Le vol des recherches de Dürer

L’été 1528 à Nuremberg fut particulièrement agité. La ville pleurait encore son grand artiste, Albrecht Dürer, qui venait de disparaître au printemps. Dans le sillage de sa mort, est paru un fascicule d’une dizaine de pages sur les proportions idéales du cheval, signé par un petit maître graveur du nom de Hans Sebald Beham. Le concile de Nuremberg le fait saisir illico, sur l’instigation de la veuve de Dürer et de Willibald Pirckeimer, juriste et figure importante de la ville. Beham, qui avait déjà été condamné en 1525 pour avoir défié les dogmes luthériens après la Réforme, n’a pas d’autres choix que de s’enfuir de Nuremberg pour éviter une nouvelle arrestation.

Dises buchlein zeyget an und lernet ein masz oder proporcio der Ross (Nurmberg, 1528)
Dises buchlein zeyget an und lernet ein masz oder proporcio der Ross (Nurmberg, 1528)

On sait que Dürer préparait un Livre du peintre , qui ne fut jamais publié, et dans lequel il voulait aborder les mesures humaines, celles du cheval, celles de l’architecture, et enfin la perspective avec l’ombre et la lumière. Joachim Camerarius, grand amateur de chevaux et ami de Dürer (il avait notamment traduit en latin son Traité des proportions du corps humain ), a signalé que, lors de son voyage à Venise entre 1505 à 1507, le maître graveur s’était fait voler dans son atelier toutes ses recherches sur la mesure idéale du cheval, inspirées des études de Léonard de Vinci pour le monument Sforza dont on peut retrouver le trait dans Le Petit cheval (1505) (ill. haut, droite).
Le cheval de Beham sera reproduit dans l’ Hippiatria — 1531 de Lorenzo Rusio (ill. haut, gauche).

L’attribution originale des dessins du Dises buchlein zeyget an und lernet ein masz oder proporcio der Ross reste incertaine. Beham s’est-il inspiré du travail de Dürer qu’il avait rencontré, a-t-il été son élève ? Ou s’est-il servi sciemment des recherches volées, comme il en a été accusé ? Le mystère sur ce plagiat demeure.

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