Goubaux et Barrier, De l’extérieur du cheval, Paris, 1884.
De Solleysel, Le véritable parfait mareschal, 3e édition. Paris, MDCLXXII, p. 8.
Général E. Daumas, Les chevaux du Sahara et les mœurs du désert, 8e édition. Paris, 1881.
Richard, Étude du cheval de service et de guerre. Paris, 6e édition.
Commission d’hygiène hippique, Manuel de maréchalerie.
p. 42

Chapitre II
Étude des régions

Nous avons divisé le corps du cheval en trois parties principales : la tête, le corps, les membres, et en régions secondaires. Nous allons examiner dans ce chapitre celles de ces dernières régions comprises p. 43dans le tableau synoptique ci-dessous, et représentées dans la planche I, premier plan, et sur les figures 11, 12 et 13 du texte.

Tableau des régions

I. — TÊTE.

Face antérieure.

Front.

Chanfrein.

Bout du nez.

Faces latérales.

Oreilles.

Tempes.

Salières.

7° Sourcils.

Œil.

Joues.

10° Naseaux.

Face postérieure.

11° Auge.

12° Ganaches.

13° Barbe.

Extrémité inférieure.

14° Bouche.

a. Lèvres.

b. Dents et gencives.

c. Barres.

d. Langues.

e. Canal.

f. Palais.

Extrémité supérieure

15° Nuque.

16° Toupet.

17° Parotides.

18° Gorge.

II. — CORPS

Face supérieure

19° Encolure.

a. Crinière.

20° Garrot.

21° Dos.

22° Reins.

23° Croupe.

24° Hanches.

Extrémité antérieure.

25° Poitrail.

26° Inter-ars.

27° Ars.

Face inférieure.

28° Passage des sangles.

29° Ventre.

Faces latérales.

30° Côtes.

31° Flancs.

32° Aînes.

Extrémité postérieure.

33° Queue.

34° Anus.

35° Périnée.

a. Raphé.

Organes génitaux.

Mâle.

36° Testicules et bourses.

37° Fourreau et verge.

Femelle.

38° Vulve.

39° Mamelles.

III. — MEMBRES.

Antérieurs.

40° Épaule.

41° Bras.

42° Coude.

43° Avant-bras.

44° Châtaigne.

45° Genou.

Postérieurs.

46° Cuisse.

47° Fesse.

48° Grasset.

49° Jambe.

50° Jarret.

51° Châtaigne.

52° Canon et tendons.

53° Boulet.

54° Fanon et ergot.

55° Paturon.

56° Couronne.

57° Pied.

I. — Tête

Située en avant du tronc et à l’extrémité du bras de levier représenté p. 44p. 45par l’encolure, la tête a une très grande influence sur la position du centre de gravité et conséquemment sur la station et les mouvements de l’animal. Elle est, de plus, très importante à étudier, eu égard au grand nombre d’organes essentiels et de régions qu’elle renferme. On lui reconnaît quatre faces, une base et un sommet.

Fig. 11. — Les régions sur le cheval vu de profil.

1. Lèvres.2. Bout du nez.3. Chanfrein.4. Front.5. Salière.6. Toupet.7. Oreilles.8. Ganache et auge.9. Joue.10. Naseau.11. Nuque.11’. Gorge.12. Parotide.13. Encolure.13’. Crinière.14. Gouttière de la jugulaire.15. Poitrail.16. Garrot.17. Dos.18. Côtes.19. Passage des sangles.19’. Veine de l’éperon.20. Reins.21. Croupe.22. Queue.23. Anus.24. Flanc.25. Ventre.26. Fourreau.27. Testicules.27’. Veine saphène.28. Épaule et bras.28’. Pointe de l’épaule.29. Coude.30. Avant-bras.31. Châtaigne.32. Genou.33. Canon et tendons.34. Boulet.35. Paturon.36. Couronne.37. Pied antérieur.38. Ergot et fanon.39’. Hanche.40. Cuisse.41. Grasset.42. Fesse.43. Jambe.44. Jarret.45. Châtaigne.46. Canon et tendons.47. Boulet.48. Ergot et fanon.49. Paturon.50. Couronne.51. Pied postérieur.

Fig. 12 et 13. — Les régions sur le cheval vu de face et de derrière. (D’après Duhousset, Le cheval. Paris, Desfossés, 1881.)

Nous allons d’abord examiner en particulier chacune des régions qui la constituent ; nous dirons ensuite un mot de l’ensemble de ces régions.

A. — Face antérieure.
a. — Front.

Cette région, qui occupe la partie antérieure et supérieure de la tête, a pour base osseuse l’os frontal (voy. pl. VII). Elle est d’autant plus belle qu’elle est plus large et mieux musclée.

On a dit que le développement transversal du front était un indice certain de l’intelligence du cheval, que le front étroit, bombé, annonçait la rétivité. Si cela est souvent vrai, il n’en est pas moins certain p. 46que les exemples du contraire sont nombreux. Toutefois, les Arabes, dont les appréciations relativement au cheval ne doivent jamais être négligées, rangent le front dans les choses qui doivent être larges. Les anciens eux-mêmes recherchaient un front développé, comme semble le prouver le cheval de Marc-Aurèle, au Capitole, dont le front, très large, rappelle celui du bœuf1.

b. — Chanfrein.

Le chanfrein, qui a pour base principale les os sus-nasaux (voy. pl. VII), doit être aussi large que possible ; car, de sa largeur dépend l’ampleur des cavités nasales, premières parties des voies respiratoires.

Le chanfrein a des formes, des directions variées, qui ont fait donner à la tête des noms différents.

c. — Bout du nez.

Située entre les deux naseaux, au-dessus de la lèvre supérieure, cette région, peu importante à étudier, doit être large et exempte de tares, celles-ci étant généralement la suite de chutes qu’a faites le cheval, par suite d’usure ou de faiblesse des membres.

B. — Faces latérales.
a. — Oreilles.

Placées en haut et de chaque côté de la tête, les oreilles constituent les ouvertures externes de l’appareil auditif. Elles doivent être en proportion avec le volume du corps ; mais plutôt minces et courtes que longues : « Les oreilles minces et mobiles, ainsi que les yeux saillants, annoncent toujours, d’après les Arabes, que le cœur fonctionne bien, et que l’animal est énergique. » On les préfère aussi franchement dirigées en avant et assez écartées de la ligue médiane, ce qui permet d’apprécier, jusqu’à un certain point, la largeur du crâne.

Déjà, du temps de Xénophon, on recherchait les oreilles ainsi conformées ; p. 47d’où la préférence accordée aux chevaux bucéphales, qu’on rencontrait surtout en Thessalie.

Courtes, bien placées, franchement dirigées en avant, les oreilles sont dites hardies ou de renard (fig. 14 du texte).

On exprime qu’elles sont larges, longues, lourdes, épaisses, dirigées horizontalement, en qualifiant le cheval de mal coiffé, d’oreillard.

Fig. 14. — Oreilles hardies ou de renard.

Fig. 15. — Oreilles pendantes ou de cochon.

Si elles tombent fortement en dehors, on les appelle oreilles de cochon (fig. 15 du texte) : « S’il marquoit chaque pas, dit de Solleysel, par un mouvement d’oreilles de haut en bas, il auroit cela de commun avec les cochons2. »

Le cheval dont les oreilles sont continuellement en mouvement (oreilles inquiètes) a ordinairement la vue mauvaise ; il tâche, en quelque sorte, de voir par les oreilles.

Celui qui les couche en arrière a l’intention de mordre ou de frapper.

Les tares des oreilles sont nombreuses et intéressantes à connaître :

On ne rencontre plus aujourd’hui de chevaux ayant les oreilles coupées ; mais, au siècle dernier, on coupait fréquemment ces organes vers le milieu de leur hauteur, et l’on désignait le cheval qui avait subi cette mutilation sous les noms de moineau, bretaud ou bretaudé.

Il y a peu de temps encore, il était d’usage, dans l’armée, de fendre l’oreille gauche aux chevaux réformés avant l’âge de huit ans. Complètement abandonnée en France de nos jours, cette opération ne se pratique plus qu’en Algérie, en Tunisie, et dans la plupart des pays musulmans, sur les poulains dont la naissance coïncide avec celle d’un enfant, ou sur ceux nés un vendredi, jour que l’on sait être consacré à Mahomet. Dans ce cas, elle ne peut évidemment être une cause de dépréciation pour l’animal.

Si les tares précédentes sont rares, pour ne pas dire inconnues p. 48actuellement, celles représentées par des cicatrices circulaires résultant de l’application réitérée du tord-nez sur la région, sont assez fréquentes. Elles indiquent que l’animal est méchant ou a subi une opération grave, et méritent, par ce fait même, d’attirer toute l’attention de l’acheteur.

Maintenant que nous avons signalé les principales tares et défectuosités de l’oreille, il nous reste à dire un mot de quelques moyens frauduleux employés pour les dissimuler. Parmi ceux-ci, il y a lieu de signaler, en première ligne, cette partie de la toilette d’avant la vente, qui consiste à faire le poil des oreilles, c’est-à-dire à couper les longs poils qui existent normalement à rentrée de la conque et dont le rôle est d’empêcher l’introduction de corps étrangers dans l’appareil auditif. Ces poils étant rares chez les chevaux fins, leur suppression a pour résultat de donner plus de distinction à l’animal. « Un autre moyen très usité, disent MM. Goubaux et Barrier, est le capuchon ou bonnette, soi disant destiné à mettre l’oreille à l’abri des insectes. Il faut le faire retirer, car il peut cacher autre chose qu’une défectuosité sans importance, un tord-nez très court, par exemple, si le cheval est difficile à harnacher, atteler ou ferrer, — ou encore une balle de plomb suspendue à une ficelle et placée à l’intérieur de l’oreille pour maîtriser les chevaux rétifs3. »

La surdité n’est pas absolument rare chez le cheval ; mais ce défaut étant difficile à reconnaître, il passe généralement inaperçu au moment de la vente et on ne le constate qu’après quelque temps de service. Toutefois, il est bon de dire que les chevaux sourds ont ordinairement les oreilles fixes et dirigées en avant.

b. — Tempes.

Cette région correspond à l’articulation de la mâchoire inférieure avec la mâchoire supérieure, ou articulation temporo-maxillaire ; elle doit tout simplement être sèche, nette et exempte de cicatrices, qui indiquent que l’animal a été atteint de vertige, de coliques violentes, ou qu’il est resté longtemps couché par suite de maladie grave.

C’est généralement aux tempes qu’apparaissent les premiers poils blancs.

p. 49
c. — Salières.

Les salières sont des dépressions situées au-dessus de chaque œil. Elles répondent à la partie la plus superficielle des fosses temporales (voy. IIIe partie, Tête). Leur grande profondeur indique généralement la vieillesse ; mais ce n’est pas là un indice certain, car nous avons souvent rencontré de jeunes chevaux à salières creuses.

Dans le but de donner plus d’apparence à leur marchandise, les maquignons ont imaginé d’insuffler de l’air dans le tissu cellulaire de la fosse temporale à l’aide d’une piqûre faite à la peau de la région des salières. On reconnaît cette fraude à la saillie que forme alors la région, à la petite ouverture qu’elle présente, et à la crépitation anormale que décèle la moindre pression des doigts.

d. — Œil.

L’œil forme une région paire située de chaque côté du front et excessivement importante à étudier. Nous ne dirons ici qu’un mot de son organisation, renvoyant, pour plus de détails, à la troisième partie de notre travail (voy. Tête).

La partie principale de l’œil est constituée par un globe membraneux, dit globe oculaire, logé en grande partie dans la cavité orbitaire et protégé en avant par deux voiles mobiles : les paupières.

Mis en mouvement par plusieurs muscles et lubrifié par les larmes, que sécrète une glande spéciale dite lacrymale, située sous l’apophyse orbitaire, le globe oculaire est formé d’une coque membraneuse close. Très bombée en avant, où elle constitue la cornée lucide ou vitre de l’œil, cette coque est remplie par des liquides de densité variable constituant les milieux de l’œil, et séparée en deux compartiments : l’un antérieur, l’autre postérieur, par le cristallin, lentille biconvexe apparaissant en arrière de l’iris.

Celui-ci représente un diaphragme contractile elliptique percé d’une ouverture de même forme, la pupille, et divise le compartiment antérieur lui-même en deux chambres communiquantes : une antérieure et une postérieure.

Le liquide qui remplit ces deux chambres, aussi limpide que l’eau, est connu sous la dénomination d’humeur aqueuse, tandis que l’espèce p. 50de gelée translucide qui occupe le compartiment postérieur prend le nom de corps vitré (fig. 16 du texte).

Les quelques descriptions sommaires que nous venons de consacrer à l’organisation de l’œil permettront au lecteur d’en comprendre les beautés, les défectuosités, les tares et les principales maladies, sans qu’il lui soit indispensable de recourir aux détails de la troisième partie, si ce n’est à titre de renseignements complémentaires.

Fig. 16. — Coupe théorique de l’œil.

a. Nerf optique.b. Sclérotique.c. Choroïde.d. Rétine.e. Cornée.f. Iris.gh. Cercle et corps ciliaires, dépendances de la choroïde, dont ils ont été représentés isolés pour mieux indiquer leurs limites.i. Insertion des procès ciliaires sur le cristallin.j. Cristallin.k. Capsule cristalline.l. Corps vitré.mn. Chambre de l’humeur aqueuse.o. Indication théorique de la membrane de l’humeur aqueuse.p. Tarse.g. Membrane fibreuse des paupières.r. Muscle releveur de la paupière supérieure.s. Orbiculaire des paupières.t. Peau des paupières.u. Conjonctive.v. Lame épidermique qui représente cette membrane sur la cornée.x. Muscle droit postérieur.y. Muscle droit supérieur.z. Muscle droit inférieur.w. Gaîne fibreuse de l’orbite.(A. CHAUVEAU et S. ARLOING, Traité d’Anatomie comparée des animaux domestiques.)  

Pour être beau, l’œil doit être grand, à fleur de tête, de couleur foncée, brillant et modérément convexe. De plus, les humeurs doivent être limpides et l’iris parfaitement mobile.

p. 51Ces caractères dévoilent l’énergie, l’intelligence, un bon naturel, et donnent à la tête une grande partie de son élégance.

L’œil du cheval, d’après les Arabes, doit s’incliner, paraissant regarder le nez, comme l’œil de l’homme qui louche : « Semblable à une belle coquette qui louche à travers son voile, son regard tourné vers le coin de l’œil perce à travers la crinière qui, comme un voile, lui couvre le front4. »

« De plus, dit de Solleysel, l’œil doit être résolu, effronté et fier ; ... l’effronterie sied admirablement bien au cheval ; dans l’œil se découvrent son inclination, sa colère, sa santé, sa malice, et sa maladie : profecto in oculis unimus habitat5. »

L’œil petit, gras, ou œil de cochon, de même que l’œil gros ou œil de bœuf, indiquent que le cheval est lymphatique, mou, et provient de pays froids et humides.

L’œil cerclé, qui laisse voir autour de la cornée transparente un large cercle blanc nacré formé par la sclérotique, est tout simplement disgracieux et n’indique pas la méchanceté, comme certains auteurs l’ont avancé.

L’œil trop convexe, ou myope, et l’œil trop plat, ou presbyte, rendent le cheval ombrageux et indécis.

L’œil vairon, chez lequel l’ouverture pupillaire est entourée d’une zone blanchâtre, ne nuit pas à la vision.

Les yeux inégaux sont généralement l’indice d’une maladie ancienne (fluxion périodique, par exemple).

Enfin, l’œil ne doit présenter aucune des affections désignées sous les noms de nuage (légère opalescence de la cornée), taie (opacité complète sur une étendue variable), de leucoma (cicatrice de la cornée), de cataracte (opacité complète ou partielle du cristallin ; très grave), de glaucome (coloration verdâtre de l’humeur vitrée ; grave), d’amaurose (paralysie de la rétine et de la pupille rendant le cheval borgne ou aveugle), d’hydropisie (hyperformation de l’humeur aqueuse), de fluxion périodique (inflammation périodique de l’œil ; grave), d’ophthalmie simple (inflammation de la muqueuse conjonctive).

Manière d’examiner l’œil. — Dans un endroit un peu sombre, l’œil p. 52est beaucoup plus facile à examiner ; on aperçoit mieux le fond de l’organe, dont la pupille est alors dilatée (à moins toutefois que l’œil soit atteint d’amaurose). Aussi, doit-on, autant que possible, examiner les yeux dans l’écurie ou sous un hangar, à quelque distance du jour.

Nous ne saurions mieux faire, à ce propos, que de reproduire les indications si claires et si précises de Bourgelat : « Si je veux examiner les yeux d’un cheval, dit-il, je le place à l’abri du grand jour, pour diminuer, jusqu’à un certain point, la quantité des rayons lumineux, et je le fais ranger de manière à m’opposer à la chute de ceux qui, tombant perpendiculairement, causeraient une confusion qui ne me permettrait plus de distinguer clairement les parties.

« Je fais attention encore à ce qu’aucun objet capable de changer la couleur naturelle de l’œil, en s’y peignant, ne soit voisin de l’abri que j’ai choisi ; car il est bon de savoir que plusieurs maquignons, dans le dessein de déguiser les défauts des yeux des chevaux qu’ils vendent, ont le soin trompeur de faire blanchir le mur qui se trouve vis-à-vis la porte des écuries où il les font arrêter pour en soumettre les yeux à la critique des acheteurs6…..»

e. — Joues.

Les joues s’étendent des tempes à la commissure des lèvres ; elles peuvent se diviser en deux parties séparées par un sillon : l’une supérieure, le plat de la joue ; l’autre inférieure, la poche de la joue.

Cette région doit être bien musclée, mais sèche. À travers la peau fine, on doit voir nettement se dessiner les vaisseaux, les nerfs et les muscles de la face.

Quand la poche de la joue présente des bosselures, on dit que le cheval fait magasin, et il y a généralement alors accumulation de matières alimentaires en dehors des arcades malaires, matières qui, en fermentant, exhalent une odeur fétide et dégoûtent les animaux. Ce défaut est surtout fréquent chez les chevaux usés, à mauvaise dentition.

Si, d’autre part, les joues présentent des traces de séton ou de vésicatoire, on àa l’indication que le cheval a été traité pour une affection p. 53des yeux ou des cavités nasales. L’application mal faite d’un séton dans cette région peut, d’ailleurs, léser le nerf facial et paralyser le mouvement de la lèvre supérieure d’un côté, ce que l’on reconnaît au déplacement de celle-ci, qui se porte du côté opposé.

f. — Naseaux.

Placés à l’extrémité inférieure de la tête, de chaque côté du bout du nez, au bas des joues et du chanfrein, les naseaux sont les ouvertures extérieures des cavités nasales et les seules voies par lesquelles l’air peut s’introduire dans les poumons. On ne doit pas oublier, en effet, que le cheval présente cette particularité qu’il ne respire pas par la bouche.

Ces orifices présentent chacun deux lèvres ou ailes : une interne, l’autre externe, et deux commissures : une inférieure, l’autre supérieure ; celle-ci se prolonge en arrière par un cul-de-sac conique spécial aux solipèdes, la fausse narine, véritable repli cutané compris entre l’épine nasale et le biseau du petit sus-maxillaire (voy. pl. VII).

La première condition à rechercher dans les naseaux, c’est leur largeur et leur dilatation facile et régulière : « Chacune des narines du cheval, disent les Arabes, ressemble à l’antre du lion ; le vent en sort quand il est haletant7. »

Lorsque les naseaux sont étroits, la respiration est courte, gênée, et le cheval s’essouffle facilement ; aussi, les Arabes disent-ils encore du cheval qui a les naseaux étroits qu’il laissera son cavalier dans la veine.

On croyait autrefois remédier à cet inconvénient en fendant la fausse narine ; mais, aujourd’hui qu’on sait que l’incision de ce diverticulum ne peut en aucune façon agrandir les cavités nasales, on a renoncé à l’opération, que les Arabes seuls pratiquent souvent encore, surtout sur l’âne, dans le but de faciliter l’entrée de l’air dans les voies respiratoires et de diminuer le timbre de la voix.

Les mouvements précipités, la dilatation exagérée et irrégulière des naseaux, indiquent que l’animal est atteint d’une affection plus ou moins grave des voies respiratoires (emphysème pulmonaire, par exemple).

p. 54Le tégument qui revêt la face interne des naseaux doit avoir une belle teinte rosée, être à peine humecté par le liquide limpide provenant du canal lacrymal, dont l’ouverture extérieure se voit à la partie inférieure de chaque naseau, et ne présenter aucune plaie, aucune trace d’ulcération.

Si l’écoulement nasal devient plus abondant et change de nature, il indique un état maladif des voies respiratoires (angine, bronchite, emphysème pulmonaire, etc.).

En général, lorsque le jetage est consistant, coloré en jaune ou en vert, marqué de stries sanguines, adhérent aux ailes du nez, on doit craindre la morve, maladie contagieuse nécessitant l’abattage du cheval, et consulter l’état de la muqueuse nasale et de l’auge pour plus de sûreté.

La pituitaire est ordinairement pâle ou jaune cuivré dans la morve, et présente des ulcérations plus ou moins étendues, à bords irréguliers, désignées vulgairement sous le nom de chancres morveux.

Ces ulcérations, jointes aux caractères particuliers du jetage morveux et de la glande de l’auge, permettent de distinguer assez facilement la morve de la gourme, maladie à laquelle sont sujets presque tous les jeunes chevaux et qui présente quelque analogie avec la première.

On doit également tenir compte des caractères de l’air expiré. À l’état de santé, il est toujours inodore. Sa mauvaise odeur est l’indice d’une maladie du poumon, d’une carie dentaire ou d’une collection purulente, soit des sinus, soit des poches gutturales.

L’inégalité de la colonne d’air qui s’échappe des ouvertures nasales, jointe à un jetage particulier, indique, d’autre part, qu’elle rencontre sur son passage des obstacles de diverse nature (tumeurs, polypes, etc.).

Afin de rendre le jetage plus apparent et de mieux distinguer ses caractères, on fait tousser l’animal en lui comprimant la gorge ; on provoque aussi l’ébrouement, en lui serrant les fausses narines sur la cloison médiane du nez.

C. — Face postérieure.
a. — Auge.

L’auge est le vide plus ou moins large, plus ou moins creux, qui existe à la face postérieure de la tête, entre les deux ganaches.

p. 55Cette région doit être profonde, large, bien nette, bien évidée, pour loger la gorge dans les mouvements de flexion de la tête. Le poing placé en travers doit y entrer facilement.

L’auge pleine ou empâtée indique un cheval mou, lymphatique, élevé dans des pays humides.

Les ganglions de l’auge sont quelquefois engorgés ; alors, en passant la main dans cette région, on sent, immédiatement sous la peau, des tumeurs à caractères spéciaux, et le cheval est dit glandé. Il faut toujours attacher une grande importance à ce glandage ; car il peut être le symptôme de la morve.

b. — Ganaches.

Les ganaches ont pour base le bord refoulé du maxillaire inférieur et circonscrivent l’auge. C’est à la face interne de cette région qu’on est dans l’habitude d’explorer le pouls du cheval (artère glosso-faciale).

Les ganaches doivent être sèches, peu épaisses, et suffisamment écartées. Leur épaisseur trop considérable charge inutilement la tête, indique un tempérament mou, et fait dire du cheval qu’il est chargé de ganaches.

c. — Barbe.

Région peu importante située en arrière du menton et constituée par une dépression qui donne appui à la gourmette. Ne doit être ni trop tranchante ni trop arrondie.

D. — Extrémité inférieure.
a. — Bouche.

La bouche, qui représente l’ouverture d’entrée de l’appareil digestif, est une région assez complexe offrant à étudier les parties suivantes : 1° lèvres ; 2° dents et gencives ; 3° barres ; 4° langue ; 5° canal ; 6° palais.

De la bouche en général.

Au point de vue de l’extérieur, la bouche est surtout intéressante à étudier en ce sens qu’elle loge le mors. Aussi, a-t-elle reçu différentes p. 56dénominations suivant l’impression que produit cet instrument de conduite.

On dit le cheval bien embouché lorsque toutes les parties sont bien proportionnées et que le mors s’applique convenablement.

La bouche fraîche est celle qui se remplit d’écume lorsque le cheval est bridé.

La bouche tendre ou sensible est celle qui reçoit du mors une impression douloureuse un peu forte.

La bouche égarée présente le même défaut porté à l’extrême.

La bouche dure, au contraire, se montre très peu sensible à l’action du mors.

Il importait de bien connaître toutes ces expressions ; mais nous pensons, avec M. Sanson, que « les difficultés du dressage dépendent bien plus des vices de conformation ou de l’insuffisance des organes destinés à accomplir les mouvements, ou encore de l’état obtus plus ou moins prononcé des facultés intellectuelles dans leur limite physiologique, que de prétendus défauts des parties constituantes de la bouche. Il serait plus exact, du reste, de dire que ceux-ci, quand ils existent réellement, sont presque toujours le résultat de l’ignorance ou de la brutalité des cavaliers, et souvent des deux à la fois8. »

1° Lèvres. — Situées à l’entrée de la bouche, les lèvres sont au nombre de deux : une inférieure et une supérieure, réunies par deux commissures.

Organes de tact, servant de plus à la préhension des aliments, elles doivent être très mobiles, la supérieure surtout, d’une épaisseur moyenne, et bien fermer l’ouverture de la bouche, afin d’éviter toute déperdition de salive.

Leur face externe, recouverte d’une peau fine, présente quelques poils durs qui sont les véritables organes de leur grande sensibilité tactile.

Chez quelques chevaux, la lèvre supérieure présente, en outre, deux faisceaux de poils plus longs que les autres simulant de véritables moustaches. Nous ne pensons pas, comme certains auteurs l’ont avancé, que cette particularité soit l’apanage exclusif des chevaux communs. Nous croyons qu’elle est tout simplement le résultat de p. 57l’irritation continuelle des bulbes pileux par les plantes grossières composant la nourriture ordinaire des animaux.

Dans une tournée que nous faisions en Bretagne, il y a quelques années, nous avons pu nous convaincre, en effet, que les moustaches existaient exclusivement sur les chevaux qui recevaient dans leurs rations des ajoncs et des genêts.

La lèvre inférieure porte une protubérance arrondie à laquelle on donne le nom de houppe du menton.

Les lèvres donnent à la physionomie de l’animal des expressions très diverses ; ainsi, pendant les grandes souffrances, elles se contractent d’une façon particulière et font dire que la face est grippée.

Chez les chevaux vieux et usés, plus rarement chez les jeunes, la lèvre inférieure est quelquefois pendante. Quoique cette défectuosité indique le plus souvent une débilitation profonde de l’organisme, il n’est pas absolument rare de la voir coïncider avec un tempérament énergique.

Enfin, certains animaux ont l’habitude d’agiter continuellement, par des mouvements saccadés et rapides, cette même lèvre inférieure. On dit alors qu’ils cassent la noisette. Ce vice est tout simplement disgracieux à l’œil.

Les tares les plus fréquentes des lèvres sont des excoriations circulaires résultant de l’application réitérée du tord-nez. Comme les tares semblables des oreilles, elles indiquent un animal difficile, ou ayant subi une opération grave.

2° Dents et gencives. —(Voy. IIe partie, Âge, et pl. IV.)

3° Barres. — Les barres occupent, à la mâchoire inférieure, l’espace compris entre les crochets et les premières molaires (voy. pl. VII).

Servant de point d’appui au mors, elles doivent être modérément arrondies.

Les barres sont dites tranchantes quand la crête osseuse qui en forme la base est trop prononcée ; elles sont alors très sensibles à l’appui du mors. On les dit arrondies ou basses dans le cas contraire, et on leur reproche d’être peu impressionnées par l’action du mors.

4° Langue. — La langue, organe principal du goût, sert encore à la mastication, à l’insalivation et à la déglutition.

Elle comprend une partie libre ou mobile, antérieure, et une partie fixe, postérieure.

p. 58Elle ne doit être ni trop épaisse, ni trop mince, pour remplir convenablement ses fonctions et participer dans une bonne mesure à l’appui du mors.

La langue qui reste toujours hors de la bouche est dite pendante ; celle qui sort et rentre continuellement est appelée serpentine.

Ces défauts, outre qu’ils rendent le cheval disgracieux, indiquent un tempérament mou, et sont une cause d’amaigrissement par la perte de salive qui en est le résultat.

On dit qu’un cheval double sa langue quand il en recourbe la partie libre au-dessus ou au-dessous du mors. Dans ce dernier cas, celui-ci repose à peine sur les barres, et la bouche est généralement dure.

Enfin, par suite de causes diverses, la langue peut être coupée ou entaillée. Cet accident, fréquent surtout chez les chevaux qui tirent au renard, a l’inconvénient grave de rendre l’alimentation lente et difficile.

5° Canal. — Situé entre les deux branches du maxillaire inférieur, le canal loge la langue.

C’est une espèce de rigole présentant, en avant et de chaque côté du frein de la langue, un petit prolongement membraneux connu sous le nom de barbillon, destiné à protéger l’origine du canal de la glande maxillaire correspondante (Canal de Warton).

Par suite de l’introduction de parcelles alimentaires, d’épillets de brome stérile le plus souvent, dans la partie terminale du canal de Warton, celle-ci est quelquefois le siège d’un état maladif connu vulgairement sous le nom de grenouillette, qui disparaît généralement avec la cause qui l’a fait naître. On dit aussi, dans ce cas, que l’animal a un painvin.

C’est tout ce que présente de particulier la région qui nous occupe.

6° Palais. — Le palais forme la voûte de la bouche. Comme le canal, il ne présente ni beauté ni défectuosité.

L’excroissance de cette région connue sous le nom de fève ou de lampas, n’a jamais existé que dans l’imagination de ceux qui l’ont décrite. Sans doute les jeunes chevaux ont souvent le palais engorgé au moment de la dentition ; mais cet engorgement se dissipe peu à peu à mesure que l’animal vieillit et ne constitue point une maladie. Aussi, doit-on absolument proscrire la cautérisation et la saignée au palais que pratiquent encore quelques empiriques, sous prétexte de p. 59combattre l’inappétence de certains chevaux dont la région leur paraît plus gonflée qu’à l’état normal.

E. — Extrémité postérieure.
a. — Nuque.

La nuque occupe le sommet de la tête et a pour base l’articulation atloïdo-occipitale. C’est sur cette région que s’appuie la têtière de la bride et du licol. Par suite, la nuque peut être le siège d’excoriations, de cors, auxquels peut même succéder une plaie fistuleuse laissant écouler un pus liquide, verdâtre, plus ou moins odorant ; on dit alors que le cheval a un mal de nuque ou de taupe, affection toujours très grave.

b. — Toupet.

Le toupet est une touffe de crins d’autant plus fins que l’animal a plus d’énergie et de distinction, passant entre les oreilles et tombant sur le front et les yeux, qu’il préserve, disent quelques auteurs, de l’ardeur des rayons solaires. Les Arabes aiment le toupet fourni, peut-être pour cette dernière raison : « Au temps de la peur, disent-ils, monte une cavale légère dont le front est couvert par une crinière épaisse. »

c. — Parotides.

Les parotides ont pour base les glandes salivaires de même nom. Cette région doit se montrer légèrement déprimée ; trop excavée, la tête est mal attachée ; trop en saillie, la tête est plaquée.

d. — Gorge.

La gorge, qui a pour base la partie inférieure du larynx, doit être aussi large que possible.

C’est cette région, ou les premiers anneaux de la trachée, que l’on comprime pour provoquer la toux du cheval.

De la tête en général.

Jusqu’ici nous n’avons étudié que les parties constituantes de la p. 60tête ; il nous reste maintenant à examiner l’ensemble de ces parties et à voir quelles inductions pratiques on peut tirer de la forme, de la configuration générale, de la longueur, du volume, de l’attache et de de la direction de la tête, pour l’appréciation du cheval.

La tête, dans son ensemble, est d’autant plus importante à étudier qu’elle est la partie du corps qui indique le mieux le degré de noblesse, d’intelligence et d’énergie des animaux. Elle présente, d’un autre côté, cette particularité très remarquable qu’il y a entre ses régions un rapport de conformation, une harmonie qui n’existe pas ailleurs. S’il est fréquent, par exemple, de rencontrer un beau jarret et une hanche défectueuse, une belle épaule avec une mauvaise croupe, il est rare de voir coïncider un front large avec un œil petit, mal situé, des naseaux étroits avec des ganaches écartées, etc. ; d’où il résulte que l’étude d’une seule région de la tête peut permettre d’apprécier presque sûrement toutes les autres.

La forme générale de la tête varie beaucoup suivant les races et chez les individus de même race.

Elle est dite carrée (fig. 17 du texte) lorsque sa face antérieure est large et plane. Comme cette forme de la tête coïncide généralement avec un grand développement du crâne, qu’elle est, d’un autre côté, l’apanage des races anglaise et arabe de pur sang, on a dit qu’elle indiquait la noblesse, la pureté de la race, l’intelligence, la valeur, l’énergie, le fond et même la bonté du tempérament9. Si cela est vrai dans la majorité des cas, il y a toutefois lieu de faire remarquer qu’on rencontre assez fréquemment de bons chevaux avec une configuration de la tête toute différente.

Suivant que la tête, dans la région crânienne, est plus large que longue ou plus longue que large, le cheval est dit brachycéphale (crâne court), ou dolichocéphale (crâne allongé), et quelques auteurs ont fait de la brachycéphalie et de la dolichocéphalie la principale, la seule vraie caractéristique des races. Tout en reconnaissant les avantages de cette méthode, nous sommes d’avis qu’il faut être moins absolu aujourd’hui, et que dans les races les mieux caractérisées, les moins abâtardies, p. 61les plus faciles à reconnaître par l’ensemble de leurs caractères, on peut quelquefois rencontrer des individus dont la tête n’est plus celle du type ordinaire. Nous reviendrons sur ce sujet quand nous décrirons chaque race en particulier (voy. IVe partie, Races).

La tête conique (fig. 18 du texte) est celle qui va en se rétrécissant de la partie supérieure au bout du nez. Autrefois à la mode, elle est aujourd’hui regardée, avec raison, comme présentant généralement des caractères opposés à la précédente. Aussi, les amateurs d’occasion qui veulent faire admirer la tête d’un cheval en disant qu’il pourrait boire dans un verre, indiquent-ils sans le savoir le point faible qui prouve précisément le contraire de ce qu’ils veulent démontrer.

Bien que de Solleysel, en conseillant de choisir la tête « le plus menu qu’il se pourra »10 à son extrémité inférieure, ait contribué à répandre l’expression ci-dessus, qui implique une erreur de jugement, on ne peut guère l’accuser d’avoir mis la tête conique à la mode ; car il a eu soin d’expliquer que, par une tête menue inférieurement, il entendait une tête peu charnue, peu chargée et que, d’un autre côté, il demande des naseaux très ouverts permettant de voir « le vermeil qui est au dedans ».

Fig. 17. — Tête carrée.

Fig. 18. — Tête conique.

La tête camuse (fig. 19 du texte) présente une dépression sur sa face antérieure ; elle coïncide généralement avec un front large.

Si la dépression porte seulement sur la région du chanfrein, la tête est dite de rhinocéros (fig. 20 du texte).

Tandis que la tête camuse est un caractère de race (chevaux bretons, arabes, etc.), et donne d’ordinaire une physionomie mutine, intelligente, à l’animal, la tête de rhinocéros résulte tout simplement d’une compression exercée sur le chanfrein par la muserolle, le caveçon, etc., p. 62compression allant quelquefois jusqu’à perforer les os sus-nasaux.

La tête busquée (fig. 21 du texte) est convexe sur toute sa face antérieure. Quand la convexité est limitée au front, la tête est dite de lièvre. Si, au contraire, cette convexité porte exclusivement sur le chanfrein, on a la tête moutonnée.

La convexité de la tête, quels que soient son siège et son degré, est regardée comme une défectuosité. Très recherchée au siècle dernier, sous le règne de Louis XV surtout, la tête busquée est actuellement plus que démodée ; on l’accuse de prédisposer au cornage et à d’autres maladies plus ou moins graves, la morve par exemple. Pour M. de Curnieu, le cheval à tête busquée serait l’idiot de l’espèce. Il y a là beaucoup de vrai mélangé à non moins d’exagération.

Si la tête convexe coïncide généralement avec des naseaux étroits, une poitrine resserrée, etc., il n’en est pas moins certain que beaucoup de chevaux à tête busquée sont de bons, agréables et même brillants serviteurs. La convexité du chanfrein n’implique pas toujours, en effet, un rétrécissement des cavités nasales, et il est nombre de cas où elle existe avec un bon développement de toutes les parties de l’appareil respiratoire.

Fig. 19. — Tête camuse.

Fig. 20. — Tête de rhinocéros.

D’un autre côté, nous ne croyons pas qu’elle prédispose plus que la tête la mieux conformée au cornage chronique, cette affection n’ayant généralement pas son siège dans les cavités nasales. Quant à son influence sur la morve, il est à peine utile, en l’état actuel de la science, de dire qu’elle ne peut être qu’imaginaire.

La tête longue (fig. 22 du texte) est celle qui présente un excès de longueur relativement aux autres parties du corps. On l’accuse surtout d’être lourde et de peser trop à la main du cavalier. Pour nous, elle p. 63n’est même pas toujours disgracieuse, et ne devient une réelle défectuosité que quand ses parties constituantes, prises isolément, ne sont pas dans de bonnes conditions de conformation. La nature, dit M. Richard, a donné à l’encolure assez de puissance pour supporter le poids de la tête, quelque lourde qu’elle soit, sans le soutien de la bride. Il y a là une autre cause qui tient, soit au dressage, soit à un vice de conformation de l’avant-main, soit à l’espèce du cheval. C’est entièrement notre avis, et nous sommes persuadé que la tête longue n’est souvent lourde que parce qu’on la rencontre généralement chez des individus mous, lymphatiques, ou encore parce qu’elle est fréquemment grosse et dans une mauvaise direction. La tête longue , bien portée, chez un cheval énergique, peut être tout aussi légère que la plus belle tête carrée.

Fig. 21. — Tête busquée.

Fig. 22. — Tête longue.

La tête décharnée, ou de vieille, est longue, peu volumineuse, et d’une extrême sécheresse.

Les têtes grosses et grasses (fig. 23 du texte), sont disgracieuses et réellement trop pesantes. D’ailleurs, elles indiquent un animal grossier, mou, lymphatique, et ne conviennent que pour le service du gros trait.

Pour le trait léger et la selle, on doit rechercher une tête peu volumineuse et sèche, où les saillies osseuses, les reliefs musculaires, les vaisseaux et les nerfs sous-cutanés sont bien dessinés.

Relativement à sa direction, la tête doit être portée obliquement de haut en bas et d’arrière en avant, de manière à former avec le sol un angle d’environ 45 degrés (fig. 24 du texte).

Si elle est trop horizontale (fig. 25 du texte), le centre de gravité se trouve déplacé en haut et en avant, et le cheval porte au vent. Ce p. 64défaut nuit à la bonne action du mors, qui se rapproche des molaires et ne prend plus qu’une faible partie de son appui sur les barres. Le cheval se soustrait, de cette manière, à la volonté de celui qui le conduit et prend facilement, selon l’expression consacrée, le mors aux dents ; de plus, il ne voit pas, en général, les obstacles près de lui et se trouve d’autant plus exposé à butter ou à tomber que l’avant-main est toujours un peu surchargé.

Fig. 23. — Tête grosse et encolure épaisse.

Fig. 24. — Tête bien portée et encolure droite, bien dirigée.

Lorsque, au contraire, le cheval porte la tête verticale (fig. 26 du texte), le centre de gravité se déplace en arrière et l’animal s’encapuchonne, c’est-à-dire qu’il rapproche le menton du poitrail. Il ne voit plus alors les obstacles que lorsqu’il lui est impossible de les éviter, et se soustrait bientôt à l’action de la main ; mais, nous doutons fort qu’il p. 65prenne réellement un point d’appui sur le poitrail avec les branches du mors, comme la plupart des auteurs l’avancent.

Fig. 25. — Tête horizontale et encolure de cerf

Fig. 26. — Tête verticale et encolure rouée.

Enfin, la tête peut être bien attachée, mal attachée ou plaquée.

On la dit bien attachée quand elle se trouve séparée du sommet de l’encolure par une légère dépression de la région parotidienne ; mal attachée, quand cette dépression est trop accentuée ; plaquée, lorsque le sillon parotidien est, au contraire, effacé.

Les mouvements de la tête bien attachée sont faciles et étendus ; ceux de la tête plaquée sont très restreints. Il s’en suit que le cheval à tête mal attachée est non seulement disgracieux, mais encore peu propre au service de la selle.

II. — Corps

A. — Face supérieure.
a. — Encolure.

Le long balancier représenté par l’encolure est situé en avant du tronc et supporte la tête ; il a pour base osseuse les sept vertèbres cervicales.

On reconnaît à cette région deux faces latérales, un bord supérieur, un bord inférieur, une extrémité antéro-supèrieure ou sommet, et une extrémité postéro-inférieure ou base.

Les faces latérales présentent inférieurement une dépression longitudinale (gouttière de la jugulaire) logeant une grosse veine superficielle, la jugulaire, où l’on pratique généralement la saignée.

Le bord supérieur est orné de la crinière, dont les crins sont d’autant plus fins que l’animal est plus distingué, plus énergique.

Le bord inférieur a pour base le tube trachéal ; on doit, pour cette raison, le préférer large et arrondi.

La forme droite et la direction oblique (Voy. fig. 24 du texte) à 45 degrés environ sont deux conditions à rechercher dans l’encolure ; elles donnent de la grâce à l’ensemble du corps et rendent le cheval apte à tous les services.

L’encolure verticale et l’encolure horizontale sont considérées comme des défectuosités chez le cheval de selle : la première donne du brillant à l’animal, mais elle le prédispose porter au vent ; la seconde le rend pesant à la main et le fait butter.

p. 66Relativement à son volume, l’encolure doit être fine, mais bien musclée.

Trop grêle, elle ne convient à aucun service. Trop épaisse (Voy. fig. 23 du texte) ou charnue, elle n’est à rechercher que pour le cheval de gros trait.

L’encolure ne doit être, d’un autre côté, ni trop courte, ni trop longue.

L’encolure courte manque de flexibilité et ne couvre pas assez le cavalier ; aussi ne convient-elle aucunement pour le service de la selle, surtout dans l’armée.

L’encolure longue n’est un inconvénient que dans le cas où elle est mal musclée et supporte une tête lourde. Les Arabes rangent cette région dans les choses qui doivent être longues : « En allongeant l’encolure et la tête pour boire dans un ruisseau qui coule à fleur de terre, si le cheval est bien d’aplomb, sans replier l’un de ses membres antérieurs, soyez assuré, disent-ils, qu’il a des qualités, et que toutes les parties de son corps sont en harmonie11. »

Fig. 27. — Encolure de cygne.

Fig. 28. — Encolure chargée ou tombante.

L’encolure varie dans sa direction : souvent elle décrit une courbe (à convexité supérieure) plus ou moins prononcée du garrot à la nuque ; elle est alors désignée sous le nom d’encolure rouée (Voy. fig. 26 du texte) (chevaux andalous et barbes).

Si la courbe existe à son sommet seulement, elle est dite encolure de cygne (fig. 27 du texte).

Ces deux directions, en rapprochant la tête de la verticale, ont l’inconvénient de permettre au cheval de sencapuchonner.

L’encolure de cerf (Voy. fig. 25 du texte) est courbée dans le sens p. 67inverse de l’encolure rouée ; en favorisant l’horizontalité de la tête, elle prédispose le cheval à porter au vent.

L’encolure chargée ou tombante (fig. 28 du texte) est celle dont le bord supérieur, gros et empâté, se renverse plus ou moins d’un côté (gros chevaux).

Nous avons vu les attaches supérieures de l’encolure en parlant de la tête ; nous n’y reviendrons pas. « Les attaches inférieures, dit M. H. Bouley, doivent être marquées, de chaque côté, par un léger relief que forme sous la peau le bord antérieur des épaules...12. » Dans ces conditions, l’encolure est dite bien sortie.

On appelle coup de hache une dépression du bord supérieur de l’encolure, immédiatement en avant du garrot, et coup de lance, un creux situé sur les faces latérales, en avant de l’épaule. Cette dernière dépression, due en réalité à une atrophie du muscle angulaire de l’omoplate, a donné lieu à une légende d’après laquelle un magnifique cheval turc, ayant reçu un coup de lance dans la bataille que se livrèrent Constantin et Maxence sous les murs de Rome (an 312), fut ensuite employé à la reproduction et transmit à ses descendants cette marque que de Garsault appelle une « marque d’honneur ».

b. — Garrot.

Situé en arrière de l’encolure et en avant du dos, le garrot a pour base les apophyses épineuses des cinq ou six vertèbres dorsales qui suivent la première, ainsi que la portion des ligaments surépineux cervical et dorso-lombaire qui recouvre leurs sommets renflés. Le bord supérieur du cartilage complémentaire de l’omoplate et des plans musculaires nombreux (voy. pl. VIII et IX) concourt aussi à former cette région.

Le beau garrot doit être élevé et reporté en arrière (fig. 29 du texte). Cette conformation facilite les mouvements de l’encolure et de l’épaule : d’abord, en permettant au ligament et aux muscles cervicaux d’agir plus perpendiculairement sur le bras de levier de la résistance représenté par l’encolure ; en augmentant, ensuite, la longueur des muscles qui vont du garrot à l’épaule. Chez le cheval destiné à être p. 68monté, elle facilite, en outre, l’application de la selle, en empêchant celle-ci de fuir en avant.

Il y a lieu, toutefois, de faire observer que le garrot doit être modérément reporté en arrière, sous peine de devenir défectueux.

Nous avons eu l’occasion de rencontrer un certain nombre de chevaux, en Tunisie surtout, chez qui le garrot se prolongeait tellement en arrière qu’il n’y avait plus place pour la selle, et qu’on ne pouvait les monter une journée sans les blesser.

Le garrot doit non seulement être élevé, mais sec à son bord supérieur, c’est-à-dire peu chargé de parties molles. L’expérience prouve qu’un garrot gras, empâté, est plus facilement blessé par la selle que le garrot sec, et que les blessures y sont, en outre, plus graves et plus longues à guérir.

Fig. 29. — Garrot élevé et épaule longue et oblique.

Fig. 30. — Garrot bas et épaule courte et droite.

Il y a lieu de remarquer que la hauteur du garrot peut être absolue ou relative.

Pour nous, elle est absolue quand la saillie formée par la région est plus ou moins prononcée relativement aux parties environnantes.

Elle est, au contraire, relative si on la compare à celle de la croupe.

Quoi qu’il en soit, d’après les observations de MM. Goubaux et Barrier, consignées dans leur magnifique Traité de l’extérieur du cheval, la hauteur absolue du garrot ne tient pas seulement à la longueur des apophyses épineuses des vertèbres constitutives, comme p. 69on l’a cru jusque-là, mais encore au mode de suspension du tronc entre les membres antérieurs, à l’état d’embonpoint des sujets, à la longueur du scapulum et de son cartilage, à l’inclinaison de l’épaule.

Quant aux différences de hauteur portant sur l’avant et l’arrière main, elles peuvent tenir aussi : au degré d’ouverture des angles articulaires du membre thoracique ; à la longueur de ses divers rayons ; enfin, au rapport de longueur existant entre les membres antérieurs et les membres postérieurs.

Outre l’inconvénient de rendre le cheval plus difficile à harnacher, inhérent à tout garrot bas (fig. 30 du texte), le peu d’élévation de cette région relativement à celle de la croupe a encore pour résultat de surcharger les membres antérieurs ; d’où « actions insuffisantes de l’avant-main, trot raccourci avec manifestation ordinaire du défaut de forger, inaptitude à l’allure du galop, difficulté d’exécuter le saut et le cabrer13. »

Nous devons cependant faire observer qu’il ne manque pas de chevaux de pur sang possédant une très grande vitesse chez qui le garrot est bas comparativement à la croupe. C’est qu’ici, avec un avant-main très léger, des épaules fortement obliques, un équilibre plus instable (le centre de gravité étant reporté en avant), coexistent un arrière-main puissant et long, une croupe généralement oblique et des membres postérieurs engagés sous le tronc, projetant le corps en haut. D’où, en somme, inconvénient racheté par une compensation au moins égale.

Nous reviendrons, d’ailleurs, sur ce sujet à propos de la croupe.

Terminons en disant que si le garrot élevé commande généralement une poitrine profonde et des épaules longues et obliques, cette règle souffre pas mal d’exceptions. Nous avons vu maints chevaux à garrot très élevé, à poitrine profonde même, chez qui les épaules étaient droites, courtes, mal musclées, et l’angle scapulo-huméral très remonté (Voy. Épaule).

Par suite de sa saillie, de sa complexité anatomique, des nombreux mouvements dont il est le centre, le garrot se trouve souvent blessé. Or, les blessures de cette région se compliquant fréquemment d’une affection très difficile et très longue à guérir, le mal de garrot (nécrose ou carie des ligaments et des os, avec fistule et pus liquide très odorant, p. 70de mauvaise nature), il y a lieu d’accorder une grande importance à la netteté du garrot.

c. — Dos.

Situé au-dessus des côtes, entre le garrot et les reins, le dos a pour base les onze ou douze dernières vertèbres dorsales.

Il doit être à peu près horizontal, large, c’est-à-dire bien musclé, et court (fig. 31 du texte).

Si le dos s’incline trop en avant, on le dit plongé (fig. 32 du texte). S’il est concave, le cheval est dit ensellé (fig. 33 du texte).

Fig. 31. — Dos bien conformé.

Ces deux conformations nuisent à la solidité et sont de graves défectuosités pour les chevaux de selle et de bât.

Si la ligne dorsale est convexe, le dos est dit de mulet (fig. 34 du texte), ou de carpe quand cette convexité est exagérée. Les chevaux qui présentent ces conformations ont le dos solide ; mais leurs réactions sont très dures et ils ne conviennent guère qu’au service du trait ou du bât.

On admet en général et il semble logique d’admettre que le dos long donne plus de douceur aux réactions, surtout s’il existe avec des angles articulaires fermés, des paturons longs et obliques ; mais la pratique prouve que cette conformation de la région dorsale coïncide souvent avec des réactions dures, même lorsque les rayons phalangiens sont longs et obliques. Le seul point qui paraisse bien démontré, c’est que la longueur de la tige dorsale diminue sa solidité et prédispose à l’ensellement si l’on fait porter des fardeaux un peu lourds au cheval.

p. 71On a dit que le dos long diminuait aussi la vitesse ; cela, d’après M. H. Bouley, est absolument le contraire de la vérité : « Car, dit-il, la brièveté de la colonne rachidienne n’est pas compatible avec la rapidité des allures. » Il en résulte que si l’on considère le cheval au seul point de vue de son utilisation comme moteur à grande vitesse, on doit rechercher un dos long.

Fig. 32. — Dos plongé.

Fig. 33. — Dos ensellé.

Le dos court est plus solide et convient mieux pour la selle et la plupart des autres services.

En somme, bien qu’on rencontre des avantages dans le dos long et dans le dos court, il est bon de poser en principe général que le dos p. 72le mieux conformé sera celui qui présentera une longueur en harmonie avec l’ensemble des autres parties du corps.

Le dos peut encore être tranchant ou double. Cette dernière conformation n’est à rechercher que pour les chevaux de gros trait.

Fig. 34. — Dos de mulet.

Les blessures du dos par le harnachement sont fréquentes, mais beaucoup moins graves qu’au garrot.

d. — Reins.

Située entre le dos et la croupe, cette région a pour base les six vertèbres lombaires.

Pour être beaux, les reins doivent être courts, larges, dans une bonne direction, bien musclés et bien attachés.

Les reins longs sont toujours faibles, d’autant plus qu’ils sont en même temps souvent étroits.

Les reins convexes, voussés, indiquent la vieillesse, l’usure, une maladie grave (effort de reins), ou encore un défaut originel, non absolument rare chez les produits des juments précédemment livrées à la production mulassière. Dans ce dernier cas, la voussure des reins n’est pas un défaut bien grave, si ce n’est pour le cheval destiné à la selle, qui peut se blesser plus facilement.

Quand les reins sont plus bas que la croupe, mal liés à elle, on dit qu’ils sont bas, mal attachés, mal soudés. Cette défectuosité, qui coexiste généralement avec des reins longs, étroits, nuit d’ordinaire à la rapidité des allures, à la solidité, rend l’arrière-main vacillant et le reculer difficile.

p. 73Il faut se garder de considérer comme bas, mal attachés, des reins ne paraissant en contre-bas que par suite de la saillie exagérée des angles internes de l’ilium ou du sommet de la croupe (bosse du saut).

Comme le dos, les reins peuvent être tranchants ou doubles.

Les blessures sont également les mêmes que dans cette dernière région.

e. — Croupe.

La croupe forme réellement le premier rayon des membres postérieurs et correspond, anatomiquement, à l’épaule. Mais, sous le rapport de l’extérieur, cette région n’étant pas nettement distincte du tronc, auquel elle est unie, d’ailleurs, de la manière la plus intime, nous la comprenons dans les régions du corps.

La croupe fait suite aux reins et a pour base les deux coxaux, composés chacun, ainsi que nous l’avons vu, de trois parties : 1° l’illium, qui s’appuie sur le sacrum ; 2° le pubis, compris entre les deux autres ; 3° l’ischium, qui, au lieu de suivre la direction oblique de haut en bas et d’avant en arrière de l’ilium, se relève et se porte en arrière (voy. IIIe partie, Bassin, et pl. XIV).

Ces trois parties, en se réunissant, forment inférieurement, et de chaque côté, une cavité dite cotyloïde, dans laquelle se trouve logée la tête du fémur correspondant.

De cette disposition résulte l’articulation coxo-fémorale, servant de point d’appui au levier représenté par chaque coxal.

La belle croupe doit être longue, légèrement inclinée, d’une largeur moyenne, et bien musclée.

La longueur est la première condition de beauté ; car le grand développement de la région, d’avant en arrière, est en rapport avec la longueur des muscles qui s’y attachent (muscles fessiers et ischio-tibiaux), et, par conséquent, avec l’étendue de leur contraction.

La longueur de la croupe se mesure de la hanche à la pointe de la fesse (tubérosité postérieure et externe de l’ischium). Cette longueur, indispensable à la rapidité des allures, a son effet d’autant plus marqué, pour le saut ou le galop surtout, qu’elle réside principalement dans les dimensions des ischiums, c’est-à-dire des bras de levier qui s’étendent de l’articulation coxo-fémorale à la pointe de la fesse, et sur lesquels agissent les muscles ischio-tibiaux chargés de faire basculer p. 74le coxal, et avec lui toute la partie antérieure du corps, sur la tête du fémur (fig. 35 du texte).

L’importance du grand développement de la croupe, d’avant en arrière, n’a pas échappé à l’esprit d’observation des Arabes : « Le cheval dont la croupe est aussi longue que le dos et les reins réunis, disent-ils, prends-le les yeux fermés : c’est une bénédiction. » Fitz-Émilius, par exemple, était dans ces conditions, et l’on sait quels grands moyens ce petit cheval a montrés en toute circonstance.

Fig. 35. — Croupe longue et croupe courte (fig. théorique).

AB. Croupe longue.A’B’. Croupe courte.CF. Fémur.E. Tibia.O. Articulation coxo-fémorale.AO et A’O. Ischiums.CB. Muscles fessiers de la croupe longue.CB’. Muscles fessiers de la croupe courte.AD. Muscles ischio-tibiaux de la croupe longue.A’D. Muscles ischio-tibiaux de la croupe courte.

Fig. 36. — Croupe horizontale et croupe oblique (fig. théorique).

AB. Croupe horizontale.A’B’. Croupe oblique.CB et AD. Muscles fessiers et ischio-tibiaux de la croupe horizontale (maximum de longueur).CB’ et A’D. Les mêmes muscles dans la croupe oblique (minimum de longueur).

La bonne direction de la croupe a été et est encore très discutée. Pour les uns, on doit la rechercher horizontale (fig. 37 du texte) ; pour les autres, l’obliquité est préférable (fig. 38 du texte). La vérité est que la croupe horizontale, entraînant de longs muscles ischio-tibiaux et ilio-trochantériens avec des attaches ischiatiques et trochantériennes plus perpendiculaires, des membres postérieurs plus reportés en arrière, un angle coxo-fémoral plus fermé, et, partant, une plus grande extension de la cuisse, favorise l’étendue des mouvements, l’impulsion en avant, la vitesse ; tandis que la croupe oblique, comportant un angle p. 75coxo-fémoral plus ouvert 14, des muscles plus courts, permet des mouvements moins étendus, une extension moins grande du fémur, et convient conséquemment moins bien pour les allures rapides que la conformation précédente (fig. 36 du texte).

D’un autre côté, la croupe oblique coïncidant le plus souvent avec des membres postérieurs fortement engagés sous le tronc, une partie de la détente de ceux-ci est employée en pure perte à soulever le corps jusqu’au moment où l’effort peut se transmettre intégralement au rachis dans le sens du mouvement. D’où, en somme, nouvel inconvénient de l’obliquité de la croupe pour la vitesse.

Fig. 37. — Croupe horizontale.

Fig. 38. — Croupe oblique.

Mais hâtons-nous de faire remarquer que « les conséquences de l’obliquité de la croupe sont subordonnées à la longueur, à la direction des ischiums, et aux rapports qui existent entre l’avant-main et l’arrière-main. Une croupe oblique, si elle est longue, puissamment musclée et élevée, et si l’avant-main est bas et léger, chassera fortement la masse en avant [•] 15. » Par suite, en effet, d’un simple déplacement du centre de gravité en avant, tout se trouve changé dans l’individu, et la projection peut s’opérer horizontalement, même chez l’animal à croupe oblique, pourvu qu’il soit bas et léger du devant ou, tout simplement, que l’encolure se relève, que la tête se porte en arrière, qu’en un mot la plus grande partie du poids du corps soit répartie sur les extrémités postérieures.

Il y a donc lieu de faire entrer en ligne de compte, pour l’appréciation p. 76de telle ou telle direction de la croupe, la conformation de l’avant-main. C’est ainsi que, chez les chevaux anglais, généralement bas du devant, on ne fait aucune différence, pour la vitesse, entre un cheval à croupe horizontale et son concurrent à croupe oblique. « Si le premier a des avantages dans un sens, le second en a dans l’autre, dit M. Richard, et il en résulte une compensation qui peut niveler leurs conditions de vitesse comme structure, sinon comme sang16. »

Fig. 39. — croupe tranchante ou de mulet

Avec la plupart des auteurs, nous admettons que la croupe oblique facilite d’ordinaire les allures enlevées17, non pas que nous croyions que cette direction soit favorable par elle-même à l’impulsion verticale ; mais parce que, coexistant généralement, comme nous l’avons vu, avec des membres postérieurs plus ou moins engagés sous le centre de gravité, la détente de ceux-ci a d’abord pour résultat de projeter le tronc en haut avant que l’effort puisse se transmettre au rachis dans le sens du mouvement en avant.

L’obliquité de la croupe est, d’ailleurs, favorable aussi à la force : par suite de l’inclinaison des rayons et de la fermeture des angles articulaires du membre abdominal, que nous savons être très souvent la conséquence de l’abaissement de la croupe, les attaches musculaires sont plus perpendiculaires à leurs bras de levier et permettent à l’animal de leur faire produire des efforts d’une grande intensité.

Fig. 40. — croupe double

Donc, d’une façon générale, la direction de la croupe doit être horizontale pour les services rapides ; oblique chez les chevaux destinés aux allures enlevées et chez ceux de gros trait lent ; moyennement inclinée, enfin, pour tous les services mixtes.

p. 77Cette direction répond à peu près à une ligne qui unirait la hanche à la pointe de la fesse.

Si la croupe est trop oblique, on la dit avalée, en pupitre, ou coupée. Cette dernière expression indique que le défaut est porté à l’excès et que les ischiums sont en même temps courts.

Sous le rapport de ses dimensions, la croupe peut être non seulement longue ou courte, mais large ou étroite.

La croupe large est une beauté pour tous les services et doit être surtout recherchée pour les juments poulinières. Par contre, la croupe étroite est très défectueuse ; elle indique que la région est mal musclée, sans force, et fait dire du cheval qu’il est pointu du derrière.

Relativement à la direction de sa ligne supérieure et à sa musculature, la croupe reçoit également différentes dénominations.

Lorsque l’épine sus-sacrée est très saillante et que les muscles fessiers s’abaissent de chaque côté, de manière à former un plan incliné, elle est dite tranchante ou de mulet (fig. 39 du texte). Cette conformation, commune chez les chevaux barbes, andalous, et du midi de la France, n’est défectueuse que si la région est en même temps étroite et mal musclée.

Quand, au contraire, l’épine sus-sacrée est figurée par un sillon limité de chaque côté par les muscles de la croupe trop fortement développés, on a la croupe double (fig. 40 du texte), qui ne convient que pour le service du gros trait.

Si, enfin, les éminences osseuses sont plus développées et plus saillantes que d’habitude, la croupe est dite anguleuse et dénote généralement des leviers d’une grande puissance. La saillie formée par les angles internes de l’ilium est quelquefois désignée sous la dénomination particulière de bosse du saut.

f. — Hanche.

Située à la partie externe de la croupe, avec laquelle elle se confond, cette région paire a pour base l’angle externe de l’ilium.

Fig. 41. — Cheval cornu.

La hanche doit faire une légère saillie ; alors elle est dite bien sortie.

p. 78Trop proéminente, le cheval est appelé cornu (fig. 41 du texte). Cette conformation de la hanche, tout simplement disgracieuse, est surtout commune chez les chevaux allemands. On la remarque aussi chez les chevaux maigres. « Il y avait une plaisanterie, dit à ce propos de Curnieu, qui consistait à faire semblant d’accrocher son chapeau à la hanche d’un cheval qu’on trouvait trop maigre. »

B. — Extrémité antérieure.
a. — Poitrail.

Placé au-dessous de l’encolure, le poitrail a pour base le sternum et les muscles pectoraux qui s’y attachent. Il devra être très large pour les chevaux de gros trait, et d’une largeur moyenne pour les chevaux de luxe.

Fig. 42. — Poitrail large.

Fig. 43. — Poitrail étroit.

La grande largeur du poitrail fait dire du cheval qu’il est bien ouvert du devant (fig. 42 du texte) ; son étroitesse rend, au contraire, le cheval serré, étroit (fig. 43 du texte). Cette dernière conformation, favorable aux allures rapides, n’est un défaut que si la poitrine manque p. 79de hauteur et de profondeur, et si les côtes sont serrées en arrière des épaules.

Il est à remarquer que la largeur du poitrail n’entraîne pas nécessairement celle de la poitrine ; car elle peut tenir exclusivement au grand développement des muscles pectoraux. D’ailleurs, les dimensions de la poitrine ne varient guère, chez les sujets de même taille, qu’en arrière des épaules. Si donc un large poitrail indique généralement une poitrine développée, c’est plutôt par suite de cette espèce de solidarité, mise en évidence par M. H. Bouley, qui existe entre le développement général de l’appareil respiratoire et celui du système musculaire.

Le poitrail qui laisse voir un creux entre les deux épaules est dit enfoncé ; c’est le glus grand défaut absolu de cette région. Aussi, les Arabes méprisent-ils profondément un cheval qui présente cette défectuosité (Voy. Épaule).

b, c. — Ars et Inter-ars.

L’ars répond au point de jonction de l’extrémité supérieure et interne de l’avant-bras avec le tronc, et se trouve limité, en avant, par le poitrail, en arrière, par le passage des sangles.

Cette région présente peu d’intérêt en extérieur ; néanmoins, elle est quelquefois le siège d’excoriations qui font dire que le cheval est frayé aux ars.

L’inter-ars est l’espace situé entre les deux ars. Il n’offre à considérer que des traces de sétons, auxquelles on attache généralement peu d’importance.

C. — Face inférieure.
a. — Passage des sangles.

Située en arrière des ars et des coudes, en avant du ventre, cette région doit être bien descendue, arrondie d’un côté à l’autre et horizontale d’avant en arrière, de façon à ce que les sangles ne glissent pas continuellement en avant ou en arrière. Elle est souvent le siège de blessures dues au harnachement, surtout si elle forme un plan incliné.

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b. — Ventre.

Placé au-dessous des flancs et des côtes, le ventre a pour base les muscles des parois inférieures de l’abdomen. Son développement doit être médiocre.

Fig. 44. — Ventre avalé ou de vache.

S’il est trop volumineux, on le dit avalé ou ventre de vache (fig. 44 du texte) ; cette conformation nuit aux allures rapides et indique généralement un cheval mou, lymphatique, grand mangeur. Elle peut cependant p. 81se rencontrer chez des chevaux vigoureux, qui ont reçu pour toute nourriture, pendant un temps plus ou moins long, des aliments grossiers, peu nutritifs ; dans ce cas, une alimentation bien entendue ramène d’autant plus facilement le ventre à un volume convenable que l’on a affaire à des animaux jeunes.

Fig. 45. — Ventre levretté.

On rencontre aussi le ventre avalé chez les poulinières qui ont mis bas plusieurs fois.

Si l’animal présente le défaut opposé, on le dit levretté (fig. 45 du texte) ou étroit de boyaux. Cela indique que le cheval se nourrit mal, qu’il a longtemps souffert, ou qu’on l’a entraîné pour les courses. Quand cette défectuosité n’est pas due à l’entraînement ou à une longue maladie, qu’elle est, pour ainsi dire, naturelle, les chevaux boudent sur leur nourriture après la moindre fatigue, lisent la gazette, comme disent les maquignons.

Sur les parois du ventre peuvent exister des tumeurs molles appelées hernies, produites par la sortie d’une anse intestinale, soit à travers l’anneau ombilical dont l’ouverture a persisté, soit à travers les muscles abdominaux déchirés. La portion herniée qui fait ainsi saillie sous la peau au niveau de l’ombilic est dite hernie ombilicale. Dans les autres points du ventre, les hernies sont dites ventrales, ou tout simplement éventrations, et résultent de coups ou d’efforts violents.

D. — Face latérales.
a. — Côtes.

Cette région forme latéralement la charpente osseuse de la cavité de la poitrine. Elle a pour base tous les arcs costaux situés en arrière de l’épaule.

Elle doit offrir une convexité assez prononcée et être longue.

Les côtes plates et courtes (fig. 46 du texte) indiquent une respiration et une circulation peu étendues, conséquemment un cheval sans fond.

Les côtes longues ou descendues (voy. fig. 45 du texte), rondes très reportées en arrière, annoncent, au contraire, une poitrine large, haute, profonde, et la faculté de supporter un exercicep. 82 violent et soutenu : « Choisis-le large et achète, disent les Arabes, l’orge le fera courir. »

S’il est évident que la grande longueur des côtes peut compenser en partie leur manque d’incurvation, il est théoriquement et pratiquement impossible d’admettre, avec certains auteurs, que l’énergie, la bonne conformation des autres régions du cheval, peuvent racheter le peu de capacité de sa cavité thoracique. Comme le dit avec raison M. Richard, le cheval à côtes courtes et plates « ne sera jamais capable de faire un bon service ; il ne sera jamais un cheval de fond, quels que soient son sang et sa conformation ; manquant par le foyer, par le principe qui préside à toutes les fonctions de la vie, il ne sera, d’un autre côté, qu’un mauvais reproducteur, malgré la noblesse de son origine18 ».

Fig. 46. — Côtes courtes.

La véritable hauteur de la poitrine se mesure verticalement du sternum à la colonne vertébrale, sous le garrot ; sa profondeur, ou longueur, se prend horizontalement de la partie antérieure du sternum, sous l’encolure, au diaphragme ; enfin, sa largeur est représentée par la distance qui existe d’un côté à l’autre, en arrière de l’épaule, au dessus du passage des sangles.

b. — Flanc.

Limité en haut par les reins, en avant par les côtes, en arrière p. 83par la hanche, et en bas par le ventre, le flanc a pour base principale le muscle petit oblique de l’abdomen. Il présente trois parties à étudier : une supérieure, le creux ; une moyenne, la corde ; une inférieure, ou la partie fuyante.

Le flanc doit être plein et court.

Le flanc long, coïncidant généralement avec des côtes courtes, plates, et des reins longs, doit être considéré comme une grave défectuosité.

Le flanc est creux quand la partie supérieure forme un enfoncement prononcé ; cordé, si la partie moyenne est tendue et se dessine fortement en relief sous la peau. La première de ces conformations annonce un cheval mou, lymphatique, gros mangeur ; la seconde indique une affection quelconque des organes digestifs, la maigreur, ou encore l’excès de travail.

Lorsque le flanc est à la fois creux et cordé, on dit que l’animal est efflanqué.

Enfin, le flanc est retroussé quand il simule celui du lévrier.

Les mouvements du flanc correspondent exactement à ceux de l’inspiration et de l’expiration. Comme ces derniers, ils sont lents et réguliers à l’état sain et au repos, et, comme eux aussi, ils augmentent par suite d’un exercice violent ou d’une maladie plus ou moins grave. De plus, dans certaines affections, l’emphyséme pulmonaire, par exemple, ils deviennent irréguliers, et les mouvements d’abaissement ou d’élévation, ces derniers plus particulièrement, se font en deux temps séparés l’un de l’autre par un moment d’arrêt appelé soubresaut, coup de fouet, contre-temps de la pousse (voy. IIIe partie, Rhythme de la respiration).

Les flancs peuvent être le siège de hernies, comme le ventre.

E. — Extrémité postérieure.
a. — Queue.

La queue a pour base les os coccygiens et fait suite à la croupe. Les crins dont elle est garnie sont d’autant plus fins que le cheval a plus de distinction.

Lorsque les crins sont entiers et le tronçon intact, on dit le cheval à tous crins. Celui-ci est dit écourté, courte-queue, lorsqu’on a retranché p. 84une partie notable du tronçon et coupé les crins au niveau de la section. Si, au contraire, les crins ont été ménagés, la queue est dite en balai.

On appelle queue de rat celle qui se trouve en grande partie dépourvue de crins ; elle a l’inconvénient de laisser le cheval sans arme contre les insectes qui viennent l’assaillir l’été. Pourtant les chevaux qui présentent cette particularité sont généralement estimés ; tout le monde connaît, en effet, ce vieux dicton : Jamais cheval à queue de rat n’a laissé son maître dans l’embarras.

La queue est dite bien attachée quand le tronçon élevé se sépare bien des fesses ; elle est, au contraire, mal attachée, collée, si, parlant de bas, elle se détache peu.

Pour donner à certains chevaux la distinction qu’ils n’avaient pas dans le port de la queue, on pratiquait beaucoup autrefois l’opération de la queue à l’anglaise (section des muscles abaisseurs), et le cheval était dit anglaisé ou niqueté.

On juge assez sûrement de l’énergie d’un cheval par la résistance qu’offre sa queue quand on veut la soulever.

Les Arabes font, avec raison, grand cas de cet élément d’appréciation.

b. — Anus.

Ouverture postérieure du tube digestif, l’anus doit être recouvert d’une peau fine, arrondi, peu volumineux, et toujours parfaitement clos. L’anus béant, avec expulsion continuelle de gaz et de matières alimentaires mal liées, caractérise le cheval vidard, cheval mou, faible, vieux ou épuisé : « Méfie-toi, disent les Arabes, du cheval dont l’anus est béant ou venteux, ou dont les crottins ne sont pas égaux19. »

c. — Périnée.

Le périnée est l’espace compris entre les fesses, de l’anus aux testicules chez le cheval, et de l’anus à la vulve chez la jument.

La peau qui recouvre cette région doit être lisse, fine et souple.

Raphé. — Le raphé est la ligne médiane qui sépare le périnée en deux parties égales.

p. 85
F. — Organes génitaux.
1° — Organes génitaux du mâle.
a. — Testicules et Bourses.

Situés sous la région inguinale, dans l’entre-deux des cuisses, le gauche toujours plus bas et plus en arrière que le droit, les testicules représentent deux masses glanduleuses de forme ovoïde, enveloppées chacune dans une poche membraneuse appelée bourse.

Ils doivent être fermes, volumineux, roulants sous les doigts, sans inégalité, et non douloureux à la pression.

Le cheval pourvu de ses testicules est dit entier ; il est hongre dans le cas contraire.

Le cheval monorchide n’a qu’un seul testicule descendu dans les bourses.

Chez le cheval cryptorchide, les deux testicules sont restés dans la cavité abdominale. Cette dernière expression s’applique souvent aussi au cheval monorchide.

Les animaux monorchides ou cryptorchides étant généralement méchants, on doit les proscrire de certains services, de celui de l’armée par exemple.

Les cryptorchides doivent aussi être rejetés de la reproduction, l’expérience ayant démontré qu’ils sont inféconds.

Les maladies et les tares de la région testiculaire sont fréquentes et généralement graves.

Parmi celles-ci, il y a lieu de signaler :

L’orchite (inflammation de la substance propre du testicule) ; le sarcocèle (engorgement chronique de l’organe formant une tumeur considérable dure et peu sensible) ; l’hydrocèle (hydropisie aiguë ou chronique des bourses, qui sont alors augmentées de volume, tendues et luisantes) ; le champignon (tumeur indurée de l’extrémité du cordon qui supporte les testicules, survenant, d’un côté ou de l’autre, à la suite de la castration) ; enfin, la hernie inguinale aiguë ou chronique (due à l’irruption d’une anse intestinale dans les bourses ; les douleurs qui accompagnent la forme aiguë empêchent toujours la mise en vente de l’animal ; mais il n’en est plus de même pour la forme chronique, qu’on rencontre assez souvent, surtout à l’état intermittent).

p. 86D’une manière générale, on ne devra jamais faire l’acquisition d’un cheval atteint de l’une ou de l’autre des affections précédentes.

b. — Fourreau et Verge.

Fourreau. — Repli de la peau dans lequel se trouve logé le pénis, le fourreau doit être ample et recouvrir complètement cette dernière partie, excepté pendant les émissions d’urine.

Sa cavité est enduite d’une humeur sébacée, de couleur gris noirâtre, que l’on désigne, à cause de son aspect, sous le nom de cambouis. Cette matière s’accumulant quelquefois en trop grande quantité donne lieu à une irritation qu’on évite en ayant soin d’éponger souvent la région.

Certains chevaux font entendre, pendant l’allure du trot ou du galop, un bruit particulier auquel on a donné le nom de bruit de grenouilles. D’après MM. Merche20, Goubaux et Barrier21, ce bruit est dû à l’aspiration et au refoulement successifs de l’air à l’intérieur du fourreau. C’est ainsi que M. Franconi a pu le faire disparaître en bourrant le fourreau avec des étoupes.

Souvent on trouve, de chaque côté du repli cutané qui nous occupe, un petit mamelon représentant le même organe chez la femelle.

Verge.— La verge ou pénis est l’organe de la copulation chez le mâle.

On doit s’assurer qu’elle est exempte de verrues, d’ulcérations, de tumeurs mélaniques, etc., qui nuisent à ses fonctions. Il est, en outre, indispensable qu’elle se meuve avec facilité dans le fourreau et en sorte partiellement lors de l’émission des urines, sans quoi l’animal urine dans son fourreau, défaut d’autant plus important que le séjour prolongé de l’urine dans l’enveloppe protectrice du pénis détermine là une irritation plus ou moins grave.

Quelquefois, la verge est frappée de paralysie et pend hors du fourreau ; outre qu’elle est très désagréable à l’œil, la verge pendante gêne considérablement le cheval pendant les allures. « Dans les conditions habituelles, la tête de la verge n’est pas visible à l’entrée du fourreau ; elle est masquée par les replis de la peau. Aussi, est-ce p. 87à tort que les peintres et les sculpteurs représentent cette partie à peu près avec la disposition qu’elle affecte chez l’homme. Il vaudrait beaucoup mieux qu’ils s’astreignissent, en cela, à copier la nature, de préférence aux modèles du Parthénon, d’ailleurs défectueux sous plus d’un autre rapport22. »

2° — Organes génitaux de la femelle.
a. — Vulve.

Orifice extérieur des organes génito-urinaires de la jument, la vulve constitue une fente verticale située au-dessous de l’anus, dont la sépare le périnée.

Elle présente deux lèvres, qui doivent être fermes et exemptes de blessures, et deux commissures : l’une supérieure, aiguë, l’autre inférieure, arrondie. Celle-ci laisse voir, quand on écarte les lèvres, un gros tubercule impair, le clitoris, logé dans un repli muqueux.

Chez les juments en chaleur, la vulve se gonfle, devient plus chaude, plus sensible, plus rouge, et laisse écouler une petite quantité de liquide. En outre, « les bêtes se campent fréquemment, rejettent une petite quantité d’urine et font saillir leur clitoris à plusieurs reprises et d’une façon convulsive à la suite de ces efforts. Souvent alors elles se montrent chatouilleuses, difficiles à approcher, et détachent la ruade au moindre attouchement. On les dit pisseuses, lorsque cet état devient habituel23.

Les tares les plus fréquentes de la vulve sont des plaies, des déchirures, des morsures, des venues, etc., qui ne nuisent généralement pas au service journalier. Toutefois, d’après M. Huzard, les verrues, étant héréditaires, doivent faire exclure la jument des haras.

b. — Mamelles.

Les mamelles sont deux glandes préposées à la sécrétion du lait. Elles forment, dans la région inguinale, deux éminences arrondies surmontées chacune d’un petit prolongement nommé mamelon, qui p. 88donne passage au lait par deux orifices excréteurs aboutissant à l’intérieur de l’organe.

Les mamelles doivent être exemptes de maladies et bien dessinées chez les juments destinées à la reproduction.

III. — Membres

Les membres, au nombre de quatre, deux antérieurs et deux postérieurs, sont les supports et les véritables moteurs du corps.

Nous ne reviendrons, ni sur la disposition angulaire de leurs rayons, ni sur leur mode d’attache avec le tronc, toutes particularités qui ont été suffisamment examinées dans nos généralités (voy. Divisions principales et Squelette). Nous nous contenterons ici de les étudier au point de vue de l’extérieur.

L’association de deux membres forme ce qu’on appelle un bipède, et l’on distingue les bipèdes en antérieur, postérieur, latéral, et diagonal.

Le bipède antérieur est constitué par les deux membres de devant ; le bipède postérieur, par les deux membres de derrière ; le bipède latéral droit, par les membres droits de devant et de derrière ; le bipède latéral gauche, par les membres du côté opposé ; le bipède diagonal droit, par les membres antérieur droit et postérieur gauche ; le bipède diagonal gauche, par les membres antérieur gauche et postérieur droit.

Chaque membre comprend plusieurs régions que nous étudierons successivement, en commençant par celles des membres antérieurs.

A. — Membres antérieurs.

Les régions comprises dans chaque membre antérieur sont, de haut en bas : l’épaule, le bras, l’ avant-bras, le coude, le genou, le canon, le tendon, le boulet, le fanon, l’ergot, le paturon, la couronne et le pied.

a. — Épaule.

Fixée de chaque côté de la poitrine, entre l’encolure et les côtes, le garrot et le bras, cette région paire a pour base le scapulum et son cartilage de prolongement. Elle est dirigée obliquement de haut en bas, d’arrière en avant, et s’articule à son extrémité antéro-inférieure p. 89avec l’humérus, formant ainsi une saillie connue sous le nom de pointe de l’épaule.

Pour le cheval de selle et de trait léger, l’épaule devra être longue, oblique, bien musclée (voy. fig. 29 du texte) ; elle devra avoir, de plus, des mouvements très faciles et très étendus.

La première condition de beauté est certainement la longueur, car elle indique un grand développement des muscles qui agissent sur le bras ; or, comme de la longueur de ceux-ci dépend leur degré d’extension ou de contraction, il est facile de concevoir que le jeu du bras sur l’épaule sera d’autant plus étendu que les muscles qui le font mouvoir seront plus longs : « l’angle formé par l’épaule et le bras, dit M. Richard, se fermera et s’ouvrira davantage, condition sine qua non de grande liberté du membre antérieur24. »

Fig. 47. — Épaule oblique et épaule droite (fig. théorique).

AB. Épaule oblique.A’B’. Épaule droite.OC. Encolure.BC. Direction schématique des muscles élévateurs de l’épaule AB.B’C’. Direction des mêmes muscles dans l’épaule A’B’ (insertions plus obliques que ci-dessus).

Fig. 48. — Épaule oblique et épaule droite (fig. théorique).

A’B’ et AB. Épaule oblique et épaule droite.A’O’ et AO. Verticales abaissées de l’extrémité supérieure de chaque épaule.B’C’ et BC. Amplitudes égales des deux oscillations scapulaires.

Une autre condition de beauté inhérente à l’épaule du cheval de vitesse réside dans son obliquité. Celle-ci donne une attache plus perpendiculaire aux muscles de la région (fig. 47 du texte), permet à la pointe de l’épaule de se porter plus en avant à chaque oscillation (fig. 48 du texte), à l’humérus de s’étendre davantage, et à l’avant-bras p. 90d’entamer une plus grande étendue de terrain (fig. 49 du texte).

Malgré ce qu’ont pu dire certains auteurs, la longueur de l’épaule est une beauté pour tous les services.

D’un autre côté, si les inconvénients résultant de l’épaule droite disparaissent en ce qui concerne le cheval de gros trait, il ne faut pas conclure de là qu’une épaule est défectueuse chez un boulonnais ou un percheron parce qu’elle est oblique : « Ceux qui voudront s’en assurer par des mensurations sérieuses reconnaîtront facilement que cette région est capable, sur les beaux modèles de ce genre, d’une très grande inclinaison25. » 

Fig. 49. — Épaule oblique et épaule droite (fig. théorique)

MN. Horizontale.AO. Épaule oblique.A’O. Épaule droite.OB. Humérus de l’épaule oblique.OB’. Humérus de l’épaule droite (les deux épaules et les deux bras sont supposés avoir la même longueur et former des angles égaux.B’C’. Arc décrit par l’humérus OB’.BC. Arc décrit par l’humérus OB.

Quelles que soient, d’ailleurs, sa longueur et sa direction, l’épaule devra toujours être bien musclée. Chez le cheval de selle et de trait léger, on recherchera en même temps des muscles bien dessinés, en relief sous la peau.

L’épaule chargée, massive, charnue, épaisse, noyée, c’est-à-dire celle dont les masses musculaires énormes alourdissent la démarche en surchargeant l’avant-main, ne convient qu’au cheval de gros trait.

L’épaule maigre, décharnée, est une défectuosité pour tous les services.

Relativement aux mouvements qu’elles peuvent exécuter, les épaules sont dites froides quand leurs actions, bornées au départ, deviennent plus libres à mesure qu’on exerce l’animal ; chevillées, lorsque cette difficulté des mouvements persiste toujours ; plaquées, quand elles offrent à la fois peu de saillie et peu de mouvement.

À notre avis, on n’accorde généralement pas assez d’importance, dans l’appréciation du cheval, à la conformation de l’épaule. Pour beaucoup, c’est là un petit détail sur lequel il serait puéril de s’arrêter.

p. 91Erreur profonde ! Le cheval dont l’épaule est droite, courte, mal musclée, (voy. fig. 30 du texte), est tout aussi sûrement un mauvais cheval que celui qui a la croupe courte et étroite : « Le cheval dont le poitrail est enfoncé et les épaules perpendiculaires, fuis-le comme la peste », disent les Arabes, et ils ont mille fois raison. « Si le cheval n’a point d’épaules, écrit d’autre part de Solleysel, et qu’il ne les puisse mouvoir, les ayant tout engourdies, cela est capable de faire rejeter un cheval de quelque beauté qu’il soit, hors que le prix en soit fort modique26. »

Aussi, ne saurions-nous trop engager le lecteur à voir dans l’épaule l’un des plus précieux éléments d’appréciation du cheval. Nous lui conseillons surtout de se défier des animaux chez lesquels cette région, en outre des défauts ci-dessus, se confond insensiblement avec l’encolure, le garrot et les côtes, et dont le rayon scapulaire s’amincit tellement à son extrémité supérieure qu’il semble s’accoler là à celui du côté opposé.

D’ailleurs, les épaules droites, courtes, mal musclées, présentent un autre inconvénient très grave pour les allures rapides, celui d’exposer le cheval à butter, surtout s’il est en même temps bas du devant. Les membres antérieurs, en effet, ne peuvent alors entamer une étendue de terrain commandée par l’impulsion des membres postérieurs, et l’animal se heurte aux moindres inégalités du sol dès qu’on force un peu son allure. Cet inconvénient est surtout sensible chez les chevaux à croupe bien musclée, horizontale, dont le corps est vigoureusement projeté en avant (voy. Croupe).

Maintenant, nous ferons observer que l’épaule n’est pas nécessairement bien conformée, comme on le croit souvent, par le seul fait que le garrot est sec et élevé. S’il est vrai que la beauté d’une de ces régions commande généralement celle de l’autre, il est non moins certain que souvent cette harmonie de conformation fait défaut. La longueur de l’épaule, en effet, dépend d’abord de celle de son rayon osseux et, secondairement, de la saillie des premières apophyses dorsales au-dessus des cartilages scapulaires ; or, il est évident que cette saillie, pour si accusée qu’elle soit, ne peut, en s’ajoutant à une omoplate courte, former une épaule longue, et, réciproquement, son effacement ne peut empêcher un scapulum très développé de constituer une épaule longue, descendue. Quant au raccourcissement des muscles qui, p. 92de cette région, vont au garrot, raccourcissement résultant du peu d’élévation de celui-ci, c’est là un inconvénient assez peu important, le rôle de ces muscles étant relativement effacé dans la locomotion de l’épaule.

Dans notre travail sur les chevaux tunisiens, nous signalions déjà timidement cette particularité : « Chose digne de remarque, écrivions-nous, « avec un garrot sec, élevé, tranchant, se prolongeant jusque vers le « milieu du dos, coexistent souvent des épaules mal conformées27. »

Aujourd’hui, grâce à de nouvelles et nombreuses observations sur les chevaux français, qui ont corroboré de tous points celles recueillies sur les chevaux tunisiens, nous ne craignons pas d’être plus affirmatif et d’appeler de nouveau l’attention du lecteur sur ce sujet.

Les régions de l’encolure et des côtes nous paraissent devoir être prises en plus sérieuse considération que celle du garrot pour l’appréciation de l’épaule. Donnant, en effet, attache à la plupart des muscles extrinsèques de cette dernière région, l’encolure et les côtes faciliteront d’autant plus les mouvements de l’épaule qu’elles seront plus longues, mieux musclées et dans une meilleure direction. La grande dimension de la région scapulaire n’est guère compatible, d’un autre côté, qu’avec une poitrine très haute.

L’épaule est l’une des régions de l’extérieur qui s’améliore le plus facilement par l’exercice.

M. de Sourdeval, si nous avons bonne mémoire, conseille aussi, pour développer l’obliquité des épaules, de ne jamais laisser le cheval prendre ses repas à terre, de lui donner, au contraire, ses aliments dans des râteliers et des crèches placés très haut.

b. — Bras.

Le bras, que l’on confond souvent avec l’épaule dans les traités d’extérieur, s’articule avec cette dernière région en formant l’angle scapulo-huméral. Il a pour base l’humérus et affecte une direction opposée à celle du rayon scapulaire.

Il devra être assez oblique pour fermer convenablement l’angle scapulo-huméral, disposition qui permet aux rayons osseux de s’écarter davantage au moment des allures.

p. 93
c. — Coude.

Situé en haut et en arrière de l’avant-bras, le coude a pour base le sommet du cubitus (olécrâne).

Il doit être long, ni trop écarté ni trop rentré sous la poitrine.

On appelle éponge une tumeur de la pointe du coude produite par la branche interne du fer des pieds antérieurs, quand le cheval se couche en vache.

d. — Avant-bras.

L’avant-bras fait suite au bras et a pour base le radius et le cubitus.

Fig. 50. — Avant-bras long et bien musclé.

Fig. 51. — Avant-bras court et grêle.

Il est d’autant mieux disposé pour la vitesse qu’il est plus long et plus vertical (fig. 50 du texte).

Les muscles recouvrant les rayons osseux doivent être volumineux, bien dessinés, fermes, et affecter la disposition de cônes renversés ; alors l’avant-bras est musculeux ; sinon il est grêle.

La longueur de l’avant-bras est moins à rechercher pour les chevaux de gros trait ; cependant, là encore, on pourrait la considérer comme une beauté, puisque les beaux chevaux de trait, ceux de la Compagnie générale des omnibus de Paris, par exemple, ont en général les avant-bras longs.

p. 94Pour certains services, celui du manège surtout, l’avant-bras court est préférable, en ce sens qu’il donne beaucoup de brillant au cheval : tels les chevaux andalous.

Châtaigne. — Production cornée peu intéressante située vers le tiers de la face interne de l’avant-bras.

Elle est d’autant moins développée que les chevaux sont plus fins.

e. — Genou.

Le genou a pour base les deux rangées des os carpiens (voy. pl. XI).

Fig. 52. — Genou large et épais.

Fig. 53. — Genou étroit.

Il présente à considérer deux faces : une antérieure à peu près plane, l’autre postérieure, ou le pli du genou.

Comme toutes les articulations, il doit être large (fig. 52 du texte) d’avant en arrière et épais d’un côté à l’autre, pour fournir une bonne surface d’appui à la partie antérieure du corps qui repose sur lui : « Le genoüil, « dit de Solleysel, doit être plat et « large, sans aucune grosseur ni « rondeur au-dessus28. » De plus, il doit se trouver dans la même direction verticale que le canon et l’avant-bras.

Ainsi conformé, il convient à tous les services.

Nous examinerons dans des chapitres spéciaux les défauts d’aplomb et les tares de cette région.

B. — Membres postérieurs.
a. — Cuisse.

Cette région a pour base le fémur et offre à étudier deux faces : une externe ; l’autre interne, dite plat de la cuisse, sur laquelle rampe une veine superficielle, la saphène, où l’on pratique quelquefois la saignée.

p. 95La face externe doit être, arrondie et séparée des régions voisines par des interstices musculaires, qu’il ne faut pas confondre avec les raies de misère résultant de l’amaigrissement. Si, avec cela, les muscles sont fermes, vigoureux, non empâtés, le cheval est dit bien gigoté.

Fig. 54. — Fesse et cuisse longues.

Fig. 55. — Fesse et cuisse courtes.

On dit qu’il a la cuisse plate, de grenouille, quand, au contraire, les muscles de cette région sont peu développés.

La longueur (fig. 54 du texte) et l’obliquité de la cuisse sont des beautés relatives à rechercher pour les allures rapides... « Et lorsque je dis : Reposons-nous, le cavalier s’arrête comme par enchantement et se met à chanter, restant en selle sur le cheval vigoureux dont les muscles des cuisses sont allongés et les tendons secs et bien séparés29. »

b. — Fesse.

Située en arrière de la cuisse, la fesse s’étend de la naissance de la queue à la corde du jarret. Cette région a pour base les muscles ischiotibiaux, chargés de faire basculer le coxal, et avec lui tout l’avant-main sur le fémur. Sa partie supérieure offre une espèce de saillie correspondant à l’angle postérieur de l’ischium ; c’est la pointe de la fesse.

p. 96Cette région doit être longue, large, et constituée par des muscles énergiques.

La fesse bien descendue (fig. 54 du texte) sur la jambe indique beaucoup de force dans le train postérieur et est à rechercher, surtout pour les chevaux destinés aux allures rapides.

c. — Grasset.

Cette région, peu importante en extérieur, correspond à l’articulation fémoro-rotulienne et a pour base la rotule. Elle est reliée à la partie postérieure de l’abdomen par un repli de la peau appelé pli du grasset.

d. — Jambe.

La jambe, qui s’étend de la cuisse au jarret, a pour base le tibia.

Fig. 56. — Jambe courte.

Fig. 57. — Jambe longue.

Elle doit être large, bien musclée, suffisamment longue et inclinée. Quand la jambe est ainsi conformée, le cheval est dit avoir du mollet.

La longueur de cette région (fig. 57 du texte), jointe à son peu p. 97d’inclinaison et à un grand développement des muscles, favorise les allures rapides.

Sa brièveté (fig. 56 du texte) et son obliquité, au contraire, si elle est en même temps bien musclée, doivent être préférées pour les chevaux dont on exige beaucoup de force et de fond. « Les animaux des montagnes, dit M. Richard dans son excellente Étude du cheval de service et de guerre, comme les hommes de ces pays, ont les membres courts et forts, pour gravir les mauvais chemins et les pics escarpés ; ceux des plaines les ont allongés, mais quelle différence dans le fond ! Les chasseurs des plaines reconnaissent les lièvres descendus des montagnes au peu de longueur de leurs jambes, en comparaison des indigènes, et à leur résistance au courre : les chiens forceront deux lièvres de la plaine avant de fatiguer un seul montagnard. Un grand échassier de cheval, quelle que soit sa vitesse à accomplir un tour d’hippodrome, sera toujours forcé par un concurrent près de terre, en augmentant le poids de charge et en allongeant la carrière pour une épreuve sérieuse30). »

e. — Jarret.

Le jarret a pour base les os du tarse, l’extrémité inférieure du tibia, et l’extrémité supérieure des métatarsiens (Voy. pl. XIII). Son mouvement de détente est l’agent essentiel de la progression. On distingue dans cette région : 1° le pli, ou partie antérieure ; 2° la pointe, ou partie postérieure, qui a pour base la tête du calcanéum ; 3° la corde, constituée par de forts tendons ; 4° le creux, situé entre la corde et l’extrémité inférieure du tibia.

Comme le genou, le jarret doit être large, épais (fig. 58 du texte), net, et bien évidé ; c’est-à-dire que les saillies osseuses et tendineuses doivent être parfaitement apparentes sous la peau fine.

Si, présentant une étroitesse anormale, il se confond insensiblement avec les régions voisines, surtout à sa base, on le dit étroit ou étranglé (fig. 59 du texte).

Il est dit gras, plein ou empâté, quand les reliefs osseux sont plus ou moins effacés par l’abondance du tissu conjonctif sous-cutané et l’épaisseur de la peau et des poils.

p. 98L’angle que forme le jarret peut être plus ou moins ouvert ; dans le premier cas, le jarret est droit ; il est coudé dans le second.

Le jarret droit (fig. 61 du texte) est favorable à la vitesse.

Le jarret coudé (fig. 60 du texte), au contraire, favorise plutôt les mouvements enlevés, surtout avec la croupe longue et oblique ; aussi, tous les animaux sauteurs ont-ils les jarrets plus ou moins coudés ; tel le Kanguroo, qui fait des bonds énormes. Par suite de l’insertion perpendiculaire sur le calcanéum de la corde de la puissance (tendon d’Achille chez l’homme), cette conformation du jarret est aussi plus favorable à la force.

Fig. 58. — Jarret large et épais

Fig. 59. — Jarret étroit ou étranglé

Fig. 60. — Jarret coudé

Fig. 61. — Jarret droit

Dans tous les cas, les jarrets droits et coudés à l’excès se fatiguent vite, soit par suite des réactions, soit par suite des tiraillements, toujours plus prononcés que sur les jarrets moyennement coudés. Aussi, les tumeurs molles ou dures sont-elles surtout fréquentes sur ces jarrets.

Nous étudierons ultérieurement les tares et les défauts d’aplomb de cette région.

f. — Canon et Tendons.

Canon. — Le Canon a pour base le métacarpien ou le métatarsien principal et les deux métacarpiens ou métatarsiens rudimentaires (encore appelés péronés).

Que l’on considère cette région dans le membre antérieur ou dans p. 99le membre postérieur, elle est la même, ainsi, d’ailleurs, que toutes celles qu’il nous reste à étudier maintenant. Toutefois, il y a lieu de faire remarquer que le canon antérieur est toujours plus long que le canon postérieur.

Le canon doit être large, bien musclé et aussi court que possible pour les chevaux destinés aux allures rapides : « Les rayons supérieurs des membres doivent être longs, disent les Arabes ; les rayons inférieurs courts. »

Nous examinerons les tares du canon en même temps que celles des autres régions.

Tendons. — Situés en arrière du canon, les tendons, au nombre de deux (fléchisseur profond et fléchisseur superficiel des phalanges), sont les agents essentiels des mouvements du pied et méritent, à ce titre, d’être examinés avec la plus grande attention. Ils doivent être forts, secs, fermes, nets, convenablement détachés (fig. 62 du texte) du canon, de manière à laisser entre eux et cette dernière région un creux, un évidement bien marqué, dans lequel on doit apercevoir, à travers la peau fine, le ligament suspenseur du boulet. « C’est une des parties les plus considérables d’un cheval que le nerf de la jambe, dit de Solleysel ; les plus gros, sans estre enflez, sont les meilleurs ; toutes les jambes qui ont le nerf menu seront bien tost ruinées31. »

Fig. 62. — Tendons nets, bien détachés.

Fig. 63. — Tendons faillis.

p. 100Chez les chevaux communs ou de gros trait, les tendons sont empâtés, mal détachés, et cela sans grand inconvénient.

Si, au-dessous du pli du genou, à l’endroit où ils semblent se détacher de l’os sus-carpien, les tendons offrent moins de saillie, semblent collés au canon, on les dit faillis (fig. 63 du texte) ; au lieu de suivre une direction verticale, ils deviennent alors obliques de haut en bas et d’avant en arrière. C’est l’une des plus graves défectuosités que nous connaissions, surtout pour le cheval de selle et de luxe.

Quand, au contraire, la région des tendons est plus grosse en bas, engorgée, dure, noueuse, on se trouve en présence d’un effort de tendon ou nerf-ferrure. Dans ce cas, il y a généralement, en même temps, douleur et boiterie.

La bride fibreuse qui descend de l’articulation carpienne ou tarsienne pour rejoindre le tendon perforant peut seule être malade ; alors l’engorgement et la sensibilité ont leur siège entre le canon et les tendons, qui restent ordinairement sains. On désigne quelquefois cette affection sous le nom de ganglion.

On dit ordinairement du cheval qui contracte une nerf-ferrure pendant un exercice violent qu’il s’est claqué les tendons, qu’il a les tendons claqués.

g. — Boulet.

Cette région est formée par l’articulation du métacarpe ou du métatarse avec la première phalange et les os sésamoïdes (Voyez pl. XI et XII).

À partir du boulet, la direction des rayons de chaque membre cesse d’être verticale pour devenir oblique de haut en bas et d’arrière en avant ; de cette disposition particulière résulte un amortissement du choc sur le sol et une décomposition des forces, dont toute l’action perdue porte sur le boulet. Cette jointure supportant ainsi de violents efforts et pendant la station, pour maintenir le boulet dans la position la plus convenable au support de la masse, et pendant l’impulsion dans les mouvements, doit présenter un grand développement d’un côté à l’autre et d’avant en arrière. La longueur du diamètre antéro-postérieur surtout est à rechercher, car elle indique que la poulie des tendons (sésamoïdes) est convenablement développée, que les cordes tendineuses et le ligament suspenseur du boulet se rapprochent p. 101de la perpendiculaire et sont, par conséquent, dans les meilleures conditions pour fonctionner énergiquement.

Chez les chevaux fins, destinés aux allures vives, le boulet devra également présenter des contours nets et des tendons saillants.

On dit d’un cheval dont les boulets sont minces qu’il manque de poignets : « Le cheval de demi-sang, disent MM. Moll et Gayot, faible dans cette région, ne promet qu’un pauvre serviteur, et il tient cette promesse avec une certitude et une promptitude désespérantes32. »

Quand le boulet est porté en avant, le cheval est dit droit sur ses boulets ou bouleté, suivant les différents degrés du redressement. Cette déviation est un signe certain d’usure ou de douleur vive dans les tendons.

Fig- 64 — Cheval bouleté

Les chevaux s’atteignent souvent au boulet avec le pied opposé, soit par suite de fatigue, de faiblesse (jeunes chevaux), ou d’usure, soit par suite d’une ferrure mal entendue.

h. — Fanon et Ergot.

En arrière du boulet se trouve une petite production cornée nommée ergot, autour de laquelle se groupe un paquet de poils qu’on appelle le fanon. Ces deux régions sont d’autant plus développées que les chevaux sont plus communs.

i. — Paturon.

Situé obliquement d’arrière en avant, le paturon a pour base la première phalange. Il doit être arrondi et présenter une certaine force ; mais c’est surtout sa direction et son plus ou moins de longueur qu’il importe de considérer dans le choix d’un cheval.

La direction du paturon ne doit pas tenir tout à fait le milieu entre la ligne verticale et la ligne horizontale, mais faire osciller le rayon phalangien entre 55 et 60 degrés sur l’horizon pour les membres antérieurs, et entre 60 et 65 degrés pour les membres postérieurs.

Suivant que le paturon est trop vertical ou trop horizontal, le cheval est dit droit-jointé ou bas-jointé.

p. 102Relativement à la longueur de cette région, le cheval peut encore être court-jointé ou long-jointé.

En général, le cheval court-jointé est en même temps droit-jointé, de même que le cheval long-jointé est ordinairement bas-jointé ; mais il faut bien se garder de considérer comme synonymes les expressions court et droit-jointé, long et bas-jointé, car cette règle, qui associe souvent deux à deux les défectuosités de direction et de longueur du paturon, souffre d’assez nombreuses exceptions.

Quoi qu’il en soit, les inconvénients résultant de l’excès ou du défaut d’obliquité sont à peu près de même nature que ceux qui découlent de l’excès ou du défaut de longueur. Le paturon court et droit n’amortit pas assez les réactions et occasionne l’usure précoce des membres. Le paturon long et horizontal, d’un autre côté, rend généralement les réactions plus douces, mais il rejette la plus grande partie du poids du corps sur les tendons, qui se fatiguent alors très vite, surtout chez les chevaux dont le service exige de violents efforts.

Le paturon du membre postérieur est toujours plus rapproché de la verticale et plus court que celui du membre antérieur.

Les paturons sont très sujets aux crevasses, petites plaies allongées, peu graves, mais longues à guérir, situées dans le pli du paturon. De chaque côté de cette même région on rencontre quelquefois aussi des cicatrices linéaires indiquant que l’animal a été opéré de la névrotomie pour une affection chronique du pied ; il est bon, dans ce cas, de s’assurer avec soin si cette dernière affection existe encore.

j. — Couronne.

Située à l’extrémité inférieure du paturon, la couronne n’est pour ainsi dire que le prolongement de cette dernière région. Elle surmonte le bord supérieur du sabot et se trouve constituée par la deuxième phalange et la partie supérieure des cartilages complémentaires de l’os du pied.

« Sa beauté réside dans l’étendue de ses dimensions en longueur, en épaisseur, et dans la netteté de ses contours. Il ne doit y avoir sur elle ni dépilation ni poil hérissé [•] 33 ».

p. 103En dehors des tares osseuses (formes), dont nous dirons un mot dans un chapitre spécial, cette région est souvent le siège de plaies contuses ou atteintes, que l’animal se donne lui-même ou qu’il reçoit de ses voisins. Ces blessures, généralement bénignes, peuvent devenir très graves lorsqu’on les néglige, et dégénérer en javart cartilagineux, ou carie du fibro-cartilage de l’os du pied. Cette complication se reconnaît à la forme fistuleuse de la plaie, à la couleur verdâtre et à l’odeur infecté du pus qui s’en écoule ; elle nécessite ordinairement une opération grave.

À la partie antérieure de la couronne se développe quelquefois une affection appelée crapaudine, se caractérisant par une modification particulière de la fonction sécrétoire du bourrelet kératogène et dont la persistance nuit à la régularité du développement du sabot.

Du pied (Pl. II.)

En anatomie comparée, le pied embrasse toute la partie des membres antérieurs ou postérieurs qui fait immédiatement suite à l’avant-bras et à la jambe. Mais, en extérieur, cette région est bien plus bornée, et le pied ne comprend que l’extrémité des membres qui repose sur le sol, c’est-à-dire la boîte cornée connue vulgairement sous le nom de sabot, laquelle contient et protège des tissus vivants très sensibles, de texture et de propriétés variables.

L’examen du pied est de la plus haute importance, puisque de la bonne conformation de cette partie résulte la véritable aptitude au service :

« Pas de pied, pas de cheval  ! » disait Lafosse.

« No foot, no horse ! » répètent les Anglais.

Les pieds, au nombre de quatre, sont distingués en pieds de devant et en pieds de derrière.

A. — Organisation du pied

Le pied est constitué par un certain nombre de parties intérieures recouvertes par la peau modifiée et par une enveloppe cornée connue p. 104sous le nom de sabot. Nous allons rapidement examiner chacune de ces parties en nous aidant des figures 1 et 2.

a. — Enveloppe cornée ou sabot.
(Fig. 1, I, et fig. 2, II.)

Le sabot est l’enveloppe de corne qui entoure toute l’extrémité inférieure du membre. Sa forme est celle d’un tronc de cône à base inférieure et à sommet coupé obliquement de haut en bas et d’avant en arrière. Concave en dessous, fendu en arrière, il est composé de quatre pièces : la paroi, la sole, la fourchette, et le périople.

Vu sa soudure intime avec la fourchette, le périople est souvent décrit en même temps que cette dernière partie.

1° Paroi (fig. 1, I, et fig. 2, II). — La paroi ou muraille (fig. 1, I) forme le pourtour du sabot, c’est-à-dire toute la portion de la boîte cornée qui est visible quand le pied appuie sur le sol. C’est une bande de corne en forme de croissant, dont la largeur diminue progressivement d’avant en arrière, et dont les extrémités, terminées en pointe, convergent l’une vers l’autre en encadrant la fourchette.

On divise la paroi en plusieurs régions :

1° La pince (fig. 1, I, 1), située à la partie la plus antérieure du pied ;

2° Les mamelles (fig. 1, I, 2), au nombre de deux, une de chaque côté de la pince ;

3° Les quartiers (fig. 1, I, 3), immédiatement après les mamelles ;

4° Les talons (fig. 1, I, 4), tout à fait en arrière ;

5° Les arcs-boutants ou barres (fig. 2, II, 5. 5), placés de champ sous le pied, et formés par les extrémités repliées de la paroi34.

Outre ces régions, la paroi offre encore à considérer deux faces : une externe, une interne, et deux bords : un inférieur, un supérieur.

La face externe (fig. 1, I), lisse, polie, luisante, doit son aspect à la lame épidermique, ou périople, qui la recouvre.

La face interne (fig. 1, I, verso), concave, présente dans toute son étendue, ses bords exceptés, une série de feuillets de corne blanche, placés de champ suivant sa hauteur. Ces feuillets, désignés sous le p. 105nom de tissu kéraphylleux (fig. 1, I, verso, 3), s’engrènent solidement avec les feuillets correspondants de l’enveloppe cutanée ou de chair.

Le bord supérieur, en rapport avec la couronne, est creusé à sa face interne d’une espèce de gouttière où se loge le renflement que forme la terminaison apparente de la peau et que l’on appelle le bourrelet ou cutidure. Cette gouttière porte le nom de biseau ou de cavité cutigérale35(fig. 1, I, verso, 1).

Le bord inférieur (fig, 2, II, 1), plus étendu que le précédent, se trouve en rapport avec le sol à l’état de nature et avec la face supérieure du fer chez le cheval ferré. Par sa partie interne, il s’unit d’une manière intime avec la sole.

La corne de la paroi est assez molle à sa face interne, mais très dure extérieurement. Son épaisseur est plus grande en pince, mamelles et talons qu’en quartiers ; plus grande aussi au quartier externe qu’au quartier interne.

La paroi a une direction générale oblique, mais cette obliquité est plus prononcée en pince qu’en talons.

De l’épaisseur, de la qualité, de la direction de la muraille dépendent en grande partie la bonté du pied et la solidité de la ferrure.

2° Sole (fig. 2, II, 10). — La sole, ou plancher du sabot, forme, avec la fourchette, les barres et le bord inférieur de la paroi, le dessous du sabot. C’est une large plaque cornée emprisonnée dans l’arc de la paroi et échancrée en arrière pour loger la fourchette.

La face inférieure (10), excavée en voûte, dure, écailleuse, est en rapport avec le sol.

La face supérieure (verso, 4), bombée, est criblée de porosités qui logent les innombrables villosités du tissu réticulaire de la face inférieure de la troisième phalange.

Le bord externe forme une demi circonférence qui s’unit intimement avec le bord inférieur de la paroi. Il est parfaitement figuré par le cordon circulaire blanc jaunâtre qu’on voit sur le deuxième plan de la figure 2.

L’interne, moins étendu et en forme de V, adhère aux barres, qui le séparent de la fourchette.

3° Fourchette (fig. 2, II, 6, 7, 8, 9). — La fourchette représente p. 106un coin de corne molle placé horizontalement à la face inférieure du pied, dans l’espace triangulaire que circonscrivent les barres. On lui reconnaît deux faces ; une inférieure, une supérieure.

La face inférieure se divise en pointe, corps et branches.

La pointe (6’) est l’extrémité qui s’enfonce dans la sole.

Le corps (6) se trouve entre la pointe et les branches.

Les branches (6") occupent, en arrière, l’espace compris entre les barres. Cette même face inférieure est creusée, dans son milieu, d’une cavité dite lacune médiane (7), séparant les deux branches. Entre chaque branche et la barre correspondante, se trouvent les lacunes latérales (8. 8).

La face supérieure présente une disposition inverse de celle de la face inférieure. C’est ainsi qu’à l’opposé de la lacune médiane s’élève une éminence assez prononcée connue sous le nom d’arrête-fourchette (verso, 5).

Son extrémité postérieure est bifurquée et se termine par deux renflements arrondis, mous, élastiques, appelés glômes de la fourchette (9. 9), qui se continuent le long du bord supérieur de la paroi par une mince bande de corne que nous allons décrire en particulier sous le nom de périople.

Fig. 65. - Fourchette et périople

4° Périople. — « C’est une bande mince de corne molle, qui forme comme une espèce de couronne au sabot et se soude en arrière avec la fourchette (fig. 65 du texte). Le périople s’étend sur toute la paroi, sous forme d’un vernis brillant, mince, peu perméable à l’eau. Il protège la paroi contre la sécheresse et l’humidité36. »

b. — Enveloppe cutanée.
(Fig. 1, II, et fig. 2, III.)

Connu vulgairement sous le nom d’enveloppe de chair ou de chair du pied, le revêtement cutané du pied n’est autre chose que la continuité de la peau du membre, laquelle est modifiée dans son aspect extérieur et dans ses propriétés. Ce revêtement est très riche en p. 107vaisseaux sanguins et en filets nerveux ; aussi est-il excessivement sensible et prompt à se congestionner, à s’enflammer, dès que la boîte cornée qui l’entoure a perdu, pour une raison ou pour une autre, ses propriétés physiologiques.

On distingue, dans l’enveloppe de chair, trois parties : le bourrelet, le tissu podophylleux, et le tissu velouté.

1° Bourrelet ou Cutidure (fig. 1, II, 1). — Le bourrelet, encore appelé bourrelet principal, couronne supérieurement les parties vives et se trouve logé dans la gouttière circulaire du bord supérieur du sabot, auquel il est étroitement uni, grâce à une multitude de prolongements filamenteux appelés villosités, qui partent de sa surface et pénètrent, par autant d’ouvertures, dans l’épaisseur de la corne.

Préposé à la sécrétion de la paroi, le bourrelet constitue encore, grâce à ses villosités très riches en nerfs, un véritable organe de tact pour le cheval, qui peut ainsi percevoir les sensations à travers l’épaisseur de la corne.

Un autre petit bourrelet, le bourrelet périoplique (fig. 1, II, 2), se trouve situé au-dessus du bourrelet principal. Il sécrète le périople.

2° Tissu podophylleux, chair cannelée ou feuilletée (fig. 1, II, 3). — Le tissu podophylleux recouvre tout le pourtour du pied et se présente sous forme d’une membrane à plis parallèles et longitudinaux, comme les feuillets d’un livre, s’engrenant solidement avec les feuillets de corne (tissu kéraphylleux). Ils sécrètent ces mêmes feuillets de corne et se replient en arrière pour se mettre en rapport avec le tissu kéraphylleux des barres (Voy. fig. 2, III, 2).

3° Tissu velouté (fig. 2, III). — La chair veloutée recouvre tout le dessous du pied et présente l’aspect d’un fin gazon, par suite des nombreuses villosités qui se détachent de sa surface pour pénétrer dans la corne. Elle sécrète la sole et la fourchette.

c. — Parties intérieures.
(Fig. 1, III, IV, V, VI.)

Les parties intérieures du pied sont nombreuses ; elles comprennent trois os, deux plaques fibro-cartilagineuses, des ligaments, deux forts tendons, un coussinet élastique dit coussinet plantaire ; enfin, des synoviales, des vaisseaux et des nerfs.

p. 108Nous dirons successivement un mot de chacune de ces parties, en procédant de dehors en dedans.

1° Fibro-cartilages de l’os du pied (fig. 1, III). — Immédiatement au-dessous des deux premiers plans de la figure 1, c’est-à-dire en dedans du sabot et de l’enveloppe cutanée, nous trouvons les fibro-cartilages ou cartilages complémentaires de l’os du pied, grandes plaques élastiques aplaties d’un côté à l’autre, convexes en dehors et concaves en dedans, placées de chaque côté et en haut du troisième phalangien, pour l’empêcher de descendre trop brusquement dans le sabot et amortir les chocs, au moment où le pied vient rencontrer le sol.

2° Ligaments et tendons (fig. 1, IV et VI). — Les tendons sont situés en avant et en arrière des os. Le premier que nous rencontrons est celui de l’extenseur antérieur des phalanges (IV, 1) ; ce tendon longe la face antérieure du métacarpien ou du métatarsien principal et de l’articulation du boulet, arrive en avant du doigt, et se termine à l’os du pied (éminence pyramidale), après s’être élargi d’une manière remarquable et avoir reçu, par côté, une bride de renforcement (IV, 7), qui semble provenir de l’extrémité inférieure du ligament suspenseur du boulet. (Voy. pl. 11, fig. 2, e.) [•]

En arrière se détachent les deux tendons des fléchisseurs des phalanges :

Le premier, tendon du fléchisseur superficiel ou perforé (IV, 2), après avoir traversé la gaine carpienne (Voy. pl. XI et XII), arrive en arrière du boulet où il forme un anneau parfaitement visible sur la figure 1, dans lequel s’engage la corde du fléchisseur profond. Il s’infléchit ensuite en avant, sur la coulisse formée par les os sésamoïdes, et se termine par deux branches, en arrière de l’extrémité supérieure de la deuxième phalange.

Le second, tendon du fléchisseur profond ou perforant (IV, 3), après avoir traversé l’anneau sésamoïdien du tendon perforé, passe entre les deux branches terminales de ce tendon et s’épanouit ensuite en formant une large expansion, dite aponévrose plantaire. Celle-ci glisse sur la face inférieure du petit sésamoïde (VI, 7), à l’aide d’une synoviale particulière, la petite gaine sésamoïdienne (VI, 17)37, et s’insère enfin à la crête semi-lunaire de l’os du pied (VI, 6, 12).

p. 109Il résulte de cette description que deux tendons seulement : celui de l’extenseur antérieur et celui du fléchisseur profond des phalanges, se trouvent compris dans les parties intérieures du pied.

De tous les ligaments représentés sur le quatrième plan de la figure 1, ceux de l’articulation de la seconde phalange avec la troisième (ligaments latéraux postérieurs et antérieurs) (11, 12) sont seuls renfermés dans les enveloppes du pied.

Le premier (11) est formé des fibres les plus inférieures du ligament latéral de la première articulation interphalangienne (10), lesquelles fibres, après s’être attachées sur la seconde phalange, se réunissent en un cordon fibreux qui se fixe principalement sur l’extrémité et le bord supérieur du sésamoïde.

Le second (12) constitue un large faisceau attaché par son extrémité supérieure sur les empreintes latérales de la deuxième phalange, et par son extrémité inférieure dans les deux cavités creusées à la base de l’éminence pyramidale de l’os du pied (Voy. fig. 1, V, 6).

3° Os (fig. 1, V et VI). — Trois os forment la base résistante du pied et en permettent les mouvements ; ce sont :

1° L’os du pied ou troisième phalange (V, 5), qui donne au sabot la forme que nous lui connaissons.

Cet os présente à étudier trois faces, trois bords et deux angles latéraux.

La face antérieure, convexe d’un côté à l’autre, criblée de porosités et de trous vasculaires, présente de chaque côté : 1° Un sillon horizontal ou scissure préplantaire (V, 9) ; 2° l’éminence patilobe (V, 10), surface rugueuse et en relief, située entre la scissure précédente et le bord inférieur de l’os.

La face supérieure est occupée par la surface articulaire qui répond à la face inférieure de la deuxième phalange et au petit sésamoïde. On y remarque deux cavités glénoïdes et un léger relief médian.

La face inférieure (V, verso, 1), excavée en voûte, est divisée en deux régions : une antérieure, une postérieure, par la crête semi-lunaire (VI, 6), ligne saillante qui décrit une courbe à concavité tournée en arrière. La région postérieure présente, en outre, une empreinte médiane et deux scissures latérales ou scissures plantaires (V, verso 2). p. 110

Fig. 66. — Artères du pied (membre antérieur).

1, artère radiale postérieure.2,2, artère collatérale du canon.3, tronc commun des interosseuses métacarpiennes.4, artère épicondylienne.5, arcade sus-carpienne.6, branche qui descend de cette arcade pour concourir à former l’arcade sous-carpienne.7, artériole fournie à la châtaigne par le tronc commun des interosseuses métacarpiennes.8, arcade sous-carpienne.9, branche de la collatérale du canon qui participe sur cette pièce à la formation des artères interosseuses métacarpiennes.10, une artère interosseuse métacarpienne dorsale.11, branche de communication de l’artère collatérale du canon avec les interosseuses.12,12, artères digitales.13,13, artérioles de l’ergot.14, artère perpendiculaire (l’une de ses branches inférieures, qui participe à la formation de l’artère circonflexe du bourrelet, est ici brusquement interrompue par suite de l’ablation du cartilage complémentaire de la troisième phalange).15,15, artère du coussinet plantaire.16, partie antérieure du cercle coronaire.17, partie postérieure du même.18, artère unguéale pré-plantaire.19, artère circonflexe inférieure du pied.(A. Chauveau et S. Arloing, Traité d’anatomie comparée des animaux domestiques, 3e édit. Paris, 1879.)  

p. 111Le bord supérieur décrit une courbe à convexité antérieure, et présente, dans son milieu, l’éminence pyramidale (V, 6), apophyse impaire aplatie d’avant en arrière, sur laquelle s’insère le tendon de l’extenseur antérieur des phalanges.

Le bord inférieur, mince, convexe, dentelé, se trouve disposé en demi-cercle.

Le bord postérieur, légèrement concave, concourt à former la surface articulaire.

Chaque angle latéral se trouve divisé en deux éminences particulières : l’une, supérieure, nommée par M. H. Bouley apophyse basilaire (V, 7) ; l’autre, inférieure, appelée par Bracy-Clark apophyserétrossale (V, 8).

2° L’os de la couronne ou deuxième phalange (V, 4), dont la forme générale est celle d’un cuboïde aplati d’avant en arrière s’articulant supérieurement avec la première phalange, inférieurement avec l’os du pied.

3° L’os naviculaire ou petit sésamoïde (VI, 7), situé en arrière des précédents et complétant la jointure articulaire que ceux-ci constituent. Ce petit os, allongé transversalement, aplati de dessus en dessous, rétréci à ses extrémités, présente deux faces : une supérieure, qui répond à la seconde phalange, une inférieure, sur laquelle glisse le tendon du perforant ; deux bords : un antérieur, qui met le petit sésamoïde en contact avec la troisième phalange, et un postérieur.

4° Coussinet plantaire (fig. 1, VI, 20). — Le coussinet plantaire est un volumineux coussin fibro-élastique situé sous le pied, au dessous du tendon fléchisseur, au-dessus de la sole et entre les cartilages. Il est pointu en avant et bifurqué en arrière. Toutes les pressions subies par le sabot de haut en bas et de bas en haut, ont pour résultat de l’aplatir et de le chasser vers les parties latérales, où il fait effort sur les deux fibro-cartilages décrits plus haut (Voy. élasticité du pied).

5° Vaisseaux et nerfs. — Le pied est très riche en vaisseaux et en nerfs. p. 112

Fig. 67. — Appareil nerveux du pied.

P, nerf plantaire.B, branche moyenne.C, branche antérieure.D, artère digitale.H, division non constante destinée aux bulbes cartilagineux.I, I, branche du coussinet plantaire.K, branche transverse coronaire.M, division podophylleuse.O, branche pré-plantaire.Q, rameau descendant dans la scissure des patilobes.R, ramuscules artériels qui accompagnent l’artère digitale dans la scissure plantaire.V, veine, dont l’existence n’est pas constante, qui longe quelquefois le nerf plantaire dans tout son trajet phalangien.(Figure empruntée au Traité de l’organisation du pied du cheval, par M. H. Bouley in CHAUVEAU et S. ARLOING, Traité d’anatomie comparée des animaux domestiques, 3e édit. Paris, 1879.)  

Les artères et les veines sont la continuation de celles du canon et enveloppent la troisième phalange dans un réseau très remarquable (fig. 66 du texte).

p. 113Les nerfs fournissent également de nombreuses ramifications dans toutes les parties vivantes du pied (fig. 67 du texte).

Connus sous la dénomination générale de nerfs plantaires et distingués en interne et en externe, les nerfs de la région digitée se divisent, en arrivant sur le boulet, chacun en trois branches : une antérieure, une moyenne et une postérieure. La section du nerf plantaire au-dessus du boulet ou de l’une de ses branches au-dessous de cette région (névrotomie plantaire), se pratique quelquefois comme moyen curatif de certaines maladies du pied.

Différences entre les pieds de devant et ceux de derrière, entre les pieds gauches et les pieds droits.

Les pieds de devant sont plus arrondis, plus évasés, moins concaves que ceux de derrière ; leurs talons sont moins écartés, et leur paroi, vue de profil, est plus oblique.

Les pieds de derrière, au contraire, sont ovales, creux, ont les talons plus écartés, plus élevés, et la paroi plus verticale.

Le pied droit se distingue assez bien du pied gauche, par ce fait que la partie externe du sabot est toujours plus évasée et plus oblique que celle du dedans.

On se rendra facilement compte de ces différences en comparant les figures 1 et 2 aux figures 3 et 4 de la planche II.

B. — Propriétés et mécanisme du pied
a. — Propriétés du sabot.

Le sabot est constitué par une matière élastique et résistante connue sous le nom de corne, jouissant de la propriété de se ramollir au contact de l’eau et de durcir en se desséchant.

La couleur de l’enveloppe cornée du pied est noire ou blanche, souvent noire et blanche à la fois sur le même pied. Cela dépend de la nuance des parties dont le sabot émane. Quand la peau du bourrelet est rose, non pigmentée, la corne pariétale est blanche dans une égale étendue ; dans le cas opposé, elle reste noire.

La corne de la paroi est toujours blanche à l’intérieur ; celle de la sole, au contraire, a une teinte uniforme dans toute son épaisseur.

p. 114La consistance du sabot diminue de dehors en dedans ; on le reconnaît facilement en parant le pied.

b. — Pousse et usure du sabot.

La pousse du sabot, ou avalure, est continuelle, mais lente ; la boîte cornée met environ huit ou neuf mois pour se renouveler complètement.

L’usure est en proportion de la croissance chez le cheval à l’état de nature ; mais, chez l’animal ferré, la paroi peut acquérir une longueur démesurée, si le maréchal n’y met ordre en la raccourcissant de temps en temps dans les limites que comporterait l’usure naturelle.

La sole et la fourchette n’acquièrent ordinairement pas une bien grande épaisseur ; elles se dessèchent et tombent par écailles.

La pousse de la corne est beaucoup plus marquée dans les pays chauds que dans les pays froids, en été qu’en hiver, sur l’animal sain, abondamment nourri, bien entretenu, que sur l’animal malade, soumis à une mauvaise hygiène, à une alimentation insuffisante.

c. — Élasticité du pied.

Par suite de la brisure des rayons osseux des membres, la quantité de mouvement dont la masse est animée arrive au sabot déjà considérablement atténuée ; elle ne tarderait pourtant pas à amener la ruine complète de cette admirable machine du pied si, là encore, la nature n’avait pris soin de placer certains appareils élastiques dont la mission est de continuer, d’augmenter même la décomposition des forces commencée plus haut. Ces appareils sont : le tendon perforant, les cartilages latéraux, le coussinet plantaire, et les diverses parties de l’ongle (la paroi, la sole et la fourchette).

Aussitôt que le sabot touche le sol, les os, recouverts de leur enveloppe de chair, tendent à descendre dans l’intérieur de la boîte cornée ; mais ce mouvement de descente se trouve empêché, au moins en partie, par la disposition du tissu feuilleté, qui ne permet qu’un très léger glissement de ses feuillets sur ceux de la paroi.

De plus, le pied, ainsi sollicité à descendre en totalité dans le sabot, rencontre inférieurement un autre obstacle, le coussinet plantaire qui, fortement comprimé en haut par le poids du corps, en bas par la fourchette et la sole, tend à aplatir la voûte solaire en même temps p. 115qu’à fuir sur les côtés, où nous l’avons vu maintenu par les deux cartilages latéraux qui surplombent en arrière le bord supérieur de la paroi.

Or, ceux-ci, grâce à leur élasticité, s’écartent sensiblement l’un de l’autre sous l’influence des pressions excentriques qu’ils reçoivent du coussinet, lorsque le membre arrive à terre, et opposent, par ce fait même, un nouvel obstacle à la descente du pied dans le sabot, que nous savons légèrement conique en haut.

Quant à la sole, après avoir opposé une certaine résistance à la chute des parties intérieures du pied, elle cède sensiblement au poids de la masse, s’abaisse vers le point d’appui, devient moins concave en dessous, s’évase par son bord périphérique et refoule en dehors la paroi, dont les extrémités s’écartent l’une de l’autre.

La fourchette se déprime dans la même mesure ; elle agit comme un coin placé entre les deux branches de la sole et comme un tampon élastique interposé entre la masse du corps et le sol. Son rôle dans l’élasticité du pied est tellement important, qu’on peut presque poser en principe qu’il n’y a pas de bon pied sans bonne fourchette.

« C’est seulement lorsqu’elle participe à l’appui que se manifeste un notable écartement des talons, dit M. Goyau ; quand elle n’appuie pas, son mouvement de descente est très accusé et remplace ainsi l’écartement des talons qui, alors, fait plus ou moins défaut38. »

Enfin « la voûte de la sole, en cédant momentanément au mouvement d’abaissement, l’arc de la paroi, en obéissant à celui d’écartement, réagissent bientôt par leur élasticité propre, et arrêtent insensiblement l’impulsion à laquelle ils impriment à leur tour une direction en sens inverse39 » ; puis, les phénomènes ci-dessus se reproduisent lors d’un nouvel appui du pied, et ainsi de suite. De sorte que l’élasticité du pied consiste, en définitive, dans un léger mouvement d’écartement et de rapprochement des talons. Cette élasticité joue un très grand rôle au point de vue de la conservation des sabots et de la locomotion ; si l’on y met obstacle, le pied ne tarde pas à s’altérer.

« Le maréchal doit, en parant le pied, imiter l’usure naturelle, respecter ce qu’elle épargne. Elle arrondit et écourte fortement la pince et un peu moins les mamelles ; intéresse la sole seulement à son pourtour antérieur, sans trop affaiblir sa soudure avec la paroi ; arrondit davantage p. 116en dehors qu’en dedans le bord tranchant de cette dernière ; n’enlève de la sole, de la fourchette et des barres que ce qui se détache naturellement40. »

C. — Beauté du pied

« Le pied vierge de ferrure d’un cheval élevé sur un bon sol et suffisamment exercé est un type de beauté et de perfection. Comparé au pied ferré, le pied vierge est grand et fort, aussi large que long, bien d’aplomb ; il constitue un solide support.

« Vu de face, il est moins large en haut qu’en bas, plus évasé en dehors qu’en dedans, d’une égale hauteur sur chacun de ses côtés (fig. 68 du texte).

Fig. 68. — Le pied, vu de face.

Fig. 69. — Le pied, vu de profil.

Fig. 70. — Le pied, vu en dessous.

« Vu de profil, la ligne de pince est moyennement inclinée ; la hauteur des talons est égale à la moitié au moins de la hauteur de la pince ; le bourrelet est régulièrement incliné, en ligne droite, de la pince aux talons (fig. 69 du texte).

« Vu par derrière, le beau pied a des talons largements écartés, égaux et également élevés, qui tombent verticalement sur le sol, surtout le talon du dedans, sensiblement plus vertical que l’autre.

« Vu en dessous, il a la sole creuse et épaisse, la fourchette forte, saine et assez dure, les barres ou arcs-boutants ni trop droits ni trop couchés ; la pince et les mamelles de la paroi et de la sole sont fortement attaquées par l’usure (fig. 70 du texte).

« La corne du beau pied est noire ou gris foncé ; la paroi, lisse et luisante, laisse voir sa structure fibreuse41. »

p. 117
D. — Défectuosités du pied

Le pied présente souvent des défauts qui l’altèrent et nuisent plus ou moins au service de l’animal. Nous allons successivement passer en revue les plus fréquents de ces défauts :

Pied trop grand. — Le pied trop grand présente un volume exagéré par rapport au corps du cheval. Il rend l’animal maladroit.

Pied trop petit. — Ce défaut, contraire au précédent, coïncide généralement avec un pied très impressionnable.

Pieds inégaux. — L’inégalité des pieds indique que le cheval a boité, boite ou boitera, généralement du pied le plus petit.

Fig. 71. — Pied panard.

Fig. 72. — Pied cagneux.

Pied plat. — Le pied plat a la paroi très oblique, très évasée, les talons bas et largement écartés, la sole plate, et la fourchette forte. Il est très difficile à ferrer et prédispose à la bleime et à la foulure de la sole.

Pied comble. — C’est le défaut précédent exagéré : la sole est bombée au lieu d’être plane.

Pieds à talons hauts. — Ce défaut n’est pas surtout dû à une hauteur exagérée de la paroi en talons, mais principalement à ce que la sole est creuse et la fourchette très élevée. Il prédispose à l’encastelure.

Pieds à talons bas. — Dans le pied à talons bas, le poids du corps se reporte dans la région des talons, qui est ordinairement faible, l’écrase et la contusionne.

p. 118Pieds à talons fuyants. — Là, les talons sont à la fois très inclinés en avant et très longs, et le poids du corps se trouve reporté en arrière ; aussi, le cheval se fatigue-t-il au repos et en marche.

Pied panard. — Le pied est dit panard quand la pince est tournée en dehors (fig. 71 du texte et fig. 8, pl. III). Le quartier externe est fort et évasé ; celui du dedans est généralement faible, resserré et droit. De plus, le talon interne a de la tendance à chevaucher l’externe, et l’animal se coupe souvent avec la branche de dedans du fer.

Dans la plupart des cas, la ferrure ne peut que s’opposer à l’aggravation de ce défaut ; car, celui-ci coexistant généralement avec un membre panard et entraînant, en outre, très souvent une déformation de la troisième phalange, ainsi que nous l’avons observé chez les chevaux tunisiens, où la panardise est la règle générale, on n’a guère à espérer le rétablissement complet de l’aplomb. Il n’y a qu’un cas où l’on puisse tenter de remédier au mal ; c’est quand la panardise du pied existe à l’extrémité d’un membre bien d’aplomb ou même cagneux, et qu’alors le vice d’aplomb est de fabrication humaine. (Voy. Aplombs.)

Pied cagneux. — Le pied cagneux a la pince tournée en dedans (fig. 72 du texte et fig. 7, pl. III). Le quartier interne est fort et évasé ; celui du dehors, au contraire, est faible et resserré. (Voy. Aplombs.)

Fig. 73 — Pied pinçard.

Pied pinçard ou rampin. — Le pied pinçard appuie en pince seulement ; celle-ci est courte, verticale, et les talons, généralement très hauts, ne posent pas sur le sol. Ce défaut, propre aux membres postérieurs, expose le cheval aux fissures de la paroi, dites seimes en pince (fig. 73 du texte et A, fig. 4, pl. V).

Pied gras. — On appelle ainsi le pied dont la corne est molle, sans consistance, tendre à couper. La paroi et la sole étant, en outre, très minces, l’ouvrier est exposé à attaquer les parties internes par le boutoir et les clous.

Pied sec ou maigre. — Ce pied est formé de corne mince, sèche et cassante. Il est exposé aux mêmes accidents que le pied gras.

Pied dérobé. — Le pied dérobé a le bord inférieur de la paroi irrégulier, déchiqueté, éclaté par places. Il ne peut donner attache aux clous à tout son pourtour.

p. 119
E. — Accidents occasionnés par la ferrure

Piqûre. — La piqûre est le fait du maréchal qui enfonce un clou dans le vif, mais qui a eu soin de le retirer de suite. Cet accident est ordinairement sans gravité et il suffit presque toujours de supprimer le clou pour voir disparaître toute crainte de complication.

Enclouure. — L’enclouure diffère de la piqûre en ce que l’ouvrier a laissé le clou dans le pied. Il faut amincir à fond la corne autour de la piqûre, et recourir à l’application de cataplasmes, de bains.

Retraite. — La retraite est une piqûre faite par un clou pailleux dont l’un des segments a pénétré dans la corne, tandis que l’autre est sorti au dehors. Même traitement que pour l’enclouure.

Pied serré par les clous. — Ce pied est celui dans lequel les clous ont été brochés trop près de la chair, qu’ils compriment et blessent. Il n’y a, en général, qu’à enlever les clous pour faire disparaître toute trace de l’accident.

Pied comprimé par le fer. — Le pied se trouve comprimé par le fer quand celui-ci, mal ajusté, porte sur la sole faible ou amincie. Cet accident est surtout fréquent sur les pieds plats ou combles.

Sole chauffée ou brûlée. — Cet accident est produit par le fer chaud maintenu trop longtemps sous le pied. Il n’est pas grave, mais assez long à guérir, par suite des décollements de la sole qui le compliquent assez souvent.

F. — Maladies du pied

Seime. — La seime est une fente de la paroi procédant du bourrelet et suivant la direction des fibres de la corne.

Elle siège en pince (seime en pince), ou en quartier (seime quarte). La seime en pince (B, fig. 4, pl. V) est beaucoup plus fréquente aux pieds de derrière qu’aux pieds de devant. La seime quarte (fig. 74 du texte), au contraire, est surtout l’apanage des pieds de devant (quartier interne principalement).

Cette affection est facile à guérir ; mais, sur les pieds qui y sont prédisposés, c’est-à-dire sur les pieds faibles, à corne sèche et cassante, elle se montre très souvent sujette à récidive.

La seime fait généralement boiter le cheval.

p. 120Bleime. — La bleime est une contusion de la sole en talon. Elle est le propre des pieds de devant à talons bas, faibles ou resserrés, et se déclare parliculièrement aux talons internes (fig. 75 du texte).

On dit la bleime sèche quand la corne est simplement teinte en jaune et pointillée de sang.

Elle est humide quand la corne est molle, imprégnée de sang ou de sérosité, et légèrement décollée.

Enfin, on la dit suppurée lorsqu’il y a du pus dans le sabot. Celle-ci est la plus longue à guérir.

Étonnement de sabot. — Résulte d’un coup violent porté sur la paroi ayant confusionné la chair feuilletée au point correspondant.

Fourmilière. — On appelle ainsi une cavité noire contenant du sang ou de la sérosité desséchés, creusée entre la chair et la corne, sous la sole ou la paroi. Elle résulte d’une forte foulure de la sole, d’une fourbure aiguë, ou d’un étonnement de sabot.

Fig. 74. — Seime.

Fig. 75. — Bleime.

Sole foulée. — C’est une contusion de la sole en quartier ou en pince ; elle ne diffère donc de la bleime que par sa situation.

Fourbure. — La fourbure est, primitivement, une congestion du tissu feuilleté en pince et en mamelles. Sous l’influence de l’exsudation séreuse ou sanguine qui en résulte, la chair du pied se gonfle et se trouve ainsi violemment comprimée entre l’os du pied et la paroi, ce qui oblige le cheval à marcher sur les talons. Dans ce cas, la fourbure est dite aiguë et s’accompagne de phénomènes généraux intenses.

Si, l’inflammation ayant succédé à la congestion, des déformations graves du pied et un notable changement de rapport de ses parties osseuses surviennent, on a la fourbure chronique.

p. 121Le pied, dans ce cas, est fortement cerclé ; sa pince acquiert une épaisseur énorme, se relève, et le fait ressembler à un sabot chinois ; ses talons grandissent ; enfin, la sole s’amincit, se bombe, et présente bientôt, au voisinage de la pince, un refoulement en forme de croissant (fig. 76 du texte).

Quelquefois, au lieu de cet épaississement en pince que nous venons de signaler, il se forme, entre la paroi et la chair feuilletée, une cavité contenant du sang ou de la sérosité desséchés ; on a alors la fourmilière.

Kéraphyllocèle. —C’est une tumeur cornée, de forme cylindrique ou conique, qui existe à la face interne de la muraille dont elle suit la direction de haut en bas, comprime et atrophie les tissus vivants.

Fig. 76. — Fourbure chronique (pied vu latéralement)

Fig. 77. — Pied encastelé.

Pied cerclé. — Le pied cerclé se reconnaît aux saillies circulaires étagées à la surface de la paroi. Ce défaut indique ordinairement que le pied a souffert ou souffre encore (A, fig. 5, pl. V).

Javarts. — On désigne sous ce nom la mortification partielle de quelques tissus qui entrent dans la constitution de la partie inférieure des membres. Ils sont divisés en javart cutané, encorné, ou du bourrelet ; javart tendineux ; javart de la fourchette ; enfin, en javart cartilagineux. Ce dernier, de beaucoup le plus grave, n’est autre chose que la nécrose des cartilages complémentaires de l’os du pied.

Crapaudine ou mal d’âne. — Le mal d’âne, ainsi nommé parce qu’il est surtout fréquent chez l’âne, consiste en une espèce de dartre des bourrelets kératogènes et constitue, dans le point malade, en pince généralement, une surface rugueuse, fendillée en long et en travers, p. 122comme tourmentée et plus ou moins étendue suivant son ancienneté.

Fourchette échauffée, pourrie. — Ce sont deux états inflammatoires qui consistent dans un décollement de la corne avec suintement purulent, noirâtre, d’odeur forte et désagréable.

Crapaud. — Le crapaud consiste en un ramollissement de la fourchette d’abord ; puis de la sole et des talons, avec décollement de la corne. Les parties vives, mises à nu, suppurent, exhalent une odeur infecte et se couvrent de végétations d’un aspect repoussant.

C’est une affection longue et difficile à guérir.

Clou de rue. — C’est une blessure de la face inférieure du pied produite par des corps pointus, le plus ordinairement par des clous, qui traversent la corne de la sole ou de la fourchette, et attaquent plus ou moins gravement les parties vives.

Encastelure. — L’encastelure consiste en un resserrement plus ou moins prononcé du pied dans sa partie postérieure. On la divise en vraie et en fausse.

Dans l’encastelure vraie, le resserrement porte à la fois sur les quartiers et sur les talons. Alors le pied, haut, vertical et resserré par côté, aies talons forts et rentrés, la sole creuse, la fourchette maigre et remontée, les barres verticales, la corne dure et sèche (fig. 77 du texte).

Dans l’encastelure fausse, ou resserrement des talons (pieds serrés, à talons serrés par en haut ou par en bas, étroits, chevauchés, etc.), le pied a les talons plus ou moins rapprochés l’un de l’autre, la fourchette atrophiée, la corne de la région sèche, mince et cerclée ; mais il a conservé sa forme générale ordinaire.

L’encastelure est surtout fréquente chez les chevaux du Midi et d’Afrique.

Elle rend souvent le pied sensible, douloureux même, et le cheval, au départ surtout, semble marcher sur des épines.

D’après M. le vétérinaire militaire Chénier42, cette maladie serait la conséquence nécessaire et forcée de l’atrophie primordiale du coussinet plantaire.

p. 123
Fer à cheval.
(Fig. 2, I.)

Le fer est une lame métallique contournée sur elle-même, destinée à protéger la face inférieure du pied du cheval. Sa forme est celle du bord inférieur de la paroi.

On lui reconnaît plusieurs régions :

La pince (1), partie la plus antérieure du fer, qui correspond à la pince de la paroi ;

Les mamelles (2), situées de chaque côté de la pince ;

Les branches (3, 3), qui s’étendent des mamelles à l’extrémité du fer ;

Les éponges (4, 4), parties postérieures des branches correspondant aux talons.

« Le fer à cheval présente à considérer, d’un autre côté :

« La face supérieure (I, verso), en contact avec le sabot ;

« La face inférieure (I), qui frotte sur le sol ;

« La rive externe (6), ou contour extérieur ;

« La rive interne (5), ou contour intérieur ;

« L’épaisseur, comprise entre les deux faces ;

« La couverture, largeur du fer comprise entre les deux rives ; le fer est dit dégagé ou couvert, suivant qu’il est étroit ou large ;

« La tournure, forme donnée au fer pour lui faire prendre le contour du pied ;

« L’ajusture, incurvation régulière et calculée de la face supérieure du fer ;

« La garniture, partie du fer débordant la paroi et élargissant la surface d’appui.

« Les étampures (7, 7), trous carrés creusés à la face inférieure du fer et destinés à loger les clous.

« Le fer est dit : étampé à gras, quand les étampures sont éloignées de la rive externe ; étampé à maigre, dans le cas contraire.

« Les contre-perçures (verso, 1, 1), petites ouvertures pratiquées au fond des étampures et livrant passage à la lame des clous ;

« Les crampons, replis du fer quelquefois levés en éponges ;

« La mouche, petit crampon de forme carrée, levée à l’éponge du dedans ;

p. 124« Le pinçon, petite languette de fer levée en pince et quelquefois en mamelles. Le pinçon donne de la fixité au fer43. »

Les détails dans lesquels nous venons d’entrer relativement au pied paraîtront peut-être un peu longs ; mais, eu égard à l’importance capitale de cet appareil, véritable assise de l’édifice animal, nous estimons qu’il n’était guère possible de les passer sous silence, à moins d’être absolument incomplet.

Régions correspondantes de l'homme et du cheval

Avant de terminer ce qui a trait aux régions du cheval, nous allons reproduire une figure que nous empruntons à M. le colonel Duhousset44. C’est la représentation des régions correspondantes de l’homme et du cheval, dont on trouve la première idée dans le Nouveau Parfait Maréchal de Garsault (1769) (fig. 78 du texte).

Fig. 78. — Régions correspondantes de l’homme et du cheval.

p. 125Les lettres de cette figure doivent être ainsi interprétées :

S, s, scapulum ou omoplate (épaule chez l’homme et chez le cheval) ; H, h, humérus (bras chez l’homme et chez le cheval) ; A, a, olécrâne (coude chez l’homme et chez le cheval) ; C, c, carpe (poignet chez l’homme, genou chez le cheval) ; M, m, enveloppe cornée de l’extrémité inférieure du doigt (ongle chez l’homme, sabot chez le cheval) ; I, i, iléons ou coxaux (régions pubienne, sacro-coccygienne, latérales (hanches) et périnéale du bassin chez l’homme ; croupe et hanches chez le cheval) ; F, f, fémur (cuisse chez l’homme et chez le cheval) ; R, r, rotule (genou chez l’homme, grasset chez le cheval) ; T, t, culcanéum (talon chez l’homme, pointe du jarret chez le cheval) ; P, p, pied (le pied du cheval, en extérieur, ne comprend que la boîte cornée connue sous le nom de sabot ; au contraire, le pied et la main de l’homme, comme le pied du cheval en anatomie comparée, embrassent toute la partie des membres qui fait suite à l’avant-bras et à la jambe) ; OC, oc, radius et cubitus (avant-bras chez l’homme et chez le cheval) ; RT, rt, tibia et péroné (jambe chez l’homme et chez le cheval).

Ce paragraphe n’a qu’un seul but, une seule prétention : contribuer à rendre l’étude du cheval plus agréable et plus facile, tout en évitant au lecteur quelques-unes de ces erreurs de comparaison que, seules, les personnes absolument étrangères au cheval ont le droit de commettre.

1

Il est à noter que la forme du front varie avec l’âge. Chez le poulain, cette région est plus ou moins étroite et toujours fortement bombée. C’est vers cinq ans seulement qu’elle présente ses caractères définitifs.

2

De Solleysel, Le véritable parfait mareschal, 3e édition. Paris, MDCLXXII, p. 8.

3

Goubaux et Barrier, De l’extérieur du cheval. Paris, 1884, p. 64.

4

Général E. Daumas, Les chevaux du Sahara et les mœurs du désert, 8e édition. Paris, 1881, p. 66 et 67.

5

De Solleysel, Le véritable parfait mareschal, p. 9.

6

Bourgelat, Traité de la conformation extérieure du cheval, 5e édit., p. 57.

7

Général E. Daumas, loc. cit., p. 67.

8

Nouveau dictionnaire pratique de médecine, de chirurgie et d’hygiène vétérinaires, t. III, art. BOUCHE.  

9

Cette opinion a été appuyée par l’autorité de Cuvier, qui a avancé que la stupidité et la férocité des animaux paraissent être en raison de la prédominance du développement des mâchoires sur celui du cerveau.
Nous ne parlerons pas ici de la théorie de Camper (angle facial), qui sera étudiée à propos de la IIIe partie (voy. Tête).

10

De Solleysel, Le véritable parfait mareschal, p. 10.

11

Général E. Daumas, loc. cit., p. 68.

12

H. Bouley, Dictionnaire pratique de médecine, de chirurgie et d’hygiène vétérinaires, t. VI, art. ENCOLURE.  

13

H. Bouley, Nouveau dictionnaire, etc., t. VIII, p. 73.  

14

Que le fémur, en effet, suive ou ne suive pas le déplacement des coxaux, l’angle coxofémoral n’en reste pas moins généralement plus ouvert qu’avec la croupe horizontale.

15

Vallon, loc. cit., p. 406.Vallon, Cours d'hippologie à l'usage de MM. les officiers de l'armée, 3e édition, Paris , 1880, tome 1, p. 406.  

16

Richard, Étude du cheval de service et de guerre. Paris, 6e édition, p. 215.

17

Nous avons souvent entendu dire par un de nos officiers généraux de cavalerie les plus justement en vue, que jamais il n’avait rencontré un cheval de selle à croupe oblique, longue, bien musclée, sautant mal.

18

Richard, loc. cit., p. 163.

19

Général E. Daumas, loc. cit.

20

Merche, vétérinaire principal de l’armée, Nouveau traité des formes extérieures du cheval, p. 236.  

21

Goubaux et Barrier, loc. cit., p. 222.

22

Goubaux et Barrier, loc. cit., p. 225.

23

Ibid., p. 226.

24

Richard, loc. cit., p. 170.

25

Goubaux et Barrier, loc. cit., p. 240.

26

De Solleysel, loc. cit., p. 49.

27

E. Alix, Notice sur les principaux animaux domestiques du sud et du littoral de la Tunisie Paris, 1883, note 1, p. 8.  

28

De Solleysel, Le véritable parfait mareschal, p. 17.

29

Général E. Daumas, loc. cit., (Lettre d’un roi arabe qui vivait avant le Prophète à un empereur de Constantinople, lui signalant les qualités des chevaux du nord de l’Afrique.)

30

Richard, loc. cit., p. 224

31

De Solleysel, loc. cit., p. 17

32

Moll et Gayot, La Connaissance générale du cheval. Paris, 1872, p. 201.

33

Commission d’hygiène hippique, loc. cit., p. 71.Commission d’hygiène hippique, Cours abrégé d'hippologie, Paris, 1875, p. 71.  

34

On réserve quelquefois exclusivement le nom de barre à la partie repliée de la paroi, et celui d’arc-boutant au point où la paroi s’infléchit pour former la barre.

35

Bracy-Clark, Recherches sur la construction du sabot du cheval  .

36

Commission d’hygiène hippique, Manuel de maréchalerie, p. 49.  

37

Comme on peut très bien s’en rendre compte par l’examen du sixième plan de la figure 1, la petite gaine sésamoïdienne forme deux culs-de-sac : l’un, supérieur, remontant jusqu’au niveau du cul-de-sac inférieur de la grande gaine sésamoïdienne ; l’autre, inférieur, situé en avant du ligament interosseux qui réunit le petit sésamoïde à l’os du pied.

38

L. Goyau, Traité pratique de maréchalerie. Paris, 1882, p. 39.

39

F. Lecoq, Traité de l’extérieur du cheval. Paris, 1870, p. 160.  

40

Commission d’hygiène hippique, loc. cit., p. 105  .

41

Commission d’hygiène hippique, loc. cit., p. 56  .

42

G. Chénier, De l’Atrophie du coussinet plantaire, de ses causes, de ses conséquences et de son traitement, 1877.

43

Commission d’hygiène hippique, loc. cit., p. 74  .

44

Colonel Duhousset, Le Cheval, Paris, 1881. Desfossés et Cie, fig. 33, p. 60.