Bibliothèque mondiale du cheval

Le Cheval oublié / GRANGE Yves, 1981
Le Cheval oublié. Essai sur les aspects socio-politiques de la relation de l’homme et du cheval en France (1614-1914) — Yves Grange; sous la direction de François d’Arcy. / GRANGE Yves
: Grenoble , Institut d’études politiques, 1981
: thèse de 3 e cycle Science politique Grenoble 2
: 1 vol.
: 412 p.
: 29,7 cm
: Illustrations
Français

: Art / Essai

« La raison cavalière fut-elle une raison d’État ? La question étonnera nos modernes théoriciens du pouvoir qui ont depuis longtemps oublié le cheval. Par raison cavalière, j’entends l’exigence qu’ont les hommes de cheval de se soumettre l’animal et de le produire pour des projets qui sont avant tout guerriers. Affaire politique par excellence, d’autant que ceux qui ont le privilège de monter à cheval sont ceux-là mêmes qui ont le privilège du commandement. À mesure que disparaissent la féodalité et sa chevalerie, tout se concentre en la personne du roi : l’art équestre comme rapport du corps de l’homme à celui de l’animal, la sélection des chevaux par l’élevage, l’ordonnancement de la cavalerie. Au XIX e siècle, nouveau changement. Les fantasmes que la noblesse avait investis dans le cheval, la bourgeoisie les investit dans la machine. Ce n’est plus le corps du roi qui sert de référent, mais le corps social. De nouvelles formes d’autorité apparaissent, lentement le cheval cède la place. C’est ce double mouvement dont j’ai voulu rendre compte. Tâche démesurée si elle se voulait exhaustive. Mais il m’est apparu que, dans le vide quasi total dans lequel de telles recherches pouvaient s’effectuer, il fallait, avant tout travail approfondi, disposer d’une esquisse. De 1614, date à laquelle Louis XIII atteint sa "majorité" et perfectionne sous la direction de Pluvinel son apprentissage équestre, à 1914 qui marque avec la première guerre mondiale la fin de la cavalerie, trois siècles s’écoulent pendant lesquels l’histoire du cheval est intimement liée à celle de l’émergence et de l’affirmation de l’Etat moderne. Trois siècles pendant lesquels raison cavalière et raison d’État vont converger avant de devenir si étrangères l’une à l’autre que le souvenir même de cette convergence va s’évanouir. Ce souvenir ne reste-t-il pourtant pas, à qui sait le voir, sculpté dans la pierre et le bronze des statues équestres ? » Présentation de l’éditeur (1981)