« Les chevaux atteints du souffle, exposés à du foin moisi, développent un rétrécissement
réversible du diamètre de leurs voies respiratoires. Cette obstruction chronique des
voies respiratoires, l’accumulation de mucus typiquement associée et l’inflammation
neutrophile après exposition aux antigènes incriminés sont associées à une expression
prédominante de cytokines de type Th2 semblable à l’asthme humain. Les symptômes cliniques
sont accompagnés d’un remodelage des voies respiratoires probablement à l’origine
de la pérennité de la maladie. Nous avons mesuré l’importance du remodelage du muscle
lisse des voies respiratoires de chevaux malades.
Méthodes : Nous avons quantifié l’augmentation de la masse du muscle lisse des voies
respiratoires chez 5 chevaux atteints du souffle comparés à 5 chevaux contrôles, en
utilisant des techniques morphométriques standard. Les analyses morphométriques ont
été réalisées sur des sections de tissus colorés par immunohistochimie avec colocalisation
d’un antigène nucléaire de la prolifération cellulaire (le PCNA) et l’alpha-active
spécifique du muscle lisse. Résultats : Le rapport entre la surface de muscle lisse
des voies respiratoires (en ~Lmz) et le périmètre de la membrane basale des voies
respiratoires (en ~tm2) chez les chevaux atteints du souffle est presque le triple
de ce même rapport obtenu chez les chevaux contrôles (9,15 +/- 1,38 x 10-3 chez les
chevaux atteints du souffle, versus 3,21 +/- 0,23 x 10?3 chez les animaux contrôles
p=0,003). Le nombre de cellules en prolifération (cellules PCNA +) dans le muscle
lisse des voies respiratoires affectées, rapporté au périmètre de la membrane basale
des voies respiratoires (en p,m2), est sept fois plus important que dans les voies
respiratoires normales (6,41 +/- 1,26 cellules par mm 2 chez les chevaux atteints
du souffle contre 0,89 +/- 0,27 cellules par mmz chez les chevaux contrôles p=0,003).
L’augmentation de la masse du muscle lisse et le taux de division des cellules musculaires
lisses sont plus marqués dans les voies respiratoires les plus étroites même si des
différences ont été observées quelque soit la taille des voies respiratoires étudiées.
Conclusions : L’hyperplasie des cellules musculaires lisses contribue à l’augmentation
de la masse du muscle lisse des voies respiratoires des chevaux atteints du souffle.
L’important taux de division des cellules musculaires lisses n’est pas spécifiques
aux petits mammifères tels que les rongeurs habituellement utilisés comme modèles
d’étude de l’asthme. Après l’hypertrophie du muscle lisse initié par une inflammation
intense, des facteurs de croissance sécrétés par les cellules musculaires lisses pourrait
maintenir le phénomène hyperplasique par une action autocrine. Une étude cinétique
chez les chevaux pourrait permettre de caractériser plus avant la physiopathologie
de la maladie. » Présentation de l’éditeur (2004)