Commission d’hygiène hippique, Cours abrégé d'hippologie, Paris, 1875.
p. 250

Chapitre XVII
Du cheval malade

De même que l’étude des vices, l’examen des caractères généraux qui distinguent à première vue l’animal malade de l’animal en bonne santé nous paraît devoir nécessairement compléter les chapitres précédents.

Quelques qualités physiques ou morales, en effet, que le cheval présente, il est indispensable qu’elles coexistent avec un parfait état de santé, sous peine de perdre leur signification relativement à la valeur de l’animal.

Or, c’est précisément dans le but de mettre le lecteur en garde contre toute erreur qui pourrait résulter de la non-connaissance des signes qui indiquent un trouble quelconque des fonctions animales, que nous nous sommes décidé à intercaler ce chapitre dans notre travail.

Laissant de côté les maladies dites externes, telles que blessures, plaies, tares des membres, affections de l’œil, de la peau, du pied, etc., etc., dont les plus importantes ont été précédemment examinées et qu’il est, d’ailleurs, toujours assez facile de reconnaître, en ce sens qu’elles attaquent des organes sensibles à la vue, nous nous occuperons exclusivement des maladies internes, locales ou générales, qui affectent les organes et les fonctions plus ou moins hors de la portée des sens (fluxion de poitrine ou pneumonie, entérite ou inflammation de l’intestin, fièvre typhoïde, etc., etc.).

Dans ce cas, outre les caractères particuliers à chaque maladie, caractères sur lesquels nous n’avons pas à nous étendre ici, on constate un ensemble de symptômes généraux qui, sans préciser le siège de l’affection, indiquent au moins que l’animal est malade.

Celui-ci, en effet, ne mange plus ou a perdu une partie de son appétit. Il est triste, inattentif à tout ce qui l’entoure, porte la tête basse, et se tient éloigné de la mangeoire au bout de sa longe (fig. 105 du texte). L’œil a perdu une grande partie de son expression ; les naseaux sont plus ou moins dilatés ; les poils sont ternes et s’arrachent souvent avec facilité ; la respiration est accélérée ; la bouche et la peau ont p. 251une température plus élevée qu’à l’état sain ; enfin, la muqueuse de l’œil est injectée ou très pâle.

Souvent, en même temps, le malade tousse, comme cela arrive dans le cas de bronchite, de pneumonie, etc., ou s’agite, se tourmente, ainsi qu’on le remarque toutes les fois que le tube intestinal est affecté.

Fig. 105. — Physionomie du cheval malade.

p. 252Quoi qu’il en soit, « si la tristesse persiste, si les yeux sont rouges ou pâles, si le flanc est agité, et la température du corps élevée ou abaissée, l’animal est gravement malade...

« Si le cheval est triste, a de la peine à manger ; s’il a la bouche chaude et baveuse, et rejette des parcelles d’aliments par les naseaux, c’est le signe d’une inflammation de la gorge...

« Lorsque le cheval s’agite, se couche, se roule sur le sol, se relève pour se recoucher de suite, regarde son flanc, se plaint et se campe comme pour uriner, c’est l’indice qu’il est affecté de coliques.... »1.

Il est évident que la réunion de tous les caractères ci-dessus énumérés, ou de quelques-uns d’entre eux, alors qu’ils sont bien tranchés, ne peut guère laisser de doute sur l’état de santé du cheval ; mais c’est quand ces mêmes caractères sont vagues, peu accusés, à leur période de début, ou encore quand ils ont été plus ou moins masqués par une ruse du marchand, qu’il est indispensable d’avoir bien dans l’œil la physionomie du cheval malade.