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Chapitre VI
Les allures de l'homme

  • Marche. —
  • Course. —
  • Réactions verticales. —
  • Galop. —
  • Saut.

La marche.

L’allure la plus simple et la plus usitée est la marche qui, lorsqu’elle a lieu sur un plan horizontal, est caractérisée par ce fait que le corps ne quitte jamais le sol. Le poids du corps passe d’un membre sur l’autre (Voir la notation de la marche de l’homme, fig. 85, page 151). Les courbes se succèdent sans interruption, la courbe ascendante correspondant à l’appui d’un pied se termine au moment où le pied opposé effectue le sien.

Chacun des membres se place en avant pendant que l’autre appuie encore sur le sol et est en arrière, puis, celui-ci se soulève et vient se placer en avant du premier, le corps est alors transporté en avant et il progresse.

Il en résulte que chaque membre se trouve à une phase d’appui lorsqu’il presse le sol ; lorsqu’il se soulève pour venir en avant il est à une phase de soutien, c’est-à-dire qu’il est soutenu en l’air par la contraction musculaire.

Nous retrouverons un phénomène analogue dans les allures du cheval.

Dans la montée d’un escalier, le pied qui est sur la marche inférieure ne la quitte que lorsque le pied opposé a déjà appuyé un instant sur la marche supérieure ; il y a donc chevauchement des appuis.

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La course.

Une allure plus rapide que la marche, la course, présente aussi des appuis alternatifs des deux pieds ; mais elle est différente en ce sens que ces appuis sont séparés par un temps de suspension, pendant lequel le corps reste en l’air un instant (fig. 88 et 89). La durée de ce temps de suspension semble peu varier ; cependant si on l’apprécie par rapport à la durée d’un pas de course, on voit la valeur relative de cette suspension croître avec la vitesse de l’allure, car avec cette vitesse diminue la durée de chacun des appuis.

Cette suspension du corps n’est pas, comme on pourrait le croire, une sorte de saut, pendant lequel le corps serait projeté en haut en décrivant une courbe dont le maximum d’élévation correspondrait à cette suspension. Il n’en est rien ; le temps de suspension correspond au moment où le corps est à son minimum d’élévation ; ce temps de suspension ne tient donc pas à ce que le corps est projeté en l’air, mais à ce que les jambes se sont retirées du sol par l’effet de leur flexion (Marey).

Un appareil fixé sur la tête du coureur (fig. 87, page 152) est destiné à enregistrer les réactions verticales ou élévations du corps et ses moments d’abaissement.

Il consiste en un tambour dont la membrane supporte un levier à l’extrémité duquel est placée une masse de plomb qui agit par son inertie, de sorte que, lorsque le corps oscille verticalement (réactions verticales) elle résiste à ces mouvements et force la membrane du tambour à s’abaisser quand le corps s’élève ; elle s’élève, au contraire, lorsque le corps descend (fig. 93).

Fig. 93. — Appareil explorateur des réactions verticales pendant les différentes allures.

L’air est ainsi comprimé alternativement et chassé dans un tube qui aboutit à l’appareil enregistreur.

p. 162De cette disposition il résulte que les réactions sont reproduites par désalignés, dont les courbes ascendantes indiquent l’instant où le corps est le plus élevé ; pour les comparer avec les appuis des pieds, il faut se souvenir que ces appuis sont inscrits par une ligne ascendante.

En comparant le niveau des têtes des figures 90 et 91, on peut voir à quels moments correspondent ces réactions.

Sur la notation que nous donnons de la course de l’homme (fig. 89), la ligne O indique ces réactions verticales. On voit en effet que les points les plus élevés correspondent avec les appuis des pieds représentés par les portions ascendantes des lignes D. G.

Le galop et le saut.

Dans les allures qui précèdent, le mouvement des membres est alternatif et régulier ; les battues de chaque pied alternent et ont une durée égale. Le galop est une allure à cadences irrégulières que l’homme peut imiter jusqu’à un certain point, et dans laquelle un pied porte plus longtemps que l’autre.

Dans le galop, que les enfants imitent lorsqu’ils jouent au cheval, le pied placé en arrière appuie le premier sur le sol ; il exerce une pression énergique et prolongée vers la fin de laquelle le pied placé en avant touche terre à son tour, mais pour un temps moins long ; à ces deux battues succède un temps de suspension.

Dans cette allure, comme dans les précédentes, les oscillations verticales du corps sont à leur maximum d’élévation au moment où les pieds appuient sur le sol.

Le galop est dit à droite, lorsque le pied droit, étant toujours en avant, retombe après le pied gauche qui appuie le premier sur le sol et est placé en arrière.

Le galop à gauche est l’inverse. Dans cette allure, le corps est donc d’abord sur un pied, puis sur deux, puis sur un, et enfin soulevé de terre (temps de suspension).

Dans le saut sur deux pieds, les appuis ont lieu en même temps, puis le corps est soulevé pour retomber de nouveau.

p. 163RÉSUMÉ. — Dans la marche ordinaire ou pas, les appuis se succèdent sans interruption.

Dans l’ascension d’un escalier, les appuis empiètent l’un sur l’autre, le corps repose un instant sur les deux pieds.

Dans la course, les appuis sont plus brefs que dans le pas et désunis par une suspension du corps.

Dans le galop, le corps appuie sur un pied, puis sur deux, puis sur un et est enfin soulevé.

Dans le saut, les deux appuis sont unis, puis le corps est soulevé.

Il peut sembler qu’à propos des allures du cheval nous nous soyons étendus un peu longuement sur celles de l’homme; nous verrons plus loin l’utilité des pages précédentes, car nous pourrons considérer le quadrupède comme formé de deux bipèdes marchant à la suite l’un de l’autre ; il était donc indispensable de déterminer d’abord comment chacun de ces bipèdes se comportait isolément.