« Jusqu’en 1914, le maréchal-ferrant était à la campagne, un petit notable. La chanson
de son marteau sur l’enclume symbolisait une certaine forme de vie rurale. On estimait
autant qu’on craignait cet homme qui jonglait avec le fer et le feu. Les villageois
faisaient appel constamment à ses connaissances et à son dévouement, même si son aspect
robuste et sans raffinement effrayait quelquefois les âmes sensibles. Sa convivialité
s’exprimait dans sa boutique jumelée souvent avec un café, ainsi qu’à la mairie où
on l’avait élu parfois conseiller municipal, même adjoint ou maire. La modernisation
sous la forme de la mécanique, du cheval vapeur et de l’électricité commença à écorner
sa position entre les deux guerres. Pour se maintenir il fut contraint de s’adapter
et de sortir de ses taches habituelles, devenant un peu commerçant. Les plus doués
s’en sortirent. Après la deuxième guerre le forgeron dut se transformer encore, souvent
vainement en mécanicien et en serrurier. Il finit par disparaitre dans sa forme traditionnelle
vers les années 60, comme était disparu le cheval de trait qui le faisait vivre en
partie. Aujourd’hui, dans des conditions complètement différentes, grâce au cheval
loisir, la profession occupe encore en France, un millier de maréchaux-ferrants très
spécialisés. Plus de cent entretiens permettent de suivre, les mutations précises
et successives du métier. On mesure ainsi combien ont évolué mœurs et coutumes de
la société rurale française tout au long de plus d’un siècle. » Présentation de l’éditeur
(1998)