Bibliothèque mondiale du cheval

« Le cheval s’est taillé une place à part dans la sensibilité de l’homme, dans son envie, son admiration, son respect, dans son affection, enfin; une place qui fut religieuse, familiale, à la fois mystique et humaine. Du grand seigneur au rustre, du riche au pauvre, du petit maître au truand, tous s’y sont intéressés, s’y intéressent encore, ne serait-ce que pour le jeu.
Il n’y a guère d’aristocratie sans l’amour du cheval et les gens les moins chevaleresques, de la loge au faubourg, le respectent pourtant, à la lueur du pari mutuel et des books.
Mais jadis, jadis !… alors, quel engouement, quelle emprise, quel enthousiasme !… Plus que toute autre conquête, celle du cheval sut amplifier la valeur et la puissance de l’homme. Le cheval nous augmente par la translation facile, par la translation rapide. Ce fut lui qui rejoignit les amants, entraîna les amoureux, nous rendit plus prompts que le cerf, plus mobiles que les migrateurs; nous conféra cette ubiquité où l’esprit le plus fruste trouve une poésie; nous permit des victoires, et, centuplant nos élans, changea le rythme de la vie. Sa découverte est, avec celles du feu et de la navigation, la grande trouvaille primitive. Avec lui, l’homme échappait à son infirmité casanière : il devenait, après l’arboricole timide, après le troglodyte humilié, le coureur libre des espaces…[…] » Présentation de l’éditeur (1947)