Vallon, Cours d'hippologie à l'usage de MM. les officiers de l'armée, 3e édition, Paris, 1880, tome 1.
Goubaux et Barrier, De l’extérieur du cheval, Paris, 1884.
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Chapitre IX
Allures irrégulières et défectuosités des allures

A. — Allures irrégulières.

Les principales de ces allures sont : le pas relevé, l’amble rompu, le traquenard, l’aubin et le galop à quatre temps. Quelques auteurs y comprennent encore l’amble ordinaire ; mais, cette allure pouvant être naturelle et se trouvant, d’ailleurs, décrite dans les chapitres spéciaux de M. Cuyer, nous ne nous en occuperons pas ici.

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a. — Pas rélevés

Encore appelé haut pas, entre-pas, le pas relevé s’exécute comme le pas ordinaire, en quatre temps ; mais ceux-ci sont plus précipités et ne présentent pas la même régularité dans les espaces qui les séparent. Cette allure est plus vite que le pas et, « contrairement à ce que son nom indique, dit M. Vallon1, les membres rasent le tapis. »

b. — Amble rompu

Dans l’amble rompu (voy. chap. VIII, Amble), les levers et les posers latéraux ont lieu isolément ; de sorte que les chevaux qui le marchent font entendre quatre battues, au lieu de deux qu’on perçoit dans l’amble ordinaire. Cette allure est plus rapide que l’amble ordinaire et tout aussi douce que celui-ci pour le cavalier.

c. — Traquenard

Le traquenard est un trot rapide, sauté, irrégulier, dur, décousu. C’est du moins la définition que nous préférons ; car les auteurs sont, loin d’être d’accord sur ce point, et beaucoup considèrent le traquenard comme un amble rompu.

d. — Aubin

L’aubin est un mélange confus du trot et du galop. Le plus ordinairement, le cheval galope du devant et trotte du derrière ; quelquefois, cependant, c’est le devant qui trotte et le derrière qui galope. Dans tous les cas, cette allure étant le résultat de l’usure, doit être considérée comme des plus défectueuses.

e. — Galop à quatre temps

Le galop à quatre temps est une allure raccourcie, enlevée, s’effectuant p. 185pendant que l’animal est rassemblé. Elle diffère du galop ordinaire en ce que les membres font entendre quatre battues au lieu de trois. Le galop à quatre temps, d’après M. Vallon, fatigue considérablement l’arrière-main ; mais il donne à l’avant-main plus de grâce et de brillant.

B. — Défectuosités des allures

Les défectuosités des allures peuvent se manifester dans toutes indistinctement, qu’elles soient naturelles ou irrégulières. Elles ont reçu des dénominations particulières.

1° Cheval qui trousse. — On dit qu’un cheval trousse quand, au trot, le genou se lève haut sans que le membre gagne du terrain en avant. Ce défaut nuit à la rapidité des allures.

2° Cheval qui rase le tapis. — Ce défaut est l’opposé du précédent ; les extrémités du cheval qui le présentent s’élèvent très peu au-dessus du sol, et exposent l’animal à butter.

3° Cheval à épaules froides ou chevillées. — (Voy. IIe partie, chap. III, Épaule.) [•]

4° Cheval qui se berce. — Le cheval qui se berce est celui dont le corps, pendant les allures, éprouve un balancement latéral très prononcé. Ce défaut ralentit l’allure.

5° Cheval qui billarde. — On dit que le cheval billarde lorsqu’il jette, en marchant, les membres antérieurs en dehors. Le cheval qui présente ce défaut manque de franchise dans les allures.

6° Cheval qui se coupe. — Le cheval s’attrape, s’atteint, se coupe, s’entre-taille lorsque, pendant la marche, le membre en l’air du bipède antérieur ou postérieur vient frapper le membre à l’appui.

Ce défaut est assez grave, à moins qu’il ne soit le résultat du jeune âge, d’un défaut d’habitude ou d’une mauvaise ferrure.

7° Cheval qui forge. — On dit que le cheval forge quand, dans la marche, il atteint ou frappe avec la pince des pieds de derrière les éponges ou la voûte des fers antérieurs. On remédie facilement à ce défaut par une ferrure spéciale.

8° Cheval à éparvin sec. — L’éparvin sec est caractérisé par un mouvement de flexion brusque du jarret dès que le membre quitte le sol. Ce mouvement est connu sous le nom de harper. « On ne sait pas encore d’une manière bien exacte, disent MM. Goubaux et p. 186Barrier2, quelle est la cause de ce symptôme remarquable. Quoi qu’il en soit, le cheval qui en est atteint ne peut guérir, et, par conséquent, a perdu beaucoup de sa valeur. Cela ne veut pas dire qu’il ne puisse être encore utilisé, même à un service pénible. »

9° Cheval à jarrets vacillants. — Les jarrets sont dits vacillants lorsqu’au moment de l’appui, ils sont mal affermis et éprouvent quelques mouvements latéraux. Ce défaut est souvent, mais non toujours, un indice de faiblesse. Nous connaissons d’excellents et solides chevaux à jarrets vacillants.

10° Cheval à effort de reins. — On entend par effort de reins un état douloureux de la région lombaire dû, soit à un effort, soit à toute autre cause. Cette affection se traduit dans la marche par un défaut d’harmonie entre la partie antérieure et la partie postérieure du corps, par une vacillation très prononcée de l’arrière-main, dont les membres se posent sur le sol sans régularité et sans solidité, imitant assez bien la marche d’un homme ivre. Le cheval à effort de reins ne peut reculer ou recule très difficilement ; si, d’autre part, on veut le faire tourner, l’avant-main seul exécute le mouvement, les pieds de derrière restant à peu près fixes et servant de pivot.

L’effort de reins, même léger, guérit rarement et doit faire rejeter le cheval qui en est atteint, surtout s’il est destiné au service de la selle.

11° Boiteries ou claudications. — On appelle ainsi « une irrégularité de la marche déterminée par l’inégalité ou l’impuissance d’action d’un ou de plusieurs des membres locomoteurs3. »

Les boiteries dépendent d’une foule d’affections ayant leur siège sur l’une ou l’autre des régions des membres, mais plus généralement dans le pied. Elles sont dites congéniales quand l’animal les apporte en naissant, et acquises, lorsqu’elles sont le résultat de maladies, d’usure, etc.

On les divise encore en boiteries permanentes et en boiteries intermittentes.

Les premières disparaissent après la guérison ; les secondes cessent, puis reparaissent au bout d’un certain temps. Celles-ci se montrent, ou après le travail (boiteries à chaud), ou après le repos (boiteries à froid).

p. 187Suivant le degré de la claudication, on dit que le cheval feint, boite, boite tout bas ou marche sur trois jambes.

La boiterie bien développée se reconnaît facilement : l’appui du membre douloureux est plus court, moins franc que celui de son congénère, qui prolonge le sien pour suppléer à la diminution de l’appui de l’extrémité souffrante.

De plus, si le cheval boite du devant, au moment où le membre malade va tomber sur le sol, il relève la tête et la porte du côté du membre non souffrant, afin de repousser sur celui-ci et sur le bipède postérieur une plus forte partie du poids du corps. Puis, la tête retombe au moment du poser du membre sain, en s’inclinant vers lui.

Si, au contraire, l’animal boite d’un membre postérieur, c’est la hanche qui se soulève au moment de l’appui ; en même temps, la tête s’abaisse pour décharger l’arrière-train.

Le plus grand nombre des boiteries ayant, comme nous l’avons dit, leur siège dans le pied, il faut toujours examiner cette région avec soin. La chaleur du sabot, l’appui en pince, rendent encore cette exploration plus nécessaire.

Nous ne dirons rien des différentes expressions des boiteries, suivant le siège qu’elles occupent ; cette étude appartient à la pathologie.

La loi du 2 août 1884 a admis les boiteries intermittentes au nombre des vices rédhibitoires.

1

Vallon, loc. cit., p. 154  .

2

Goubaux et Barrier, loc. cit., p. 658.

3

H. Bouley, Nouveau dictionnaire, t. IV, p. 441.