« L’omniprésence du cheval à Compiègne montre qu’il est bien plus qu’un lien avec
le monde des campagnes. Par ses allures, ses empreintes olfactives et sonores, il
marque le décor urbain. Sa place dans les activités des citadins souligne aussi une
historicité changeante quand progresse la mécanisation des transports. La politique
urbaine, dominée par des conceptions haussmanniennes et hygiénistes, participe à l’irréversible
effacement du cheval de l’espace public. Seul le cheval de course survit au XX
e
siècle avec la création de l’hippodrome. Compiègne, ville castrale et de garnison,
noeud de communications, dépôt des Haras nationaux, voit diminuer irrrémédiablement
sa population équine. L’observation de la circulation et des usages des chevaux montre
les contrastes d’une ville bourgeoise dans ses pratiques culturelles et ses types
de sociabilité quand surgit une nouvelle vie urbaine avec l’hippodrome. Cet espace
sportif suggère, paradoxalement à un faisceau d’évolutions en défaveur du cheval en
ville, la survivance de l’équidé d’exception, car devenu cheval de losirs au champ
de courses. Les relations du cheval à la ville délimitent plus que l’appartenance
à un siècle, la césure entre deux ères, le passage d’une société hippomobile à une
société mécanique du Second Empire à la guerre de 14. » Présentation de l’éditeur
(2010)