« À Chantilly, la rencontre entre
les Princes et les Jockeys
participe à l’entrée de la société française dans l’ère des loisirs de masse, car
les compétitions hippiques, qui s’y organisent, bénéficient très vite d’un grand retentissement
dans la société élégante et attirent un public populaire lors du prix de Diane et
du prix du Jockey-Club. L’action conjuguée des élus municipaux, des membres de la
Société d’encouragement et des investisseurs parisiens aide Chantilly à atteindre
sa dimension de ville. L’émigration dela main-d’œuvre anglaise donne son essor à l’industrie
du cheval qui investit un quartier, gagné sur les communes voisines et qui se teinte
du charme discret d’une architecture de cottage. La modification de l’économie locale,
caractérisée aussi par le retrait de la porcelaine et de la dentelle, n’est pas sans
conséquence sur les structures sociales. Au début du XX
e
siècle, on voit apparaître, à côté de la bourgeoisie des rentiers, une bourgeoisie
anglaise issue du monde des courses. Si la référence culturelle aux Condé ne s’efface
pas, c’est grâce au duc d’Aumale, qui transforme le château en musée, mais aussi parce
que l’hippodrome, projet des fils de Louis-Philippe, fait partie intégrante d’un domaine
inaliénable qui conditionne l’extension urbaine. Chantilly, ville du cheval souverain,
est également un nouvel espace d’expérience pour les loisirs de plein air, et de diffusion
de la mode parisienne. En dépit du passage d’une société hippomobile à une société
mécanique, le cheval survit dans le monde contemporain, car il s’appuie sur un phénomène
sociétal en constante évolution : les loisirs sportifs intégrés à l’énonomie et à
la culture des sociétés urbaines. » Présentation de l’éditeur (2006)