure et inférieure. Elles portent à leur bord libre une rangée de poils dressés constituant les cils, et un petit cartilage appelé tarse, qui prévient leur plissement transversal et soutient une série de petites glandes dites glandes de Méibomius. Les paupières offrent, en outre, deux commissures, une temporale ou externe et une nasale ou interne.
3° Corps clignotant. — Situé dans le grand angle de l’œil, ce corps, appelé encore troisième paupière, est une production muqueuse pourvue à sa base d’un cartilage irrégulier et d’un coussinet graisseux. Il a pour usage d’entretenir la netteté de la surface de l’œil en enlevant les corpuscules que les paupières ont pu laisser arriver jusqu’à p. 301lui. Aussi est-il peu développé chez l’homme, le singe et tous les onguiculés en général, qui ont la facilité de se frotter l’œil avec le membre antérieur, tandis qu’il prend beaucoup d’extension chez le cheval, dont le membre thoracique ne peut servir à cet usage.
Le corps clignotant est à peine visible normalement ; mais « si l’œil vient à être retiré en arrière par la contraction de ses muscles droits, le globe comprimant le peloton graisseux qui fait suite au cartilage, ce coussinet tend à s’échapper au dehors et pousse devant lui le corps clignotant, qui cache entièrement la vitre de l’œil et l’essuie dans toute son étendue »10 .
Dans le tétanos, le corps clignotant recouvre en partie le globe de l’œil par suite de la contraction permanente des muscles droits.
b. — Organes de lubrification
Appareil lacrymal. — Cet appareil comprend une glande et une série de canaux qui transportent le superflu du liquide sécrété par la glande à l’orifice externe des cavités nasales.
La glande lacrymale, située entre l’apophyse orbitaire et la partie supérieure du globe de l’œil, verse les larmes à la face interne de la paupière supérieure par les conduits hygrophthalmiques, qui les répandent sur toute la surface de la cornée. Arrivées à l’angle nasal, elles s’engagent dans de petites ouvertures, les points lacrymaux, situées une à chaque paupière ; puis, à l’aide des conduits de même nom, elles passent dans le sac lacrymal, petit réservoir logé dans l’infundibulum qui précède le trou lacrymal, et dont le rôle est de réunir les larmes pour les faire passer ensuite dans le canal lacrymal. Celui-ci, enfin, après avoir suivi le conduit osseux de l’os lacrymal, se place sous la muqueuse nasale, vient passer à la face interne de l’aile externe du nez et se termine par un orifice, quelquefois double, qui semble percé à l’emporte-pièce, vers la commissure inférieure.
Un petit corps arrondi, la caroncule lacrymale, situé dans l’angle nasal de l’œil, et destiné, croit-on, à diriger les larmes vers les points lacrymaux, complète l’appareil lacrymal.
c. — Organes de locomotion
Les organes de la locomotion sont représentés par sept muscles (2) : cinq désignés sous le nom de muscles droits, et distingués en postérieur, supérieur, inférieur, externe et interne ; deux appelés muscles obliques, l’un grand, l’autre petit.
Les muscles droits produisent, par leur action combinée, la rétraction du globe oculaire au fond de l’orbite.
Les muscles obliques, antagonistes l’un de l’autre, déterminent la rotation de ce même globe oculaire.
B. — Organe essentiel de la vision ou globe de l'œil
Le globe oculaire (IX, 1) représente un corps sphéroïdal sensiblement aplati dans le sens antéro-postérieur.
La région antérieure, cornée ou vitre de l’œil, est plus bombée que les autres points de l’organe et peut-être considérée comme le segment d’une petite sphère ajouté au segment d’une sphère plus grande.
La région postérieure porte un cordon nerveux très développé et cylindrique, le nerf optique, qui met l’organe en rapport avec le cerveau.
Les parois du globe de l’œil sont constituées par plusieurs membranes renfermant des parties liquides appelées milieux de l’œil.
a. — Membranes
Les membranes de l’œil sont au nombre de cinq : la sclérotique, la cornée transparente, la choroïde, l’iris et la rétine.
1° Sclérotique (fig. 121 du texte, b). La sclérotique constitue la plus grande partie de la coque extérieure du globe de l’œil. C’est une membrane blanche, fibreuse, opaque, très solide, dont la face externe est en rapport avec les muscles de l’œil, tandis que la face interne s’unit à la choroïde.
La sclérotique présente, en avant, une ouverture ellipsoïde, dont le bord, taillé en biseau du côté interne, s’unit intimement à la cornée transparente. Postérieurement, elle livre passage au nerf optique.
p. 3032° Cornée transparente (fig. 121 du texte, e). Cette membrane forme la partie antérieure ou la vitre de l’œil, à l’intérieur duquel elle laisse pénétrer les rayons lumineux. Elle complète la coque extérieure du globe oculaire en fermant l’ouverture antérieure de la sclérotique. Sa face externe est recouverte par un feuillet de la conjonctive. Sa face interne forme la paroi externe de la chambre antérieure de l’œil.
Fig. 121. — Coupe théorique de l’œil.
3° Choroïde (fig. 121 du texte, c). La choroïde est une membrane mince, opaque, de couleur foncée, qui fait de l’intérieur de l’œil, avec l’iris, une véritable chambre noire. Sa face externe est étalée sur la face interne de la sclérotique, dont elle répète la conformation générale.p. 304 Sa face interne, tapissée par la rétine, est de couleur noire dans presque toute son étendue, excepté chez les albinos ; de plus, elle offre vers le fond de l’œil, du côté opposé à la terminaison du nerf optique, une tache brillante plus ou moins étendue, à reflets métalliques. Cette tache, sur laquelle viennent se peindre les images placées dans la direction de l’œil, est désignée sous le nom de tapis ou tapetum ; la couleur, d’après Cuvier11 , est vert doré chez le bœuf, bleu argenté chez le cheval, la chèvre, les cerfs, jaune doré pâle chez le lion et le chat, et « toujours d’autant plus vive que l’animal était plus vigoureux »12 .
C’est le tapis qui, en réfléchissant fortement la lumière dans l’obscurité, donne aux yeux de certains animaux un éclat quelquefois si vif.
La choroïde présente, en avant, un bord circulaire correspondant à la forme ellipsoïde de la cornée et adhérant au cercle ciliaire.
Fig. 122. — Coupe transversale du globe de l’œil, face interne du segment antérieur.
Cercle et corps ciliaires (fig. 121, g, h, et fig. 122, P, du texte). — Situés en avant du bord circulaire choroïdien, le cercle et le corps ciliaires sont considérés généralement comme dépendant de la choroïde.
Le cercle ou ligament ciliaire est un petit cordon contractile entourant comme un anneau toute la face interne du bord antérieur de la sclérotique et servant à réunir cette membrane avec la choroïde, l’iris et les procès ciliaires.
p. 305Le corps ciliaire, plus large et plus profond que le cercle ciliaire, qu’il dépasse en avant et en arrière, s’étend de la face interne de la choroïde sur la face postérieure de l’iris. Il forme des plis radiés appelés procès ciliaires, soutenant et enchatonnant le cristallin.
4° Iris (fig. 121 du texte, f).— L’iris figure à l’intérieur de l’œil un véritable diaphragme percé d’une ouverture centrale elliptique, ou pupille, dont la forme et le diamètre varient à chaque instant, suivant la quantité des rayons lumineux.
C’est la paralysie de cette membrane, consécutive à celle de la rétine, qui détermine l’amaurose ou goutte sereine.
L’iris partage l’espace compris entre la cornée et la face antérieure du cristallin en deux parties ou chambres d’inégale grandeur, et présente deux faces et deux circonférences.
La face antérieure, chez le cheval, reflète presque toujours une teinte brune plus ou moins jaunâtre ; on la trouve parfois presque blanche, ou tout au moins gris très clair, et l’on dit alors que les yeux sont vairons.
La face postérieure, en rapport avec le cristallin et les procès ciliaires, est enduite d’une couche épaisse de pigment noir qui a reçu le nom d’uvée. « Très souvent une portion de cet enduit, supportée par un petit pédoncule, traverse la pupille et vient se montrer à son bord dans la chambre antérieure. Ce petit peloton noirâtre, que l’on désigne sous le nom de fongus ou grain de suie, ne rend pas l’œil meilleur, comme le pensent quelques personnes ; mais il ne nuit en rien à sa bonté13 . »
La grande circonférence adhère dans toute son étendue au cercle ciliaire.
La petite circonférence circonscrit l’ouverture pupillaire.
5° Rétine (fig. 121 du texte, d). — Située à la face interne de la choroïde, dont il est très facile de la séparer, la rétine est une membrane à peu près transparente, résultant de l’épanouissement de la pulpe du nerf optique, et destinée à recevoir l’impression de la lumière.
Arrivée sur le corps et les procès ciliaires, elle adhère à ces parties et se prolonge jusqu’à la circonférence du cristallin, où elle semble se confondre avec la membrane d’enveloppe de cette lentille.
b. — Milieux de l'œil
1° Humeur aqueuse (fig. 121 du texte, m, n), — C’est un liquide renfermé dans la partie de l’œil située en avant du cristallin, c’est-à-dire dans la chambre antérieure et la chambre postérieure du globe de l’œil. Il est sécrété par une membrane particulière, amorphe, qui l’enveloppe (membrane de Descemet).
2° Humeur vitrée (fig. 121 du texte, l). — Encore appelée corps vitré ou hyaloïde, l’humeur aqueuse occupe toute l’étendue de la cavité de l’œil située en arrière du cristallin. Elle est beaucoup plus fluide que l’humeur aqueuse et se trouve contenue dans les mailles d’une membrane fine, transparente, la membrane hyaloïde.
3° Cristallin (fig. 121 du texte, j). — C’est le plus dense des milieux de l’œil. Il a la forme d’une lentille biconvexe, dont la moitié postérieure est plus bombée que l’antérieure.
Formé de fibres disposées en couches concentriques, le cristallin a une densité qui augmente de la surface vers le centre.
Comme les milieux précédents, il est enveloppé d’une membrane dite capsule cristalline.
Son rôle est de concentrer les rayons lumineux à la manière des lentilles dans les instruments d’optique.
L’opacité complète ou partielle du cristallin a reçu le nom de cataracte.
Mécanisme de la vision.
La vision étant le résultat de l’impression produite sur l’œil par les rayons de lumière qui s’échappent d’un corps lumineux par lui-même ou simplement éclairé, il nous reste à examiner par quel mécanisme se produit cette impression.
Lorsqu’un rayon lumineux rencontre perpendiculairement la surface d’un milieu transparent, il le traverse sans changer de direction. Mais, s’il y arrive obliquement, il éprouve une déviation connue sous le nom de réfraction.
Cette déviation le rapproche de la perpendiculaire s’il passe d’un milieu moins dense dans un milieu plus dense ; elle l’en écarte dans le cas contraire.
p. 307On peut se rendre compte de ce fait par l’examen de la figure 123 du texte représentant un cube de cristal traversé par les rayons lumineux AB et CB. Le rayon AB, perpendiculaire, le traverse sans éprouver de déviation ; seul, le rayon oblique CB éprouve une réfraction qui le rapproche de la perpendiculaire, dont il s’éloigne, d’ailleurs, pour passer dans l’air, milieu moins dense que le cristal.
Fig. 123. — Réfraction des rayons lumineux dans un cube de cristal.
Nous trouvons, d’une façon très évidente, la démonstration de ce fait dans la brisure apparente que présente à l’œil un bâton plongé obliquement dans l’eau.
Les choses se passent ainsi toutes les fois que le milieu traversé par les rayons lumineux présente des surfaces planes et parallèles ; mais, si les surfaces du corps dense se trouvent dans des directions différentes, les rayons suivent eux-mêmes une marche autre que celle indiquée précédemment.
Prenons pour exemple une lentille biconvexe : les courbes de celle-ci pouvant être considérées comme une succession de surfaces planeslorsque les rayons lumineux parallèles viendront à la traverser, ils seront réfractés comme le montre la figure 124 du texte. Le rayon CD arrivant perpendiculairement n’éprouvera pas de déviation. Par contre, le rayon AB arrivant obliquement se rapprochera de la perpendiculaire HB au point d’incidence, tandis qu’il s’en éloignera au point d’émergence, en sortant de la lentille. De même pour le rayon EF.
Fig. 124. — Réfraction des rayons lumineux dans une lentille biconvexe.
p. 308Les rayons lumineux parlant d’un même point arrivent en divergeant à la surface de la lentille ; mais ils sont réfractés comme s’ils étaient parallèles.
Si les rayons partent d’un corps ayant une certaine étendue, celui-ci envoie de sa surface un grand nombre de rayons divergents formant des cônes dont la base est figurée par l’une des faces de la lentille. Les images qui se forment alors sont renversées, comme nous allons essayer de le démontrer en ce qui concerne l’œil, où les choses se passent absolument comme ci-dessus.
Le globe oculaire, relativement à la vision, pouvant, en effet, être considéré comme une lentille biconvexe formée par la cornée, l’humeur aqueuse, le cristallin, le corps vitré et, conséquemment, composée de milieux de densités différentes, si l’on suppose une flèche AB (fig. 125 du texte) située à une certaine distance de l’œil, elle enverra par chacun de ses points des cônes lumineux dont la base sera représentée par la face antérieure de la cornée. De sa partie supérieure partira le cône A, qui viendra réunir ses rayons en C, de même que ceux du cône B se réuniront en D. Il s’en suit que l’image de la flèche peinte sur la rétine sera renversée.
Fig. 125. — Réfraction, dans l’œil, des rayons lumineux partant d’un corps ayant une certaine étendue.
Il y a lieu de faire remarquer que les rayons les plus rapprochés de l’axe forment seuls une image nette. Ceux de la périphérie, par suite de ce qu’on appelle l’aberration de sphéricité, rendent cette image diffuse. Néanmoins, grâce à la présence du diaphragme figuré par l’iris, la netteté des images est sensiblement uniforme pour les objets qui ne sont ni trop éloignés, ni trop rapproché.
p. 309L’enduit noir de la choroïde et l’uvée absorbent, d’ailleurs, les rayons qui, après avoir été réfléchis, seraient venus une seconde fois impressionner la rétine, produire l’éblouissement, et rendre ainsi l’image confuse.
Cette particularité explique bien pourquoi les animaux qui ont la choroïde privée de matière colorante, comme les albinos, ne peuvent supporter la vue d’objets fortement éclairés et voir distinctement au grand jour.
Les images perdent de leur netteté à de grandes et à de très petites distances, par suite de la réunion des divers rayons de chaque cône lumineux, soit en avant, soit en arrière de la rétine. Cependant, par suite de la faculté que possède l’animal d’adapter sa vue aux différentes distances, ce qui se passerait dans un appareil de physique n’a pas lieu dans un œil normal : « Quelle que soit (dans de certaines limites) la distance du point lumineux, nous pouvons toujours faire en sorte que le sommet du cône oculaire vienne tomber précisément sur la rétine : nous pouvons regarder alternativement et voir presque avec une égale netteté une étoile et le bout de notre nez14 . » ,
Sous ce rapport, l’œil présente, toutefois, de grandes différences individuelles. Il est des animaux qui voient de très près (myopie), d’autres de très loin (presbytie) ; certains, enfin, ne voient bien ni de très loin ni de très près (hypermétropie).
La myopie est une aberration visuelle dans laquelle le foyer des rayons lumineux se trouve en avant de la rétine, s’ils viennent d’objets éloignés ; aussi, donnent-ils des images confuses. Elle résulte d’une trop forte courbure du cristallin, de la cornée, d’un allongement antéropostérieur de l’œil qui éloigne la rétine du cristallin, ou, le plus souvent, d’une trop grande réfringence des milieux. La myopie se corrige par les verres biconcaves.
Dans l’hypermétropie, le foyer des rayons lumineux se trouve toujours en arrière de la rétine. Cet état résulte d’un raccourcissement du diamètre antéro-postérieur de l’œil ou d’un défaut du pouvoir convergent des milieux.
Quant à la presbytie, qu’il ne faut pas confondre avec l’hypermétropie, elle est due à un affaiblissement du pouvoir d’adaptation. Ces deux derniers étals se corrigent par les verres convexes.
p. 310L’impression qui donne lieu à la sensation de la forme, de la couleur et des autres propriétés optiques des corps, est due à un état particulier de la rétine dont la nature est tout à fait inconnue. Le seul point parfaitement démontré, c’est qu’une fois produite, l’impression est transmise au cerveau par l’intermédiaire du nerf optique, qui présente cette double particularité d’être absolument insensible et de communiquer les impressions à la partie de l’encéphale qui lui est opposée.
Les expériences ont effectivement mis hors de doute que la destruction des tubercules bigéminés d’un côté entraîne la perte de vue de l’autre.
L’image des objets qui se peint sur la rétine, bien qu’elle se trouve dans l’œil, fait cependant voir ces objets en dehors de l’organe. On a considéré ce fait comme le résultat de l’expérience, de l’habitude, et on a cité à l’appui de cette hypothèse l’exemple de l’aveugle de Cheselden qui voyait, après l’opération, les objets touchant ses yeux. Mais il est facile de démontrer que c’est là une erreur, puisque les jeunes animaux, tels que les veaux, les poulains, sont à peine sortis du sein de leur mère, qu’ils s’approchent de celle-ci et vont prendre sa mamelle au lieu de la chercher en eux-mêmes.
D’un autre côté, les deux images produites, une dans chaque œil, ne donnent pas la sensation de deux objets, mais elles déterminent une impression unique, comme si l’un des deux seulement recevait l’image, et cela, d’après M. Colin15 , très probablement parce que les deux impressions identiques sont converties par le cerveau en une seule sensation.
Nous avons vu, enfin, que les images des objets projetés sur la rétine sont renversées, mais que ces objets sont quand même vus droits et tels qu’ils sont réellement. Bien qu’on n’ait pu encore expliquer clairement cette singulière particularité, il suffit de réfléchir un peu pour concevoir que la direction de l’image importe peu, en définitive, pour la sensation ; car, dit M. Colin16 , si un homme est suspendu par les pieds, l’image des objets est peinte en sens inverse de l’image habituelle.
Les quelques détails dans lesquels nous venons d’entrer relativement p. 311à l’organisation et aux usages de l’œil étaient indispensables pour bien faire comprendre l’importance de cet organe, la nécessité de son intégrité, l’effet et la gravité de la plupart de ses maladies ou de ses défectuosités.
C’est pourquoi, d’ailleurs, après notre étude de l’œil extérieur, nous avons renvoyé le lecteur aux descriptions ci-dessus, persuadé qu’il y trouverait l’explication de certains faits qui, autrement, eussent pu rester à jamais vagues dans son esprit.
X. — Dixième plan
A. — Principaux os du crâne et de la face
Le dixième plan nous montre à nu les principaux os du crâne et de la face, à l’exception, toutefois, du maxillaire inférieur, que nous avons étudié dans le quatrième plan.
Nous nous contenterons de dire un mot ici de ces os et de leurs particularités, renvoyant pour tous les détails à l’appendice qui termine ce chapitre (I. Os de la tête).
À la partie postérieure du crâne se trouvent tout d’abord l’occipital (A), avec sa surface articulaire pour répondre à la première vertèbre cervicale (le condyle (B) et l’apophyse styloïde (C) du côté droit) et son apophyse basilaire (L), prolongement étroit que forme l’os en allant à la rencontre du sphénoïde.
Plus en avant, on voit le pariétal (D), que limitent, en bas, le frontal (N), en haut, l’occipital, et, de chaque côté, les temporaux.
De ces deux derniers os, le droit seul est visible sur la Pl. VII (E). Il présente, entre autres particularités, l’orifice externe du conduit auditif externe (F), qui fait communiquer l’oreille externe avec l’oreille moyenne, ainsi que nous l’avons vu déjà ; l’apophyse mastoïde (G) et sa base ; enfin, la surface articulaire qui répond au maxillaire inférieur : l’éminence sus-condylienne (J), la cavité glénoïde (K) et le condyle (J’).
L’occipital, le pariétal, le frontal et les temporaux constituent en grande partie les parois de la boîte crânienne.
Sur la limite latérale du crâne et de la face se trouve la cavité orbitaire (N’), mise à découvert par la section des arcades zygomatique et orbitaire qui la complètent en avant (voy. IVe plan).
p. 312Plus bas que cette cavité, qu’ils concourent, d’ailleurs, à former, on rencontre deux os : le lacrymal (O) et le zygomatique (P), dont le bord postérieur porte une apophyse dite zygomatique, qui se soude avec celle correspondante du temporal (voy. IVe plan).
Toujours en se rapprochant de l’extrémité antéro-inférieure de la tête, on trouve encore l’os propre du nez ou sus-nasal (Q), formant la voûte des cavités nasales ; puis le maxillaire supérieur (R), dont la face externe présente une crête verticale, dite épine maxillaire (T), qui se continue en haut avec le zygomatique et qu’on voit très bien se dessiner à l’extérieur, sous la peau. Cet os, par sa face interne, concourt à former les parois externes et le plancher des cavités nasales, et présente à son bord inférieur six grandes cavités, dites alvéoles, dans lesquelles sont implantées les dents molaires (S).
Enfin, tout à fait à l’extrémité inférieure de la tête, on rencontre l’intermaxillaire ou os incisif (U), qui loge les incisives (X) et les crochets (V).
Nous allons maintenant passer en revue les cavités nasales, également visibles sur la Pl. VII (recto et verso).
B. — Cavités nasales
Ces cavités, au nombre de deux chez le cheval : l’une droite, l’autre gauche, comprennent les naseaux, les fosses nasales proprement dites, et les diverticules désignés sous le nom de sinus.
Elles jouent un rôle important dans la respiration et l’olfaction.
1° Naseaux. — Les naseaux ou narines figurent deux ouvertures latérales par lesquelles l’air s’introduit dans les cavités nasales. Chacun d’eux présente deux lèvres ou ailes, l’une externe, l’autre interne, réunies par deux commissures.
En arrière et en haut de la commissure supérieure existe un cul-de-sac conique, la fausse narine (3), n’ayant aucune communication avec la cavité nasale et n’existant, parmi les animaux domestiques, que chez les solipèdes (cheval, âne, etc.).
La lèvre ou l’aile interne de chaque naseau, aplatie, amincie à son bord libre, a sa base constituée par un fibro-cartilage recourbé comme une virgule, dont la partie élargie forme, en s’adossant à celle du côté opposé, la plaque cartilagineuse du nez (2) recouverte par le p. 313muscle naso-transversal (voy. IIIe plan). Ce fibro-cartilage se prolonge en bas et en dehors par une pointe effilée qui s’enfonce dans l’aile externe.
La peau qui revêt extérieurement les ailes du nez se replie pour tapisser leur face interne et se continuer dans la fosse nasale avec la membrane pituitaire. Elle est mince, fine, chargée de pigment, et souvent marbrée par des taches de ladre (voy. IIe partie, Naseaux).
Ouvertures externes des cavités nasales et de tout l’appareil respiratoire, les naseaux sont très dilatables et présentent, par cela même, la faculté de n’admettre que la quantité d’air nécessaire au besoin de la respiration.
2° Fosses nasales proprement dites. — Les cavités nasales, qui continuent les naseaux, sont creusées dans l’épaisseur de la tête et se trouvent séparées l’une de l’autre par une cloison cartilagineuse (X, 1 et XII, G) s’appuyant sur le vomer.
Elles présentent deux parois latérales, un plafond ou voûte, un plancher et deux extrémités.
La paroi latérale interne est formée par la cloison nasale.
La paroi latérale externe, constituée en grande partie par le susmaxillaire, est très anfractueuse, partagée qu’elle est en trois méats (verso, M, N, O), par les cornets, formés chacun d’une lame osseuse roulée sur elle-même se continuant inférieurement par une charpente fibro-cartilagineuse qui prolonge leur section nasale jusqu’à l’orifice externe du nez, et distingués en cornet ethmoïdal et cornet maxillaire (verso, H, J).
Le plafond, confondu avec le méat supérieur, est constitué par les sus-nasaux.
Le plancher repose sur la voûte palatine, dont la planche VII nous montre une coupe (verso, K).
L’extrémité antéro-inférieure est constituée par la narine.
L’extrémité postéro-supérieure forme un arrière-fond occupé par les volutes ethmoïdales (voy. Appendice, I, Os de la tête) et communique avec la cavité pharyngienne par une ouverture ovalaire largement béante, dite ouverture gutturale de la fosse nasale, située en bas et en arrière de la masse latérale de l’ethmoïde.
3° Sinus. — Les sinus sont des diverticules des fosses nasales plus ou moins anfractueux, creusés dans l’épaisseur des os de la tête, autour p. 314des masses ethmoïdales. On en compte cinq de chaque côté, qui sont : les sinus frontal, maxillaire supérieure, sphénoïdal, ethmoïdal et maxillaire inférieur. Les quatre premiers communiquent ensemble ; seul, le dernier est isolé.
Le sinus frontal (verso, E) est situé au côté interne de l’orbite dans des anfractuosités du frontal, de l’os nasal, du lacrymal et de l’ethmoïde. Il communique avec le sinus maxillaire supérieur.
Le sinus maxillaire supérieur, le plus vaste de tous, est creusé au dessous de l’orbite, entre le grand sus-maxillaire, le zygomatique, l’ethmoïde et le lacrymal. Il communique avec le sinus ethmoïdal.
Le sinus sphénoïdal (verso, F), creusé entre les lames du palatin et dans le corps du sphénoïde, est adossé contre le sinus du côté opposé, avec lequel il communique.
Le sinus ethmoïdal est constitué par la cavité intérieure de la grande volute ethmoïdale (voy. Appendice, I, os de la tête, ethmoïde). Il communique avec le sinus maxillaire supérieur.
Le sinus maxillaire inférieur, creusé dans l’os grand sus-maxillaire au-dessous du sinus supérieur, n’a aucune communication avec les autres.
Tous les sinus d’un même côté s’ouvrent dans la fosse nasale correspondante par une fente courbe située au fond du méat moyen.
Les sinus ne paraissent pas jouer un rôle appréciable dans la respiration ou dans l’olfaction. « Ils semblent avoir pour usage exclusif de donner plus de volume à la tête sans augmenter son poids, et de fournir ainsi de larges surfaces d’insertion aux muscles fixés sur cette région osseuse17 . »
Pituitaire. — C’est la membrane muqueuse qui tapisse les cavités nasales et les sinus. Elle se continue avec le tégument cutané de la face interne des ailes du nez et possède un grand nombre de vaisseaux sanguins et de nerfs. Parmi ceux-ci, les nerfs olfactifs ou de la première paire paraissent être exclusivement impressionnés par les particules odorantes ; or, comme leurs ramifications ne descendent pas au-dessous du tiers supérieur des cavités nasales, il en résulte que la partie seule de la pituitaire qui tapisse les volutes ethmoïdales, le haut des cornets,p. 315 de la cloison médiane, et le fond des méats, est la véritable muqueuse olfactive.
Mince, déliée, d’un rose tirant sur le jaune, celle-ci est continuellement humectée par un liquide propre à fixer et à dissoudre les particules odorantes.
Rôle des cavités nasales dans la respiration.
L’entrée des cavités nasales, connue sous le nom de naseaux, constamment béante, se dilate toujours très sensiblement lors de l’inspiration, mais plus ou moins suivant que celle-ci est profonde ou ordinaire. Il en est de même de la fausse narine.
La dilatation des naseaux est isochrone avec celle du thorax18 , et ne semble point la précéder, comme on pourrait le croire. Cette dilatation n’apporte aucun changement dans le diamètre des cavités nasales, celles-ci ayant leurs parois osseuses et par suite inextensibles. L’inspiration met tout simplement en mouvement l’air qui remplit les cavités nasales et renouvelle dans de faibles proportions celui qui se trouve emprisonné dans les circonvolutions des cornets, des nombreuses volutes ethmoïdales et dans les cavités des sinus.
Lors de l’expiration, la colonne d’air, après avoir traversé le pharynx, s’engage dans les cavités nasales et s’échappe par les naseaux revenus sur eux-mêmes, si le voile du palais est abaissé et la bouche fermée.
Si la bouche est béante et le voile du palais relevé, une partie de la colonne d’air s’échappe par cette cavité.
De l’olfaction.
(Mécanisme suivant lequel les matières odorantes agissent sur la pituitaire)
En dehors de leur rôle dans la respiration, les cavités nasales sont encore les organes du sens de l’odorat. Le mécanisme suivant lequel les matières odorantes agissent sur la pituitaire est simple : « Les particules portées par l’air viennent se mettre en rapport avec les papilles de la pituitaire, elles se dissolvent dans la liqueur qui les p. 316humecte, et peuvent ainsi agir par contact sur les divisions nerveuses19 . »
Ces effluves odorants, pour impressionner la pituitaire, doivent pénétrer en notable proportion dans le nez. Celles qui y arrivent sans le secours de l’inspiration ne peuvent ordinairement suffire. Aussi, d’après M. Colin, si on lie la trachée d’un cheval après l’avoir sectionnée dans un point inférieur à la ligature, l’animal ayant les yeux ouverts ne s’aperçoit point de la présence du foin, de l’avoine, déposés sous ses lèvres.
Le sens de l’olfaction est beaucoup plus délicat chez les animaux que chez l’homme. « Leur odorat est si parfait, dit Buffon, qu’ils sentent de beaucoup plus loin qu’ils ne voient ; non seulement ils sentent de très loin les corps présents et actuels, mais ils en sentent les émanations et les traces longtemps après qu’ils sont absents et passés. »
Il se lie au sens du goût pour faire connaître les aliments qui conviennent à chaque espèce.
Enfin, il sert à faire découvrir aux mâles les femelles très éloignées en rut et leur apprend à les distinguer, sans les voir, des femelles pleines ou appartenant à d’autres espèces.
Le verso du Xe plan nous montre encore, en haut, la cavité crânienne, divisée par la protubérance occipitale interne (C) en un compartiment cérébral (A) et un compartiment cérébelleux (B), et présentant, dans le plan médian et en avant, l’apophyse crista-galli (D).
Nous examinerons ces parties avec tous les détails que comporte leur importance, à propos du XIIe plan.
XI. — Onzième plan
Muscles de l'hyoïde, du pharynx, du larynx, de la langue et du voile
Du palais. Glandes maxillaire et sublinguale
Sur le plan médian, au-dessous et en arrière de la mâchoire supérieure et du crâne, en dedans des deux branches du maxillaire inférieur, on trouve un certain nombre de muscles groupés autour de l’os p. 317hyoïde, du pharynx, du larynx, de la langue et du voile du palais, qu’ils sont chargés de mettre en mouvement. Nous allons tout d’abord dire un mot de ces muscles et de deux glandes salivaires importantes, les glandes maxillaire et sublinguale, que comprend également le XIe plan, réservant la description du pharynx, du larynx, de la langue et du voile du palais pour le plan suivant.
Quant à l’hyoïde, nous renvoyons pour les détails qui concernent cet os à l’appendice du chapitre premier (I, Os de la tête). Pour le moment, nous nous contenterons de savoir qu’il résulte de la réunion de plusieurs pièces distinctes disposées en trois séries : le corps, qui se plonge dans la langue, lui servant ainsi de support de même qu’au larynx et au pharynx ; les branches, composées elles-mêmes de deux parties, quelquefois trois, dont l’une, la petite corne ou la petite branche, répond au corps, tandis que l’autre, l’os kératoïde20 ou la grande branche (4), remonte, en arrière et en haut, jusqu’au temporal, avec lequel elle s’unit.
1° Muscles de l’hyoïde. — Les muscles plus spécialement chargés de mouvoir l’hyoïde sont : le mylo-hyoïdien, précédemment étudié (voy. VIIIe plan) ; le stylo-hyoïdien (6), occupant l’espace compris entre l’apophyse styloïde de l’occipital et la partie supérieure du bord postérieur de l’os kératoïde ; le grand kérato-hyoïdien (7), situé sur le côté de l’appareil laryngo-pharyngien, dans la même direction que la grande branche de l’hyoïde dont il réunit l’extrémité supérieure au corps ; le petit kérato-hyoïdien, très petit faisceau invisible sur la planche VII et situé entre la corne styloïdienne et l’extrémité inférieure de l’os styloïde ou kératoïde ; le génio-hyoïdien (18), étalé de la surface génienne du maxillaire inférieur au corps de l’hyoïde ; le transversal de l’hyoïde, court ruban musculaire, réunissant supérieurement les deux petites cornes.
2° Muscles du pharynx. — Les muscles pairs constituant la couche charnue du vestibule membraneux commun aux voies digestives et aux voies aériennes, ou pharynx, sont : Le ptérygo-pharyngien (14), se dirigeant de l’apophyse ptérygoïde du sphénoïde (voy. Appendice, I, Os de la tête) sur les faces latérales du pharynx ; l’hyo, le thyro, le crico-pharyngien (8, 9, 10), se p. 318terminant au-dessous du pharynx et procédant, le premier, de l’hyoïde, le second, du cartilage thyroïde, le troisième, du cartilage cricoïde du larynx ; le kérato-pharyngien, étroite bandelette invisible sur la planche VII, descendant de la grande branche de l’hyoïde sur les côtés du pharynx.
Les quatre premiers muscles sont des constricteurs du pharynx ; seul, le dernier agit comme léger dilatateur de la poche pharyngienne.
3° Muscles du larynx. — Outre qu’il suit tous les mouvements de l’hyoïde, le larynx est aussi mû par des muscles propres qui ont pour but de lui imprimer des mouvements de totalité, ou qui font jouer les unes sur les autres les différentes pièces de sa charpente cartilagineuse. Ces muscles sont :
Le sterno-thyroïdien (13), qui sera décrit plus loin, en parlant du cou ; l’hyo-thyroïdien (11) situé à la face externe du larynx ; l’hyo-épiglottique, non visible sur la planche VII et placé en avant de l’épiglotte ; le crico-thyroidien (12), appliqué sur le côté et en arrière du larynx ; les crico-aryténoïdiens postérieur et latéral, situés profondément, le premier en arrière et en haut, le second sur les côtés du larynx ; le thyro-aryténoïdien, logé à la face interne du thyroïde ; enfin, l’aryténoïdien, placé sous la muqueuse pharyngienne, au-dessus des cartilages aryténoïdes.
La direction et les attaches de tous ces muscles se déduisent facilement de leurs noms.
4° Muscles de la langue. — Les muscles de la langue, chez le cheval, sont au nombre de cinq paires et situés en avant des précédents sur le XIe plan. Ce sont :
Le kérato-glosse (15), longue bandelette rubanée se dirigeant de la grande branche de l’hyoïde vers l’extrémité libre de la langue ; le basio-glosse ou grand hyo-glosse (16), le plus volumineux de tous, s’étendant du corps de l’hyoïde sur la langue, dont il occupe toute la face latérale, immédiatement sous la muqueuse buccale ; le génio-glosse (17), dont les fibres, disposées en éventail dans le plan vertical et médian de la langue, se dirigent de la surface génienne du maxillaire inférieur sur toute la face supérieure de la langue (19) ; enfin, le petit hyo-glosse et le pharyngo-glosse, très petits faisceaux invisibles sur la pl. VII, situés à la base de la langue.
p. 319En se contractant, ces muscles portent la langue en avant, en arrière, ou de côté.
5° Muscles du voile du palais. — Les muscles du voile du palais sont tous pairs et au nombre de quatre :
Le pharyngo-staphylin et le palato-staphylin, situés dans l’épaisseur même du voile du palais, et non figurés, pour cette raison, sur la pl. VII ; enfin, les péristaphylins externe et interne (5), s’étendant de l’apophyse styloïde de l’occipital jusqu’à la charpente fibreuse du voile.
Ces muscles tendent le voile du palais et rapprochent son bord libre de l’infundibulum œsophagien pendant la déglution pharyngienne.
6° Glandes maxillaire et sublinguale. — La glande maxillaire, la plus importante des deux, est située sur le plan latéral du larynx, en dedans de la parotide (voy. fig. 115 du texte) et se termine par un canal excréteur, dit canal de Warton, qui vient s’ouvrir, près du frein de la langue, sur un tubercule nommé barbillon.
Quant à la glande sublinguale (voy. fig. 115 du texte), placée immédiatement à la face interne du muscle mylo-hyoïdien, elle se termine par quinze ou vingt petits canaux qui, partant de son bord supérieur, s’ouvrent directement dans la bouche.
XII. — Douzième plan
La coupe verticale de la tête à droite de la ligne médiane, que figure le XIIe plan, nous fait pénétrer à l’intérieur de cavités très importantes, dont nous allons avoir à nous occuper : la bouche, le pharynx, les poches gutturales, le larynx et la boîte crânienne.
En respectant la cloison médiane du nez (G), cette section de la tête laisse de côté les cavités nasales, qui ont d’ailleurs été étudiées à dessein à propos du plan X.
A. — Bouche
Premier vestibule du tube digestif, la bouche est située entre les deux mâchoires, allongée suivant le grand axe de la tête, et percée de deux ouvertures : l’une antérieure, circonscrite par les lèvres ; l’autre, postérieure, séparée du pharynx par le voile du palais.
Six régions principales sont à étudier dans la bouche : les lèvres, les p. 320joues, le palais ou voûte palatine, le voile du palais, les dents, et la langue.
a. — Lèvres
Les lèvres (27) sont au nombre de deux : une supérieure et une inférieure, réunies de chaque côté par une commissure.
Elles sont recouvertes, extérieurement, par la peau qui est fine et tapissée de poils soyeux et courts, parmi lesquels on remarque de longs crins raides servant d’organes de tact ; intérieurement, par la muqueuse buccale. Entre ces deux membranes existent des vaisseaux (artères palato-labiales et coronaires), des nerfs (facial et cinquième paire encéphalique), des glandules salivaires et des muscles. Ceux-ci ont été précédemment étudiés à propos du IIIe plan.
b. — Joues
Les joues closent latéralement la cavité buccale et comprennent dans leur structure : une couche externe, cutanée ; une couche moyenne, glandulaire et musculaire (voy. IIIe plan) ; une couche interne, muqueuse ; des vaisseaux et des nerfs.
c. — Palais
Le palais, ou voûte palatine (J), constitue la paroi supérieure de la bouche. Il se trouve circonscrit par les dents molaires, les incisives supérieures et le voile du palais.
La muqueuse qui tapisse cette région est plus épaisse que sur les autres points de la bouche et présente un sillon médian qui la partage en deux moitiés égales. Chacune de celles-ci est elle-même divisée en un certain nombre de sillons transversaux (vingt environ), à concavité tournée en arrière.
Le palais renferme des nerfs et deux artères volumineuses dites palato-labiales. Celles-ci marchent parallèlement l’une à l’autre sur les côtés de la région, jusqu’au trou incisif (Voy. Appendice, I, Os de la tête, petit sus-maxillaire), dans lequel elles s’engagent après s’être réunies en un tronc unique.
d. — Voile du palais
Le voile du palais (J’) représente une espèce de soupape musculomembraneuse située entre la bouche et le pharynx, qu’elle sépare. Son bord antérieur, continu avec le palais, est attaché sur l’arcade palatine. Son bord postérieur, seul libre, embrasse étroitement la base de l’épiglotte, le plus généralement renversée sur la face postérieure du voile ; il est continué à ses extrémités par deux prolongements amincis, les piliers postérieurs, qui gagnent les parois latérales du pharynx.
En raison du grand développement du voile du palais chez les solipèdes, son bord postérieur ferme complètement, dans les intervalles de la déglutition, l’ouverture par laquelle la bouche communique avec le pharynx, c’est-à-dire l’isthme du gosier : d’où l’impossibilité à peu près absolue, pour le cheval, de respirer par la bouche.
Le voile palatin comprend dans sa structure : une membrane fibreuse, une membrane muqueuse, des glandules salivaires, des vaisseaux, des nerfs, et des muscles. Ceux-ci ayant été précédemment étudiés (XIe plan), nous n’y reviendrons pas ici.
e. — Langue
La langue (24) s’étend depuis le fond de la bouche jusqu’aux dents incisives, entre les deux branches du maxillaire inférieur, où elle repose sur l’espèce de sangle que forment, en se réunissant, les deux muscles mylo-hyoïdiens.
On peut y reconnaître trois faces, trois bords, et deux extrémités.
La face supérieure ou dorsale est hérissée de nombreux prolongements ou papilles qui lui donnent un aspect tomenteux. « Deux de ces papilles, remarquables par leur énorme volume, leur apparence lobulée et la situation qu’elles occupent au fond de deux excavations placées côte à côte, près de la base de l’organe, sont nommées lacunes de la langue, ou trous borgnes de Morgagni21 . »
Les faces latérales présentent des orifices de quelques glandules linguales.
p. 322L’extrémité postérieure, ou base, offre deux replis la réunissant, de chaque côté, au voile du palais ; ce sont les piliers postérieurs de la langue, comprenant dans leur intérieur un volumineux amas de glandules salivaires.
L’extrémité antérieure est tout à fait indépendante à partir du milieu de l’espace interdentaire et prend, pour cette cause, le nom de partie libre, par opposition à la base, qui reçoit la dénomination de partie fixe.
Aplatie de dessus en dessous, la partie libre de la langue est réunie au corps du maxillaire inférieur par un repli muqueux appelé pilier antérieur ou frein de la langue, sur les côtés et à la base duquel on trouve deux petits mamelons fibro-cartilagineux nommés barbillons, où viennent déboucher les canaux excréteurs des glandes maxillaires.
f. — Dents
Les dents ayant été décrites avec tous les détails nécessaires à propos de l’âge, dans la IIe partie de notre livre, nous n’y reviendrons pas ici.
Muqueuse buccale. — L’intérieur de la cavité buccale est tapissé par une membrane tégumentaire qui se continue extérieurement avec la peau des lèvres. Cette membrane revêt la face interne des lèvres et des joues ; puis elle s’étend sur la langue, la voûte palatine, le fond du canal, la base des dents, où elle constitue les gencives, et se continue enfin, au niveau de l’isthme du gosier, avec la muqueuse pharyngienne.
La muqueuse buccale est recouverte d’un épithélium très épais dans les points qui sont plus spécialement exposés au contact des substances alimentaires, afin de ne pas être blessée par ces substances, ce qui fût certainement souvent arrivé sans la disposition spéciale que nous venons de signaler.
Cette membrane, enfin, présente dans sa partie linguale les petits organes préposés à la gustation (Voy. Langue et Gustation).
Rôle des parties constituantes de la bouche dans la digestion.
Avant de subir les modifications qui constituent les phénomènes essentiels de la digestion, et que nous examinerons plus loin (Voy. p. 323 IIIe partie, § 3, Cavité abdominale, Digestion), les aliments sont soumis à l’action des organes précédents, qui les introduisent dans la bouche, les broient, et facilitent leur passage dans l’estomac et l’intestin, où ils sont finalement absorbés.
Nous allons dire un mot de la manière dont s’opèrent les actes de préhension, de mastication et de déglutition des aliments22 .
1° Préhension des aliments. — Chez le cheval, la préhension des aliments solides s’opère à l’aide des lèvres et des dents incisives.
La lèvre supérieure, très mobile et d’une exquise sensibilité, les rassemble et les attire ; puis, les dents incisives les saisissent et les détachent ; enfin, la langue les fait parvenir dans le fond de la bouche, sous les dents molaires.
On peut, à l’aide d’une expérience simple et facile, mettre en évidence le rôle spécial des lèvres, des dents et de la langue. « En effet, dit M. Colin23 , si, au moyen d’un fil assez fort traversant la lèvre supérieure, on renverse celle-ci sur le nez, en la maintenant attachée au licol, et si l’on renverse également l’inférieure sous la houppe du menton, on voit que l’animal engage l’extrémité de ses mâchoires entre les barreaux du râtelier et en tire le foin par pincées assez considérables ; mais, dès qu’il vient à desserrer les dents, le fourrage n’étant plus soutenu par les lèvres, ne peut parvenir dans la bouche et tombe... »
La préhension des liquides se fait d’après deux modes distincts : 1° Par succion, chez le poulain à la mamelle ; 2° par pompement, chez l’animal adulte ; les lèvres sont alors immergées dans le liquide, et le vide se fait dans la bouche par les mouvements de la langue.
2° Mastication. — Une fois introduits dans la bouche, les aliments y sont broyés, réduits en pâte, de manière à être attaqués plus facilement par les liquides digestifs.
Cette opération complexe a pour agents les mâchoires munies de leurs dents et mises en mouvement par des muscles spéciaux.
Les dents incisives servent tout simplement à pincer le fourrage dans le râtelier et à couper l’herbe.
Les canines n’ont pas d’usages très caractérisés.
Seules, les molaires ont une action bien manifeste dans la mastication.p. 324 Elles présentent, en effet, de larges surfaces de frottement sur lesquelles les rubans d’émail dessinent des reliefs plus ou moins irréguliers faisant de ces organes « des meules qui se repiquent d’elles-mêmes », suivant l’expression de Cuvier (voy. IIe partie, Âge).
Les tables des molaires offrent encore ceci de remarquable qu’elles sont inclinées de dehors en dedans à la mâchoire supérieure, et de dedans en dehors à la mâchoire inférieure.
Grâce à cette disposition particulière des dents et aux mouvements d’abaissement, de rapprochement, de latéralité, d’avant en arrière et d’arrière en avant, que la mâchoire inférieure, seule mobile chez le cheval, peut exécuter lorsque ses muscles spéciaux entrent en action, la mastication des matières alimentaires est parfaite dans les conditions ordinaires.
Toutefois, cet acte exige encore le concours des lèvres, des joues et de la langue.
Outre qu’elles servent à la préhension des aliments solides et liquides, les lèvres retiennent aussi les aliments dans la bouche et s’opposent à l’écoulement de la salive au dehors.
Les joues agissent également dans l’acte qui nous occupe en empêchant les matières alimentaires de fuir en dehors des arcades molaires et en les ramenant, sous ces dernières à mesure qu’elles échappent à leur action.
La langue agit à la fois dans la préhension des aliments, la mastication, la déglutition et la gustation. Dans la mastication, elle joue le rôle d’une main qui attire les aliments à l’intérieur de la bouche, les pousse sous les dents, les y ramène à chaque instant, et, finalement, les rassemble pour les diriger vers le pharynx, lors de la déglutition.
La mastication est un des phénomènes les plus importants de la digestion.
Elle devient de plus en plus lente et imparfaite à mesure que l’animal avance en âge, grâce surtout à l’usure et à l’irrégularité des dents qui accompagnent ordinairement la vieillesse. Alors, la division des aliments est tout à fait incomplète ; ceux-ci conservent dans leur trame une notable proportion de leurs matières solubles ; les fourrages se tassent dans les renflements de l’intestin ; l’avoine conserve une partie de ses grains à peu près intacte ; l’animal, enfin, se nourrit mal et contracte de fréquentes et graves indigestions.
p. 3253° Déglutition. — Lorsque les aliments ont été suffisamment divisés par les dents et humectés par la salive, ils sont réunis en petites masses ou bols à la face supérieure de la langue ; puis, celle-ci se contracte de son extrémité libre vers sa base, amène le bol à la face inférieure du voile du palais qui, soulevé par sa poussée, le laisse pénétrer dans le pharynx, du pharynx dans l’œsophage, et de là dans l’estomac. Ce passage des aliments et des liquides de la bouche dans l’estomac a reçu le nom de déglutition, et s’accomplit, comme nous venons de le voir, en trois temps.
De la gustation.
En dehors de son rôle dans la digestion, la bouche sert encore à la gustation. C’est pendant leur séjour dans la cavité buccale, que les aliments provoquent cette sensation particulière qui permet à l’animal de reconnaître leurs qualités.
Mais, toutes les régions de la bouche ne jouissent pas de la propriété d’être impressionnées par les substances sapides. La face supérieure de la langue est beaucoup plus sensible à l’action de ces substances que les lèvres, les joues et le palais.
D’un autre côté, pour impressionner l’organe du goût, les substances alimentaires ou autres doivent être solubles dans la salive, si elles ne sont déjà liquides ou gazeuses.
Le sens du goût est beaucoup plus sûr chez les animaux que chez l’homme. Les herbivores, en effet, ne s’empoisonnent pas dans les conditions ordinaires avec les plantes vénéneuses, et, s’ils sont surtout guidés dans cette sélection par l’odorat, il n’est pas moins manifeste que souvent, trompés par l’odeur, ils prennent des aliments qu’ils rejettent ensuite parce que le goût leur déplaît.
Le cheval, en particulier, a le sens du goût très développé : fréquemment il préfère s’abstenir plutôt que de prendre une nourriture qui lui répugne.
Chez les animaux sauvages le sens du goût est plus délicat que chez les animaux domestiques, qui ont moins souvent l’occasion de l’exercer. De même, les sujets vivant toujours dans les pâturages l’ont sensiblement plus perfectionné que ceux nourris sans cesse au râtelier.
« Le cheval, dit Vallon, est très friand des substances sucrées, et p. 326on peut tirer de cette préférence un parti avantageux pour son dressage. En lui donnant un aliment qu’il aime, on lui fait comprendre qu’on sait lui être agréable chaque fois qu’il fait bien ; par contre, en l’en privant, on le punit quand il est désobéissant.
« La sensibilité gustative n’est pas la même chez tous les chevaux. Les sujets de race noble, à tempérament nerveux, ont le sens du goût bien autrement délicat que ceux de race commune24 ».
B. — Pharynx ou arrière-bouche
Le pharynx ou arrière-bouche (15) est un vestibule membraneux commun au passage des aliments et de l’air, situé en arrière du voile du palais, qui le sépare de la bouche.
Il a une forme cylindrique et s’étend obliquement de haut en bas et d’avant en arrière, de la base du crâne sur l’appareil laryngien.
« À l’extrémité supérieure du grand axe de la cavité pharyngienne, on remarque : 1° en avant, les deux ouvertures postérieures des cavités nasales ; 2° en arrière et directement en regard des deux précédentes, les deux orifices pharyngiens des trompes d’Eustache (16).
« À l’extrémité inférieure de ce même axe, on trouve : 1° d’abord, au centre, un vaste orifice béant qui fait proéminence dans l’intérieur de la cavité pharyngienne, à la manière d’un robinet dans un tonneau ; c’est l’entrée du larynx (18) ; 2° en arrière et au-dessus, l’ouverture œsophagienne (17)25 »
La membrane muqueuse du pharynx fait suite à la muqueuse buccale.
Quant à sa couche charnue, elle a été examinée précédemment (voy. XIe plan).
Rôle du pharynx dans la digestion et la respiration.
Nous venons de voir, à propos du rôle physiologique de la bouche dans la digestion, que les aliments, après avoir franchi l’isthme du gosier, pénètrent dans le pharynx, qui s’est dilaté pendant la première période de la déglutition. Afin de ne pas nous répéter, nous n’ajouterons qu’un détail aux développements précédents, c’est qu’une p. 327fois parvenues dans l’arrière-bouche, les matières alimentaires ne peuvent pénétrer dans les cavités nasales parce que le bord postérieur du voile palatin, que nous savons très long chez le cheval, se relève alors assez pour venir rencontrer en arrière la paroi supérieure du pharynx et s’opposer au passage des aliments dans les ouvertures gutturales. D’un autre côté, le bol ne tombe pas dans le larynx, par suite du resserrement de la glotte et du renversement mécanique plus ou moins complet de l’épiglotte en arrière et en bas.
Dans la respiration, le pharynx est également maintenu dilaté lors de chaque mouvement inspiratoire. Il s’ensuit une tension moindre de l’air dans la cavité pharyngienne et une diminution de pression qui s’opposent, en même temps que l’abaissement du voile du palais, au retour de l’air par la bouche.
C. — Poches gutturales
Ainsi que nous l’avons vu précédemment, les poches gutturales (14) résultent d’une dilatation de la muqueuse qui tapisse la trompe d’Eustache (voy. Ier plan).
Ce sont deux sacs particuliers aux monodactyles accolés l’un à l’autre dans le plan médian, descendant jusqu’au niveau du larynx, et s’étendant, d’avant en arrière, depuis la partie antérieure du pharynx jusqu’à la face inférieure de l’atlas.
Les poches gutturales, qui communiquent avec l’arrière-bouche et la cavité tympanique, ont des fonctions assez obscures. Cependant, on admet en général qu’elles agissent dans l’audition (voy. 1er plan, Mécanisme de l’audition).
D. — Larynx
Le larynx (18) forme une boîte cartilagineuse légèrement déprimée d’un côté à l’autre, située dans l’espace intra-maxillaire, entre les deux cornes du corps de l’hyoïde (voy. appendice, I, Os de la tête), et percée d’outre en outre pour s’ouvrir, antérieurement, dans le pharynx et se continuer en arrière avec la trachée. Cet organe a pour base une charpente cartilagineuse formée de cinq pièces : les cartilages thyroïde, cricoïde, aryténoïde et l’épiglotte.
Le cartilage thyroïde (fig. 126 du texte, T), le plus étendu de tous, p. 328occupe les parties antérieure et latérales du larynx ; il se compose de deux plaques latérales ou ailes qui se réunissent antérieurement pour former une partie épaisse et rétrécie, le corps du thyroïde.
Fig. 126. Pièces cartilagineuses du larynx désarticulées.
Il s’articule, en avant, avec les cornes du corps de l’hyoïde ; en arrière, avec le cartilage cricoïde.
Le cartilage cricoïde (XII, 22, et fig. 126 du texte, C) a la forme d’un anneau avec un chaton tourné en haut. Compris entre les cornes de l’hyoïde, il supporte latéralement les aryténoïdes et répond : en haut, aux cartilages précédents ; en bas, au premier cerceau de la trachée.
Les cartilages aryténoïdes (XII, 20, et fig. 126 du texte, A, A’), au nombre de deux, sont situés en avant du cricoïde, au-dessus de l’entrée du pharynx. Chacun d’eux affecte la forme d’un bec d’aiguière.
L’épiglotte (XII, 19, et fig. 126 du texte, E) figure assez bien une feuille de laurier ou de sauge circonscrivant, par en bas, l’entrée du larynx, qu’elle bouche hermétiquement lors du passage du bol alimentaire à travers le vestibule du pharynx, par suite de son renversement en arrière et en bas.
Le larynx reçoit un grand nombre de vaisseaux sanguins et de nerfs.
Les nerfs proviennent du pneumogastrique (voy. IIIe partie, chap. I, appendice, II, Nerfs crâniens) ; ce sont les laryngés supérieur et inférieur. Le premier donne à la muqueuse laryngienne sa sensibilité propre. Le second, surtout moteur, se rend dans les muscles.
Comme nous le verrons plus loin, il est indispensable de connaître la situation et le trajet de ces nerfs si l’on veut se rendre un compte exact du rôle de l’appareil laryngien dans la respiration.
Les laryngés supérieurs naissent des pneumogastriques dans la partie supérieure de la région cervicale et gagnent directement les côtés du larynx.
p. 329Les laryngés inférieurs, ou récurrents, ont une origine différente. Le nerf du côté droit se détache du pneumogastrique dès l’entrée de ce dernier dans la cavité thoracique. Celui du côté gauche, au contraire, n’abandonne le pneumogastrique que vers la racine du poumon et remonte ensuite sous la face inférieure de la trachée, après avoir contourné la crosse de l’aorte.
Pour l’étude des nerfs laryngés, le lecteur devra consulter le paragraphe relatif au grand sympathique (voy. IIIe partie, chap. II, § 3, appendice) [•] , où se trouve une vue d’ensemble de ce nerf et du pneumogastrique.
Les muscles du larynx ayant été examinés à propos du XIe plan, nous nous contenterons ici de renvoyer à ce plan.
Quant à la muqueuse laryngienne, elle n’est qu’un prolongement de la muqueuse du pharynx, qui se replie au pourtour de l’ouverture supérieure du larynx pour tapisser la face interne de cette boîte cartilagineuse et se prolonger ensuite dans le tube trachéal. Elle recouvre de nombreuses glandules et possède une extrême sensibilité, grâce à laquelle l’entrée du tube aérien est interdite aux particules alimentaires. Le moindre attouchement met effectivement cette sensibilité en jeu et « détermine une énergique excitation réflexe sur les muscles constricteurs du larynx et de la poitrine, d’où résulte l’occlusion presque complète du tube laryngien et une toux violente qui expulse au dehors les substances dont le contact a déterminé l’irritation de la membrane laryngienne26 . »
Pour la clarté des développements suivants, il nous reste encore à dire un mot de la surface intérieure du larynx. Celle-ci se divise en trois parties : une moyenne appelée glotte ; une supérieure ou sus-glottique ; une inférieure ou sous-glottique.
La glotte représente une fente triangulaire comprise entre les deux cordes vocales, bandelettes élastiques faisant saillie à l’intérieur et de chaque côté du larynx. C’est la partie la plus rétrécie de l’organe.
La portion sus-glottique offre, entre autres particularités, l’entrée du larynx.
La portion sous-glottique se continue avec la trachée.
Rôle du larynx dans la respiration.
Comme partie constituante du conduit qui livre passage à l’air pendant la respiration, le larynx joue un rôle relativement secondaire.
Pendant l’inspiration, la glotte se dilate et l’appareil laryngien tout entier s’abaisse. Lors de l’expiration, au contraire, la glotte se resserre et le larynx éprouve dans sa totalité un léger mouvement d’ascension.
Ces mouvements du larynx, toujours isochrones avec ceux de la bouche, des naseaux et de la glotte, sont d’autant plus marqués que la respiration est plus pénible.
Si la glotte se rétrécit d’une façon continue par suite du gonflement inflammatoire de ses parties molles ou des parties adjacentes, si elle perd la faculté de se dilater par l’effet de la paralysie ou de l’atrophie partielle des muscles laryngiens résultant de la section ou de la compression, soit des nerfs pneumogastriques, soit des laryngés inférieurs, il en résulte une gêne considérable pour le passage de l’air se traduisant par un sifflement particulier connu sous le nom de cornage.
Quoique ce bruit reconnaisse, ainsi que nous venons de le voir, des causes très différentes par leur nature et par leur siège, il est évident aujourd’hui que la plupart des cas de cornages chroniques sont la conséquence d’une atrophie des muscles gauches de l’appareil laryngien27 . Or, cette fréquence de l’atrophie musculaire du larynx à gauche serait due, d’après M. le professeur Goubaux d’Alfort, à ce que le récurrent du côté correspondant, situé plus, superficiellement que le droit dans la portion inférieure du cou, est plus exposé aux compressions par le collier. , vétérinaire militaire, intitulé :
Pour d’autres, au contraire, le récurrent gauche se détachant du pneumogastrique dans la cavité thoracique, doit être très fréquemment comprimé par l’engorgement des ganglions de l’entrée de la poitrine, et il y a lieu, par cela même, d’admettre que, dans la généralité des cas, le cornage est la conséquence d’une affection avec engorgement des ganglions antéthoraciques (pneumonie, gourme, etc.).
Quoi qu’il en soit, l’air, après avoir franchi l’ouverture laryngienne, arrive au tube trachéal, que nous examinerons avec le cou, et se rend au poumon par l’intermédiaire de ce tube.
De la phonation.
La voix est l’ensemble des sons plus ou moins harmonieux que l’air expulsé du poumon fait entendre en traversant le larynx. Celui-ci compose donc essentiellement l’appareil vocal qui, toutefois, exige le concours des autres organes respiratoires pour remplir convenablement son rôle.
Toutes les parties de l’appareil laryngien n’agissent pas, d’ailleurs, dans la phonation ; ce sont les cordes vocales qui jouent le rôle le plus essentiel. Les propriétés dont elles jouissent leur permettent de vibrer sous l’influence de l’air que chassent les poumons et de donner des sons plus ou moins forts et rapides. Il se produit là, en somme, un phénomène comparable à celui qui se passe quand on souffle dans l’anche d’un hautbois : Par suite de son passage dans la fente de la glotte, l’air éprouve une collision ; « il vibre par le fait des vibrations des lèvres de la glotte, et ces vibrations vocales retentissent dans le pavillon naso-buccal28 ».
Fig. 127. — Hennissement du cheval, d’après M. Colin (violon)
La voix présente, chez les mammifères, des modifications infinies, dont les causes tiennent surtout à la conformation du larynx ; c’est ainsi qu’on distingue le cri, le chant et la parole.
Le cri est un son peu ou point modulé, aigu et souvent désagréable, que formulent exclusivement la plupart des animaux. Il offre lui-mêmep. 332 des différences très caractérisées suivant qu’il appartient à telle ou telle espèce. Chez le cheval, il prend le nom de hennissement et « consiste en une succession de sons saccadés, d’abord très aigus, puis graduellement plus graves, mais toujours très purs et d’un éclat remarquable29 », se produisant par une suite d’expirations courtes et comme convulsives (fig. 127 du texte).
Le hennissement du cheval, comme la voix de toutes les espèces animales, est plus accentué chez les sujets de haute stature que chez ceux de petite taille, chez les animaux adultes que chez les jeunes. D’un autre côté, il est plus fréquent chez le cheval entier que chez la jument et le cheval hongre, qui ne hennissent plus, si ce n’est très rarement ; encore, la voix de ces derniers diffère-t-elle assez sensiblement de celle de l’animal non mutilé : elle est plus brève, plus aiguë et moins éclatante.
Comme beaucoup d’autres animaux, le cheval jouit de la propriété de modifier sa voix pour exprimer ses sensations. Buffon lui reconnaît cinq sortes de hennissements : ceux de la joie, du désir (amour, attachement), de la colère, de la crainte et de la douleur.
E. — Axe centrale de l'appareil de l'innervation
« Centre perceptif, qui reçoit les excitations développées à la périphérie des organes et dans l’épaisseur de leur substance, centre excitateur, qui porte le mouvement à tous les autres tissus, siège des facultés instinctives et intellectuelles, préposé ainsi à la plus grandiose finalité physiologique30 », l’appareil de l’innervation comprend une partie centrale logée dans le canal rachidien (axe encéphalo-rachidien constitué par la mœlle épinière et l’encéphale), et une partie périphérique représentée par une double série de cordons blancs, les nerfs, s’échappant latéralement de la tige centrale et se distribuant, dans toutes les parties du corps (voy. Ire partie, Généralités).
Seul visible sur la coupe verticale de la tête et de l’extrémité supérieure du cou, que figure le plan XII, l’axe central de l’appareil nerveux sera spécialement examiné dans ce paragraphe.
p. 333Toutefois, afin d’éviter certaines répétitions inutiles, certains détails superflus quand nous examinerons les différentes régions du corps ou des membres et qu’il nous faudra figurer les nerfs qui se distribuent dans ces régions, nous dirons en même temps un mot de l’ensemble du système nerveux ou plutôt des rapports que chacune de ses divisions ou subdivisions entretient avec le reste de l’appareil.
L’axe central du système nerveux comprend une partie allongée, la mœlle épinière, terminée par un renflement antérieur, l’encéphale.
Il est doublement protégé par un étui osseux, le canal rachidien et la boîte crânienne, et par trois enveloppes, qui le séparent de l’étui précédent.
Nous allons tout d’abord dire un mot de ces parties enveloppantes et protectrices.
a. — Parties enveloppantes et protectrices
1. Étui osseux.
1° Canal rachidien (P). — Étui protecteur de la mœlle épinière, ce canal communique en avant avec la cavité crânienne et résulte de la réunion des trous vertébraux, ouvertures dont chaque vertèbre se trouve percée d’avant en arrière. Très large au niveau de l’atlas (C. C), il se rétrécit subitement dans l’axis (D. D), pour se dilater vers la base du cou et le commencement de la région du dos, diminuer de nouveau dans la partie moyenne de cette dernière région, s’agrandir encore au niveau de l’articulation de la tige rachidienne avec le membre postérieur, et enfin disparaître vers la quatrième ou cinquième vertèbre coccygienne.
2° Cavité crânienne (O). — Destinée à loger l’encéphale, cette cavité constitue une boîte irrégulièrement ovoïde dont les parois sont formées par le frontal, le pariétal, l’occipital, l’ethmoïde et les temporaux (voy. appendice, 1, Os de la tête). En haut et en arrière, sur la ligne médiane, elle présente la protubérance occipitale interne (A) qui, avec ses deux crêtes latérales, concourt à diviser la cavité en deux compartiments : l’un, postérieur, contenant le cervelet (2) ; l’autre, antérieur, plus grand, renfermant les hémisphères cérébraux (1) .
Inférieurement, elle est en grande partie constituée par la face supérieurep. 334 de l’apophyse basilaire, comme le figure très bien la planche VII (B).
L’extrémité postérieure de la cavité crânienne présente le trou occipital, qui la fait communiquer avec le canal rachidien.
Enfin, l’extrémité antérieure offre, dans le plan médian, l’apophyse crista-galli (N) de l’ethmoïde.
2. Enveloppes membraneuses.
Désignées d’une façon générale par le nom de méninges et distinguées en méninge externe, méninge moyenne et méninge interne, ces membranes sont plus connues sous les noms de dure-mère, d’arachnoïde, et de pie-mère.
1° Dure-mère. — De nature fibreuse, cette membrane est immédiatement en rapport avec l’étui osseux encéphalo-rachidien.
2° Arachnoïde. — L’arachnoïde représente une séreuse formée de deux feuillets : l’un, externe, se déploie à la face interne de la dure mère ; l’autre, interne, s’étend par l’intermédiaire de la pie-mère sur l’axe encéphalo-rachidien, dont le sépare encore le liquide ou fluide céphalo-rachidien.
3° Pie-mère. — Membrane cellulo-vasculaire, la pie-mère se trouve placée entre l’arachnoïde et l’axe cérébro-spinal, dont elle est l’enveloppe immédiate.
b. — Mœlle épinière
La mœlle épinière (XII, 10’, et fig. 128 du texte), mise à nu dans sa partie antérieure seulement par la section verticale de la tête fit de l’extrémité supérieure de l’encolure, que représente le plan XII, est la portion de l’axe central du système nerveux occupant le canal rachidien.
Quoique sa description ne trouve pas logiquement sa place dans ce chapitre, nous avons cru devoir l’y faire rentrer, tant par suite de la disposition particulière de la planche VII, que pour bien montrer les rapports intimes qui existent entre la mœlle épinière et l’encéphale, et ne pas scinder, enfin, la description des deux parties d’un même tout : l’axe encéphalo-rachidien.
p. 335Conformation extérieure. — La mœlle fait suite au bulbe (voy. Encéphale) et se termine en pointe dans le canal sacré, où on la voit se diviser en une infinité de cordons nerveux dont l’ensemble est connu sous le nom de queue de cheval.
Fig. 128. — Vue générale de la mœlle épinière.
Son poids est de 300 grammes environ chez l’animal de taille moyenne.
Elle a la forme générale d’un cylindre légèrement déprimé de dessus en dessous et présente, de distance en distance, des renflements correspondant aux dilatations du canal rachidien.
Sur la ligne médiane régnent, dans toute la longueur de l’organe, deux sillons profonds et très étroits : l’un supérieur, l’autre inférieur, dans lesquels s’enfonce la pie-mère. Il s’ensuit que l’axe médullaire est divisé en deux moitiés latérales, dont chacune donne naissance à la double ligne d’origine des racines supérieures et inférieures des nerfs rachidiens, racines qui, viennent se rassembler en faisceaux en regard des trous de conjugaison du rachis (fig. 128 du texte), ainsi que nous l’avons vu dans nos généralités, en parlant de l’appareil de l’innervation dans son ensemble.
Il est à remarquer, d’un autre côté, que la mœlle épinière ne remplissant jamais tout le canal rachidien, celui-ci peut se plier dans tous les sens et exécuter des mouvements très étendus sans la comprimer ou la tirailler.
Conformation intérieure. — La mœlle épinière se trouve constituée par une colonne de substance blanche renfermant une autre colonne de substance grise dont l’axe est occupé par un canal central.
Une coupe verticale de l’axe médullaire p. 336(fig. 129 du texte) montre encore les deux sillons31 que nous avons décrits à propos de la conformation extérieure de l’organe. Elle fait voir, enfin, que, par suite de la disposition de la substance grise en forme d’H majuscule, la matière blanche se divise, dans chaque moitié latérale de l’axe spinal, en trois cordons secondaires : l’un, supérieur, donnant naissance aux racines sensitives des nerfs rachidiens ; un autre, inférieur, duquel émergent les racines motrices ; le troisième, latéral, mal séparé de l’inférieur, avec lequel il se confond superficiellement.
Fig. 129. — Coupe verticale de la mœlle épinière du cheval grossie deux fois (région lombaire).
Structure. — Deux substances entrent, comme nous le savons, dans la structure de la mœlle : l’une, blanche, extérieure ; l’autre, grise, intérieure.
Propriétés de la mœlle épinière.
La mœlle épinière est à la fois sensible et excitable ; mais toutes ses parties ne jouissent pas des mêmes propriétés : les cordons supérieurs sont sensibles ; les inférieurs sont excitables ou excitomoteurs. Quant à l’axe gris, il est insensible aux stimulations ordinaires, et inexcitable, comme l’est la substance grise dans les diverses parties de l’encéphale ; c’est par lui que s’effectue la transmission des p. 337impressions sensitives. Si l’on irrite les cordons supérieurs de la mœlle dénudée sur l’animal vivant, celui-ci éprouve immédiatement une violente douleur se traduisant par des gémissements et des cris accompagnés de fortes secousses musculaires dues à l’action réflexe, comme nous le verrons dans un instant. Au contraire, les piqûres de stylet faites à leur surface, la compression de leur substance à l’aide de pinces très fines, provoquent exclusivement des contractions plus ou moins violentes dans les membres postérieurs.
La mœlle jouit, en outre, de propriétés conductrices très importantes : elle transmet de l’encéphale aux muscles les ordres de la volonté, et porte à l’encéphale les diverses impressions sensitives reçues dans toutes les parties du corps. « Les expériences les plus simples le montrent très clairement, dit M. Colin : Si l’on coupe la mœlle épinière en travers, sur un point quelconque de son étendue, comme l’a fait M. Flourens, et qu’on vienne ensuite à irriter les parties en arrière de la section, l’animal n’en éprouve aucune douleur, parce que les impressions ne peuvent plus, par suite de la solution de continuité, se propager aux centres sensitifs ; mais ces parties sont encore susceptibles de se contracter, puisque le principe de leurs mouvements non volontaires vient directement de la mœlle épinière, comme nous le verrons plus loin. Si, au contraire, on porte l’irritation sur les parties en avant de la section et liées au tronçon antérieur, il y a douleur et convulsions, comme si l’organe était intact32 »
Il est à remarquer, d’un autre côté : 1° que les impressions sensitives sont transmises de la périphérie à l’encéphale par l’intermédiaire de l’axe gris de la mœlle, et que les incitations motrices le sont de l’encéphale à la périphérie par les cordons inférieurs et latéraux, et par la substance grise ; 2° que l’action de la mœlle, sans être entièrement directe, l’est au moins en grande partie et en faible partie croisée ; c’est ainsi qu’une hémisection de la mœlle, dans la région cervicale, détermine, en général, la paralysie complète du côté de la lésion et un certain affaiblissement du côté opposé.
L’axe gris de la mœlle n’agit pas seulement comme conducteur ; il possède encore une propriété très curieuse à étudier : celle connue sous la dénomination d’action réflexe. Cette action consiste p. 338dans une impression produite sur un nerf sensitif (voie centripète) et transmise à la mœlle qui, la réfléchissant sur un nerf moteur (voie centrifuge), détermine des mouvements très variés.
Ainsi, la substance grise de la mœlle suffit pour transformer la sensibilité en mouvement, et, le plus souvent, elle le fait toute seule, sans qu’il y ait intervention de la fonction cérébrale. Elle joue donc un rôle de centre très important.
Parmi les nombreux exemples de mouvements réflexes que cite M. Colin, nous choisirons ceux-ci : la rétraction d’un ou de deux membres, à la suite du pincement de la peau d’un des membres sur un animal décapité, mammifère ou reptile ; les mouvements ondulatoires du corps des serpents privés de la tête ; les secousses convulsives des muscles abdominaux et autres, lors des efforts de vomissement ; la contraction de la vessie ou du rectum sous l’influence de la distension exagérée de ces réservoirs par l’urine ou les matières stercorales, etc.
D’ailleurs, tous les organes, d’après M. Mathias Duval, présentent à étudier dans leur fonctionnement une série de réflexes où l’on voit la mœlle agir, « non comme un auxiliaire du cerveau, mais comme un centre qui, dans certains cas, peut se suffire parfaitement à lui-même33 . »
La locomotion, par exemple, est un simple phénomène réflexe. La plupart du temps, en effet, les animaux marchent sans le savoir ; le cerveau n’intervient qu’à certains moments, pour régler la marche. Le mouvement respiratoire dépend également de la mœlle ; c’est elle qui préside à son rythme régulier.
Les phénomènes de sécrétion, enfin, sont d’autres réflexes qui se font encore plus que les précédents à notre insu, etc., etc.
Les actes nerveux réflexes s’exécutent par l’intermédiaire des nerfs du système cérébro-rachidieu ou des branches du grand sympathique. Ils sont, dans tous les cas, involontaires.
« Pour que l’action réflexe se produise, dit d’autre part M. Colin, il faut que la mœlle puisse réagir. Les réactions sont d’autant plus prononcées qu’elle est mieux isolée de l’encéphale. Tous les expérimentateurs ont effectivement remarqué que les phénomènes réflexes présentaient leur maximum d’intensité après la décapitation ou la section de la mœlle34 . »
p. 339Il existe des centres réflexes spéciaux de la mœlle, c’est-à-dire « des localisations fonctionnelles médullaires formant comme le premier échelon de la série des localisations plus élevées qu’on a établies dans les organes de la base de l’encéphale35 . » Aussi, est-ce toujours tel ou tel muscle, tel ou tel groupe de muscles qui entre en action, selon que telle ou telle partie de la peau a été excitée, si, toutefois, le phénomène réflexe est resté circonscrit et ne s’est pas irradié de manière à produire des contractions générales.
c. — Encéphale
L’encéphale est le renflement antérieur de l’axe central du système nerveux logé dans la boîte crânienne.
Il représente une masse ovalaire allongée d’avant en arrière et légèrement déprimée de dessus en dessous.
Contrairement à ce que nous avons vu pour la mœlle, cet organe remplit à peu près entièrement la cavité qui le contient. Il s’ensuit qu’il ne peut se mouvoir que difficilement dans sa cavité de réception.
Le poids moyen de l’encéphale du cheval est de 650 grammes.
Il se divise en trois parties : le cerveau, le cervelet et l’isthme de l’encéphale, que nous allons étudier successivement.
1° Cerveau. — Situé en avant de l’encéphale, dont il constitue la partie la plus importante, le cerveau (XII, 1, et fig. 130 du texte) est divisé en deux lobes, dits hémisphères cérébraux, allongés d’avant en arrière, déprimés de dessus en dessous, et profondément divisés en haut, en avant et en arrière, par une scissure médiane, ou scissure interlobaire.
La masse du cerveau doit être examinée extérieurement et intérieurement.
Conformation extérieure. — Chaque hémisphère cérébral représente un segment d’ovoïde symétrique avec celui du côté opposé, dans lequel on peut considérer quatre faces et deux extrémités.
Les faces supérieure et externe sont convexes et répondent au plafond et aux parois latérales de la cavité crânienne. L’inférieure repose sur le plancher de cette même cavité. L’interne, plane, répond à l’autre p. 340hémisphère par l’intermédiaire de la faulx du cerveau, lame verticale émanant de la dure-mère encéphalique.
L’extrémité postérieure répond au cervelet. L’extrémité antérieure se loge dans l’excavation formée par le frontal et le sphénoïde de chaque côté de l’apophyse crista-galli.
Si l’on recherche les particularités anatomiques qui se dessinent à la surface extérieure de chaque hémisphère, on trouve : 1° sur les faces supérieure et latérales, un grand nombre de saillies dites circonvolutions cérébrales (XII, 3), contournées de mille manières différentes et séparées par des sillons plus ou moins profonds auxquels on a donné le nom d’anfractuosités (XII, 1) ; 2° sur la face inférieure, une éminence allongée, le lobule mastoïde ou sphénoïdal (fig. 131 du texte, 10) ; un sillon transverse appelé scissure de Sylvius (fig. 131 du texte, 12) ; enfin, un lobule détaché constituant le lobule olfactif ou ethmoïdal (fig. 131 du texte, 13).
Fig. 130. — Vue générale de l’encéphale (face supérieure).
p. 341Conformation intérieure. — En écartant l’un de l’autre les deux hémisphères cérébraux dans leur partie supérieure, on découvre, p. 342au fond de la scissure interlobaire, la grande commissure désignée sous le nom de corps calleux (XII, 4, et fig. 132 du texte, 1).
Fig. 131. — Vue générale de l’encéphale (face inférieure).
« Si l’on enlève ensuite, avec l’instrument tranchant et au moyen d’une coupe horizontale, toute la portion des hémisphères qui recouvre cette commissure ; si, de plus, on excise celle-ci dans une certaine étendue à droite et à gauche de la ligne médiane, on pénètre dans deux cavités symétriquement disposées au centre de chaque hémisphère. Ces cavités portent le nom de ventricules latéraux ou cérébraux. « Elles sont séparées, dans le plan médian, par une mince cloison, le septum lucidum, attachée au corps calleux par son bord supérieur, implantée par son bord inférieur sur le trigone cérébral (fig. 132 du texte, 3.3), sorte d’arcade impaire et médiane sous laquelle existe le trou de Monro, c’est-à-dire l’orifice chargé d’établir une communication entre les deux ventricules.
Fig. 132. — Partie antérieure des ventricules latéraux, ouverte par l’ablation du plafond (chez le chien).
« Sur le plancher de ces cavités s’observent deux grosses éminences, les corps striés (fig. 132 du texte, 7.7), et l’hippocampe ou corne d’Ammon (fig. 132 du texte, 4), avec un cordon vasculaire, d’apparence grenue, formant le plexus choroïde cérébral (fig. 132 du texte, 6), dépendance de la toile choroïdienne36 », laquelle n’est autre chose qu’une expansion vasculaire émanant elle-même de la pie-mère.
p. 343Structure. — Deux substances : l’une grise, extérieure, l’autre blanche, intérieure, entrent dans la structure du cerveau.
Il est à remarquer que ces deux substances affectent là une disposition contraire à celle qu’on observe dans la mœlle épinière, où la substance grise occupe la profondeur de l’organe.
2° Isthme de l’encéphale. — L’isthme, ou mœlle allongée (XII, 6, 7, 8, 9, 10 et fig. 130, 131, 133 et 134 du texte), comprend des parties blanches et grises qui supportent le cervelet et établissent l’union de celui-ci et de la mœlle épinière avec le cerveau. Ces parties sont, d’après MM. Chauveau et Arloing : 1° le bulbe rachidien ; 2° la protubérance annulaire ; 3° les pédoncules cérébraux ; 4° les pédoncules cérébelleux ; 5° la valvule de Vieussens ; 6°. les tubercules quadrijumeaux ; 7° les couches optiques ; 8° les glandes pinéale et pituitaire.
Conformation extérieure. — L’isthme de l’encéphale peut être divisé en quatre faces et deux extrémités.
La face inférieure (fig. 131 du texte) est convexe et repose sur la gouttière basilaire. Elle se trouve croisée, à peu près dans sa partie moyenne, par un épais faisceau de fibres arciformes constituant la protubérance annulaire, le pont de Varole ou le mésocéphale (fig. 131 du texte, 5), qui présente l’origine apparente des nerfs de la cinquième paire encéphalique ou nerfs trijumeaux.
Tout ce qui se trouve en arrière de ce faisceau appartient au bulbe rachidien (XII, 10, et fig. 131 du texte, 1, 2, 3, 4), gros pédoncule de couleur blanche, aplati de dessus en dessous et plus large en avant qu’en arrière, sur lequel prennent naissance les sixième, septième, huitième, neuvième, dixième, onzième et douzième paires nerveuses eucéphaliques.
Ce qui existe en avant du mésocéphale forme les pédoncules cérébraux (XII, 9, et fig. 131 du texte, 6.6), fournissant les nerfs de la troisième paire.
On peut encore considérer comme faisant partie de la face inférieure de l’isthme la glande pituitaire (XII, 7, et fig. 131 du texte, 7), petit tubercule discoïde situé à l’extrémité antérieure de la scissure qui sépare les deux pédoncules cérébraux.
La face supérieure (fig. 133 du texte), sur laquelle reposent le cervelet et l’extrémité postérieure des lobes cérébraux, présente, d’arrière en avant : 1° la face supérieure du bulbe rachidien, creusée p. 344d’une excavation qui constitue le plancher du quatrième ventricule et se termine, en arrière, par un angle taillé en forme de bec de plume, le calamus scriptorius (fig. 133 du texte, 5) ; 2° les pédoncules du cervelet ou pédoncules cérébelleux (fig. 133 du texte, 2, 3, 4), gros et courts funicules latéraux attachant le cervelet sur la face supérieure de l’isthme et comprenant chacun trois faisceaux : un antérieur, un postérieur, un moyen ; 3° la valvule de Vieussens, mince lamelle blanche qui réunit l’un à l’autre les deux pédoncules cérébelleux antérieurs ; 4° les tubercules quadrijumeaux ou bigéminés (fig. 133 du texte, 7. 7, 8. 8), qui forment, en arrière des pédoncules cérébraux, quatre éminences arrondies accolées deux à deux, et divisées en postérieures ou éminences testes, et antérieures, ou éminences nates ; 5° les couches optiques p. 345(XII, 6, et fig. 133 du texte, 9. 9), qui représentent l’une et l’autre une surface de couleur grise située en avant des tubercules quadrijumeaux, au-dessus de la partie antérieure des pédoncules cérébraux.
Fig. 133. — Vue supérieure de l’isthme encéphalique
On trouve encore, sur la face supérieure de l’isthme encéphalique, une espèce de petit tubercule ou de ganglion appendiculaire, de couleur rouge-brun, en forme de pomme de pin, auquel on a donné le nom de glande pinéale ouconarium (XII, 5, et fig. 134 du texte, 10).
Fig. 134. — Coupe médiane et verticale de l’encéphale.
Les faces latérales ne présentent rien de particulier à signaler.
L’extrémité postérieure se confond insensiblement avec la mœlle épinière.
L’extrémité antérieure se prolonge dans la partie des hémisphères du cerveau connue sous le nom de corps striés.
Conformation intérieure. — L’isthme de l’encéphale est creusé, au niveau des couches optiques, d’une cavité centrale dite ventricule moyen, allongée dans le sens antéro-postérieur et aplatie d’un côté à l’autre (fig. 134 du texte, 13).
p. 346Cette cavité communique avec les ventricules latéraux par l’ouverture commune antérieure (fig. 134 du texte, 14), ou trou de Monro et se prolonge en arrière, sous les tubercules quadrijumeaux, par un conduit nommé aqueduc de Sylvius (fig. 134 du texte, 6), qui aboutit, sous la valvule de Vieussens (fig. 134 du texte, 7), dans le ventricule postérieur ou cérébelleux (fig. 134 du texte, 5), autre cavité comprise entre le cervelet et la face supérieure du bulbe rachidien, qui lui sert de plancher.
Structure. — L’isthme de l’encéphale n’étant qu’un prolongement de la mœlle épinière se rapproche beaucoup de celle-ci par sa structure, surtout dans la partie postérieure de l’organe, « les caractères communs d’organisation s’effaçant au fur et à mesure qu’on se rapproche de l’extrémité antérieure »37 .
La substance grise, beaucoup moins abondante que la substance blanche, se trouve reléguée profondément dans la profondeur de l’organe, de même que dans la mœlle.
Une particularité très importante à signaler, c’est la disposition spéciale des cordons de la mœlle à son extrémité antérieure : Les cordons latéraux inférieurs se massent en petits faisceaux distincts, qui pénètrent dans la substance grise et vont bientôt la traverser entièrement de dehors en dedans et d’arrière en avant, pour s’entrecroiser, ceux de droite avec ceux de gauche, au niveau du collet du bulbe.
Quant aux cordons supérieurs, ils ne commencent à s’entre-croiser que lorsque l’entre-croisement des précédents est terminé.
3° Cervelet. — Le cervelet est situé à la partie postérieure de l’encéphale, au-dessus de l’isthme, sur lequel il se trouve fixé à l’aide de deux pédoncules latéraux ; il occupe le compartiment postérieur de la cavité crânienne (XII, 2, et fig. 130 et 131 du texte).
Conformation extérieure. — Cet organe constitue une masse presque régulièrement sphéroïdale parcourue à sa surface par de nombreux sillons.
Entre sa face inférieure et le bulbe rachidien se trouve une petite masse grenue et rougeâtre, formée de houppes vasculaires, dite plexus choroïde cérébelleux.
Conformation intérieure. — Par sa face inférieure et la face interne p. 347de ses pédoncules, le cervelet concourt à former la cavité que nous connaissons déjà sous le nom de ventricule postérieur ou cérébelleux.
Structure. — Comme toutes les autres parties de l’axe central du système nerveux, le cervelet est composé d’une substance grise, extérieure, et d’une substance blanche, intérieure, affectant une belle disposition arborisée, que les anciens anatomistes ont désignée sous le nom d’arbre de vie (fig. 134 du texte, 4).
Propriétés de l’encéphale.
1° Propriétés du cerveau. — Bien que doué de propriétés extrêmement importantes, le cerveau est insensible à la douleur physique et inexcitable. « Il m’est arrivé souvent, dit M. Colin, de mettre à découvert le cerveau du cheval dans une assez grande étendue, puis d’appliquer sur les circonvolutions un pinceau d’acide azotique, d’y enfoncer ensuite à plusieurs reprises une aiguille, un stylet ou un autre instrument tranchant, dans diverses directions et à diverses profondeurs, et enfin d’enlever des couches de substance cérébrale, sans que l’animal parût en éprouver la moindre douleur, sans qu’il fît le moindre effort pour se soustraire à ces actions mécaniques38 . »
Nous allons passer successivement en revue chacune de ses parties.
Hémisphères cérébraux. — Le rôle des hémisphères cérébraux est complexe ; s’ils sont insensibles aux lésions physiques et incapables de provoquer, sous l’influence de ces lésions, la moindre action motrice, ils perçoivent les impressions produites sur les sens, les convertissent en sensation et donnent conséquemment à l’animal conscience de lui-même et du monde extérieur ; ils exercent, de plus, une influence incitatrice sur les mouvements et sont le siège des manifestations de l’instinct et de l’intelligence.
Les phénomènes de perception se divisent en ceux qui nous donnent des renseignements précis sur les objets extérieurs : ce sont les sensations spéciales (vision, audition, etc.), et ceux nommés sensations générales : la douleur est le type de cette seconde espèce de sensations.
Les sensations générales, dont nous nous occuperons exclusivement ici, peuvent être vagues, comme le malaise général que fait éprouver p. 348un commencement d’asphyxie, ou localisées, comme celle d’une brûlure sur un point de noire tégument.
Dans ce dernier cas, il est à remarquer que la sensation est toujours excentrique, quel que soit le point où le nerf est atteint ; même quand le centre nerveux est directement atteint, c’est à l’extrémité périphérique du nerf sensitif en rapport avec le centre que nous localisons la sensation.
« Ces considérations, dit M. Mathias Duval, nous donnent la clef du mécanisme par lequel se produisent les hallucinations, dont la cause réside dans l’encéphale et qui donnent lieu à des sensations que le malade rapporte à la périphérie39 . »
Enfin, les sensations présentent encore ce fait particulier qu’elles peuvent être comme emmagasinées dans les organes cérébraux ; les impressions s’y fixent, pour reparaître plus tard : ainsi se produisent les phénomènes désignés sous le nom de mémoire.
« Tous ces phénomènes (perception avec mémoire, idées, volonté) sont aujourd’hui parfaitement localisés dans la couche grise corticale des circonvolutions cérébrales ; cette partie des hémisphères cérébraux est, en un mot, le siège des facultés intellectuelles et instinctives40 . »
Les propriétés du cerveau ont, d’ailleurs, été mises hors de doute par l’expérimentation directe sur des animaux vivants.
Ainsi, lorsqu’on enlève les hémisphères cérébraux sur un mammifère ou un oiseau, sans léser les autres parties de l’encéphale, « l’animal continue à vivre pendant quelque temps dans une sorte de torpeur. Sa sensibilité générale émoussée et ses mouvements affaiblis. Il semble avoir perdu l’usage de ses sens, la spontanéité, l’intelligence, la volonté... Dès qu’un cheval a le cerveau enlevé, il est à peine affecté par de profondes piqûres ou de grandes incisions à la peau ; le bruit que l’on fait autour de lui ne paraît pas l’émouvoir ; la lumière la plus vive ne fait pas varier l’ouverture de la pupille ; le doigt porté brusquement vers l’œil ne détermine pas de mouvements des paupières ; l’ammoniaque mise à l’entrée des naseaux n’occasionne ni ébrouement ni rien qui indique une action sur la pituitaire ; des substances amères placées sur la langue ne provoquent, ni dans cet organe ni p. 349dans les mâchoires, le moindre mouvement qui puisse porter à penser que ces substances ont impressionné les papilles gustatives ; en un mot, toutes les sensations semblent anéanties41 ... »
Les hémisphères cérébraux sont encore le point de départ des volitions qui commandent les mouvements ; c’est ainsi que le cheval perd l’équilibre et tombe dès que ces organes sont enlevés ; alors, dit M. Colin, l’affaissement musculaire est extrême, l’animal reste étendu sur le côté, avec les membres dans l’extension, le cou et la tête immobiles, la langue pendante hors de la bouche, les lèvres flasques, les paupières baissées, les naseaux à peine dilatés, et cet état, qu’aucune convulsion ne vient troubler, persiste jusqu’au moment de la mort.
Toutefois, si l’on se borne à la destruction partielle d’un seul hémisphère, l’animal peut quelquefois rester debout pendant un certain temps ; à ce propos, M. Colin rapporte l’expérience suivante : un âne, auquel il avait enlevé la couche superficielle du lobe cérébral droit, se tint debout pendant une heure, tout en penchant un peu à gauche. Abandonné à lui-même, il restait immobile ; mais, dès qu’on venait à l’exciter par des piqûres ou des coups sur les oreilles, il se mettait à marcher très vite. Par moments même, il tournait du côté opposé à la lésion. En se heurtant contre les murs, il tombait ; mais on parvenait sans trop de peine à le faire relever. Puis, insensiblement, la prostration fit des progrès, et bientôt il ne fut plus possible de le faire marcher sans le soutenir.
Il y a lieu de faire remarquer que l’action des hémisphères cérébraux sur les mouvements est croisée. C’est l’hémisphère droit qui stimule les muscles de la moitié gauche du corps, et vice versa (par suite de l’entre-croisement des cordons blancs de l’isthme). D’un autre côté, il est bon de dire que les lésions des hémisphères produisent plus difficilement la paralysie sur les animaux que sur l’homme. Il y a quelques mois, nous avons eu l’occasion de faire l’autopsie d’un cheval chez lequel, par suite d’un coup de pied dans la région du front, un abcès s’était développé à la face interne de l’os pariétal, entre celui-ci et la dure-mère, en avant de la face supérieure de l’hémisphère gauche. Du volume d’une grosse noix, cet abcès avait tellement comprimé la substance cérébrale que celle-ci, débarrassée de ses enveloppes, conservait p. 350l’empreinte exacte de la lésion. Or, durant les quinze jours qui se sont écoulés entre l’accident et la mort, l’animal n’a jamais manifesté les moindres symptômes d’hémiplégie, la plus petite tendance au tournoiement.
Enfin, la fonction essentielle et la plus élevée des hémisphères est celle qui a trait aux opérations instinctives et intellectuelles. « Après l’ablation de ces hémisphères, dit M. Colin, l’animal peut vivre encore longtemps, se mouvoir automatiquement, respirer, digérer ; mais il perd, avec ses sensations, la mémoire, le jugement, la volonté et les instincts les plus vivaces de son espèce ; il devient tout à fait stupide ; son existence se passe dans la torpeur, dans le sommeil... Il n’a pas même l’idée de prendre la nourriture qui lui est offerte, et se laisserait mourir de faim sur un tas d’aliments si une main étrangère ne les lui mettait dans la bouche...42 ».
On a remarqué que les facultés intellectuelles sont d’autant plus développées que les circonvolutions cérébrales sont plus nombreuses, plus profondes ; c’est ainsi que, chez les animaux à cerveaux lisses, tels que les rongeurs et les ovipares, l’intelligence est bien inférieure à celle des animaux à circonvolutions cérébrales bien marquées, comme l’homme, les singes anthropomorphes, la plupart des carnassiers, etc. On admet aussi que la masse de l’encéphale, et spécialement le cerveau, diminue en général de volume à mesure que l’intelligence s’affaiblit. Toutefois, cette diminution de volume ne suit pas exactement la dégradation des facultés intellectuelles, comme il est facile de s’en rendre compte en comparant entre eux les animaux les mieux connus sous le rapport de leurs facultés. Le cheval, par exemple, si on le classait d’après le poids proportionnel de son cerveau, viendrait après le plus obtus de tous les solipèdes, le plus stupide de tous les ruminants, et serait à peu près sur le même rang que le bœuf et la vache. Cet exemple prouve surabondamment que le volume de l’encéphale ne peut faire apprécier exactement le degré d’intelligence de chaque espèce.
Quoique toutes leurs parties n’aient pas exactement les mêmes fonctions ni les mêmes propriétés, comme nous le verrons dans un instant, c’est par leur ensemble et en masse que les hémisphères cérébrauxp. 351 paraissent agir ; en outre, de leurs deux substances, c’est la grise qui est la plus active, qui prend la plus grande part aux actions cérébrales.
Corps striés. — Les corps striés sont les centres des mouvements des membres. La lésion du corps strié droit s’accompagne d’une paralysie du côté gauche, et vice versa.
Les autres parties du cerveau jouissent de propriétés peu importantes.
Localisations dans les hémisphères cérébraux. — « Les recherches expérimentales et les observations cliniques, dit M. Mathias Duval, tendent aujourd’hui à établir, dans la substance blanche et dans la substance grise corticale des hémisphères, des localisations spéciales de conducteurs sensitifs ou moteurs (volontaires) pour la première substance, de centres moteurs ou de facultés intellectuelles pour la seconde43 . »
Fig. 135. — Schéma probable des centres moteurs volontaires chez l’homme.
C’est ainsi que Broca place le siège du langage articulé dans la moitié ou le tiers postérieur de la troisième circonvolution frontale gauche (fig. 135 du texte, 1).
D’autre part, il paraît démontré que les parties antérieures des p. 352hémisphères sont les seules dont l’excitation électrique produise des mouvements du corps. Hitzig localise même le centre des mouvements du membre inférieur en haut de la circonvolution pariétale descendante (fig. 135 du texte, 3) ; le centre des mouvements du membre supérieur, en avant de cette dernière circonvolution (fig. 135 du texte, 2) le centre des mouvements de la tête et du cou, à la partie postérieure de la première circonvolution frontale ascendante (fig. 135 du texte, 3), etc., etc.
2° Propriétés de l’isthme. — L’isthme encéphalique jouit de la propriété d’être à la fois excitable et sensible ; mais cette propriété est plus ou moins marquée suivant les parties qu’on examine.
Dans tous les cas, la plupart des organes dont l’assemblage constitue l’isthme jouent le rôle de centres coordonnateurs des mouvements ; tels le bulbe, la protubérance, les pédoncules cérébraux.
La protubérance annulaire, sensible et excitable, a une action en partie directe et en partie croisée. Elle paraît être le siège, par ses parties grises, des grandes expressions émotionnelles : rire, pleurs, cris de douleur, etc.
Les tubercules bigéminés agissent surtout sur la vision. Leur lésion d’un côté supprime le jeu de l’iris et abolit la vue dans l’œil opposé.
Les couches optiques sont insensibles et non excitables. Elles ne possèdent aucune influence sur la vision, comme on l’a cru longtemps.
Les pédoncules cérébraux et cérébelleux sont sensibles et excitables. La stimulation unilatérale des premiers provoque des mouvements de rotation, de manège, etc., du côté opposé ; celle des seconds produit également des mouvements, mais qui varient selon le pédoncule atteint et le point de celui-ci où a porté la lésion.
Quant au bulbe rachidien, il lie la partie céphalique avec la partie spinale du système nerveux et constitue un foyer multiple où les amas de substance grise donnent l’activité aux nerfs les plus importants à la vie, à ceux qui entretiennent le mécanisme respiratoire, règlent l’action du cœur, etc. C’est à lui qu’aboutissent les impressions sensitives, et c’est par son intermédiaire que les opérations de l’encéphale sont liées à celles de la mœlle épinière : il ne peut être lésé sans que les fonctions des autres parties du système soient troublées ; il ne peut être détruit sans que l’action de ces dernières vienne à s’annihiler plus ou moins complètement.
p. 353« C’est toujours d’un point unique du bulbe, dit M. Flourens, qui a quelques lignes à peine, que la respiration, l’exercice de l’action nerveuse, l’unité de cette action, la vie entière de l’animal, en un mot, dépendent44 . » Or, ce point, ce , nœud vital, correspond au sommet du calamus scriptorius, à l’extrémité du quatrième ventricule, un peu au-dessus, par conséquent, de l’origine de la huitième paire. C’est exactement l’endroit qu’il faut blesser avec la pointe d’un stylet, d’un scalpel, etc., pour tuer instantanément l’animal. Si l’on louche le bulbe en avant de ce point, les mouvements respiratoires cessent dans la tête seule ; si on le blesse en arrière, ces mouvements sont supprimés seulement dans le tronc. On se rend compte de ce fait en sectionnant la mœlle, soit entre l’occipital et l’atlas, soit entre la première et la deuxième vertèbre cervicale ; car, dans les deux cas, le tronc seul est immédiatement privé de vie ; les mouvements des ailes du nez, les bâillements, les contractions des muscles de la tête, etc., persistent encore pendant quelques minutes, comme on le constate souvent chez les suppliciés.
La lésion de certaines parties du bulbe produit aussi des modifications bien déterminées dans un grand nombre de sécrétions ; c’est ainsi, par exemple, que la piqûre au niveau des origines du pneumogastrique produit un diabète temporaire.
Il est à noter, enfin, que c’est par suite de la disposition des cordons blancs de l’isthme, qui se sont tous entre-croisés au-dessus du tiers inférieur du bulbe, les uns successivement dans la mœlle, les autres au niveau et un peu au-dessus du collet du bulbe, que toutes les lésions encéphaliques unilatérales frappent le mouvement et la sensibilité dans le côté opposé du corps (Voy. Structure de l’isthme).
3° Propriétés du cervelet. — « Le cervelet, dit M. Colin, est à peu près dépourvu de sensibilité à sa surface ; mais il est sensible et excitable dans ses parties profondes. Sa destruction rend la marche, le vol et les autres mouvements progressifs irréguliers, difficiles, leur enlève la coordination, l’harmonie. La lésion de ses pédoncules moyens donne lieu à un mouvement de rotation du corps sur lui-même, à la déviation des yeux.
« Toutes ces mutilations, de même que les états morbides qui consistentp. 354 dans le ramollissement, la destruction, l’atrophie de la substance, laissent persister les facultés intellectuelles et instinctives, la sensibilité générale ; d’où il suit que le cervelet est un organe dont les fonctions sont essentiellement distinctes de celles du cerveau. Si toutes ses attributions ne sont pas connues, au moins on ne peut guère nier celle qui est relative à la coordination des mouvements45 . »
Magendie ayant remarqué, au cours de ses expériences, que les animaux privés de leur cervelet avaient une tendance marquée à reculer, place dans cet organe le siège d’une force qui porte l’animal à se mouvoir en avant. Gall localise dans le cervelet l’amour physique et l’instinct de reproduction ; mais cette opinion est aujourd’hui regardée comme étant sans fondement. M. Flourens a vu, en effet, un coq chercher à cocher les poules après la destruction du cervelet. On a même observé l’érotomanie chez une femme dont la substance grise du cervelet était atrophiée, et l’on a cité une jeune fille sans cervelet qui se livrait à la masturbation.
Facultés instinctives et intellectuelles.
Outre le rôle physiologique que nous venons de passer en revue, le système nerveux embrasse encore des opérations d’un ordre très élevé, desquelles résultent l’instinct et l’intelligence.
Nous allons tout d’abord dire un mot de la grande distinction qu’il y a lieu d’établir entre les deux ordres de facultés.
1° De l’instinct et de l’intelligence en général. — On entend par instinct le résultat d’une force irréfléchie, d’une impulsion innée, secrète, irrésistible.
L’intelligence, au contraire, est cette faculté si éminemment développée dans notre espèce, à laquelle doivent être rapportés tous les actes combinés et réfléchis que nous accomplissons.
Nos animaux domestiques possèdent-ils à un degré quelconque l’une et l’autre de ces facultés, ou sont-ils de simples automates dépourvus d’instinct, d’intelligence, de mémoire, etc., comme ont cherché à le prouver un certains nombre de naturalistes et de philosophes ?
Pour nous, le doute n’est plus permis à cet égard : « Ce sont des p. 355êtres possédant des instincts toujours sûrs et généralement plus parfaits que ceux de l’espèce humaine, une intelligence obtuse à la vérité, mais qui se perfectionne dans les degrés supérieurs de l’échelle ; des êtres susceptibles, enfin, d’un certain discernement dans leurs actions, et capables d’éprouver plusieurs sentiments, plusieurs passions plus ou moins analogues aux sentiments et aux passions que nous éprouvons nous-mêmes46 . »
Parlant des hallucinations qui se font observer chez les animaux, comme chez l’homme, par suite d’une cause morbide ou d’une modification de l’action cérébrale (rage, éthérisation), M. H. Bouley démontre qu’il y a une parfaite similitude entre l’homme et les animaux au point de vue du fonctionnement de leurs cerveaux. « Dans l’un et dans les autres, dit-il, l’idée ou l’image, produite par l’impression des objets, peut donner lieu à une sensation identique à celle que l’objet lui-même a déterminée, et faire croire à sa réalité actuelle, quoique le cerveau n’en perçoive que le fantôme 47 . » ,
Nous allons, d’ailleurs, essayer d’esquisser à grands traits les phénomènes qui se rapportent à l’instinct et à l’intelligence chez nos différentes espèces animales en général, et chez le cheval en particulier.
2° Instinct. — L’instinct, que Buffon n’avait pas compris, et que tant d’auteurs ont considéré comme un mot vide de sens, est une faculté innée, dit M. Colin, commune à tous les animaux, même aux plus imparfaits.
Il n’est nullement en rapport, d’après M. Félix Hément, avec le rang qu’occupent ceux-ci dans la hiérarchie animale et avec le degré d’intelligence qu’ils possèdent : « Les instincts les plus curieux, les plus étranges et les plus développés ne se rencontrent pas chez les mammifères, mais chez les articulés, dont l’organisation est de beaucoup inférieure et la taille plus petite48 . » ,
Parmi les instincts donnés aux animaux, les uns sont destinés à la conservation de l’espèce, les autres à la conservation de l’individu ; d’où leur division en instincts de la reproduction et en instincts de la conservation.
Tous les animaux sont doués de l’instinct de la conservation, mais à des degrés différents. « Chez le cheval, dit Vallon, il est peu prononcé,p. 356 et cela devait être, puisque cet animal trouve partout une nourriture abondante, qu’il prend sans exécuter de grands déplacements ou sans livrer de combats à l’état de domesticité, l’instinct de la conservation est plus faible qu’à l’état sauvage, parce que l’homme a habitué le cheval à trouver toujours dans les prairies ou au râtelier les aliments qui lui sont nécessaires, et un abri contre les intempéries des saisons49 . »
Cet instinct, nous le répétons, est surtout marqué chez les animaux sauvages. Tous savent choisir la nourriture qui leur convient et repousser celle qui pourrait leur nuire ; tous, usant de leurs armes les plus sûres, savent se préserver des attaques et déjouer les ruses de leurs ennemis ; c’est ainsi que les chevaux sauvages se réunissent en troupes commandées par un étalon et forment un cercle au centre duquel ils placent les faibles et les femelles, quand ils se trouvent attaqués par des carnassiers.
De leur côté, les plus petits animaux emploient des moyens extrêmement curieux : tels le terrier du lapin, les habitations souterraines de la taupe, les constructions du castor, les nids des oiseaux, etc.. etc.
Parmi les instincts de conservation, il y a encore lieu de signaler l’instinct migrateur de certains animaux, l’instinct des carnassiers pour surprendre leur proie, etc.
L’instinct de la reproduction porte les animaux à se reproduire, à soigner et à nourrir leurs petits. Il n’apparaît qu’à l’époque de la puberté et cesse au déclin de la vie.
Les chevaux peuvent se reproduire à toutes les époques de l’année ; mais c’est au printemps qu’ils en éprouvent le plus souvent le désir.
En somme, l’instinct est « fatal, nécessaire, inné, parfait, invariable, propre à une espèce, en harmonie avec l’organisation de l’animal, inapplicable à d’autres fins, intransmissible50 ».
3° Intelligence. — Si l’instinct est le mobile ou le principe de la plupart des actions des animaux, ceux-ci n’en possèdent pas moins une autre faculté, l’intelligence, qui « vient se surajouter aux instincts et étendre par là le cercle des facultés psychologiques de la brute51 ».
« Les animaux, dit Flourens, reçoivent par leurs sens des impressionsp. 357 semblables à celles que nous recevons par les nôtres ; ils conservent comme nous la trace de ces impressions ; ces impressions conservées forment, pour eux comme pour nous, des associations nombreuses et variées ; ils les combinent, ils en tirent des rapports, ils en déduisent des jugements, ils ont donc de l’intelligence52 . » ,
Mais, d’après M. Félix Hément, l’intelligence est pour ainsi dire sans initiative ; elle ne paraît capable d’activité que sous notre impulsion.
De tous les animaux auxquels on peut accorder une certaine dose d’intelligence, le chien doit certainement être placé en première ligne ; nul n’ignore, en effet, combien sa mémoire et sa fidélité sont grandes ; nul n’ignore avec quelle facilité il nous comprend, avec quelle sincérité il nous aime, avec quel empressement, enfin, il nous défend !
Le cheval est encore bien partagé sous le rapport de l’intelligence ; cependant, il est évident que chez lui cette faculté est beaucoup moins développée que chez le chien.
Selon M. Hément, « le cheval possède des sens très développés plutôt que de l’intelligence : son odorat, son ouïe et sa vue sont d’une sensibilité très vive. Il est, toutefois, susceptible d’éducation et capable d’attachement, de reconnaissance et de rancune, ce qui est un signe d’intelligence53 . »
Quoi qu’il en soit, le cheval est un des animaux domestiques les plus intelligents. Son cerveau est capable, comme le nôtre, de conserver des idées qui, à un moment donné, deviennent le mobile de ses actions. Aussi, est-il doué d’une mémoire excellente et garde-t-il parfaitement le souvenir des choses et des lieux : celui que son maître maltraite d’habitude dresse les oreilles et s’agite toutes les fois que quelqu’un entre dans l’écurie, parce qu’il se souvient des coups qu’il a reçus, et qu’il craint d’en recevoir encore.
M. H. Bouley, alors qu’il était professeur à Alfort, a vu un cheval qui avait subi une opération à l’École reconnaître de loin, au bout d’une année, l’endroit où il avait souffert, et refuser absolument d’en approcher.
Nous avons observé nous-même un exemple de mémoire qui mérite d’être rapporté.
C’était pendant l’hiver de 1870-1871, quelque temps après l’occupation par les Prussiens de la petite ville que nous habitions dans l’Oise. p. 358Nous revenions de Beauvais, où nous nous étions rendu le matin même pour essayer d’obtenir quelques renseignements sur ce qui se passait à Paris et dans la province.
Arrêté par la garde nationale d’un village que nous traversions, sous un prétexte quelconque enfanté par l’affollement qui régnait partout alors, nous dûmes perdre là une heure, pendant laquelle la nuit nous surprit.
Le froid était excessif, l’obscurité profonde, et le sol couvert de neige. Pour comble de malheur, nous ne connaissions la route que pour l’avoir parcourue à l’aller, et le cheval que nous montions n’était lui-même jamais venu dans le pays.
Or, à 30 kilomètres environ du lieu où nous nous rendions, en pleine campagne, notre route bifurquait presque à angle droit : l’une des bifurcations se dirigeait en ligne droite vers la ville où nous allions ; l’autre suivait une direction tout à fait opposée.
Comme l’obscurité ne permettait pas de lire sur le poteau indicateur qui se trouvait là, nous n’hésitâmes pas à nous engager sur la première route, tandis que notre cheval opinait pour la seconde ; il opinait même si fort que nous dûmes nous batailler ensemble pendant plus d’un quart d’heure pour le ramener dans le.... bon chemin.
Chose bizarre, son idée fixe était de tourner le dos à l’écurie. Sur la route que nous parcourions maintenant, il se sentait mal à l’aise ; sans cesse il jetait un coup d’œil de regret en arrière, et son trot se ralentissait, se ralentissait...
Enfin nous rencontrons un village où nous obtenons tous les renseignements nécessaires à notre orientation.
Hélas ! le cheval avait eu plus de mémoire que le cavalier ; l’homme avait mis l’animal dans le mauvais chemin !
Le cheval dont parle Dubois (d’Amiens), dans l’éloge de Broussais54 , offre encore un exemple de mémoire plus remarquable : le père du célèbre médecin allait chaque jour voir ses malades dans la matinée ; le soir, en rentrant, il confiait sa monture à son fils, qui devait porter aux clients les médicaments prescrits ; chemin faisant, l’animal, dont la mémoire était fidèle, s’arrêtait devant chaque maison où son maître avait fait des visites. ,
p. 359D’ailleurs, « tous les cavaliers ayant fait campagne, dit Vallon, savent que certains chevaux, après avoir quitté leur campement, y reviennent, reconnaissent même leur place dans l’escadron auquel ils appartiennent55 . »
Dans les régiments, nous avons souvent vu des chevaux qui, ayant subi une opération chirurgicale, reconnaissaient de loin les vétérinaires, se cabraient, ruaient à leur approche, et cherchaient à fuir.
Parmi les mille autres exemples de l’intelligence du cheval qu’il nous serait facile de relater, signalons encore le suivant, que nous trouvons dans un vieux numéro du Farmer’s Magazine, revue agricole très estimée en Angleterre, et qui montre bien que « dans le cerveau des bêtes, des idées s’associent absolument comme dans celui de l’homme et donnent lieu à des volitions très réfléchies56 ». M. Allen (?) avait élevé deux petits chevaux qu’il n’avait jamais séparés ; à l’écurie, au vert, à la voiture, ils avaient toujours été côte à côte, de sorte qu’il en était résulté le plus vif attachement de ces deux animaux l’un pour l’autre. Or, l’un d’eux étant un jour tombé à l’eau, son compagnon, en l’absence de tout secours, vint non seulement avertir M. Allen, par ses hennissements expressifs, qu’un fait inaccoutumé se passait, mais il le conduisit directement à l’endroit où l’accident avait eu lieu, et sa joie ne connut plus de bornes lorsqu’il vit le noyé hors de danger sur la terre ferme.
Chez le cheval comme chez l’homme, l’intelligence présente des différences individuelles très grandes ; c’est ainsi que cette faculté existe à son plus haut degré chez les chevaux arabes et barbes.
L’intelligence varie également suivant l’âge : « Les animaux jeunes, comme le remarque Dugès, l’ont plus sûre que les vieux. Cette particularité, commune à l’homme et à la brute, doit être prise en grande considération au point de vue de l’éducation des animaux ; elle nous indique qu’il faut les prendre dès le jeune âge si l’on veut leur donner de bonnes habitudes, les pliera certains services et les façonner rapidement aux exercices qu’on peut en espérer57 . »
L’intelligence est, d’ailleurs, une faculté éminemment perfectible, que l’on peut augmenter par la domesticité et le dressage.
4° Du caractère et des passions. — Comme l’instinct, le p. 360caractère est particulier à chaque espèce animale et approprié à ses besoins, à son genre de vie.
Il n’a rien d’arbitraire ni d’incertain, et, dans aucun cas, dit M. Colin, on ne peut y voir le résultat, au moins chez les animaux sauvages, de l’exercice des facultés intellectuelles.
Les lois qui le régissent sont, en somme, celles auxquelles se trouvent soumis les divers instincts. Toutefois, bien qu’inhérent à la nature de chaque espèce, il peut se modifier et se développer dans de certaines limites sous l’influence d’un grand nombre de causes, et particulièrement de l’éducation.
Les passions sont nombreuses chez les animaux ; mais on ne s’entend pas encore bien sur les liaisons qu’elles peuvent avoir avec les opérations instinctives et intellectuelles. Toutefois, d’après M. Colin, il paraît plus vraisemblable de les considérer comme des manifestations de l’instinct ; pour lui, elles sont irréfléchies, irrésistibles, et les animaux n’ont ni l’idée, ni la volonté, ni le pouvoir d’y résister.
Nous regrettons d’être un peu en contradiction sur ce point avec l’éminent physiologiste d’Alfort ; mais nous doutons que toutes les passions animales soient irréfléchies. Quelques-unes, telles que la haine, la jalousie, par exemple, nous paraissent absolument réfléchies et, à ce titre, devoir être rangées dans le domaine des facultés intellectuelles.
Le fait du charretier acculé et écrasé dans une carrière par sa voiture, attelée d’un cheval qu’il avait jadis brutalisé, mais qu’il conduisait pour la première fois depuis trois ans, fait qui nous a été rapporté par un témoin absolument digne de foi et que nous donnons, à ce titre, comme authentique, légitimera un peu d’ailleurs notre manière de voir ; car on admettra difficilement que, dans ce cas particulier, la haine du cheval ait été tout à la fois irrésistible et irréfléchie.
Les passions qui dominent chez les solipèdes sont : la peur, l’affection, la colère, la haine, la jalousie, la méchanceté, la sociabilité, l’attachement, le chagrin, la joie, l’irritabilité, l’émulation, etc.
Quant à la fierté, au dédain, à l’orgueil, à la magnanimité, nous croyons que ces sentiments n’ont jamais existé que dans l’imagination de ceux qui les ont décrits.
Le cheval manifeste ses passions par des hennissements, par une attitude, une expression de la physionomie, des mouvements particuliers, etc. Mais, si vrais, si caractéristiques que soient ces signes, pour p. 361bien les saisir et les interpréter, il faut non seulement connaître le cheval à fond, mais encore posséder un grand talent d’observation. Moyennant cette double qualité, on peut arriver à distinguer un hennissement de la peur, de la haine, de la colère, etc.
La méchanceté est certainement l’une des passions les plus dangereuses du cheval. Heureusement qu’elle est rare et qu’on ne l’observe d’ordinaire que chez les animaux qui ont subi de mauvais traitements ou dont le mode d’élevage a été défectueux ; car, d’une manière générale, le cheval naît doux et obéissant.
Parmi les chevaux qui ont fait preuve d’une méchanceté exceptionnelle, on cite surtout Chillaby, pur sang anglais que sa férocité avait fait surnommer mad arabian (mad, enragé, furieux) et qui allait jusqu’à mettre en pièces l’image d’un homme qu’on plaçait à dessein devant lui.
Nous ne reviendrons pas ici sur la physionomie du cheval méchant, que nous avons étudiée dans un chapitre spécial de la IIe partie (Voy. Des chevaux vicieux).
L’émulation est très fréquente chez le cheval, particulièrement chez celui de sang. On a vu maintes fois des chevaux de course se rapprocher d’un bond désespéré du concurrent qui les distançait et le saisir par la mâchoire pour le retenir en arrière.
Le chagrin se manifeste aussi très fréquemment chez les chevaux qui ont vécu longtemps ensemble et qu’on sépare brusquement, chez la jument nourrice à laquelle on enlève tout à coup son poulain, etc. Les animaux hennissent alors plaintivement, perdent tout appétit et maigrissent jusqu’au moment de l’oubli.
Quant à la sociabilité, elle est péremptoirement démontrée par ce fait bien connu que le cheval qui vit toujours auprès de l’homme est bien plus doux, plus docile que celui élevé en box.
Enfin, la colère, la peur, l’affection, la joie, la jalousie, la haine (Voy. l’exemple ci-dessus), sont des passions non moins communes du cheval, dont sont journellement témoins ceux qui approchent cet animal.
5° Moyens d’apprécier l’intelligence. — Quoiqu’il soit bien difficile, en l’état actuel de la science, de saisir les opérations du système nerveux desquelles résultent l’intelligence et les instincts, on a essayé d’apprécier, de mesurer ces dernières facultés chez les divers individus d’une même espèce et chez la plupart des animaux supérieurs.
Comme on admet que l’encéphale est le siège de l’intelligence, on p. 362a tout naturellement supposé que son développement et sa complication pourraient donner la mesure de l’intelligence de chaque animal.
Partant de ce point, divers observateurs ont proposé des moyens susceptibles de juger du volume et de la perfection du cerveau chez un individu ou une espèce donnés. C’est ainsi que Camper a cru trouver ce moyen dans l’angle facial ; Daubenton, dans la position du trou occipital ; Cuvier, dans le rapport des aires du crâne et de la face ; enfin, Gall et les phrénologistes, dans la saillie plus ou moins prononcée de telle ou telle partie du crâne.
Mais, dit M. Colin, le cerveau se composant de plusieurs parties dont quelques-unes seulement, les hémisphères cérébraux, sont le siège de l’intelligence, « le volume de l’encéphale, pris en masse, ne peut donner qu’une base incertaine, et celui du cerveau isolé ne peut nous fournir un élément d’appréciation rigoureuse58 ».
D’un autre côté, d’après le même physiologiste, rien ne prouve que le développement du cerveau coïncide avec une activité proportionnelle.
Quoi qu’il en soit, la méthode de Camper59 est trop connue pour que nous n’en disions pas un mot ici.
Angle facial. — On appelle ainsi un angle formé par deux lignes, dont l’une part du centre de l’hiatus auditif externe et arrive au niveau du plancher des fosses nasales, et dont l’autre, tangente à la partie p. 363la plus saillante du front, vient rejoindre la première au-dessus de la racine des dents incisives. C’est du moins ainsi que l’a établi Camper.
Fig. 136. — Angle facial du cheval.
Mais, afin de rendre la détermination de l’angle facial plus facile, M. Colin recommande de placer son sommet dans un point invariable, qui est l’extrémité inférieure des intermaxillaires, à la sortie des dents incisives (fig. 136 du texte).
L’angle facial du cheval obtenu par la méthode de Camper ainsi modifiée est de 14° chez l’animal adulte et de 20° chez le poulain de quelques jours.
Il est à remarquer que le cheval, qui est incontestablement le plus intelligent des animaux domestiques après le chien et le chat, ne vient que le dernier de tous pour l’ouverture de l’angle facial. Cela seul prouve que cet angle ne peut donner la mesure relative de l’intelligence des animaux comparés les uns aux autres.
Appendice
I. — Os de la tête
Le crâne et la face comprenant un grand nombre d’os de formes à la fois très variées et très compliquées, il nous a paru à peu près indispensable de décrire sommairement chacun de ces os.
Le lecteur trouvera dans cette description le complément utile, sinon indispensable, du chapitre précédent60 .
Bien que très nombreux et parfaitement séparés, au moins dans le jeune âge, les os du crâne et de la face sont constitués, d’après la plupart des anatomistes, par quatre vertèbres transformées.
Partant même de ce point que les vertèbres constituent tout le squelette des animaux vertébrés en dehors des appendices représentés par les membres ; que les corps vertébraux sont complétés par deux parties annulaires : une supérieure (arc neural), logeant la mœlle épinière ; une inférieure (arc viscéral, formé par les côtes), emprisonnant les organes digestifs, respiratoires, etc., il a été possible de retrouver, par voie d’analogie, les arcs neuraux dans les os de la boîte crânienne, et les éléments des arcs viscéraux dans les os de la face.
A. — Os du crâne
Situé à la partie supérieure de la tête, le crâne comprend sept os, dont cinq sont impairs : l’occipital, le pariétal, le frontal, le sphénoïde, l’ethmoïde ; un seul est pair, c’est le temporal.
p. 364Ces os circonscrivent la boîte crânienne.
1° Occipital (Pl. VII ; fig. 1, A, B. B). — L’occipital occupe la partie supérieure et postérieure du crâne, et s’articule avec l’extrémité antérieure de la tige rachidienne. Il se coude à angle droit en avant et en arrière, et présente une face externe, une face interne et un contour.
La face externe donne naissance, antérieurement, aux crêtes pariétales (Pl. VII ; fig. 1, D) et porte, à l’endroit où l’os se coude, une grosse éminence transversale dite protubérance occipitale externe (Pl. VII ; fig. 1, A), formant la base de la nuque.
En arrière de cette éminence existe encore une autre saillie, la tubérosité cervicale, sur laquelle s’attache le ligament cervical.
Enfin, plus bas, on trouve le trou occipital, qui fait communiquer la cavité crânienne avec le canal rachidien, et sur les côtés duquel sont : 1° deux condyles (Pl. VII ; fig. 2, X, B, et fig. 139, 2. 2, du texte) ; 2° deux apophyses styloïdes (Pl. VII ; fig. 2, X, C, et fig. 130, 3, du texte) séparées des condyles par l’échancrure stylo-condylienne ; puis l’apophyse basilaire, qui va à la rencontre du sphénoïde (Pl. VII ; fig. 2, X, L, et fig. 139 du texte, 5), et, en dernier lieu, la ligne courbe supérieure (Pl. VII ; fig. 1, B. B), prolongeant latéralement la protubérance occipitale.
La face interne, concave, présente en avant une saillie trifaciée, la protubérance occipitale interne ; en bas, la face supérieure de l’apophyse basilaire, et répond à l’encéphale.
Par son contour, l’occipital s’unit au pariétal, à la portion tubéreuse du temporal et au sphénoïde. Postérieurement, ce contour est marqué par les côtés de l’apophyse basilaire et concourt à la formation du trou déchiré (fig. 139 du texte, 6), vaste ouverture irrégulière pénétrant dans le crâne, et divisée par un ligament, à l’état frais, en trou déchiré antérieur et en trou déchiré postérieur.
2° Pariétal (Pl. VII ; fig. 1, C). — Cet os s’incurve en voûte pour former le plafond de la boîte crânienne et se trouve borné, en haut, par l’occipital ; en bas, par le frontal ; latéralement, par les temporaux.
Il présente à étudier une face externe, une face interne et un contour.
La face externe, convexe, rugueuse, est divisée par deux crêtes courbes dites pariétales (Pl. VII ; fig. 1, D), qui, divergeant en bas, vont se réunir au bord supérieur de chaque orbite.
La face interne, concave, porte sur la ligne médiane une crête dite gouttière sagittale, et forme le plafond de la boîte crânienne.
Par son contour divisé en quatre bords, le pariétal s’articule avec les os voisins.
3° Frontal (Pl. VII ; fig. 1, E). — Coudé à angle droit sur les côtés, le frontal concourt à former la voûte crânienne et une partie de la face.
Il est borné : en haut, parle pariétal ; en bas, par les sus-nasaux et les lacrymaux ; de chaque côté, par les temporaux.
On lui reconnaît une face externe, une face interne, et quatre bords.
La face externe est divisée par la double coudure de l’os en trois parties : une médiane et deux latérales. La première, convexe dans le jeune âge, aplatie à l’âge adulte, présente, de chaque côté, une éminence dite apophyse orbitairep. 365p. 366 (Pl. VII ; fig. 1, F), recourbée en arrière pour former l’arcade orbitaire, et percée à sa base d’un trou appelé sus-orbitaire ou sourcilier (Pl. VII ; fig. 1, G).
Fig. 137. — Os antérieurs de la tête d’un fœtus à terme (cheval), désarticulés et vus en arrière
Les deux parties latérales de la face externe concourent en grande partie à la formation des orbites.
La face interne, concave, se trouve divisée en deux parties inégales par un relief transversal ; la partie supérieure, la plus étendue, présente une crête médiane qui se continue, en haut, avec une crête semblable du pariétal, en bas, avec l’apophyse crista-galli. La partie inférieure concourt à la formation de l’arrière-fond des cavités nasales et présente, latéralement, deux larges ouvertures qui pénètrent dans les sinus frontaux, vastes anfractuosités creusées entre les deux lames de l’os.
Par ses bords, le frontal se met en rapport avec les os voisins.
4° Ethmoïde (Pl. VII ; fig. 2, X, verso, G, H). — Situé à la partie antéro-inférieure du crâne, l’ethmoïde est un os léger, fragile, enclavé entre le frontal, le sphénoïde, le vomer, les palatins et les maxillaires supérieurs.
Il comprend trois parties : une lame perpendiculaire et deux masses latérales (fig. 137 du texte, D, E.E).
Située sur la ligne médiane et aplatie d’un côté à l’autre, la lame perpendiculaire de l’ethmoïde offre à étudier deux faces, l’une droite, l’autre gauche, tapissées par la muqueuse dite pituitaire, et quatre bords.
Les bords seuls exigent une description spéciale :
Le bord supérieur regarde le centre de la cavité crânienne et constitue l’apophyse crista-galli (Pl. VII ; fig. 2, X, verso, D).
Le bord inférieur se continue avec la lame cartilagineuse qui sépare les fosses nasales.
Le bord antérieur se soude avec la cloison verticale qui sépare les sinus frontaux.
Le bord postérieur s’unit, en haut, à la lame médiane qui sépare les sinus sphénoïdaux ; en bas, il se confond avec le vomer.
Les masses latérales de l’ethmoïde sont représentées par deux grosses tubérosités piriformes placées de chaque côté de la lame perpendiculaire et résultant de la réunion d’un grand nombre de lamelles osseuses très minces, roulées en petits cornets excessivement fragiles connus sous le nom de volutes ethmoïdales.
Leur surface intérieure est creusée de canaux très diverticulés s’ouvrant dans les cavités nasales.
5° Sphénoïde (Pl. VII ; fig. 2, X, verso, F, et fig. 139, 16, 16’, du texte). — Situé à la partie postérieure du crâne, dont il forme la base, entre l’occipital, l’ethmoïde, les palatins, le vomer, les ptérygoïdiens, le frontal et les temporaux, cet os est incurvé d’un côté à l’autre, épais dans sa partie moyenne, qui prend le nom de corps, et aminci sur les côtés, qui se prolongent inférieurement en forme d’ailes. Il présente deux faces et quatre bords.
La face externe, dont la partie médiane est figurée par le corps, présente sur ses côtés et en bas l’apophyse sous-sphénoïdale ou ptérygoïde (fig. 139 du texte, 17), aplatie d’un côté à l’autre et articulée avec le palatin et le ptérygoïdien ; puis, un peu en arrière, le conduit sous-sphénoïde (fig. 139 du texte, 18) et enfin p. 367l’hiatus orbitaire (fig. 139 du texte, 19), vestibule où aboutissent plusieurs conduits.
La face interne, concave d’un côté à l’autre, soutient le cerveau et offre sur la ligne médiane : la fossette optique (fig. 138 du texte, 5), présentant à son fond l’orifice supérieur du conduit optique ; la fosse sus-sphénoïdale ou pituitaire, encore appelée selle turcique ; puis, de chaque côté, les trois conduits sus-sphénoïdaux qui viennent aboutir dans l’hiatus orbitaire.
Fig. 138. — Os postérieurs de la tête d’un fœtus à terme (cheval) désarticulés et vus en avant.
Le bord supérieur s’articule avec le sommet de l’apophyse basilaire.
Le bord inférieur, dans sa partie moyenne, est creusé de deux larges cavités qui appartiennent aux sinus sphénoïdaux. Ces cavités sont séparées l’une de l’autre par une lame osseuse verticale qui se soude avec la lame perpendiculaire de l’ethmoïde.
Les deux bords latéraux s’articulent avec le frontal et le temporal.
6° Temporal (Pl. VII ; fig. 1, H, et fig. 2, X, E). — Placés de chaque côté de la boîte crânienne, les temporaux s’articulent avec l’occipital, le pariétal, le frontal, le sphénoïde, le zygomatique, le maxillaire inférieur et l’hyoïde.
p. 368Chacun d’eux comprend deux pièces non soudées chez le cheval : la portion écailleuse et la portion tubéreuse.
Fig. 139. — Tête de cheval (face postérieure).
Portion écailleuse (Pl. VII ; fig. 1, H). — Légèrement incurvée en écaille, cette portion présente une face externe, une face interne et un contour.
p. 369La face externe fait partie de la fosse temporale, et donne naissance, vers son milieu, à l’apophyse zygomatique (Pl. VII ; fig. 1, I), dont la base porte, en arrière, pour répondre au maxillaire inférieur, un condyle (Pl. VII ; fig. 2, X, J’) allongé transversalement et une cavité glénoïde (Pl. VII ; fig. 2, X, K), celle-ci limitée en bas par le condyle, en haut par une éminence dite sus-condylienne (Pl. VII ; fig. 2, X, J.)
La face interne ou cérébrale est divisée en deux parties par une gouttière verticale qui, en se réunissant à une semblable gouttière du pariétal, forme le conduit pariéto-temporal. La partie supérieure s’articule avec le rocher.
Par son contour, la portion écailleuse du temporal répond au pariétal, au frontal, au sphénoïde et à l’occipital.
Portion tubéreuse. — Cette pièce du temporal est excessivement intéressante à étudier, en ce sens qu’elle est creusée de deux systèmes de cavités qui renferment les principaux organes de l’appareil auditif : l’oreille interne et l’oreille moyenne ; mais ces cavités ayant été décrites en même temps que l’appareil de l’audition, nous nous contenterons de dire un mot ici de la surface extérieure de la portion tubéreuse du temporal, à laquelle nous reconnaîtrons quatre faces, un sommet et une base.
La face externe s’unit à la portion écailleuse.
La face interne présente le conduit ou l’hiatus auditif interne, petite fossette percée de plusieurs trous qui livrent passage à des nerfs, et dont la plupart pénètrent dans les cavités de l’oreille interne.
Au point de réunion de la face externe et de la face postérieure, on voit la crête mastoïdienne, qui se termine vers la base de l’os par une tubérosité dite apophyse mastoïde (Pl. VII ; fig. 2, X, G).
La base est irrégulière et présente, en dehors, le conduit auditif externe, qui pénètre dans l’oreille moyenne, et dont l’orifice extérieur a été nommée hiatus auditif externe (Pl. VII ; fig. 2, X, F).
Le sommet s’articule avec l’occipital.
B. — Os de la face
Beaucoup plus étendue que le crâne, chez le cheval, la face se compose de deux mâchoires : une supérieure, une inférieure.
La mâchoire supérieure est formée de dix-neuf os larges, dont un seul, le vomer, est impair ; les os pairs sont : les maxillaires supérieurs, les inter-maxillaires, les palatins, les ptérygoïdiens, les zygomatiques, les lacrymaux, les nasaux, les cornets supérieurs et les cornets inférieurs.
La mâchoire inférieure comprend un seul os : le maxillaire inférieur.
a. — Mâchoire supérieure
1° Maxillaire supérieur ou grand sus-maxillaire (Pl. VII ; fig. 1, P).
— Cet os, le plus volumineux de la mâchoire supérieure, s’articule : en haut, avec le frontal, le palatin, le zygomatique et le lacrymal ; en bas, avec l’inter-maxillaire ;p. 370 en avant, avec le sus-nasal ; en arrière et en dedans, avec celui du côté opposé.
On lui reconnaît trois faces, trois bords et deux extrémités.
La face externe présente : 1° une crête verticale se continuant, en haut, avec le zygomatique ; c’est l’épine maxillaire (Pl. VII ; fig. 1, P’) ; 2° le trou sous-orbitaire, orifice inférieur du conduit sus-maxillo-dentaire (Pl. VII ; fig. 1, Q).
La face interne, excavée et diverticulée, concourt à former la paroi externe des cavités nasales. Elle est divisée en deux parties : 1° une supérieure, qui donne attache au cornet maxillaire et présente l’orifice inférieur du conduit lacrymal, lequel se continue ensuite par une scissure jusqu’à l’extrémité inférieure de l’os ; 2° une inférieure, légèrement concave, formant le plancher des fosses nasales.
La face inférieure ou postérieure, à peu près plane, prend encore le nom de face palatine (fig. 139, du texte, 23), et se trouve parcourue, suivant sa longueur, par la gouttière ou scissure palatine.
Le bord antérieur répond au sus-nasal, à l’intermaxillaire, au lacrymal et au zygomatique.
Le bord externe ou inférieur est très épais et creusé de six grandes cavités nommées alvéoles, dans lesquelles sont implantées les dents molaires (Pl. VII ; fig. 2, X, S). Au-dessous du premier alvéole, ce bord devient tranchant et fait partie de l’espace interdentaire, qui sépare les dents molaires des dents incisives (Pl. VII ; fig. 2, X, Y).
Le bord interne met en rapport la face palatine avec l’analogue du côté opposé.
L’extrémité supérieure, la plus grosse, forme une protubérance à l’intérieur de laquelle existe un diverticulum du sinus maxillaire.
Extérieurement, elle présente une excavation assez profonde, au fond de laquelle s’ouvrent le trou nasal et le conduit sus-maxillo-dentaire ; c’est l’hiatus maxillaire, situé immédiatement en regard de l’hiatus orbitaire.
L’extrémité inférieure est creusée d’une cavité qui, en s’unissant à une cavité semblable du petit sus-maxillaire, forme l’alvéole du crochet (Pl. VII ; fig. 2, X, X).
2° Intermaxillaire, Petit sus-maxillaire, ou os incisif (Pl. VII ; fig. 1, R).
— Situé à l’extrémité inférieure de la tête, cet os se compose d’un corps ou base et de deux apophyses.
La face interne de la base s’unit à l’os du côté opposé, et se trouve traversée, d’avant en arrière, par une scissure qui forme avec la scissure correspondante de l’autre intermaxillaire, le conduit ou trou incisif (Pl. VII ; fig. 1, S).
La face externe ou labiale est recouverte par les lèvres.
La face postérieure, ou buccale, présente la continuation de la scissure palatine.
Des trois bords, l’externe mérite seul d’être étudié : il présente une ligne courbe à concavité tournée en haut, qui se trouve creusée de trois alvéoles pour loger les dents incisives.
L’apophyse externe (Pl. VII ; fig. 1, R’), continue la base et s’insinue, par son sommet, entre le maxillaire supérieur et le sus-nasal.
L’apophyse interne figure une languette osseuse mince et aplatie, séparée du reste de l’os par l’échancrure dite ouverture ou fente incisive (Pl. VII ; fig. 1, V).
p. 3713° Palatin (fig. 139, du texte, 22). — Les os palatins circonscrivent, en se réunissant, l’ouverture gutturale des cavités nasales et s’articulent avec le maxillaire supérieur, le sphénoïde, l’ethmoïde, le vomer, le frontal, et les ptérygoïdiens. Ils sont allongés de haut en bas, aplatis dans le sens latéral, et recourbés l’un vers l’autre à leur extrémité antéro-inférieure, qui s’aplatit d’avant en arrière.
4° Ptérygoïdien (fig. 139, du texte, 20). — C’est le plus petit des os de la tête. Situé en dedans du palatin, juxtaposé sur cet os, il représente, à proprement parler, une simple apophyse palatine.
5° Zygomatique (Pl. VII ; fig. 1, N, et fig. 2, X, P). — Encore appelé os malaire, os jugal, le zygomatique est aplati d’un côté à l’autre, situé sur le côté de la face et articulé avec le maxillaire supérieur, le lacrymal et le temporal.
Sa face externe, par sa partie supérieure, concourt à la formation de la cavité orbitaire.
Sa face interne est excavée et répond au sinus maxillaire.
Des deux bords, le postérieur ou massétérin constitue la crête zygomatique, qui se soude : en haut, avec l’apophyse de même nom ; en bas, avec l’épine maxillaire.
6° Lacrymal (Pl. VII ; fig. 1, L). — Petit os très mince coudé sur lui-même à angle droit, placé sous l’orbite qu’il concourt à former, le lacrymal se trouve compris entre le frontal, le zygomatique, le sus-nasal et le grand susmaxillaire.
Sa face externe, divisée en deux parties par la coudure de l’os, présente, dans sa partie supérieure, l’orifice du conduit lacrymal et la fossette lacrymale.
Dans sa partie inférieure, cette même face est pourvue d’un tubercule où s’attache l’orbiculaire des paupières, le tubercule lacrymal (Pl. VII ; fig. 1, M).
Sa face interne concourt à la formation des sinus frontal et maxillaire.
7° Sus-nasal (Pl. VII ; fig. 1, K). — Situés tout à fait à la partie antérieure de la tête, entre le frontal, les lacrymaux et les grands sus-maxillaires, les sus-nasaux, ou os propres du nez, présentent à étudier deux faces, deux bords, une base et un sommet.
La face externe est convexe d’un côté à l’autre.
La face interne, concave, forme, avec celle de l’os opposé, le plafond des fosses nasales proprement dites.
La base occupe l’extrémité supérieure de l’os.
Le sommet, pointu, constitue le prolongement ou l’apophyse nasale (Pl. VII ; fig. 1, X).
8° Cornets (Pl. VII ; fig. 2, X, verso, J, H). — Au nombre de quatre, deux de chaque côté, les cornets sont couchés verticalement, côte à côte, sur la paroi externe des fosses nasales, qu’ils divisent en trois méats ou gouttières.
Le cornet antérieur, supérieur ou ethmoïdal (Pl. VII ; fig. 2, X, verso, H), est constitué par une lame de tissu mince, fragile, papyracée, fixée à la face interne du sus-nasal, roulée sur elle-même, et prolongée inférieurement par une charpente fibro-cartilagineuse jusqu’à l’orifice externe du nez.
Le cornet postérieur, inférieur, ou maxillaire (Pl. VII, fig. 2, X, verso, J), ressemble sensiblement au premier et s’attache à la face interne du grand sus-maxillaire.
p. 372Les méats sont distingués en antérieur ou supérieur, moyen et postérieur ou inférieur (Pl. VII ; fig. 2, X, verso, M, N, O).
Les cornets ont pour but principal de fournir à la membrane du nez (pituitaire) une vaste surface de développement.
9° Vomer (fig. 139 du texte, 21). — Cet os impair, aplati d’un côté à l’autre, s’étend, sur la ligne médiane, du corps du sphénoïde au petit sus-maxillaire, sous le bord inférieur de la cloison du nez, à laquelle il sert de support.
b. — Mâchoire inférieure
10° Maxillaire inférieur (Pl. VII ; fig. 2, VI). — Non soudé avec aucun des os précédents, le maxillaire inférieur s’articule avec les temporaux par son extrémité supérieure.
Il a la forme d’un V et présente un corps et deux branches.
Le corps (A), arrondi extérieurement, soutient la lèvre inférieure et la partie libre de la langue, porte les incisives (D), les crochets inférieurs (E), et sert de base aux barres (L).
Il présente également, sur ses côtés et en haut, le trou mentonnier (C), orifice inférieur du conduit maxillo-dentaire.
Les branches (B), aplaties d’un côté à l’autre, plus larges en haut qu’en bas, recourbées en avant dans leur tiers supérieur, réunies inférieurement au corps, limitent entre elles un espace dit intra-maxillaire. On leur reconnaît deux faces, deux bords et deux extrémités.
La face externe est lisse inférieurement, rugueuse supérieurement.
La face interne présente, en haut, l’orifice supérieur du conduit maxillo-dentaire.
Le bord antérieur présente six alvéoles pour recevoir les dents molaires inférieures (F).
Le bord postérieur, divisé comme le précédent en une partie droite et en une partie recourbée par la scissure maxillaire (G), est épais dans sa partie rectiligne, chez le jeune animal, et devient plus ou moins tranchant avec les progrès de l’âge.
L’extrémité supérieure porte une surface articulaire pour répondre au temporal : un condyle (J) et une apophyse dite coronoïde (H), séparés par l’échancrure sigmoïde (K).
11° Hyoïde (fig. 140 du texte). — Bien que l’hyoïde ne puisse être compris dans les os de la tête, nous le décrirons immédiatement après ceux-ci, grâce aux connexions qu’il a avec eux.
Situé entre les deux branches du maxillaire inférieur, dans une direction oblique de haut en bas et d’arrière en avant, l’hyoïde sert de support à la langue, au larynx, au pharynx, et résulte de la réunion de plusieurs pièces distinctes disposées en trois séries : le corps (5) et deux branches (3. 3, 7. 7,).
Le corps présente un prolongement ou appendice antérieur (6), qui se plonge dans la langue, et deux appendices latéraux dits cornes thyroïdiennes, répondant au larynx (4. 4).
p. 373Les branches se composent de deux pièces : la première, corne styloïdienne ou kératoïdienne, petite corne (7.7), est en rapport avec le corps. La deuxième, la plus grande, constitue l’os, l’apophyse kératoide, ou encore la grande branche (3. 3), dont l’extrémité supérieure s’unit au prolongement hyoïdien du temporal.
Fig. 140 — Hyoïde.
II. — Nerfs crâniens ou encéphaliques
(Voy. fig. 115 et 116 du texte)
L’encéphale donne naissance à un certain nombre de nerfs dits crâniens, régulièrement disposés à droite et à gauche de la masse encéphalique, et distingués, par ce fait même, en première, deuxième, troisième paires, etc.
Le tableau que nous intercalons (pages 374 et 375) permettra au lecteur d’embrasser d’un seul coup d’œil l’ordre de succession, l’origine, les divisions principales, la distribution et les propriétés de ces nerfs.
III. — Vaisseaux artériels de la tête
(Voy. fig. 115 et 116 du texte)
Les artères carotides primitives, dont les branches terminales amènent le sang dans les différentes parties de la tête, naissent de l’artère axillaire, près de son origine, par un tronc commun, le tronc céphalique (Voy. IIIe partie, chap. II, § 1, Cou, et fig. 144 du texte), qui se termine, vers l’entrée de la poitrine, par une bifurcation commençant les deux carotides primitives.
Chacune de celles-ci monte alors le long de la trachée et arrive ainsi près du larynx et de la poche gutturale, où elle se divise en trois branches : les p. 374-375
NOMS. | ORIGINE. | DIVISIONS PRINCIPALES. | DISTRIBUTION. | PROPRIÉTÉS. | ||||
1re PAIRE OU NERFS OLFACTIFS. | Hémisphères cérébraux (lobes olfactifs) et isthme de l’encéphale, auquel les fibres de cette paire se rattachent à travers le corps striés. | ,, | ,, | Cloison médiane du nez et volutes ethmoïdales. | Nerfs des sensations spéciales. | |||
2e PAIRE OU NERFS OPTIQUES. | Isthme de l’encéphale (tubercules quadri-jumeaux). | ,, | ,, | Globe de l’œil. | ||||
3e PAIRE OU NERFS OCULO-MOTEURS COMMUNS. | Isthme de l’encéphale (pédoncules cérébraux). | ,, | ,, | Muscles de l’œil moins le droit externe, le grand oblique, et le droit postérieur. | Nerfs moteurs à simple racine. | |||
4e PAIRE OU NERFS PATHÉTIQUES. | Isthme de l’encéphale (pédoncules cérébraux). | ,, | ,, | Muscle grand oblique de l’œil. | ||||
5e PAIRE OU NERFS TRIJUMEAUX. | Isthme de l’encéphale (protubérance annulaire). | 1°. BRANCHES OPHTALMIQUES. | 1. Nerf frontal. | Paupière supérieure et front. | Nerfs mixtes à double racine. | |||
2. Nerf lacrymal. | Appareil lacrymal, muscles et téguments de l’oreille externe. | |||||||
3. Nerf palpébro-nasal. | Appareil lacrymal et pituitaire. | |||||||
2° NERF MAXILLAIRE SUPÉRIEUR. | 1. Rameau orbitaire. | Paupières. | ||||||
2. Grand nerf palatin. | Voile du palais, palais et gencives. | |||||||
3. Nerf stophylin. | Voile du palais. | |||||||
4. Nerf nasal. | Membrane pituitaire. | |||||||
5. Nerfs dentaires. | Molaires, crochets et incisives. | |||||||
6. Rameaux sous-orbitaires. | Côté du chanfrein. | |||||||
3° NERF MAXILLAIRE INFÉRIEURE. | 1. Nerf massétérin. | Muscle masséter. | ||||||
2. — buccal. | Glande molaire, muqueuse des joues et des lèvres. | |||||||
3. — du muscle ptérygoïdien interne. | Muscle ptérygoïdien interne. | |||||||
4. — temporal superficie. | Poche gutturale, parotide et téguments de la région temporale. | |||||||
5. — lingual. | Muqueuse linguale. | |||||||
6. — mylo-hyoïdien. | Muscle mylo-hyoïdien. | |||||||
7. Rameaux dentaires. | Dents. | |||||||
8. Nerfs mentonniers. | Lèvre inférieure. | |||||||
6e PAIRE OU NERFS OCULO-MOTEURS EXTERNES. | Isthme de l’encéphale (bulbe rachidien). | ,, | ,, | Muscles droit externe et droit postérieur de l’œil. | Nerfs moteurs à racine simple | |||
7e PAIRE OU NERFS TRIFACIAUX. | Isthme de l’encéphale (bulbe rachidien). | 1° BRANCHES COLLATÉRALES. | 1. Grandnerf pétreux surperficiel. | Traverse le rocher (temporal et va se jeter dans le ganglion de Meckel (hiatus orbitaire). | ||||
2. Petit nerf pétreux superficiel. | Ganglion optique. | |||||||
3. Filet du muscle de l’étrier. | Muscle de l’étrier. | |||||||
4. Corde du tympan. | Oreille interne. | |||||||
5. Rameau anastomotique du pneumogastrique. | Rejoint le pneumogastrique. | |||||||
6. Nerf du stylo-hyoïdien. | Muscle stylo-hyoïdien. | |||||||
7. Nerf du digastrique. | Muscle digastrique. | |||||||
8. Nerf du grand kératohyoïdien. | Muscle grand kérato-hyoïdien. | |||||||
9. Rameau cervical. | Muscle peaucier du cou. | |||||||
10. Filets pour la poche gutturale et la parotide. | Poche gutturale et glande parotide. | |||||||
11. Nerf auriculaire postérieur. | Muscles postérieurs de l’oreille. | |||||||
12. Nerf auriculaire moyen. | Tégument intra-conchinien. | |||||||
13. Nerf auriculaire antérieure. | Muscles antérieurs de l’oreille et du chanfrein. | |||||||
2° BRANCHES TERMINALES. | 14. Plexus sous-zygomatique. | Tissu des joues, des lèvres et des naseaux. | ||||||
8e PAIRE, NERFS AUDITIFS OU NERFS ACOUSTIQUES. | Isthme de l’encéphale (bulbe rachidien). | ,, | ,, | Oreille interne. | Nerfs des sensations spéciales. | |||
9e PAIRE OU NERFS GLOSSO-PHARYNGIENS. | Isthme de l’encéphale (bulbe rachidien). | 1° BRANCHES COLLATÉRALES. | 1° Rameau de Jacobson. | Membrane de la caisse du tympan. | Nerfs mixtes à double racine. | |||
2. Filets de communication avec leganglion cervical supérieur. | Ganglion cervical supérieur. | |||||||
3. Branche destinée au plexus carotidien. | Poche gutturale. | |||||||
4. Rameau pharyngien. | Pharynx. | |||||||
2° BRANCHES TERMINALES. | Ramuscules linguaux. | Muqueuse de la base de la langue. | ||||||
10e PAIRE, NERFS VAGUES, NERFS PNEUMOGASTRIQUES. | Isthme de l’encéphale (bulbe rachidien). | 1° BRANCHES COLLATÉRALES. | 1. Filets de communication avec le ganglion cervical supérieur. | Ganglion cervical supérieur. | ||||
2. Rameau pharyngien. | Pharynx et œsophage. | |||||||
3. Nerf laryngé supérieur. | Muqueuse du larynx, de la langue et de l’œsophage. | |||||||
4. Filets de communication avec le ganglion cervical inférieur. | Ganglion cervical inférieur. | |||||||
5. Nerf laryngé inférieur. | Muscles intrinsèques du larynx moins le crico-thyroïdien ; trachée et œsophage. | |||||||
2° BRANCHES TERMINALES. | 1. Plexus bronchique. | Muqueuse des bronches. | ||||||
2. Cordons œsophagiens. | Sac droit et sac gauche de l’estomac. | |||||||
11e PAIRE, NERFS SPINAUX OU NERFS ACCESSOIRES DES PNEUMOGASTRIQUES. | Mœlle cervicale (ces nerfs remontent dans le canal rachidien jusqu’auprès du pneumogastrique avec lequel ils sortent de la cavité crânienne). | ,, | ,, | Ganglion cervical supérieur, glande maxillaire, muscles sterno-maxillaire, mastoïdo-huméral et trapèze cervical. | Nerfs moteurs à racine simple. | |||
12e PAIRE OU NERFS GRANDS HYPOGLOSSES. | Isthme de l’encéphale (bulbe rachidien). | ,, | ,, | Muscles de la langue. |
1°. ARTÈRE OCCIPITALE. | BRANCHES COLLATÉRALES. | 1. Artère pré-vertébrale. 2. — mastoïdienne. 3. — atloïdo-musculaire. | ||||||
BRANCHES TERMINALES. | 1. Artère occipito-musculaire. 2. Artère cérébro-spinale*. | |||||||
2° ARTÈRE CAROTIDE INTERNE. | 1. Artère communicante postérieure. 2. Artère cérébrale moyenne. 3. Artère cérébrale antérieure. | |||||||
3° ARTÈRE CAROTIDE EXTERNE. | BRANCHES COLLATÉRALES. | 1° Artère maxillaire externe, faciale, ou glosso-faciale... | 1. Artère pharyngienne. 2. — linguale. 3. — sublinguale. 4. — coronaire inférieure. 5. — coronaire supérieure. | |||||
2° Artère maxillo-musculaire. 3° Artère auriculaire postérieure. | ||||||||
BRANCHES TERMINALES. | 1°Artère temporale superficielle. | 1. Artère auriculaire antérieure. 2. Artère sous-zygomatique. | ||||||
2° Artère maxillaire interne ou gutturo-maxillaire.. | Branches collatérales. | 1. Artère dentaire inférieure. 2. Artères ptérygoïdiennes. 3. Artères tympanique. 4. — sphéno-épineuse. 5. Artère temporale profonde postérieure. 6. Artère temporale profonde postérieure. 7. Artère ophtalmique. 8. — buccale. 9. — staphyline. 10. Artère dentaire supérieure. 11. Artère nasale ou sphéno-palatine. | ||||||
Branches terminale. | Artère palato-labiale ou palatine. |
Chapitre II
Corps ou tronc
Le corps ou tronc est la plus importante des trois grandes divisions du cheval ; c’est lui qui, en dehors de la tête et des membres, forme toute la masse de l’animal.
Afin de faciliter la description des différents organes qu’il renferme, nous le subdiviserons en deux régions secondaires : 1° le cou ou encolure ; 2° le tronc proprement dit, comprenant lui-même le thorax, l’abdomen et le bassin.
§ I — Cou ou encolure
(PI. VIII)
Le cou supporte antérieurement la tête et se trouve situé entre celle-ci et le tronc, dans une direction qui varie suivant les animaux, mais que nous supposerons toujours oblique à 45 degrés.
Nous avons vu quelle était son importance en extérieur (Voy. IIe partie, Encolure) ; les quelques lignes que nous allons consacrer ici à sa structure et au rôle physiologique des organes qu’il renferme feront mieux ressortir les avantages et les inconvénients de telle ou telle conformation de cette région.
Eu égard à la forme générale de l’encolure, on peut la comparer à une pyramide aplatie d’un côté à l’autre, dont la base répondrait à son extrémité postéro-inférieure, et le sommet à son extrémité antéro-supérieure. On lui reconnaît, en outre, une face gauche et une face droite, un bord supérieur et un bord inférieur. Enfin, les anatomistes distinguent encore, dans le cou, une région supérieure ou spinale et une région inférieure ou trachélienne.
I. — Premier plan
Muscle peaucier du cou
Immédiatement sous la peau, qu’elle sépare des différents organes p. 378du cou, de l’auge et de la face, se trouve l’expansion membraniforme connue sous le nom de peaucier du cou.
Cette expansion comprend une partie charnue (1) et une partie aponévrotique (2). La première forme, au bord inférieur de la région, une mince bandelette qui part du prolongement trachélien du sternum, s’unit sur la ligne médiane à celle du côté opposé, et gagne, en s’amincissant graduellement, le fond de l’auge et les joues. L’aponévrose, qui continue en dehors et en haut la portion charnue, est très mince et se répand sur les faces latérales de l’encolure, la région parotidienne, les joues et la crête zygomatique, où elle s’attache.
Près de la commissure des lèvres, le peaucier cervical s’unit à l’alvéolo-labial par un faisceau charnu appelé, chez l’homme, risorius de Santorini (Voy. Pl. VII ; fig. 2, III, 13).
Par suite de la présence et des caractères particuliers de cette expansion musculo-aponévrotique, les reliefs musculaires ne sont guère apparents, sous la peau de la région cervicale, qu’au-dessus de la saillie arrondie qui, répondant aux vertèbres cervicales, parcourt toute la longueur des faces latérales de l’encolure. Dans ce point, en effet, chez les chevaux fins et énergiques, existe un espace régulièrement triangulaire où se voient les digitations et la direction des muscles splénius et angulaire de l’omoplate.
C’est là une particularité sur laquelle les peintres feront bien de s’arrêter un instant.
Le peaucier affermit la contraction des muscles sous-jacents ; mais il ne peut guère avoir d’action sur la peau, à laquelle il n’adhère que faiblement.
II. — Deuxième plan
Muscle parotido-auriculaire et glande parotide
À la face interne du peaucier cervical, vers la limite de la tête et de l’encolure, on trouve le muscle parotido-auriculaire (2) recouvrant la glande parotide et son canal excréteur (1).
Ces organes ayant été décrits à propos de la tête (Voy. pl. VII ; fig. 2, I, 1, 12), nous n’y reviendrons pas ici.
III. — Troisième plan
Muscles mastoïdo-huméral et sterno-maxillaire. Veine jugulaire
Situé au-dessous de la glande parotide et des muscles de l’oreille à son extrémité supérieure, directement en rapport avec la face interne du peaucier dans le reste de son étendue, le muscle mastoïdo-huméral (1, 2, 3, 4) occupe presque à lui seul le troisième plan. Étendu du sommet de la tête au bras, ce muscle s’applique sur l’angle scapulonuméral (Voy. Pl. VIII, IV, D) et le côté de l’encolure, en suivant une direction oblique de bas en haut et d’arrière en avant.
On lui reconnaît deux portions accolées longitudinalement l’une à l’autre, et distinguées en antérieure et en postérieure.
La portion antérieure ou superficielle (1) s’étend de l’humérus (empreinte deltoïdienne) à la tête (apophyse mastoïde du temporal). Son bord antéro-inférieur, parallèle au sterno-maxillaire, s’en trouve séparé par un interstice qui loge la veine jugulaire (6), dont nous dirons un mot dans un instant.
La portion postérieure ou profonde (3), plus courte que la première, s’attache, en haut, sur les apophyses transverses des quatre premières vertèbres cervicales par autant de languettes charnues que recouvre la portion superficielle ; inférieurement, elle s’élargit sur l’angle scapulo-huméral, s’unit intimement à cette dernière portion et se termine avec elle sur l’humérus.
Ce muscle recouvre en partie les 4e, 5e, 6e, 7e et 8e plans.
Il joue un rôle différent suivant que son point fixe est supérieur ou inférieur : si celui-ci est inférieur, le mastoïdo-huméral incline de côté la tête et le cou ; si, au contraire, ce point fixe est supérieur, il porte le membre antérieur tout entier en avant, quand l’animal le soulève pour entamer le terrain.
Il s’ensuit que l’action de ce muscle est d’autant plus facile et énergique qu’il a une meilleure direction par rapport au bras de levier sur lequel il agit, une plus grande longueur, et un volume plus considérable. Or, ces diverses conditions se trouvant réunies avec une encolure modérément oblique, longue et bien musclée, on comprend maintenant pourquoi nous avons avancé, en extérieur (Voy. IIe partie, Épaule), que l’épaule est d’autant plus belle et ses mouvements plus faciles que l’encolure est elle-même mieux conformée.
p. 380Le muscle sterno-maxillaire (5) concourt, de concert avec le précédent, à former le troisième plan. Situé en avant du cou, sous le peaucier, ce muscle étroit, allongé, parallèle au bord antérieur du mastoïdo-huméral, dont il se trouve séparé par la dépression longitudinale dite gouttière de la jugulaire, qui loge la veine du même nom, s’étend du prolongement trachélien du sternum (insertion fixe) au bord refoulé du maxillaire inférieur (insertion mobile). Par son bord interne, il s’unit, inférieurement, avec celui du côté opposé.
Il fléchit la tête directement ou de côté, suivant qu’il agit de concert avec son congénère ou suivant qu’il entre seul en action.
Quant à la veine jugulaire (6), dont l’importance mérite une description spéciale, elle commence en arrière du maxillaire inférieur par deux grosses racines ; elle se dirige ensuite en bas, traverse la parotide, s’engage dans la gouttière de la jugulaire, et gagne enfin l’entrée de la poitrine (Voy. fig. 5 du texte, Vue générale de l’appareil de la circulation), où elle se réunit à celle du côté opposé, formant le confluent des jugulaires, auquel aboutit encore, latéralement, la veine axillaire, confluent de toutes les veines du membre antérieur.
Englobée par la parotide à son extrémité supérieure et recouverte par le peaucier du cou dans le reste de son étendue, la jugulaire suit le trajet de l’artère carotide primitive et répond, en dedans et en haut, au muscle scapulo-hyoïdien, qui la sépare de l’artère précédente, du nerf laryngé inférieur et du cordon nerveux résultant de la réunion du pneumogastrique avec la chaîne sympathique (Voy. IIIe partie, chap. II, appendice, III, Nerf grand sympathique) ; tandis que, par son tiers inférieur, elle est en rapport direct avec le vaisseau artériel, placé au-dessus d’elle.
On sait que la jugulaire est la veine où se pratique ordinairement la saignée chez le cheval. Or, maintenant que nous connaissons ses rapports avec l’artère carotide, il est facile de se rendre compte qu’une saignée pratiquée maladroitement peut, non seulement intéresser la jugulaire, mais encore traverser la mince bandelette charnue qui la sépare de l’artère carotide dans le tiers supérieur du cou — où se fait d’ordinaire l’opération — et ouvrir cette artère. D’où hémorrhagie toujours difficile à arrêter, souvent même mortelle, et, conséquemment, indication absolue de ne pas pratiquer la saignée sans raison majeure et à la légère.
IV. — Quatrième plan
Muscles trapèze et angulaire de l'omoplate
Recouvert en avant par le peaucier cervical et le mastoïdo-huméral, en arrière, par le panicule charnu (Voy. Pl. VIII, I, 1), le quatrième plan comprend les muscles superficiels de la base de l’encolure : le trapèze et l’angulaire de l’omoplate, ainsi que le premier rayon du membre antérieur, qui leur sert d’attache postéro-inférieure.
Le muscle trapèze (Pl. VIII, IV, i, 2) se divise en deux parties : la portion dorsale (1) et la portion cervicale (2) ; la première s’attache sur le sommet des apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales ; la seconde, sur la corde du ligament cervical (Voy. Pl. VIII, X, J), et toutes deux viennent se terminer sur la tubérosité de l’épine acromienne de l’omoplate (3).
Ce muscle, dont la portion cervicale appartient seule à la région de l’encolure, élève l’épaule et la porte en avant ou en arrière, suivant que l’une ou l’autre de ses portions entre en action.
L’angulaire de l’omoplate (4), situé en avant de l’épaule et de la portion cervicale du trapèze, prend son origine sur les apophyses transverses des cinq dernières vertèbres cervicales par autant de languettes distinctes, parfaitement visibles sur la planche VIII. Ces languettes se confondent bientôt en arrière, s’engagent sous le trapèze cervical, et vont s’insérer à la face interne de l’omoplate.
L’angulaire tire en avant l’extrémité supérieure de l’épaule, pendant que l’angle scapulo-huméral se porte en arrière. Toutefois, si son point fixe est à l’épaule, il peut incliner l’encolure de côté.
Ce que nous avons dit de l’influence de la conformation de l’encolure sur les mouvements de l’épaule, à propos du mastoïdo-huméral, peut également s’appliquer au trapèze et à l’angulaire de l’omoplate. Car il est évident que ces muscles auront d’autant plus d’action sur le rayon scapulaire qu’ils seront plus longs et plus volumineux, conséquemment que l’encolure sera elle-même plus longue et mieux musclée.
Quant à l’omoplate (A. B) et à l’humérus (C), ils seront étudiés en même temps que le membre antérieur (Voy. IIIe partie, chapitre III, Membres).
V. — Cinquième plan
Muscle rhomboïde
Le muscle rhomboïde (V) forme à lui seul le cinquième plan.
Situé à la face interne de la portion cervicale du trapèze et du cartilage de prolongement de l’omoplate, ce muscle s’attache supérieurement sur la corde du ligament cervical et sur le sommet des apophyses épineuses des quatre ou cinq vertèbres dorsales qui suivent la première (Voy. IIIe partie, chap. II, Face latérale du tronc) ; inférieurement, il se fixe à la face interne du cartilage de prolongement du scapulum.
Il tire l’épaule en haut et en avant.
VI. — Sixième plan
Muscle spénius
Le sixième plan est représenté par un muscle triangulaire considérable, le splénius (VI), formé de gros faisceaux charnus se dirigeant tous en avant et en haut pour gagner la tête et les premières vertèbres cervicales.
Fixé par son bord postérieur à la corde du ligament cervical et aux apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales, ce muscle s’insère, par son bord antérieur, découpé en quatre ou cinq languettes : 1° sur la crête mastoïdienne de l’os temporal, en commun avec le petit complexus (première languette, 1) ; 2° sur l’apophyse transverse de la première vertèbre cervicale, à l’aide d’un tendon commun au splénius, au petit complexus et au mastoïdo-huméral (deuxième languette, 2) ; 3° sur les apophyses transverses des troisième, quatrième et cinquième vertèbres du cou (deux ou trois dernières languettes).
Le splénius étend la tête et le cou de côté ou directement, suivant qu’il agit seul ou de concert avec son congénère.
VII. — Septième plan
Muscles grand et petit complexus. Artère cervicale supérieure
Entièrement recouvert par le splénius, le septième plan comprend les muscles grand et petit complexus.
p. 383Le grand complexus (1, 2) est un muscle puissant, triangulaire, aplati d’un côté à l’autre, appliqué immédiatement contre les faces latérales du ligament cervical, et divisé longitudinalement en deux portions : l’une postérieure (1), l’autre antérieure (2).
La portion postérieure, la plus volumineuse, entrecoupée d’intersections tendineuses qui croisent obliquement sa direction, comme le représente très bien la planche VIII, prend naissance sur le sommet des apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales et sur les apophyses transverses de ces mêmes vertèbres, à l’exception de la première et de la seconde.
La portion antérieure se fixe sur les apophyses transverses des deux premières vertèbres dorsales et sur les côtés des vertèbres cervicales.
Toutes les fibres des deux portions du grand complexus se réunissent supérieurement sur un tendon qui s’insère à la face postérieure de la protubérance occipitale.
L’interstice compris entre ces deux portions livre passage à l’artère cervicale supérieure (fig. 142 du texte, 6), dont les branches se distribuent dans les muscles et les téguments de la région du cou.
Le grand complexus est un puissant extenseur de la tête.
C’est lui surtout qui la rapproche de l’horizontale chez les chevaux portant au vent (Voy. IIe partie, Tête et Encolure) et chez ceux lancés aux grandes allures.
Le petit complexus (3, 4, 5) longe le bord antérieur du muscle précédent et semble continuer jusqu’à la tête les faisceaux inférieurs de l’ilio-spinal, comme il est facile de s’en rendre compte par l’examen de la planche VIII (6).
Divisé en deux portions fusiformes parallèles, ce muscle prend son attache fixe ou postérieure en commun avec la portion antérieure du grand complexus. Le tendon terminal de la portion postérieure (4) se rend à l’apophyse mastoïde du temporal ; celui de la portion antérieure (5) va à l’apophyse transverse de l’atlas.
Le petit complexus étend également la tête ; mais il l’incline surtout de côté, en même temps que l’extrémité supérieure de l’encolure.
VIII. — Huitième plan
Muscles sterno-hyoïdien, sterno-thyroïdien et omoplat-hyoïdien
Situé au bord inférieur de l’encolure, dans la région cervicale inférieure ou trachélienne, le huitième plan comprend les muscles sternohyoïdien, sterno-thyroidien, et omoplat-hyoïdien.
Le sterno-hyoïdien et le sterno-thyroidien (1) représentent deux petits muscles rubanés placés en avant de la trachée, réunis à ceux du côté opposé sur la ligne médiane, confondus inférieurement en un faisceau unique qui s’attache sur l’appendice antérieur du sternum, et enfin isolés au-dessus de ce faisceau pour aller se terminer, le premier sur la face inférieure du corps de l’hyoïde, le second sur la face inférieure du larynx.
L’omoplat-hyoïdien (2) forme une large bandelette appliquée sur les côtés de la trachée ; il prend son insertion fixe à la face interne du sous-scapulaire (Voy. IIIe partie, chap. III, § 1, Membre antérieur, face interne), et se termine sur la face inférieure du corps de l’hyoïde.
C’est le muscle, avons-nous dit, qui sépare, en haut, la veine jugulaire de l’artère carotide primitive.
Les muscles du huitième plan ont pour usage d’abaisser les appareils hyoïdien et laryngien.
IX. — Neuvième plan
Muscles grand oblique et petit oblique ; grand droit postérieur et petit droit postérieur ; grand droit antérieur et petit droit antérieur et petit droit latéral de la tête, scalène, transversaire épineux, intertranversaires et long du cou
Le neuvième plan nous fait voir un grand nombre de muscles directement appliqués sur les vertèbres cervicales ; ce sont les muscles grand oblique et petit oblique, grand droit postérieur et petit droit postérieur, grand droit antérieur, petit droit antérieur et petit droit latéral de la tête, transversaire épineux, intertransversaires, scalène et long du cou. Nous allons successivement dire un mot de chacun d’eux.
Le grand oblique de la tête (1) dont nous parlerons tout d’abord, se trouve appliqué obliquement d’avant en arrière sur la face supérieure de l’articulation des deux premières vertèbres du cou. Ses fibres partentp. 385 de la face externe de l’apophyse transverse de l’atlas.
Il fait pivoter l’atlas sur l’apophyse odontoide de l’axis (voy. Xe plan, Vertèbres cervicales) et agit, par cela même, comme rotateur de la tête.
Le petit oblique (2), épais et court, s’étend de l’apophyse transverse de l’atlas sur les parties latérales de l’occipital et la crête mastoïdienne du temporal.
Il incline et étend légèrement la tête.
Le grand droit postérieur de la tête (3), situé au-dessus de la corde du ligament cervical, entre les muscles obliques, se dirige de l’apophyse épineuse de l’axis sur l’occipital.
Extenseur de la tête, ce muscle vient en aide à la puissante action du grand complexus.
Entre le muscle précédent, qui le cache sur la planche VIII, et la capsule fibreuse de l’articulation atloïdo-occipitale, se trouve le petit droit postérieur, dont l’action est la même que celle du grand droit postérieur.
Le grand droit antérieur (4) s’attache, en arrière, sur les apophyses transverses des troisième, quatrième et cinquième vertèbres cervicales par autant de languettes qui se réunissent antérieurement pour se terminer sur l’apophyse basilaire de l’occipital (voy. IIIe partie, appendice, Tête).
C’est un fléchisseur de la tête.
Sous le muscle précédent, et invisibles pour cette raison sur la planche VIII, se trouvent encore le petit droit antérieur et le petit droit latéral de la tête, congénères du grand droit antérieur.
Le transversaire épineux du cou (5.5), qui continue dans la région cervicale le transversaire épineux du dos et des lombes, dont la planche VIII fait voir la dernière division (IX, 6), est constitué par cinq faisceaux fortement aponévrotiques se dirigeant des cinq derniers tubercules articulaires des vertèbres du cou sur les sixième, cinquième, quatrième, troisième et deuxième apophyses épineuses des mêmes vertèbres.
Il étend et incline la région cervicale du rachis.
Les intertransversaires du cou (7.7), recouverts par la plupart des muscles de l’encolure, occupent l’espace compris entre les apophyses transverses et les apophyses articulaires des vertèbres cervicales et se portent d’une vertèbre à l’autre, excepté de la première à la deuxième.
p. 386Ils inclinent de côté la tige cervicale.
Le scalène (8, 9.9) comprend deux portions placées l’une au-dessus de l’autre, à la partie inférieure du cou, sous le mastoïdo-huméral et l’omoplat-hyoïdien.
La portion supérieure (9.9), qui correspond au scalène postérieur de l’homme, la plus petite, se compose de trois ou quatre faisceaux fixés sur les apophyses transverses des dernières vertèbres cervicales. Le dernier aboutit à la première côte.
Sa portion inférieure (8), qui correspond au scalène antérieur de l’homme, la plus considérable, se dirige des apophyses transverses des quatre dernières vertèbres cervicales, sur le bord antérieur et la face externe de la première côte.
Ce muscle fléchit l’encolure de côté quand son point fixe est à la première côte. Mais, en raison de la mobilité presque nulle de celle-ci, il n’agit pas, comme chez l’homme, dans l’inspiration (voy. IIIe partie, chap. II, § 2, I , Face latérale du tronc et thorax).
X. — Dixième plan
Situé sur la section longitudinale et médiane de l’encolure, le dixième plan comprend des parties très importantes et très intéressantes à étudier, telles que les vertèbres cervicales, le ligament de même nom, la trachée, l’œsophage, l’artère carotide primitive, la veine jugulaire et le muscle long du cou.
A. — Vertèbres cervicales
Les vertèbres cervicales (X), qui forment à elles seules le squelette de la région du cou, sont au nombre de sept et présentent, outre les caractères communs à toutes les vertèbres, dont nous avons dit un mot dans nos généralités (Voy. Ire partie, Squelette), des caractères généraux les distinguant des autres pièces de la colonne vertébrale, et enfin des caractères spécifiques permettant de ne pas les confondre l’une avec l’autre.
Comme caractères généraux des vertèbres cervicales, nous signalerons les suivants : la tête est très bien détachée du reste de l’os ; la cavité postérieure est large et profonde ; l’arête inférieure du corps (D) p. 387est fortement prononcée ; l’apophyse épineuse (E’) forme une crête supérieure peu saillante ; les apophyses transverses (E) sont très développées et traversées d’avant en arrière, tout à fait à leur base, d’un trou dit trou trachélien (G) ; les apophyses articulaires, au nombre de quatre, deux au bord antérieur (H), deux au bord postérieur (I) de la partie annulaire, sont larges et saillantes ; les échancrures, enfin, sont profondes (situées en dessous de chacune des apophyses articulaires, elles forment, par leur réunion avec de semblables échancrures des vertèbres précédentes, le trou de conjugaison (M), par où passent les vaisseaux et les nerfs de la mœlle). Quant aux caractères spécifiques des vertèbres cervicales, ils sont assez tranchés pour que les anatomistes se soient vus dans l’obligation de décrire chacune de ces vertèbres à part, sous les noms de première, deuxième, etc. Eu égard à leur importance, aux nombreux caractères particuliers qu’elles présentent, les deux premières vertèbres du cou ont même reçu des noms spéciaux. La première s’appelle atlas, la seconde axis.
L’atlas (A) se reconnaît tout d’abord à son grand diamètre transversal, aux dimensions considérables du trou vertébral et au peu d’épaisseur de son corps, dont la face intra-rachidienne forme, en arrière, une surface articulaire dans laquelle est reçue l’apophyse odontoïde de l’axis. La tête manque dans l’atlas et se trouve remplacée par deux facettes concaves qui répondent aux condyles de l’occipital.
L’axis (B) est surtout remarquable par sa longueur. Cette vertèbre porte, au lieu de tête, une apophyse antérieure conique, dite odontoïde, espèce de demi-gond articulaire autour duquel glisse la surface articulaire qui existe à la face supérieure du corps de l’atlas, dans la partie antérieure du trou vertébral. L’apophyse épineuse est très puissante ; au contraire, les apophyses transverses sont peu développées.
À partir de l’axis, les vertèbres cervicales diminuent de longueur et augmentent d’épaisseur. Les autres caractères différenciels sont assez peu importants dans les troisième, quatrième, cinquième et sixième.
La septième (C) est encore dite proéminente, parce que son apophyse épineuse est plus prononcée que dans les vertèbres précédentes, l’axis exceptée.
a. Articulations des vertèbres entre elles
Les articulations intervertébrales différant peu l’une de l’autre dans chacune des régions de la colonne vertébrale, nous ferons ici une description générale de ces articulations, afin de ne pas être obligé de nous répéter inutilement quand nous décrirons la région dorsale du tronc.
Toutefois, nous nous réservons de noter en passant les quelques particularités que présentent les vertèbres de l’encolure, et de décrire à part les articulations atloïdo-occipitale et axoïdo-atloïdienne, qui s’éloignent absolument, par leur conformation et leurs usages tout spéciaux, des autres articulations intervertébrales.
Les vertèbres se correspondent par leur corps et par leur partie annulaire (Voy. Ire partie, Squelette).
1° Union des vertèbres par leur corps. — Les corps vertébraux se mettent en rapport à l’aide des surfaces articulaires qu’ils présentent en avant et en arrière. La tête de chacun d’eux est reçue dans la cavité cotyloïde de celui qui précède, non directement, mais par l’intermédiaire de disques circulaires fibro-cartilagineux, dits fibro-cartilages intervertébraux (fig. 141 du texte, 1.1), si solidement fixés sur les plans articulaires qu’ils séparent, qu’on les rupturerait plutôt que de les détacher de ces plans.
Fig. 141. — Articulations intervertébrales.
Outre ce moyen d’union, les corps vertébraux sont encore reliés entre eux par deux ligaments : le premier, ou ligament vertébral p. 389commun supérieur, étendu de l’axis au sacrum et logé dans le canal rachidien, se fixe sur la face supérieure du corps de chaque vertèbre ; le second, ou ligament vertébral commun inférieur, situé sous le rachis, n’existe pas dans la région cervicale. Il ne commence que vers la sixième ou huitième vertèbre dorsale.
2° Union des vertèbres par leur partie annulaire. — Les vertèbres se mettent en rapport, par leur partie annulaire, à l’aide des facettes sculptées sur les apophyses articulaires antérieures et postérieures, et l’articulation qui en résulte se trouve maintenue en place par une suite de ligaments dont nous allons dire un mot :
Le plus important, ou ligament commun surépineux, se divise en deux portions : l’une postérieure, appelée ligament sur épineux dorsotombaire ; l’autre antérieure, connue sous la dénomination de ligament surépineux cervical, ou simplement de ligament cervical.
Le ligament surépineux dorso-lombaire (fig. 141 du texte, 2) représente un cordon de tissu fibreux blanc reliant entre eux les sommets des apophyses épineuses de toutes les vertèbres lombaires et des dix ou douze dernières dorsales.
Le ligament cervical (J, K), entièrement constitué par du tissu fibreux jaune élastique, comprend lui-même une portion funiculaire et une portion lamellaire.
La première, plus connue sous le nom de corde du ligament cervical (J), continue en avant le ligament dorso-lombaire et s’étend des premières apophyses épineuses dorsales au sommet de la tête (tubérosité cervicale de l’occipital). Elle est recouverte, en haut, par une masse de tissu fibro-graisseux d’autant plus développée que les chevaux sont de race plus commune.
La portion lamellaire (K) comprise entre la corde et les vertèbres cervicales sépare les muscles cervicaux supérieurs du côté droit de ceux du côté gauche et répond, en dehors, à la branche supérieure de l’ilio-spinal (3), au transversaire épineux du cou et au grand complexus ; elle résulte de l’adossement de deux lames de tissu fibreux élastique dont les fibres partent, soit de la corde, soit des apophyses épineuses des deuxième et troisième vertèbres dorsales, et se dirigent, en avant ou en bas, sur les apophyses épineuses des six dernières vertèbres cervicales.
On remarquera que le ligament cervical joue plutôt le rôle d’une p. 390puissance permanente chargée de faire équilibre au poids de la tête et des vertèbres cervicales, que celui d’un lien articulaire.
Viennent ensuite les ligaments interépineux (fig. 141, du texte, 3), qui remplissent les espaces situés entre les apophyses épineuses ; puis les ligaments interlamellaires ou interannulaires, situés entre les lames vertébrales.
Constitués par du tissu fibreux blanc dans la région dorso-lombaire, ces ligaments sont jaunes et élastiques dans la région du cou ; d’où nouvelle cause de la mobilité plus grande des vertèbres cervicales (Voy. Ier partie, Squelette).
Enfin, ces moyens d’union sont complétés par les capsules propres aux apophyses articulaires. Attachées sur le pourtour des facettes diarthrodiales, ces capsules sont doublées intérieurement par une membrane synoviale, et présentent elles-mêmes cette particularité que, constituées par du tissu fibreux blanc dans les régions du dos et des lombes, elles sont formées de tissu fibreux jaune élastique dans la région cervicale.
b. — Articulation atloïdo-occipitale
L’articulation atloïdo-occipitale, ou articulation de la première vertèbre cervicale avec la tête, résulte de la réception des deux condyles de l’occipital (Voy. IIIe partie, chap. Ier, appendice, I, Os de la tête), dans les facettes concaves de l’atlas, qui remplacent la tête des autres vertèbres.
Un seul ligament capsulaire entoure l’articulation et la maintient en place ; il est tapissé à sa face interne par deux membranes synoviales (une pour chaque condyle et chaque cavité atloïdienne correspondante).
Les mouvements possibles dans cette articulation sont : la flexion, l’extension et l’inclinaison latérale.
c. — Articulation axoïdo-atlodïenne
Pour former l’articulation axoïdo-atloïdienne ou articulation de la première vertèbre avec la seconde, l’axis présente son pivot odontoïdien antérieur, et l’atlas la surface creusée sur la face supérieure du corps.
p. 391Trois ligaments concourent à consolider cette articulation : un ligament odontoïdo-atloïdien, continu au ligament vertébral commun supérieur ; un ligament axoido-atloidien inférieur, figurant, dans les deux premières vertèbres cervicales, le ligament vertébral commun intérieur que l’on rencontre dans la région dorso-lombaire ; un ligament axoïdo-atloïdien supérieur, représentant les ligaments interépineux des autres articulations cervicales ; enfin, un ligament capsulaire recouvrant la synoviale articulaire.
Le seul mouvement possible dans l’articulation axoïdo-atloïdienne est la rotation, qui s’effectue de la manière suivante : « Taxis reste immobile, et la première vertèbre, tirée de côté, principalement par le muscle grand oblique, roule autour du pivot odontoïdien, en entraînant la tête avec elle61 . »
(Région cervicale)
La colonne vertébrale ne décrit pas une ligne droite de la tête à l’extrémité postérieure du corps. Tout à fait en arrière, elle forme une inflexion à concavité inférieure répondant au plafond du bassin. Dans la région lombaire et la moitié postérieure de la région dorsale, elle est à peu près rectiligne et horizontale. Elle s’abaisse ensuite jusqu’à la région cervicale, où elle se relève en décrivant une courbure en S, dont le but est d’en faciliter l’étendue et les mouvements.
Examinée isolément, chaque articulation intervertébrale est le siège de mouvements assez obscurs ; mais, ajoutés à ceux des autres articulations, ces mouvements peuvent produire la flexion, l’extension, l’inclinaison latérale, et enfin, grâce à l’élasticité des fibro-cartilages intervertébraux, la rotation ou plutôt la torsion de la colonne vertébrale.
La mobilité de cette tige flexueuse varie, d’ailleurs, suivant les points que l’on examine.
Dans la région cervicale, l’absence presque complète d’apophyses épineuses, le grand développement des apophyses articulaires, de la tête et de la cavité postérieure des corps vertébraux, les caractères p. 392spéciaux du ligament cervical et des différents liens articulaires qui, au lieu d’être constitués par du tissu fibreux blanc, comme dans les autres points du rachis, sont entièrement formés de tissu fibreux jaune élastique, permettent à la tige vertébrale des mouvements très étendus et très variés, que facilite encore la direction en S de cette tige.
La région cervicale constitue, en somme, le levier mobile du rachis. Elle forme, de concert avec la tête, une sorte de balancier qui déplace facilement le centre de gravité, soit en avant, soit en arrière, soit sur les côtés, et donne, par suite des directions diverses qu’il prend, un point d’appui solide aux muscles qui s’y attachent.
Grâce à cette disposition et à l’organisation spéciale des articulations atloïdo-occipitale et axoïdo-atloïdienne, la tête peut se porter dans tous les sens, prendre toutes les directions, et modifier ainsi, au gré de l’animal, l’équilibre du corps.
Les quelques considérations dans lesquelles nous venons d’entrer permettront au lecteur de mieux se rendre compte pourquoi telle conformation de l’encolure est plutôt à rechercher que telle autre pour un service donné (voy. IIe partie, Encolure).
B. — Trachée
Sur le même plan médian que la tige cervicale, au bord inférieur de l’encolure, se trouve un tube flexible et élastique, la trachée (X, 1), succédant au larynx et se terminant au-dessus de la base du cœur par deux divisions qui constituent les bronches (voy. IIIe partie, chap. II, § 2, I, Face latérale du tronc et cavité thoracique).
La trachée représente un cylindroïde déprimé de dessus en dessous, et plus spacieux à ses deux extrémités qu’à son centre. Elle est formée de cinquante à cinquante-deux anneaux cartilagineux incomplets, placés les uns au-dessous des autres, unis par un ligament intermédiaire, et recouverts en dedans par une membrane musculeuse à fibres transversales, qui, en se contractant, jouit de la propriété de les resserrer. Cette membrane charnue est elle-même tapissée par une membrane muqueuse, continue avec celle du larynx, mais incomparablement moins sensible.
Chacun des cerceaux trachéaux figure un cercle interrompu du p. 393côté de la face supérieure de la trachée, où il se termine par deux extrémités aplaties, qui se rejoignent ou se superposent, et peuvent, en glissant l’une sur l’autre, élargir ou resserrer le conduit trachéal.
Du larynx, la trachée descend, en suivant le bord inférieur de l’encolure, jusqu’à l’entrée de la poitrine ; arrivée là, elle passe entre les deux premières côtes (X, L) et pénètre dans la cavité thoracique, où nous la retrouverons quand nous examinerons cette région.
Dans tout son trajet, elle est placée au-dessous du muscle long du cou (X, 6), qui la sépare des vertèbres cervicales62 .
En avant et latéralement, elle se trouve enveloppée comme dans une gouttière, par la plupart des muscles de la région trachôlienne : les sterno-hyoïdiens et thyroïdiens, les sterno-maxillaires, les omoplat-hyoïdiens, les scalènes et l’expansion superficielle qui constitue le peaucier du cou.
Cette enveloppe présentant son minimum d’épaisseur en avant de la moitié supérieure de la région du cou, c’est cet endroit que l’on choisit comme lieu d’élection de la trachéotomie, opération qui a pour but d’ouvrir la trachée et d’introduire dans l’ouverture un tube spécial, permettant l’entrée de l’air extérieur dans le poumon, sans passer par les cavités nasales et le larynx, quand ceux-ci sont obstrués par une cause quelconque (tumeurs, abcès, inflammation du larynx ou du pharynx, etc.), et que l’animal est menacé d’asphyxie. C’est pour cette raison aussi que l’on comprime la base du larynx ou les premiers cerceaux de la trachée quand on veut faire tousser le cheval.
La trachée reçoit un grand nombre de nerfs et de petites artérioles.
Rôle de la trachée dans la respiration.
La trachée n’a pas d’autre rôle à remplir dans la respiration que de servir de tube conducteur à l’air inspiré ou expiré. La résistance et les propriétés de ses cerceaux ne lui permettent pas de se déprimer p. 394ou de s’affaisser sur elle-même par la pression atmosphérique, au moment où la tension des fluides intérieurs est diminuée.
C. — Œsophage
Situé derrière la trachée jusque vers le milieu du cou, puis au côté gauche du tube aérien à partir de là, l’œsophage (X, 2) pénètre ainsi dans la cavité thoracique, en passant au côté interne de la première côte gauche, se replace bientôt au-dessus de la trachée, franchit la base du cœur et gagne l’ouverture du pilier droit du diaphragme, comme nous le verrons plus loin (Voy. IIIe partie, chap. II, § 2, I, Face latérale du tronc et cavité thoracique).
C’est un long canal membraneux, contractile, dilatable, s’étendant, du pharynx à l’estomac, auquel il conduit les aliments.
Deux tuniques entrent dans la constitution de l’œsophage : une charnue, externe, et une muqueuse, interne, disposées en forme de tubes superposés.
La membrane charnue est composée de fibres longitudinales superficielles et de fibres spiroïdes ou circulaires plus profondes. Elle présente la couleur rouge des muscles de la vie animale dans toute sa portion cervicale, la seule que nous ayons à examiner pour le moment.
La membrane muqueuse, continue avec celle du pharynx et de l’estomac, présente de nombreux plis longitudinaux qui permettent la dilatation du canal. Elle n’adhère que faiblement à la tunique musculeuse et jouit de peu de sensibilité.
Ces deux membranes sont toujours affaissées sur elles-mêmes, hormis le temps du passage des aliments.
Dans son trajet cervical, le tube œsophagien est longé, de chaque côté et en haut, par l’artère carotide accompagnée de ses nerfs satellites : le cordon commun au grand sympathique et au pneumogastrique, et le laryngé inférieur ; en bas, l’œsophage n’est plus en rapport qu’avec les vaisseaux et les nerfs ci-dessus du côté gauche, y compris la veine jugulaire (Voy. IIIe partie, chap. II, appendice, Grand sympathique).
Rôle de l’œsophage dans la digestion.
L’œsophage est chargé du transport des aliments de l’arrière bouche dans l’estomac. Ce transport, qui constitue le troisième temps p. 395de la déglutition, s’opère à l’aide de contractions des fibres spiroïdes de la membrane charnue.
D. — Vaisseaux et nerfs
Le sang est amené dans le cou par les artères dorsale, cervicale supérieure, vertébrale, cervicale inférieure, branches collatérales des deux troncs brachiaux ou artères axillaires qui terminent l’aorte antérieure (fig. 142 du texte).
Indépendamment de toutes ces branches, on trouve encore, de chaque côté du cou, une artère extrêmement importante, la carotide primitive (X, 4, et fig. 141 du texte, 14), dont il a déjà été plusieurs fois question dans ce paragraphe.
Ce vaisseau naît de l’artère axillaire droite (fig. 141 du texte, 3) par un tronc commun, le tronc céphalique, qui se dirige en avant, sous la face inférieure de la trachée, pour se terminer, vers l’entrée de la poitrine, par une bifurcation qui commence les deux carotides primitives. Chacune de celles-ci monte ensuite le long du tube trachéal, d’abord au-dessous de ce tube, puis sur le côté, et enfin en arrière ; arrivée près du larynx, la carotide se divise, ainsi que nous l’avons vu, en trois branches : les artères occipitale, carotide interne et carotide externe (Voy. IIIe partie, chap. Ier, Tête, appendice, II, Vaisseaux artériels) [•] .
Outre ses connexions avec la trachée et la jugulaire, sur lesquelles nous nous sommes suffisamment étendu à propos des plans précédents, l’artère carotide primitive est accompagnée par le nerf récurrent et le cordon qui résulte de la réunion du pneumogastrique avec le grand sympathique (Voy. IIIe partie, chap. II, appendice, Grand sympathique).
Quant aux nerfs qui se distribuent dans les différentes parties de la région qui nous occupe, ils émanent de la mœlle par deux ordres de racines, les unes motrices, les autres sensitives, et sortent, comme tous les nerfs rachidiens, par les trous de conjugaison (Voy. IIIe partie, Mœlle épinière). On les distingue sous la dénomination générale de nerfs cervicaux (8 paires).p. 396
Fig. 142. — Artères du cou.
§ 2. - Tronc proprement dit
Le tronc, d’après la division que nous avons adoptée, comprend tout le corps du cheval en dehors de la tête, de l’encolure et des membres. Il est partagé intérieurement en deux grandes cavités : la cavité thoracique et la cavité abdominale, par le diaphragme, vaste cloison musculo-aponévrotique dirigée obliquement de haut en bas et d’arrière en avant.
Ou lui reconnaît deux faces latérales, une face supérieure, une face inférieure, une extrémité antérieure et une extrémité postérieure.
I. Face latérale du tronc et thorax
(Pl. IX).
La région latérale du tronc s’étend à peu près, d’avant en arrière, de la première côte à la face antérieure du membre abdominal ; de haut en bas, de la ligne dorso-lombaire à celle qui, suivant les bords latéraux du sternum, se terminerait à l’articulation fémoro-rotulienne.
Elle répond, en somme, aux régions étudiées à l’extérieur sous les noms de côtes et de flanc, et se trouve en grande partie constituée par la face latérale correspondante du thorax, espèce de cage osseuse logeant le poumon, le cœur, les gros vaisseaux qui partent de cet organe ou qui s’y rendent, etc.
Suspendue sous la partie moyenne du rachis, la cage thoracique a pour base les côtes, le sternum, le corps des vertèbres dorsales, et se trouve transformée en cavité close par le diaphragme et les muscles intercostaux recouverts eux-mêmes par plusieurs plans musculaires que nous passerons successivement en revue.
Sa forme est celle d’un cône creux couché horizontalement, déprimé d’un côté à l’autre, surtout en avant, entre les deux épaules, et dont la base, constituée par le diaphragme, se trouve coupée très obliquement, en raison même de la direction de ce muscle.
Grâce à son aplatissement antérieur, on peut reconnaître six faces à cette région : deux latérales, une inférieure, une supérieure, une antérieure ou sommet, et une postérieure ou base.
p. 398C’est par l’une de ses faces latérales que nous pénétrerons à l’intérieur de la cavité thoracique.
I. — Premier plan
Pannicule charnu et veine de l'éperon
Si on enlève la peau recouvrant la région latérale du tronc, on aperçoit tout d’abord une large expansion musculaire formant à elle seule le premier plan de la planche IX.
Cet immense muscle, désigné sous le nom de pannicule charnu (1), fait trémousser, en se contractant, la peau qui recouvre le tronc, et empêche ainsi les insectes de venir se poser sur le corps.
À sa surface rampe la veine de l’éperon ou sous-cutanée thoracique (2), importante à connaître en ce sens qu’on y pratique quelquefois la saignée, et qu’elle peut être blessée par l’éperon du cavalier.
II. — Deuxième plan
Muscle trapèze
Immédiatement au-dessous du pannicule charnu, en avant, on trouve le muscle trapèze, avec ses portions cervicale (2) et dorsale (1).
Ce muscle ayant été précédemment décrit (Voy. IIIe partie, chap. Ier, § 1, Cou), nous nous contenterons de le signaler ici. D’ailleurs, une seule de ses divisions, la portion dorsale, appartient au tronc.
III. — Troisième plan
Muscle grand dorsal
Également sous le pannicule charnu, un peu en arrière du muscle précédent, et sur un plan légèrement plus profond, on rencontre le muscle grand dorsal (III), qui s’attache supérieurement aux vertèbres lombaires et dorsales, intérieurement, à latubérosité deltoïdienne de l’humérus.
Il porte le bras et l’épaule en arrière et en haut.
IV. — Quatrième plan
Os de l'épaule, muscles rhomboïde, angulaire ed l'omoplate et grand dentelé
Les muscles grand dorsal et trapèze recouvrent en partie le quatrième plan. Celui-ci comprend l’os de l’épaule, encore appelé ou omoplate (IV), les muscles rhomboïde (2), angulaire de l’omoplate (3) et grand dentelé (1).
Le scapulum devant être décrit à propos des membres antérieurs, et les muscles rhomboïde et angulaire ayant été examinés en même temps que l’encolure, nous n’en parlerons pas ici.
Quant au grand dentelé, attaché à la face externe des huit côtes sternales et sur la face interne de l’omoplate, son rôle est assez complexe : il constitue, avec celui du côté opposé, une large soupente sur laquelle s’appuie le thorax. De plus, quand il se contracte, son point fixe étant au thorax, il tire l’extrémité supérieure de l’épaule en bas et en arrière, tandis que l’angle scapulo-huméral se porte en haut et en avant. S’il prend son point fixe au scapulum, il soulève le thorax et facilite les mouvements d’inspiration en ramenant en avant et élevant les côtes.
Verso. — Si nous relevons l’épaule, nous voyons sa face interne recouverte par les attaches scapulaires des muscles compris dans le quatrième plan ; nous voyons, en outre, le sommet ou bec de l’apophyse coracoïde (A) se détacher du reste de l’os et se recourber en dedans.
V. — Cinquième plan
Muscle grand oblique de l'abdomen
À peu près sur le même plan que le grand dorsal, mais plus bas et plus en arrière, se trouvent la portion charnue du muscle grand oblique ou oblique externe de l’abdomen (1), et une partie de son aponévrose (2). Celle-ci n’est figurée, dans la planche IX, que jusqu’à la partie inférieure de la face latérale du tronc. La portion visible est, d’ailleurs, limitée à ce point par la coupe de la tunique abdominale (3).
Recouverte par le pannicule charnu, la partie musculaire s’attache sur l’aponévrose du grand dorsal et à la face externe des treize ou p. 400quatorze dernières côtes, où elle s’entre-croise avec les dentelures du grand dentelé.
Nous reviendrons sur ce muscle quand nous étudierons la face inférieure du tronc.
VI. — Sixième plan
Muscle petit dentelé antérieur
À la face interne du plan précédent, en haut et en avant de la région latérale du thorax, nous trouvons une expansion musculaire mince, le petit dentelé antérieur (VI) constituant le sixième plan. Dirigé d’avant en arrière et de haut en bas, ce muscle s’attache supérieurement, par sa portion aponévrotique, sur les apophyses épineuses des douze côtes qui suivent la première ; inférieurement, par sa portion charnue découpée en neuf festons irréguliers, sur le bord des neuf côtes qui suivent la quatrième.
Il agit dans l’inspiration en ramenant les côtes en avant et en haut.
VII. — Septième plan
Muscle petit dentelé postérieur
Presque sur le même plan que l’expansion musculaire précédente, mais plus en arrière, on en trouve une autre absolument semblable ; c’est le muscle petit dentelé postérieur (VII). Il diffère du petit dentelé antérieur en ce que ses fibres sont dirigées de haut en bas et d’arrière en avant. Grâce à cette particularité, il agit dans l’expiration en ramenant les côtes en arrière et en haut.
VIII. — Huitième plan
Côtes. Muscles intercostaux internes et externes, ilio-spinal, transversaire épineux du dos et des lombes, intertransversaires des lombes et intercostal commun.
Le huitième plan nous montre à nu la face externe des côtes (A) ; au nombre de dix-huit chez le cheval, pour chacune des moitiés latérales du thorax, celles-ci sont des os allongés, asymétriques, obliques de haut en bas et d’avant en arrière, aplatis d’un côté à l’autre, courbés en arc, et divisés en une partie moyenne et deux extrémités.
La partie moyenne offre deux faces et deux bords.
p. 401La face externe, convexe, est creusée en large gouttière ; la face interne, concave, est lisse et tapissée par la plèvre.
L’extrémité supérieure porte deux éminences : une tête et une tubérosité, qui servent à l’appui de la côte sur le rachis, en s’articulant avec deux vertèbres dorsales.
L’extrémité inférieure répond à un cartilage qui termine la côte en bas, le cartilage costal.
C’est justement grâce à la disposition variable de ce cartilage que les côtes se divisent en deux catégories : 1° les côtes sternales ou vraies côtes, au nombre de huit, dont le cartilage de prolongement s’articule directement sur le sternum ; 2° les côtes asternales, ou fausses côtes, au nombre de dix, qui s’appuient les unes sur les autres par l’extrémité inférieure de leur cartilage, dont le premier seul s’unit, d’une manière étroite, au dernier cartilage sternal, lequel donne ainsi à toutes les côtes asternales un appui indirect sur le sternum.
Considérées en masse, les côtes se distinguent les unes des autres par les principaux caractères suivants : 1° leur longueur augmente de la première à la neuvième, et diminue ensuite progressivement jusqu’à la dernière ; 2° la courbe décrite par chacune d’elles est d’autant plus brève et plus prononcée que la côte est plus postérieure.
Les côtes sont réunies entre elles par deux plans de muscles : les intercostaux externes (1. 1. 1) et les intercostaux internes (2. 2), qui transforment la cage thoracique en cavité close. On n’est pas encore bien fixé sur le rôle des intercostaux dans les actes respiratoires ; toutefois, la plupart des physiologistes considèrent les intercostaux externes comme des inspirateurs ; mais, pour les intercostaux internes, les opinions sont absolument partagées.
En haut des côtes, et sur le même plan, le long de l’épine dorsolombaire, depuis l’angle externe de l’ilium (X. E) jusqu’aux dernières vertèbres cervicales (Voy. IIIe partie, chap. Ier, § 1, Encolure) [•] , s’étend le muscle ilio-spinal (3, 4), le plus puissant et le plus complexe de l’économie.
Aplati de dessus en dessous dans sa moitié postérieure, il présente là ce qu’on appelle la masse commune chez l’homme.
Il étend la colonne vertébrale et la rend ainsi suffisamment rigide pour la transformer en une tige inflexible susceptible de pivoter sur la tête du fémurp. 402 par l’intermédiaire des coxaux, dans certaines actions, le cabrer par exemple. Il peut également jouer le rôle d’expirateur.
Entre l’ilio-spinal et les vertèbres dorso-lombaires existent encore deux autres muscles : le transversaire épineux du dos et des lombes et l’intertransversaire des lombes, invisibles sur la planche IX, cachés qu’ils sont par le muscle précédent.
Le transversaire épineux dorso-lombaire est un très long muscle appliqué contre l’épine sus sacrée et dorso-lombaire, et continué en avant par le transversaire épineux du cou, dont il ne diffère que par sa situation.
C’est un extenseur du rachis.
Quant aux intertransversaires des lombes, ce sont de très petits muscles remplissant les intervalles compris entre les apophyses transverses des vertèbres lombaires.
En se contractant, ils inclinent de côté la région des lombes.
Plus bas, accolé au bord externe de l’ilio-spinal et recouvrant l’articulation vertébrale des côtés, se trouve l’intercostal commun (5), muscle formé de faisceaux tendineux dirigés obliquement en avant, en dehors et en bas, naissant et se terminant sur la face externe des côtes.
Son rôle est identique à celui de l’ilio-spinal.
Le verso du huitième plan, immédiatement en contact avec les organes de la cavité thoracique, fait voir la face interne des côtes (A. A) et les muscles intercostaux internes (1. 1. 1).
Cavité Thoracique.
Nous voici dans l’intérieur de la cavité thoracique, mise complètement à découvert avec les organes qu’elle renferme : les poumons, le cœur, les gros vaisseaux, etc.
La surface intérieure de cette cavité conique peut se diviser, comme la cage thoracique elle-même, en six régions : une supérieure, une inférieure, deux latérales, une postérieure ou base, une antérieure ou sommet.
Le plan supérieur présente, sur la ligne médiane, une forte saillie résultant de la réunion des corps vertébraux.
Le plan inférieur, plus court et plus étroit que le précédent, a pour base la face supérieure du sternum.
p. 403Les plans latéraux se trouvent constitués par la face interne des côtes et les muscles intercostaux internes.
La paroi postérieure répond à la face convexe du diaphragme.
Le sommet (entrée du thorax) représente une ouverture ovalaire comprise entre les deux premières côtes.
Plèvres. — La cavité thoracique est pourvue d’un revêtement séreux constitué par deux membranes distinctes désignées sous le nom de plèvres. Adossées l’une à l’autre sur le plan médian pour former une cloison dite médiastin, divisant la cavité thoracique en deux compartiments latéraux, les plèvres représentent deux sacs absolument séparés. Après avoir tapissé une des parois costales de la cavité du thorax et la moitié correspondante du diaphragme, chaque plèvre se replie sur la ligne médiane pour concourir, avec celle du côté opposé, à la formation du médiastin (feuillet pariétal) ; de là elle se porte sur le poumon, qu’elle enveloppe complètement (feuillet viscéral).
À l’état sain, la cavité pleurale est vide et les plèvres sont tout simplement lubrifiées par un fluide séreux qui facilite le glissement du poumon sur les parois de la cavité thoracique dans les mouvements respiratoires. Mais, par suite d’une irritation quelconque (coups, refroidissement, etc.), la séreuse peut s’enflammer, sécréter une quantité anormale de liquide, et la cavité qu’elle tapisse se trouver plus ou moins remplie par ce liquide, auquel on voit souvent mélangés des globules de pus. Cet état inflammatoire des plèvres est connu sous le nom de pleurésie.
Chose digne de remarque, la pleurésie, chez le cheval, atteint généralement les deux sacs pleuraux en même temps, grâce à la disposition particulière de la cloison médiastine, qui est découpée à jour dans sa partie postérieure.
Chez l’homme, et la plupart des autres animaux domestiques, le médiastin étant fermé, la pleurésie est, au contraire, ordinairement simple.
Autre particularité non moins remarquable : la pleurésie, relativement bénigne chez l’homme, est presque toujours mortelle chez le cheval, les séreuses de cet animal étant toutes d’une extrême sensibilité.
Si, par suite de l’ouverture d’un abcès pulmonaire à l’extérieur, une communication s’établit entre un conduit bronchique quelconque p. 404et la cavité pleurale, il se produit ce qu’on est convenu d’appeler le pneumo-thorax ou l’hydro-pneumo-thorax. Ces affections peuvent également être la suite d’une blessure pénétrante de la paroi thoracique.
On soutire quelquefois le liquide de la pleurésie au moyen de l’opération de la thoracentèse ou empyème.
IX. — Neuvième plan
Poumons
Les côtes et les intercostaux relevés, nous apercevons tout d’abord le poumon gauche (face externe) constituant à lui seul le premier plan des viscères thoraciques.
Le poumon, organe essentiel de la respiration, est un viscère spongieux divisé en deux moitiés latérales indépendantes, occupant chacune un des sacs pleuraux. Par suite de cette disposition, on distingue à volonté deux poumons ou deux lobes pulmonaires : l’un droit, l’autre gauche. Les poumons, dans leur ensemble, affectent la forme de la cavité thoracique ; chacun d’eux offre à étudier : une face externe, une face interne, une base, un sommet, un bord supérieur, un bord inférieur, un bord postérieur.
La face externe (IX) est convexe et se moule sur la paroi interne des côtes ; c’est la seule visible au recto du neuvième plan.
La face interne, que nous examinerons tout à l’heure au verso de ce plan, est verticale et séparée du poumon opposé par le médiastin.
Ces faces sont réunies par le bord supérieur et le bord inférieur. Celui-ci offre cette particularité, dans le lobe gauche, qu’il est plus échancré au niveau du cœur que dans le lobe droit.
Le sommet de chaque poumon, situé derrière la première côte, représente une espèce d’appendice détaché constituant le lobule antérieur (1).
La base répond au diaphragme et se trouve circonscrite par le bord postérieur.
Le tissu pulmonaire a une belle couleur rosée chez l’adulte. Il est très élastique et très léger ; plongé dans l’eau, il surnage. Cette propriété est due à la présence de l’air dans les vésicules pulmonaires, ainsi que le prouve le poumon du fœtus qui n’a pas encore respiré, dans lequel on insuffle de l’air : plus lourd que l’eau avant cette opération,p. 405 il devient alors plus léger et surnage sur l’eau comme le poumon de l’adulte.
Le tissu pulmonaire est partagé en un nombre considérable de petits lobules polyédriques, dont l’organisation explique jusqu’à un certain point les propriétés physiques du poumon. Il est à remarquer que, grâce au peu d’épaisseur des cloisons interlobulaires, cette segmentation en lobules est beaucoup moins évidente extérieurement que chez l’homme.
Chaque lobule reçoit un tuyau bronchique qui se prolonge dans son intérieur par plusieurs branches formant des culs-de-sac sur lesquels s’ouvrent les vésicules élémentaires dites vésicules pulmonaires.
Les poumons sont en communication avec les premières voies respiratoires, les cavités nasales et le larynx, par la trachée (X, 13), tube flexible formé d’une suite d’anneaux incomplets (Voy. IIIe partie, chap. II, § 1, Cou), se terminant au-dessus de la base du cœur par deux divisions qui constituent les bronches (verso, 4). Branches terminales du tube trachéal, chacune de celles-ci se plonge dans l’épaisseur du poumon pour s’y diviser en une multitude de rameaux dont les plus ténus s’abouchent dans les vésicules pulmonaires ; d’où la dénomination d’arbres bronchiques donnée à ces deux troncs.
Parallèlement aux bronches rampent dans le tissu propre du poumou : l’artère et les veines pulmonaires (X, 19, 20), les artères et les veines bronchiques, des vaisseaux lymphatiques et des divisions des nerfs pneumogastrique et grand sympathique. Ces vaisseaux et ces nerfs se résolvent en fins ramuscules sur les cloisons de séparation des lobules et des vésicules pulmonaires.
En jetant un coup d’œil sur le verso du plan IX, on voit non seulement l’endroit exact où pénètrent la bronche (4), l’artère et les veines pulmonaires gauches (5, 6), dont la réunion au point de pénétration constitue les racines pulmonaires ; mais encore différentes dépressions de la face interne du lobe pulmonaire du même côté, qu’il nous reste à examiner : la plus antérieure de ces dépressions (1) sert à loger le cœur ; les deux autres (2, 3), dirigées d’avant en arrière, reçoivent : l’inférieure, l’œsophage (gouttière œsophagienne) ; la supérieure, l’aorte postérieure (gouttière aortique).
Dans l’inflammation du poumon, ou pneumonie, le tissu propre prend une teinte plus foncée, devient plus dense, moins élastique, etc. p. 406Il présente alors l’aspect du tissu hépatique ; d’où le nom d’hépatisation que l’on a donné à la partie du poumon enflammée. Dans ce cas, si l’on en jette un morceau dans un vase rempli d’eau, il tombe au fond du vase.
Le peu de détails dans lesquels nous sommes entré relativement aux caractères physiques et anatomiques du poumon vont nous permettre d’aborder l’étude des fonctions physiologiques de cet organe.
Respiration.
La respiration est la fonction physiologique par laquelle l’air, d’abord appelé dans le poumon pour servir à l’hématose, ou transformation du sang veineux en sang artériel, en sort ensuite privé d’une partie de son oxygène et chargé d’un excès d’acide carbonique.
Il résulte de cette définition que nous devons étudier dans la respiration : d’abord les phénomènes mécaniques, qui donnent lieu au renouvellement et à la sortie de l’air du poumon ; ensuite, les phénomènes chimiques, qui résultent du contact de l’air avec le sang.
Les actes qui donnent lieu au renouvellement de l’air dans le poumon, qui l’appellent dans cet organe et l’en expulsent, constituent le mécanisme respiratoire, lequel comprend deux actions opposées : l’inspiration et l’expiration.
Les agents des mouvements respiratoires appartiennent à trois espèces distinctes : 1° les os du thorax, dont l’action est toute passive ; 2° les muscles moteurs de cet appareil, qui sont actifs ; 3° les nerfs, qui agissent comme régulateurs des mouvements d’inspiration et d’expiration.
1° Inspiration. — L’inspiration consiste dans la dilatation simultanée des naseaux, du larynx, de la trachée, des bronches et du thorax, dont le diamètre transversal et le diamètre longitudinal s’agrandissent : le premier, par le mouvement des côtes, qui sont portées en avant et en dehors ; le second, par le mouvement rétrograde ou mieux par la contraction du diaphragme.
C’est à la contraction des muscles sus-costaux, intercostaux, inter-costalp. 407 commun, et petit dentelé antérieur, que les côtes doivent d’être mises en mouvement.
Dans les inspirations profondes, nécessitées, soit par un effort violent, soit par une affection quelconque de l’appareil respiratoire, telles que la pousse outrée, l’asphyxie, etc., où il y a gène respiratoire, dyspnée ou orthopnée, les muscles inspirateurs ordinaires sont aidés dans leur action par le grand dentelé (les pectoraux, le grand dorsal, etc., n’agissent pas, comme chez l’homme), à condition, toutefois, que le cheval soit dans la station verticale, les membres solidement appuyés sur le sol donnant de la fixité aux attaches scapulaires du muscle.
L’inspiration énergique qui précède l’effort est généralement suivie d’un temps d’arrêt plus ou moins prolongé pendant lequel l’ouverture du larynx se ferme complètement ; de sorte que le thorax, comprimant l’air qui ne peut s’échapper, forme un solide point d’appui aux muscles qui doivent entrer en action.
L’effet des muscles précédents est continué par la contraction ou l’effacement du diaphragme, qui agrandit ainsi, non seulement le diamètre longitudinal du thorax, mais aussi son diamètre transversal par suite de la réaction des viscères abdominaux qui, refoulés en arrière et en dehors, tendent à écarter les hypochondres et la partie inférieure des dernières côtes.
Chez le cheval, il n’y a pas d’agrandissement sensible du diamètre vertébro-sternal, comme cela a lieu d’une façon si prononcée chez l’homme.
En même temps que la cage thoracique s’agrandit d’un côté à l’autre et d’avant en arrière, le poumon se dilate par suite du vide qui existe, à l’état normal, entre sa face externe et les parois internes du thorax. Or, de l’ampliation de la cavité du poumon résultent une raréfaction de l’air intérieur, une différence de pression entre celui-ci et l’air extérieur, qui en profite alors pour faire irruption dans le réservoir pulmonaire.
Quand la respiration est calme, il n’entre qu’un litre ou un litre et demi d’air à chaque inspiration ; mais, comme le poumon en conserve, après l’inspiration achevée, environ huit litres, il s’ensuit que l’air de la cavité pulmonaire ne se renouvelle totalement qu’après use série d’inspirations.
Le rôle des naseaux, du larynx et de la trachée ayant été précédemmentp. 408 examiné (Voy. IIIe partie, Tête et Cou), nous n’y reviendrons pas ici.
2° Expiration. — Après s’être dilaté pour faire affluer dans le poumon une nouvelle quantité d’air, le thorax revient sur lui-même pour en chasser une quantité à peu près égale qui a servi à l’hématose. Cet acte, diamétralement opposé au précédent, constitue l’expiration. Son exécution se traduit par une réduction des deux grands diamètres du thorax.
Dans le resserrement selon le sens transversal, les côtes, qui s’étaient portées en dehors et en avant, reviennent en arrière et en dedans. Ce mouvement de retrait s’accomplit presque sans le secours des muscles, par la seule élasticité des parties dilatées. Les puissances musculaires préposées à l’abaissement des côtes n’interviennent guère qu’à titre d’agents complémentaires et régulateurs. Ces puissances sont représentées par les muscles petit dentelé postérieur, intercostal commun, transversal des côtes, triangulaire du sternum, abdominaux et intercostaux internes (si toutefois ces muscles agissent réellement dans l’expiration).
Le resserrement du thorax dans le sens longitudinal est dû au retour du diaphragme à sa forme primitive, à la réaction des viscères abdominaux, qui reprennent leur situation et leur volume primitifs. Les muscles abdominaux n’interviennent que faiblement, pour aider à la réaction passive des intestins.
En même temps que le thorax reprend son volume primitif, le poumon revient sur lui-même par le triple effet de sa propre élasticité, de la contraction du tissu musculaire, des ramifications bronchiques, et enfin du jeu des parois thoraciques.
Toutefois, dans l’emphysème pulmonaire, par suite de la dilatation outrée des vésicules, celles-ci ont perdu leur élasticité, et le poumon, dans les points emphysémateux, revient difficilement sur lui-même ; il en résulte une gêne de la respiration se traduisant à l’extérieur par certains symptômes que nous examinerons en parlant du rhythme des mouvements respiratoires.
Le retrait de la cavité thoracique et du poumon est suivi d’un léger resserrement de la trachée et de l’ouverture du larynx.
Par suite d’une irritation quelconque des bronches, de la trachée, du larynx, ou même de la muqueuse nasale, il se produit souvent unep. 409expiration violente, dont l’effet est d’entraîner au dehors les mucosités ou tout autre corps étranger qui auraient pu s’introduire dans les premières voies respiratoires. Cette expiration violente constitue, ou la toux, ou l’ébrouement.
Chez le cheval, l’air ne revenant jamais des poumons dans la bouche, c’est par les naseaux seuls qu’il sort, ainsi que les matières de l’expectoration. Dans la toux, il vient vibrer contre la glotte et le voile du palais. Dans l’ébrouement, il vibre surtout contre les parois supérieures des cavité nasales.
3° Rhythme de l’inspiration et de l’expiration. — Pour bien saisir le rhythme normal des mouvements respiratoires, il faut soumettre le cheval à un léger exercice. On reconnaît facilement alors : 1° que l’inspiration est plus courte que l’expiration63 ; 2° qu’il y a une pause très courte entre l’inspiration et l’expiration ; 3° qu’entre 5, 6 et 7 respirations de même étendue, il s’en opère une beaucoup plus profonde ; 4° que certaines affections modifient profondément le rhythme des mouvements respiratoires ; c’est ainsi que dans l’emphysème pulmonaire, cause ordinaire de cet ensemble de symptômes qu’on désigne sous le nom de pousse, l’expiration se fait en deux temps, entre lesquels il y a un arrêt ou un soubresaut particulier : l’hypochondre et le flanc, après avoir effectué la moitié de leur abaissement, s’arrêtent, rebondissent légèrement, pour descendre de nouveau jusqu’à leur limite ordinaire.
D’autres conditions peuvent influer sur le nombre des respirations ; tels l’âge, la température, l’état de repos ou d’activité musculaire, les impressions morales, la veille, le sommeil, le travail digestif, une foule d’états pathologiques, etc. C’est ainsi que l’on compte 10 à 12 mouvements respiratoires chez les jeunes chevaux, tandis qu’on n’en trouve plus que 9 ou 10 à l’âge adulte.
L’exercice, au contraire, augmente le nombre des mouvements dans une proportion considérable. Un cheval au repos, qui respire 10 fois par minute, respirera 30, 40, 70, 90 fois, et même plus, si on lui fait exécuter un certain temps de trot ou de galop. Il est à remarquer que, pendant l’exercice, la respiration n’est pas très accélérée ; ce n’est, qu’après, quand le cheval est au repos, qu’on voit p. 410s’élever rapidement le nombre des mouvements respiratoires.
4° Murmure respiratoire. — À l’état normal, l’air, en entrant dans le poumon et en sortant de cet organe, détermine un bruit particulier, une espèce de souffle léger appelé murmure respiratoire. Dans les affections de l’appareil respiratoire, les caractères de ce bruit s’altèrent (souffle tubaire, bruit de souffle). C’est sur les variations des bruits qu’on peut percevoir en appliquant l’oreille sur les parois latérales du thorax que le célèbre médecin français Laënnec a basé sa méthode de l’auscultation.
Les phénomènes qu’il faut examiner maintenant résultent du contact médiat de l’air atmosphérique, introduit pendant l’inspiration dans les vésicules pulmonaires, et du fluide sanguin qui traverse les fines parois de ces vésicules.
L’air qui pénètre dans le poumon contient près de 21 parties d’oxygène, 79 d’azote, 4 à 5 millièmes d’acide carbonique et une proportion variable de vapeur d’eau. En arrivant dans les vésicules pulmonaires, il fait subir au sang divers changements physiques et chimiques.
L’oxygène atmosphérique, séparé du sang seulement par les parois extrêmement déliées des vaisseaux qui se ramifient à la surface de la muqueuse des vésicules pulmonaires, traverse ces membranes minces et humides en vertu des lois qui régissent les phénomènes d’osmose, se mélange au sang noir ou veineux qui arrive au poumon par l’artère pulmonaire, et le transforme en sang rouge, vermeil ou artériel.
Le sang qui traverse les capillaires du poumon, en même temps qu’il emprunte de l’oxygène à l’air (6 p. 100), lui rend, en échange, une certaine proportion d’acide carbonique résultant de la combustion qui s’opère au sein des tissus vivants (4 1/3 p. 100). On crut pendant longtemps que les phénomènes d’oxydation et de combustion avaient le poumon pour foyer exclusif. Depuis, on s’est rendu compte que ces phénomènes commencent dans le poumon pour se continuer dans toute l’étendue du système vasculaire, notamment dans les capillaires, et, en dehors des vaisseaux, dans la substance propre des divers tissus. Dans tous les cas, l’oxygène se combine avec le carbone que contient le sang ou que lui abandonnent les tissus vivants, et l’acidep. 411 carbonique engendré par cette combinaison est transporté par le sang veineux aux poumons, et ainsi de suite.
Par suite d’une des plus merveilleuses harmonies de la nature, le gaz que les animaux expirent et qui est impropre à l’entretien de leur vie, est justement le gaz nécessaire à l’entretien de la vie des plantes. Celles-ci l’absorbent par leurs feuilles, le décomposent, retiennent le charbon qui entre dans sa composition, et rejettent l’oxygène dans l’atmosphère.
La quantité d’acide carbonique versée dans l’air par le poumon étant à peu près de 200 litres par heure, on tire parti de cette donnée pour la ventilation des écuries.
L’air expiré a aussi acquis un léger excédent d’azote et de vapeur d’eau, en même temps qu’il a perdu 1/100 de son volume. La vapeur d’eau provient, en grande partie, de la volatilisation des fluides qui imprègnent la muqueuse des vésicules pulmonaires, des bronches, de la trachée, etc. ; c’est elle qui, dans les temps froids, produit ces deux colonnes de vapeur qu’on voit sortir des naseaux du cheval.
Enfin, on rencontre quelquefois encore, dans l’air qui sort des poumons, des substances volatiles accidentellement contenues dans le sang (éther, essence de térébenthine, etc.).
Asphyxie. — Quand le travail chimique de la respiration cesse ou se fait mal, il y a asphyxie. Celle-ci peut tenir, soit à l’insuffisance de l’oxygène dans le milieu où se trouvent les animaux, soit à la privation totale d’air, soit enfin à la présence d’une grande quantité d’acide carbonique. L’asphyxie produite par des gaz délétères est un véritable empoisonnement.
La première espèce d’asphyxie est celle qui se produit dans une atmosphère confinée, où l’oxygène s’épuise rapidement et se trouve emplacé par une quantité à peu près équivalente d’acide carbonique. Elle tend à se manifester dans tout local resserré et fermé ; c’est pourquoi il importe, à défaut d’espace, de faciliter le renouvellement de l’air que respirent les animaux par la ventilation.
Les phénomènes asphyxiques qu’on observe sur les hautes montagnes, par suite de la diminution de la pression atmosphérique, peuvent également être rangés dans la première espèce d’asphyxie.
Enfin, l’asphyxie par insuffisance d’air se produit encore dans les cas d’obstruction des canaux aériens, d’épanchement pleurétique abondant—p. 412 qui réduit le poumon à un très petit volume — de tuberculisation étendue.
La seconde espèce d’asphyxie se produit, soit dans le vide, soit par strangulation, soit par submersion.
L’asphyxie de la troisième espèce, due à la présence dans l’air d’un excès d’acide carbonique, tend à se produire, dans les conditions expérimentales, dès que le sang renferme 2 à 3 p. 100 d’acide carbonique.
Quel que soit le mode d’asphyxie, les symptômes sont les mêmes : malaise général ; naseaux dilatés ; mouvements respiratoires très accélérés ; yeux fixes, proéminents ; muqueuses apparentes rouge foncé ou violacées ; battements du cœur forts et tumultueux ; pouls petit et vite ; face grippée et pleine d’angoisse.
Puis, au dernier moment, les animaux s’agitent, se couchent, se relèvent et retombent enfin épuisés ; alors, les mouvements des côtes et des flancs s’affaissent, les mouvements du cœur deviennent très faibles, les sensations s’émoussent, la sensibilité disparaît, et les animaux s’éteignent au milieu d’un calme qui contraste avec l’agitation du début.
1° Centre nerveux respiratoire. — Les phénomènes mécaniques de la respiration sont des actes réflexes dont le centre nerveux se trouve dans le bulbe rachidien, près de l’origine des nerfs pneumogastrique et spinal.
Aussi, la destruction de ce centre, ou nœud vital, suspend-elle immédiatement le jeu de toutes les parties de l’appareil respiratoire.
2° Nerfs centripètes. — Les nerfs centripètes de la respiration sont tout d’abord les pneumogastriques, qui aboutissent au bulbe rachidien au niveau du nœud vital.
Ces nerfs transmettent à ce point les impressions vagues de la surface pulmonaire qui constituent le besoin de respirer.
Par ce fait même, leur section, comme celle du laryngé inférieur (Voy. IIIe partie, chap. 1er, tête, larynx), détermine la paralysie du larynx ; mais cette section des pneumogastriques a d’autres résultats que la paralysie de la glotte, puisque l’ouverture faite à la trachée n’empêche, dans aucun cas, l’animal de mourir au bout de 80 à 95 jours.
p. 413Toutefois, les pneumogastriques ne sont pas les seuls nerfs centripètes de la respiration, puisque leur section n’entraîne pas l’arrêt complet, au moins immédiatement, des phénomènes respiratoires. « Il y a d’autres voies sensitives qui viennent mettre en jeu le centre respiratoire, et d’autres surfaces que la surface pulmonaire servant de départ à ces nerfs centripètes. C’est la peau et ses nerfs qui jouent ce rôle... Si l’on couvre la peau d’un enduit imperméable, d’un vernis, on voit aussitôt la respiration s’affaiblir, se ralentir, s’arrêter même parfois, et en tout cas devenir insuffisante64 ... »
3° Nerfs centrifuges. — Quant aux nerfs centrifuges de la respiration, ils se distribuent dans les différents muscles inspirateurs et expirateurs.
X. — Dixième plan
Diaphragme. Poumon droit. Cœur. Aorte primitive et des principales divisions. Artère et veines pulmonaires. Veines caves antérieure et postérieure. Sternum. Vertèbres dorsales. Muscles long du cou, scalène, grand droit de l'abdomen et petit oblique de l'abdomen.
En relevant le lobe gauche du poumon, on met immédiatement à découvert : 1° le cœur et les gros vaisseaux qui procèdent de cet organe ou qui s’y abouchent ; 2° la face interne du poumon droit ; 3° le diaphragme ; 4° l’œsophage, la trachée, le sternum, le corps des vertèbres dorsales, et différents muscles.
Laissant un instant le cœur de côté pour l’examiner plus loin avec tous les détails que comporte son rôle dans la machine animale, nous allons tout d’abord passer successivement en revue chacune des autres parties qui entrent dans la composition du plan X.
Commençons par le diaphragme (7, 8, 9, 10), cette vaste cloison musculo-aponévrotique qui sépare la cavité thoracique de la cavité abdominale : c’est un muscle elliptique, dirigé de haut en bas et d’arrière en avant, concave sur sa face postérieure, convexe sur l’antérieure. Il comprend : 1° une partie centrale, aponévrotique, le centre phrénique (7, 8) ; 2° une portion charnue périphérique (9).
Le centre phrénique est partagé incomplètement en deux folio les par les piliers (10) du diaphragme, colonnes charnues descendant de la région sous-lombaire. Inférieurement, le pilier droit offre un trou qui p. 414laisse pénétrer l’œsophage (14) dans la cavité abdominale. De même, le pilier gauche présente, en haut, vers la ligne de séparation des deux piliers, un orifice destiné au passage de l’aorte postérieure (28) et du canal thoracique.
La portion charnue se continue par son bord concentrique avec l’aponévrose centrale. Son bord excentrique est divisé en dentelures s’attachant sur la face supérieure de l’appendice xiphoïde du sternum et sur la face interne des douze dernières côtes.
En se contractant, ce muscle tend à devenir plan et à agrandir le diamètre antéro-postérieur de la poitrine. C’est donc un inspirateur.
En avant du diaphragme, on voit la face interne du poumon droit, en partie cachée par le cœur et les gros vaisseaux artériels ou veineux.
Le lobe pulmonaire droit présente cette seule particularité qu’il est pourvu d’un lobule spécial (12) manquant du côté gauche.
Avant de pénétrer dans le cœur ou à la sortie de cet organe, les gros vaisseaux artériels et veineux parcourent une certaine partie de la cavité thoracique. C’est ainsi qu’en quittant le ventricule gauche, l’artère aorte, ou aorte primitive, se divise en deux branches principales : l’une se dirigeant en haut et en arrière, l’autre en avant. La première, ou aorte postérieure (28), gagne le côté gauche de la face interne du rachis, traverse l’anneau circonscrit par les deux piliers du diaphragme, et pénètre dans la cavité abdominale. Elle fournit, dans la cavité thoracique, treize artères intercostales (29, 29), s’échappant à angle droit de la branche principale et se divisant, à l’extrémité supérieure des espaces intercostaux, en deux branches : l’une inférieure, ou intercostale proprement dite, l’autre supérieure, ou dorsospinale.
La seconde branche aortique, l’aorte antérieure, se divise, à 5 ou 6 centimètres de son origine, en deux branches : les artères axillaires gauche et droite (22, 23), destinées aux membres antérieurs.
Dans son trajet thoracique, chacun de ces troncs artériels fournit quatre branches collatérales : trois supérieures, les artères dorsale (24), cervicale supérieure (25) et vertébrale (26) ; une inférieure, la thoracique interne, rampant à la face interne de la première côte et invisible, par ce fait même, sur le Xe plan.
À la sortie des artères axillaires de la cavité du thorax, au niveau de la première côte, deux branches se détachent encore de chacune p. 415d’elles : l’une en avant, la cervicale inférieure, cachée sur le Xe plan ; l’autre par en bas, la thoracique externe (27), que nous voyons contourner le bord antérieur de la première côte (A), pour se diriger ensuite en arrière et s’épuiser dans les muscles pectoraux.
De l’aorte primitive s’échappent encore les artères cardiaques droite et gauche, que nous examinerons en parlant du cœur.
Les veines caves antérieure (30) et postérieure, dont la première seule est figurée sur le plan X, doivent être considérées comme les veines correspondantes de l’aorte antérieure et de l’aorte postérieure. Elles suivent à peu près le même trajet dans la cavité thoracique.
Toujours sur le plan médian, entre les artères axillaires, dans une même direction que l’aorte et la veine cave antérieures, au-dessus des oreillettes (17, 18), se trouve la trachée (13), long tube flexible et élastique chargé d’apporter l’air extérieur aux poumons. (Voy. IIIe partie, chap. II, § 1, Cou.)
Plus haut que la trachée, le plan X figure encore un long canal membraneux, cylindrique, destiné à la conduite des aliments de l’arrière-bouche dans l’estomac : c’est l’œsophage, qui s’engage dans la cavité abdominale par l’ouverture du pilier diaphragmatique droit.
Quant à l’artère (19) et aux veines pulmonaires (20), nous connaissons suffisamment leur trajet dans le poumon pour qu’il soit inutile d’y revenir.
Enfin, le plan X nous montre aussi d’autres parties entrant directement ou indirectement dans la composition des parois thoraciques internes : en haut, ce sont les corps des douze dernières vertèbres dorsales (F. F), entre lesquels rampent les artères intercostales (29. 29).
Bien qu’aucun des plans de la Pl. IX ne nous fasse voir complètement les vertèbres dorsales, nous devons cependant, eu égard à leur rôle très complexe, en dire un mot ici. Il sera, d’ailleurs, facile au lecteur de nous suivre dans notre description en s’aidant de la pl. 1 (IIe plan) et de la fig. 1 du texte.
Outre les caractères communs à toutes les vertèbres (Voy. lre partie, Squelette), celles de la région dorsale, au nombre de 18, présentent certaines particularités que nous allons résumer :
Le corps, très court, est pourvu, en avant, d’une tête large, peu saillante, et, en arrière, d’une cavité peu profonde. Latéralement, à la base des apophyses transverses, on trouve quatre facettes articulaires, p. 416dont deux antérieures et deux postérieures qui, par leur réunion avec celles de la vertèbre voisine, forment une petite cavité pour loger la tête de la côte correspondante.
L’apophyse épineuse est très haute, aplatie d’un côté à l’autre, couchée en arrière et terminée par un sommet renflé. Les apophyses transverses, assez développées, sont dirigées obliquement en dehors et en haut. Les apophyses articulaires sont représentées par de simples facettes taillées sur la base même de l’apophyse épineuse.
Quant aux caractères qui peuvent servir à distinguer une vertèbre dorsale d’une autre, ils résident surtout dans la longueur différente des apophyses épineuses, dont les plus longues appartiennent aux troisième, quatrième et cinquième vertèbres ; tandis que celles qui suivent s’abaissent graduellement jusqu’à la dix-huitième.
Les articulations des vertèbres entre elles ayant été examinées dans le paragraphe précédent, nous n’y reviendrons pas ici.
Nous ne nous occuperons pas plus de la partie de l’axe central du système nerveux logée dans le canal rachidien, les détails que nous lui avons déjà consacrés nous paraissant très suffisants (Voy. IIIe partie, chap. Ier, Tête, Mœlle épinière). Nous dirons, toutefois, que les nerfsrachidiens, vertébraux ou spinaux, c’est-à-dire ceux qui émanent de la mœlle épinière et sortent du canal vertébral par les trous de conjugaison pour se porter aux organes, sont au nombre de 42 ou 43 paires ainsi réparties dans les cinq régions du rachis : 8 paires cervicales, 17 paires dorsales, 6 paires lombaires, 5 paires sacrées, et 6 ou 7 paires coccygiennes.
La face inférieure du corps des six premières vertèbres dorsales est recouverte par le muscle long du cou (6), qui y prend ses attaches postérieures. (Voy. IIIe partie, chap. II, § 1, Cou.)
En avant de la première côte (A), le long du cou est lui-même en partie recouvert par le muscle scalène (5), qui a été également étudié dans le paragraphe précédent.
Jusque-là, nous n’avons guère fait que nommer le sternum (D) ; il nous reste maintenant à entrer dans quelques détails à son sujet : c’est une pièce ostéo-cartilagineuse, allongée d’avant en arrière, comprimée d’un côté à l’autre, excepté en arrière, où elle est aplatie de dessus en dessous. On y reconnaît une face supérieure, deux faces latérales, trois bords et deux extrémités. La face p. 417supérieure sert de plancher à la cavité thoracique, tandis que chaque face latérale reçoit l’extrémité inférieure des huit cartilages des vraies côtes. Les deux bords latéraux séparent la face supérieure des faces latérales ; le bord inférieur, opposé à la face supérieure et très proéminent antérieurement, simule assez bien la carène d’un navire. L’extrémité antérieure constitue le prolongement trachélien du sternum ; l’extrémité postérieure, large palette cartilagineuse, a reçu la dénomination d’appendice iphoïde.
Le sternum ne donne appui, en définitive, qu’aux vraies côtes ; mais, comme les fausses côtes s’unissent par leurs cartilages costaux (C) au dernier cartilage sternal, il s’ensuit que le sternum sert d’appui indirect à l’extrémité inférieure de toutes les côtes.
Sur la face inférieure du sternum et les cartilages des quatre dernières côtes sternales et des premières asternales s’attache une large et puissante bande musculaire qui s’étend de là jusqu’au pubis ; cette bande représente le muscle grand droit de l’abdomen (3), dont nous parlerons plus longuement à propos de la planche X.
Plus en arrière et en dehors, au-dessous du grand oblique, recouvrant en partie le muscle précédent, s’étend le petit oblique ou oblique interne de l’abdomen (1), qui complète en arrière les parois latérales du tronc. Composé d’une portion charnue et d’une aponévrose antéro-inférieure, ce muscle occupe la région du flanc. Les fibres qui entrent dans la composition de sa portion charnue, étalées comme les rayons d’un éventail, partent de l’angle externe de l’ilium (E) et de l’arcade crurale pour rayonner vers le bord antéro-inférieur. Le bord supérieur de cette même portion charnue est uni par une épaisse production jaune élastique à un petit muscle particulier, le rétracteur de la dernière côte (2) (Retractor costae des Allemands), que certains auteurs considèrent comme une dépendance du petit oblique. Quant à l’aponévrose de ce dernier muscle, nous la décrirons en même temps que la face inférieure du tronc.
Cœur
Organe central de la circulation, le cœur (15) est un muscle creux formé de fibres striées complètement indépendantes de la volonté. Il est renfermé dans un sac fibro-séreux qu’on désigne sous le nom de p. 418péricarde, et situé entre les deux lames du médiastin antérieur, en regard des 3e, 4e, 5e et 6e côtes, en avant du diaphragme, au-dessus du sternum, qui semble le supporter, au-dessous de la colonne vertébrale (F. F), à laquelle il est suspendu au moyen des gros vaisseaux. Cet organe présente la forme d’un conoïde renversé, légèrement déprimé d’un côté à l’autre, dirigé de haut en bas et d’avant en arrière. On lui reconnaît deux faces, deux bords, une base et un sommet ou pointe du cœur ; celle-ci, dirigée en arrière et en bas, est un peu contournée ou déviée à gauche.
Le conoïde figuré par le cœur est divisé par une cloison verticale en deux poches parfaitement indépendantes, qu’on désigne souvent sous les noms de cœur gauche et de cœur droit. Ces poches sont subdivisées chacune en deux compartiments superposés, l’oreillette et le ventricule, par un étranglement circulaire au niveau duquel existe l’ouverture appelée orifice auriculo-ventriculaire. Très largement béant et à peu près circulaire, cet orifice met en communication l’oreillette et le ventricule du même côté ; il est pourvu d’un repli valvuleux jouant le rôle de soupape et chargé de boucher exactement l’orifice quand le ventricule se contracte pour chasser le sang dans les arbres artériels (artères pulmonaire et aorte). La valvule auriculo-ventriculaire droite est désignée sous le nom de valvule tricuspide ; celle de gauche, sous la dénomination de valvule bicuspide ou mitrale, en raison de la disposition particulière de ses festons, qui simulent, dans leur ensemble, les deux valves d’une mitre d’évêque. Les valvules tricuspides et mitrales s’ouvrent de haut en bas.
C’est la masse ventriculaire qui détermine la forme conoïde du cœur, dont elle constitue la plus grande partie. La masse auriculaire représente une sorte de couvercle fortement concave qui surmonte l’orifice auriculo-ventriculaire.
Il est à remarquer que, si le septum médian de la masse auriculo-ventriculaire empêche toute communication entre le cœur gauche et le cœur droit, la disposition des fi bres musculaires établit, par contre, une telle solidarité entre la masse ventriculaire d’une part et la masse auriculaire d’autre part, que les deux ventricules, de même que les deux oreillettes, ne peuvent se contracter l’un sans l’autre, tandis qu’une oreillette et un ventricule peuvent agir séparément.
En incisant l’une des poches auriculo-ventriculaires, de manière p. 419à ouvrir du même coup l’oreillette et le ventricule droits ou gauches, on voit les parois internes du cœur hérissées de colonnes charnues qui, en s’entre-croisant, forment des aréoles plus ou moins irrégulières. Un certain nombre de ces colonnes s’attachent par une de leurs extrémités au bord libre des valvules auriculo-ventriculaires.
Dans le ventricule droit (15), en avant et à gauche de l’ouverture auriculo-ventriculaire, ou aperçoit encore l’embouchure de l’artère pulmonaire (19), ou orifice pulmonaire, garnie de trois valvules dites sigmoïdes, suspendues à l’entrée de l’artère pulmonaire comme trois nids de pigeons réunis en triangle. Au contraire des valvules auriculo-ventriculaires, elles s’ouvrent de bas en haut.
Dans le ventricule gauche (16), l’origine de l’aorte primitive, ou orifice aortique, occupe une situation analogue à celle de l’artère pulmonaire dans le ventricule droit et est, comme elle, pourvue de trois valvules sigmoïdes. À sa naissance, l’aorte primitive fournit deux branches collatérales (artères cardiaques ou coronaires) : l’une droite, l’autre gauche, exclusivement destinées au tissu du cœur (31, 32).
L’oreillette droite est percée, en haut et en dehors, de quatre ouvertures ; ce sont les embouchures de la veine cave postérieure, de la veine cave antérieure, de la veine azygos et de la grande veine coronaire (cette dernière suit, autour du cœur, le trajet de l’artère de même nom). Les veines coronaire et azygos sont pourvues de petites valvules.
Quant à l’oreillette gauche, sa partie supérieure est également percée de plusieurs orifices ; ceux-ci, au nombre de quatre à huit, sont les embouchures des veines pulmonaires et ne présentent point de valvules.
Les cavités du cœur sont tapissées par une membrane séreuse appelée endocarde, dont l’inflammation a reçu le nom d’endocardite.
Le péricarde peut également s’enflammer ; il y a alors pêricardite, affection qui s’accompagne généralement d’une hydropisie de la séreuse.
La circulation est la fonction physiologique par laquelle le sang est distribué dans toutes les parties du corps, afin de fournir aux organes les matériaux nécessaires à leur nutrition ; c’est Harvey, médecinp. 420 du roi d’Angleterre Charles Ier (1619), qui expliqua et démontra la circulation.
L’appareil qui sert à cette fonction se compose essentiellement de deux espèces d’organes : 1° d’un organe central, le cœur, chargé de recevoir le sang de toutes les parties du corps et de le pousser dans ces mêmes parties ; 2° d’un système de canaux ou de tubes membraneux s’irradiant dans tous les sens et opérant la locomotion du sang.
Le mouvement du sang tient essentiellement à l’impulsion puissante que le cœur communique à ce fluide. Le cœur est placé à la fois sur le trajet du sang veineux et du sang artériel ; mais sa division en deux poches ou plutôt en deux cœurs n’ayant entre eux aucune communication ne permet pas le mélange du sang rouge et du sang noir.
Pour analyser l’action du cœur et se faire une idée exacte de chacun des éléments dont elle se compose, il convient de prendre l’organe au moment d’une pause ou lorsqu’une révolution vient de finir. La révolution qui va commencer s’opère dans l’ordre suivant : 1° contraction ou systole des oreillettes, coïncidant avec le relâchement ou la diastole des ventricules ; 2° contraction ou systole des ventricules, coïncidant avec le relâchement ou la diastole des oreillettes. Puis, après une pause pendant laquelle toutes les cavités tombent dans l’inertie, le jeu de l’organe recommence dans le même ordre.
1° Systole des oreillettes et des ventricules. — En se contractant, les oreillettes projettent chacune une partie de leur contenu dans le ventricule correspondant, dont l’orifice supérieur est alors béant, par suite de l’abaissement des valvules auriculo-ventriculaires résultant à la fois de la contraction des oreillettes et du poids du sang.
À la contraction brève, faible et aphone des oreillettes succède la contraction plus longue et plus énergique des ventricules. Celle-ci déplace le cœur en masse, le projette à gauche sur les parois costales, donne lieu à un choc plus ou moins violent, à un bruit plus ou moins perceptible, et lance le sang dans le système artériel. Chez le cheval, c’est à la fois sur les cartilages de la 5e et de la 6e côtes, près de leur articulation avec la partie osseuse, et très exactement sur le cinquième espace intercostal, que se trouve le centre du choc p. 421systolique. La pointe du cœur demeure presque étrangère à ce phénomène, d’autant plus que, par une bizarre singularité, elle est incurvée à droite au lieu de demeurer courbée à gauche, comme dans la généralité des animaux.
Il est à remarquer que, pendant la systole des ventricules, les valvules auriculo-ventriculaires se relèvent et obstruent à peu près complètement les ouvertures qui font communiquer les oreillettes avec les ventricules, tandis que les valvules sigmoïdes des orifices pulmonaire et aortique s’ouvrent et donnent libre passage au sang que la contraction des ventricules chasse dans le courant circulatoire.
2° Diastole auriculo-ventriculaire. — À peine les oreillettes se sont-elles resserrées qu’elles reviennent brusquement sur elles-mêmes pour rendre libre l’afflux du sang veineux dans leurs cavités.
Fig. 143. — Schéma du cours du sang.
Dans la diastole ventriculaire, la cavité des ventricules se dilate, le cœur se gonfle dans tous les sens, sa pointe revient en arrière et se rapproche de la ligne médiane ; enfin, les valvules mitrales et tricuspides s’abaissent et laissent affluer dans les ventricules le sang des oreillettes, pendant que les valvules sigmoïdes se ferment et empêchent le liquide des ventricules de s’échapper par les orifices aortique et pulmonaire.
3° Cours du sang dans les cavités du cœur. — Le sang p. 422veineux, qui arrive de toutes les parties du corps, pénètre dans l’oreillette droite du cœur par les veines caves antérieure et postérieure, les veines coronaires et la veine azygos ; puis, par suite de la systole auriculaire, il passe de la cavité des oreillettes dans le ventricule situé au-dessous, pour se rendre enfin dans le poumon par l’artère pulmonaire. Là, il est hématose et ramené par les veines pulmonaires dans l’oreillette gauche.
Ces phénomènes constituent ce qu’on appelle la petite circulation ou circulation pulmonaire.
Arrivé dans l’oreillette gauche, le fluide sanguin est refoulé par la systole auriculaire dans le ventricule correspondant qui, en se contractant à son tour, le chasse par l’artère aorte dans toutes les parties du corps. De là, il est ramené par les veines caves, les veines coronaires et la veine azygos dans le cœur droit, et la même série de phénomènes recommence.
Cette circulation périphérique constitue la grande circulation (fig. 143 du texte).
4° Bruits du cœur. — Les mouvements du cœur s’accompagnent de deux bruits : le premier est prolongé et fort ; le deuxième est clair, éclatant et bref.
Le premier bruit, qui est systolique, coïncide avec le choc du cœur sur les parois du thorax. Il est isochrone avec la contraction des ventricules et la pulsation artérielle.
Le second bruit coïncide avec le moment où les valvules sigmoïdes des orifices aortique et pulmonaire se ferment sous le poids de la colonne sanguine, qui tend à revenir par le cœur.
Entre ces deux bruits, il y a un temps de silence qui répond au relâchement de toutes les parties du cœur et à la fin d’une révolution.
Le nombre des contractions que le cœur effectue en un temps donné varie suivant l’âge et une foule de conditions physiologiques et pathologiques. Normalement, on compte 36 à 40 battements du cœur par minute chez le cheval.
La fréquence de ceux-ci est en raison inverse de l’âge.
Le sommeil, les efforts, le froid, l’immersion dans l’eau froide, certains médicaments, tels que la digitale et la vératrine, l’injection dans les veines de substances étrangères, diminuent également les contractions cardiaques. Au contraire, l’exercice, l’agitation, les cris, p. 423la chaleur, la diminution de pression extérieure, la décapitation ou la section de la mœlle allongée, l’asphyxie, les hémorrhagies mortelles, augmentent le nombre des battements du cœur.
Les bruits du cœur sont quelquefois modifiés, non seulement dans leur fréquence, mais encore dans leur timbre et leur intensité, par suite de maladies de cet organe ; c’est ainsi qu’on distingue le bruit de souffle, le bruit de râpe, le bruit métallique (charbon), etc. Ces bruits anormaux s’entendent, soit à côté des bruits ordinaires, soit en leurs lieu et place.
Au moment de la systole ventriculaire, l’ondée sanguine, projetée avec une grande force, soulève les valvules sigmoïdes, les écarte, les applique à la face interne des parois vasculaires et passe librement de la cavité ventriculaire dans le système artériel.
La poussée du sang dans les artères est donc déterminée par la contraction des ventricules ; toutefois, cette force d’impulsion n’agit pas seule et se trouve aidée dans son action par d’autres forces auxiliaires provenant de la contractilité et de l’élasticité des artères. L’élasticité des parois artérielles agit en même temps que la force systolique et tend à transformer un mouvement intermittent en un mouvement continu ; leur contractilité peut à la fois servir d’auxiliaire à l’action impulsive du cœur et régler la quantité de sang distribuée aux organes.
Dans leur trajet, il arrive souvent que deux artères très éloignées de leur point de départ se rejoignent et s’abouchent, de manière que le sang de l’une peut passer dans l’autre, et réciproquement ; c’est ce qu’on appelle une anastomose.
Pouls. — Lorsque le doigt vient à comprimer légèrement une artère reposant sur une partie suffisamment résistante, il perçoit la sensation d’un choc plus ou moins fort, qui se répète, avec un léger retard, à chaque battement du cœur. C’est ce phénomène qu’on désigne sous le nom de pouls.
Les pulsations artérielles étant isochrones avec les battements du cœur, il s’ensuit que le pouls bat normalement 36 ou 40 fois à la minute et que les conditions physiologiques ou pathologiques ayant une influence quelconque sur le nombre des battements cardiaques p. 424agissent dans le même sens relativement à la fréquence du pouls. Aussi, les caractères fournis par le pouls sont-ils d’une grande utilité pour le diagnostic de la plupart des maladies.
Le sang, pour passer des artères dans le poumon, doit traverser des vaisseaux extrêmement déliés, formant ce que l’on appelle des capillaires. La direction des courants capillaires a lieu des artères vers les veines. Leur vitesse est subordonnée à la fois à celle de la circulation générale et peut-être aussi à l’action des parois capillaires ; elle paraît plus grande du côté des artérioles que vers les radicules des veines.
Dans tous les cas, les globules placés au même point n’ont, pas la même vitesse : ceux de la périphérie progressent lentement ; ceux en dedans des premiers marchent plus vite ; enfin, ceux du reste du courant ont la vitesse maxima. Cette particularité est très avantageuse pour les échanges moléculaires qui doivent avoir lieu au niveau des capillaires.
L’air froid, l’eau froide, la glace, agissent immédiatement sur les vaisseaux capillaires ; ils les rétrécissent, font, pâlir les parties, y diminuent l’apport du sang et y rendent son mouvement plus lent et plus difficile. La chaleur produit l’effet inverse.
Le sang que le cœur a lancé dans les artères et les capillaires doit être ramené à son point de départ en suivant un trajet inverse à celui qu’il a déjà parcouru ; c’est par les veines que ce retour s’effectue et que se complète l’itinéraire de la circulation.
La vitesse avec laquelle le sang se meut dans les veines est beaucoup moins grande que celle des mouvements de ce fluide dans le système artériel. Sa progression est régulière, continue, sans intermittence sensible. Les veines, enfin, ne donnent au doigt aucune pulsation.
Le sang se meut dans le système veineux en vertu des impulsions initiales et successives qu’il a reçues dans les sections précédentes de l’appareil circulatoire. Il est, en outre, soumis à l’impulsion des parois veineuses elles-mêmes, aidée par l’action éventuelle de diverses causes :
p. 425La dilatation du thorax, par exemple, lors de l’inspiration, exerce sur les oreillettes du cœur, sur les grosses veines qui y aboutissent, etc., une action aspiratrice accroissant l’impulsion du sang ; l’expiration, au contraire, diminue la vitesse du sang dans les veines.
Toute cause mécanique s’opposant, pendant un certain temps, à la libre circulation du sang dans le système veineux, ralentit également le cours de ce liquide, augmente sa pression et, par suite, provoque la transsudation de sa partie fluide en dehors des veines.
C’est ainsi que se produisent les œdèmes sous le ventre à la suite de compression trop forte du surfaix maintenant, la couverture. C’est également par le même mécanisme que les membres du cheval au repos s’engorgent au bout d’un certain temps : par le fait de l’inaction forcée dans laquelle se trouvent les extrémités, la circulation du sang languit dans les veines, sa tension augmente, et sa partie liquide ne tarde pas à transsuder en dehors des vaisseaux veineux.
La circulation dans les veines est favorisée par la présence de valvules placées dans leur intérieur, de distance en distance, et soutenant la colonne sanguine qu’elles divisent. Ces valvules ont encore pour usage, dans les veines des membres, d’atténuer l’influence que la pesanteur exerce sur le cours du sang.
Cœur. — Le cœur, si prompt à s’affecter de toutes les sensations de l’économie, n’est cependant pas doué d’une sensibilité exquise. On l’a pincé, lacéré en plusieurs points, piqué dans tous les sens, sans provoquer une douleur manifeste.
C’est même pourquoi l’on a cru longtemps, avec Haller, que le cœur était indépendant du système nerveux.
Pourtant, comme beaucoup d’autres, cet organe a une sensibilité spéciale, qui est mise en jeu par certains excitants et se trouve réglée, quant à son exercice, par des filets nerveux du pneumogastrique et du grand sympathique.
Le pneumogastrique agit comme nerf modérateur ou paralysant du cœur. Par suite, sa section accélère les mouvements de cet organe, tandis que son excitation les ralentit65 .
p. 426Le grand sympathique, au contraire, joue le rôle de nerf accélérateur.
« De plus, le cœur contient, dans l’épaisseur même de ses parois, de petits ganglions dont les uns agissent comme centres modérateurs, les autres comme centres accélérateurs. C’est pour cela que le cœur arraché de la poitrine, peut continuer encore à battre plus ou moins longtemps, selon les espèces animales 66 . » ,
Vaisseaux. — Les vaisseaux, qui, nous le savons, peuvent se contracter par suite d’excitations directes (froid, chaleur, choc, etc.), sont aussi soumis à l’influence du système nerveux.
Les nerfs qui agissent ici appartiennent, pour la plupart, au grand sympathique (Voy. IIIe partie, chap. II, § 2, Tronc, appendice), d’après les expériences de Claude Bernard.
Connus sous la dénomination générale de vaso-moteurs, ces nerfs produisent dans les parois musculaires des vaisseaux, qu’ils innervent, tantôt des contractions, tantôt des paralysies. Les uns, en somme, sont vaso-constricteurs, les autres vaso-dilatateurs. L’action de ces derniers s’explique par une action suspensive ou d’arrêt analogue à celle que le pneumogastrique exerce sur le cœur.
La fièvre résulte d’une action exagérée des nerfs vaso-dilatateurs, qui sont en même temps calorifiques.
Sang
Le sang du cheval est un liquide assez consistant, possédant une odeur faible, mais particulière à l’espèce. Sa réaction est alcaline ; son poids spécifique, de 1,060, varie d’une manière notable dans les différents états pathologiques et même à l’état normal, suivant les individus ; sa couleur rouge est dans les artères, plus foncée dans les veines. D’où la division qu’on a établie en sang artériel et en sangveineux. M. le professeur Colin, d’Alfort, a observé que la proportion de liquide sanguin, comparée au poids du corps, varie dans des limites assez grandes suivant les animaux ; toutefois, il a pu constater que le cheval donne, en moyenne, une quantité de sang équivalente à 1/18 de son poids ; soit 26 à 30 kilogrammes de liquide sanguin pour un cheval pesant 500 kilogrammes.
p. 427Le sang se compose de deux parties : une liquide, transparente, incolore, le plasma, au milieu de laquelle nage la partie solide constituée par les globules rouges et les globules blancs.
De beaucoup les plus nombreux, les globules rouges donnent au sang sa coloration. Ils se présentent sous la forme de disques légèrement biconcaves, dont le diamètre est de 0mm,0057 chez le cheval. Leur nombre, dans une goutte de sang, est considérable ; on admet qu’il en existe cinq millions dans un millimètre cube, soit cinq milliards environ dans un litre. Les femelles ont moins de globules rouges que les mâles. D’un autre côté, les individus bien musclés, énergiques, sanguins, en ont plus que les individus mous, lymphatiques. Une foule d’états pathologiques font aussi varier le chiffre des globules ; la plupart le descendent : telle l’anémie.
Il y a altération des globules dans plusieurs maladies : dans les maladies charbonneuses, par exemple, ils changent de forme, deviennent ratatinés, déchiquetés.
Le rôle des globules rouges est très important, en ce sens surtout qu’ils absorbent presque à eux seuls l’oxygène destiné à l’hématose.
Les globules blancs figurent de véritables cellules en voie de formation. Ils sont absolument identiques aux globules de la lymphe.
Le corps des globules rouges est formé par de l’eau et par deux substances : l’une, albuminoïde, la globuline, incolore, insoluble dans le sérum ordinaire ; l’autre, colorante, l’hémoglobine, qui donne naissance spontanément, ou soumise aux agents chimiques, à l’hématine, matière colorante également, qu’on ne trouve pas dans le sang normal.
Dans certains cas, la matière colorante donne naissance à des cristaux. La métamorphose cristalline la plus connue de l’hémoglobine est l’hématoïdine.
Quant au fer des globules, il est à un état encore indéterminé.
Le plasma est le véhicule qui tient en suspension les globules ; c’est lui qui renferme tous les éléments destinés à l’accroissement et à la nutrition du corps ; il charrie, en outre, tous les produits de décomposition si nombreux dans l’organisme.
Sa composition est très complexe : il contient 9/10 d’eau, de la fibrine, de l’albumine, des matières grasses, du glucose, des produits du travail de la nutrition et des sels minéraux.
p. 428La fibrine jouit de la propriété de se coaguler, c’est-à-dire de se prendre en masse solide quand la circulation languit ou que le sang coule hors des vaisseaux.
C’est à la coagulation de la fibrine qu’est due la formation du caillot. Chez les Solipèdes, celui-ci présente des caractères exceptionnels ; il se divise en deux parties distinctes : l’une supérieure, jaunâtre ; l’autre inférieure, d’un rouge plus ou moins foncé, représente ordinairement les 3/5 de la masse totale.
En se solidifiant, la fibrine emprisonne dans ses mailles la partie consistante du sang et en exprime la partie liquide, ou sérum ; or, comme chez le cheval le sang est très riche en fibrine et se coagule lentement, les globules ont tout le temps voulu pour se déposer en grande partie vers le fond du vase où l’on a recueilli le sang et former la couche inférieure du caillot. Il est à remarquer que la quantité de fibrine augmente dans les maladies inflammatoires, tandis qu’elle diminue généralement dans les maladies infectieuses.
Une fois que le sang est complètement coagulé, le caillot se rétracte dans sa partie blanche. Ce retrait est peu marqué dans certaines maladies, telles que la fièvre typhoïde, l’infection putride, la morve, etc.
L’albumine ne se coagule que sous l’influence de la chaleur ou de certains réactifs.
Outre les substances que nous venons d’énumérer, le sang contient encore 45/100 environ de gaz (oxygène et acide carbonique). Il peut même, dans certains cas, renfermer des entozoaires agames, des bactéries ou bactéridies (infection putride, charbon), des globules de pus (infection purulente), etc.
Transfusion
On appelle transfusion l’opération par laquelle on fait passer dans les vaisseaux d’un animal du sang emprunté à un autre animal et préalablement défibriné par le battage.
« Aujourd’hui, dit M. Mathias Duval, on compte par centaines les cas d’hémorrhagies où le malade exsangue a été rappelé à la vie par la transfusion du sang, surtout dans les cas de métrorrhagies. Les globules sanguins doivent être empruntés à un animal de même espèce, sans quoi l’effet cherché n’est point obtenu ; car des globules sanguins d’un animal quelconque ne sont pas plus aptes à entretenir la vie des tissus d’un animal d’espèce différente, que les spermatozoïdesp. 429 du premier ne seraient propres à féconder l’ovaire du second67 . »
II. - FACE INFÉRIEURE DU TRONC ET ABDOMEN
(Pl. X)
La face inférieure du tronc s’étend, d’avant en arrière, du prolongement trachélien du sternum au bord antérieur du pubis, et se trouve limitée, de chaque côté, par les hypochondres et les flancs. Elle correspond à la région inférieure de l’abdomen, excepté en avant, où elle comprend encore une autre région, que nous appellerons sternale, axillaire ou sous-thoracique, en raison de sa situation sous le thorax. La face inférieure du tronc embrasse, en somme, les parties étudiées en extérieur sous les noms d’ars, d’inter-ars, de passage des sangles et de ventre. C’est par elle que la planche X nous fait pénétrer dans la Cavité abdominale, vaste réservoir dont nous nous occuperons tout spécialement, après avoir dit un mot des plans musculaires qu’il nous faut traverser pour y arriver (Parois abdominales).
I. — Premier plan
Muscles pectoraux.
En enlevant la peau qui recouvre la face inférieure du tronc, on met immédiatement à découvert, en avant, dans la région sous-thoracique ou axillaire, les deux muscles pectoraux divisés en pectoral superficiel et pectoral profond.
Le pectoral superficiel comprend lui-même deux parties décrites séparément : l’une, sous le nom de muscle sterno-huméral (1) ; l’autre, sous le nom de muscle sterno-aponévrotique (2).
Placés sous le sternum, dans le pli de l’ars, ces deux muscles se terminent au membre antérieur et constituent la base du poitrail ; l’un d’eux, le sterno-huméral, fait même ordinairement saillie en avant de cette région chez les chevaux bien musclés.
Ils ont pour mission de rapprocher le membre antérieur du corps.
Le pectoral profond se subdivise également en deux muscles distincts :p. 430 le sterno-trochinien (3) et le sterno-préscapulaire (verso, 1), dont la situation, à la face interne du pectoral superficiel, est à peu près identique à celle des muscles précédents. Toutefois, le sterno-trochinien présente cette particularité qu’il s’étend postérieurement jusque sur la tunique abdominale.
Les deux divisions du pectoral profond tirent l’angle de l’épaule et, conséquemment, tout le membre antérieur en arrière.
II. — Deuxième plan tunique absominale. Muscle grand oblique de l'abdomen. Ligne blanche. Arcade crurale. Ombilic. Trajet du canal inguinal.
En arrière du premier plan, et presque aussi superficiellement que lui, on trouve le muscle grand oblique ou oblique externe de l’abdomen, constituant à lui seul le deuxième plan. Une vaste expansion de tissu fibreux jaune élastique, la tunique abdominale, non figurée sur la planche X, le sépare de la peau. Cette expansion vient en aide aux muscles abdominaux pour soutenir la masse intestinale et se montre, par ce fait même, d’autant plus épaisse, chez les différentes espèces animales, que les organes digestifs sont plus développés. Elle n’existe pas chez l’homme.
Formé d’une portion charnue (1) et d’une portion aponévrotique (2), l’oblique externe occupe à peu près toute la face inférieure du tronc. La portion charnue ayant été décrite en même temps que la face latérale de cette même région, nous ne nous occuperons ici que de la portion aponévrotique. Celle-ci continue en bas et en dedans la portion musculaire et s’attache, par son bord interne, sur la ligne blanche (II, 3 et IV, 2) et le tendon pré-pubien (IV, 3). Son bord postérieur s’étend du pubis à l’angle externe de l’ilium et établit ainsi la séparation entre le tronc et le membre abdominal.
En se contractant, l’oblique externe comprime les viscères abdominaux, fléchit la colonne vertébrale et agit aussi comme expirateur.
Du bord postérieur de l’aponévrose du grand oblique se détache un feuillet représentant un ruban assez large fixé par ses extrémités sur l’angle externe de l’ilium et le bord antérieur du pubis. La paroi postérieure de ce ligament embrasse la partie supérieure et antéro-interne du membre postérieur à la manière d’une arcade ; d’où le nom d’arcade crurale (X, 25) donné à ce feuillet.
p. 431Entre les bords internes des muscles grands obliques apparaît un cordon fibreux qui s’étend de l’appendice xiphoïde au pubis ; c’est la ligne blanche, que nous verrons mieux marquée sur le IVe plan. Vers ses deux tiers antérieurs, ce cordon s’élargit pour circonscrire l’espace losangique au centre duquel on trouve la trace de l’ombilic (4) ou du cordon ombilical qui, dans la matrice, établit une communication entre la mère et le fœtus.
Tout à fait en arrière, de chaque côté du tendon pré-pubien, l’oblique externe est percé d’un trou ovalaire dit anneau inguinal (5) ; c’est l’orifice inférieur du canal inguinal, conduit infundibuliforme situé entre la face antérieure de l’arcade crurale et la portion charnue du muscle petit oblique de l’abdomen. À la suite de violents efforts ou d’un relâchement de son orifice supérieur, ce trajet, par lequel sort normalement de la cavité abdominale le cordon testiculaire chez le mâle, peut livrer passage à une anse intestinale ; il y a alors ce qu’on appelle une hernie inguinale, affection spéciale au cheval entier.
D’autres hernies peuvent se produire sur différents points de la face inférieure de l’abdomen : la hernie ombilicale, par exemple, tumeur plus ou moins volumineuse déterminée par le passage d’une portion de l’intestin à travers l’anneau ombilical, dont l’ouverture a persisté ; les hernies ventrales, suite d’efforts ou de coups ayant amené une déchirure des muscles abdominaux sur un point quelconque du ventre ou des flancs.
Les hernies peuvent souvent se réduire quand elles sont récentes ; mais, si elles existent depuis un certain temps, il y a toujours à craindre un étranglement de l’anse intestinale herniée par suite d’un rétrécissement de l’ouverture ou même de l’enveloppe péritonéale (Voy. plus loin la description de la cavité abdominale) que l’intestin a refoulée au dehors, et dans laquelle il se trouve enveloppé comme dans un sac. Aussitôt qu’un accident semblable s’est produit, il faut se hâter de débrider l’orifice herniaire ou la base du sac péritonéal, pour faciliter la rentrée de l’anse intestinale dans la cavité de l’abdomen et rétablir le cours des matières alimentaires.
III. — Troisième plan muscle petit oblique de l'abdomen.
En relevant les dentelures inférieures de la portion charnue et la moitié externe de la portion aponévrotique du grand oblique, on aperçoit le bord antéro-inférieur de la portion charnue du petit oblique de l’abdomen et la partie externe de son aponévrose. Comme le précédent, ce dernier muscle est, en effet, formé d’une portion charnue et d’une portion aponévrotique. La portion charnue ayant déjà été étudiée (Voy. IIIe partie, chap. II, § 2, 1, Face latérale du tronc), nous n’y reviendrons pas ici. La portion aponévrotique n’est visible, sur le recto du troisième plan, que dans sa moitié externe, l’entre-croisement de ses fibres avec celles de l’oblique externe ne permettant pas de séparer les deux muscles sur la ligne médiane. On voit, d’ailleurs, très nettement cette disposition sur la planche X.
Le petit oblique comprime les viscères abdominaux, abaisse les dernières côtes et opère la flexion directe ou latérale de la colonne vertébrale.
IV. — Quatrième plan
Muscle grand droit de l'abdomen. Ligne blanche. Tendon pré-pubien.
Le deuxième et le troisième plans relevés mettent à découvert une puissante bande musculaire rétrécie à ses extrémités et entrecoupée de nombreuses intersections tendineuses transversales et en zigzag (1.1) ; c’est le grand droit de l’abdomen. Ce muscle, qui s’attache antérieurement sur les premières côtes et la face inférieure du sternum, se fixe postérieurement au bord antérieur du pubis par le tendon pré-pubien (3), commun aux muscles abdominaux. Il comprime les viscères abdominaux et fléchit le rachis.
Les deux muscles grands droits sont séparés l’un de l’autre par la ligne blanche (2).
V. — Cinquième plan
Muscle transverse de l'abdomen.
En rabattant un des muscles droits sur celui du côté opposé, on met immédiatement à découvert le cinquième plan constitué par le muscle transverse de l’abdomen.
p. 433Formé d’une portion charnue externe et d’une portion aponévrotique interne, ce muscle s’attache : par ses fibres musculaires, en dedans des côtes asternales et sur l’extrémité des apophyses transverses de la région lombaire ; par son aponévrose, sur l’appendice xiphoïde et la ligne blanche.
Il comprime les viscères abdominaux.
Cavité abdominale.
Une fois le cinquième plan relevé, nous nous trouvons dans la cavité abdominale, vaste réservoir logeant les organes essentiels de la digestion et de la dépuration urinaire. Cette cavité a la forme d’un ovoïde allongé dans le sens antéro-postérieur, ayant pour paroi supérieure les vertèbres lombaires et les muscles de la région sous-lombaire, fermé en bas et sur les côtés par les plans musculaires que nous avons examinés, borné en avant par le diaphragme, et prolongé en arrière entre les os et les ligaments membraneux du bassin.
Régions. — Afin de faciliter l’étude topographique des viscères renfermés dans la cavité abdominale, on l’a artificiellement divisée en six régions principales :
1° La région supérieure ou sous-lombaire, qui répond aux vertèbres lombaires et aux muscles psoas (X, 5, 6, 7).
2° La région inférieure, que nous venons de passer en revue et qui répond à la ligne blanche et aux deux muscles droits. Sa grande étendue l’a fait subdiviser en cinq régions secondaires : la région sus-sternale (épigastre chez l’homme) ; la région, ombilicale ; la région pré-pubienne (sous-pubienne chez l’homme) ; les deux régions inguinales.
La situation de ces régions se déduit parfaitement de leurs noms.
3° Les régions latérales, comprenant deux sous-régions : l’hypochondre, qui correspond au cercle cartilagineux des fausses côtes, et le flanc, qu’on trouve en regard de la portion charnue du muscle petit oblique.
4° La région antérieure ou diaphragmatique.
5° La région postérieure ou pelvienne (cavité du bassin), espèce de diverticulum de la cavité abdominale borné en haut par le sacrum ; en bas par la face supérieure du pubis et des ischions ; sur les côtés, par p. 434la portion rétrécie des iliums. Elle est traversée par le rectum et les organes génito-urinaires.
Péritoine. — Comme la cavité thoracique, la cavité abdominale est tapissée à l’intérieur par une membrane séreuse qui prend ici le nom de péritoine. Celui-ci se compose de deux feuillets, l’un pariétal, l’autre viscéral, formant dans leur ensemble un sac complet disposé de telle façon que les organes contenus dans l’abdomen sont en dehors de ce sac. Le péritoine représente, en somme, un sac sans ouverture, dont la paroi s’invagine dans différents endroits pour embrasser les viscères abdominaux. En s’invaginant, le sac péritonéal donne naissance à des replis séreux suspendant les organes, qui flottent librement dans l’abdomen, et unissant le feuillet pariétal au feuillet viscéral. Ces replis sont désignés sous les noms de ligaments, mésentères, épiploons ; nous les décrirons brièvement en parlant des viscères qu’ils suspendent.
Quelques organes, les reins, par exemple, compris entre la paroi de l’abdomen et le feuillet pariétal du péritoine, n’ont ni feuillet viscéral, ni replis ; d’autres ne sont revêtus par le péritoine qu’en avant seulement ; tels les organes génitaux internes de la femelle et la vessie.
On profite, en chirurgie vétérinaire, de ce que certaines portions de l’intestin ne sont pas complètement flottantes dans la cavité abdominale, et se trouvent en contact avec les parois de cette cavité, pour les ouvrir (entérotomie) et livrer passage aux matières alimentaires et surtout aux gaz qui s’accumulent quelquefois dans leur intérieur ; telle cœcum, qui touche les parois du flanc droit, et que l’on ponctionne quelquefois à l’aide d’un trocart, soit pour empêcher la trop forte dilatation des viscères lors de coliques venteuses et éviter ainsi des conséquences souvent funestes ; soit, dans le cas de hernie inguinale étranglée, pour débarrasser l’anse intestinale des gaz qui la distendent.
Comme toutes les séreuses, le péritoine est riche en vaisseaux sanguins et en nerfs ; son feuillet viscéral possède, en plus, de nombreux vaisseaux lymphatiques. Par ce fait même, les refroidissements, les blessures pénétrantes de l’abdomen et toutes les affections des viscères que le péritoine recouvre, amènent facilement l’inflammation de cette séreuse, ou la péritonite.
Caractérisée surtout par une très grande sensibilité du ventre, cette affection est presque toujours mortelle chez le cheval, grâce à l’excessivep. 435 impressionnabililé de toutes les séreuses chez cet animal.
Une autre affection, l’ascite ou hydropisie du péritoine, existe quelquefois aussi chez le cheval. Elle se produit directement quand le cours du sang est gêné dans la veine porte et que sa partie liquide s’extravase en dehors ; quand le fluide sanguin est très pauvre en globules rouges, comme dans l’anémie ; quand les fonctions de la peau et des reins ont été supprimées par suite de refroidissement, d’humidité, de pluie froide, de séjour dans des localités marécageuses, etc., etc.
Enfin, elle peut également être symptomatique de l’inflammation du péritoine ou de tout autre organe de l’abdomen. Cette affection est surtout caractérisée par une augmentation de volume du ventre et par l’engorgement des membres et des organes génitaux.
Renfermés dans la cavité abdominale, les organes essentiels de la digestion comprennent l’estomac, l’intestin et les organes annexes ; c’est-à-dire le foie, le pancréas et la rate.
À sa sortie de la cavité thoracique, après avoir traversé le pilier droit du diaphragme, le long tube destiné au transport des aliments de l’arrière-bouche dans les organes digestifs abdominaux, l’œsophage, est continué par un sac membraneux appelé estomac, auquel fait suite le tube intestinal, dont nous allons tout d’abord nous occuper. C’est un long canal replié un grand nombre de fois sur lui-même, se terminant à l’ouverture postérieure de l’appareil digestif. Étroit et d’un diamètre uniforme dans sa partie antérieure, qui prend le nom d’intestin grêle, il se renfle irrégulièrement, se bosselle à sa surface dans sa partie postérieure, qui s’appelle le gros intestin.
Les parois du tube intestinal sont constituées par trois tuniques : une séreuse externe, une charnue moyenne et une muqueuse interne. Comme la peau, dont elle est la continuation, cette dernière membrane comprend dans sa structure un derme muqueux et un épiderme ou revêtement épithélial.
p. 436Le derme muqueux offre à sa surface libre des saillies appelées villosités, et des dépressions répondant à des glandes. Les villosités sont des appendices coniques très riches en vaisseaux sanguins, lymphatiques et nerveux, jouant un grand rôle dans l’absorption. Les orifices percés sur la muqueuse intestinale appartiennent à des glandes disséminées dans toute l’étendue de l’intestin (glandes de Brünner et de Liberkühn). D’autres glandes non ouvertes à l’extérieur existent encore dans certaines parties de l’intestin, isolées ou rassemblées en plaques. Les unes et les autres agissent dans la digestion et se tuméfient dans certaines maladies, telles que l’entérite et les affections typhoïdes.
VI. — Sixième plan
Intestin grêle et Cæcum.
Immédiatement à la face interne du muscle transverse de l’abdomen, nous rencontrons les circonvolutions de l’intestin grêle (1) et le cæcum (3), occupant en partie la région ombilicale et les hypochondres.
a. — Intestin grêle
Long de 22 mètres en moyenne, l’intestin grêle part du cul-de-sac droit de l’estomac (X, 14), dont il n’est séparé que par le rétrécissement pylorique (X, 15). Près de son origine, il présente un renflement donnant naissance à une portion plus étroite qui, se dirigeant d’abord en avant, revient brusquement en arrière, contourne la base du cæcum (2) du côté droit, et se porte ensuite, en croisant transversalement la région lombaire (verso, 1), dans le flanc gauche, où il forme mille replis flottant librement dans la cavité abdominale, mêlés aux circonvolutions du petit côlon. Son extrémité terminale se dégage enfin d’entre ces replis, et débouche dans la concavité de la crosse du cæcum (verso, 2).
On distingue dans l’intestin grêle une portion antérieure fixe ou duodénale, et une portion postérieure flottante.
Le principal moyen de fixité de l’intestin grêle est le vaste repli péritonéal connu sous le nom de grand mésentère. D’autant plus large qu’on le considère plus près de l’extrémité cœcale, celui-ci part de la p. 437région sous-lombaire (pourtour de l’artère mésentérique), comme d’un centre, pour se développer dans toutes les directions et s’insérer sur l’intestin. Sa disposition ne peut se déduire que par la pensée ; car, vu la grande longueur de sa base ou de son insertion inférieure, il est impossible de l’étendre complètement ; le mieux qu’on puisse faire pour avoir une idée assez exacte de sa forme, c’est de le disposer en spirale autour de son point de départ. Le grand mésentère est formé de deux lames entre lesquelles courent les vaisseaux sanguins et lymphatiques, ainsi que les nerfs de l’intestin grêle.
Les maladies de l’intestin sont nombreuses et se rapportent : à l’inflammation des membranes (entérite) ; à l’arrêt de la digestion intestinale (congestion) ; aux névroses ; à la présence d’helminthes et de calculs ; à des surcharges alimentaires ; à un développement anormal de gaz (météorisation) ; à des changements de position de l’intestin (hernie, invagination, étranglement, volvulus) ; enfin, à des déchirures ou à des ruptures.
Toutes ces maladies ne sont pas également fréquentes ; celles qu’on observe le plus ordinairement dans l’intestin grêle sont les hernies, les étranglements, les volvulus et les helminthes ; la surcharge alimentaire, la météorisation et les calculs n’existent guère que dans le gros intestin ou l’estomac. Quant à l’inflammation et à la congestion, elles affectent souvent tout le tube intestinal. Dans tous les cas, ces affections se caractérisent à l’extérieur par des coliques plus ou moins violentes et un ensemble d’autres symptômes variant suivant la cause qui les produit.
b. — Gros intestin
Le gros intestin fait immédiatement suite à l’intestin grêle ; il commence par le cæcum et se continue par le côlon et le rectum. Nous allons examiner successivement chacune de ces parties.
1° Cæcum. — Situé sur le même plan que l’intestin grêle, le cæcum (3) représente un sac allongé de haut en bas et d’arrière en avant, occupant l’hypochondre droit depuis la région sous-lombaire jusqu’au sternum, et offrant à sa surface extérieure une foule de plis transversaux maintenus en place par des bandes musculaires longitudinales.
p. 438L’extrémité supérieure, la base ou la crosse du cæcum (verso, 3), répond : en haut, au rein droit et au pancréas ; en dehors, au flanc droit et au duodénum, qui la contourne ; en dedans, à la terminaison du gros côlon et aux circonvolutions de l’intestin grêle. L’extrémité inférieure, ou la pointe (4), peut flotter librement dans la cavité de l’abdomen ; toutefois, elle s’appuie ordinairement sur le prolongement abdominal du sternum.
Le repli péritonéal qui revêt le cæcum, en sautant de cet organe sur l’origine du côlon, forme un ligament très court connu sous le nom de méso-cæcum.
Deux orifices situés l’un au-dessus de l’autre s’ouvrent à la surface interne de la concavité de la crosse du cæcum : le plus inférieur représente l’ouverture terminale de l’intestin grêle percée au centre d’une saillie valvule iléo-cæcale (verso, 2) ; le deuxième orifice, placé plus bas, fait communiquer le cæcum avec le côlon.
Le cæcum sert surtout de réservoir pour les liquides.
VII. — Septième plan
Petit côlon, Rectum et Anus.
2° Petit côlon. — La partie du gros intestin qu’on rencontre au-dessous du caecum et des circonvolutions de l’intestin grêle est représentée par le petit côlon ou côlon flottant, et le rectum.
Le petit côlon (1) succède au côlon replié et se termine par le rectum ; c’est un tube bosselé, du double plus gros que l’intestin grêle, et pourvu, comme le caecum, de deux bandes charnues longitudinales maintenant les replis transversaux. Sa surface interne offre également une foule de plis entre lesquels les matières alimentaires se moulent en crottins. De l’extrémité terminale du gros côlon, à gauche du caecum, le petit côlon se dirige dans le flanc gauche où il forme des circonvolutions qui se mêlent à celles de l’intestin grêle ; il remonte ensuite dans le bassin pour se continuer par le rectum.
Le revêtement péritonéal du petit côlon se détache de la région sous-lombaire ; c’est le mésentère colique, absolument semblable au mésentère proprement dit.
3° Rectum. — Le rectum (2) fait suite au petit côlon et s’étend jusqu’à l’ouverture postérieure du tube digestif ou anus. Il se distingue p. 439du côlon flottant en ce qu’il n’est pas bosselé et que ses parois sont plus épaisses et plus dilatables.
Anus. — Percé à l’extrémité postérieure du rectum, sous la base de la queue, l’anus offre chez le cheval une saillie arrondie, d’autant moins proéminente que les animaux sont plus âgés. Il est entouré d’un muscle sphincter qui le maintient toujours fermé et ne cède qu’aux efforts produits lors de l’expulsion des matières fécales. Ce muscle est lui-même recouvert par une peau fine, dépourvue de poils, qui continue à l’extérieur la muqueuse intestinale.
VIII. — Huitième plan
Gros côlon.
4° Gros côlon (2e et 3e portions). — Le huitième plan nous fait voir la deuxième et la troisième portions du gros côlon, volumineux canal bosselé présentant des bandes charnues longitudinales comme le caecum.
En partie recouverte par les circonvolutions du côlon flottant, la deuxième portion du côlon replié succède, sur l’appendice xiphoïde du sternum, à la première portion, qui s’est repliée pour former la courbure sus-sternale (4). En rapport antérieurement avec la paroi inférieure de l’abdomen, elle remonte ensuite en arrière et à gauche vers la cavité du bassin, où elle s’infléchit pour constituer la courbure pelvienne (2).
Celle-ci se continue par la troisième portion du côlon replié (3), qui se porte en avant, au-dessus et à gauche de la précédente. Arrivée sur le diaphragme, elle se replie à droite et en haut, formant la courbure diaphragmatique (5), à laquelle succède la quatrième et dernière portion du gros côlon. Il est à remarquer que c’est surtout vers la courbure diaphragmatique que se forment les calculs intestinaux chez les solipèdes.
IX. — Neuvième plan
Gros côlon.
5° Gros côlon (1re et 4e portions). — En relevant les deuxième et troisième portions du gros côlon, on met à découvert la première p. 440portion (1), que nous voyons partir de la crosse du cæcum (verso, 1), se diriger en avant jusqu’à la face supérieure du sternum, et se replier en bas et à gauche en formant la courbure sus-sternale (VIII, 4), à laquelle succède la seconde portion.
Accolée à la première portion comme la deuxième l’est à la troisième (méso-côlon), la quatrième portion (2), que nous montre également le neuvième plan, continue la courbure diaphragmatique (VIII, 5), immédiatement au-dessus de la courbure sternale, et remonte jusqu’au niveau de la base du cæcum, où elle se rétrécit pour former le petit côlon.
Itinéraire des aliments dans le tube intestinal.
Les plans que nous venons d’examiner nous montrent l’ordre dans lequel les différentes parties de la masse intestinale se trouvent superposées quand on pénètre dans la cavité de l’abdomen par sa face inférieure. Bien que cet ordre suivi ne nous indique pas le véritable trajet des matières alimentaires dans le tube intestinal, nous devons admettre qu’il eût été difficile d’imaginer un moyen plus ingénieux de figurer la situation exacte des nombreuses circonvolutions de l’intestin dans la cavité abdominale. La planche X présente, en effet, ce double avantage de ne pas faire errer le lecteur au hasard parmi les différents plans que nous venons de passer en revue et de lui permettre, une fois la superposition de ceux-ci bien comprise, de rétablir avec facilité l’ordre dans lequel les matières alimentaires circulent dans le conduit intestinal. Il n’est besoin, pour cela, que de se reporter aux quelques descriptions que nous avons consacrées aux plans VI, VII, VIII et IX, et de prendre l’intestin à sa naissance ; nous voyons alors que son véritable trajet est celui-ci :
1° Intestin grêle et caecum (VIe plan, 1, 3).
2° Gros côlon ou côlon replié (1re portion) (IXe plan, 1).
3° Gros côlon (2e portion) (VIIIe plan, 1).
4° Gros côlon (3e portion) (VIIIe plan, 3).
5° Gros côlon (4e portion) (IXe plan, 2).
6° Petit côlon ou côlon flottant (VIIe plan, 1).
7° Rectum (VIIe plan, 2).
Nous parlerons des transformations que les aliments subissent dans p. 441le tube intestinal (Digestion) quand nous aurons passé en revue tous les organes essentiels et annexes de l’appareil digestif.
X. — Dixième plan
Carène sternale. Cartilages costaux. Muscles intercostaux internes et externes, grand dentelé et psoas. Diaphragme. Foie. Estomac. Pancréas. Rate.
Le dixième plan nous montre le reste des organes renfermés dans la cavité abdominale, ainsi que la partie de la région sous-thoracique mise à nu par le relèvement des cinq premiers plans :
En avant, on voit très nettement se détacher : 1° la carène sternale (A) et son appendice xiphoïde (B) ; 2° les cartilages costaux (F, F) ; 3° l’extrémité inférieure des côtes sternales (G, D) et des côtes asternales (E) ; 4° les muscles intercostaux internes et externes (1. 1. 1 ; 2. 2. 2) ; 5° l’extrémité inférieure du muscle grand dentelé (3, 3). Toutes ces parties ayant été précédemment décrites (Voy. IIIe partie, chap. II, § 2, I, Face latérale du tronc), nous nous contenterons de les signaler ici.
Plus en arrière, attaché par son contour extérieur à la face interne des douze dernières côtes, s’étale le diaphragme (4), vaste cloison musculo-aponévrotique précédemment étudiée (Voy. pl. IX, X, 7, 8, 9, 10), qui sépare la cavité thoracique de la cavité abdominale. Sa face postérieure, que nous voyons ici, est concave.
Dans la région sous-lombaire, à la face inférieure des vertèbres lombaires et de l’ilium, on trouve les muscles psoas, que l’on distingue, chez le cheval, en psoas iliaque (6), grand psoas (5) et petit psoas (7). Recouverts par le péritoine et en rapport avec la plupart des organes abdominaux, ces muscles partent de la région sous-lombaire ou de la surface iliaque, se dirigent en arrière, et prennent leurs attaches postérieures sur l’ilium (petit psoas), ou à l’extrémité supérieure et interne du fémur (psoas iliaque et grand psoas).
Ils fléchissent la cuisse — excepté le petit psoas, qui fléchit le bassin — ou la région lombaire, suivant que leurs points fixes sont aux lombes ou au membre postérieur.
Ce sont les psoas qu’on désigne, en terme de boucherie, sous le nom de filets.
B. — Foie
Situé à droite de la région diaphragmatique, dans une direction oblique de haut en bas et de droite à gauche, le foie (8, 9, 10) est aplati d’avant en arrière, épais dans son centre et aminci sur ses bords. On lui reconnaît deux faces et un pourtour. La face antérieure, appliquée contre le diaphragme, est creusée, d’arrière en avant, d’une scissure large pour le passage de la veine cave postérieure (24). La face postérieure, en rapport avec l’estomac, le duodénum et la courbure diaphragmatique du côlon, est aussi creusée d’un sillon par lequel pénètrent dans le foie : la veine porte, l’artère et les nerfs hépatiques, et par où s’échappent les canaux biliaires.
À son pourtour, le foie présente, inférieurement, trois lobes : un droit, un gauche et un intermédiaire.
Le lobe droit (8), le moyen en volume, porte en haut un appendice triangulaire, le lobule de Spigel. Le lobe gauche (10) est le plus gros. Le lobe moyen (9), le plus petit des trois, est découpé lui-même en plusieurs languettes ou lobules.
Le foie est fixé à la face postérieure du diaphragme par quatre liens spéciaux. L’un de ces liens se porte de la face antérieure du foie sur le centre phrénique du diaphragme ; les trois autres sont affectés à chaque lobe en particulier.
Le foie est constitué par une membrane séreuse, une capsule fibreuse, et un tissu propre fondamental.
La capsule fibreuse ou de Glisson enveloppe le foie, se replie autour des vaisseaux qui pénètrent dans cet organe, et envoie une foule de fines cloisons entre les granulations hépatiques, formant ainsi une véritable charpente au foie.
Le tissu propre, lourd, compacte, très friable, de couleur brun bleuâtre ou violacée, se compose de lobules polyédriques dits lobules hépatiques, comprenant chacun : 1° des cellules hépatiques polygonales ou arrondies ; 2° des canalicules biliaires, chargés de transporter au dehors la bile sécrétée à l’intérieur du lobule hépatique, et formant autour de lui une ceinture qui accompagne les divisions de la veine porte et envoie, en dehors et en dedans, de petits prolongements qui la font communiquer avec les canalicules des lobules voisins ou se p. 443plongent dans la substance des lobules ; 3° des ramifications ultimes de la veine porte dites vaisseaux afférents, veines interlobulaires ou sous-hépatiques ; 4° un vaisseau efférent, veine intralobulaire ou sus-hépatique, parlant du centre de chaque lobule et se réunissant aux veines semblables des lobules voisins pour se jeter enfin, par un tronc commun, dans la veine cave postérieure,
La veine porte se divise dans le foie exactement comme une artère. Formé des veines spléniques, mésentériques, et gastro-épiploïques, ce tronc veineux traverse le pancréas, se loge dans la scissure postérieure du foie, et se ramifie dans le tissu propre de l’organe en formant les veines sous-hépatiques, dont les divisions capillaires donnent elles-mêmes naissance aux vaisseaux sus-hépatiques. Cette disposition, unique dans l’économie, permet au sang de la veine porte de passer par un nouveau réseau capillaire avant de retourner ; au cœur par la veine cave postérieure.
Le foie, dont le poids moyen varie entre 3 et 5 kilogrammes, sécrète la bile aux dépens du sang de la veine porte, qui revient des tuniques intestinales chargé des substances assimilables absorbées par les veines des villosités.
Le foie est aussi une glande glycogène ; cette propriété a été mise en évidence par Cl. Bernard. Le sucre formé dans le foie est versé dans le sang et sort de l’organe par les veines sus-hépatiques. La glycosurie, phénomène capital du diabète, caractérise généralement une production trop grande de sucre qui, ne pouvant-être détruit vite, s’élimine par les urines.
On peut produire expérimentalement cette dernière affection en piquant le plancher du quatrième ventricule de l’encéphale ; c’est ainsi que le diabète est quelquefois le résultat de coups sur la tête.
Il y a toujours un rapport inverse entre le développement du foie et celui des poumons ; le foie devient d’autant plus considérable que ceux-ci fonctionnent plus mal.
Les maladies du foie sont très nombreuses et peuvent être le résultat d’une congestion, d’une inflammation (hépatite), d’un vice de nutrition (dégénérescence graisseuse, cirrhose), d’un déplacement de l’organe ou ectropie, de plaies, de parasites, de calculs, etc.
Il est une autre affection du foie, l’ictère ou jaunisse, que nous n’avons pas nommée parce que nous la considérons plutôt comme un p. 444symptôme que comme une maladie propre. Caractérisé par la coloration jaune des divers tissus, l’ictère accompagne, en effet, la plupart des maladies du foie ; il est dû à la présence des éléments de la bile dans le sang.
Appareil excréteur. — Cet appareil se compose d’un simple conduit, nommé canal cholédoque, formé par la réunion des canalicules biliaires qui enveloppent et pénètrent les lobules. À sa sortie du foie, ce canal gagne la paroi du duodénum, et la traverse en s’abouchant avec le principal canal pancréatique. Quand un calcul volumineux du foie s’engage dans le conduit excréteur, il détermine de violentes coliques dites hépatiques.
Le cheval n’a pas de vésicule biliaire.
Bile. — La bile est une solution de deux sels résultant de la combinaison des acides cholique et cholédoque avec la soude, sels qu’on appelle généralement glycocholate et taurocholate de soude, associés à quelques autres substances, des matières grasses, des matières colorantes, etc., dont le rôle paraît très secondaire.
C. — Estomac
Situé, comme le foie, dans la région diaphragmatique, l’estomac (11) représente un réservoir membraneux, d’une capacité moyenne de 15 litres, faisant suite à l’œsophage et dans lequel commencent les phénomènes essentiels de la digestion.
Légèrement déprimé d’avant en arrière et incurvé sur lui-même, cet organe affecte une direction transversale au plan médian du corps et présente : 1° deux faces : l’une, antérieure, en rapport avec le diaphragme et le foie ; l’autre, postérieure, immédiatement en avant de la courbure diaphragmatique du côlon ; 2° une grande courbure (12) formant le bord inférieur ou convexe de l’organe ; 3° une petite courbure, constituant le bord supérieur ou concave et présentant l’insertion du canal œsophagien (fig. 144 du texte, A) ; 4° une extrémité gauche, grosse tubérosité ou cul-de-sac gauche (13) ; 5° une extrémité droite, petite tubérosité ou cul-de-sac droit (14), se continuant par le duodénum.
L’estomac du cheval présente cette particularité qu’à l’intérieur la muqueuse du cul-de-sac gauche est blanchâtre, sèche, résistante ; p. 445tandis que celle du cul-de-sac droit devient brusquement épaisse, ridée, très vasculaire, rouge-brunâtre. Cette disposition spéciale permet de considérer le sac gauche comme une sorte de dilatation de l’œsophage et le sac droit comme le véritable estomac des solipèdes. L’ouverture de l’œsophage, ou cardia, percée sur la petite courbure, est excessivement étroite ; celle du duodénum, ou pylore (15), au contraire, est très large ; d’où l’impossibilité du vomissement chez les solipèdes (fig. 144 du texte).
Fig. 144. — Estomac du cheval.
Les parois de l’estomac, comme celles de l’intestin, sont constituées par trois membranes : une séreuse, une musculaire et une muqueuse. L’enveloppe séreuse présente trois replis qui abandonnent l’organe pour se porter sur les parties voisines : le plus important de ces replis, le grand épiploon, se détache de toute l’étendue de la grande courbure et de la tubérosité gauche de l’estomac, qu’il fixe à la région sous-lombaire ; tandis qu’à droite il dépasse le pylore pour se continuer sur la courbure concave du duodénum jusqu’à la hauteur du p. 446cæcum. Par son bord postérieur, enfin, il se développe autour de la terminaison du gros côlon et de l’origine du côlon flottant, où il se confond avec le péritoine viscéral de ces organes.
Les deux feuillets du grand épiploon sont excessivement minces et comprennent entre eux des vaisseaux, sanguins qu’on voit très bien par transparence chez les chevaux maigres, où l’épiploon a l’aspect d’une véritable dentelle. Chez les animaux gras, au contraire, les vaisseaux sont cachés par le tissu adipeux.
C’est le grand épiploon qui constitue ce qu’on appelle la toilette en terme de boucherie.
Fig. 145. — Vue intérieure de l’estomac
Quant à la membrane muqueuse, elle renferme, mais dans le sac droit à peu près exclusivement, une grande quantité de glandes en tubes dites glandes à mucus et glandes à pepsine. Ces dernières sécrètent le suc gastrique, dont le principal rôle, dans la digestion, est de dissoudre et de rendre absorbables les principes albuminoïdes des aliments.
Vu l’importance secondaire de la digestion gastrique chez le cheval, l’inflammation de l’estomac, ou gastrite, est rare ; par contre, les surcharges alimentaires sont assez fréquentes dans ce réservoir. Or comme le vomissement est matériellement impossible chez les solipèdes, il arrive souvent que les aliments, ne pouvant être rejetés au dehors, surmontent la force de résistance des parois stomacales et les rupturent.
D. — Pancréas
Le pancréas (17) a la plus grande analogie avec les glandes salivaires. Il est situé à la région sous-lombaire, en arrière de l’estomac et du foie et en avant des reins. Aplati de dessus en dessous, il présente une forme très irrégulière et se trouve traversé, de sa face inférieure à sa face supérieure, par la veine porte.
En haut, il est en rapport avec l’aorte postérieure (23), la veine cave postérieure (24), l’artère ou tronc cœliaque, qui fournit les artères spléniquep. 447 et hépatique ; le plexus solaire, émergeant du nerf grand sympathique et envoyant des rameaux nerveux à l’estomac, au foie, aux reins, etc.
En bas, le pancréas répond à la base du cœcum et à la quatrième portion du côlon. Le poids moyen de cet organe est de 475 grammes.
Appareil excréteur — Le pancréas est muni de deux canaux excréteurs : un principal, le canal de Wirsung, et un accessoire. Le premier s’ouvre, comme on sait, avec le canal cholédoque, au milieu d’une valvule circulaire qui constitue l’ampoule de Vater. Le canal accessoire aboutit dans l’intestin grêle directement en regard du canal de Wirsung.
Le liquide sécrété par le pancréas, ou liquide pancréatique, jouit de la propriété d’émulsionner les graisses et de les rendre absorbables.
E. — Rate
Située tout près de l’hypochondre gauche et accolée à la grande courbure de l’estomac, la rate (18) représente une espèce de glande vasculaire dont les fonctions ne sont pas encore bien connues. Elle est aplatie de dehors en dedans et présente, par cela même, une face externe en rapport avec le diaphragme et une face interne qui répond au gros côlon. La rate est suspendue à la région sous-lombaire et à la grande courbure de l’estomac à l’aide d’un ligament suspenseur et du grand épiploon.
Le tissu de la rate, de couleur bleue ou rouge violacé, est constitué par une charpente fibreuse envoyant dans l’intérieur de l’organe une multitude de prolongements dits trabécules, entre lesquels se trouve renfermée une matière pultacée rougeâtre désignée sous le nom de boue splénique.
Quoique les fonctions de cet organe soient fort obscures, il y a lieu de supposer qu’elles sont très secondaires, puisque les animaux auxquels on extirpe la rate, et qui guérissent des suites de l’opération, continuent à vivre avec toutes les apparences de la santé.
La digestion est la fonction qui a pour but d’introduire dans l’organisme, de préparer et de transformer en substance vivante les alimentsp. 448 et les boissons dont les animaux ont besoin pour la reconstitution de leurs tissus, leur accroissement, et aussi pour fournir la somme de travail qu’on exige d’eux. Cette fonction s’accomplit en vertu de deux ordres de phénomènes : les uns mécaniques ; les autres chimiques.
Les premiers font parcourir aux aliments le tube digestif et comprennent : la préhension des aliments et des boissons, la mastication, la déglutition, l’accumulation des aliments dans l’estomac, le mouvement des aliments dans l’intestin et la défécation.
Les seconds font subir aux matières alimentaires des transformations qui les rendent propres à être absorbées ; telles sont l’insalivation, la digestion stomacale et la digestion intestinale.
Dans tous les cas, voici l’ordre dans lequel s’opèrent les phénomènes digestifs : 1° préhension des aliments ou des boissons ; 2° mastication et insalivation ; 3° déglutition ; 4° digestion gastrique ; 5° digestion intestinale et défécation.
Quoique nous ayons l’intention de nous occuper spécialement ici de la digestion gastro-intestinale, nous dirons cependant un mot des diverses transformations qu’ont déjà subies les aliments en arrivant à l’estomac.
Et d’abord, on appelle aliments tous les corps qui, introduits dans les voies digestives, sont modifiés de manière à devenir aptes à la reconstitution du sang, à la nutrition des organes, à la production de la force, etc. On distingue les aliments proprement dits, les boissons et les condiments. Les boissons procurent à l’économie l’humidité nécessaire ; les aliments fournissent les éléments indispensables à l’assimilation ; les condiments, enfin, sont destinés à rendre les aliments plus agréables et surtout plus digestibles.
Les aliments les plus ordinairement employés pour le Cheval sont les foins, les pailles, les grains et les graines des graminées et des légumineuses. Pour être complets, ils doivent contenir des substances albuminoides ou azotées (gluten, albumine, légumine, etc.), des matières amylacées (fécule, sucre, etc.), des substances grasses et des sels.
L’expérimentation physiologique démontre, en effet, que l’aliment incomplet, l’aliment réduit à une seule de ces substances ou, pour mieux dire, à un seul principe immédiat, quel que soit le groupe auquel il appartienne, ne peut entretenir la vie. L’aliment doit, en p. 449outre, être digestible et présenter une bonne relation nutritive (rapport existant entre les matières azotées et les matières non azotées).
Les animaux ne prennent les matières alimentaires que lorsqu’ils y sont sollicités par la faim, sensation d’autant plus vive et plus fréquente que le sujet est mieux portant et plus jeune, à cause de l’activité de la nutrition et de l’accroissement dans les premiers âges de la vie.
De même, l’impulsion qui porte le Cheval à la préhension des liquides est le résultat d’une sensation interne, la soif, qui se développe surtout après le repas et lorsque le sang a éprouvé une déperdition considérable d’éléments aqueux.
Chaque espèce animale a un régime, c’est-à-dire un mode d’alimentation propre, réglé par son organisation et ses instincts. C’est ainsi que le Cheval, animal herbivore, ne prendra jamais de plantes vénéneuses, à moins que celles-ci se trouvent mélangées à d’autres plantes ou qu’il soit pressé par la faim.
Privé d’aliments, ou sous le coup de l’abstinence, le Cheval résiste d’autant mieux qu’il est plus gras et se rapproche plus de l’âge adulte. Dans tous les cas, il se nourrit plus ou moins longtemps aux dépens de sa propre substance (autophagie), puis s’émacie petit à petit, et finit enfin par mourir quand l’absorption ne recueille plus la somme des matériaux nécessaires à l’entretien de la vie.
Le Cheval se sert de ses lèvres et de ses dents incisives pour prendre les aliments. Une fois introduits dans la bouche, ceux-ci y sont divisés, écrasés, réduits en pâte pour être plus facilement attaqués par les liquides du tube digestif. En même temps, les matières alimentaires se trouvent en contact avec la salive, liquide filant produit par les glandes salivaires, dont le rôle est de ramollir les aliments, de dissoudre leurs matières sucrées, mucilagineuses, la plupart de leurs sels, et enfin de transformer en sucre les principes amylacés que ces aliments renferment. Agglomérés ainsi sous forme de bol, les aliments passent de la bouche dans le pharynx et l’œsophage ; puis, de là, dans l’estomac (Déglutition) (Voy. IIIe partie, chap. I et II, tête et cou, Cavité buccale, Glandes salivaires, Pharynx et Œsophage).
Les aliments, une fois arrivés dans p. 450l’estomac, s’y accumulent, le distendent, y séjournent pendant un certain temps, et se transforment en une masse pulpeuse appelée chyme sous l’action du suc gastrique sécrété par le cul-de-sac droit.
La chymification se trouve aidée par les contractions du viscère, qui favorisent la désagrégation des aliments, leur passage dans l’intestin et la sécrétion des glandes pepsiques.
Le suc gastrique, grâce à son principe excitant particulier, la pepsine, qui lui donne ses principales propriétés, dissout et rend assimilables la fibrine, l’albumine coagulée (qu’il transforme en peptones), ainsi que toutes les substances azotées. Par contre, il n’a pas d’action sur les matières grasses, qui ne peuvent être modifiées que dans l’intestin.
La digestion gastrique est plus ou moins puissante suivant les espèces animales ; elle est à son maximum chez les carnivores et chez certains oiseaux de proie, qui digèrent assez facilement des os, des pierres, et même des pièces métalliques, grâce au long séjour des aliments dans l’estomac, à la structure et aux contractions énergiques du viscère.
Si l’importance de la digestion gastrique se trouve diminuée chez le Cheval, cela tient à ce que la muqueuse sécrétante de l’estomac de cet animal est réduite de moitié, et surtout à ce que les aliments ne font que passer dans sa cavité.
D’ailleurs, chez les animaux d’une même espèce, l’action de l’estomac varie suivant la composition et la quantité des aliments ingérés, suivant leur degré de consistance et les préparations diverses qu’on leur a fait subir :
Ainsi, la digestion gastrique est d’autant plus active que les aliments sont plus riches en matières azotées ; c’est pourquoi l’orge et l’avoine, qui renferment environ 12 p. 100 de matières azotées, éprouvent dans l’estomac du Cheval des changements importants et y séjournent plus longtemps que le foin et la paille.
D’autre part, les contractions des parois stomacales deviennent à peu près insensibles, la sécrétion du suc gastrique se ralentit, toutes les fois que l’estomac est trop ou trop peu distendu. Pour que l’action de ce réservoir s’exerce convenablement, il faut que les aliments s’y accumulent en quantité modérée, peu à peu, et non brusquement.
Enfin, il est évident que le degré de consistance des aliments et les préparations diverses qu’ils ont subies doivent exercer aussi une influencep. 451 notable sur la durée de la digestion stomacale. Les aliments de consistance molle, ceux qui ont été bien mastiqués, ceux que l’on a soumis à certaines préparations, comme la cuisson, la division, la fermentation, etc., subissent dans l’estomac une digestion plus complète que les autres.
Il s’ensuit que les aliments passent d’autant plus vite dans l’intestin qu’ils sont plus divisés et plus liquides. L’eau, par exemple, ne séjourne pas dans le réservoir gastrique.
Notons, d’ailleurs, que les aliments les plus durs ne paraissent pas séjourner plus d’une heure ou d’une heure et demie dans l’estomac du cheval.
Le vomissement consiste dans la réjection convulsive et en masse des aliments contenus dans l’estomac. C’est, dans la majorité des cas, un acte moins physiologique que pathologique.
Le vomissement ne se produit pas, à beaucoup près, chez tous les animaux. Il en est qui vomissent facilement : les carnassiers, un certain nombre d’omnivores, et, parmi ces derniers, l’homme, par exemple. D’autres vomissent rarement, comme les ruminants. Enfin, les solipèdes vomissent encore plus rarement, et, presque toujours, chez ces animaux, le vomissement indique une lésion grave, sinon mortelle.
Il s’effectue par suite d’une impulsion nerveuse appelée nausée, et par l’action simultanée et combinée de l’estomac, du diaphragme, des muscles abdominaux et de l’œsophage.
Diverses causes sympathiques relatives à l’imagination, chez l’homme, provoquent la nausée ; mais elles ne paraissent pas avoir d’action sensible chez les animaux. Le point de départ et la nature de cette sensation restent indéterminés.
Quoi qu’il en soit, l’impossibilité du vomissement, chez le cheval, est due à la présence, autour du cardia, d’un sphincter énergique qui tient constamment fermée l’ouverture de l’œsophage dans l’estomac ; tandis que l’orifice pylorique reste largement béant. De nombreuses expériences ont mis ce fait hors de doute.
La pâte molle et grisâtre (chyme) résultant de la transformation des aliments féculents en glycose par la salive, et des matières azotées en substance également soluble et assimilablep. 452 par le suc gastrique, est poussée insensiblement, et par ondées, dans le tube intestinal, où elle se met en contact avec la bile, le suc pancréatique, et les fluides intestinaux.
Le suc pancréatique, dont nous avons déjà dit un mot en parlant de la glande qui le sécrète, agit sur les corps gras, les matières féculentes et les principes azotés. Il émulsionne les graisses et les rend ainsi absorbables. Il convertit la fécule en dextrine et en glycose, et continue dans l’intestin grêle les transformations commencées dans la bouche par la salive. Il jouit, enfin, de la propriété de digérer les matières azotées qui n’ont pas été attaquées dans l’estomac par le suc gastrique.
La bile, dont nous avons également parlé à propos du foie, paraît avoir, comme le suc pancréatique, la propriété d’émulsionner les corps gras, mais à un degré plus faible. Elle semble, d’un autre côté, sans action sur les aliments féculents, les sels et les principes azotés.
Ce ne sont là, toutefois, que des hypothèses ; car le rôle de la bile est loin encore d’être bien déterminé, et même, pour certains physiologistes, M. Mathias Duval entre autres, la bile « paraît plutôt destinée à favoriser l’absorption intestinale, en rendant plus actif l’acte de renouvellement, la desquamation et la végétation de l’épithélium68 » .
Quant au suc intestinal, il a pour but de continuer les effets de la salive et du suc gastrique et d’émulsionner les matières grasses.
Ces métamorphoses des aliments ont surtout leur siège dans l’intestin grêle ; mais elles continuent aussi dans le caecum et le côlon.
Elles sont de la plus haute importance, et la digestion intestinale, chez le cheval, joue un rôle beaucoup plus grand que la chymification.
Toutefois, les matières alimentaires, pour parcourir toutes les sections du tube digestif, ne paraissent guère mettre plus de 30 heures en moyenne.
Leur expulsion de l’économie a lieu à des intervalles variables et est connue sous le nom de défécation.
1° Estomac. — L’estomac reçoit ses nerfs de deux sources : des pneumogastriques d’une part, du grand sympathique d’autre part.
p. 453La section des pneumogastriques détermine une paralysie à peu près complète des parois stomacales ; mais le suc gastrique continue à se former, quoique en moindre abondance, et la digestion s’exécute encore. Ces nerfs ne sont donc pas indispensables à l’accomplissement de l’acte digestif.
C’est en général le grand sympathique qu’on regarde comme dirigeant la digestion stomacale.
2° Intestin. — La production des liquides intestinaux est sous la dépendance des nerfs de l’intestin, et particulièrement des vaso-moteurs, dont la section ou la lésion, dans un point quelconque, détermine la paralysie du tube intestinal en ce point et la sécrétion d’une grande quantité de liquide. C’est ainsi que se produisent les diarrhées séreuses, parfois si considérables.
L’absorption n’a pas, comme toutes les autres fonctions, un appareil spécial, isolé ; ses agents immédiats ne peuvent être parfaitement précisés.
C’est un phénomène général dont le but est de faire pénétrer dans le courant circulatoire, d’une part, les matières assimilables qu’elle fournit à la nutrition, et, d’autre part, les molécules non assimilables ou désassimilées dont elle prépare l’élimination. De là résultent deux espèces d’absorptions : l’absorption externe et l’absorption interne.
L’absorption se produit à travers les tissus fermés, par suite des phénomènes physiques connus sous les noms d’endosmose et d’exosmose.
Les matières que l’absorption saisit sont gazeuses, liquides ou solides. (Ces dernières doivent être en solution, solubles dans les sucs dont les tissus sont imprégnés, ou susceptibles de se décomposer au contact des éléments organiques.)
L’activité de l’absorption est modifiée par certains états de l’organisme et par diverses causes dont l’influence est facile à apprécier.
La chaleur, la pression, l’électricité, le mouvement, favorisent cette fonction.
Le degré de plénitude du système vasculaire exerce également sur l’absorption une action très remarquable : Magendie ayant injecté p. 454environ un litre d’eau dans les veines d’un chien, mit dans la plèvre une faible dose d’une substance vénéneuse : Les effets du poison ne se manifestèrent que plusieurs minutes après l’époque à laquelle ils se montrent ordinairement.
Dans une seconde expérience, deux litres d’eau tiède à peu près furent injectés dans les veines : Le poison resta sans action. Une large saignée ayant alors été pratiquée, les effets de l’agent toxique se manifestèrent à mesure que le sang coulait.
Pour prouver que la difficulté d’absorption n’était pas due à une modification dans la qualité du sang, Magendie fit une saignée à l’animal et lui rendit par les veines une quantité d’eau tiède égale au sang retiré des vaisseaux. L’intoxication se produisit comme dans les circonstances ordinaires.
L’absorption est encore influencée par diverses substances : les astringents, par exemple, la rendent plus difficile ; les émollients, au contraire, l’aident plus ou moins.
De même, l’état de la circulation a une action très marquée sur l’absorption : Lorsque le cours du sang se ralentit dans une partie, par suite de l’oblitération incomplète de quelques artères, et surtout par un obstacle au cours du sang veineux, l’absorption s’y affaiblit en même temps que tous les tissus s’œdématient. Lorsqu’elle est gênée par une compression momentanée, l’absorption peut même se suspendre à peu près complètement, comme on le voit dans le cas d’application de liens circulaires plus ou moins serrés sur les membres, après la morsure des animaux enragés ou des reptiles venineux.
Au contraire, lorsque la circulation est excitée localement, elle augmente l’activité de l’absorption. C’est ainsi que les frictions sèches, excitantes ou vésicantes, agissent sur cette fonction.
D’ailleurs, dans toute maladie où il y a fièvre, conséquemment augmentation de la température et suractivité de la circulation, l’absorption se trouve favorisée.
Enfin, bien que la rapidité avec laquelle s’opère l’absorption soit généralement très grande, puisque certaines substances toxiques peuvent déterminer la mort en moins d’une minute, cette rapidité dépend : 1° De la perméabilité des surfaces qui absorbent ; 2° du degré de miscibilité de la substance à absorber avec les fluides qui imprègnent les tissus ou qui remplissent les vaisseaux ; 3° de l’activité de la circulation.
p. 455L’influence du système nerveux sur l’absorption est encore mal connue ; mais, quelque incomplètes que soient les tentatives faites pour l’apprécier, elles prouvent cependant que les nerfs cérébrospinaux ne sont pas nécessaires à l’accomplissement de cette fonction. Quant à la part d’action qui peut revenir aux nerfs ganglionnaires, elle reste tout à faire problématique.
Voies de l’absorption. — Nous avons vu que l’absorption n’a pas d’appareil spécial et bien isolé. « Mais, comme il est deux ordres de vaisseaux chargés du transport des produits qu’elle a recueillis, il est probable que ce sont les radicules de ces vaisseaux, c’est-à-dire celles des veines et des lymphatiques, qui saisissent les produits tels qu’ils sont, ou après leur avoir fait subir quelques modifications. Les veines et les lymphatiques seuls peuvent avoir cet office, en raison de la direction centripète du courant des fluides qu’ils charrient [•] 69 . »
1° Absorption par les lymphatiques. — Les vaisseaux lymphatiques, qui forment un immense réseau dans presque toutes les parties de l’économie, paraissent exclusivement créés pour absorber.
Grâce à leur rôle spécial, et bien qu’au point de vue anatomique ils ne se différencient pas de ceux du reste de l’organisme, les lymphatiques de l’intestion ont reçu la dénomination de chylifères. D’où la division du système lymphatique en deux ordres de vaisseaux : les lymphatiques proprement dits et les chylifères.
Nous allons tout d’abord nous occuper des premiers :
Les vaisseaux lymphatiques paraissent manquer dans quelques organes, tels que l’œil, le cerveau ; ils sont, au contraire, abondants dans d’autres : par exemple, autour des articulations.
Ces vaisseaux naissent par des réseaux à mailles étroites ou par des cellules communiquant entre elles, mais dépourvues d’orifices visibles. Dès qu’ils ont acquis un certain volume, ils se présentent sous l’aspect de canaux flexueux, étranglés et renflés par intervalles, à parois minces et munies à leur face interne de valvules destinées à s’opposer au cours rétrograde du fluide qu’ils charrient.
Les lymphatiques, après avoir parcouru un certain trajet, à la surface ou dans l’épaisseur des parties, se portent vers les ganglions, qu’ils traversent en s’y divisant.
p. 456Chez les mammifères, les lymphatiques de presque toutes les parties du corps s’ouvrent au sommet de la veine cave antérieure, en haut du golfe des jugulaires, par un canal thoracique simple ou double (Voy. plus loin, Absorption par les chylifères).
Seuls, les lymphatiques du membre antérieur droit, des régions axillaire et costale superficielles droites, de la moitié droite de la tête, du cou et du diaphragme, aboutissent à un deuxième gros tronc de réception des vaisseaux blancs, la grande veine lymphatique, qui part des ganglions pré-pectoraux du côté droit et s’ouvre à la jonction des jugulaires, à côté du canal.
Le fluide que charrient les lymphatiques, ou la lymphe, est un liquide transparent, d’une légère teinte citrine, à odeur qui rappelle parfois celle de l’animal dont il provient, à saveur légèrement salée et à réaction alcaline. On peut le considérer comme le plasma du sang ; celui-ci, en effet, sort à travers les parois vasculaires, baigne les organes qu’il sert à nourrir, leur prend certains éléments, leur en donne d’autres, et rentre par absorption dans les vaisseaux lymphatiques.
Toutefois, le plasma sanguin ne sort pas des vaisseaux avec les proportions de ses divers éléments : la partie qui s’échappe est moins chargée d’albumine que celle qui reste et, conséquemment, moins coagulable. De plus, comme nous l’avons vu, à ce plasma s’ajoutent des matériaux pris dans les tissus, dans les produits de sécrétion, etc. ; des globules, enfin, se forment dans l’intérieur des vaisseaux lymphatiques, qui donnent à la lymphe des propriétés particulières la différenciant sensiblement du plasma sanguin.
Les ganglions, que la lymphe doit traverser au moins une fois, avant d’arriver au canal thoracique, la filtrent, ralentissent son cours, et lui permettent, par de nouveaux échanges entre ses éléments et ceux du sang, de se modifier à la fois dans sa constitution chimique et ses propriétés physiques.
Les variations dans la quantité de lymphe absorbée sont énormes suivant les espèces, le tempérament des individus et les conditions physiologiques ou pathologiques : L’herbivore paraît en absorber plus que le carnassier, le jeune sujet plus que l’adulte ; l’animal dit lymphatique en a les vaisseaux pleins, les ganglions gonflés.
L’absorption par les lymphatiques a plus d’une analogie avec celle par les chylifères ; elle doit, comme cette dernière, recueillir des matériaux p. 457propres à la reconstitution du fluide nutritif. Mais, au lieu de les prendre dans les matières étrangères, elle les recueille dans la propre substance de l’être ; l’une prend les produits des mutations de l’aliment ; l’autre, ceux des mutations des tissus de l’organisme.
Tout en se chargeant d’absorber les matières organiques destinées, à la formation de la lymphe, les vaisseaux lymphatiques puisent encore des substances qui se trouvent accidentellement déposées, soit à la surface des membranes, soit dans l’épaisseur des tissus.
De nombreuses expériences ont mis ce fait hors de doute.
Citons, entre autres, la suivante de M. Colin : sur un cheval affecté d’une plaie de la région inférieure d’un des membres, l’éminent physiologiste d’Alfort établit une fistule à un lymphatique satellite de la saphène, vers le milieu du plat de la cuisse ; puis il plonge le pied du membre malade dans un baquet contenant une solution étendue de cyanure de potassium : Ce sel apparaît dans la lymphe à 1a vingtième minute.
Dans les conditions pathologiques, l’action des lymphatiques s’exerce aussi évidemment : ils transportent les matières virulentes ou septiques et les disséminent partout. Ils prennent souvent aussi la partie séreuse du pus, et même ses globules. Leur action paraît, enfin, s’exercer également sur la matière tuberculeuse insérée dans les plaies ou le tissu cellulaire sous-cutané.
Il y a alors irritation des vaisseaux et tuméfaction des ganglions.
Ainsi donc, les lymphatiques prennent une part évidente à l’absorption ; mais il faut dire que cette absorption est moins rapide que celle des veines. La pénétration de la matière dans les éléments des tissus se fait à peu près avec la même vitesse ; la différence apparente tient à l’inégale vélocité du transport des produits absorbés.
2° Absorption par les chylifères. — Les vaisseaux chylifères naissent de tous les points de l’intestin grêle, se placent entre les lames du mésentère, soit autour des vaisseaux, soit dans les espaces que ceux-ci laissent entre eux. Ils acquièrent un diamètre de plus en plus considérable à mesure qu’ils s’éloignent de l’intestin, s’anastomosent entre eux, puis se rendent aux ganglions mésentériques qu’ils traversent. À leur sortie de ces ganglions, ils se déversent dans une espèce d’ampoule connue sous la dénomination de réservoir de Pecquet, située à la région sous-lombaire, et terminée elle-même, en avant, par le canal p. 458thoracique, long conduit s’étendant sous la colonne vertébrale, depuis la première vertèbre lombaire jusqu’en dehors de l’entrée du thorax, où il débouche dans la veine cave antérieure.
Les chylifères proviennent des petits prolongements de la muqueuse intestinale connus sous le nom de villosités. Ces prolongements sont constitués, de dehors en dedans : 1° par une couche épithéliale qui leur forme une enveloppe complète ; 2° par une substance homogène translucide ; 3° par un réseau de vaisseaux sanguins immédiatement étalés au-dessous de la couche épithéliale ; 4° enfin, par des vaisseaux lymphatiques qui occupent le centre de la substance homogène, et deviennent le point de départ des chylifères.
D’après cette disposition des parties constituantes des villosités, il paraît évident que le courant sanguin, placé très superficiellement, se trouve le mieux disposé pour absorber ce que lui livre l’épithélium. Aussi, admet-on généralement que c’est par les vaissaux sanguins que sont entraînées la plupart des matières absorbées. « Mais en même temps que la graisse disparaît de la villosité, on voit que le chylifère central devient tout blanc et on y constate un grand nombre de molécules graisseuses finement émulsionnées70 . »
Il y a donc lieu d’admettre que le chylifère est spécialement préposé à l’absorption des graisses.
Toutefois, celles-ci ne passent pas exclusivement par la voie lymphatique : il y en a dans le sang de la veine porte ; mais en très petite quantité.
C’est après leur division en une infinité de particules par l’action des sucs biliaire et pancréatique71 , et non comme matières dissoutes et diffusibles, que les graisses pénètrent dans la villosité.
Quand l’animal est en pleine digestion, les villosités sont énormes, comme turgescentes ; les ganglions sont également très gonflés.
Ce que nous venons de dire du mécanisme de l’absorption par les chylifères ne nous permet pas, en bonne logique, de supposer que les matières albuminoïdes, le sucre, l’eau, les sels, qui entrent avec les graisses dans les cellules épithéliales des villosités, s’en séparent, p. 459comme l’admettent certains auteurs, juste à la surface des parois vasculaires, pour entrer, les unes dans les chylifères, les autres dans les veinules mésaraïques. Doués de la propriété de prendre la graisse, le principe le plus difficile à saisir, les chylifères absorbent également l’eau, les sels, le sucre, etc.
Ils puisent, en somme, tous les principes du chyle dans les aliments ; ils les y prennent à la fois déjà métamorphosés et ils les métamorphosent encore en les associant à une certaine quantité de matériaux plasmiques que ces vaisseaux, à titre de lymphatiques, prennent dans les tissus des parois intestinales.
« Le chyle, dans toute sa pureté, est un fluide dont les caractères physiques et les propriétés varient un peu suivant les espèces, la nature des aliments et l’état de la digestion. Il est d’un beau blanc laiteux chez les carnivores et même chez les herbivores tant qu’ils sont à la mamelle ; il est plus clair et très légèrement lacté chez les herbivores dans les circonstances ordinaires72 » .
Il doit à la présence des globules graisseux dans sa composition les propriétés qui le distinguent de la lymphe.
3° Absorption par les veines. — Les vaisseaux veineux absorbent très rapidement, au point qu’on a cru longtemps qu’ils étaient les seules voies de l’absorption.
Ce sont surtout les radicules des veines qui sont absorbantes, leurs parois étant très fines. Cependant, il est certain que les grands vaisseaux absorbent aussi.
La participation des veines à l’absorption est démontrée par de nombreuses expériences. Citons-en une au hasard :
Magendie et Delile ayant séparé du tronc le membre postérieur d’un chien au niveau de la cuisse, en laissant intactes la veine et l’artère crurales, dont la tunique celluleuse seule fut enlevée, afin de détruire les lymphatiques qui pouvaient ramper autour de ces vaisseaux, deux grains d’un poison très violent, l’upas tieuté, furent enfoncés dans la patte : l’empoisonnement fut aussi prompt que si la cuisse n’avait pas été séparée du tronc.
Les matières colorantes, qui paraissent ne point passer dans les lymphatiques, sont probablement absorbées par les veines, puisqu’on p. 460les retrouve dans les produits des sécrétions ou dans les tissus.
Les matières odorantes passent également très vite dans les veines, sans qu’on puisse, le plus souvent, les reconnaître dans le chyle ; c’est ainsi que le sang prend l’odeur de ces matières, alors qu’elles ont été ingérées dans l’estomac et l’intestin. On s’en assure en injectant, dans une anse intestinale fermée, de l’acide cyanhydrique, après avoir adapté à une veine de cette anse un long tube en caoutchouc qui sort de l’abdomen et conduit le sang à l’extérieur : celui-ci répand longtemps une odeur forte d’amandes amères.
La muqueuse des voies digestives constitue l’une des principales surfaces absorbantes de l’organisme ; elle donne accès aux liquides et aux matières dissoutes.
1° Absorption dans les parties de l’appareil digestif situées en avant de l’estomac. — Considérons d’abord l’absorption dans les parties de l’appareil digestif qui précèdent l’estomac.
Cette absorption est incontestable, quoi qu’elle soit peu marquée : Le fait de l’impression gustative démontre celle qui est effectuée par la muqueuse linguale. Les phénomènes d’intoxication observés lors de la projection sur la langue, ou sur toute autre partie de la muqueuse buccale, de quelques gouttes d’un poison violent, de nicotine par exemple, donnent la même démonstration.
Toutefois, la faculté absorbante de la muqueuse buccale semble être assez faible et ne s’étend pas à toutes sortes de substances.
Dans l’œsophage, l’absorption est encore plus faible.
2° Absorption stomacale. — Les diverses transformations que subissent les matières alimentaires dans le tube digestif ont, nous l’avons vu, pour résultat final de les rendre susceptibles d’être absorbées et entraînées dans le torrent circulatoire.
La faculté absorbante de l’estomac du cheval est presque nulle. Si, après avoir fait la ligature du pylore ou la section des nerfs pneumogastriques, qui amène la paralysie du viscère, on introduit du poison (extrait alcoolique de noix vomique, par exemple) dans l’estomac d’un cheval à jeun, les effets ne se manifestent pas. Cependant, la noix vomique a conservé ses propriétés, puisqu’elle tue si, au bout d’un certainp. 461 temps, on enlève la ligature pour lui permettre dépasser dans l’intestin. De nombreuses expériences ont été faites à ce sujet par MM. H. Bouley et G. Colin73 .
Contrairement à celui des solipèdes, l’estomac des carnivores jouit de propriétés absorbantes très actives.
3° Absorption intestinale. — Si l’estomac n’absorbe point ou n’absorbe que d’une manière peu sensible, chez le cheval, l’intestin possède à un haut degré, dans toutes ses parties, et chez tous les animaux, la faculté d’absorber, comme le prouve l’expérience ci-dessus.
L’intestin grêle est incontestablement, de toutes les parties du tube digestif, celle où l’absorption s’opère avec le plus d’activité, grâce à l’organisation délicate de sa muqueuse et à la présence des villosités.
Le cæcum absorbe aussi, mais avec moins de rapidité. C’est lui qui absorbe, chez les solipèdes, une grande partie des liquides qui ne séjournent pas dans l’estomac et traversent rapidement l’intestin grêle.
Le côlon et le rectum jouissent également, à un degré très prononcé, de la faculté absorbante ; d’où l’indication des lavements.
L’absorption s’opère également sur la peau, les muqueuses de l’appareil respiratoire, sur les canaux excréteurs des glandes et les réservoirs qui leur sont annexés, sur les membranes séreuses, les surfaces accidentelles, et enfin dans la trame des tissus.
En ce qui concerne l’absorption cutanée, les détails que nous avons consacrés aux membranes tégumentaires, dans la première partie de notre livre, nous dispensent d’y revenir ici (Voy. Ire partie, Membranes tégumentaires).
Nous ne nous étendrons guère plus sur l’absorption dans les voies aériennes, dont il a été longuement question à propos de la respiration. Nous nous contenterons de faire remarquer qu’en dehors de l’oxygène nécessaire à l’hématose, la muqueuse des voies respiratoires absorbe les gaz délétères, les substances volatiles, les liquides et les matières en dissolution. Elle s’en empare même peut-être encore avec plus de facilité que la muqueuse de l’intestin grêle, si admirablement bien organisée pour l’absorption.
Les canaux excréteurs des glandes et les réservoirs qui leur sont annexés p. 462jouissent également d’une faculté absorbante souvent très active. Les voies biliaires, lactées, urinaires et génitales nous donnent tous les jours des preuves incontestables de cette absorption.
Le pouvoir absorbant des membranes séreuses est non moins actif. C’est ainsi que MM. H. Bouley et G. Colin, par une injection d’extrait alcoolique de noix vomique étendu d’eau dans le péritoine, déterminèrent le tétanos et la mort beaucoup plus vite que lorsque cette substance est introduite dans les voies digestives.
Quant à l’absorption par les surfaces accidentelles et dans la trame des tissus, nous en avons donné la preuve en parlant des voies de l’absorption.
Chargé d’éliminer l’urine du sang et de la contenir depuis le moment de sa formation jusqu’à celui de son expulsion au dehors, l’appareil de la dépuration urinaire se compose de deux glandes : les reins, d’où partent les conduits excréteurs, ou uretères, qui s’ouvrent dans un réservoir spécial, la vessie. À celle-ci fait suite le canal de l’urèthre, qui débouche à l’extérieur.
Nous allons dire un mot de tous ces organes, à l’exception de l’urèthre, qui sera décrit avec les organes génitaux.
Les reins (19, 20), au nombre de deux, sont les organes essentiels de la dépuration urinaire.
Placés à droite et à gauche de la région sous-lombaire, en arrière du foie, de la rate et du pancréas, au-dessus du péritoine, chacun de ces organes glanduleux n’a pas tout à fait la même situation : le gauche (20) est plus postérieur que le droit (19). Ils sont l’un et l’autre aplatis de dessus en dessous et offrent à étudier deux faces et une circonférence ; celle-ci, du côté de la ligne médiane, est échancrée pour former la scissure ou le hile du rein, qui loge les vaisseaux, les nerfs, et l’origine du canal excréteur de l’organe.
Les reins répondent, par leur face supérieure, aux muscles grands psoas et au diaphragme ; par leur face inférieure, ils sont plus ou moins p. 463directement en contact avec la masse intestinale et la capsule surrénale.
Le bord interne de la circonférence du rein droit est en rapport avec la veine cave postérieure (24) ; celui du rein gauche est longé par l’aorte postérieure (23).
Recouvert par une tunique d’enveloppe, le tissu propre des reins est lourd, friable, de couleur rouge brun, et se compose de deux couches superposées se pénétrant réciproquement à leur point de jonction : « une extérieure, très foncée, dite couche corticale ; une intérieure, blanchâtre, appelée couche médullaire. Ces deux couches se distinguent par un autre caractère que celui de la coloration : la substance corticale, en effet, présente un aspect grenu et se montre parsemée de petites sphères rougeâtres facilement visibles à l’œil nu, dites corpuscules de Malpighi, emprisonnant un peloton de capillaires artériels ; tandis que la substance médullaire paraît composée de fibres rayonnant jusqu’à la périphérie de l’organe. Or, l’examen microscopique démontre que ces fibres sont creuses intérieurement et qu’elles forment de véritables canaux appelés tubes urinifères, qui, sinueux dans la partie corticale et droits dans la partie rayonnée du rein, s’abouchent sur les corpuscules de Malpighi à leur extrémité périphérique et s’ouvrent à leur extrémité centrale dans une cavité dite bassinet rénal, placée au centre du rein, près du hile, et servant d’origine à l’uretère.
On s’accorde pour regarder aujourd’hui la sécrétion urinaire comme une simple filtration des éléments de l’urine renfermés dans le sang à travers les parois des vaisseaux et des tubes urinifères.
Les maladies des reins sont nombreuses et reconnaissent généralement, pour causes un vice de nutrition (diabète, albuminurie, calculs rénaux, etc.) ou une inflammation (néphrite). Caractérisée par une douleur extrême de la région lombaire, des coliques, etc., celle-ci est le plus souvent due à un refroidissement, à des coups, à la présence de calculs, à l’administration d’aliments âcres, etc.
Urine. — Les propriétés et la composition du produit de la sécrétion urinaire varient beaucoup suivant les espèces d’animaux, leur mode d’alimentation, et une foule de circonstances diverses qui se rapportent à l’état de santé ou aux maladies. L’urine des herbivores est un liquide jaunâtre, alcalin, trouble, visqueux et ordinairement p. 464peu putrescible ; la partie essentielle de ce liquide est l’urée, matière azotée et cristallisable qui représente le produit de la combustion des éléments albuminoïdes. À côté de cette dernière substance, on trouve une petite quantité d’acide urique, d’acide hippurique, de matières animales extractives (créatine, créatinine, etc.), du mucus et divers sels (carbonate de chaux et de soude, hippurate de soude, chlorure de potassium, etc.). L’urine des herbivores ne contient pas ou ne renferme que des traces d’acide urique ; celui-ci est remplacé par de l’acide hippurique. Mais il suffit de donner à un herbivore l’alimentation du carnassier pour que les urines du premier deviennent semblables à celles du second, c’est-à-dire acides, et réciproquement.
L’urine éprouve des modifications notables et très variées sous l’influence des maladies ; ces modifications portent à la fois sur ses propriétés physiques et sur sa composition chimique : L’urine est pâle dans le diabète, l’anémie ; jaune dans les maladies inflammatoires et surtout dans l’ictère ; rouge dans l’hématurie, etc. Elle devient acide, chez les herbivores, dans les fièvres graves, dans les inflammations aiguës, et contient plus ou moins d’albumine dans la plupart des états pathologiques, et notamment dans les affections charbonneuses et typhoïdes, dans les hydropisies, la néphrite, etc. Enfin, l’urine laisse souvent déposer des matières solides non dissoutes qui, lorsqu’elles se forment déjà dans les voies urinaires (reins, uretères, vessie), constituent, suivant leur volume, des calculs ou la gravelle. Elles déterminent, par leur déplacement, des coliques excessivement violentes et douloureuses, dites néphrétiques, quand les sédiments urinaires séjournent dans les reins, les bassinets ou les uretères. La sécrétion de l’urine peut être exagérée (diurèse), et son excrétion douloureuse (strangurie), impossible (ischurie), ou involontaire (énurésie).
Les capsules surrénales, au nombre de deux, sont des petits corps glandulaires placés sur la face inférieure et près du bord interne des reins. Elles ont des usages encore inconnus.
Canal membraneux du diamètre d’une grosse plume, l’uretère (21.21) fait suite au bassinet rénal et sort du rein par la scissure interne. Il s’infléchit ensuite en arrière et se dirige vers la cavité du bassin, longeant l’aorte ou la veine cave postérieure, selon le côté auquel il appartient ; croise les branches terminales de l’aorte à l’entrée du bassin, et gagne enfin la partie supérieure et postérieure de la vessie.
La vessie (22) est un réservoir musculo-membraneux logé dans la cavité du bassin, où il occupe un espace qui varie avec la quantité d’urine qu’il renferme ; il peut même déborder le pubis en avant et s’avancer dans la cavité abdominale.
Dans un état moyen de plénitude, cet organe figure un ovoïde dont l’extrémité postérieure se termine par un rétrécissement très prononcé connu sous le nom de col de la vessie, d’où part le canal de l’urèthre.
Chez le mâle, la vessie répond : en haut, aux vésicules séminales, aux renflements pelviens des canaux déférents et au rectum ; en bas et par côté, aux parois inférieure et latérales de la cavité du bassin.
Chez la femelle, le vagin sépare complètement la face supérieure de la vessie du rectum (voy. IIIe partie, chap. II, § 2, III, Bassin, Organes génitaux).
Comme nous l’avons vu déjà, le péritoine n’enveloppe pas complètement la vessie ; après avoir tapissé les parois du bassin, il se réfléchit sur l’extrémité antérieure ou cul-de-sac de la vessie, et forme là un simple repli orbiculaire.
Examinée à l’intérieur, la vessie offre : en arrière, l’ouverture du col ; un peu plus haut et latéralement, l’embouchure des uretères.
Deux membranes seulement entrent dans la structure du réservoir vésical : une interne, muqueuse ; une externe, musculaire. Doublée en dehors et en avant par la calotte séreuse dont nous avons dit un mot plus haut, la couche charnue a pour but, par ses contractions, de faire passer l’urine dans le canal uréthral.
p. 466Complètement vide, la vessie pèse, en moyenne, 450 grammes.
Il y a lieu de faire remarquer que le réservoir urinaire est plus étroit et plus allongé dans le fœtus que chez l’adulte. « Il occupe alors la cavité abdominale et s’avance sur la paroi inférieure de cette cavité jusqu’à l’ouverture ombilicale, flanqué par les deux artères de même nom74 . » C’est seulement vers l’époque de la naissance que, se retirant peu à peu au fond de la cavité pelvienne, la vessie finit par prendre la position qu’on observe à l’âge adulte.
Les reins sont seuls chargés de la sécrétion de l’urine. Les autres organes de l’appareil urinaire ont tout simplement pour fonction de transporter ce dernier liquide d’un point à un autre ou de le conserver jusqu’au moment de son expulsion au dehors.
L’une des plus importantes de l’économie, la sécrétion urinaire a pour objet l’élimination des matériaux superflus que l’absorption a fait entrer dans le sang (eau excédente des boissons et des aliments, matières étrangères) et celle des produits azotés et salins qui résultent des mutations des tissus.
Cette sécrétion est continue ; l’excrétion de son produit seule est intermittente. Elle s’opère, d’un autre côté, suivant un mode à peu près uniforme chez la plupart des mammifères : le liquide qui suinte par les petits orifices des tubes urinifères (voy. Reins) s’accumule dans le bassinet rénal en petite quantité et coule lentement dans l’uretère, qui le pousse goutte à goutte vers la vessie, d’où il ne peut refluer dans le canal précédent, à cause de l’obliquité même de son insertion.
À mesure que de nouvelles quantités d’urine arrivent dans la vessie, celle-ci se distend, et, quand la distension approche de son terme, elle a reçu 3, 4, 5 litres de liquide et plus. C’est alors que naît le besoin d’uriner, sensation interne déterminant, à l’aide des nerfs spinaux que reçoit la vessie, une action réflexe des centres nerveux, en partie soumise à la volonté, qui « fait cesser la contraction du sphincter du col vésical, et met en jeu le diaphragme et les muscles abdominaux ; de même p. 467que pour l’expulsion des matières fécales, il se produit un effort qui est, pour beaucoup d’animaux, incompatible avec la marche, la course, et la plupart des exercices musculaires un peu pénibles... Les solipèdes mâles ou femelles se campent, c’est-à-dire écartent les membres postérieurs des antérieurs, redressent les jarrets et les articulations métatarso-phalangiennes. Le mâle entier sort en partie le pénis du fourreau et lance l’urine avec force par un jet continu. Les dernières portions seules sont rejetées par saccades, coïncidant chacune avec une forte contraction des muscles abdominaux et du muscle accélérateur...Chez les femelles, on voit, dans les derniers moments, de vives contractions des lèvres de la vulve, qui s’écartent et se rapprochent alternativement, et un mouvement particulier du clitoris encore mouillé d’urine75 .»
La sécrétion urinaire est très active ; elle fournit en moyenne, chez le cheval, de 15 à 25 litres d’urine en 24 heures. Toutefois, il est bon de faire remarquer qu’elle varie suivant une foule de circonstances. D’une manière générale, elle est d’autant moins abondante que la température est plus élevée, que les mouvements sont plus fréquents, que les aliments sont moins aqueux. Néanmoins, elle ne se suspend jamais tout à fait ; elle dure même tout le temps que les animaux sont privés d’aliments et de boissons.
Tout le monde sait, d’autre part, que l’activité de la sécrétion urinaire est toujours en raison inverse de celle de la transpiration cutanée. Les substances étrangères introduites dans l’économie sous forme de médicaments ou avec les aliments et les boissons agissent sur la sécrétion urinaire ; celle-ci est alors surexcitée pour opérer plus vite l’élimination de ces matières et ramener ainsi le sang à sa constitution normale.
Cette élimination des matières étrangères par les voies urinaires, en général très rapide, ne l’est pas au même degré pour toutes les substances. Les unes, le cyanure de fer et de potassium, par exemple, se montrent déjà dans l’urine de la quatrième à la dixième minute ; tandis que d’autres n’apparaissent dans ce fluide qu’après un quart d’heure, une demi-heure et même une heure.
Chose non moins digne de remarque, l’élimination de ces substancesp. 468 continue plus ou moins longtemps, suivant leur quantité, leur nature, etc. Certaines sont complètement éliminées au bout de quelques minutes ; d’autres demandent plusieurs heures ; pour quelques-unes, enfin, l’élimination se prolonge pendant des mois entiers.
Appendice
1. — Nutrition.
On entend par nutrition l’ensemble des échanges qui s’établissent entre le sang et les tissus.
Cette fonction entretient des rapports tellement intimes avec les phénomènes que nous venons d’analyser (digestion, absorption, respiration, circulation), qu’on a pu considérer ces phénomènes comme les actes préparatoires de la nutrition.
La digestion, l’absorption, la respiration et la circulation préparent et distribuent à toutes les parties de l’organisme le fluide nécessaire à leur entretien, à leur rénovation et à leur accroissement.
La nutrition comprend la série des phénomènes dont le résultat final est la formation, le renouvellement de ce fluide, et la conversion de ses éléments en substance organisée.
1. — Rôle du sang dans la nutrition. Son mode de répartition aux parties solides.
« Le sang est le milieu intérieur dans lequel vivent les éléments anatomiques ; il leur apporte les matériaux à assimiler, il entraîne loin d’eux les substances résultant de la désassimilation76 . »
La partie fluide seule, c’est-à-dire le plasma, peut sortir des vaisseaux à travers les porosités invisibles de leurs parois, s’infiltrer dans l’épaisseur des tissus et baigner chacun de leurs éléments.
Aussi, pour que la nutrition de ces éléments anatomiques s’effectue normalement, la composition du liquide sanguin ne doit-elle pas subir des oscillations trop considérables. Si le sang est trop concentré, soit par perte d’eau, soit par excès de substances salines ou autres en dissolution dans le plasma, les éléments des tissus subissent des modifications fonctionnelles qui se traduisent souvent par des altérations matérielles faciles à constater.
C’est ainsi que, chez les individus atteints du diabète, se produit la cataracte diabétique : par suite de la concentration du sang, le cristallin cède une partie de son eau au sérum sanguin.
Les globules du sang, toutefois, ne restent pas étrangers au travail de la nutrition : Après avoir pris dans les poumons une teinte vermeille, sous l’influence de l’oxygène atmosphérique, ils deviennent noirs à leur passage dans les capillaires généraux, où ils paraissent céder aux tissus une certaine quantité p. 469d’oxygène qui joue là un rôle capital en déterminant les métamorphoses de diverses substances et en brûlant peu à peu l’hydrogène et le carbone des composés organiques.
2. — Phénomènes successifs de la nutrition.
Si, malgré l’intermittence des ingestions, la composition du milieu sanguin intérieur reste relativement constante, « c’est que la masse sanguine établit des rapports complexes entre les différents départements de l’organisme : en tel lieu, certaines substances sont emmagasinées, mises comme en réserve et ne reparaissent dans le sang qu’au fur et à mesure des besoins des autres tissus... D’un autre côté, quand les tissus ont rejeté dans le sang leurs produits de désassimilation, ce milieu intérieur peut servir semblablement à établir des rapports divers entre ces tissus et des organes où s’achèvent les métamorphoses chimiques des produits de désassimilation»
Il s’ensuit qu’il y a lieu d’étudier dans la nutrition :
1° Les fonctions par lesquelles des substances introduites dans le sang sont mises en réserve dans des organes plus ou moins nettement déterminés.
2° Les actes de nutrition proprement dite, c’est-à-dire d’assimilation et de désassimilation au niveau des éléments anatomiques en général.
3° Les actes complémentaires ou d’achèvement de la désassimilation.
1° Matériaux de réserve. — Le sang apporte à la fois aux tissus les substances que ceux-ci doivent s’assimiler et le gaz oxygène, dont la combinaison avec ces substances sera la source de toutes les activités nutritives et fonctionnelles. « Or, dit M. Mathias Duval, le fait d’emmagasinement, d’état de réserve, s’observe aussi bien pour les matériaux combustibles que pour le gaz comburant (oxygène). »
Cl. Bernard a jeté les premières lumières sur les phases préliminaires de la nutrition. Il a démontré, par exemple, que les matières sucrées pénètrent dans le sang de la veine porte à l’état de glycose ; qu’une faible partie de cette glycose traverse directement le foie pour aller immédiatement servir aux combustions organiques, tandis que la plus grande partie s’arrête au niveau du foie, s’y entrepose à l’état de matière glycogène, pour être ensuite distribuée, après une nouvelle transformation en glycose, au fur et à mesure des besoins de l’organisme. Le foie, dit-il, est donc une sorte de grenier d’abondance où vient s’accumuler l’excès de la matière sucrée fournie par l’alimentation. C’est pourquoi, lorsque, pour une cause quelconque, cette action du foie est supprimée, il y a glycosurie, c’est-à-dire présence du sucre dans les urines.
Pendant la vie embryonnaire, il se forme aussi des amas de réserve de certains sels calcaires, en attendant le moment de leur utilisation.
De même pour la graisse, qui s’accumule dans les cellules adipeuses et y reste comme une réserve pour fournir aux besoins de la combustion respiratoire, etc., etc.
2° Assimilation et désassimilation. — La propriété que possèdent les éléments organiques d’attirer les matériaux du sang qui les imprègnent, de se p. 470les incorporer pour un certain temps, puis de les rejeter après leur avoir fait subir certaines modifications, constitue les phénomènes d’assimilation et de désassimilation.
1° Assimilation. — Les simples lois de la physique sont impuissantes à expliquer comment la cellule vivante, l’élément anatomique, attire à lui telle substance du milieu ambiant. Ici, pas plus qu’en ce qui concerne la pénétration de l’oxygène du sang dans les éléments anatomiques pour y donner lieu à la combustion des substances tertiaires et quaternaires, les lois de l’endosmose ne sauraient être invoquées ; car, le plus souvent, les choses se passent à l’inverse de ce que pourrait faire supposer à priori la réalisation d’un simple phénomène d’endosmose.
Chaque élément anatomique choisit, pour ainsi dire, dans le milieu intérieur, les substances qu’il s’incorpore. Le sang, homogène, partout identique, se convertit ici en muscle, là en cartilage, plus loin en os, en membrane séreuse muqueuse, en production cornée. Il y a, en somme, une véritable sélection exercée par les éléments des tissus sur ceux du sang.
D’ailleurs, au moment de l’assimilation des substances du milieu ambiant des actes se produisent qui les modifient en combinant des éléments empruntés aux unes et aux autres :
« Dans les mutations nutritives qui s’opèrent au contact des cellules organiques, dit M. Sanson, la plus forte part des matières extractives non azotées fournies au sang par la digestion est transformée en matières grasses par des réactions dont la chimie ne nous peut encore donner qu’une idée imparfaite77 . »
« L’observation la plus vulgaire, écrit d’autre part M. Mathias Duval, montre que les féculents sont, de toutes les substances alimentaires, les plus aptes à l’engraissement, ce qui indique que les hydrates de carbone sont très propres à fournir les matériaux avec lesquels l’organisme peut former de la graisse ; mais l’ingestion directe de ces hydrates de carbone n’est pas indispensable à la formation des graisses des cellules adipeuses ; il suffit, pour cela, que des hydrates de carbone soient formés dans l’organisme78 . » Or, il est prouvé qu’ils peuvent prendre naissance aux dépens des éléments albuminoïdes, que l’économie, en somme, peut remplacer une substance par une autre, faire servir une même matière à bien des usages divers.
2° Désassimilation. — La désassimilation peut être considérée comme un phénomène chimique d’oxydation, par lequel les substances faisant partie de l’élément anatomique sont transformées en produits cristalloïdes (acide urique. urée), qui doivent être rejetés.
Le but de ces oxydations est la production, par la chaleur développée, de différentes forces qui sont le résultat du fonctionnement des éléments anatomiques (chaleur, travail mécanique du muscle, phénomène de conduction nerveuse, etc.).
Mais il faut distinguer, dans les substances assimilées et désassimilées, celles qui peuvent être considérées comme servant spécialement à la réparation des p. 471tissus, et celles qui sont employées par ces tissus pour produire les combustions fonctionnelles auxquelles nous venons de faire allusion.
En somme, la machine animale étant identifiée au fourneau d’une machine à vapeur qui produit de la chaleur et, par suite, le travail de la vapeur, en brûlant du charbon, nous devons tenir compte de ce fait que l’organisme, comme les machines industrielles, s’use en même temps qu’il brûle du combustible. Les éléments anatomiques, sièges des combustions, perdent de leur propre substance et ont, conséquemment, besoin à la fois de substances réparatrices et de matériaux nécessaires à de nouvelles combustions.
Quels sont donc les matériaux les plus propres à produire de la substance ? Quels sont, au contraire, ceux qui paraissent les plus favorables à la production de la force ?
Les opinions sont encore partagées à cet égard. M. Sanson est d’avis que les aliments de force par excellence sont les plus fortement azotés. Au contraire, la plupart des physiologistes et des agronomes pensent que ce sont les aliments non azotés. C’est, d’ailleurs, ce qui semble résulter des récentes expériences entreprises par M. Wolff et ses collaborateurs à Hohenheim. D’après ces expériences, en effet, les matériaux non azotés (graisse, amidon, etc.) sont d’abord transformés pour la production de la force, et c’est seulement lorsqu’ils sont détruits ou insuffisants que la transformation de l’albumine a lieu. D’où il suivrait que ce serait surtout la quantité de matières non azotées qu’on devrait accroître dans la ration des animaux auxquels on demande un fort travail.
Nous n’avons pas à aller plus au fond de la question. La seule conclusion que nous puissions tirer des lignes précédentes, c’est que, ni les matières azotées, ni les matières non azotées, ne peuvent, administrées isolément et exclusivement, constituer une ration à la fois capable de réparer les pertes de substance et de fournir les matériaux nécessaires à de nouvelles combustions.
3° Phénomènes complémentaires de la désassimilation. — Ces phénomènes n’ont été étudiés récemment que pour les produits de désintégration des substances albuminoïdes, dont la transformation définitive en urée semble s’accomplir dans le parenchyme hépatique. Dans les muscles, comme dans la plupart des tissus, en effet, on ne trouve pas d’urée, les albuminoïdes ne subissant là que les premières phases de leur oxydation.
3. — Circonstances qui favorisent ou qui entravent la nutrition.
1° Influence de l’âge. — L’activité du mouvement nutritif n’est pas la même aux différentes époques de la vie et dans tous les organes.
Pendant la vie embryonnaire, le travail de nutrition jouit d’une extrême activité : il y a assimilation prompte, sans décomposition corrélative bien manifeste pour le plus grand nombre des organes.
Dans l’âge adulte, il y a à peu près équilibre entre le mouvement de composition et celui de décomposition.
Enfin, dans la vieillesse, les phénomènes de décomposition tendent à prédominer sur ceux de l’assimilation.
L’activité de la nutrition, dans le jeune âge, explique très bien le mode d’accroissement des poulains, qui a lieu de la manière suivante : « Dans la première p. 472année, le poulain grandit en moyenne de 0m,45 ; dans la seconde, de 0m10 ; dans la troisième, de 0m,06 ; dans la quatrième, de 0m,03 ; dans la cinquième, de 0m,0279 . »
Divers organes cessent de grandir à la naissance (thymus) ; d’autres arrivent au terme de leur accroissement à l’âge adulte (os, muscles, etc.) ; d’autres, enfin, croissent toujours (poils, corne, etc.).
2° Influence de certaines époques déterminées de la vie sur quelques organes. — Généralement, les organes s’accroissent lentement et progressivement. Quelques-uns, cependant, sont, à certaines époques déterminées de la vie, le siège d’un développement nutritif très intense. Ainsi, au moment de la puberté, l’utérus, les testicules, les ovaires, le pénis, se développent avec rapidité ; de même, les parties antérieures du corps du cheval entier prennent un accroissement remarquable qui se trouve arrêté toutes les fois que, par la castration, le jeune sujet a été privé de ses organes génitaux.
3° Influence du climat. — Le climat exerce une action puissante portant à la fois sur la taille, les formes, le développement proportionnel des parties : Sous les plus froides latitudes, comme dans les régions équatoriales, les animaux domestiques conservent une petite taille. Les pays humides, au contraire, produisent des animaux massifs, lymphatiques.
Dans les pays froids, les animaux ont une fourrure épaisse ; tandis que dans les pays chauds le pelage est clair, etc., etc.
4° Influence de la nourriture. — Le régime, suivant qu’il est pauvre ou abondant, réduit ou développe la taille, ralentit ou accélère l’accroissement.
D’ailleurs, il n’est pas suffisant que les aliments soient donnés en quantité convenable, il faut encore qu’ils soient bien composés, que tous les principes organiques soient représentés, et qu’à ceux-ci se trouve associée une certaine proportion d’eau et de sels.
Nous avons vu, en effet, que chaque tissu s’incorpore les éléments constitutifs du fluide nutritif qui lui conviennent ; que ces éléments, en se combinant les uns aux autres, s’aident réciproquement pour faciliter leur assimilation ; que les uns, enfin, sont plus spécialement préposés à la réparation des pertes subies par les tissus ; que les autres, au contraire, ont pour résultat final de fournir les matériaux nécessaires à de nouvelles combustions.
Nous savons, d’autre part, qu’en outre des matières organiques, il entre dans la composition des tissus et des liquides de l’économie un grand nombre de sels qui ont besoin d’être renouvelés sans cesse par la nutrition. Le sel marin, en particulier, est indispensable à la bonne exécution de la nutrition, surtout chez les jeunes animaux et les juments en état de gestation.
L’insuffisance des matières salines dans l’alimentation rend, d’ailleurs, les animaux rachitiques.
Quant à l’eau, outre qu’elle dissout toutes les substances qui doivent être mises en présence, nous savons qu’elle donne au sang la fluidité sans laquelle la nutrition des éléments anatomiques ne s’exécute plus normalement, ceux-ci subissant, au contraire, des modifications fonctionnelles se traduisant par des altérations matérielles plus ou moins profondes.
p. 4735° Influence de l’hérédité. — L’hérédité, ou la transmissibilité, par la voie de la génération, des modifications imprimées à l’économie, influence profondément le travail nutritif.
Par son secours, on augmente considérablement la taille des races domestiques, on change les proportions du squelette, etc., etc.
6° Influence de l’exercice. — L’exercice développe le système musculaire et restreint la production de la graisse. Le cheval élevé en liberté a les os et les muscles plus volumineux et plus puissants que celui qui l’est à l’écurie. Le travail d’une partie développe les organes de la locomotion de cette partie : Les chevaux dont les membres fonctionnent activement ont les muscles des épaules, des avant-bras, des jambes, très puissants. Les sauteurs ont les reins et l’arrière-main fortement musclés.
« Ainsi, dit M. Colin, s’opère le travail de la nutrition considéré dans son ensemble, sorte de lutte perpétuelle entre l’assimilation et la destruction, la composition et la décomposition, comme si la vie devait résulter d’un antagonisme incessant et réglé entre les forces qui édifient et celles qui détruisent80 . »
2. — Chaleur animale.
La faculté de produire de la chaleur paraît appartenir à tous les animaux ; mais quelques-uns développent si peu de calorique qu’il ne peut être apprécié par nos thermomètres ordinaires ; tandis que, chez d’autres, la production de chaleur est si grande, qu’on n’a pas même besoin d’instruments de physique pour en constater l’existence.
On appelle animaux à sang froid ou à température variable, ceux qui ne produisent pas assez de chaleur pour avoir une température propre et indépendante des variations atmosphériques, et l’on réserve le nom d’animaux à sang chaud ou à température constante pour ceux qui conservent une température à peu près constante au milieu des variations ordinaires de chaleur et de froid auxquelles ils sont exposés.
Le cheval appartient au groupe des animaux à sang chaud, qui comprend, d’ailleurs, tous les mammifères et les oiseaux.
Il est bien démontré aujourd’hui que les sources de la chaleur animale sont les combustions qui se produisent dans l’organisme, et que la température perçue représente la partie libre du calorique produit en excès.
L’animal peut produire des quantités considérables de chaleur en vingt-quatre heures, et, dit M. Mathias Duval, « ces quantités seront d’autant plus élevées que la nutrition sera plus active, les aliments plus abondants et plus riches en carbone et en hydrogène ; aussi, ajoute-t-il, la nourriture des habitants des pays froids doit-elle être bien plus riche que celle des habitants des régions tropicales, et surtout beaucoup plus riche en hydro-carbures peu oxygénés, comme les graisses, que les Lapons absorbent en si grande abondance81 . »
Chez le cheval, la chaleur ainsi produite maintient le corps à une température moyenne de 38 degrés. Ce chiffre, toutefois, n’a pas une exactitude mathématique,p. 474 la température, chez l’animal absolument sain, pouvant n’être que de 37°,5 et pouvant monter à 38°,75.
Quant aux lieux où se font les combustions desquelles naît la chaleur, nous savons que c’est au niveau des capillaires, dans l’intimité des tissus.
Une fois produit, le calorique est réparti dans le corps par la circulation du sang : aussi, plus une partie est vasculaire, plus la circulation y est active et plus la température de cette partie se rapproche du maximum qu’elle puisse atteindre.
Des déperditions de chaleur se font par la surface du corps quand le milieu ambiant est d’une température inférieure à celle de l’animal ; mais l’économie, par suite de sa faculté de produire de la chaleur, grâce aussi à l’organisation spéciale de la surface cutanée82 , à la richesse en vaisseaux sanguins des parties les plus exposées au refroidissement (oreille externe, naseaux, membres, etc.), parvient assez facilement à diminuer les fâcheux résultats de ce rayonnement.
La température du corps varie, d’ailleurs, suivant l’âge, le volume des animaux, l’état de veille ou de sommeil, le genre de nourriture, l’état de la digestion, l’heure de la journée, le sexe, la race, le climat, la saison et surtout l’état de santé.
Chez le poulain qui vient de naître, la chaleur animale est moins élevée que plus tard83 . Elle augmente donc depuis la naissance jusqu’à l’époque où la croissance est achevée. Mais, à partir de cette époque, elle diminue un peu ; aussi, chez les vieux chevaux, où les phénomènes de nutrition et de combustion diminuent, la chaleur animale est-elle plus faible que chez l’adulte.
D’autre part, plus le corps est volumineux, moins les causes de déperdition par rayonnement sont prononcées. C’est pourquoi les chevaux de petite taille produisent, relativement à leur poids, à leur volume, plus de chaleur que les grands animaux ; car ils en perdent plus par rayonnement et par contact, vu leur plus grande surface, toujours relativement à leur volume.
La température du corps diminue un peu pendant le sommeil ; elle augmente, au contraire, sous l’influence de l’exercice.
Une nourriture abondante et riche en aliments respiratoires élève la chaleur animale, tandis qu’une nourriture aqueuse en produit l’abaissement. La digestion, d’ailleurs, augmente toujours un peu la température.
Le matin, la chaleur du corps est toujours un peu plus basse que le soir, et cette différence peut varier depuis un dixième jusqu’à un degré.
Il en est de même du mâle par rapport à la femelle : la température du cheval entier se trouve toujours de 0°,5 au-dessous de celle de la jument.
p. 475La race, le climat, la saison n’exercent qu’une action insensible sur la température du corps. C’est surtout pendant le cours des maladies que la chaleur animale est le plus variable. Certaines affections l’augmentent ; d’autres, au contraire, l’abaissent. Aussi, l’exploration de la température donne-t-elle des renseignements précieux pour juger de la marche d’une maladie et en établir le diagnostic. La chaleur morbide peut monter de deux ou trois degrés, rarement plus ; on admet, en général, qu’une augmentation ou un abaissement de quatre ou cinq degrés sont des signes de mort84 .
Résistance du cheval à la chaleur et au froid. — Pour les raisons que nous avons données, le cheval, à l’état de santé, conserve toujours sa température propre, quelle que soit celle des milieux dans lesquels il vit. En Asie et en Afrique, il supporte sans grande difficulté des températures ambiantes de 50° centigrades et plus ; tandis qu’en Russie, il vit très bien dans des milieux de -20° à -25° centigrades, et même quelquefois de -46°, comme en Sibérie.
L’abondance et la richesse des aliments augmentant la chaleur animale, il s’ensuit que l’alimentation des animaux vivant sous les climats chauds doit être moins substantielle que celle des animaux habitant les pays froids, qui ont besoin d’une plus grande quantité de combustibles intérieurs pour subvenir aux pertes plus considérables que fait l’économie.
3. — Vaisseaux et nerfs abdominaux.
1° Artères.—Les vaisseaux artériels qui se distribuent aux organes compris dans la partie du tronc que nous venons d’examiner (II, face inférieure du tronc et abdomen) émanent à peu près exclusivement de l’aorte abdominale, branche postérieure de la double bifurcation du tronc aortique (voy. IIIe partie, chap. II, § 2,1, Face latérale du tronc et thorax).
D’un calibre beaucoup plus considérable que la bifurcation antérieure, l’aorte postérieure (Pl. IX, X, 28 et Pl. X, X, 23) parcourt aussi un trajet plus grand et fournit des divisions plus nombreuses. Après sa naissance, elle se porte en arrière, traverse la cavité thoracique et envoie des rameaux à tous les organes qui y sont contenus. Elle pénètre ensuite dans l’abdomen, en passant au travers des piliers du diaphragme.
Une fois arrivée dans la cavité abdominale, l’aorte postérieure longe la face inférieure du corps des vertèbres jusqu’à la dernière articulation intervertébrale, et se termine là par la double bifurcation d’où résultent les artères iliaques externes et iliaques internes, destinées surtout au membre abdominal.
Les principales divisions qui émanent de l’aorte postérieure, dans sa portion abdominale, sont : le tronc cœliaque, qui fournit des branches à l’estomac (artère gastrique), à la rate (artère splénique) et au foie (artère hépatique) ; les artères grande mésentérique et petite mésentérique, dont les divisions se distribuent aux différentes portions du tube intestinal ; les artères rénales, spermatiques et petites testiculaires, ou utérines, qui envoient des rameaux aux reins et aux organes génitaux (voy. fig. 5 du texte).
p. 4762° Veines. — Les vaisseaux veineux se rendent tous ou presque tous dans la veine cave postérieure (Pl. X, X, 24).
D’un volume supérieur à celui de tous les vaisseaux de l’économie, ce tronc veineux commence à l’entrée du bassin par deux grosses racines : les troncs pelvicruraux. De là il se dirige en avant et à droite de l’aorte, sous ce corps des vertèbres lombaires, atteint la scissure antérieure du foie, et traverse enfin le diaphragme.
Dans ce trajet, la veine cave postérieure reçoit des divisions nombreuses et considérables ; ce sont, d’arrière en avant ; les veines lombaires, spermatiques, rénales, porte (voy. IIIe partie, chap. II, §2, II, Face inférieure du tronc et abdomen, Xe plan), et diaphragmatiques.
3° Nerfs. — Les nerfs de la région dont nous nous occupons émanent, ou des paires rachidiennes dorsales et lombaires, ou du pneumogastrique, ou du grand sympathique.
En ce qui concerne les paires dorsales et lombaires, dont nous connaissons les modes d’origine et de distribution, nous nous contenterons de dire ici qu’elles envoient des divisions aux muscles et à la peau des lombes, des flancs et du ventre.
À propos du nerf pneumogastrique, que nous n’avons pas encore eu l’occasion d’étudier dans son ensemble, nous rappellerons qu’il s’étend de l’isthme de l’encéphale (bulbe rachidien) jusqu’au delà de l’estomac, où il envoie, ainsi que dans l’œsophage, le pharynx, le poumon, les bronches, la trachée, le larynx (voy. IIIe partie, chap. Ier, Tête, Larynx), une multitude de filets, qui tiennent sous leur dépendance les mouvements, les sécrétions et les phénomènes de pure sensibilité dont ces organes sont le siège.
Quant au grand sympathique, sa position, son importance, sa destination spéciale nous obligent à en faire une description à part.
4. — Nerf grand sympathique.
Le grand sympathique est l’appareil nerveux des organes de la vie végétative. Il se compose de deux longs cordons étendus de la tête à la queue, sous la colonne vertébrale, à droite et à gauche de la ligne médiane (voy. fig. 6 du texte).
Chaque cordon présente sur son trajet une série de ganglions qui lui donnent l’aspect d’une vraie chaîne. Ces ganglions sont en nombre égal à celui des vertèbres, excepté dans la région cervicale, où on ne trouve que deux ganglions : l’un en haut, l’autre en bas.
De forme elliptique, semi-lunaire ou arrondie, les ganglions du grand sympathique reçoivent du bulbe rachidien et des branches spinales inférieures un grand nombre de rameaux afférents qui constituent la chaîne par leur réunion. Ils envoient à leur tour des rameaux efférents aux différents viscères ; ces p. 477rameaux enlacent les artères pour gagner leur destination et forment à la surface de celles-ci ce que l’on appelle des plexus.
À une certaine distance de la chaîne du grand sympathique, sur le trajet des rameaux efférents, allant soit à la mœlle, soit aux viscères, se trouvent de nouvelles masses ganglionnaires : ce sont de nombreux amas globulaires échelonnés sur les nerfs du grand sympathique. Le plus remarquable de ces amas est le ganglion semi-lunaire ou solaire, que Bichat appelait le cerveau abdominal ; enfin, encore plus loin, sur le trajet des nerfs viscéraux, au moment où ils se distribuent dans les viscères, on trouve une nouvelle série de ganglions disséminés dans l’épaisseur des parois des organes, et d’ordinaire de dimensions microscopiques : tels sont ceux que l’on trouve dans l’épaisseur des parois intestinales, dans la charpente musculaire du cœur, sur les bronches, etc., etc. (ganglions viscéraux ou parenchymateux).
Rôle du grand sympathique. — Les fonctions du grand sympathique sont encore assez obscures. Toutefois, on sait maintenant qu’il ne constitue pas un système à part, mais qu’il partage les propriétés et les fonctions du système médullaire et s’associe à lui.
Ses filets nerveux sont excitables par les mêmes agents que les nerfs rachidiens ; mais la volonté n’a pas d’action sur eux. Aussi, les mouvements qui se produisent dans le domaine du grand sympathique sont-ils tous involontaires. Ces mouvements présentent, d’autre part, cette propriété d’être lents à se produire et à disparaître.
Les rameaux du grand sympathique sont également sensibles, mais à un faible degré ; toutefois, cette propriété s’accentue dans les états pathologiques.
Enfin, ils peuvent prendre part à des réflexes.
Il est reconnu aujourd’hui que la plupart des phénomènes nerveux des fonctions viscérales ont pour centre la mœlle épinière, et que le grand sympathique conduit tout simplement aux organes les excitations motrices inconscientes qui prennent naissance dans celle-ci.
Par les filets qu’il fournit aux vaisseaux (nerfs vaso-moteurs), il tient sous sa dépendance les phénomènes circulatoires, surtout dans les capillaires ; il peut faire contracter les canaux (nerfs vaso-constructeurs), ou bien produire leur dilatation (nerfs vaso-dilatateurs), par conséquent ralentir ou accélérer la vitesse du cours du sang.
« L’action des vaso-moteurs s’explique par une action suspensive ou d’arrêt analogue à celle que le pneumogastrique exerce sur le cœur.
« La fièvre résulte d’une action exagérée des nerfs vaso-dilatateurs, qui sont en même temps calorifiques85 . »
(Pl. XIII et XIV).
Le bassin ou pelvis est une sorte de cavité conique, de canal à parois en partie osseuses et en partie ligamenteuses, qui prolonge en p. 478arrière la cavité abdominale, avec laquelle il communique largement en avant.
Il occupe donc la partie postérieure du tronc et loge, outre les organes de la génération, le rectum et la vessie, que nous avons examinés précédemment (voy. IIIe partie, chap. II, § 2, II, Face inférieure du tronc et abdomen).
1° Os. — Trois os principaux concourent à former le bassin : les deux coxaux et le sacrum, auxquels il faut ajouter les trois ou quatre premiers coccygiens.
Fig. 146. — Ensemble dos os du bassin (cheval).
1° Le coxal (pl. XIII, fig. 1, IX, C ; Pl. XIV, fig. 1, IV, D, et fig. 146 du texte) est un os pair appartenant au membre postérieur dont il forme le premier rayon, ainsi que nous l’avons vu dans nos généralités (voy. lre partie, chap. 1er, Squelette).
Sa forme générale est celle d’un os plat étranglé vers le milieu et p. 479fortement élargi à ses deux extrémités. « Il est en outre incurvé dans deux sens différents, comme s’il avait été coudé vers son milieu et tordu sur lui-même ; de telle sorte que, quand sa moitié postérieure repose sur un plan horizontal, sa moitié antérieure fait avec la première un angle obtus, à sinus ouvert en haut et en arrière...86 . » ,
Vers sa partie moyenne et en dehors, le coxal présente une cavité articulaire, dite cotyloïde, qui sert à l’articulation du fémur.
Inférieurement et en dedans de la cavité cotyloïde, on trouve une grande ouverture, ronde ou ovale, dite trou ovalaire ou ouverture sous-pubienne (pl. XIV, fig. 1, IV, E), fermée sur l’animal vivant par les muscles obturateurs.
Les deux coxaux s’infléchissent en dedans et en bas pour s’unir l’un à l’autre, sur la ligne médiane, à l’aide d’une espèce de suture très solide dite symphyse ischio-pubienne (pl. XIV, fig. 1, IV, G).
Par leur partie élargie supérieure, ils s’articulent avec le sacrum.
Chaque coxal est formé, dans le fœtus, de trois parties distinctes réunies au centre de la cavité cotyloïde, que toutes trois concourent à former. Bien que ces parties se soudent de très bonne heure, on est dans l’habitude de les décrire comme trois os distincts, sous les noms d’ilium, de pubis et d’ischium. Nous nous réservons de les examiner en même temps que le membre postérieur.
2° Le sacrum (pl. XIV, fig. 1, IV, B. B, et fig. 146 du texte), os impair, de forme pyramidale, clôt supérieurement la cavité du bassin.
Il s’articule par son extrémité antérieure, ou base, avec la dernière vertèbre lombaire ; par les côtés, avec les deux coxaux ; par son extrémité postérieure, avec le premier coccygien.
La face inférieure, lisse et incurvée d’avant en arrière, constitue le plafond de la cavité du bassin. Elle présente quatre trous, dits sous-sacrés, par lesquels s’échappent les nerfs de même nom.
La face supérieure est occupée par l’épine sus-sacrée, résultant de la soudure des apophyses épineuses des cinq vertèbres sacrées, et les trous sus-sacrés, analogues à ceux de la face inférieure.
3° Les trois premiers os coccygiens seuls concourent à la formation du bassin. Irrégulièrement cylindriques ou prismatiques, les os coccygiens offrent tous les caractères des vertèbres dégénérées.
p. 4802° Articulations. — Les os précédents sont unis entre eux par des articulations dont il est bon de rappeler la disposition générale :
1° L’articulation du sacrum avec la dernière vertèbre lombaire, ou sacro-lombaire, ayant beaucoup d’analogie avec les articulations intervertébrales, que nous avons précédemment examinées, il est inutile de la décrire ici.
2° L’articulation du sacrum avec les coxaux ou sacro-iliaque est affermie au moyen de quatre ligaments puissants qui ne lui permettent que des mouvements excessivement bornés. Trois de ces ligaments enveloppent l’articulation de toutes parts et ne nécessitent pas une description spéciale. Le quatrième seul, en raison de son volume et de son rôle, doit être examiné en particulier. C’est une vaste expansion membraneuse formée de fibres blanches entre-croisées, située sur le côté du bassin, entre le sacrum et le coxal, et servant plutôt d’appareil de clôture pour la cavité pelvienne que de moyen d’assujettissement.
Connue sous le nom de ligament sacro-sciatique (pl. XIII, fig. 1, IX d, et pl. XIV, fig. i, IV, M), cette expansion a une forme irrégulièrement quadrilatère, comme l’espace compris entre la crête rugueuse latérale du sacrum et la crête sus-cotyloïdienne (voy. IIIe partie, chap. III, § 2, Membres postérieurs) qu’elle remplit.
Sa face externe est recouverte par les muscles long vaste et demi tendineux.
Sa face interne, tapissée antérieurement par le péritoine, se trouve en rapport, postérieurement, avec les muscles ischio-coccygien et ischio-anal.
3° La symphyse ischio-pubienne réunit les deux coxaux sur la ligne médiane à l’aide d’un cartilage interosseux et de fibres périphériques qui s’ossifient dès l’âge adulte.
Examiné à l’intérieur, le bassin représente une simple cavité conoïde dans laquelle on peut distinguer quatre faces ou régions et deux orifices appelés détroits.
La région inférieure ou plancher du bassin, concave d’un côté à l’autre et rectiligne d’avant en arrière, présente : sur la ligne médiane, p. 481la symphyse ischio-pubienne ; sur les côtés, les deux ouvertures sous-pubiennes bouchées par les muscles obturateurs, et par lesquelles s’échappent les vaisseaux et les nerfs de même nom. C’est sur cette surface lisse et arrondie que glisse le fœtus lors de l’accouchement.
La région supérieure, ou plafond du bassin, est formée par la face inférieure du sacrum.
Quant aux régions latérales, elles sont constituées par une petite portion de la face interne des iliums et en très grande partie par les ligaments sacro-sciatiques.
Le détroit antérieur, à peu près circulaire, est situé au-dessus du pubis ; c’est par lui que le fœtus s’engage dans la cavité du bassin.
Le détroit postérieur, plus étroit, représente l’orifice de sortie du canal pelvien et livre passage au rectum et aux organes génito-urinaires.
Le péritoine tapisse la surface intérieure du bassin, mais non totalement. Vers l’arrière-fond de la cavité pelvienne, il se réfléchit en avant, autour du rectum et des organes génito-urinaires ; de sorte que la partie terminale de ces organes se trouve placée en dehors de la séreuse péritonéale.
Le bassin de la jument, comparé à celui du cheval, l’emporte sur ce dernier par toutes ses dimensions : le détroit antérieur forme une circonférence plus vaste ; le bord interne de l’ilium décrit une courbe beaucoup plus concave ; le plancher du bassin et l’arcade ischiale sont plus larges ; les trous sous-pubiens sont également plus larges et plus arrondis.
Les organes génitaux sont ceux à l’aide desquels, chez les mammifères, deux individus, l’un mâle et l’autre femelle, peuvent, en s’accouplant dans certaines circonstances déterminées, se reproduire et propager l’espèce à laquelle ils appartiennent.
La femelle fournit un germe, l’ovule, et le mâle, une liqueur fécondante, le sperme, qui anime le germe et le rend apte à se développer.
p. 482Nous allons successivement examiner ces organes dans l’un et dans l’autre sexe.
Les organes génitaux du mâle comportent les organes sécréteurs du sperme, ou les testicules, et l’appareil d’excrétion, comprenant lui-même : l’épididyme, le canal déférent, les vésicules séminales, les canaux éjaculateurs, la prostate, les glandes de Cowper ; enfin, un canal impair, l’urèthre, commun aux organes de la génération et de la dépuration urinaire, et supporté par une tige érectile, le corps caverneux, avec lequel il forme un organe allongé, le pénis ou la verge qui, lors du rapprochement des sexes, est introduit dans le vagin, au fond duquel il va porter le fluide spermatique.
Les testicules sont deux glandes ovoïdes suspendues dans le pli de l’aine, l’une à droite, l’autre à gauche, où elles occupent une poche séreuse particulière dite gaine vaginale (fig. 147 du texte, E.E).
Chacune des glandes testiculaires est formée d’un tissu propre, faune grisâtre, marbré, renfermé dans une coque fibreuse connue sous la dénomination de tunique albuginée. Cette substance propre du testicule est divisée par les prolongements de la membrane d’enveloppe en petits lobules distincts résultant du pelotonnement de deux ou trois tubes filiformes, les canalicules séminifères qui, après être devenus droits (canalicules droits), se dirigent vers le bord supérieur du testicule et se continuent dans l’épididyme par les canaux efférents, que nous examinerons dans un instant.
1° Gaine vaginale. — La gaine vaginale, chez le cheval, n’est qu’un diverticulum de la cavité abdominale, dont la membrane péritonéale a fait hernie dans le trajet inguinal (voy. IIIe partie, chap. II, § 2, Face inférieure du tronc et abdomen) et s’est prolongée petit à petit jusqu’au-dessous de l’anneau inguinal inférieur, de manière à constituer un sac séreux recouvert de parois membraneuses connues sous le nom de bourses.
Le sac vaginal est allongé verticalement, rétréci dans sa partie moyenne, qui contient le cordon testiculaire, ouvert à son extrémitép. 483p. 484supérieure pour livrer passage au canal déférent et aux vaisseaux spermatiques, et enfin renflé à son extrémité inférieure, qui forme le fond ou le cul-de-sac de la cavité et loge le testicule et l’épididyme.
Fig. 147. — Vue générale et supérieure de l’appareil génito-urinaire du mâle.
La membrane péritonéale qui constitue la gaine vaginale comprend, comme les séreuses de la cavité abdominale, deux feuillets : l’un pariétal, l’autre viscéral.
2° Membranes enveloppantes ou bourses. — Les parois extérieures de la gaine vaginale, au nombre de quatre, sont, en procédant de dedans en dehors : 1° la tunique fibreuse qui revêt immédiatement le feuillet externe ; 2° le muscle crémaster, plus généralement connu sous le nom de tunique érythroïde, dont la contraction détermine les mouvements d’ascension brusque du testicule ; 3° le dartos, membrane très contractile formée de tissu fibreux élastique déterminant le mouvement vermiculaire dont les bourses sont le siège ; 4° le scrotum, constitué tout simplement par la portion de la peau qui recouvre la région testiculaire.
Première partie du canal excréteur du sperme, l’épididyme (fig. 147 du texte, e, e’) est un corps allongé d’avant en arrière, appliqué contre le bord supérieur du testicule et constitué par la réunion de douze à vingt petits tubes, les canaux efférents, formant un long conduit replié un très grand nombre de fois sur lui-même. De ses deux extrémités, l’une, antérieure, renflée, porte le nom de tête de l’épididyme ; l’autre, postérieure, moins volumineuse, est connue sous la dénomination de queue de l’épididyme. Réduite à un seul conduit, celle-ci se recourbe en haut pour constituer le canal déférent (fig. 147 du texte, F).
De la grosseur d’une plume à écrire ordinaire, ce canal s’unit au cordon testiculaire jusqu’à l’ouverture de la gaine vaginale ; puis il pénètre dans la cavité abdominale, gagne l’entrée du bassin, s’infléchit en arrière, se place au-dessus de la vessie en se renflant subitement, et se termine au col de ce dernier réservoir par un rétrécissement brusque, à l’origine duquel aboutit, en dehors, la vésicule séminale. Il se continue ensuite par les canaux éjaculateurs.
Placées au-dessus de la vessie et du canal déférent, les vésicules séminales, au nombre de deux, l’une droite, l’autre gauche, paraissent servir tout à la fois de réservoirs et d’organes sécréteurs. « Leur produit liquide se joindrait au sperme, comme le produit de la prostate et des glandes de Cowper87 . »
Elles s’effilent postérieurement en un col étroit qui s’insinue sous la prostate et se termine avec le conduit déférent pour constituer le canal éjaculateur (fig. 147 du texte, H).
Les canaux éjaculateurs sont deux conduits formés par la réunion du canal déférent et du goulot de la vésicule séminale. Ils rampent entre la prostate et l’urèthre et vont s’ouvrir dans la partie pelvienne de l’urèthre.
Leur usage est de lancer le sperme dans le canal uréthral pendant la copulation.
L’urèthre (fig. 147 du texte, K, L) est un conduit à parois membraneuses et érectiles, s’étendant du col de la vessie à l’extrémité libre de la verge.
D’abord horizontal, le canal uréthral décrit, à sa sortie du bassin, en arrière de l’arcade ischiale, une courbure qui le rend oblique de haut en bas et d’arrière en avant. Il s’ensuit qu’on peut le décomposer en deux portions bien distinctes : l’une, intra-pelvienne ; l’autre, extra-pelvienne, la plus étendue, supportée par le corps caverneux.
En arrivant vers la tête du pénis, l’urèthre se termine par un petit prolongement connu sous le nom de tube uréthral, succédant immédiatement à une petite dilatation ovoïde, dite fosse naviculaire.
Le canal de l’urèthre présente dans sa structure : 1° une membrane muqueuse ; 2° une enveloppe érectile ; 3° des muscles ; 4° des vaisseaux et des nerfs.
p. 4861° Membrane muqueuse. — La muqueuse uréthrale, assez sensible, continue en arrière celle de la vessie.
2° Enveloppe érectile. — Immédiatement en dehors de la muqueuse se trouve l’enveloppe érectile de l’urèthre dont la structure est identique à celle du corps caverneux, que nous examinerons dans un instant (voy. Pénis). Cette enveloppe commence un peu au-dessus du contour ischial par un renflement auquel on donne le nom de bulbe de l’urèthre, et se termine par un autre renflement constituant la tête de la verge.
3° Muscles. — Dans sa portion intra-pelvienne, en arrière de la prostate, la membrane muqueuse de l’urèthre est doublée, extérieurement, d’une couche charnue circulaire formant le muscle de Wilson.
Une autre enveloppe musculeuse, le bulbo-caverneux ou l’accélérateur, recouvre le tissu érectile du canal uréthral, depuis l’arcade ischiale jusqu’à l’extrémité libre du pénis.
À ces deux muscles principaux s’ajoutent encore deux paires de faisceaux secondaires : 1° le muscle ischio-uréthral, se dirigeant de l’arcade ischiale sur la face inférieure de la glande de Cowper ; 2° le muscle transverse du périnée, très mince bandelette qui s’étend transversalement de la tubérosité ischiale à la ligne médiane du périnée.
Le muscle de Wilson s’oppose à la sortie de l’urine et à la rentrée du sperme dans la vessie.
Le bulbo-caverneux est l’organe essentiel de la projection du sperme hors du canal.
L’ischio-uréthral tire en arrière la portion membraneuse de l’urèthre, ainsi que les glandes de Cowper, qu’il comprime.
Quant au transverse du périnée, il dilate la portion bulbeuse du canal.
4° Vaisseaux et nerfs. — Le sang est amené au canal de l’urèthre par les artères bulbeuses et dorsales du pénis. Les filets nerveux émanent du honteux interne et du grand sympathique.
1° Prostate. — Cette glande impaire est située à l’origine du canal de l’urèthre, en travers du col de la vessie. Elle sécrète et verse à l’intérieur du tube uréthral un liquide destiné à faciliter le passage du sperme dans ce tube.
p. 4872° Glandes de Cowper. — Placées de chaque côté de l’urèthre, au-dessus de l’arcade des ischions, ces petites glandes sécrètent un fluide qui jouit des mêmes propriétés physiques que celui de la prostate.
Le pénis ou la verge (fig. 147 du texte, M, N) est un corps cylindroïde résultant de l’accolement du corps caverneux et de la portion spongieuse du canal de l’urèthre. Nous avons dit un mot de cette dernière partie ; il nous reste à décrire le corps caverneux, avant de parler du pénis dans son ensemble.
1° Corps caverneux. — Situé entre les deux cuisses, prolongé sous le ventre, attaché en arrière sur l’arcade ischiale, et terminé en avant par une extrémité libre englobée dans le renflement de la tête de la verge, le corps caverneux est une tige érectile déprimée d’un côté à l’autre, et creusée inférieurement d’une gouttière dans laquelle est logé le canal de l’urèthre.
L’organe érectile représenté par le corps caverneux forme la base principale du pénis, auquel il donne la propriété de se gonfler, c’est-à-dire d’entrer en érection lorsque le sang y arrive en abondance.
2° Verge dans son ensemble. — La partie du pénis comprise entre l’arcade ischiale et les bourses prend le nom de portion fixe ; le reste de l’organe s’appelle, au contraire, partie libre de la verge. Celle-ci, enveloppée par le fourreau dans les conditions ordinaires, sort de ce repli quand la verge s’allonge et se gonfle au moment de l’érection. Son extrémité, tête de la verge ou gland, constitue un renflement circulaire limité en arrière par un rebord saillant (couronne du gland) et présentant, sur son plan antérieur, le tube uréthral, entouré d’une fosse circulaire.
Deux bandelettes aplaties, dites cordons suspenseurs et rétracteurs, partant de la face inférieure du sacrum, enveloppant l’extrémité terminale du rectum, puis se prolongeant, accolés l’un à l’autre sur le muscle bulbo-caverneux, concourent à ramener la verge à sa position de repos quand cesse le phénomène de l’érection.
Enfin, ainsi que nous l’avons vu déjà, la partie libre du pénis est enveloppée par un repli tégumentaire, le fourreau, dont nous allons dire un mot.
p. 4883° Fourreau. — Le fourreau est une cavité formée par un repli de la peau qui, une fois arrivée à la partie libre du pénis, forme un cul-de-sac circulaire en se réfléchissant sur cet organe, qu’elle enveloppe.
Il existe une parfaite analogie entre ces organes et ceux du mâle. Ainsi, l’appareil génital de la femelle comprend : 1° les ovaires, chargés de préparer le germe ; 2° la trompe utérine, dans laquelle s’engage l’ovule en sortant de l’ovaire ; 3° l’utérus, réservoir impair formé de deux moitiés latérales rappelant les vésicules séminales ; 4° le vagin, canal analogue à l’urèthre ; 5° la vulve, ouverture extérieure du vagin, présentant à sa partie inférieure un corps érectile, le clitoris, véritable rudiment du corps caverneux du mâle ; 6° les mamelles, organes préposés à la sécrétion du lait, et dont on trouve le vestige chez le mâle.
Les ovaires (fig. 148 du texte, 3) sont deux glandes ovoïdes, plus petites que les testicules, situées dans la cavité abdominale, un peu en arrière des reins, et suspendues à la région sous-lombaire au moyen des ligaments larges ou suspenseurs de l’utérus.
Chacune de ces glandes comprend un tissu propre, de teinte grisâtre plus ou moins marbrée, renfermé dans une coque fibreuse exactement semblable à la tunique albuginée du testicule, et recouverte elle-même par une tunique séreuse continue avec les ligaments larges.
Le tissu propre de l’ovaire, depuis la naissance, mais principalement quand la jument est apte à concevoir, renferme dans son épaisseur des espèces de petits sacs membraneux dits vésicules de Graaf, à divers états de développement, qui contiennent les ovules ou les œufs des mammifères (fig. 150 du texte).
Rupture des vésicules de Graaf. — C’est à l’époque de la puberté seulement que ces vésicules sont le siège de phénomènes bien marqués. Elles se vascularisent, se distendent, forment une saillie plus ou moins considérable à la surface de l’ovaire, et finissent par se déchirer pour donner passage à l’ovule qui tombe dans l’oviducte.
p. 489La cicatrice résultant de la rupture d’une vésicule de Graaf est connue sous le nom de corps jaune.
L’oviducte est un petit conduit flexueux qui commence par un évasement frangé, libre, formant le pavillon de la trompe (fig. 148 du texte, 3), et se termine sur la corne utérine en s’abouchant avec elle.
Dans les conditions ordinaires, l’oviducte flotte librement à l’intérieur de la cavité abdominale ; mais, au moment où les ovules se détachent, son pavillon s’applique étroitement sur l’ovaire, saisit le germe et l’amène à l’orifice abdominal de la trompe, d’où il est transporté dans la matrice.
Fig. 148. — Vue d’ensemble des organes génitaux de la jument.
C’est aussi l’oviducte qui porte la liqueur fécondante du mâle à la rencontre de l’œuf.
p. 490Il arrive quelquefois que le pavillon de la trompe utérine fonctionnant mal, l’œuf tombe dans la cavité abdominale et s’y développe s’il a été fécondé, fait qui constitue la variété la plus remarquable des gestations extra-utérines.
L’utérus est un sac musculo-membraneux dans lequel l’ovule arrive et se développe.
Il est situé en avant du vagin, partie dans la cavité abdominale, partie dans le bassin.
« Dans sa moitié postérieure, la matrice représente un réservoir simple, cylindrique, légèrement déprimé de dessus en dessous, et nommé le corps de l’utérus. Dans sa moitié antérieure, il est bifide et divisé en deux cornes recourbées par en haut88 . »
Le corps (fig. 148 du texte, 1) répond, par sa face supérieure, au rectum ; par ses faces latérales et inférieure, aux circonvolutions intestinales. Postérieurement, il est séparé du vagin par un rétrécissement qui prend le nom de col de l’utérus (fig. 148 du texte, 6).
Les cornes (fig. 148 du texte, 2.2) se trouvent mêlées aux diverses portions de l’intestin.
L’utérus est attaché à la région sous-lombaire par des liens lamelleux connus sous la dénomination de ligaments larges ou suspenceurs de l’utérus (fig. 148 du texte, 4).
La surface intérieure de cet organe se divise en trois compartiments : la cavité du corps et les cavités des cornes.
La cavité du corps se termine postérieurement par un étroit canal traversant le col de l’utérus et se prolongeant au fond du vagin à la manière d’un robinet dans un tonneau. C’est cette saillie qui a reçu le nom de fleur épanouie (museau de tanche chez la femme), par suite des plis transversaux, disposés circulairement, que présente la muqueuse utéro-vaginale au pourtour de l’orifice postérieur du canal dont nous parlons.
Les parois de l’utérus comprennent trois membranes : une externe, séreuse ; une moyenne, charnue ; une interne, muqueuse.
Le vagin (fig. 148 du texte, 7) est un canal membraneux, à parois minces et extensibles, servant à l’accouplement et au passage du fœtus. Il fait suite à l’utérus et se termine en arrière par la vulve.
Situé dans la cavité du bassin, qu’il traverse d’avant en arrière, cet organe répond : en haut, au rectum ; en bas, à la vessie. Il est formé de deux membranes : une interne, muqueuse ; une externe, musculaire.
Orifice externe des organes génitaux de la femelle, la vulve est située dans la région périnéale, au-dessous de l’anus. C’est une fente allongée verticalement, présentant deux lèvres latérales et deux commissures : l’une supérieure, l’autre inférieure.
Sa surface intérieure offre à étudier : 1° la membrane hymen, qui, lorsqu’elle existe, la sépare du vagin ; 2° le méat urinaire, orifice postérieur du court canal uréthral de la jument, percé sur le plan inférieur de la cavité de la vulve et couvert d’une large valvule muqueuse qui semble destinée à diriger les urines vers l’extérieur ; 3° le clitoris, organe érectile faisant saillie vers la commissure inférieure et correspondant au corps caverneux du mâle, dont l’attouchement par la verge, pendant la copulation, détermine surtout l’excitation vénérienne.
La vulve présente dans sa structure : 1° une membrane muqueuse ; 2° un corps érectile, le bulbe vaginal (fig. 148 du texte, 16), appliqué sur cette membrane ; 3° deux muscles constricteurs (fig. 148 du texte, 8, 9), compris dans l’épaisseur des lèvres ; 4° la peau extérieure, fine, noirâtre, onctueuse, lisse et dépourvue de poils.
Les mamelles, au nombre de deux, sont des organes glanduleux situés dans la région inguinale et destinés à sécréter le lait.
Chacune d’elles représente une masse hémisphérique renfermant dans son intérieur un grand nombre de canaux excréteurs qui se réunissent de proche en proche pour aboutir au centre d’un prolongementp. 492 dit trayon, mamelon ou tétine, prolongement percé à son extrémité libre de plusieurs orifices d’où s’échappe le lait, et par lequel le petit sujet opère la succion.
La peau qui recouvre les mamelles est mince, noirâtre, couverte d’un léger duvet, qui disparaît même vers le mamelon.
Les mamelles croissent jusqu’à l’âge adulte. À partir de cet âge, elles restent stationnaires, excepté vers la fin de chaque grossesse, époque à laquelle elles augmentent considérablement de volume.
Les fonctions que nous avons examinées jusqu’ici avaient pour but la conservation de l’individu. Celle qu’il nous reste à étudier donne à cet individu la faculté de produire des êtres semblables à lui pour renouveler et perpétuer son espèce.
Chez le cheval, comme chez tous les animaux d’un rang élevé dans la série animale, la génération exige le concours de deux ordres d’organes : les uns, mâles, destinés à la formation du fluide fécondant ; les autres, femelles, préposés à la production et à l’expulsion des œufs.
Ces organes ayant été précédemment décrits, nous nous occuperons exclusivement ici du mécanisme de la génération.
L’aptitude à la reproduction se montre généralement avant que les animaux aient atteint l’âge adulte. C’est ainsi que la jument peut concevoir de la deuxième à la troisième année.
À cette époque, d’ailleurs, des changements assez saillants se manifestent dans la constitution générale des animaux : chez le mâle ; l’encolure devient plus forte et plus épaisse, la crinière plus fournie, les naseaux plus larges, les testicules plus volumineux. Le sperme, enfin, est sécrété en abondance, et les animalcules y apparaissent. Chez la femelle, les mamelles prennent du développement, les ovaires se gonflent et des vésicules de Graaf s’y développent, etc., etc.
D’autre part, les animaux, une fois parvenus à l’âge de la fécondité, p. 493éprouvent périodiquement une excitation particulière qui les porte à perpétuer leur espèce.
1° Chaleurs. — Cet état dont nous venons de parler constitue ce qu’on appelle le rut chez les animaux sauvages et les chaleurs chez les espèces domestiques.
Il est caractérisé par une excitation générale coïncidant, chez les femelles, avec le travail de l’ovulation.
Les chaleurs ne se manifestent qu’au printemps chez les individus qui vivent à l’état sauvage. C’est aussi au printemps qu’elles apparaissent chez les animaux domestiques ; mais, en ce qui concerne ces derniers, il est facile de les provoquer à toutes les époques de l’année par une nourriture abondante et les approches de l’étalon.
« En France, dit Vallon, l’époque des chaleurs varie, du nord au midi, d’un mois environ ; c’est du 1er avril au 1er juin qu’elles sont le plus intenses. En Algérie, elles commencent en février et finissent en mai89 . »
Les phénomènes et les signes qui annoncent le rut varient suivant les sexes :
L’étalon hennit souvent, s’agite sans cesse, trépigne, porte les oreilles dans toutes les directions ; il entre fréquemment en érection, éprouve quelques pertes séminales, boit beaucoup et mange peu. Quelques sujets nerveux, les chevaux anglais surtout, deviennent d’un caractère méchant et dangereux pour ceux qui les approchent.
« La jument en chaleur est inquiète, triste, moins impressionnable à l’action des agents extérieurs. Plus fréquemment, elle est dans un état de surexcitation prononcée qui la porte à s’agiter, à se tourmenter, à trépigner, à gratter, à regarder autour d’elle ; sous la pression des sangles et la piqûre de l’éperon, elle se campe, urine, rue ; le contact des effets de pansage produit sur sa peau une action désagréable qui la porte à s’y soustraire.
« Dans tous les cas, elle hennit en voyant passer un cheval et se campe souvent pour uriner ; ses organes génitaux sont le siège d’un éréthisme qui les rend rouges, chauds, tuméfiés, provoque de fréquentes contractions, ce qui donne lieu à l’écoulement, par la vulve, d’un liquide visqueux et gluant.
p. 494« La durée des chaleurs, dans chaque jument, est variable. Elle est de vingt-quatre, trente-six, quarante-huit heures chez l’une, de huit à quinze jours chez une autre ; puis elles disparaissent pendant vingt ou vingt-cinq jours pour revenir ensuite.
« Il en est de même de leur intensité. Chez quelques juments, le paroxysme amoureux échappe à l’observateur le plus exercé ; tandis que, chez d’autres, il est porté au plus haut degré d’action90 . »
Le rut, chez le cheval, peut se renouveler à peu près pendant toute la durée de la vie. Aristote cite un étalon qui pouvait encore effectuer la monte à l’âge de quarante ans.
Il y a quelques mois, nous avons pu admirer nous-même, dans une de nos meilleures écuries de course, dix-huit magnifiques yearlings dont le père était âgé de vingt-cinq ans.
Les chaleurs cessent, en général, après la fécondation ; toutefois, il n’est pas rare de voir des juments pleines redemander et recevoir le mâle.
2° Sécrétion spermatique et ovulation. — Maintenant que nous connaissons l’impulsion instinctive, irrésistible, qui porte les animaux à se reproduire, il nous reste, avant de passer en revue les actes intimes de la fécondation, à dire un mot de la sécrétion de deux éléments, le fluide séminal et l’œuf, dont l’union est la condition préliminaire indispensable à la reproduction.
1° Sécrétion spermatique. — Le fluide destiné à aviver les ovules, ou le sperme, est sécrété par les testicules. C’est un liquide blanchâtre, assez épais, d’une odeur particulière, sui generis, d’une réaction faiblement alcaline, tenant en suspension une multitude de filaments microscopiques, cylindriques ou fusiformes, qui se meuvent dans tous les sens avec une grande rapidité. Ces filaments, connus sous le nom de spermatozoïdes, (l’animalcules spermatiques, sont considérés comme les éléments essentiels, fécondants du sperme. Ils sont formés d’une partie renflée et ovoïde appelée tête, d’un corps ovale et aplati, et d’un appendice long et effilé nommé queue (fig. 149 du texte).
Fig. 149 — spermatozoïdes
Les spermatozoïdes n’existent dans le sperme qu’au moment où le p. 495cheval acquiert la faculté de se reproduire, et ils disparaissent totalement lorsque les mâles perdent cette faculté par les progrès de l’âge, par le fait de la maladie ou d’autres causes analogues.
D’après les observations de MM. Goubaux et Follin91 , le sperme des testicules arrêtés dans leur développement et retenus dans l’abdomen (chevaux cryptorchides) reste dépourvu de spermatozoïdes et, par conséquent, impropre à féconder l’ovule. Nous ne doutons pas que ce soit là le cas ordinaire ; mais certaines observations, que nous espérons compléter par la suite, nous permettent de supposer qu’il n’en est pas toujours ainsi et que les chevaux cryptorchides peuvent être exceptionnellement féconds , 92 . »
Le sperme des mulets et des bardots, d’après de nombreux observateurs, est également dépourvu de spermatozoïdes.
Les mouvements des animalcules spermatiques, qui semblent produits par les ondulations ou les inflexions de la queue, peuvent persister plusieurs heures après que le sperme a été recueilli93 , mais cessent sous l’influence de l’électricité, du froid, de la chaleur, de l’opium, de la strychnine, de l’alcool, des acides. Au contraire, les solutions légèrement alcalines leur sont favorables et augmentent la vivacité de leurs mouvements.
2° Ovulation. — L’ovulation est le travail par lequel les ovaires donnent naissance à un œuf dont le développement pourra avoir lieu sous l’influence vivifiante du fluide séminal. Cet œuf, ou l’ovule, que p. 496nous savons renfermé dans les vésicules de Graaf, est une cellule de 1/10 de millimètre de diamètre comprenant dans sa composition trois parties essentielles : 1° la membrane vitelline, amorphe, épaisse, sans texture déterminée ; 2° le vitellus ou jaune, substance granuleuse renfermée dans l’enveloppe précédente ; 3° la vésicule germinative, ou noyau de l’ovule, incluse dans celle-ci et présentant à son centre une tache blanchâtre dite tache germinative (fig. 150 du texte).
L’ovule, de même que les vésicules de Graaf, apparaît dans l’ovaire dès le tout jeune âge ; mais il y est alors à l’état microscopique.
C’est seulement à l’époque de la puberté qu’il s’accroît et déchire la vésicule qui le contient.
La chute de l’ovule coïncide avec la période des chaleurs et se produit même quand la copulation n’a pas lieu.
Fig. 150. — Vésicule de Graaf renfermant l’ovule.
Aussitôt détaché de la vésicule, l’œuf est recueilli par le pavillon de la trompe plus ou moins bien appliqué à la surface de l’ovaire ; puis il descend dans la trompe, parvient dans l’utérus où il se développe s’il a été soumis à l’action vivifiante du fluide séminal.
3° Accouplement. — L’union des sexes, indispensable pour que le sperme puisse exercer son action fécondante sur l’ovule, constitue ce qu’on appelle l’accouplement ou la copulation, et s’effectue par la pénétrationp. 497 du pénis dans les voies génitales de la femelle, où doit être lancée la liqueur séminale.
Cet acte, qui n’exige de la femelle qu’une participation à peu près passive, nécessite, de la part du mâle, d’abord l’érection du pénis, puis l’émission du fluide spermatique.
Premier terme, en somme, de l’acte dont l’émission du liquide fécondant est le dernier terme, l’érection consiste essentiellement en une accumulation de sang dans la trame du corps caverneux et spongieux de l’organe érectile, par suite de laquelle le pénis se gonfle, sort de son enveloppe protectrice, et devient apte à pénétrer dans les voies génitales de la femelle pour y aller déposer la liqueur séminale en vertu des contractions des muscles de Wilson et bulbo-caverneux.
Aussitôt l’éjaculation terminée, les oreilles du cheval tombent, sa tête s’abaisse, un affaissement subit très prononcé semble succéder, enfin, à l’excitation de tout à l’heure.
Souvent, au contraire, après l’accouplement, les femelles éprouvent des spasmes et rejettent une grande partie, sinon la totalité, du fluide qu’elles ont reçu. C’est pourquoi on a généralement l’habitude de soumettre à une course les juments qui viennent d’être couvertes et de leur jeter de l’eau froide sur les reins et la croupe. « Par là, dit M. Colin, on apaise l’orgasme vénérien et l’on prévient les efforts que l’animal peut faire pour l’expulsion des urines, efforts qui entraînent en même temps la liqueur spermatique mêlée aux mucosités vaginales, sécrétées abondamment sous l’influence du rut et à la suite de l’excitation causée par le contact des organes du mâle94 . »
L’accouplement ne fait pas cesser immédiatement le rut des femelles ; aussi, peut-il être répété plusieurs fois à des intervalles fort rapprochés.
Les chevaux, d’après M. Colin, surtout quand ils sont fougueux, peuvent faire plus de vingt saillies dans une matinée.
On observe rarement, chez les animaux, des sympathies ou des antipathies particulières entre les mâles et les femelles de la même espèce. Le cheval couvre indistinctement toutes les femelles en chaleurs, et celles-ci reçoivent, sans préférence marquée, les caresses de tous les mâles qui les approchent. La parenté même n’est aucunement un p. 498motif d’exclusion pour eux : le frère s’allie à la sœur, le père avec la fille, le fils avec la mère, dès que les instincts génésiques s’éveillent, et cela au grand avantage de la conservation et du perfectionnement de nos races, à la condition, toutefois, que le choix des reproducteurs, quant à la conformation et aux aptitudes, soit judicieusement fait95 .
Enfin, pressés par des besoins qu’ils ne peuvent librement satisfaire, certains chevaux oisifs et bien nourris se livrent volontiers à la masturbation en imprimant à leur pénis en érection un mouvement de va-et-vient sur la face inférieure du ventre.
Nous avons dû nous débarrasser d’un cheval arabe qui présentait ce vice à un tel degré qu’il était devenu absolument étique.
La fécondation est le phénomène à la suite duquel l’ovule, mis en contact avec les spermatozoïdes, acquiert la propriété de pouvoir donner naissance à un individu nouveau.
Par quel mécanisme se produit cet acte ?
Nous avons vu que, chez le mâle, les sensations sexuelles voluptueuses qui accompagnent la copulation sont indispensables pour amener le réflexe de l’éjaculation. Chez la femelle, au contraire, ces sensations ne paraissent pas devoir accompagner nécessairement l’accouplement pour amener la fécondation ; il suffit que l’ovule soit introduit et puisse être retenu dans la matrice.
Quoi qu’il en soit, le phénomène même de la fécondation résulte de la pénétration des spermatozoïdes dans l’épaisseur de l’ovule, où ils fondent et disparaissent. Aussi, pour que l’ovule soit fécondé, faut-il que l’accouplement coïncide avec son émission ou, tout au moins, la précède ou la suive de très près.
Reste à savoir maintenant en quel lieu s’opère la rencontre des spermatozoïdes et des ovules. Pour les uns, c’est exclusivement sur l’ovaire, au niveau du pavillon de la trompe utérine. Pour les autres, au contraire, la fécondation peut se produire dans l’utérus, dans les trompes, dans l’ovaire même, partout, en somme, où le sperme est mis en contact avec l’ovule.
p. 499D’ailleurs, la fécondation n’a pas lieu instantanément et aussitôt après la copulation ; cela peut dépendre de la vitesse avec laquelle se meuvent les spermatozoïdes et de l’endroit où ils rencontrent les ovules.
« La fécondation, dit Vallon, est possible dans toutes les saisons de l’année, mais jamais elle n’est plus sûre qu’au moment du rut, c’est-à-dire au printemps96 . »
En général, un seul ovule se trouve fécondé. Les exemples où il y a fécondation de deux ovules et, comme conséquence, parturition double, sont très rares.
1° Fécondation entre animaux de même espèce ou d’espèces différentes. — La fécondation n’a lieu habituellement qu’entre des individus d’une même espèce. Dans certains cas, cependant, on la voit s’opérer entre des sujets appartenant à des espèces différentes, mais voisines l’une de l’autre ; il résulte alors de cette alliance des hybrides généralement stériles ou d’une fécondité bornée à quelques générations : tels le mulet et le bardot, produits de l’âne avec la jument et du cheval avec l’ânesse.
Nous avons souligné le mot généralement à dessein, car il paraît bien démontré aujourd’hui que certains hybrides, même bigénères, sont indéfiniment féconds, comme ceux de la vigogne et du lama, du bouc et de la brebis (Chabins), de l’yak et du zèbre (Dzo), etc., etc.
La fécondité, par ce fait même, ne peut être considérée comme le critérium absolu de l’espèce et il y a lieu d’admettre que la parenté des êtres s’étend, au moins exceptionnellement, au delà des variétés spécifiques.
L’aptitude des animaux à la reproduction est, d’ailleurs, proportionnée à la brièveté de la vie et à la multiplicité des causes de destruction auxquelles ils sont exposés.
Notons, d’autre part, que les exemples de stérilité sont beaucoup plus rares parmi les animaux que chez l’homme.
2° Hérédité. — Dans tous les cas, que la fécondation s’opère entre des animaux de même espèce et de même race, ou entre des animaux d’espèces et de races différentes, il y a toujours transmission, aux êtres procréés, de l’organisation, des formes, de l’instinct, de l’intelligence,p. 500 des aptitudes diverses des êtres procréateurs, que ceux-ci tiennent les caractères qui les distinguent de leurs ascendants97 , ou qu’ils les aient acquis spontanément, naturellement, sous l’action directe ou indirecte des conditions de la vie (sélection, croisement, nourriture, climat, etc.) et de l’usage ou du défaut d’exercice des organes98 .
Par cette transmission, connue sous le nom d’hérédité, le descendant répète et reproduit l’ascendant ; d’où cet axiome fondamental de la loi d’hérédité : « Le semblable produit le semblable. »
L’hérédité des caractères est si bien regardée comme la règle, que leur intransmission passe pour une anomalie.
La faculté de transmettre ses caractères à ses descendants est d’autant plus marquée chez un animal, qu’il appartient à une race mieux constituée et plus ancienne. « L’empreinte que portent l’organisation et les facultés de chaque être vivant, pour être stable, pour avoir de la durée, doit être fixée déjà depuis une série de générations. Sans cela, elle ne représente pas un type permanent ; elle est fugace, éphémère ; elle se transmet difficilement et s’efface par l’action des moindres causes99 . »
La part d’influence que chacun des reproducteurs exerce sur le produit de la conception100 est complexe et multiple : la vigueur, l’énergie, la solidité de la constitution, la rusticité, tiennent des deux ascendants, mais principalement du père, si toutefois il se trouve dans de bonnes conditions hygiéniques.
Tout le monde sait, en effet, que les mâles trop jeunes ou épuisés par les fatigues de la monte donnent des produits souvent mous, débiles, plus disposés à l’engraissement que propres au travail.
Le naturel, le caractère, l’intelligence, les instincts, les aptitudes diverses, dérivent encore de l’un ou de l’autre des ascendants, et principalement du père. Le mulet et le bardot, par exemple, tiennent leur caractère entêté, le premier, de son père, le second de sa mère.
D’autre part, quand on accouple deux individus présentant des caractères différents, un grand cheval avec une petite jument, par p. 501exemple, il ne faut pas espérer obtenir un produit mixte, un produit enfin chez qui les défauts de l’un des procréateurs seront compensés par les qualités de l’autre : c’est en quelque sorte par lambeaux que les ancêtres passent leurs caractères aux héritiers.
L’hérédité présente encore cette particularité que souvent les enfants ressemblent plus à leur aïeul ou à leur aïeule qu’à leur père ou à leur mère ; que, sur les produits de nos animaux domestiques, des tares, des défectuosités apparaissent, qui avaient épargné une et même deux générations.
Enfin, il n’est pas rare de rencontrer des femelles dont les produits, quels que soient leurs pères, présentent toujours un certain nombre de caractères du mâle qui a fécondé ces femelles une première fois. On cite à ce propos une jument arabe qui, ayant produit un mulet, après avoir été saillie par un couagga, fit dans la suite plusieurs poulains dont la robe était marquée de bandes noires comme celle du solipède sauvage. C’est ce phénomène que les uns expliquent par l’infection de la mère ; les autres à l’aide de l’hérédité par influence.
Peut-être y a-t-il là une simple habitude organique, une simple aptitude de la matrice à reproduire ce qu’elle a déjà fait un grand nombre de fois.
1° Développement de l’embryon. — Le premier résultat de la fécondation de l’ovule est la segmentation du vitellus, qui cesse de former une masse homogène et se divise en deux sphères, puis en quatre, en huit, en seize, etc., de plus en plus petites.
Aussitôt la segmentation du vitellus achevée, une membrane nouvelle, le blastoderme, se développe à la périphérie de celui-ci et à la face interne de l’enveloppe vitelline, qui s’épaissit. Cette production membraneuse se dédouble bientôt en feuillet externe et en feuillet interne, entre lesquels apparaît même plus tard un feuillet moyen.
Puis, dans la lame externe se dessine une sorte d’épaississement arrondi et blanchâtre, dû à une multiplication de cellules, que l’on nomme l’aire germinative et qui constitue la première trace de l’embryon. D’abord petite et circulaire, cette tache s’agrandit et s’allonge, en même temps qu’à sa partie centrale se creuse un sillon, dit ligne primitive, circonscrit par deux bords légèrement dentelés, qui se p. 502réunissent en arcade à l’extrémité où se montrera plus tard la tête, et à angle aigu, au contraire, à l’extrémité caudale.
« À ce moment, l’embryon se présente sous la forme d’un écusson épais, proéminent à la surface de la vésicule blastodermique, et convexe du côté de la circonférence de l’œuf ; les deux extrémités de cet écusson, la caudale et la céphalique, s’incurvent l’une vers l’autre de manière à lui donner quelque ressemblance avec un croissant...101 . »
Maintenant, sans entrer dans tous les détails des formations primordiales, notons que chacun des feuillets du blastoderme devient le point de départ d’une série déterminée d’organes et de systèmes organiques : La plupart des organes de la vie animale, le système nerveux central, l’épiderme, etc., dérivent du feuillet externe ; l’estomac, l’intestin, le poumon, les glandes, les organes génitaux émanent du feuillet interne ; enfin, le cœur, les gros vaisseaux et les organes de l’appareil locomoteur ont leur point de départ dans le feuillet moyen.
Ajoutons aussi que le développement de ces différentes parties n’est pas également rapide pour toutes. Il en est dont l’accroissement est beaucoup plus prompt que celui des autres : les centres nerveux, le cœur, le foie et les organes qui doivent entrer en fonction de bonne heure, acquièrent très vite des proportions considérables.
Ce qui frappe le plus, d’ailleurs, dans l’étude générale de l’évolution embryonnaire, c’est la lenteur du travail aux premiers moments qui suivent la fécondation et la rapidité qu’il acquiert peu de temps après.
Jusqu’à six mois, le fœtus102 n’a qu’un tout petit volume, tandis qu’à partir de cette époque il augmente d’une manière remarquable jusqu’à la mise-bas.
D’un autre côté, ce n’est guère qu’à dater du septième mois que le fœtus jouit de mouvements propres bien prononcés. Aussi, à cette époque, peut-on les rendre apparents à l’extérieur, soit en comprimant les parois abdominales, soit en donnant à la jument des boissons froides. À huit mois, ces mouvements sont en général assez forts et assez fréquents pour qu’on les aperçoive à l’extérieur sans avoir besoin de recourir aux moyens ci-dessus.
p. 503On appelle gestation, grossesse, plénitude, le temps pendant lequel le germe fécondé reste dans l’utérus.
2° Annexes ou enveloppes du fœtus. — En même temps que les feuillets du blastoderme sont le point de départ des différents organes du fœtus, ils donnent naissance aux annexes de celui-ci. Il s’ensuit que chaque feuillet blastodermique fournit, en se développant, des parties intra-fœtales et des parties extra-fœtales.
Fig. 151. — Fœtus de jument et ses enveloppes.
Ce sont ces dernières qui nous occuperont exclusivement ici.
Mais, comme le cadre restreint de notre travail ne nous permet pas p. 504d’entrer dans tous les détails relatifs à leur formation, nous supposerons le fœtus arrivé au terme de sa vie intra-utérine.
On comprend sous la dénomination d’annexés du fœtus, « non seulement les enveloppes proprement dites, chorion et amnios, mais encore les divers organes chargés, soit de nourrir le fœtus pendant sa période embryonnaire, vésicule ombilicale, soit d’établir entre lui et la mère les rapports nécessaires, allantoïde, placenta, cordon ombilical103 . » Ce sont ces parties dont l’ensemble constitue en obstétrique l’arrière-faix ou le délivre.
1° Chorion. — Enveloppe la plus extérieure du fœtus, le chorion représente un sac membraneux exactement conformé comme la matrice. Sa face externe est parsemée de petits tubercules rougeâtres formés par les houppes placentaires qui s’enfoncent dans les follicules de la muqueuse utérine.
2° Amnios. — De forme ovoïde, l’amnios est le second sac enveloppant du fœtus. Il flotte librement à l’intérieur du sac chorial, avec lequel il n’est uni que par l’intermédiaire du cordon ombilical, et contient le petit sujet, qui se trouve fixé à sa face interne également au moyen des vaisseaux du cordon.
Outre le fœtus, le sac amniotique renferme un liquide d’autant plus abondant que le fœtus est plus avancé. D’abord lactescente dans l’œuf récent, la couleur de ce liquide devient plus tard citrine et un peu roussâtre. Il a pour but de protéger le fœtus des secousses, des pressions et des chocs extérieurs.
3° Allantoïde. — « L’allantoïde est une membrane qui tapisse la face interne du chorion et qui se replie autour du point d’insertion du cordon ombilical pour aller s’étendre sur toute la face extérieure de l’amnios. Elle transforme ainsi le sac chorial en une sorte de cavité séreuse, dans laquelle le sac amniotique se trouve enfermé à la manière d’un viscère104 . »
La cavité allantoïdienne est mise en communication avec l’intérieur de la vessie au moyen de l’ouraque, canal étroit contenu dans la portion amniotique du cordon ombilical et s’évasant vers l’origine de la portion allantoïdienne. Cette cavité représente une sorte de réservoir urinaire p. 505dépendant de la vessie et renferme un liquide analogue aux eaux de l’amnios.
Parfois on rencontre, flottant dans ce liquide, de petits corps brunâtres, de consistance glutineuse, de forme aplatie et irrégulièrement ovalaire, connus sous le nom hippomanes, dont le mode de formation et l’usage sont inconnus.
4° Vésicule ombilicale. — C’est une petite poche piriforme logée dans l’infundibulum placé à l’extrémité du cordon ombilical. Son fond adhère au chorion, et son extrémité opposée, sur le fœtus très jeune, pénètre dans la cavité abdominale par un canal étroit qui communique avec la portion terminale de l’intestin grêle. La vésicule ombilicale est remplie d’un liquide granuleux qui sert à la nutrition du fœtus ; mais, dans les derniers mois de la vie fœtale, elle se montre presque toujours plus ou moins atrophiée.
5° Placenta. — Le placenta des solipèdes est constitué par des houppes de villosités cellulo vasculaires répandues à la surface extérieure du chorion, qu’elles recouvrent à peu près complètement.
« Ces villosités pénètrent dans la muqueuse utérine de la mère, de sorte que les deux systèmes capillaires de la mère et du fœtus ne sont plus séparés que par les très minces parois des vaisseaux et par l’épithélium des villosités. Jamais on n’a constaté la fusion de ces deux systèmes ; aussi, tous les échanges entre la femelle et son produit s’opèrent-ils à travers les capillaires, en vertu de la force osmotique105 . »
L’adhérence du placenta avec l’utérus est tellement faible que, dans les efforts de la mise-bas, il se détache très vite.
6° Cordon ombilical. — Ce cordon est constitué par les vaisseaux qui, du fœtus, portent le sang aux enveloppes et principalement au placenta. Il se divise en deux parties : l’une amniotique, la plus longue, toujours tordue sur elle-même et recouverte par la membrane amniotique, qui se continue avec la peau au pourtour de l’ombilic ; l’autre, allantoïdienne, beaucoup plus courte, moins tordue, enveloppée par la gaine qui établit la continuité entre les deux feuillets de l’allantoïde, et s’insérant sur la paroi supérieure du sac chorial.
Le cordon ombilical comprend, chez la jument : 1° deux veines, qui se réunissent en une seule à leur entrée dans l’abdomen pour se jeter p. 506dans le foie ; 2° deux artères provenant des iliaques internes ; 3° le pédicule creux de l’ouraque ; 4° le pédicule de la vésicule ombilicale et les vaisseaux omphalo-mésentériques, le tout enveloppé d’une couche de tissu conjonctif embryonnaire (gélatine de Wharton), qui fait paraître le cordon beaucoup plus volumineux qu’il ne l’est réellement.
L’accouchement est l’acte par lequel le fœtus, ayant acquis assez de développement pour vivre hors du sein de sa mère, s’en sépare.
On donne encore à cet acte les noms de part, de parturition et de mise-bas.
Il est dit naturel quand il s’accomplit par les seules forces de la nature et d’une manière heureuse pour la mère et le produit ; il a lieu à terme si le fœtus vient au monde au bout de 11 mois environ de gestation ; il est anormal, pathologique, laborieux ou contre nature, lorsqu’il exige l’intervention de l’art ; prématuré, quand il s’est fait avant 340 jours ; retardé, quand c’est après 340 jours.
Les signes qui annoncent que la mise-bas est proche sont les suivants : Quelques jours avant, tout l’appareil génital externe de la jument est le siège d’une excitation très grande ; la vulve laisse échapper une humeur glaireuse ; un liquide laiteux sort des mamelles ; le ventre est plus descendu, plus tombant ; les flancs sont plus creux, les muscles fessiers plus affaissés, et la croupe semble plus amaigrie ; la marche, enfin, est difficile.
Un jour ou deux, et quelquefois une heure seulement avant le part, la jument devient inquiète, se couche et se relève souvent, trépigne, remue la litière et a des coliques passagères.
Lorsque surviennent ces symptômes, le col de la matrice se dilate et finit par s’effacer complètement. Puis, par suite des efforts expulsifs que fait la jument, les membranes fœtales commencent à se détacher et ne tardent pas à venir faire, entre les lèvres de la vulve, une saillie qui grandit rapidement à chaque contraction nouvelle : c’est la poche des eaux.
Les membres antérieurs et la tête du fœtus pénètrent à leur tour dans le col entr’ouvert et achèvent de le dilater. Enfin, les membranes se tendent, se rompent, et les eaux s’écoulent en partie.
p. 507La jument accouche assez souvent debout, mais le plus généralement couchée (fig. 152 du texte). Sa position est alors celle qu’elle affecte dans le décubitus normal : le corps appuyé sur le sternum et incliné à droite ou à gauche, les membres antérieurs fléchis sous la poitrine, les postérieurs allongés sous l’abdomen. De plus, dans ce cas, la tête vient d’ordinaire prendre un point d’appui sur le sol.
Lorsque le part est naturel, le fœtus, revêtu de ses enveloppes intactes, se présente à l’orifice des organes génitaux dans une des quatre positions suivantes :
1° La tête sort la première, appuyée sur les membres antérieurs étendus en avant l’un à côté de l’autre, et l’encolure est allongée de manière à former un cône à base postérieure. C’est la plus fréquente et la plus naturelle des positions (fig. 153 du texte).
Fig. 152. — Jument en parturition (Baumeister).
2° Les membres antérieurs et la tête apparaissent encore les premiers, mais le fœtus est couché sur le dos. Cette position est presque aussi avantageuse que la précédente.
3° Le jeune sujet, couché sur le ventre, se présente par les extrémités postérieures. Cette position n’est pas aussi avantageuse que les deux premières.
4° Le fœtus se présente par les pieds postérieurs et est couché sur le dos. Cette position est plus pénible que les autres.
Chez les juments qui accouchent debout, le cordon se rompt au moment où le fœtus tombe à terre. Pour celles qui mettent bas couchées,p. 508 c’est au moment où elles se relèvent que s’effectue cette rupture. Mais, dans aucun cas, il n’y a à craindre d’hémorrhagie, ni par le bout fœtal, ni par l’extrémité placentaire.
Parfois, les enveloppes fœtales (délivre) suivent immédiatement le fœtus ; d’autres fois, elles restent encore quelque temps dans les organes de la mère, puis elles sont expulsées et le travail du part est définitivement achevé ; il est même certains cas où l’expulsion du délivre exige l’intervention de l’art.
Fig. 153. — Parturition (présentation antérieure avec position la plus fréquente et ,1a plus naturelle).
Enfin, après le part, le produit et la mère réclament des soins particuliers dont nous n’avons pas à nous occuper ici.
Chapitre III
Membres
Les membres, au nombre de quatre, deux antérieurs et deux postérieurs, sont les appendices qui supportent le corps et le font mouvoir.
Chacun d’eux représente une colonne brisée en plusieurs rayons p. 509mobiles s’articulant les uns avec les autres, de manière à former des angles plus ou moins ouverts.
Les avantages de cette disposition sur la superposition verticale ayant été précédemment exposés dans nos généralités (Voy. Ire partie, chap. III, Appareil de la locomotion), le lecteur nous permettra de ne pas y revenir ici. Nous nous contenterons de faire observer que la configuration générale des membres permet de leur reconnaître une face externe, une face interne, une face antérieure, une face postérieure, une extrémité supérieure en rapport avec le tronc, et enfin une extrémité inférieure qui repose sur le sol.
§ I. Membres antérieurs.
Les membres antérieurs, de devant ou thoraciques, sont attachés à la partie antérieure des faces latérales de la poitrine, mais ne font pas corps avec le tronc, qui se trouve simplement suspendu entre leurs deux rayons supérieurs par une espèce de soupente musculaire que nous avons examinée dans le chapitre précédent, à propos de la face latérale du tronc.
On reconnaît un membre antérieur droit et un membre antérieur gauche, absolument symétriques ; chacun d’eux comprend, en outre, quatre régions principales qui sont, de haut en bas : l’épaule, dont le squelette est formé par un seul os, l’omoplate ; le bras, qui a également pour base osseuse un os unique, l’humérus ; l’avant-bras, dont cette même base osseuse comprend deux os, le radius et le cubitus ; enfin, le pied, qui se compose des os du carpe, du métacarpe, et de la région phalangienne.
I. - Membre antérieur (face externe)
(Pl. XI.)
Une fois la peau du membre antérieur enlevée, ainsi que le pannicule charnu, qui recouvre la face externe de l’épaule (Voy. IIIe partie, chap. II, § 2, I, Face latérale du tronc), nous rencontrons tout d’abord un feuillet aponévrotique enveloppant la plupart des muscles.
Formé de tissu fibreux blanc très résistant, ce feuillet envoie par sa face interne des cloisons qui pénètrent dans les interstices musculairesp. 510 et forment autour de chaque muscle des gaines contentives plus ou moins complètes.
En haut, dans la région de l’épaule, l’expansion ci-dessus constitue l’aponévrose scapulaire externe , qui se continue, en avant et en dedans, avec le feuillet fibreux recouvrant les muscles de la face interne du membre antérieur ; en arrière et en bas, par une membrane de plus en plus mince.
Dans la région de l’avant-bras, l’aponévrose précédente est remplacée par l’aponévrose anti-brachiale , laquelle s’étend de l’olécrâne et du côté interne du radius à l’extrémité inférieure du même os, en dedans et en dehors. Cette aponévrose représente une sorte de manchon très fort fixé solidement autour des muscles anti-brachiaux.
Les aponévroses scapulaire externe et anti-brachiale sont destinées à maintenir les muscles dans leur position et à les affermir pendant leur contraction. Elles servent même d’attaches à certains de ces muscles.
Comme ces expansions aponévrotiques se moulent absolument sur les parties qu’elles recouvrent, il est à remarquer que leur interposition entre la peau et les muscles superficiels n’empêche pas ceux-ci de faire relief extérieurement.
Il n’y a guère que dans la région supérieure du membre, recouverte par le pannicule charnu, où les reliefs musculaires soient peu apparents.
Maintenant que nous avons mis à nu l’ensemble des plans musculaires qui se groupent à la face externe du membre antérieur, il nous reste à examiner en particulier chacun de ces plans. Mais, auparavant, nous devons prévenir le lecteur que, pour cette étude, nous suivrons l’ordre de superposition adopté pour la figure 1 de la planche XI, les figures 2 et 3 pouvant être considérées, l’une comme la continuation, l’autre comme une annexe explicative de la figure 1.
C’est ainsi qu’arrivé au troisième plan de cette même figure 1, nous renverrons, pour la terminaison des muscles, des vaisseaux ou des nerfs qu’il comprend, au premier plan de la figure 2, qui en est la simple continuation dans les régions inférieures du membre.
De même, pour l’étude du sixième plan, le lecteur devra se reporter à la figure 1, au deuxième plan de la figure 2, et à la figure 3.
En somme, le troisième plan du texte correspond au troisième plan de p. 511la figure 1 et au premier plan de la figure 2 ; le sixième plan, au sixième plan de la figure 1, au deuxième plan de la figure 2, et à la figure 3.
Ces quelques considérations étaient indispensables pour que le lecteur pût nous suivre facilement dans nos descriptions.
I. — Premier plan
Muscles sus-épineux, sous-épineux et long adducteur du bras.
Situé au-dessous de la peau, du pannicule charnu et des enveloppes contentives dont nous venons de dire un mot, le premier plan occupe la face externe de l’épaule et comprend les muscles sus-épineux, sous-épineux, et long abducteur du bras.
1° Le sus-épineux (fig. 1, I, 1) est situé en dehors et en avant de la région scapulaire, dans la fosse sus-épineuse de l’omoplate, qu’il remplit complètement. Formé presque exclusivement de fibres charnues, ce muscle prend son insertion fixe sur le cartilage de prolongement de l’omoplate et dans la fosse sus-épineuse ; puis ses fibres se réunissent inférieurement en formant deux branches dont l’externe (2) gagne le trochiter, et l’interne le trochin (Voy. Humérus).
Extenseur de l’humérus, le sus-épineux joue encore le rôle d’un ligament énergique dans l’articulation de l’épaule avec le bras.
2° Le sous-épineux (fig. 1, I, 3), situé en arrière du précédent, dans la fosse sous-épineuse, prend son insertion fixe sur toute l’étendue de cette fosse, sur l’épine acromienne (Voy. Omoplate), sur le cartilage de prolongement du scapulum et à la face interne de l’aponévrose scapulaire. Il opère son insertion mobile sur l’humérus (trochiter) par deux branches terminales, l’une externe, l’autre interne.
Ce muscle agit comme abducteur et rotateur du bras en dehors.
3° Le long abducteur du bras (fig. 1, I, 4, 5) se compose de deux portions placées l’une au devant de l’autre.
La portion postérieure (5), la plus volumineuse, longe le bord postérieur du sous-épineux et prend son origine sur l’angle dorsal du scapulum. La portion antérieure (4) s’étend sur le sous-épineux, dont elle croise la direction, et procède de la tubérosité de l’épine de l’omoplate. Ces deux corps musculaires se terminent ensemble sur l’empreinte deltoïdienne de l’humérus.
Le long abducteur du bras agit comme le précédent. Il peut, en outre, p. 512fléchir l’humérus s’il se contracte en même temps que l’adducteur du bras (Voy. Membre antérieur, face interne).
II. — Deuxième plan
Muscles court adducteur du bras, gros et court extenseurs de l'avant-bras.
Recouvert en haut et en avant seulement par les muscles précédents, le deuxième plan n’est séparé de la peau, dans le reste de son étendue, que par le pannicule charnu et une légère couche fibreuse qui l’enveloppe immédiatement. Il comprend les muscles court abducteur du bras, gros extenseur et court extenseur de l’avant-bras.
1° Le court abducteur du bras (fig. 1, II, 4) longe le bord postérieur de l’omoplate, où il prend son attache fixe, et se termine sur l’humérus, au-dessus de l’empreinte deltoïdienne.
C’est encore un abducteur et un rotateur du bras en dehors.
2° Le gros extenseur de l’avant-bras (fig. 1, II, 1), qui représente la longue portion du triceps brachial de l’homme, est un muscle énorme occupant, avec le court extenseur, l’espace compris entre le bord postérieur de l’épaule et l’humérus.
De beaucoup le plus volumineux des muscles olécrâniens ou extenseurs de l’avant-bras106 , ce muscle forme à lui seul la plus grande partie de l’espace triangulaire que nous avons signalé en extérieur sous la dénomination de défaut de l’épaule (Voy. IIe partie, Épaule).
La masse charnue qui le constitue s’étend du bord postérieur du scapulum au sommet de l’olécrâne, sur lequel elle opère son insertion mobile par l’intermédiaire d’un gros tendon (3) qui occupe l’angle postéro-inférieur du triangle que le muscle représente. Sa face externe est recouverte par une légère couche fibreuse qui sépare le muscle du pannicule charnu.
C’est un puissant extenseur de l’avant-bras.
3° Le court extenseur de l’avant-bras (fig. 1, II, 2) est situé entre l’humérus et le bord inférieur du muscle précédent. Il se dirige obliquement en bas et en arrière, de la ligne courbe qui part de l’empreinte p. 513deltoïdienne pour aller rejoindre la base de la tête articulaire de l’humérus, sur l’olécrâne, où il opère son insertion mobile (3).
C’est également un extenseur de l’avant-bras.
III. — Troisième plan
Muscles extenseurs du métacarpe et des phalanges, et fléchisseur externe du métacarpe.
Situé à la face antérieure et externe de l’avant-bras, le troisième plan n’est séparé de la peau que par l’aponévrose anti-brachiale, excepté, toutefois, en haut, où il est recouvert par le bord inférieur du court extenseur de l’avant-bras. Il comprend tous les muscles extenseurs du métacarpe et des phalanges, ainsi que le fléchisseur externe du métacarpe.
Pour l’étude de ce plan, nous renvoyons au troisième plan de la figure 1 et au premier plan de la figure 2, celui-ci continuant, comme nous le savons, le précédent dans la région inférieure du membre.
1° L’extenseur antérieur du métacarpe (fig 1, III, 1), situé en avant du radius, dans une direction à peu près verticale, comprend un corps charnu et un tendon. Il s’insère par sa partie musculaire au-dessus et en avant de la surface articulaire inférieure de l’humérus. Il opère son insertion mobile sur la tubérosité antérieure et supérieure de l’os métacarpien principal à l’aide de son tendon (fig. 2, I, 1).
Le corps charnu de ce muscle recouvre la face antérieure du radius. Le tendon qui lui succède s’engage dans la coulisse verticale interne creusée en avant de l’extrémité inférieure radiale (pl. XII, fig. 3, G), passe ensuite sur le ligament capsulaire de l’articulation carpienne, près duquel il se trouve maintenu par une gaîne fibreuse. Croisé au dessus du genou par l’extenseur oblique, qui passe à sa surface, ce tendon glisse à la face interne de l’enveloppe fibreuse qui le maintient en avant du genou à l’aide de deux synoviales. L’extenseur antérieur du métacarpe étend le métacarpe sur l’avant-bras.
2° L’extenseur oblique du métacarpe (fig. 1, III, 2) est situé sous l’extenseur antérieur des phalanges, au côté externe du radius, où il prend son attache fixe. Le tendon qui le termine inférieurement se dégage de dessous le muscle qui le recouvre, passe entre celui-ci et l’extenseur antérieur du métacarpe, dont il croise la direction en s’enroulant autour de la face antérieure du radius, s’engage dans la p. 514coulisse oblique de l’extrémité inférieure de cet os (pl. XII, fig. 3, II), et va enfin se fixer sur la tête du métacarpien interne.
Ce muscle étend le métacarpe et peut le faire pivoter de dedans en dehors.
3° L’extenseur antérieur des phalanges (fig. I, III, 3, et fig. 2, I, 3) est, comme l’extenseur antérieur du métacarpe, formé d’une partie charnue et d’une partie tendineuse. La première (fig. 1, III, 3) prend son attache fixe en avant de l’extrémité inférieure de l’humérus, sur le ligament externe de l’articulation du coude, sur la tubérosité supérieure externe et le bord correspondant du radius.
La partie tendineuse (fig. 2, I, 3) qui succède au corps charnu forme deux tendons inégaux accolés l’un à l’autre et s’engageant ainsi dans la coulisse externe de l’extrémité inférieure radiale (fig. 3, 1), d’où ils gagnent la face antérieure du ligament capsulaire du carpe, contre lequel ils se trouvent maintenus par un appareil annulaire. Au dessous de cet appareil, le plus petit se réunit au tendon de l’extenseur latéral ; tandis que le principal continue son trajet sur la face antérieure du métacarpien principal, de l’articulation du boulet et des phalanges, jusqu’en avant de l’os du pied (éminence pyramidale), où il s’élargit d’une manière remarquable, après avoir reçu, de chaque côté, une bride de renforcement provenant du ligament suspenseur du boulet.
Ce muscle étend les phalanges les unes sur les autres et sur le métacarpe. Il peut également concourir à l’extension du pied tout entier sur l’avant-bras.
4° L’extenseur latéral des phalanges (fig. 1, III, 4, et fig. 2, I, 4) est aussi formé d’un corps charnu peu considérable et d’un tendon.
Le corps charnu s’attache sur le côté externe du radius et du cubitus. Le tendon, qui lui succède vers le quart inférieur du radius, passe d’abord au côté externe du carpe, puis arrive sur la face antérieure du métacarpien principal, et se termine, en s’élargissant, à l’extrémité supérieure de la première phalange.
C’est, comme le précédent, un extenseur du doigt et du pied tout entier sur l’avant-bras.
5° Quant au fléchisseur externe du métacarpe (fig. 1, III, 5, et fig. 2, I, 6), il commence en arrière et en dehors de l’extrémité inférieure de l’humérus (épicondyle) par un tendon court et fort que continue une p. 515partie charnue terminée elle-même par un second tendon divisé en deux branches : l’une antérieure, s’insérant sur l’os sus-carpien avec le fléchisseur oblique ; l’autre postérieure, glissant dans la coulisse externe de l’os ci-dessus pour aller se fixer sur la tête du métacarpien externe.
Il fléchit le pied sur l’avant-bras.
IV. — Quatrième plan
Muscle court fléchisseur de l'avant-bras ou brachial antérieur.
Le quatrième plan est représenté par un seul muscle, le court fléchisseur de l’avant-bras (IV).
Logé dans la gouttière de torsion de l’humérus, ce muscle prend son insertion fixe au-dessous et en arrière de la tête articulaire numérale, gagne le côté interne du radius et se termine enfin par deux courts faisceaux, dont l’un s’arrête sur cet os et l’autre gagne le cubitus.
C’est un fléchisseur de l’avant-bras.
V. — Cinquième plan
Muscle petit extenseur de l'avant-bras.
Le petit muscle que figure le cinquième plan, ou petit extenseur de l’avant-bras (V), est situé immédiatement en arrière de l’articulation du coude, sous le court extenseur, et s’étend de la fosse olécrânienne à la partie antérieure et externe de l’olécrâne.
C’est un congénère des autres muscles olécrâniens.
VI. — Sixième plan
Muscles long fléchisseur de l'avant-bras ou biceps brachial, fléchisseur oblique du métacarpe, fléchisseur superficiel et fléchisseur profond des phalanges. Os et Articulations.
Le sixième plan est en rapport avec le quatrième plan du membre antérieur vu par sa face interne et se trouve continué, comme nous l’avons dit, par le deuxième plan de la figure 2.
Parmi les muscles qu’il figure, deux, le biceps brachial (1, 2) et le fléchisseur oblique du métacarpe (6), devant être examinés plus loin (Voy. Membre antérieur, face interne, Ier et IVe plans), ne seront pas p. 516décrits ici. Nous nous contenterons d’appeler un instant l’attention du lecteur sur la disposition du tendon supérieur (2) du biceps, que reproduit exactement la planche XI.
Les seuls muscles qu’il nous reste à passer en revue sont le fléchisseur superficiel et le fléchisseur profond des phalanges.
Le fléchisseur superficiel des phalanges ou perforé (fig. 1, VI, 3, et fig. 2, II, 1, 4) se compose d’un corps charnu et d’un tendon. Le premier prend son origine sur l’extrémité inférieure de l’humérus (épitrochlée), en commun avec le fléchisseur profond auquel il adhère très intimement. Le tendon qui lui succède commence près du carpe et reçoit, à son origine même, une énorme bride de renforcement provenant de la face postérieure du radius ; il traverse ensuite la gaine carpienne et arrive en arrière du boulet, où il forme un anneau dans lequel s’engage la corde du fléchisseur profond ; d’où les noms de perforé et de perforant donnés aux deux fléchisseurs des phalanges. De là il s’infléchit en avant sur la coulisse sésamoïdienne, et se termine enfin par deux branches en arrière de l’extrémité supérieure de la deuxième phalange.
Ce muscle fléchit le deuxième phalangien sur le premier, celui-ci sur le métacarpe et le pied tout entier sur l’avant-bras. « Son tendon, grâce à la bride fibreuse qui l’attache à la face postérieure du radius, joue, pendant la station, le rôle d’un lien mécanique destiné à soutenir l’angle métacarpo-phalangien107 . »
Le fléchisseur profond des phalanges ou perforant (fig. 1, VI, 4, 5. et fig. 2, II, 2, 5) se compose également d’un corps charnu et d’un tendon. Le premier comprend lui-même trois portions qui peuvent être distinguées, eu égard à leur origine, en épitrochléenne (fig. 1, VI, 4), en cubitale (fig. 1, VI, 5) et en radiale.
Le tendon qui succède à ces trois corps charnus s’engage dans la gaine carpienne avec celui du fléchisseur superficiel, reçoit vers le milieu du métacarpe une forte bride fibreuse provenant du ligament postérieur du carpe, traverse l’anneau sésamoïdien du perforé, s’infléchit en avant, et s’insère enfin à la crête semi-lunaire de l’os du pied, après s’être épanoui en une large expansion connue sous la dénomination d’aponévrose plantaire. Celle-ci glisse, par sa face antérieure,p. 517 sur la face inférieure du petit sésamoïde, à l’aide d’une synoviale particulière, la petite gaine sêsamoïdienne (Voy. IIe partie, chap. II, Pied, parties intérieures).
Ce muscle fléchit les phalanges les unes sur les autres et sur le métacarpe. Il opère également la flexion du pied tout entier sur l’avant-bras. Quant à son rôle pendant la station, il est identique à celui du muscle précédent.
Pour les os et les articulations, nous renvoyons le lecteur à la description générale qui en sera faite à propos du quatrième plan du membre antérieur vu par sa face interne.
II. — Membre antérieur (face interne).
(Pl. XII.)
Également recouverte par une couche fibreuse, continuation de l’aponévrose scapulaire externe, et par l’aponévrose anti-brachiale, la face interne du membre antérieur se trouve appliquée sur les parois latérales de la cavité thoracique, avec lesquelles elle est directement en rapport dans les régions de l’épaule et du bras.
Il résulte de cette disposition que les régions supérieures et internes du membre de devant sont normalement cachées et, par conséquent, inaccessibles à l’étude. Aussi ne commencerons-nous leur examen qu’après les avoir complètement détachées du corps.
Une fois le membre séparé du tronc, nous étudierons les différents organes de sa face interne, en procédant comme nous l’avons fait à propos de la face externe, c’est-à-dire que nous considérerons la planche XII, à l’aide de laquelle nous ferons nos démonstrations, comme formée d’une seule figure, la figure 2 n’étant que la continuation du IVe plan de la figure 1, et la figure 3 pouvant être regardée comme une annexe explicative de cette même figure 1, à laquelle, en somme, nous rattacherons les deux autres.
I. — Premier plan
Muscles long fléchisseur de l'avant-bras ou biceps, et coraco-brachial.
Immédiatement en rapport avec les muscles pectoraux et mastoïdohuméral, par l’intermédiaire d’une gaîne aponévrotique spéciale au p. 518biceps brachial, le premier plan comprend deux muscles : le long fléchisseur de l’avant-bras et le coraco-brachial.
Le long fléchisseur de l’avant-bras, ou biceps brachial (2), est situé en avant de l’humérus, tendineux à ses deux extrémités, bifide inférieurement, et entrecoupé de fortes intersections tendineuses. Il prend son origine sur la base de l’apophyse coracoïde de l’omoplate par un très fort tendon qui glisse dans la coulisse bicipitale après être devenu fibro-cartilagineux (Voy. pl. XI, fig. 1, VI, 1, 2). Son tendon inférieur, également très puissant et extrêmement court, se termine sur la tubérosité interne et supérieure du radius.
C’est un fléchisseur de l’avant-bras et un tenseur de l’aponévrose antibrachiale.
Le coraco-brachial (I, 1) est un petit muscle situé à la face interne de l’humérus, dont il croise la direction. Il commence sur le bec de l’apophyse coracoïde par un tendon aplati compris entre le sus-épineux et le sous-scapulaire, forme ensuite deux branches musculeuses peu distinctes, l’une profonde, l’autre superficielle, et se termine enfin en avant et en dedans du corps de l’humérus.
Il est adducteur du bras, qu’il fait aussi pivoter en dedans.
Le nerf huméral antérieur (Voy. fig. 6 du texte, 9) passe entre les deux branches de ce muscle, avec un rameau artériel et un rameau veineux.
II. — Deuxième plan
Muscles sous-scapulaire, adducteur du bras et grand dorsal.
En haut du plan précédent, qui recouvre leur insertion humérale, se trouvent les muscles sous-scapulaire, adducteur du bras et grand dorsal, directement appliqués sur les faces latérales de la poitrine.
Le sous-scapulaire (II, 1) est logé et prend son origine dans la fosse du scapulum dont il porte le nom, tandis qu’il opère son insertion mobile sur le trochin, au moyen d’un tendon très fort, large et court. Longé antérieurement par le sus-épineux, auquel il adhère intimement dans ses deux tiers supérieurs, il forme avec ce muscle, par son tiers inférieur, l’espace traversé par les vaisseaux et les nerfs sus-scapulaires.
L’adducteur du bras (2) est aplati d’un côté à l’autre, situé en arrière du précédent, et s’étend de l’angle dorsal de l’omoplate à l’empreintep. 519 circulaire de la face interne du corps de l’humérus, où il se termine par un tendon aplati (4) qui lui est commun avec le grand dorsal ; son extrémité inférieure est recouverte par les vaisseaux et les nerfs qui distribuent leurs rameaux au bras, à l’avant-bras et au pied.
Ce muscle est adducteur et rotateur en dedans du bras. Il peut également fléchir l’humérus s’il se contracte en même temps que le long abducteur.
Le grand dorsal (3) ayant été précédemment étudié, nous n’en parlerons pas ici (Voy. IIIe partie, chap. II, § 2, I, Face latérale du tronc).
III. — Troisième plan
Muscle long extenseur de l'avant-bras.
Situé en arrière et en dedans du deuxième plan, le muscle long extenseur de l’avant-bras (III), qui constitue à lui seul le troisième plan, est aplati de dedans en dehors, appliqué contre la face interne du gros extenseur, et s’étend du bord postérieur du scapulum au bord postérieur de l’olécrâne ainsi qu’à l’aponévrose anti-brachiale.
Il étend l’avant-bras et opère la tension de l’aponévrose anti-brachiale.
IV. — Quatrième plan
Muscles sus-épineux (branche interne), gros extenseur, moyen extenseur et court fléchisseur de l'avant-bras, extenseur antérieur, extenseur oblique (tendon terminal.), fléchisseur interne et fléchisseur oblique du métacarpe, et fléchisseurs des phalanges. Os et articulations.
Ainsi que nous l’avons vu précédemment, le quatrième plan se trouve en rapport avec le sixième plan du membre antérieur vu par sa face externe et se continue inférieurement par la figure 2. En haut, dans les régions de l’épaule et du bras, il est en partie recouvert par les plans précédents, tandis qu’à partir du coude l’aponévrose antibrachiale seule le sépare de la peau.
Parmi les muscles que ce plan laisse voir, soit en totalité, soit partiellement, plusieurs, le sus-épineux (fig. 1, IV, 1), le gros extenseur de l’avant-bras (fig. 1, IV, 2), le court fléchisseur de l’avant-bras (fig. 1, IV, 5), l’extenseur antérieur et l’extenseur oblique du métacarpe (fig. 1, IV, 7, 8, et fig. 2, 1, 2), le fléchisseur superficiel (fig. 1, IV, 12, et fig. 2, 5, 6) et le fléchisseur profond des phalanges (fig. 1, IV, 12, et p. 520fig. 2, 5, 7), ayant été étudiés en même temps que les différents plans du membre antérieur vu par sa face externe, nous ne les signalerons ici que pour bien montrer leurs connexions avec les muscles dont nous n’avons pas eu encore l’occasion de nous occuper. Ceux-là seuls, c’est-à-dire le moyen extenseur de l’avant-bras, les fléchisseurs internes et oblique du métacarpe, seront l’objet d’une description spéciale.
Le moyen extenseur de l’avant-bras (fig. 1, IV, 3) longe le bord inférieur du gros extenseur et s’étend de la face interne de l’humérus, contre laquelle il est immédiatement appliqué, sur le sommet de l’olécrâne, où il s’attache en commun avec tous les muscles extenseurs de l’avant-bras.
C’est tout simplement un extenseur du rayon anti-brachial.
Le fléchisseur interne du métacarpe (fig. 1, IV, 9, et fig. 2, 3) est appliqué contre la face postérieure du radius, en dedans de l’avant-bras, et s’étend de l’extrémité inférieure de l’humérus (base de l’épitrochlée) sur la tête du métacarpien interne, où il prend son insertion mobile à l’aide d’un tendon long et mince qui glisse dans une coulisse fibreuse située au côté interne du carpe.
C’est un fléchisseur du pied sur l’avant-bras.
Le fléchisseur oblique du métacarpe (fig. 1, IV, 10, et fig. 2, 4) est également situé en arrière et en dedans de l’avant-bras, et s’étend du même point supérieur que le précédent sur l’os sus-carpien, où il opère son insertion mobile en commun avec le fléchisseur externe.
Congénère du muscle précédent.
Nous allons maintenant nous occuper d’une façon toute spéciale des os et des articulations du membre antérieur, si importants à bien connaître, eu égard à leur rôle physiologique considérable.
Os et Articulations
Dans le but de ne pas scinder en deux parties la description des os et des articulations du membre antérieur, ce qui, d’ailleurs, n’eût présenté que des inconvénients, nous avons cru devoir reporter leur p. 521étude après celle des différents muscles qui les recouvrent en dedans et en dehors.
Le squelette du membre antérieur mis ainsi complètement à nu, il suffira au lecteur, pour nous suivre avec toute facilité dans les détails que nous allons lui consacrer, de se reporter aux planches XI (fig. 1, VI, fig. 2, II, et fig. 3) et XII (fig. 1, IV, fig. 2, et fig. 3).
1° Omoplate ou scapulum (pl. XI, fig. 1, VI, A, et pl. XII, fig. 1, IV, A). — Os plat, triangulaire, asymétrique, couché obliquement de haut en bas et d’arrière en avant sur les parties latérales du thorax, le scapulum présente à considérer deux faces, trois bords et trois angles.
La face externe (pl. XI, fig. 1, VI, A) est partagée par l’épine de l’omoplate (B) en deux fosses d’inégales dimensions : la fosse sus-épineuse (G) et la fosse sous-épineuse (D).
La face interne (pl. XII, fig. 1, IV, A) est excavée pour former la fosse sous-scapulaire (A), que l’on voit se prolonger en haut par trois pointes divergentes. La pointe médiane sépare l’une de l’autre deux surfaces triangulaires rugueuses (B, C) destinées à des implantations musculaires.
Des trois bords, le supérieur seul mérite d’être signalé : il est creusé pour recevoir une pièce cartilagineuse dite cartilage de prolongement (pl. XI, fig. 1, VI, F), qui s’ossifie chez les vieux chevaux.
Les angles antérieur ou cervical et postérieur ou dorsal n’offrent rien de particulier. Par contre, l’angle inférieur, qui s’articule avec l’humérus, est très intéressant à étudier : il est séparé du reste de l’os par un rétrécissement constituant le col du scapulum, et creusé d’une cavité ovalaire dite cavité glénoïde, qui répond à la tête de l’humérus et présente en avant de son pourtour une forte éminence, l’apophyse coracoïde (pl. XI, fig. 1, VI, E).
2° Humérus (pl. XI, fig. 1, VI, G, et pl. XII, fig. 1, IV, D). — Os long, pair, situé dans une direction oblique de haut en bas et d’avant en arrière, entre le scapulum et les os de l’avant-bras, c’est-à-dire le radius et le cubitus, l’humérus offre à étudier un corps et deux extrémités.
Tordu de devant en dehors à son extrémité supérieure et de dehors en avant à son extrémité inférieure, le corps de l’humérus se divise lui-même en quatre faces : une antérieure, plus large en haut qu’en bas ; une postérieure, lisse et arrondie ; une interne (pl. XII, fig. 1, IV, D), également arrondie et présentant vers son milieu un mamelon p. 522rugueux (D) destiné à l’insertion des muscles adducteur du bras et grand dorsal ; une externe (pl. XI, fig. 1, VI, G), creusée d’une large gouttière dite gouttière de torsion (H). Cette gouttière se trouve séparée de la face antérieure par la crête antérieure de la gouttière de torsion, qui se termine vers le tiers supérieur de l’os par la tubérosité deltoïdienne (L).
L’extrémité supérieure porte trois éminences : 1° une tête large, peu détachée, répondant à la cavité glénoïde du scapulum et marquée, comme cette dernière, sur les figures 1 des planches XI et XII, par les lignes pointillées que l’on voit entre l’humérus et l’omoplate ; 2° une éminence externe dite trochiter ou grosse tubérosité (pl. XI, fig. 1, I, J, K) ; 3° une éminence interne, le trochin ou petite tubérosité, séparée de la précédente par la coulisse bicipitale.
L’extrémité inférieure porte une surface articulaire répondant au radius et au cubitus, et comprenant, de dedans en dehors : 1° une poulie ou trochlée ; 2° en dehors du bord externe de la trochlée, une rainure, et plus loin, enfin, un condyle. Au-dessus et en arrière de cette surface existe une fosse large et profonde, dite olécrânienne (pl. XI, fig. 1, VI, M), parce qu’elle loge l’olécrâne dans les mouvements d’extension de l’avant-bras. Enfin, de chaque côté de la fosse olécrânienne se trouvent deux éminences : une externe, l’épicondyle (pl. XI, fig. 1, VI, N), une interne, l’épitrochlée.
3° Radius (pl. XI, fig. 1, VI, O, et pl. XII, fig. 1, IV, E). — Légèrement courbé en arc et déprimé d’avant en arrière, le radius forme, avec le cubitus, la base de l’avant-bras, et offre à étudier un corps et deux extrémités.
Le corps présente deux faces et deux bords. La face antérieure, convexe, n’est protégée que par la peau dans la moitié de son étendue environ. La face postérieure, un peu concave d’une extrémité à l’autre, est recouverte par les muscles fléchisseurs du pied et la face antérieure du cubitus.
Le bord interne et le bord externe sont arrondis.
Les deux extrémités présentent des surfaces articulaires moulées, la supérieure, sur la surface correspondante de l’humérus, l’inférieure, sur les quatre os de la rangée supérieure du carpe.
4° Cubitus (pl. XI, fig. 1, VI, R). — Cet os se trouve appliqué contre la face postérieure du radius, avec lequel il est soudé chez p. 523les chevaux adultes. Il offre à étudier un corps et deux extrémités.
Le corps présente trois faces et trois bords, qui viennent se réunir à l’extrémité inférieure de l’os. Des trois faces, l’antérieure seule mérite d’être signalée, en ce sens que c’est elle qui répond au radius.
L’extrémité supérieure comprend tout ce qui dépasse la surface articulaire du radius et constitue ce qu’on appelle l’olécrâne (S), énorme apophyse aplatie d’un côté à l’autre et surmontée d’un prolongement saillant, le bec de l’olécrâne.
L’extrémité inférieure se termine vers le quart inférieur du radius par une pointe aiguë.
5° Os du carpe (pl. XI et XII, fig. 3). — Situé entre l’extrémité inférieure du radius et l’extrémité supérieure des os métacarpiens, le carpe sert de base au genou. Il est constitué par plusieurs petits os réunis entre eux au moyen de ligaments articulaires très solides et disposés sur deux rangées superposées. La rangée supérieure comprend quatre os désignés sous les noms numériques de premier ou os sus-carpien (pl. XI et XII, fig. 3, A), de deuxième ou pyramidal (pl. XI, fig. 3, C, et pl. XII, fig. 3, B), de troisième ou semi-lunaire (pl. XI, fig. 3, D), et de quatrième ou scaphoïde XI, fig. 3, E, et pl. XII, fig. 3, B). La rangée inférieure n’en possède que trois, que l’on distingue également en premier ou os crochu (pl. XI, fig. 3, F), deuxième ou grand os (pl. XI, fig. 3, G, et pl. XII, fig. 3, C) et troisième ou os trapézoïde (pl. XII, fig. 3, D). Le quatrième (pl. XII, fig. 3, E), analogue du trapèze de l’homme, manque très souvent.
L’assemblage de ces os forme une masse à peu près quadrilatère rendue un peu irrégulière par la présence d’une éminence que forme, en arrière et en dehors, le premier os de la rangée supérieure ou os sus-carpien, qui mérite une description spéciale : cet os présente deux faces et un contour. La face externe (pl. XI, fig. 3, A) est convexe et creusée, de haut en bas, d’une coulisse (B) dans laquelle glisse le tendon du fléchisseur externe du métacarpe. La face interne (pl. XII, fig. 3, A), concave et lisse, concourt à former la paroi externe de la gaîne carpienne.
6° Métacarpien principal (pl. XI, fig. 2, II, C, et pl. XII, fig. 2, B). —Situé verticalement entre le carpe et la première phalange, le métacarpien principal constitue la pièce principale des trois os du canon. On lui reconnaît un corps et deux extrémités. Le corps lui-même présentep. 524 à considérer deux faces et deux bords. La face antérieure est arrondie ; la face postérieure est plate et munie sur les côtés de deux surfaces rugueuses parallèles, répondant aux métacarpiens rudimentaires par l’intermédiaire d’un ligament interosseux généralement ossifié chez les vieux chevaux.
Les deux bords n’offrent rien de particulier.
L’extrémité supérieure est moulée sur les os de la rangée inférieure du carpe.
L’extrémité inférieure répond à la première phalange et aux deux sésamoïdes par une surface articulaire composée de deux condyles latéraux séparés par une arête médiane.
7° Métacarpiens rudimentaires (pl. XI, fig. 2, II, D, et pl. XII, fig. 2, C). — De chaque côté du métacarpien principal et en arrière existent deux petits os allongés, l’un en dedans, l’autre en dehors. Distingués, pour cette raison, en métacarpien rudimentaire externe et en métacarpien rudimentaire interne, ces os affectent la forme d’une pyramide renversée et diffèrent très peu l’un de l’autre.
L’extrémité supérieure prend le nom de tête et répond à un ou deux os de la rangée inférieure du carpe.
L’extrémité inférieure se termine vers le quart inférieur du métacarpien principal par un renflement appelé bouton, qu’il faut se garder de prendre pour un petit suros.
8° Grands sésamoïdes (pl. XI, fig. 2, II, I, et pl. XII, fig. 2, D).
— Os courts au nombre de deux, placés l’un à côté de l’autre en arrière de l’extrémité supérieure de la première phalange. Leur face postérieure, revêtue de cartilage à l’état frais, forme, avec celle de l’os opposé, une coulisse de glissement et une poulie de renvoi pour les tendons fléchisseurs des phalanges.
9° Première phalange (pl. XI, fig. 2, II, E, et pl. XII, fig. 2, E),
— Situé obliquement de haut en bas et d’arrière en avant, entre le métacarpien principal et la seconde phalange, cet os forme la base du paturon et présente à étudier un corps et deux extrémités.
Le corps est arrondi en avant et sur les côtés, aplati en arrière.
L’extrémité supérieure présente une surface articulaire constituée par deux cavités glénoïdes séparées par une gorge antéro-postérieure.
L’extrémité inférieure porte une surface articulaire formée de deux condyles séparés par une gorge médiane.
p. 52510° Deuxième phalange (pl. XI, fig. 2, II, F, et pl. XII, fig. 2, F).
— Os court situé dans la même direction que la première phalange, entre celle-ci et la troisième. Sa forme générale est celle d’un cuboïde aplati d’avant en arrière, dont les faces supérieure et inférieure sont conformées comme les extrémités de la première phalange.
11° Troisième phalange ou os du pied. — La troisième phalange termine le doigt et supporte l’ongle ou le sabot, à l’intérieur duquel elle est renfermée avec le petit sésamoïde. Ces deux os ayant été examinés à propos du pied, en extérieur, nous nous contenterons de renvoyer le lecteur à cette partie de notre travail (Voy. IIe partie, chap. II, Pied).
Les articulations résultant de l’union des différentes pièces osseuses que nous venons d’examiner appartiennent toutes au genre des diarthroses ou articulations mobiles (Voy. Ire partie, chap. III, Appareil de la locomotion, Articulations). Eu égard aux mouvements variés et généralement très étendus dont elles sont le siège, leur étude présente une importance toute particulière et mérite, par ce fait même, que nous lui consacrions quelques lignes.
1° Articulation du scapulum avec l’humérus ou scapulo-humérale. —Formée par la réception de la tête de l’humérus dans la cavité glénoïdé du scapulum, cette jointure articulaire est affermie par un seul ligament capsulaire (pl. XI, fig. 1, VI, a, et pl. XII, fig. IV, a) [•] , qui l’enveloppe à la manière d’un manchon renfermant la synoviale, et se trouve consolidée par les puissances musculaires l’entourant.
L’articulation scapulo-humérale permet l’extension, la flexion, l’adduction, l’abduction, la circumduction et la rotation108.
p. 5262° Articulation du coude ou numéro-radiale. — Cette articulation résulte de l’union de l’extrémité inférieure de l’humérus avec l’extrémité supérieure des deux os de l’avant-bras ; elle se trouve maintenue en place par trois ligaments : deux latéraux (pl. XI, fig. 1, VI, b, et pl. XII, fig. 1, IV, b) et un antérieur (pl. XI, fig. 1, VI, c), à la face interne desquels se déploie la synoviale.
Les mouvements que permet l’articulation huméro-radiale sont l’extension et la flexion.
3° Articulation du radius avec le cubitus ou radiocubitale.
— L’articulation radio-cubitale établit l’union entre la face postérieure du radius et la face antérieure du cubitus ; elle se trouve assujettie par deux ligaments interosseux et deux ligaments périphériques, l’un externe (pl. XI, fig. 1, VI, d), l’autre interne. Des deux ligaments interosseux, l’inférieur s’ossifie constamment, le supérieur, très rarement.
4° Articulations du carpe. — Il y a à distinguer dans ces articulations : 1° les articulations qui unissent entre eux les os carpiens d’une même rangée ; 2° l’articulation du carpe avec le radius ; 3° l’articulation des deux rangées entre elles ; 4° l’articulation du carpe avec les métacarpiens.
1° Articulations qui unissent entre eux les os carpiens d’une même rangée. — Ces os se joignent par les facettes diarthrodiales qu’ils présentent sur leurs faces latérales et sont maintenus en place à l’aide des petits ligaments qui se portent de l’un à l’autre : les ligaments antérieurs et interosseux.
2° Articulation radio-carpienne. — Cette articulation est constituée par l’union de l’extrémité inférieure du radius avec les os carpiens de la rangée supérieure et se trouve assujettie par trois ligaments propres et par quatre ligaments communs aux articulations suivantes :
Des trois ligaments propres, l’un s’étend du radius et du cubitus au quatrième os ; le second (pl. XI, fig. 2, II, a) se porte de l’os sus-carpien à l’extrémité inférieure des os de l’avant-bras ; le troisième, très petit, est situé sous le second. Ils sont tapissés à leur face interne par la synoviale.
3° Articulation des deux rangées entre elles. — En sus des grands ligaments communs, cette articulation comprend trois ligaments particuliers : deux en arrière du carpe, sous le ligament commun postérieur ; p. 527le troisième, au côté externe. Celui-ci s’étend de l’os sus-carpien à la tête du métacarpien externe. Comme les précédents, ces ligaments se trouvent tapissés par la synoviale.
4° Articulation carpo-métacarpienne. — Cette articulation résulte de l’union des os carpiens de la rangée inférieure avec l’extrémité supérieure des métacarpiens. Elle est maintenue en place par les quatre grands ligaments communs et par six ligaments spéciaux : deux antérieurs, deux postérieurs, dont un seul est visible sur la planche XII (fig. 2, II, b), et deux interosseux, également tapissés par une synoviale, en communication avec celle de l’articulation précédente.
Ligaments communs aux articulations précédentes. — Ces ligaments sont au nombre de quatre : deux latéraux, un antérieur et un postérieur.
Les ligaments latéraux (pl. XI, fig 2, II, c, et pl. XII, fig. 2, a) sont de gros cordons funiculaires s’étendant de chaque côté du carpe, depuis la tubérosité externe ou interne de l’extrémité inférieure du radius jusqu’à la tête du métacarpien rudimentaire correspondant.
Le ligament antérieur ou capsulaire (pl. XI, fig. 2, II, d) recouvre la face antérieure des articulations carpiennes.
Le ligament postérieur, très fort, recouvre la face postérieure du carpe, et s’étend de l’extrémité inférieure du radius à l’extrémité supérieure du métacarpien principal.
Les mouvements des articulations carpiennes sont la flexion et l’extension, auxquelles viennent s’ajouter d’autres mouvements très bornés : l’abduction, l’adduction et la circumduction.
5° Articulations du métacarpien principal avec les métacarpiens rudimentaires. — Chaque métacarpien rudimentaire est relié au métacarpien médian par un ligament interosseux qui s’ossifie généralement avec l’âge.
6° Articulation du métacarpe avec la première phalange ou métacarpo-phalangienne.— Cette articulation résulte de l’opposition de l’extrémité inférieure du métacarpien principal à l’extrémité supérieure de la première phalange et aux grands sésamoïdes.
Comme moyens d’union, il y a d’abord lieu de distinguer : 1° ceux qui joignent les sésamoïdes entre eux et à la première phalange ; 2° ceux qui maintiennent en rapport les deux surfaces articulaires.
Les premiers, ou ligaments sésamoïdiens, sont au nombre de six : un p. 528ligament intersésamoïdien ;trois ligaments sésamoïdiens inférieurs, et deux latéraux. Le ligament intersésamoïdien rassemble les deux sésamoïdes. Les cinq autres sont chargés d’unir ces os à la première phalange. Situés à la face postérieure de celle-ci, les ligaments sésamoidiens inférieurs (pl. XI, fig. 2, II, j) ont été divisés en superficiel, moyen et profond.
Les ligaments destinés à maintenir en rapport les deux surfaces articulaires sont au nombre de quatre : deux latéraux (pl. XI, fig. 2, II, g), un antérieur (pl. XI, fig. 2, II, i) et un postérieur, et se dirigent tous de l’extrémité inférieure du métacarpe sur la première phalange.
De beaucoup le plus important, le ligament postérieur ou ligament suspenseur du boulet (pl. XI, fig. 2, II, e, et pl. XII, fig. 2, c) figure une forte lanière comprise entre les deux métacarpiens latéraux, depuis les deux premiers os de la rangée inférieure du carpe et la face postérieure du métacarpien principal jusqu’aux sésamoïdes, sur lesquels elle se termine par deux brides fibreuses se réunissant, chacune de leur côté, au tendon de l’extenseur antérieur des phalanges (pl. XI, fig. 2, II, g, et pl. XII, fig. 2, d). Ce ligament est en rapport, par sa face postérieure, avec le tendon du perforant.
La membrane synoviale se prolonge en cul-de-sac entre les deux branches terminales du ligament précédent. C’est sa distension qui produit les molettes articulaires.
L’articulation métacarpo-phalangienne permet la flexion et l’extension des phalanges.
7° Articulation de la première phalange avec la seconde. — Cette articulation résulte de la réception des condyles de l’extrémité inférieure de la première, phalange dans les cavités glénoïdales de la seconde. Elle est maintenue en place à l’aide de deux ligaments latéraux et complétée en arrière par un fibro-cartilage dit glénoïdien (pl. XII, fig. 2, II, k), faisant à la fois l’office de ligament et de surface de glissement pour le tendon, du perforant.
Les mouvements que cette articulation permet sont : la flexion, l’extension, le pivotement et quelques mouvements latéraux.
8° Articulation de la seconde phalange avec la troisième. — Cette articulation ayant été étudiée avec détails à propos du pied, nous n’y reviendrons pas ici (Voy. IIe partie, chap. II, Pied).
Appendice
A. — Vaisseaux artériels et veineux.
a. — Artères.
Les artères du membre antérieur émanent toutes des troncs axillaires (voy. fig. 142 du texte), branches de terminaison de l’aorte antérieure. Ceux-ci sortent de la poitrine en contournant le bord antérieur de la première côte, puis s’infléchissent en arrière et en bas pour se placer, l’un à droite, l’autre à gauche, à la face interne du membre antérieur, et se continuer chacun en dedans du bras sous le nom d’artère humérale.
Sur leur trajet, les artères axillaires laissent échapper huit branchescollatérales109 , dont la plupart se distribuent dans les muscles du cou. Aussi, renvoyons-nous, pour leur description, à cette dernière région et à la figure 142 du texte y annexée (IIIe partie, chap. II, § 1, Cou).
Nous nous contenterons de signaler ici les deux branches qui appartiennent spécialement à la portion axillaire du tronc et se distribuent dans le membre thoracique : les artères sus-scapulaire et sous-scapulaire, pénétrant, la première entre les muscles sus-épineux et sous-scapulaire, la seconde entre ce dernier et l’adducteur du bras.
Quant à l’artère humérale, qui continue le tronc axillaire, elle descend en dedans du membre thoracique, fournit dans son trajet quatre branches collatérales principales : les artères pré-humérale (muscles mastoïdo-huméral, omo-brachial et biceps), collatérale externe du coude (muscles olécrâniens, fléchisseur oblique de l’avant-bras, et extenseur antérieur du métacarpe), collatérale interne du coude (muscles long et moyen extenseurs de l’ayant-bras, sterno-aponévrotique), principale du muscle biceps, et se termine au-dessous de l’extrémité inférieure de l’humérus par deux branches terminales : les artères radiales antérieure et postérieure.
L’artère radiale antérieure descend sur la face antérieure de l’articulation du coude, se plonge avec le nerf radial en avant du radius, au dessous du muscle extenseur antérieur des phalanges, et s’épuise enfin auprès du genou par plusieurs ramuscules.
p. 530L’artère radiale postérieure, la plus volumineuse, descend avec le nerf cubito-plantaire au côté interne du coude, puis sous le fléchisseur interne du métacarpe, et se termine enfin, après avoir laissé échapper un certain nombre de branches collatérales, vers l’extrémité inférieure du radius, par deux branches terminales : le tronc commun des interosseuses métacarpiennes et l’artère collatérale du canon.
La première branche (voy. fig. 66 du texte) descend en dedans et en arrière du carpe, arrive sur la tête du métacarpien interne, s’infléchit du côté externe, et va s’anastomoser, au-dessous du carpe, avec d’autres divisions artérielles. De l’arcade formée par cette anastomose, ou arcade sous-carpienne, naissent quatre branches principales : les interosseuses métacarpiennes postérieures et antérieures descendant : les premières en arrière et de chaque côté du métacarpe, les secondes en avant et de chaque côté de ce même os, pour s’anastomoser, les unes et les autres, avec une branche de la collatérale du canon, au niveau de l’extrémité inférieure des métacarpiens rudimentaires.
L’artère collatérale du canon (voy. fig. 66 du texte), véritable continuation de la radiale postérieure, s’engage sous l’arcade carpienne, se place au côté interne des tendons fléchisseurs, accompagnée par le nerf plantaire interne, descend ainsi jusqu’au-dessus du boulet et se partage là, après avoir fourni un certain nombre de rameaux collatéraux aux parties environnantes, en deux branches qui constituent les artères digitales (voy. fig. 66 du texte), dont la disposition, semblable dans le membre antérieur et dans le membre postérieur, sera étudiée à propos de ce dernier.
b. — Veines.
De même que chaque artère axillaire est le point de départ du vaisseau artériel du membre antérieur correspondant, de même chaque veine axillaire est le confluent général de toutes les veines de ce membre.
Si on étudie de leur origine à leur embouchure les nombreuses branches qui concourent à la formation du tronc axillaire, on reconnaît qu’elles affectent, en général, une disposition identique à celle des artères, dont elles suivent, d’ailleurs, plus ou moins exactement le trajet.
Cette particularité nous dispensera d’en faire une description spéciale.
B. — Nerfs.
Les divisions nerveuses du membre antérieur proviennent du plexus brachial, énorme faisceau de nerfs situé entre la paroi thoracique et la face interne du membre antérieur. Ce faisceau d’origine, fourni par les branches inférieures des sixième, septième, huitième paires cervicales, et des deux premières dorsales, se trouve d’abord compris entre le scalène et le long du cou ; il contourne ensuite la première côte par son bord postérieur, et arrive enfin sous l’épaule, près de l’angle scapulo-huméral, où il se divise en un certain nombre de branches qu’il n’est guère possible ici de distinguer en collatérales et terminales. Nous nous contenterons de les examiner en procédant des plus petites vers les plus grandes. Ce sont : 1° les branches diaphragmatiques ; 2° la branche du grand dentelé ; 3° les branches des muscles pectoraux ou nerfs axillaires ; 4° la branche sous-cutanée thoracique (satellite de la veine de l’éperon) ; 5° la branche du grand dorsal ; 6° le nerf scapulaire postérieur ou circonflexe ; 7° le nerf de l’adducteur du bras ; 8° les branches du sous-scapulaire ; 9° le nerf sus-scapulaire ; 10° le nerf brachial antérieur ou pré-huméral (se prolonge par plusieurs rameaux dans l’épaisseur du biceps brachial) ; 11° le nerf radial ; 12° le nerf cubito-cutané ou cubital ; 13° le nerf cubito-plantaire ou médian.
De tous ces nerfs, les trois derniers seuls seront l’objet d’une description spéciale :
Le nerf radial, le plus volumineux du plexus brachial, marche d’abord parallèlement à l’artère humérale, de laquelle il est séparé par le nerf cubital, s’engage ensuite entre le gros extenseur et le court fléchisseur de l’avant-bras, gagne de là la face antérieure de l’articulation du coude, et se termine enfin par deux branches qui se plongent dans l’épaisseur de l’extenseur oblique du métacarpe. Ce nerf fournit des rameaux à la masse des extenseurs de l’avant-bras et du pied, au fléchisseur externe du métacarpe et à la peau de la région anti-brachiale antérieure.
Le nerf cubital se place derrière l’artère humérale, qu’il croise ensuite pour s’engager entre le long et le moyen extenseurs de l’avant-bras, gagner la face interne du coude et longer de là le bord postérieur p. 532du fléchisseur oblique du métacarpe, jusqu’auprès de l’os sus-carpien, où il se termine par deux branches : l’une cutanée, l’autre constituant, avec un rameau du nerf médian, le nerf plantaire externe.
Le nerf médian se détache de la partie postérieure du plexus, se porte sur l’artère axillaire, puis en avant de l’artère humérale, continue à descendre en dedans du membre avec l’artère radiale postérieure, arrive ainsi sur l’articulation du coude, devient postérieur à partir de là, après avoir fourni un certain nombre de branches collatérales, se bifurque enfin au-dessus du tiers de l’avant-bras pour former les nerfs plantaires. Distingués en interne et en externe, chacun de ces nerfs s’accole à l’artère collatérale du canon correspondante, le long du tendon perforant, jusqu’au boulet, où il se termine par trois branches digitales : une antérieure, une moyenne et une postérieure. La première descend en avant de la veine, la seconde s’engage entre les deux vaisseaux, la troisième suit l’artère en arrière. Toutes ces branches se dispersent dans l’appareil kératogène du pied (voy. fig. 67 du texte).
§ 2- Membres postérieurs
Les membres postérieurs ou abdominaux, au contraire des membres antérieurs, sont en rapport direct, avec le tronc par l’intermédiaire des os coxaux ou du bassin, qui s’articulent sur la partie postérieure du rachis et concourent même à compléter, en arrière, la grande cavité abdominale.
Rappelons en passant que cette dernière disposition était nécessaire pour que les membres postérieurs pussent transmettre intégralement l’impulsion à la colonne vertébrale, et, par suite, à l’avant-main.
On reconnaît également un membre postérieur droit et un membre postérieur gauche, parfaitement symétriques. Chacun d’eux se décompose encore en quatre régions : la croupe, dont chaque moitié latérale a pour base osseuse les trois pièces du coxal ; la cuisse, dont le squelette est constitué par un seul os, le fémur ; la jambe, qui a pour base osseuse le tibia et le péroné ; enfin, le pied postérieur, qui comprend les régions du tarse, du métatarse et des phalanges.
I. - Membre postérieur (face externe)
(Pl. XIII.)
La plupart des muscles des régions supérieures du membre abdominal sont recouverts d’un épais fascia fibreux, dit aponévrose fessière, qui les sépare de la peau.
Ceux des autres régions du membre sont enveloppés par l’aponévrose jambière, manchon fibreux très solide s’amincissant singulièrement sur le tarse et le métatarse et répondant de tous points à l’aponévrose anti-brachiale.
Ces expansions aponévrotiques séparent directement la peau des organes qu’elles recouvrent, le membre postérieur n’étant, en aucun point, recouvert par le panicule charnu.
Aussi, malgré leur épaisseur, les reliefs et les interstices musculaires, surtout l’interstice qui sépare le demi-tendineux de la portion postérieure du long vaste, sont-ils très apparents sous la peau des chevaux fins et vigoureux dans toutes les régions des membres postérieurs.
Comme dans le membre antérieur, les aponévroses du membre postérieur ont pour usage de maintenir les muscles dans leur position et de les affermir pendant leur contraction.
Comme dans le membre antérieur aussi, nous supposerons la planche XIII formée d’une seule figure, la figure 1, à laquelle nous rattacherons les autres, la figure 2 pouvant, en effet, être considérée comme la continuation, et la figure 3 comme une annexe explicative de cette même figure 1. C’est ainsi que le septième et le neuvième plans de la figure 1 sont continués, le premier par le plan I, le second par le plan II de la figure 2.
I. — Premier plan
Muscles fessier superficiel, long vaste, demi-tendineux et du fascia lata.
Situé immédiatement sous la peau et l’aponévrose jambière, le premier plan est constitué par la masse des muscles superficiels et externes des premiers rayons du membre : le fessier superficiel, le long vaste, le demi-tendineux et le muscle du fascia lata.
Le fessier superficiel (I, 1) comprend une portion charnue profondément échancrée à son bord supérieur, comme le montre très bien la p. 534planche XIII, et une portion aponévrotique cachée par le long vaste. Il prend son insertion fixe à la face interne de l’aponévrose fessière et sur la tubérosité ischiatique ; il opère son insertion mobile sur le fémur (crête sous-trochantérienne).
C’est un abducteur de la cuisse.
Le long vaste, ou ischio-tibial externe, présente un énorme volume et s’étend du sacrum à l’extrémité supérieure de la jambe. Il se divise en trois portions : une antérieure (2), une moyenne (3) et une postérieure (3’).
La portion antérieure, la plus considérable, prend son origine sur l’épine sacrée, le ligament sacro-sciatique, la tubérosité ischiatique, et se termine à la fois sur le fémur, derrière la crête sous-trochantérienne, et sur la face antérieure de la rotule.
Les portions moyenne et postérieure partent de la tubérosité ischiatique, se répandent de là, par leur aponévrose terminale, sur les muscles tibiaux, pour constituer l’aponévrose jambière, et vont enfin s’insérer à la crête du tibia.
La portion antérieure du long vaste, tirant la rotule en dehors et le fémur en arrière, représente un abducteur du membre tout entier et un extenseur de la cuisse ; tandis que les portions moyenne et postérieure déterminent simplement la flexion de la jambe et la tension de l’aponévrose jambière. D’autre part, si ce muscle a son point fixe sur la jambe, il fait basculer le coxal sur la tête du fémur et joue ainsi un rôle important dans le cabrer.
Le demi-tendineux, ou ischio-tibial moyen (4), est situé en arrière du long vaste, et s’étend, comme lui, de l’épine sacrée à la crête antérieure du tibia.
Ses usages sont, d’ailleurs, identiques à ceux des portions moyenne et postérieure du muscle précédent.
Le muscle du fascia lata, ou encore muscle tenseur du fascia lata (5, 6), plat et triangulaire, est situé en avant du fessier superficiel et un peu en dehors du long vaste. Il comprend une portion charnue (5) partant de l’angle externe de l’ilium et une portion aponévrotique (6), dite fascia lata, continue avec le bord inférieur de la portion précédente. La portion aponévrotique présente cette particularité qu’elle se divise en deux feuillets superposés : l’un, profond, s’insinue entre le long vaste et le vaste externe et se réunit au tendon terminal du fessier p. 535superficiel ; l’autre, superficiel, se dédouble lui-même en deux lames, se confond en dedans et en dehors avec les aponévroses fémorale et fessière, et s’insère en bas sur la rotule.
Ce muscle fléchit le fémur et élève le membre tout entier.
II. — Deuxième plan
Muscle fessier moyen.
Recouvert en arrière seulement par le plan précédent, qui laisse voir sa partie antérieure, le deuxième plan est constitué par le fessier moyen (II).
Le plus volumineux des fessiers, ce muscle prend son origine sur l’aponévrose fessière, sur celle de l’ilio-spinal, sur la face supérieure et l’angle externe de l’ilium, sur la tubérosité ischiatique, sur les ligaments ilio-sacrés et sacro-sciatique. Il se termine par trois branches postéro-inférieures sur le trochanter.
Quand son point fixe est supérieur, il étend la cuisse et la porte dans l’abduction. Si, au contraire, ce point fixe est au fémur, il fait basculer le coxal sur la tête fémorale et agit ainsi dans le cabrer.
III. — Troisième plan.
Muscle fessier profond.
Entièrement caché par le précédent, le troisième plan est, comme lui, constitué par un seul muscle, le fessier profond (III).
Petit, court et épais, ce muscle recouvre l’articulation coxo-fémorale et s’étend du col de l’ilium en dedans du trochanter.
C’est l’abducteur de la cuisse par excellence.
IV. — Quatrième plan
Muscles droit antérieur de la cuisse et vaste externe.
Les plans I et II rabattus mettent encore à découvert le quatrième plan, que nous voyons occuper les faces antérieure et externe de la cuisse.
Ce plan est représenté par le droit antérieur de la cuisse et le vaste externe, qui font tous les deux partie d’une masse musculaire énorme p. 536le triceps crural, appliquée contre la face antérieure et les faces latérales de la cuisse et composée de trois portions : les deux muscles ci-dessus et le vaste interne110 .
Le droit antérieur de la cuisse (IV, 1) se trouve enclavé entre le vaste externe et le vaste interne, et s’étend, en avant du fémur, de l’angle cotyloïdien de l’ilium à la rotule.
C’est un extenseur de la jambe et un fléchisseur de la cuisse.
Le vaste externe (2), aplati d’un côté à l’autre, s’étend de la face externe et de la moitié externe de la face antérieure du fémur, soit sur le droit antérieur, soit sur la face supérieure et le côté externe de la rotule.
C’est également un extenseur de la jambe.
V. — Cinquième plan
Muscles de la queue.
Des quatre muscles pairs que possède la queue, trois sont visibles sur le cinquième plan.
Disposés longitudinalement autour des vertèbres coccygiennes, qu’ils enveloppent complètement, ces muscles sont connus sous la dénomination de sacro-coccygiens (V, 1, 2, 3) et distingués, eu égard à leur position, en sacro-coccygien inférieur (3), sacro-coccygien supérieur (1) et sacro-coccygien latéral (2).
Le premier abaisse la queue, le second l’élève et le troisième l’incline latéralement.
Le quatrième muscle de la queue, ou ischio-coccygien, non visible sur le cinquième plan, part du ligament sacro-sciatique et de la crête ischiatique et se dirige sur le côté des deux premiers coccygiens (voy. pl. XIII, IX, 1, et pl. XIV, IV, 2).
C’est un abaisseur de la queue.
VI. — Sixième plan
Muscles jumeaux de la jambe et soléaire.
Recouvert par les muscles du premier plan et l’aponévrose jambière, le sixième plan comprend les jumeaux de la jambe ou bi-fémoro-calcanéen, le soléaire et le fléchisseur superficiel des phalanges on perforé.
Les jumeaux de la jambe (1, 3) constituent deux gros faisceaux charnus, l’un externe, l’autre interne, qui enveloppent les muscles profonds de la jambe, se fixent en avant de la fosse et sur la crête sus-condylienne (1), et se continuent inférieurement par un tendon unique (3) s’étendant jusqu’à la pointe du calcanéum. Ce tendon reçoit celui du soléaire (2) et va se fixer à la partie postérieure du sommet du calcanéum, après s’être accolé à celui du perforé qui s’enroule même autour de lui et l’enveloppe complètement à son extrémité inférieure. C’est la réunion de ces deux tendons qui constitue la corde du jarret ou le tendon d’Achille.
« Les jumeaux de la jambe étendent le pied tout entier sur le tibia, soutiennent l’angle tibio-tarsien pendant la station et impriment au jarret, pendant la marche, la détente qui pousse le corps en avant111 . »
Le soléaire (2) est un petit muscle rudimentaire s’étendant au côté externe de la jambe, depuis la tubérosité externe et supérieure du tibia jusqu’au tendon des jumeaux de la jambe, dont il est un faible auxiliaire.
VII. — Septième plan
Muscles extenseur antérieur, extenseur latéral et fléchisseur profond des phalanges.
Caché en arrière et en haut seulement par le plan précédent, recouvert dans le reste de son étendue par l’aponévrose jambière, le septième plan, que nous savons continué par le premier plan de la figure 2, comprend trois muscles : l’extenseur antérieur, l’extenseur latéral et le fléchisseur profond des phalanges ou perforant.
L’extenseur antérieur des phalanges (VII, 1) est situé en avant de la jambe et du pied. Il comprend un corps charnu fusiforme et un toison d’abord arrondi, puis aplati. Le corps charnu prend son insertion p. 538fixe à l’extrémité inférieure du fémur par l’intermédiaire de la portion tendineuse du fléchisseur du métatarse. Le tendon qui lui succède commence vers le quart inférieur du tibia, recouvre le ligament capsulaire antérieur du tarse, reçoit le muscle pédieux, le tendon de l’extenseur latéral, et descend ensuite sur le boulet et les phalanges, où il se comporte comme le muscle correspondant du membre antérieur (voy. ce muscle). Il est recouvert par l’aponévrose jambière et par trois brides fibreuses annulaires qui le maintiennent dans le pli du jarret (fig. 2, I, 1).
L’extenseur antérieur étend les phalanges sur le métatarse et fléchit le pied tout entier. Il étend aussi la jambe sur la cuisse.
L’extenseur latéral des phalanges (2) est situé entre le muscle précédent et le perforant. Il se compose également d’un corps charnu et d’un tendon. Le premier, sensiblement penniforme, prend son origine sur le ligament fémoro-tibial externe et sur le péroné. Le tendon qui lui succède passe au côté externe du tarse, où il se trouve renfermé dans une gaine très solide, et va s’unir au tendon de l’extenseur antérieur vers le milieu de la région métatarsienne (fig. 2, I, 2).
Ce muscle agit comme le précédent.
Le fléchisseur profond des phalanges ou perforant (3) est situé derrière le tibia et le pied et se compose d’un corps charnu et d’un tendon. Le corps charnu, imparfaitement divisé en deux portions, prend son origine sur les empreintes linéaires de la face postérieure du tibia, sur la tubérosité externe et supérieure de ce même os et sur le péroné. Le tendon qui lui succède, double lui-même à son origine, commence au-dessus de l’extrémité inférieure du tibia, devient bientôt unique et s’engage dans la coulisse de la face interne du calcanéum, où il est maintenu par une arcade fibreuse qui fait de cette coulisse une véritable gaine dite gaine tarsienne, et où il glisse à l’aide d’une synoviale vaginale étendue à la face interne de la gaine précédente. À partir du tarse, ce tendon se comporte exactement comme celui du membre antérieur (voy. Membre antérieur, face externe, VIe plan).
Le perforant fléchit les phalanges les unes sur les autres et sur le métatarse.
VIII. — Huitième plan
Muscle fléchisseur du métatarse.
Situé sous l’extenseur antérieur des phalanges, le fléchisseur du métatarse ou tibio-pré-métatarsien (VIII, 1, 2), qui constitue à lui seul le huitième plan, se compose d’une portion charnue (2) et d’une portion aponévrotique (1) placées parallèlement l’une au devant de l’autre.
La portion tendineuse est une forte corde fibreuse qui prend son origine sur l’extrémité inférieure du fémur, entre la trochlée et le condyle externe, passe dans la coulisse supérieure du tibia, arrive en avant du pli du jarret où elle s’engage sous la bride supérieure avec l’extenseur antérieur, gagne la poulie astragalienne, se perfore là pour constituer un anneau dans lequel s’engage la portion charnue, et se termine enfin par deux branches : l’une qui s’insère en avant de l’extrémité supérieure du métatarsien principal, l’autre qui se dévie en dehors pour gagner le premier os de la rangée inférieure du tarse et le côté externe du calcanéum.
« Ce tendon jouit de la curieuse propriété de plier le jarret par une action toute mécanique, lors de la flexion des rayons supérieurs du membre112 . »
La portion charnue est située entre la corde et le tibia. Elle prend son origine sur cet os, au-dessous de la coulisse qui passe entre les tubérosités externe et antérieure, et se termine par un tendon bifide. Celui-ci s’engage dans l’anneau de l’extrémité inférieure de la portion tendineuse et s’insère par l’une de ses branches en avant de l’extrémité supérieure du métatarsien principal, tandis que l’autre rameau se dirige en dedans du tarse pour gagner le troisième os de la rangée inférieure du tarse et la tête du métatarsien rudimentaire interne.
Cette portion du fléchisseur du métatarse fléchit le pied sur la jambe.
IX. — Neuvième plan
Muscles grand psoas, psoas iliaque, obturateur interne, jumeaux du bassin, carré crural, grand adducteur de la cuisse, demi-menbraneux, grêle antérieur et poplité. Os et articulations.
Le plan qu’il nous reste à examiner se trouve en rapport avec le quatrième plan du membre postérieur vu par sa face interne. Seul, le trait de scie antéro-postérieur que nous avons supposé diviser le membre abdominal en deux parties latérales pour la facilité de nos descriptions les sépare l’un de l’autre.
Parmi les muscles qu’il comprend, deux, le grand psoas et le psoas iliaque (2, 3), ayant été précédemment décrits (voy. IIIe partie, chap. II, § 2, II, Face inférieure du tronc, Xeplan), nous nous contenterons de les signaler ici.
Les autres seront successivement examinés, à l’exception, toutefois, du demi-membraneux (8) et du poplité (10), que nous nous réservons d’étudier, le premier à propos du deuxième plan, le second en même temps que le quatrième plan du membre abdominal vu par sa face interne.
Commençons par l’obturateur interne (4) : Ce muscle se trouve situé dans la cavité du bassin, au-dessus du trou ovalaire, à l’opposé, par conséquent, de l’obturateur externe. Il est formé de deux portions prenant leur insertion fixe, l’une au pourtour de l’ouverture ovalaire, l’autre à l’angle antérieur du sacrum, et se terminant par un tendon unique qui s’infléchit en dehors, s’unit aux jumeaux du bassin, et vient se terminer à l’extrémité supérieure du fémur, dans le fond de la fosse trochantérienne.
Dans sa portion intra-pelvienne, le muscle obturateur interne a sa face supérieure tapissée par le péritoine.
C’est un rotateur de la cuisse en dehors.
Viennent ensuite les jumeaux du bassin (5, 5), petits muscles dont la disposition est variable, mais qui partent généralement du bord externe de l’ischium, suivent la direction du tendon de l’obturateur interne en se plaçant, l’un au-dessus, l’autre au-dessous, et finissent par s’insérer sur ce tendon par l’extrémité externe de leurs fibres. Ils sont congénères du précédent.
Plus en arrière que les jumeaux du bassin se trouve le carré crural (6), petite bandelette charnue s’étendant de la face inférieure de l’ischium p. 541à la face postérieure du fémur, et dont l’usage est d’étendre et de porter le fémur en dehors.
Encore plus postérieurement, sous le muscle du plat de la cuisse, entre le petit adducteur et le demi-membraneux, nous rencontrons le grand adducteur de la cuisse (7), muscle long, déprimé d’avant en arrière, prenant son origine sur la face inférieure de l’ischium et opérant son insertion mobile par deux branches d’inégale grandeur : 1° sur la face postérieure du fémur ; 2° en dedans et au-dessus du condyle interne du même.
C’est un adducteur, un extenseur et un rotateur en dehors du fémur.
Le dernier muscle qu’il nous reste à examiner, ou le grêle antérieur (9), est un petit faisceau charnu situé en avant de la capsule articulaire coxo-fémorale. Il prend son origine sur l’ilium, en dehors du sourcil de la cavité cotyloïde, et se termine sur la face antérieure du fémur.
C’est un léger fléchisseur de la cuisse sur le bassin.
Quant aux os et aux articulations du membre postérieur, nous suivons la marche précédemment adoptée à propos du membre thoracique, c’est-à-dire que nous renvoyons le lecteur à la description d’ensemble qui en sera faite lorsque nous aurons étudié les différents plans de muscles qui les recouvrent (Voy. Membre postérieur, face interne, IVeplan).
II. - Membre postérieur (face interne)
(Pl. XIV.)
Recouverte en haut par l’arcade et l’aponévrose crurales, en bas par l’aponévrose jambière, dont nous avons étudié précédemment la position (voy. IIIe partie, chap. II, § 2, II, Face inférieure du tronc, et chap. III, § 2, I, Membre postérieur, face externe), la face interne du membre abdominal comprend les régions situées en dedans de la cuisse, de la jambe et du pied.
Ici encore, pour faciliter l’étude des différents plans que nous allons rencontrer et aussi pour ne pas nous écarter de l’ordre précédemment adopté, nous considérerons la planche XIV comme ne comprenant qu’une seule figure, les figures 2 et 3 n’étant, en réalité, que des p. 542annexes explicatives de la figure 1, à laquelle, par ce fait même, nous rattacherons les deux autres.
I. — Premier plan
Muscle court adducteur de la jambe ou du plat de la cuisses.
Recouvert par l’arcade et l’aponévrose crurales, qui le séparent de la peau, le premier plan comprend un seul muscle, le court adducteur de la jambe (I).
Situé en dedans de la cuisse, large, quadrilatère, aminci sur ses bords, ce muscle forme la base de ce que nous avons designé en extérieur sous le nom de plat de la cuisse. Il s’étend de la symphyse ischio-pubienne sur le ligament rotulien interne et la face interne du tibia.
L’artère saphène et la veine saphène interne rampent à sa surface.
Ce muscle est adducteur, extenseur et rotateur en dehors de la cuisse.
II. — Deuxième plan
Muscles grand adducteur de la cuisse, demi-membraneux et demi-tendineux.
Situé en dedans du court adducteur de la jambe et recouvert en partie par un prolongement de l’aponévrose jambière, le deuxième plan est formé de trois muscles : le grand adducteur de la cuisse (10), le demi-membraneux (11) et le demi-tendineux (12). Ce dernier et le grand adducteur ayant été précédemment étudiés en même temps que la face externe du membre abdominal, nous nous contenterons de signaler ici les rapports qu’ils entretiennent par leur face interne, seule visible sur le deuxième plan de la pl. XIV, avec le demi-membraneux.
Celui-ci s’étend, compris entre la face interne du demi-tendineux et le court adducteur, de l’ischium au condyle interne de l’extrémité inférieure du fémur.
C’est un adducteur du membre et un extenseur de la cuisse. Il peut même agir dans le cabrer s’il prend son point fixe au fémur.
III. — Troisième plan
Muscle jumeau interne de la jambe.
Le troisième plan est à la fois situé un peu en dedans et plus bas que les deux plans précédents. Il se trouve représenté par le faisceau charnu interne des jumeaux de la jambe (III). Or, ceux-ci ayant été précédemment étudiés dans leur ensemble, nous n’y reviendrons pas ici (voy. Membre postérieur, face externe, VIe plan).
IV. — Quatrième plan
Muscles grand psoas, sacro-coccygiens, ischio coccygien, du fascia lata, droit antérieur de la cuisse, vaste interne, long adducteur de la jambe, moyen adducteur et petit adducteur de la cuisse, obturateur externe, pectine, jumeau externe de la jambe, fléchisseur profond et fléchisseur oblique des phalanges, poplité, fléchisseur du létatarse et extenseur antéreiur des phalanges. Os et articulations.
La plupart des muscles visibles sur le quatrième plan ayant été examinés en même temps que les plans profonds de la face externe du membre postérieur, où ils figurent également, nous nous contenterons de les signaler ici. Leur reproduction sur la planche XIV n’a d’autre but, d’ailleurs, que de faciliter la tâche du lecteur en lui faisant bien voir les rapports qu’entretiennent entre eux les deux plans profonds des planches consacrées au membre abdominal.
Parmi les muscles du quatrième plan précédemment examinés, signalons les grand psoas (1 ; voy, pl. X, fig. 1, X), les sacro-coccygiens (3 ; voy. pl. XIII, fig. 1, V, 1, 2, 3), le muscle du fascia lata (4 ; voy. pl. XIII, fig. 1, 1, 5, 6), le droit antérieur de la cuisse (5 ; voy, pl. XIII, fig. 1, IV, 1), le jumeau externe de la jambe (13 ; voy. pl. XIII, fig. 1, VI, 1), le fléchisseur profond des phalanges (18 ; voy. pl. XIII, fig. 1, VII, 3), le fléchisseur du métatarse (20, 21 ; voy. pl. XIII, fig. 1, VIII, 1, 2) et l’extenseur antérieur des phalanges (22 ; voy. pl. XIII, fig. 1, VII, 1).
Quant aux autres muscles, nous allons les décrire sommairement, en procédant de haut en bas113 .
p. 544Les premiers que nous rencontrons en suivant cet ordre sont les muscles long adducteur de la jambe, vaste interne, pectiné, obturateur externe, moyen adducteur et petit adducteur de la cuisse, situés immédiatement au-dessous des premier et deuxième plans, à la face interne de la cuisse.
Le long adducteur de la jambe (7), situé d’abord dans la cavité abdominale, où il prend son insertion fixe (face inférieure du fascia iliaca, près du tendon du petit psoas), se porte ensuite en dedans de la cuisse et opère enfin son insertion mobile sur le ligament rotulien interne, en commun avec le court adducteur.
Ce muscle tire la jambe dans l’adduction et fléchit le fémur.
Le vaste interne (6), l’une des portions du triceps crural, ressemble de tous points au vaste externe. Ses fibres partent de la face interne et de la moitié interne de la face antérieure du fémur et vont s’insérer, soit sur le ligament rotulien interne, soit sur le côté correspondant et la face supérieure de la rotule, soit, enfin, sur la synoviale, à la partie supérieure de laquelle le faisceau charnu qui porte le nom de muscle crural ou sous-crural (voy. Membre postérieur, face externe, IVe plan) vient se perdre.
Comme le vaste externe, ce muscle concourt à l’extension de la jambe ; par sa portion crurale, il paraît, en outre, s’opposer au pincement de la capsule synoviale de articulation fémoro-rotulienne.
Le pectiné (8), bifide à son extrémité supérieure, rétréci à son extrémité inférieure, part du bord antérieur et de la face inférieure du pubis pour se terminer sur le côté interne du fémur.
C’est un adducteur, un fléchisseur et un rotateur en dedans de la cuisse.
Le moyen adducteur de la cuisse (9) est situé sous le court adducteur de la jambe, entre le pectiné et le grand adducteur de la cuisse, et s’étend de la face inférieure du pubis à la face postérieure du fémur. C’est un adducteur, un extenseur et un rotateur en dehors du rayon fémoral.
L’obturateur externe est placé presque horizontalement sous le bassin, au pourtour du trou ovalaire, et se trouve recouvert par le pectiné, le carré crural, le grand et le moyen adducteurs de la cuisse. Il s’étend de la face inférieure du pubis et de l’ischium dans la fosse digitale du fémur.
C’est un adducteur et un rotateur en dehors de la cuisse.
p. 545Le petit adducteur de la cuisse est situé en avant de l’obturateur externe, dont il se trouve séparé par un petit nerf, dans une direction oblique de haut en bas et d’avant en arrière. Ses attaches et ses usages sont les mêmes que ceux du muscle précédent. Comme lui également, il est invisible sur la planche XIV, grâce à sa situation profonde.
Plus bas et plus en arrière que les muscles précédents, immédiatement à la face postérieure du tibia et en partie cachés par le troisième plan, on trouve plusieurs autres muscles : le jumeau externe de la jambe (13), le poplité (17), les fléchisseurs superficiel (14), profond (18) et oblique (19) des phalanges, parmi lesquels le poplité, le fléchisseur superficiel et le fléchisseur oblique des phalanges seuls, n’ayant pas été décrits, seront examinés ici.
Le poplité (17) est situé derrière le tibia et s’étend du condyle externe du fémur sur la surface triangulaire postérieure et supérieure du tibia.
C’est un fléchisseur et un rotateur en dedans de la jambe.
Le fléchisseur superficiel des phalanges (14) figure une longue corde tendineuse, comme le fait très bien voir la planche XIV, charnue vers son cinquième supérieur seulement, comprise entre les jumeaux de la jambe et intimement accolée à l’externe. Il prend son origine supérieurement dans le fond de la fosse sus-condylienne, descend dans la gouttière formée par les jumeaux, sort de dessous ces muscles, se place au côté interne, puis en arrière de leur tendon, gagne ainsi le sommet du calcanéum après s’être élargi de manière à former une calotte fibreuse tapissée par une synoviale vésiculaire, et se prolonge enfin derrière le tendon du perforant jusqu’à la deuxième phalange (voy. pl. XIII, fig. 1, VI, 4. 4, et fig. 2, II, 3) en se comportant comme le muscle analogue du membre antérieur.
Le fléchisseur oblique des phalanges (19) se trouve compris entre le poplité et le perforant. Composé d’un corps charnu supérieur et d’un tendon inférieur, il s’étend de la tubérosité externe du tibia au tendon du perforant, avec lequel il s’unit vers le tiers supérieur de la région métatarsienne.
C’est un congénère du fléchisseur profond.
Quant aux muscles extenseur antérieur des phalanges (22) et fléchisseur du métatarse (20), situés en dehors et en avant du tibia, comme ils ont été examinés tous les deux précédemment, nous n’en parlerons pas ici.
p. 546Nous allons maintenant nous occuper d’une façon spéciale, ainsi que nous l’avons fait pour le membre antérieur, des os et des articulations du membre abdominal.
Os et Articulations
Comme pour le membre antérieur, et pour les mêmes raisons, nous avons reporté l’étude des os et des articulations du membre postérieur après celle des muscles qui les recouvrent en dedans et en dehors. Pour nous suivre dans nos descriptions, le lecteur n’aura qu’à consulter les planches XIII (fig. 1, IX, fig. 2, II, et fig. 3) et XIV (fig. 1, fig. 2, et fig. 3).
1° Coxal (pl. XIII, fig. 1, IX, G, et pl. XIV, fig. 1, D). Os de forme très irrégulière, plat et pair, situé entre le sacrum et le fémur, dans une direction oblique de haut en bas et d’avant en arrière. Rétréci dans sa partie moyenne, il présente, en ce point et en dehors, une cavité articulaire, dite cavité cotyloïde, qui reçoit la tête du fémur ; puis il s’élargit et s’infléchit en dedans pour s’unir, sur la ligne médiane, à l’os du côté opposé et concourir à la formation de la cavité pelvienne ou du bassin.
Bien que soudé intimement au tronc, le coxal constitue le premier rayon du membre postérieur et comprend trois pièces distinctes dans le fœtus, mais réunies à l’âge adulte : l’ilium, le pubis et l’ischium (voy. fig. 147 du texte).
Ilium (pl. XIII, fig. 1, F) [•] . — Plat et triangulaire, dirigé obliquement de haut en bas et d’avant en arrière, l’ilium est le plus grand des trois os du coxal, celui qui répond au sacrum.
On y considère deux faces, trois bords et trois angles.
La face externe ou supérieure est excavée et porte le nom de fosse iliaque externe (F).
La face interne ou inférieure présente une portion mamelonnée, rugueuse, occupée en arrière par la facette auriculaire, qui répond au sacrum.
Les trois bords sont amincis, concaves ; l’interne constitue la grande chancrure sciatique.
p. 547L’angle externe, ou angle de la hanche, porte quatre tubérosités (D). L’interne, ou angle de la croupe (E), représente une tubérosité rugueuse, recourbée en arrière et en haut. Le postérieur, ou cotyloïdien, concourt à former la cavité cotyloïde, laquelle est surmontée de la crête sus-cotyloidienne (G), éminence allongée se continuant antérieurement avec le bord interne de l’os.
Pubis. — La plus petite des trois pièces du coxal, le pubis est situé entre l’ilium et l’ischium, aplati de dessus en dessous, et présente à considérer deux faces, trois bords et trois angles.
La face supérieure concourt à former le plancher du bassin ; l’inférieure n’offre rien de bien particulier.
Le bord antérieur est mince et recourbé en haut. Le postérieur circonscrit antérieurement une large ouverture, le trou ovalaire ou obturateur (pl. XIV, fig. 1, IV, E). Il interne se soude avec celui du côté opposé pour former la portion pubienne de la symphyse du bassin.
L’angle externe ou cotyloïdien forme l’arrière-fond de la cavité cotyloïde. L’interne s’unit avec celui du pubis opposé. Le postérieur se soude avec l’ischium.
Ischium. — Comme le pubis, en arrière duquel il se trouve situé, l’ischium est aplati de dessus en dessous et de forme quadrilatère. Il présente à étudier : deux faces, dont une, la supérieure, fait partie du plancher de la cavité pelvienne ; quatre bords, dont le postérieur forme avec celui du côté opposé une échancrure appelée arcade ischiale ; quatre angles : un antérieur interne, un antérieur externe ou cotyloïdien, un postérieur interne et un postérieur externe ou tubérosité ischiatique (pl. XIII, fig. 1, IX, H, et pl. XIV, fig. 1, IV, F).
2° Fémur (pl. XIII, fig. 1, IX, I, et pl. XIV, fig. 1, IV, H). —Os long, pair, situé obliquement de haut en bas et d’arrière en avant, entre le coxal et le tibia, le fémur constitue la base osseuse de la cuisse et offre à étudier un corps et deux extrémités.
Des quatre faces du corps, l’externe, l’interne et l’antérieure sont arrondies et confondues l’une avec l’autre. La postérieure, à peu près plane, est rugueuse.
Vers le tiers supérieur de l’os, séparant la face externe de la face postérieure, on trouve une éminence aplatie et recourbée, la crête sous-trochantérienne (J) ; plus bas, une fosse profonde dite sus-condylienne (pl. XIII, fig. 1, IX, K).
p. 548Enfin, sur la limite de la face postérieure et de la face interne, vers le quart supérieur de l’os, on remarque, entre autres particularités, une grosse tubérosité connue sous la dénomination de trochantin ou petit trochanter.
L’extrémité supérieure porte : 1° en dedans, une tête articulaire séparée du reste de l’os par un col et reçue dans la cavité cotyloïde du coxal ; 2° en dehors, une grande éminence, le trochanter (L, M, N) ; 3° en arrière, la fosse trochantérienne ou digitale.
L’extrémité inférieure se distingue par la présence de deux condyles et d’une large poulie articulaire ou trochlée (pl. XIII, fig. 1, IX, P). Des deux condyles, l’un est externe (pl. XIII, fig. I, IX, P), l’autre interne. Ils sont séparés par une échancrure profonde dite intercondylienne, qui loge l’épine du tibia.
3° Rotule (pl. XIII, fig. 1, IX, Q). — Petit os court, compact, aplati d’avant en arrière, situé en avant de la trochlée fémorale, sur laquelle sa face postérieure se moule, et fixé au tibia par trois ligaments extrêmement solides.
4° Tibia (pl. XIII, fig. 1, IX, R, et pl. XIV, fig. 1, IV, J). — Os long situé entre le fémur et l’astragale, dans une direction oblique de haut en bas et d’avant en arrière, le tibia constitue la pièce principale de la jambe et présente trois faces et trois bords.
La face externe est concave en haut et convexe en bas. L’interne est convexe et très rugueuse supérieurement. La postérieure, à peu près plane, est partagée en deux surfaces triangulaires, dont l’une, l’inférieure, est sillonnée par de nombreuses crêtes longitudinales où s’attache le muscle perforant.
Le bord antérieur présente, dans son tiers supérieur, une crête courbe à concavité externe, la crête du tibia. Le bord externe est très épais et concave en haut, où il constitue l’arcade tibiale, de concert avec l’os péroné. L’interne est également épais et rugueux.
L’extrémité supérieure forme trois tubérosités : une antérieure et deux latérales. La partie supérieure de ces dernières est occupée par deux surfaces articulaires irrégulières moulées sur les condyles du fémur et séparées l’une de l’autre par l’épine tibiale.
L’extrémité inférieure présente une surface articulaire formée de deux gorges profondes séparées par un tenon médian. Cette surface articulaire est, en outre, flanquée de chaque côté par une tubérosité.
p. 549L’externe (malléole externe chez l’homme) est peu saillante. L’interne (malléole interne) est mieux détachée.
5° Péroné (pl. XIII, fig. 1, IX, S). — Petit os avorté, styloïde, situé en dehors du tibia, étendu de la tubérosité externe de cet os, avec laquelle il s’articule, à la moitié ou au tiers inférieur de son corps.
6° Os du tarse (pl. XIII et XIV, fig. 3). — Ces os sont courts, très compacts, au nombre de six ou de sept, situés entre le tibia et les métatarsiens, et disposés, comme ceux du carpe, en deux rangées : l’une supérieure, l’autre inférieure. Ils forment la base du jarret.
La rangée supérieure comprend deux os, le calcanéum et l’astragale (pl. XIII et XIV, fig. 3, B, C), qui, en raison de leur volume, de leur disposition et de leur rôle, méritent une description spéciale :
L’astragale est un os polyédrique situé en avant du calcanéum, entre le tibia et le deuxième os de la rangée inférieure ; il présente cinq faces, dont l’une, la supéro-antérieure, est conformée en poulie articulaire pour répondre à l’extrémité inférieure du tibia.
Le calcanéum est aplati d’un côté à l’autre et offre à étudier : deux faces, dont l’une, l’interne, est excavée en coulisse de glissement pour former l’arcadetarsienne, dans laquelle passe le tendon du perforant ; deux bords, un antérieur et un postérieur ; enfin, deux extrémités, une supérieure constituant le sommet du calcanéum et une inférieure qui répond à l’astragale et au premier os de la rangée inférieure ou cuboïde.
7° Métatarsien principal et métatarsiens rudimentaires (pl. XIII, fig. 2, C, D, et pl. XIV, fig. 2, H, I, J). — Ces os ont une telle analogie avec les métacarpiens que nous croyons inutile d’en faire une description spéciale.
8° Sésamoïdes et phalanges. — La région digitée du membre postérieur ressemble également à celle du membre antérieur.
Les articulations du membre postérieur ayant une importance identique à celles du membre antérieur, nous les étudierons aussi eu particulier.
1° Articulations du bassin. — Ces articulations comprennent l’articulation du sacrum avec les coxaux ou sacro-iliaque, et l’articulation des deux coxaux entre eux ou symphyse ischio-pubienne, qui ont été précédemmentp. 550 examinées à propos du bassin et dont nous nous dispenserons, pour cette raison même, de parler ici (voy. IIIe partie, chap. II, III, Bassin).
2° Articulation du coxal avec le fémur ou coxo-fémorale. — Cette articulation est formée par la réception de la tête du fémur dans la cavité cotyloïde du coxal, et se trouve affermie par un ligament capsulaire périphérique (pl. XIII, fig. 1, IX, E), et deux liens interarticulaires : les ligaments coxo-fémoral et pubio-fémoral procédant, le premier du fond de la cavité cotyloïde, le second du bord antérieur du pubis, et s’insérant en commun dans la fossette creusée sur la tête du fémur. La synoviale tapisse la face interne du ligament capsulaire.
Quant aux mouvements permis par l’articulation coxo-fémorale, ce sont : l’extension, la flexion, l’abduction, l’adduction, la circumduction et la rotation.
3° Articulation du fémur avec le tibia et la rotule ou fémoro-tibiale. — Pour former cette articulation, le fémur oppose ses deux condyles aux facettes de la face supérieure des tubérosités latérales du tibia, et sa poulie articulaire à la face postérieure de la rotule. C’est la jointure la plus compliquée de l’économie.
En outre des moyens d’union très nombreux dont elle dispose, l’articulation fémoro-tibiale est complétée par deux fibro-cartilages en forme de croissants, dits ménisques interarticulaires, interposés aux condyles du fémur et aux facettes tibiales pour en assurer la coaptation.
Les liens qui assujettissent cette jointure comprennent : 1° ceux qui fixent la rotule au tibia ; 2° ceux qui unissent le fémur au tibia.
1° Ligaments qui attachent la rotule au tibia. — Désignés sous la dénomination de rotuliens et distingués, d’après leur position respective, en externe (pl. XIII, fig. 1, IX, g), interne (pl. XIV, fig. 1, IV, o) et médian (pl. XIII, fig. 1, IX, f), ces ligaments ont pour usage de transmettre à la jambe l’action des muscles qui s’insèrent sur la rotule.
2° Ligaments qui unissent le fémur au tibia. — On en compte six : 1° une capsule fémoro-rotulienne maintenant la rotule appliquée contre la trochlée fémorale ; 2° cinq ligaments fémoro-tibiaux dont deux latéraux, l’un externe (Pl. XIII, fig. 1, IX, h), l’autre interne (pl. XIV, fig. 1, IV, P), un postérieur, et deux interarticulaires plus connus sous la dénomination de ligaments croisés, parce qu’ils se croisent en X p. 551dans leur partie moyenne, et distingués, eu égard à leur insertion inférieure, en antérieur et en postérieur.
L’articulation fémoro-tibiale comprend trois synoviales : une supérieure située à la face interne de la capsule fémoro-rotulienne et destinée à faciliter le glissement de la rotule sur la trochlée fémorale ; deux latérales, chargées de lubrifier les surfaces articulaires de la jointure fémoro-tibiale proprement dite.
Cette articulation peut exécuter deux mouvements principaux : la flexion et l’extension, et un mouvement accessoire, la rotation.
4° Articulation du tibia avec le péroné. — Cette articulation se trouve constituée par l’union de la face interne de la tête du péroné avec la tubérosité externe et supérieure du tibia. Des fibres courtes et fortes, interosseuses ou périphériques, maintiennent solidement en contact les pièces osseuses qui la constituent.
5° Articulations du tarse ou du jarret. —Il y a lieu de distinguer dans ces articulations : 1° la jointure tibio-tarsienne ; 2° celle qui réunit les os tarsiens de la première rangée, l’astragale et le calcanéum ; 3° celles qui rassemblent les os de la rangée inférieure ; 4° l’articulation des deux rangées entre elles ; 5° l’articulation tarso-métatarsienne.
1° Articulation du tibia avec le tarse ou tibio-tarsienne. — Cette articulation est exclusivement formée par l’union du tibia avec l’astragale et se trouve assujettie par sept ligaments : deux latéraux externes (pl. XIII, fig. 1, IX, i, j, et fig. 2, II, G, H), distingués, eu égard à leur position, en superficiel et profond ; trois latéraux internes (pl. XIV, fig. 1, II, Q) [•] , également superposés les uns aux autres et divisés en superficiel, moyen et profond ; un antérieur (pl. XIII, fig. 1, IX, m, et fig. 2, II, I) et un postérieur, tous deux capsulaires.
La synoviale se développe à la face interne des deux ligaments capsulaires. « Quand elle devient le siège d’une hydropisie, elle se distend toujours en avant et en dedans, parce qu’elle n’est soutenue à cet endroit que par le ligament capsulaire antérieur. Mais elle peut aussi soulever le ligament postérieur et faire hernie dans le creux du jarret, en arrière des ligaments latéraux114 . »
Les seuls mouvements permis par cette articulation sont la flexion et l’extension.
p. 5522° Articulation des os de la première rangée entre eux. — En outre des ligaments latéraux de l’articulation précédente, cette jointure possède quatre ligaments astragalo-calcanèens qui l’assujettissent : un supérieur, un externe, un interne et un interosseux.
Pas de synoviale propre ordinairement et mouvements à peu près nuls.
3° Articulations des os de la seconde rangée entre eux. — Ces os sont maintenus en contact par deux des ligaments de l’articulation suivante et par six ligaments propres : deux antérieurs et quatre interosseux.
La disposition des synoviales varie avec celle des facettes articulaires.
Quant aux mouvements, ils sont presque nuls.
4° Articulation des deux rangées entre elles. — La solidité de cette articulation est assurée par six liens principaux : deux ligaments latéraux superficiels de l’articulation tibio-tarsienne, un ligament calcanéométatarsien (pl. XIII, fig. 1, IX, n, et fig. 2, J), un ligament astragalométatarsien, un ligament tarso-métatarsien postérieur, et enfin un ligament interosseux.
Elle est pourvue d’une synoviale propre, toujours en communication avec la capsule tibio-tarsienne.
Les mouvements qu’elle permet sont à peu près nuls.
5° Articulation du tarse avec le métatarse ou tarso-métatarsienne. — Cette jointure est fixée par les ligaments latéraux superficiels de l’articulation tibio-tarsienne, les ligaments périphériques de l’articulation précédente, et par un ligament interosseux propre.
Elle possède une synoviale particulière et ne permet également que des mouvements presque nuls.
Pour les articulations des rayons inférieurs du membre postérieur, comme elles sont absolument identiques à celles de ces mêmes rayons dans le membre thoracique, nous renvoyons à la description qui en a été donnée à propos de ce membre.
Appendice
A. — Vaisseaux artériels et vaineux.
a. — Artères.
Le sang est amené au membre postérieur par les artères iliaques internes et iliaques externes (fig. 154 du texte) résultant de la double bifurcation de l’aorte postérieure, en avant de la cavité pelvienne.
1° Artères iliaques internes. — Étendues depuis l’entrée du bassin jusqu’à l’angle cotyloïdien de l’ilium, les artères iliaques internes sont destinées aux organes génito-urinaires et aux régions supérieures du membre abdominal.
Elles fournissent sur leur trajet les branches suivantes :
1° L’artère ombilicale, qui porte le sang du jeune sujet au placenta et se trouve en partie oblitérée chez l’adulte, où elle gagne le fond de la vessie ;
2° L’artère honteuse interne, qui fournit des divisions à la vessie, à la prostate, aux glandes de Cowper, et se jette enfin dans le bulbe de l’urèthre après avoir contourné l’arcade ischiale ;
3° L’artère sous-sacrée, qui, après avoir rampé sous le sacrum, en regard des trous sacrés, se termine à l’extrémité postérieure de ce dernier os par trois branches : l’artère ischiatique, traversant le ligament de même nom pour aller se jeter dans les muscles ischio-tibiaux, les artères coccygienne latérale et coccygienne médiane destinées aux muscles de la queue ;
4° L’artère iliaco-musculaire, qui se porte en dehors, fournit des rameaux aux muscles de la région sous-lombaire, gagne l’angle de la hanche et se plonge dans le fessier principal et le muscle du fascia lata.
5° L’artère fessière, qui sort du bassin par la grande échancrure sciatique et s’épuise dans l’épaisseur des muscles fessiers moyen et profond.
Après avoir fourni ces branches collatérales, l’iliaque interne se divise en deux branches terminales, à cheval sur le tendon du muscle petit psoas, l’une en dedans, l’autre en dehors : la première, ou artère obturatrice, sort du bassin en traversant l’ouverture ovalaire, s’insinue p. 554entre l’obturateur externe et la face inférieure de l’ischium, et se termine par plusieurs divisions dans les muscles cruraux internes et ischio-tibiaux ; la seconde branche terminale de l’iliaque interne, ou artère iliaco-fémorale, passe en dehors du tendon du petit psoas, descend au côté externe du droit antérieur de la cuisse et va se plonger dans la masse des muscles rotuliens.
2° Artères iliaques externes. — Les artères iliaques externes se dirigent d’avant en arrière et de dedans en dehors, gagnent le bord antérieur du pubis, s’engagent dans l’interstice qui sépare du pectiné le long adducteur de la jambe, et chacune d’elles se prolonge sur la cuisse en prenant le nom d’artère fémorale, puis celui d’artère poplitée, à partir du pli de l’articulation fémoro-tibiale.
Avant de changer de nom, l’iliaque externe laisse échapper deux branches collatérales principales : la petite testiculaire ou l’utérine, qui gagne le cordon testiculaire ou la matrice, et la circonflexe iliaque, dont les rameaux se distribuent dans les muscles transverse, petit oblique de l’abdomen et du fascia lata.
L’artère fémorale naît en regard du bord antérieur du pubis et descend, accompagnée de sa veine satellite et du nerf saphène interne, le long du pectiné et du vaste interne, accolée au bord postérieur du long adducteur de la jambe. Puis elle passe entre les deux branches du grand adducteur de la cuisse, arrive ainsi au niveau de l’extrémité supérieure des jumeaux de la jambe et se continue entre ces deux muscles sous la dénomination d’artère poplitée.
Pendant ce parcours, l’artère fémorale distribue aux parties avoisinantes un certain nombre de branches collatérales, qui sont : les artères prépubienne115 , musculaire profonde (muscles cruraux internes et postérieurs), musculaire superficielle (muscles psoas et du triceps crural), petites musculaires (fémur et différents muscles l’environnant) et saphène (peau de la face interne de la cuisse et de la jambe).
L’artère poplitée, qui continue la fémorale, descend derrière l’articulation fémoro-tibiale, entre les deux jumeaux et vient se bifurquer au niveau de l’arcade péronière pour former les artères tibiales postérieure et antérieure.p. 555
Fig. 154. — Distribution des artères iliaques interne et externe (chez la femelle).
p. 556Dans son trajet, l’artère poplitée ne fournit guère qu’une branche collatérale digne d’être signalée : l’artère fémoro-poplitée destinée aux muscles jumeaux et ischio-tibiaux.
L’artère tibiale postérieure, d’abord située profondément derrière le tibia, devient peu à peu superficielle, traverse l’arcade tarsienne et se partage, au niveau de l’astragale, en deux branches terminales : les artères plantaires qui se placent l’une en dedans, l’autre en dehors du tendon perforant, jusqu’au niveau de l’extrémité supérieure du ligament suspenseur du boulet, où elles forment, avec la pédieuse perforante, une espèce d’arcade profonde de laquelle s’échappent quatre longs rameaux descendants qui rampent derrière le métatarse.
Quant à l’artère tibiale antérieure, elle traverse l’arcade tibiale, se place sur la face antérieure du tibia et arrive au-devant de l’articulation tibio-tarsienne, où elle prend le nom d’artère pédieuse.
Au bas du tarse, cette dernière se partage en deux branches dites pédieuse perforante et pédieuse métatarsienne, celle-ci continuée, à partir de l’extrémité supérieure de l’articulation du boulet, par les artères digitales, qui descendent l’une à droite, l’autre à gauche du paturon, jusqu’à l’apophyse basilaire, où elles se bifurquent pour former les artères unguéales plantaires et pré-plantaires (voy. IIe partie, ch. II, Pied, et fig. 66 du texte).
b. — Veines.
Comme dans le membre antérieur, la distribution des veines différant, en général, assez peu de celle des divisions artérielles correspondantes, nous nous dispenserons d’en faire une description spéciale.
B. — Nerfs.
Le plexus lombo-sacré (fig. 153 du texte), d’où émanent les divisions nerveuses du membre abdominal, résulte de la fusion des deux dernières paires nerveuses lombaires et des trois premières sacrées. Il répond de tous points au plexus du membre thoracique et se divise en deux portions, l’une antérieure, l’autre postérieure, ayant chacune un gros tronc pour centre.
La portion antérieure fournit quelques rameaux aux psoas, puis se termine par deux grosses branches : les nerfs fémoral antérieur et obturateur.p. 557 Le premier descend entre le petit et le grand psoas et va s’épuiser dans la masse des muscles rotuliens, après avoir laissé échapper deux branches, les nerfs accessoires du saphène interne et saphène p. 558interne, dont les divisions entourent l’artère et la veine de même nom.
Fig. 155. — Plexus lombo-sacré et nerfs internes du membre postérieur.
Le nerf obturateur suit l’artère obturatrice et présente une distribution à peu près identique.
La portion postérieure du plexus lombo-sacré se continue par deux troncs très importants : les nerfs grand sciatique et sciatique poplité externe. Elle laisse échapper à la base de ceux-ci le petit sciatique, qui sort du bassin par la grande échancrure sciatique et comprend les nerfs fessiers antérieurs et fessiers postérieurs.
Quant au nerf grand sciatique, il sort de la grande ouverture sciatique sous forme d’une large bandelette s’appliquant à la face externe du ligament ischiatique. Il se dirige ensuite en arrière, passe sur l’insertion fixe du petit fessier, s’infléchit pour descendre derrière la cuisse, où il se trouve logé dans une gaine musculaire que lui forment le long vaste, le demi-tendineux, le demi-membraneux et le grand adducteur de la cuisse, s’engage enfin entre les deux jumeaux et arrive ainsi dans le creux du jarret où il se termine par deux branches : les nerfs plantaires interne et externe. Ceux-ci traversent la gaîne tarsienne en arrière du tendon perforant, se placent en dedans et en dehors de ce tendon, arrivent ainsi sur le boulet et se comportent, à partir de là, comme les nerfs analogues du membre antérieur.
La seconde division de la portion postérieure, ou nerf sciatique poplité externe, se sépare du grand sciatique, dont elle n’est, en réalité, qu’une branche, au niveau des jumeaux du bassin, se place en dehors du bi-fémoro-calcanéen, arrive au côté externe de l’articulation fémoro-tibiale et se termine là par deux branches : le nerf musculo-cutané et le nerf tibial antérieur, qui portent la sensibilité à la peau de la face antérieure du pied.
Les autres branches collatérales du grand sciatique comprennent : 1° une branche pour les muscles de la région pelvi-crurale profonde ; 2° une autre pour les muscles cruraux postérieurs ; 3° un faisceau pour les muscles de la région jambière postérieure ; 4° le nerf saphène externe, qui commence environ 10 centimètres au-dessus du point où le grand sciatique se plonge entre les jumeaux de la jambe, descend ensuite sur le jumeau externe et va s’épuiser en dehors du métatarse.
Mécanisme des mouvements des membres.
Les membres étant à la fois les supports et les véritables moteurs du corps, l’étude du mécanisme de leurs mouvements doit naturellement suivre celle de leur structure anatomique.
Or, les mouvements qui se rapportent à la locomotion, les seuls dont nous ayons à nous occuper ici, résultant de la contraction musculaire opérée sous l’influence du système nerveux, nous devons logiquement faire précéder leur analyse de quelques considérations générales sur l’action du tissu musculaire.
1. — Action musculaire.
La texture et les propriétés du tissu musculaire ayant été suffisamment examinées à propos de nos généralités (voy. 1er partie, Appareil de la locomotion, Muscles), nous croyons inutile d’y revenir ici et nous demandons au lecteur la permission d’aborder d’emblée les effets de l’action musculaire.
Effets de l’action musculaire. — En se contractant, le muscle, avons-nous dit, se tend, durcit, se gonfle et se raccourcit plus ou moins. Aussi, l’effet immédiat de la contraction musculaire est-il un mouvement plus ou moins marqué, tantôt borné au muscle lui-même, tantôt transmis aux parties sur lesquelles il s’attache. L’intensité et l’étendue de ce mouvement dépendent de son volume, de sa longueur, de sa direction, du genre de levier qu’il met en jeu, etc.
D’une manière générale, la direction des muscles par rapport aux leviers qu’ils doivent mouvoir est désavantageuse, puisqu’elle se trouve presque toujours parallèle à celle des leviers osseux. Mais la nature a diminué ce parallélisme par le renflement des extrémités articulaires, par le développement d’éminences plus ou moins saillantes, telles que l’olécrâne, le trochanler ; par la présence, enfin, de poulies de renvoi, comme les sésamoïdes, la rotule, l’os sus-carpien, etc.
Les leviers sur lesquels agissent les muscles appartiennent aux trois genres que l’on distingue en physique (voy. IIe partie, chap. Ier, Leviers).
p. 560Aperçu général de la disposition des leviers dans les membres. — Nous allons dire un mot de chacune des variétés de leviers qu’on observe dans les membres :
Le levier du premier genre, qui est généralement celui des extenseurs, est représenté, dans le membre antérieur (pl. XI et XII), par le sus-épineux et les cinq muscles olécrâniens ; dans le membre postérieur (pl. XIII et XIV), par le grand fessier, le muscle du fascia lata, le droit antérieur de la cuisse, le triceps crural, le bi-fémoro-calcanéen116 , le plantaire grêle, le vaste externe, le demi-tendineux (dans le cabrer).
Dans ce levier, le bras de la puissance se trouve figuré, pour les extenseurs de l’avant-bras, par la distance qui existe entre le sommet de l’olécrâne et le milieu de l’articulation huméro-radiale ; pour le bifémoro-calcanéen et le plantaire grêle, il est mesuré par la distance qui se trouve entre le sommet du calcanéum et le centre de l’articulation tibio-astragalienne ; pour les ischio-tibiaux, par celle qui sépare le milieu de la cavité cotyloïde de la partie la plus postérieure de l’ischium.
Le bras de la résistance est constamment de beaucoup plus long que le premier : il est, pour les muscles olécrâniens, représenté par toute la longueur du radius ; pour les muscles rotuliens, par celle du tibia, etc.
Le levier du deuxième genre est le plus rare. Le seul à peu près que l’on cite est le bi-fémoro-calcanéen agissant sur le calcanéum et le pied tout entier lors de l’appui sur le sol.
Dans ce cas, le levier est formé par le tarse, le métatarse et la région digitée ; le point d’appui est au sol ; la résistance à vaincre est le poids du corps s’exerçant sur l’articulation tibio-astragalienne, et la puissance, constituée par l’extenseur du métatarse, agit sur le sommet du calcanéum.
Le levier du troisième genre est celui des muscles fléchisseurs. On en trouve de nombreux exemples : les abducteurs, l’adducteur du bras, le coraco-radial, l’huméro-radial, le fléchisseur interne du métacarpe, agissent évidemment sur cette espèce de levier. Il en est de même du moyen fessier, du long vaste, du tibio-pré-métatarsien. Ce levier a le p. 561grand avantage de permettre des mouvements fort étendus par suite d’un raccourcissement très peu considérable du muscle. Il suffit, par exemple, que le fléchisseur du métacarpe se contracte faiblement pour que le pied s’élève à une grande hauteur au-dessus du sol. C’est le véritable levier de la vitesse.
Nous allons maintenant dire un mot des différents actes de l’appareil locomoteur résultant de la contraction musculaire, c’est-à-dire des attitudes, des mouvements sur place et des mouvements progressifs en général.
2. — Attitudes.
On donne le nom d’attitudes aux diverses positions dans lesquelles les animaux se trouvent à peu près immobiles, soit debout, soit couchés sur le sol. Cette qualification s’applique à la station et au décubitus ou coucher.
1° Station. — Nous n’avons pas à nous occuper ici des différentes distinctions établies dans la station chez le cheval (voy. IIe partie, chap. IV, De la locomotion). Le seul point que nous ayons à examiner est le mécanisme suivant lequel elle s’exécute.
Nous choisirons comme type de notre démonstration la station forcée ou quadrupédale, le cheval étant dans la position du placer (voy. fig. 83 du texte).
« Pour peu qu’on réfléchisse sur l’état de l’appareil locomoteur dans la station, il est facile de voir que cette attitude nécessite des efforts musculaires plus ou moins considérables, et que, par conséquent, elle ne peut être indéfiniment prolongée si des dispositions mécaniques ne viennent au secours des puissances musculaires117 . »
Les rayons osseux étant fléchis les uns sur les autres, le poids du corps tend, en effet, à augmenter cette flexion qui, pour être maintenue dans les limites voulues, doit être arrêtée par la contraction des muscles extenseurs. Or, cette contraction ne pouvant être continue (voy. lre partie, ch. III, Muscles), il faut de toute nécessité, sous peine de rendre la station prolongée impossible, que certaines dispositions habilement combinées viennent en aide à l’action musculaire.
C’est ainsi que, dans les membres antérieurs, le pectoral superficiel,p. 562 le sus-épineux et le coraco-radial ou long fléchisseur de l’avant bras, — ce dernier agissant à la fois comme un muscle et comme un ligament excessivement solide, grâce à la présence de fortes lames tendineuses à sa surface et dans son intérieur — s’opposent à l’extrême flexion de l’angle scapulo-huméral ; que le ligament suspenseur du boulet limite l’obliquité de la région digitée, dont la tendance à s’exagérer pendant la station n’eut pu être prévenue par les puissances musculaires seules, etc. C’est encore ainsi que, dans les membres postérieurs, les muscles rotuliens empêchent la flexion incessante de l’angle fémoro-tibial, les jumeaux de la jambe et le perforé, celle de l’angle tibio-tarsien, le ligament suspenseur du boulet, enfin, celle des phalanges.
Examinés dans leur ensemble, les membres antérieurs et les membres postérieurs présentent une conformation identique, tandis que, dans leurs détails, ils offrent des différences marquées, en rapport avec le rôle spécial dévolu a chacun d’eux. Ces différences ayant été mises en évidence à propos de nos généralités (voy. 1er partie, Divisions principales et squelette), nous n’y reviendrons pas ici.
2° Décubitus. — Nous avons vu (IIe partie, chap. IV, Coucher ou décubitus) que le décubitus, chez le cheval, peut se distinguer en décubitus sterno-costal et en décubitus latéral.
Le décubitus sterno-costal exige, comme la station, des efforts musculaires pour soutenir la tête, élever l’encolure et la maintenir tendue, et d’autres efforts pour empêcher que le corps déjà penché ne tombe entièrement sur un côté. Mais les membres sont à peu près au repos.
Dans le décubitus latéral, toutes les parties sont abandonnées à leur propre pesanteur et reposent sur le sol sans effort.
3. — Mouvements sur place.
Les mouvements sur place comprennent le cabrer et la ruade. Ces mouvements ayant été précédemment étudiés par M. Cuyer, nous renvoyons le lecteur aux paragraphes spéciaux qu’il leur a consacrés (voy. IIe partie, chap. VIII). Nous dirons, toutefois, un mot du mécanisme de l’action musculaire dans ces deux actes.
1° Cabrer. — Dans le cabrer, la projection du corps en haut et p. 563en arrière, qui constitue l’élément initial de l’acte, a lieu par la contraction des fléchisseurs des phalanges, qui tendent à redresser l’angle du boulet, alors que le pied est encore à l’appui. La force qu’ils développent se décompose en deux parties : l’une qui pousse le pied contre le sol et qui reste sans résultat utile ; l’autre qui élève les parties supérieures du membre et, avec elles, les régions antérieures du corps.
Le fléchisseur superficiel a, en outre, pour action, de contribuer à étendre l’humérus sur le radius.
Quant aux autres muscles du membre antérieur, ils agissent peu au pas.
Le second temps du cabrer résulte de la participation des muscles ilio-spinal, fessiers et ischio-tibiaux.
L’ilio-spinal contracte, tend le rachis, l’unit solidement à la croupe et transforme la colonne représentée par les vertèbres et le coxal en une tige inflexible que le grand fessier et les ischio-tibiaux font basculer sur la tête du fémur.
Il est facile de se rendre compte que les ischio-tibiaux (long vaste, demi-membraneux, demi-tendineux) agissent ainsi sur un levier du premier genre, dont la puissance est à la tubérosité ischiatique, le point d’appui à l’articulation coxo-fémorale et la résistance dans toutes les parties antérieures du corps ; tandis que le grand fessier exerce son action sur un levier du troisième genre dont le point d’appui et la résistance sont les mêmes que précédemment, mais dont la puissance s’étend du trochanter à l’appendice pyramidal du muscle118 .
2° Ruade.— Le premier mouvement de la ruade consiste en une détente énergique et rapide des membres postérieurs effectuée par la contraction des extenseurs des divers rayons et celle des fléchisseurs de la région digitée. Puis les ischio-tibiaux, le grand fessier et l’iliospinal viennent à leur tour concourir à l’accomplissement de l’acte que nous étudions : les premiers en fléchissant la jambe sur la cuisse ; le grand fessier en attirant le trochanter en avant ; l’ilio-spinal, enfin, en élevant la croupe. Il est à remarquer que l’action de ce dernier muscle est aidée par la fixité que donne à ses attaches antérieures l’abaissement de la tête.
4. — Mouvements progressifs en général.
Les mouvements progressifs sont les actes par lesquels les animaux se transportent d’un point à un autre.
Ces mouvements ayant été étudiés en particulier par M. Cuyer (voy. IIe partie, chap. VII et VIII, Allures du cheval), nous n’examinerons ici que ce qu’ils ont de commun entre eux.
Jeu des membres décomposés en leurs divers rayons. — Dans les mouvements de progression, le jeu des membres comprend deux actions : « l’une par laquelle ils quittent le sol, se portent en avant et arrivent à leur maximum d’élévation ; l’autre par laquelle ils s’étendent et arrivent à l’appui119 . »
1° Le membre antérieur quitte le sol. — En quittant le sol, le membre se porte en avant et s’élève. Par suite, son extrémité inférieure décrit un arc de cercle dont le centre est à la partie supérieure de l’épaule, en même temps que le membre dans son entier se courbe.
L’épaule, dans ce mouvement, se déplace très peu ; toutefois, l’angle scapulo-huméral est porté d’arrière en avant par le mastoïdo-huméral. Pendant que l’épaule éprouve ce déplacement, le bras s’étend légèrement sur elle par l’action du sus-épineux et du biceps.
Mais c’est à partir de l’avant-bras que les grands mouvements du membre ont lieu. Le rayon anti-brachial se porte en avant par le fait de la contraction de ses muscles fléchisseurs (le coraco-radial et l’huméro-radial) ; le genou se fléchit et le métacarpe tend à se rapprocher de la verticale par l’action des fléchisseurs externe, interne et oblique ; la région digitée, enfin, opère sa flexion sur le rayon métacarpien, et la face plantaire du pied se dirige plus ou moins en arrière par suite de la contraction des muscles perforé et perforant.
2° Le membre antérieur retombe sur le sol. — En quittant le sol, le membre s’est à la fois élevé et porté en avant ; le pied, d’autre part, a décrit un arc de cercle à concavité inférieure, « dont la corde, dit M. Colin, peut donner la mesure exacte de l’espace parcouru dans un pas complet, de l’amble, du trot, etc.120 . »
Lorsque ce même membre revient sur le sol et s’y maintient un p. 565instant, l’épaule est ramenée dans sa position par le trapèze cervical, le rhomboïde et l’angulaire. L’angle scapulo-huméral et le bras reviennent en arrière par l’action des pectoraux et du grand dorsal. L’avant-bras reprend sa direction par la contraction des cinq muscles olécrâniens, en même temps que l’extenseur du métacarpe produit le redressement de ce dernier rayon sur l’avant-bras. Enfin, la région digitée revient à la position oblique qu’elle présente pendant l’appui par la contraction des muscles extenseurs des phalanges.
3° Le membre postérieur quitte le sol. — Lorsque le membre postérieur quitte le sol, il s’élève et se porte en avant. La cuisse se fléchit sur le bassin par l’action des psoas et du moyen fessier ; l’angle fémoro-tibial est projeté en haut et en avant ; la jambe opère sa flexion sur la cuisse par la contraction des ischio-tibiaux, le métatarse est fléchi sur la jambe par le tibio-pré-métatarsien ; la région digitée, enfin, se fléchit sur le métatarse par le même mécanisme que dans le membre antérieur, mais elle est toujours moins importée en arrière que chez celui-ci.
4° Le membre postérieur renient à l’appui. — Dans le retour du membre abdominal à l’appui, la cuisse est étendue sur le bassin par le grand fessier ; la jambe l’est sur la cuisse par les muscles rotuliens ; enfin, le métatarse est redressé par le bi-fémoro-calcanéen, et la région digitée reprend son angle de flexion par la contraction des extenseurs des phalanges.
Le pied, en retombant sur le sol, éprouve un choc qui se fait successivement sentir dans les diverses sections de l’appareil locomoteur, mais s’affaiblit insensiblement de l’extrémité inférieure à l’extrémité supérieure des membres, grâce à leur mode d’union avec le tronc, à la flexion des rayons et à l’élasticité du pied. Ces causes d’amortissement du choc ont été précédemment examinées (voy. Ire partie, Divisions principales et squelette, et IIe partie, Pied).
Il sera facile au lecteur, à l’aide des pl. XI, XII, XIII et XIV, de se rendre compte des mouvements que nous venons d’analyser ; il pourra même très aisément les reproduire avec la planche VI.
Nous devrions passer en revue l’action de chaque extrémité dans son ensemble, l’impulsion, les réactions et les déplacements du centre de gravité ; mais ces questions ayant été traitées à propos des allures, p. 566nous renverrons au chapitre VII de la IIe partie (Oscillations des membres du cheval).
Notre but, d’ailleurs, n’était pas de traiter des divers mouvements en particulier, mais d’analyser le mécanisme de l’action musculaire, soit dans la station, soit dans le coucher, soit dans les mouvements sur place, soit enfin dans les mouvements progressifs en général.
1 | Il y a lieu de faire remarquer que nous supposerons toujours l’animal dépecé, la peau ayant été précédemment décrite avec tous les détails que comporte son rôle si complexe et si important (Voy. Ire partie, Membranes tégumentaires, et IIe partie, Pied). |
2 | Traité de physiologie comparée des animaux domestiques, 2e édition, p. 610. , |
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8 | À l’aide d’un faisceau volumineux qui se détache du corps supérieur, et dont Bourgelat a fait un muscle distinct, le stylo-maxillaire. |
9 | Chez l’homme, la cavité orbitaire est entièrement limitée par des parois osseuses ; aussi, ne voit-on pas, chez lui, de gaine fibreuse oculaire. |
10 | Traité de l’extérieur du cheval, 4e édition. Paris, 1870, p. 223. , |
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14 | Cours de physiologie, 4e édition. Paris, 1879, p. 613. , |
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18 | Aussi accuse-t-elle, comme celle des côtes et des flancs, toute irrégularité de la respiration (voy. IIIe partie, chap. II, § 2, Rythme de la respiration). |
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20 | Os styloïde de quelques auteurs. |
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22 | Nous ne reviendrons pas ici sur l’insalivation, qui a été étudiée précédemment (voy. 1er plan, Appareil salivaire). |
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27 | Voy. l’excellent travail de Étude sur le cornage chronique, Paris, 1803. , vétérinaire militaire, intitulé : |
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31 | Il est à remarquer que ces sillons restent séparés par deux minces rubans de matière nerveuse : l’un, inférieur, formé de substance blanche (commissure blanche) ; l’autre, supérieur, constitué par de la substance grise (commissure grise). |
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44 | Recherches expérimentales sur les propriétés et les fonctions du système nerveux, p. 203. , |
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47 | Leçon de pathologie comparée (La nature vivante de la contagion), Paris, 1884, p. 37. , |
48 | De l’Instinct et de l’Intelligence. Paris, 1883. , |
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52 | De l’Instinct et de l’Intelligence, 1883, p. 49. , |
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54 | Éloge de Broussais (Mémoires de l’Académie de médecine, Paris, 1849, t. XIV, p. 1). , |
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59 | Dissertation physique sur les différences réelles que présentent les traits du visage, etc., par . Utrecht, 1791, pp. 34 et suivantes. |
60 | L’ordre que nous avons adopté ici s’applique exclusivement à la description de la tête et ne sera pas suivi pour les autres divisions, dont l’ostéologie, bien moins compliquée, n’a pas besoin d’être décrite d’une façon tout à fait spéciale. |
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62 | Formé de deux portions latérales, ce muscle comprend une succession de faisceaux tendineux. Le plus postérieur de ces faisceaux s’étend du corps des six premières vertèbres dorsales sur la sixième apophyse trachélienne ; tandis que les autres se portent des apophyses transverses des six dernières vertèbres cervicales à la crête inférieure du corps des six premières. |
63 | D’après certains auteurs, les deux mouvements mettraient, au contraire, un temps égal à s’effectuer. |
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65 | MM. Arloing et Tripier ont remarqué que l’excitation du pneumogastrique droit a plus d’action sur le cœur que celle du gauche. Celui-ci agit plus spécialement sur le poumon. |
66 | Cours de physiologie, 5e édition, 1883, p. 238. , |
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69 | loc. cit., t. II. , Traité de physiologie comparéé des animaux domestiques, 2e édition, Paris, 1873t. II. , |
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71 | Il a été démontré que l’action du suc pancréatique n’est pas indispensable à l’absorption des graisses : M. Colin a effectivement enlevé le pancréas tout entier à un porc, sans que celui-ci en souffre et que son embonpoint diminue. |
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73 | Bulletin de l’Académie de médecine, t. XVII, pp. 647 et suivantes, mai 1852. |
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82 | Celle-ci présente, en effet, un revêtement épidermique, des poils et une couche spéciale de graisse (panicule adipeux), dans l’épaisseur du derme, qui la rendent très mauvaise conductrice du calorique. |
83 | De là l’indication de placer les jeunes animaux dans des écuries chaudes. |
84 | Pour déterminer la température du cheval, on se sert d’un thermomètre spécial, qu’on introduit dans le rectum. |
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86 | Traité d’obstétrique vétérinaire, Paris, 1875, p. 6. , |
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91 | Mémoire sur la cryptorchidie, in Recueil de médecine vétérinaire, année 1836, p. 820. , |
92 | Dans le même escadron d’un régiment de cavalerie monté en chevaux français et, par conséquent, castrés, nous avons vu trois juments devenir successivement pleines sans qu’il ait été possible, tout d’abord, de déterminer, même approximativement, dans quelle circonstance s’était faite la fécondation. Ce n’est que plus tard, quand nous avons acquis la certitude, non seulement qu’il existait un cheval cryptorchide dans l’escadron, mais que des gardes d’écurie s’étaient souvent amusés à lui faire saillir les juments de la travée où il se trouvait, qu’il nous a été permis de rattacher l’état de plénitude des juments en question à la présence d’un cheval cryptorchide au milieu d’elles. D’ailleurs, ce dernier ayant été réformé par la suite, nous n’avons pas vu, depuis, se produire des cas de gestation parmi les juments du régiment autres que celles arrivant des dépôts de remonte. |
93 | D’après Marion Sims (Notes cliniques sur la chirurgie utérine, traduction française, Paris, 1872), les spermatozoïdes peuvent même vivre dans le col de l’utérus jusqu’à huit jours après le dernier coït. |
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95 | La consanguinité, en effet, ne peut qu’accentuer les bons comme les mauvais caractères. |
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97 | Hérédité ancestrale, de race, ou atavisme. |
98 | Hérédité individuelle. |
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100 | Hérédité sexuelle. |
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102 | L’embryon prend le nom de fœtus quand les différentes parties qui le composent ont acquis assez de développement pour être aisément distinguées à l’œil nu. |
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106 | Ainsi nommés parce qu’ils prennent leur insertion mobile en commun sur le sommet de l’olécrâne et servent à étendre l’avant-bras. On les distingue en long, gros, court, moyen et petit extenseurs. |
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108 | La flexion est le mouvement qui rapproche l’un de l’autre deux rayons osseux, en fermant de plus en plus leur angle de réunion. |
109 | Non compris le tronc commun des deux artères carotides, qui émane de Tarière axillaire droite, près de son origine. |
110 | Les anciens anatomistes ne comprenaient point le droit antérieur dans le triceps crural. Ils désignaient sous cette dénomination le vaste externe, le vaste interne et le muscle crural ou sous-crural, petit faisceau charnu situé en avant de l’extrémité inférieure du fémur, entre cet os et le droit antérieur, et que l’on rattache aujourd’hui au vaste interne (voy. Membre postérieur, face interne, IVe plan). |
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113 | Nous laisserons toutefois de côté l’ischio-coccygien qui, bien que non visible sur le Ve plan de la pl. XIII, a été étudié en même temps que les autres muscles de ce plan dans le but de ne pas scinder en deux parties la description de l’appareil locomoteur de la queue. |
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115 | Cette branche se subdivise à son tour en artères abdominale postérieure (paroi abdominale inférieure) et honteuse externe, laquelle se partage elle-même en artère sous-cutanée abdominale et dorsale antérieure de la verge ou mammaire. |
116 | Il est à noter que ce muscle n’agit par un levier du premier genre que quand le membre est soulevé de terre. Nous verrons, en effet, dans un instant, qu’il joue le rôle de levier du second genre ou interpuissant lorsque le sabot repose sur le sol. |
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