« Les représentations de l’âne dans la littérature enfantine sont innombrables; on
le rencontre partout et dans tous les genres (fables, romans, albums, comptines, etc...
). Cette omniprésence s’explique facilement : c’est que l’âne a longtemps vécu dans
une grande intimité avec l’homme, comme le montrent les données démographiques (10
ânes pour 1000 habitants jusqu’à l’ère industrielle) ou les données économiques sur
l’utilité de l’âne et son rendement au travail. Les représentations de l’âne dans
la littérature enfantine sont loin d’être univoques; il est tantôt valorisé à l’excès,
et on lui prête alors des qualités d’intelligence, de bonté, de patience et d’endurance,
tantôt dévalorisé à l’extrême, et on lui prête alors les défauts de stupidité, d’entêtement,
de méchanceté ou de paresse; au-delà des justifications qu’apporte la biologie à ces
traits de caractère, cette ambivalence renvoie, au fond, à la complexité de l’enfant
qui est lui même tantôt intelligent, tantôt bête, tantôt gentil, tantôt méchant, tantôt
travailleur, tantôt paresseux. Les textes où intervient un âne jouent presque toujours
sur un mécanisme d’identification : l’âne est, pour l’enfant lecteur, un autre lui-même;
il joue le rôle de miroir. La littérature enfantine poursuit généralement plusieurs
buts : un but ludique (amuser), un but pédagogique (instruire), un but moral (dire
le bien) et un but psychologique (aider la personnalité à se construire en présentant
des conflits). Dans tous les cas, l’âne est là, dans la littérature enfantine, pour
aider l’enfant à grandir. » Présentation de l’éditeur (2003)