Bibliothèque mondiale du cheval

« En publiant ce livre comme conclusion de mes études à la Faculté de droit de Paris, je sais que je m’expose à la douce ironie, peut-être même à la sévère réprobation des juristes.
On ne manquera pas de m’accuser d’avoir le jugement singulièrement perverti pour préférer aux belles disciplines du Droit que pendant cinq ans des Maîtres éminents ont essayé de m’inculquer un sujet aussi indigne, j’allais dire, aussi scandaleux, que les courses de chevaux.
Que n’a-t-on pas dit des courses ? Dans certains milieux, il n’y a pas d’épithètes assez dures pour les stigmatiser : les courses, passe-temps ruineux de ceux que la fortune a désœuvrés, distraction malsaine d’un peuple en décadence, parade inconsistante à l’abri de laquelle des milliers de joueurs, atti rés par l’espoir immoral et trompeur d’atteindre la richesse sans travailler se ruinent d’autant plus sûrement qu’ils perdent l’habitude de gagner honnêtement leur vie. Cependant en dépit de ces critiques, les courses persistent, les courses progressent; elles constituent à l’heure actuelle un fait considérable.
Aussi, attiré par le charme des choses qu’on dit dangereuses, j’ai voulu voir de près le monstre. À vrai dire, j’avais mon entrée dans le turf sur un charmant hippodrome du Sud-Ouest, à un Age où j’aurais pu facilement faire le bottom-weight du moins limite des handicaps, mais je ne veux pas faire état de ces débuts; la science des courses est pétrie de raisonnements et à cette époque le miroitement des casaques attirait toute mon attention.[…] » Présentation de l’éditeur (1937)